Plusieurs situations très différentes peuvent se présenter:
- le plus souvent, l'hypercalcémie est modérée, inférieure à 2,8 mmol/1, sans retentissement
rénal ou cardiovasculaire : elle ne pose pas de problèmes particuliers et ne nécessite aucune
préparation spécifique;
- l'hypercalcémie comprise entre 2,8 et 3,5 mmol/1, est symptomatique mais non menaçante;
elle nécessite une surveillance régulière ; la période précédant l'intervention est mise à profit
pour mettre en œuvre une thérapeutique hypocalcémiante (apports hydrosodés importants,
diurétiques, diphosphonates per os, voire calcitonine);
- l'hypercalcémie est sévère, (> à 3,5 mmol/l), s'accompagne de signes d'intolérance
(déshydratation, troubles de la vigilance, hypertension artérielle, QT court), pouvant réaliser
le tableau de la crise aiguë parathyrotoxique ; elle nécessite un traitement médical immédiat
qui ne se conçoit qu'en unité de soins intensifs ;
- l'hyperparathyroïdie de l'insuffisant rénal ou du receveur d'allogreffe rénale: elle requiert la
recherche particulière de pathologie(s) induite(s) par l'insuffisance rénale, notamment
cardiaque; une séance de dialyse la veille et le lendemain de l'intervention doit être prévue; en
cas de transplantation rénale, une pathologie liée aux traitements immunosuppresseurs devra
être recherchée et ce traitement poursuivi ; dans tous les cas, ces sujets souvent anxieux
doivent être rassurés.
II.Préparation à l'intervention des hypercalcémies sévères
Elle constitue une urgence. Toutefois, la place du traitement médical de l'hypercalcémie ne
saurait excéder le délai d'une stabilisation ou de réduction d'une hypercalcémie sévère .
L'intervention est urgente en cas de certitude diagnostique si l'hypercalcémie est
incontrôlable. Dans les autres cas, une fois les examens complémentaires effectués, la date de
l'intervention est fixée dans un délai de 24 à 72 heures en fonction du contrôle de la calcémie.
- Réhydratation et recharge sodée
Elles diminuent la calcémie en corrigeant l'hémoconcentration, augmentent le débit de
filtration glomérulaire et diminuent la réabsorption tubulaire de calcium. L'objectif souhaité
est d'obtenir une diurèse de 3 à 5/24 h. Les apports initiaux de sérum salé isotonique peuvent
être importants, souvent de l'ordre de 3 à 6 litres. Si un doute existe quant à l'aptitude
cardiaque à tolérer cette expansion volémique, une surveillance de la pression veineuse
centrale s'impose. Ce traitement simple et nécessaire suffira souvent pour ramener la calcémie
dans des zones moins menaçantes mais ne la normalisera pas .
- Diurétiques
L'emploi éventuel du furosémide ne se conçoit qu'après une expansion volémique qui doit être
maintenue. Ces diurétiques diminuent la réabsorption calcique au niveau du tube contourné
proximal et de la branche ascendante de l'anse de Mente. L'excrétion calcique sera fonction de
la natriurèse et du débit urinaire. Ce traitement est applicable en cas d'insuffisance rénale à
diurèse conservée, mais son efficacité est diminuée. Il nécessite une surveillance étroite, le
plus souvent la pose d'une sonde vésicale, la compensation des pertes hydroélectrolytiques,
des contrôles réguliers notamment de la kaliémie et de la magnésémie. Ce traitement est très
efficace pour réduire l'hypercalcémie, même s'il ne la normalise que rarement. Ses
inconvénients essentiels sont la nécessité d'une surveillance horaire, l'importance des pertes en
magnésium qui doivent être compensées, et le caractère éphémère de l'efficacité. La calcémie
remontant dès l'arrêt du traitement, ce dernier ne doit être considéré que comme préalable à
une intervention chirurgicale et ne doit pas être prolongé. L'hypomagnésémie tend à inhiber la
sécrétion et les effets de la PTH, facilitant ainsi l'hypocalcémie postopératoire.
- Hémodialyse