Développement du langage oral et ses troubles

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Troubles du langage
Rencontre avec le RASED
21 novembre 2008
Parthenay
Docteur Joël Uzé, Centre Référent des Troubles du Langage
E n f a n ts p r é s e n ta n t d e s tr o u b le s d e s a p p r e n tis s a g e s
s o it 5 % p a r tr a n c h e d ’â g e
R ep éra g e
D é p is ta g e
M édecins R éférents
O rthophonistes
Institutions
M é d e c in s s c o la ir e s
R A SED
T ro u b les C o m p lex es d u L an g a g e
so it 1% d es tro u b les d es
a p p ren tissa g es
Evolution
problém atique
C .R .T .L .
M ise en
co n ta ct a v e c
les p ra ticien s
d e te rra in
D em ande
d ir e c te
S y n t h è s e C lin iq u e
R é éd u ca tio n O rth o p h o n iq u e
S u iv i R A S E D
M e s u r e s s p é c if iq u e s
S o in s
U n ité d e S è v r e s
Développement du langage oral et ses troubles
Le développement du langage
Les troubles du langage oral
Le développement du langage
Il nécessite une interaction harmonieuse entre :
1 - un programme d’acquisition inné
et
2 - un langage adressé à l’enfant
Les troubles du langage oral
La première démarche devant un trouble du langage est de différencier :
1 - les troubles acquis (survenant alors que le langage se développait
de façon normale), des troubles développementaux où le langage se
développe anormalement mais régulièrement ;
2 - les troubles spécifiques, isolés et primitifs, des troubles secondaires
qui peuvent s’expliquer par une autre pathologie (surdité, retard mental,
trouble envahissant du développement...) ;
3 - les troubles spécifiques sévères (dysphasies) qui nécessitent une
prise en charge précoce et intensive, des troubles modérés (retard de
langage et de parole) le plus souvent transitoires.
1. Les troubles acquis, appelés aphasie, sont plus
souvent liés à un accident neurologique aigu, traumatisme crânien,
accident vasculaire cérébral, ou tumeur, et surviennent chez un
enfant au langage antérieurement normal.
Dans les troubles acquis, une place particulière doit être faite au
syndrome de Landau-Kleffner, car leur reconnaissance est souvent
retardée. Ce syndrome comporte une aphasie touchant le plus souvent à la
fois la compréhension et la production du langage, évoquant de premier
abord une surdité acquise. Cette aphasie est liée à une épilepsie particulière
du fait de la rareté des crises et de la fréquence des anomalies paroxystiques
électroencéphalographiques dans le sommeil. Toute régression du langage
oral et/ou trouble massif de la compréhension doit faire évoquer le syndrome
de Landau- Kleffner et amener à une consultation spécialisée
neuropédiatrique.
2. Les troubles secondaires : le trouble du développement du
langage oral peut être entièrement expliqué par la pathologie primitive.
C’est cette pathologie qui guide les évaluations complémentaires et le
pronostic. Le traitement orthophonique doit s’inscrire dans un contexte
pluridisciplinaire, coordonné par le spécialiste de la pathologie
primitive.
La surdité
Le retard mental
Déficit articulatoire neurologique :
– Syndrome bioperculaire ou syndrome pseudobulbaire
– Délétion du chromosome 22 (22q11)
Troubles de la communication : TED
Carences psychoaffectives et troubles de la relation précoce
3. Les troubles spécifiques :Troubles dans lesquels les modalités
normales d'acquisition du langage sont altérées dès les premiers
stades du développement. Ces troubles ne sont pas directement
attribuables à des anomalies neurologiques, des anomalies
anatomiques de l'appareil phonatoire, des altérations sensorielles, un
retard mental ou des facteurs de l'environnement. Les troubles
spécifiques du développement de la parole et du langage
s'accompagnent souvent de problèmes associés, tels des difficultés de
la lecture et de l'orthographe, une perturbation des relations
interpersonnelles, des troubles émotionnels et des troubles du
comportement (CIM 10)
Les Dysphasies
1.
2.
3.
4.
Définition et classifications
Apports des neurosciences
Approches psycholinguistiques
Approches psychodynamiques
1 - Définition et classification
• Définition :
• Les dysphasies de développement se caractérisent par
un trouble sévère, spécifique et primitif du langage oral.
