électorale ne permet pas à tous les partis politiques d’être représentés au Parlement, le premier
tour des élections législatives est l’occasion, à partir de 1986, pour les électeurs de s’exprimer
de plus en plus en faveur de l’extrême droite ou de l’extrême gauche, manifestant ainsi une
déception par rapport aux grands partis de gouvernement, et une aspiration à une prise en
compte de certaines de leurs préoccupations. L’abstention qui ne cesse de monter depuis vingt
ans , pour atteindre plus de 30% en 2007, est un autre témoin d’une véritable crise de la
représentativité. Elle est très difficile à interpréter : signifie t-elle par exemple une plus grande
attente ou un désintérêt croissant vis à vis du Parlement ?
Depuis 1995, la classe politique lier ces deux questions pour tenter d’en apporter des réponses
institutionnelles : il s’agit bien de redonner plus de place au Parlement tout en le rapprochant
davantage des citoyens : session parlementaire passant de 6 à 10 mois par an, parité
hommes/femmes, réintroduction d’une initiative des lois d’origine parlementaire, promesse
des gouvernements de recourir le moins possible à l’article 49-3, possibilité pour les
Parlementaires d’être à l’origine d’un referendum, réduction du cumul des mandats.
Tout cela n’a toutefois pas mis fin à l’augmentation de l’abstention, ni à une
présidentialisation du régime qui s’est poursuivie, atteignant des sommets depuis 2007, et dès
2002 avec la réduction du mandat présidentiel à 5 ans : les élections législatives suivant de
quelques semaines les présidentielles, n’ont plus d’enjeu si ce n’est donner au chef d’Etat
nouvellement élu une majorité lui permettant de mener à bien ses projets. On peut alors se
demander si, la revendication d’un recentrage de la vie politique sur le Parlement, n’est pas
essentiellement une demande des Parlementaires, professionnels de la politique et donc
attachés à défendre les prérogatives de ce qui serait une corporation ? Il n’est pas sûr en tout
cas que les Français aujourd’hui soient attachés à valoriser un Parlement qui prête le flanc à
bien des critiques : cumul, machisme, corruption, autisme, incapacité, technocratie, sont des
accusations très fréquentes, loin d’être toujours fondées mais qui constituent une sorte de
paysage consubstantiel à la démocratie. Pendant longtemps les Français sont apparus comme
des citoyens très politisés, sacralisant volontiers la politique, donc manifestant régulièrement
une déception face à des politiciens qui n’étaient pas des dieux. Les démélés en justice de
certains ne suscitent plus forcément de réactions passionnelles, en témoignent la réélection de
divers élus pourtant mis en examen, en 2008. Il ne s’agissait pas il est vrai d’élections
législatives mais locales. Cet apaisement relatif, peut manifester une certaine lassitude, une
résignation des électeurs. Il peut aussi montrer un désintérêt dont le moteur serait l’évolution
très importante de la société et des mentalités. Dans une société très individualiste, le citoyen
a tendance à rechercher une réponse politique adaptée, c’est à dire du sur mesure individuel.
comment un régime parlementaire historique, né dans le contexte d’une société plus
hiérarchisée, et structurée collectivement , saurait-il répondre à son attente ? Et ce d’autant
plus que le champ des libertés individuelles s’est considérablement développé, ainsi que le
niveau d’instruction, l’accès à des sources médiatiques toujours plus diverses, le recours à la
parole des experts pour expliquer le monde. Il en résulte de fait un repositionnement de l’élu,
source d’information et interlocuteur parmi d’autres. Des spécialistes comme ont bien
montré ces phénomènes qui peuvent tout autant se traduire par une passivité du citoyen ou un
engagement dans une association de son choix répondant à son désir de participation directe à
la vie démocratique. Lors de la campagne électorale de 2007, d’ailleurs, le débat s’était un
temps centré sur le thème de la démocratie participative, déjà réelle dans certaines communes,
et illustré durant la présidentielle par des débats menés sur internet. Le terme de cyber-
démocratie a même été employé. Ces évolutions, qu’elles soient réelles ou fantasmées,
posent à chaque fois la question de la place du Parlement, symbole d’un régime représentatif
ici délaissé. Critiqué au nom d’une démocratie à approfondir, il l’est enfin au nom de la
recherche de toujours plus d’efficacité : avec la mondialisation, la montée en puissance
d’organismes de décisions internationaux non élus et sans contrôle démocratique, comme