5
1- Une histoire non-événementielle conférant une place essentielle à une subjectivité
synonyme de curiosité et non de jugement de valeur déformant.
→ la méthode de Langlois et Seignobos se fonde essentiellement sur une conception restreinte de
l'histoire, c'est-à-dire à une histoire centrée sur la vie politique. Pour cette histoire la « trace
essentielle » est le document écrit pour lequel la critique externe et interne s'applique bien. Mais
faut-il réduire l'histoire à cette conception événementielle de la vie humaine ?
→ possibilité d'élargir l'histoire à tous les domaines de la complexité de la vie humaine (étude
économique, sociologique, culturelle, religieuse...). Dans Comment on écrit l'histoire, Paul Veyne
suit les apports de l'école des annales pour montrer qu'il y a une infinité d' « intrigues » possibles en
histoire. L'histoire ne répondrait alors qu'à la curiosité de l'historien.
→ l'historien doit choisir son sujet et son angle d'approche. Néanmoins, si ce choix est subjectif il
n'implique pas déformation de la réalité. Au contraire, cette ouverture de l'histoire permet d'être au
plus proche de la complexité de la vie et faire l'histoire des paysans nivernais sous la révolution ne
serait pas moins valable que de faire l'histoire de Louis XVI.
→ De plus, l'apparition de nouvelles approches historiques remet fortement en question l'idée de
traces qu'il suffirait de critiquer pour avoir accès à des faits objectifs. Au contraire, l'historien va
être amener à produire des faits au sens où il les fabrique à partir de ses propres préoccupations. Le
découpage du réel serait ainsi l'activité même de la subjectivité de l'historien. Prendre l'exemple de
l'apparition du souci démographique pour une histoire économico-sociale se fondant sur le principe
de Malthus.
→ Toutefois, cette subjectivité essentielle et irréductible au métier d'historien ne serait pas
synonyme d'arbitraire mais au contraire de rigueur.
2- La rigueur de la rétrodiction. [il ne suffit pas de brandir l'idée de bonne subjectivité
comme un slogan qui serait en lui-même convaincant ; il est impératif de défendre cette idée en
entrant dans le détail de ce qui la constitue]
→ Paul Veyne insiste également sur l'idée que l'historien ne peut pas se contenter d'établir des faits
mais qu'il doit expliquer en établissant des liens de causalité entre les événements. Or, c'est liens de
causalité ne peuvent être trouvés dans les documents seuls et sont des hypothèses interprétatives
subjectives.
→ c'est le rôle de la rétrodiction que d'établir ce genre d'hypothèse explicative dans le silence des
documents. La rétrodiction est au passé ce que la prédiction est au futur : toutes les deux se fondent
sur des liens de causalités mais avec des temporalités différentes.
→ il faut distinguer très précisément la rétrodiction de l'anachronisme. Cette dernière est le fait de
plaquer sur le passé nos propres préoccupations. C'est pour cela que Veyne se méfie de la méthode
herméneutique de la compréhension telle qu'elle est dictée par Dilthey. Comprendre en se mettant à
la place d'autrui par une sorte d'empathie serait toujours une menace de pratiquer l'anachronisme.
Pour Veyne, se mettre à la place d'autrui est nécessaire mais ne doit pas se faire à partir d'une idée
de ressemblance entre nous et cet autre que l'on étudie. Rien ne nous serait plus étranger qu'un
Romain du Ier siècle après J-C. La rétrodiction suppose alors de saisir les potentialités d'une époque
à partir de notre érudition. C'est la fréquentation des sources (l'érudition) qui nous permet de dire ce
qui est probable ou improbable à une époque et qui nous permet de comprendre l'autre.
→ l'érudition garantit donc la rigueur de notre subjectivité. /VS/ anachronisme qui est une mauvaise
subjectivité (tout comme le jugement de valeur vu en I)
→ prendre l'exemple de l'évergétisme antique.
→ l'histoire n'est plus objective en ce sens qu'elle ne se contente pas d'enregistrer des faits. Au
contraire, l'histoire est synonyme de construction subjective. Mais en tant que cette subjectivité est