Ce trouble est spécifique car il affecte des enfants qui ont
de bonnes capacités intellectuelles, sensorielles,
neurologiques et affectives et qui ont un environnement
sociologique, psychologique et éducatif apparemment
normal.
• Critères simples et insuffisants…(âge de suspicion,
intensité des troubles, co-morbidité…)
1 - Définition et classification
• Classification :
•
•
•
•
•
Forme réceptive : agnosie auditivo-verbale
Syndrome phonologique-syntaxique
Syndrome de programmation phonologique
Syndrome lexico-sémantique
Syndrome sémantico-pragmatique
2 – Apports des neurosciences
Les recherches menées en neurosciences dans ce
domaine, ces 20 dernières années, se structurent en
3 axes :
• Les anomalies structurelles ou fonctionnelles
cérébrales :
• Les études électrophysiologiques
• La génétique
2 – Apports des neurosciences
• Les anomalies structurelles ou fonctionnelles
cérébrales :
– Symétrie cérébrale
– Absence d’activation hémisphérique gauche au cours de la
tâche de discrimination phonémique
• Les études électrophysiologiques :
– Anomalies épileptiformes du sommeil (dans les atteintes
sévères)
• La génétique :
– L’étude des jumeaux
– Les cas familiaux
– Le gène FOXP2, le chromosome 7 et les autres…
3 – Approches psycholinguistiques
• Les troubles pragmatiques et discursifs dans la
dysphasie :
– Difficultés dans la gestion des conversations :
• Tours de parole
• Initiations
• Demandes et réponses de clarification
– La planification du discours : séquence narrative
– La connexion et la cohésion anaphorique
• Étude des capacités pragmatiques de
compréhension chez les enfants dysphasiques
phonologico-syntaxiques (V. Laval, LMDC/CNRS, Poitiers)
4 – Approches psychodynamiques
• Facteurs socio-scolaires et familiaux
• Psychopathologie de la dépendance linguistique
• Psychopathologie de la fonction penser/parler
Développement du langage écrit et ses troubles
L’acquisition de la lecture
Les difficultés d’apprentissage
Modèle de lecture « à double voie » d'après Harris et Coltheart .
L’acquisition de la
lecture
• la voie indirecte de lecture
(encore
appelée
voie
d'assemblage,
ou
voie
phonologique) ; elle permet
la lecture de mots réguliers,
de mots nouveaux ou de
non-mots, par déchiffrement
syllabique ; cette voie permet
de déchiffrer les mots
inconnus par l'application des
règles de correspondance
graphophonémiques.
• .
Modèle de lecture « à double voie » d'après Harris et Coltheart
L’acquisition de la
lecture
• la voie directe de lecture
(encore
appelée
voie
d'adressage,
ou
voie
lexicale) ; il s'agit d'un mode
de
lecture
par
reconnaissance globale du
mot ; cette voie permet la
lecture rapide de mots déjà
connus,
réguliers
ou
irréguliers (« femme », «
chorale »), déjà stockés dans
le
lexique
interne
;
Modèle de lecture « à double voie » d'après Harris et Coltheart .
L’acquisition de la
lecture
Un mot nouveau, rencontré
et déchiffré plusieurs fois par
la voie phonologique, va
devenir un mot connu, qui va
pouvoir s'ajouter au stock
lexical et être lu ensuite en
reconnaissance globale. Un
lecteur compétent est censé
utiliser efficacement les deux
voies
de
lecture,
simultanément
ou
alternativement, selon la
nature de la tâche de lecture.
Modèle de lecture « à double voie » d'après Harris et Coltheart .
1 - Difficultés d’apprentissage liées à des troubles
spécifiques : les dyslexies
1.
2.
3.
4.
5.
Définition et classification
Apports des neurosciences
Le trouble de perception phonologique
Les troubles visuo-attentionnels
Dyslexie et autonomie psychique ?
1 – Définition et classification
• Définition :
C’est un trouble durable d’acquisition du langage écrit qui
affecte la maîtrise des mécanismes d’identification des mots et
par voie de conséquence la compréhension et la transcription
des textes ; il n’y a pas d’automatisation des stratégies de
lecture et de transcription orthographique.
