phonologiques, les cas décrits de dyslexie de surface ne présentent pas de trouble
phonologique associé (Dubois et al., 2007 ; voir Colé et Valdois, 2008, pour une revue).
Cependant, la plupart des études ont échoué à identifier un type de dysfonctionnement
cognitif qui serait propre aux dyslexies de surface. En parallèle et même si d’autres types de
dysfonctionnements cognitifs ont été objectivés en contexte dyslexique – tels que des troubles
visuels de bas niveau impliquant le système magnocellulaire (Stein, 2003), des troubles
moteurs relevant potentiellement d’une atteinte cérébelleuse (Nicolson, Fawcett & Dean,
2001), des troubles de l’attention perceptive visuelle et auditive (Hari & Renvall, 2001), un
trouble des traitements auditifs spécifiques au langage (Serniclaes et al., 2004) – ces
dysfonctionnements ont en général été décrits en association avec le trouble phonologique qui
pouvait donc toujours apparaître comme la cause proximale la plus plausible du trouble
dyslexique.
La question se pose donc de savoir s’il existe un trouble cognitif qui soit dissocié des
capacités de traitement phonologique et susceptible en cas de dysfonctionnement d’entraîner
un trouble spécifique d’apprentissage de la lecture. Le déficit de l’empan visuo-attentionnel
(EVA) répond à cette exigence. Son lien avec l’activité de lecture a été modélisé dans le cadre
du modèle multi-traces de lecture (modèle MTM ; Ans, Carbonnel & Valdois, 1998) et
l’existence d’un trouble de l’EVA a été mise en évidence en contexte dyslexique. Ce trouble
est le plus souvent dissocié des capacités de traitement phonologique et contribue à expliquer
le niveau de lecture des enfants qu’ils soient ou non dyslexiques indépendamment de leurs
aptitudes phonologiques. Des données récentes montrent par ailleurs que les
dysfonctionnements cérébraux associés au trouble de l’EVA diffèrent de ceux impliqués dans
les troubles phonologiques. L’ensemble de ces données seront résumées dans le cadre de cet
article conduisant à rediscuter la notion de sous-types de dyslexies développementales.
2. LE MODELE MULTI-TRACES DE LECTURE
Le modèle multi-traces de lecture de mots polysyllabiques développé par Ans, Carbonnel et
Valdois (1998 ; ou modèle MTM, cf Figure 1) conduit à faire l’hypothèse que les dyslexies
développementales pourraient résulter d’au moins deux types de dysfonctionnements
cognitifs, l’un concernant la composante phonologique du modèle, l’autre sa composante
visuo-attentionnelle. Ce modèle a, en effet, la particularité d’inclure un composant visuo-
attentionnel (VA), la fenêtre visuo-attentionnelle, qui délimite la quantité d’information