II- Contexte général et Présentation du cadre d’étude
QIT Madagascar Minerals (QMM), détenue à hauteur de 80% par Rio Tinto et de 20% par l’Etat
malgache représenté par l’Office des Mines National et des Industries Stratégiques (OMNIS), a mis en
chantier une opération d’extraction de sables minéralisés, à Mandena, Taolagnaro dans la Région
Anosy pour une durée de 20 à 25 ans. Toutefois, l’exploitation de ce secteur sera suivie par ceux de
Petriky et Ste-Luce pour des périodes additionnelles respectives de 15 et 20 ans. Sur ces sites, QMM
prévoit extraire de l'ilménite et du zircon mélangé à du sillimanite à partir des sables minéraux lourds
sur une zone d'environ 6000 hectares le long de la côte.
Le site de Mandena s’étend sur une surface de 2000 ha, au nord du Fort Dauphin avec une quantité
d’ilménite de 70 millions de tonnes. Cette quantité représente environ 10% du marché mondial. La
production de ce site augmentera pour atteindre éventuellement 750.000 tonnes par an. La
possibilité existe d’augmenter la production à 2.2 millions de tonnes par an avec les sites de Sainte
Luce et Petriky.
L'ilménite extraite à Madagascar a une teneur en bioxyde de titane de 60%, ce qui lui confère une
qualité supérieure à celle de la plupart des autres gisements dans le monde. La matière première
sera enrichie pour produire de nouvelles scories à 90% de chlorure de bioxyde de titane destinées
aux marchés globaux de matières premières de titane pour être vendues comme matière de base
aux producteurs de pigment de titane. Le pigment confère une couleur de finition blanche aux
peintures, plastiques, papiers et teintures.
Le projet minier est localisé dans un environnement naturel très sensible avec un taux d’endémisme
élevé et un écosystème littoral unique. En 2005, la région de Taolagnaro n’abritait plus que 3128 ha
de forêt littorale résiduelle sur sable réparties sur trois zones distinctes: Sainte Luce, Mandena et
Petriky. Sur les 614 espèces et variétés de plantes vasculaires recensées dans ces vestiges, 83% sont
endémiques de Madagascar parmi lesquelles 54% sont communes à la forêt dense humide de basse
et moyenne altitudes, 7% sont inféodées aux formations littorales du sud-est entre Mananjary et
Tolagnaro, 6% ne se trouvent que dans les vestiges disparates de forêt littorale entre Petriky et
Manantenina, et 7% ne sont connues que des trois zones littorales étudiées
. Le site de Mandena,
actuellement exploité par QMM, est constitué de quelques fragments de forêt, de quelques zones de
marécages et principalement d’une grande superficie de zones dénudées, fruit d’une déforestation
remontant de plusieurs décennies. Certes, la couverture forestière est actuellement dans un état de
dégradation avancée et soumise à une pression, anthropique importante, mais les quelques hectares
de forêts littorales restent les vestiges de cette zone. Onze espèces de Mantodea et 11 espèces de
Phasmatodea ont été inventoriées dans les forêts littorales de Petriky, Mandena et Sainte Luce près
de Tolagnaro. Les forêts littorales anosyennes sont des véritables reliquaires avec ses différentes
espèces d’amphibiens, de reptiles (dont Pseudoxyrhopus kely, serpent colubridé endémique),
d’oiseaux qui lui sont endémiques. Le paysage multi-facette (lagon, dune,…) fait aussi partie de la
beauté de cette Région de l’Anosy. L’écosystème aquatique de Mandena est un complexe lagunaire
de type estuarien. Une centaine de familles de pêcheurs tirent une grande partie de leurs revenus
des captures de poissons et crustacés de ces lagunes.
Certes, l’exploitation de ses sables minéraux peut contribuer au développement économique de la
Région Anosy voire de Madagascar mais elle est aussi une source d’impacts non négligeables sur
l’environnement (enlèvement de la couverture végétale, utilisation de l’eau et de l’énergie,…), sur la
Source: Biodiversity, Ecology and Conservation of Littoral Ecosystems in Southeastern
Madagascar,Tolagnaro (Fort Dauphin) par Jörg U. Ganzhorn, Steven M. Goodman et Manon Vincelette1