Ce trouble est spécifique car il affecte des enfants qui ont de
bonnes capacités intellectuelles, sensorielles, neurologiques et
affectives et qui ont un environnement sociologique,
psychologique et éducatif apparemment normal.
(Monique Plaza)
1 – Définition et classification
• Classification (Monique Plaza) :
– Dyslexie phonologique
– Dyslexie de surface
- Dyslexie phonologique (dysphonétique)
Elle se caractérise par une difficulté à utiliser la voie
d’assemblage et les correspondances graphophonémiques
- confusion de graphies proches sur le plan visuel (m/n, p/q)
ou sur le plan acoustique (p/b, k/g)
- omission de consonnes
- ajout de graphies
- inversion de la séquence des lettres
- omission de syllabes.
Ces erreurs sont liées à une mauvaise connaissance des
correspondances graphèmes/phonèmes et à respecter l’ordre
séquentiel des unités ; l’identification du mot se fait à partir d’un
point d’aiguillage incorrect, à partit d’indices partiels comme le
début du mot ou la reconnaissance d’une syllabe.
- Dyslexie de surface (dyséidétique)
Elle se caractérise par une difficulté à utiliser la
stratégie lexicale et une tendance à recourir
systématiquement à l’assemblage graphophonémique. L’enfant est tributaire de la voie
d’assemblage, il est très lent et n’accède pas toujours
au sens du mot. Le trouble est particulièrement
manifeste devant les mots irréguliers, dont la forme
graphique ne se superpose pas à la forme
phonologique : « oignon », « femme »,
« monsieur »…
La dyslexie de surface ne serait pas associée à une
défaillance du traitement phonologique, d’où 3
questions :
1 – Est-ce un véritable trouble ?
2 – Est-ce un « accrochage » particulier à la stratégie
grapho-phonémique ?
3 – Est-ce un déficit de la représentation lexicale
orale entraînant une difficulté à fusionner les
enveloppes phonologiques, graphiques,
orthographiques et sémantiques du mot ?
2 – Apports des neurosciences
Franck Ramus
• Hypothèse cognitive
• Données neurobiologiques
• Données génétiques
• Hypothèse cognitive
L’hypothèse dominante repose sur l’idée que, dans
un système alphabétique, l’une des composantes
essentielles de la lecture est l’apprentissage des
liens existant entre les graphèmes (lettres ou
groupes de lettres) et les phonèmes. L’hypothèse
phonologique consiste à considérer que les enfants
dyslexiques souffrent d’un déficit du système de
représentation mentale et de traitement cognitif des
sons de la parole, ce qui nuit à l’apprentissage des
correspondances graphèmes/phonèmes et à leur
manipulation en temps réel au cours de la lecture.
La conscience phonologique émerge de façon
naturelle vers l’âge de 5/6 ans. C’est seulement au
moment où ce pré-requis cognitif est en place qu’il est
possible d’espérer enseigner la lecture à un enfant.
L’une des hypothèses fortes de la théorie phonologique
est que le déficit de la conscience phonologique
constitue le principal problème des enfants dyslexiques.
Ce déficit est mis en évidence par :
–
–
–
–
–
Détection orale d’intrus sur les rimes,
Demander à l’oral d’échanger 2 sons initiaux,
Tester la mémoire à court terme,
Répéter des non-mots et des séquences de non-mots,
Dénomination rapide d’images.
Notons enfin que ce déficit de conscience
phonologique, qui affecte avant tout la maîtrise des
relations graphèmes-phonèmes, et donc la voie
phonologique (lettre à lettre) de la lecture, affecte
également, de manière secondaire, la voie
orthographique directe (reconnaissance de la forme
visuelle du mot). En effet, c’est à force de lire
fréquemment des mots (lettre à lettre) que l’enfant va
progressivement les mémoriser dans son lexique
orthographique et donc devenir capable de les
reconnaître directement. On voit donc qu’un déficit
spécifiquement phonologique affecte nécessairement le
développement de l’ensemble du système de la lecture.
