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En ce début d’année, on dénote plusieurs différences dans les
prévisions économiques canadiennes et américaines pour l’année en cours. Les
prévisionnistes divergent sur la vigueur de la demande finale et sur les perspectives
d’inflation. Ceux qui sont dans le camp des “déflationnistes” prévoient une
croissance plus lente en 1998 et une diminution du taux d’inflation. Par contre, les
optimistes prévoient une croissance du PIB réel qui pourrait être supérieure à 4 %
grâce à l’optimisme retrouvé des consommateurs canadiens et à l’impact marginal
de la crise asiatique sur notre commerce extérieur. Notre objectif est de mettre en
valeur la pertinence des arguments avancés par chacun des camps, bien que nous
soyons de ceux qui prévoient une diminution du taux d’inflation et un taux de
croissance du PIB réel moins élevé en 1998 comparativement à 1997.
Un contexte international déflationniste
Le camp des “déflationnistes” prévoit un impact majeur de la crise asiatique
sur l’économie mondiale, car les flux commerciaux représentent une part
grandissante de la demande finale. Si plusieurs pays d’Asie tombaient en
récession, plutôt que d’entrer dans une simple période de ralentissement
économique, les exportations des pays en dehors de la zone de turbulence
souffriraient beaucoup. Il y a tout lieu de s’inquiéter d’une contraction des
économies d’Asie puisque celles-ci (excluant le Japon) auraient été responsables de
près de 55 % de l’expansion de l’activité économique mondiale de 1990 à 1995. La
faiblesse de la demande finale dans plusieurs pays d’Asie ne peut qu’avoir un
impact significatif sur la croissance économique des États-Unis. Du 1er trimestre de
1991 au 3e trimestre de 1997, le taux d’expansion annuel moyen des exportations
réelles de biens et de services des États-Unis a été de 7,9 %, comparativement à
2,5 % pour le PIB réel. L’effondrement des exportations américaines vers l’Asie
pourrait facilement retrancher ½ % à ¾ % au taux d’expansion du PIB réel
américain en 1998.
En plus de l’impact sur les exportations, la dévaluation de la plupart des
monnaies de l’Asie vis-à-vis du dollar américain et la faiblesse de la demande
intérieure forceront les entreprises de ces pays à couper leurs prix pour tenter de
rentabiliser leurs investissements massifs des derniers années. Les pressions à la
baisse sur le prix des biens importés est doublement déflationniste puisque les biens
importés deviennent meilleur marché et plusieurs entreprises indigènes sont
contraintes de réviser leur politique de prix à la baisse pour ne pas perdre leur part
de marché. De plus, la diminution du taux de croissance de l’économie mondiale
exercera d’énormes pressions à la baisse sur les prix de plusieurs matières
premières. De juillet 1997 à décembre 1997, l’indice des prix des matières
premières du Journal of Commerce a chuté de 5 %.
Les conséquences pour l’économie américaine sont relativement claires : le