Il n’y a pas lieu de distinguer dyslexie phonologique et
dyslexie de surface dans la dyslexie développementale
• Données neurobiologiques :
Trois zones de l’hémisphère gauche du cerveau
humain sont impliquées dans la lecture :
– L’aire occipito-temporale
– Le gyrus frontal inférieur
– L’aire parieto-temporale
Il s’agit en quelque sorte du système cérébral de la lecture.
Dans la dyslexie, on observe :
– Moindre activité neuronale
– Réduction de volume des aires
– Ectopies neuronales dans les aires du langage
• Données génétiques :
– Héritabilité : c’est un indice qui mesure la responsabilité des
facteurs génétiques ; s’agissant de la dyslexie, elle serait
comprise entre 50 et 60 %.
– Plusieurs gènes sont impliqués dans la dyslexie ; il n’y a pas
de « gène de la lecture » mais des gènes impliqués dans la
migration neuronale et la constitution des aires cérébrales.
3 – Le trouble de perception phonologique
Willy Serniclaes
Les différents déficits phonologiques liés à la dyslexie
peuvent s’expliquer par un trouble de perception
catégoriel des sons de la parole.
Au lieu de percevoir les sons de la parole en
phonèmes, les dyslexiques percevraient des
allophones, c’est-à-dire qu’il percevrait mieux les
différences internes aux catégories phonologiques et
moins bien les différences entre catégories ; on se
trouve donc en présence d’un déficit de perception
catégorielle.
4 - Les troubles visuo-attentionnels
Sylviane Valdois
• La théorie du « tout phonologique » ne pourrait
rendre compte de l’extrême hétérogénéité de la
population dyslexique
• La présence de troubles dyslexiques parfois sévères
en l’absence de troubles phonologiques, comme on
peut en voir dans les dyslexies de surface
• La séquence orthographique du mot doit faire l’objet
de traitements spécifiques pour être correctement
traitée
• Au niveau du mot lui même, des traitements visuoattentionnels entrent en jeu de façon à traiter
l’ensemble des lettres de la séquence
• Le dysfonctionnement visuo-attentionnel ne permet
pas une distribution homogène initiale de l’attention
sur la séquence du mot, certaines lettres
apparaissant, alors, plus « saillantes » que les
autres, l’identification du mot ne pouvant aboutir ; la
nature des lettres saillantes pouvant varier lors des
différentes rencontres avec le mot, aucune
représentation stable du mot ne pourra être renforcée
et mémorisée.
5 – Dyslexie et autonomie psychique ?
Bernard Jumel
• Pour cet auteur, la maîtrise de l’écrit constitue
l’instrument par excellence de l’intégration sociale et
culturelle. L’enfant dyslexique refuserait ou aurait la
crainte de découvrir les outils de cette autonomie.
• La personnalité des enfants dyslexiques renverraient
à une structure pré-névrotique (pré oedipienne)
marquée par l’angoisse de séparation
Conclusion
« Il faut cependant garder à l’esprit que les hypothèses
phonologiques et visuo-attentionnelles ne permettent
pas de rendre compte de l’ensemble des troubles
dyslexiques, puisqu’un nombre non négligeable
d’enfants semble ne présenter aucun de ces deux types
de troubles malgré un retard d’apprentissage de la
lecture important. Il semble donc raisonnable de penser
que notre analyse des troubles dyslexiques est encore
très incomplète et que d’autres types de
dysfonctionnements cognitifs jouent probablement un
rôle dans le déterminisme de ces troubles.
C’est la raison pour laquelle je plaiderai en faveur
d’une origine multifactorielle des dyslexies
développementales »
(Sylviane Valdois)
2 – Difficultés d’apprentissage liées à des troubles
psychopathologiques bien définis :
• Troubles envahissants du développement : autisme typique
ou atypique, syndrome d’Asperger…
• Troubles névrotiques invalidants : inhibition, troubles
anxio-phobiques, troubles dépressifs…
• TDAH : Trouble déficitaire de l’attention avec
hyperactivité
3 – Difficultés d’apprentissage liées à des troubles
plus discrets en liaison avec :
• Troubles du langage plus ou moins bien repérés ou
séquellaires
• Déficience mentale limite
• Précocité intellectuelle
4 – Difficultés d’apprentissage liées à des causes
environnementales :
• Troubles du comportement
• Milieux socioculturels
Pour une perspective intégrative des troubles
du langage (Cohen)
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