contradictoires qui remettent en cause l’ordre établi à partir de contradictions spécifiques de la
problématique urbaine [3].
Mais, de même qu’il ne peut exister « un socialisme dans un seul pays », ou pourra dire qu’il ne peut y
avoir un développement intégré dans le cadre du capitalisme dans un seul pays. Rompant avec ce projet
dès la fin des années 80, la politique poursuivie a visé la destruction de l’appareil productif balbutiant,
certes, mais réel. Le projet économique, industriel, énergétique ou agricole mené par le pouvoir de
Bouteflika vise une intégration « conséquente » à l’économie néolibérale et au marché mondial. Il en
ressort non seulement un effritement industriel mais aussi un effritement de la structure territoriale
engagée dans un aménagement global dont l’objectif principale est de faciliter la circulation de
marchandise et des investissements de capitaux étranger (autoroute est-ouest, la transsaharienne, la
téléphonie mobile, grands barrages d’eau, forage dans la nappe phréatique au Sahara, énergie solaire et
gaz de schiste…. ).
5- Le corollaire de cette course vers une intégration dans le marché mondial et l’économie néolibérale est
la concurrence entre les bourgeoisies des trois pays, notamment entre la bureaucratie bourgeoise au
pouvoir en Algérie et le makhzen marocain. Si cette concurrence se joue d’une manière sournoise et lifté
entre l’industrie touristique tunisienne et le tourisme marocain, celui-ci tire ses dividendes de
l’affaiblissement de celui-là, la « paix froide » entre le régime algérien et le roi marocain, avec comme
prétexte déclaré le conflit frontalier sur un fond de crise au Sahara-Occidental, cache mal la volonté des
deux régimes à prendre le leadership dans la sous-traitance avec l’impérialisme mondial dans la région et
pourquoi pas en Afrique. Ce qui explique la course dans la réalisation des grands travaux (autoroutes,
TGV Casablanca-Tanger…). Ce qui explique aussi la mise en valeur de « la capacité de l’armée algérienne
» à sécuriser la région, autrement-dit à jouer le gendarme des puissances mondiales.
Or, sur le plan économique, le pouvoir algérien vit mal son « retard » vis-à-vis de l’économie de la
monarchie, vu sous l’angle du niveau d’insertion dans l’économie néolibéral et du marché mondial. De ce
point de vue, la fermeture des frontières entre les deux pays devient une aubaine pour le pouvoir algérien.
Il a besoin d’une mise à niveau. Car si ces frontières s’ouvraient, elles dessineraient pour les firmes
européennes et américaines opérant au royaume chérifien l’horizon d’une conquête peu coûteuse du
marché algérien. Ce qui mettrait l’économie algérienne, qui se libéralise avec prudence, devant une
concurrence inégale. Le constructeur automobile français Renault, pour le citer comme exemple, qui
possède à Tanger une grande usine entrée en production en février 2012 (170.000 véhicules/an en 2013
et 400.000 à moyen terme, dont 90% destinés à l’exportation) pourrait tirer profit de la normalisation
frontalière algéro-marocaine. Ce qui lui permettrait de satisfaire, depuis le territoire marocain - et non
plus depuis la France ou la Roumanie comme c’est actuellement le cas - une demande automobile
algérienne sans cesse croissante. Ce qui rendrait caduc toute velléité d’investissement dans ce domaine
en Algérie [4].
6- Cette concurrence intergouvernementale construit en revanche un fond commun pour les populations
de la région, notamment les masses travailleuses. Des populations des trois pays ne profitent pas assez
des richesses et des potentialités de leur territoire respectifs. Cette logique néolibérale dominante
marginalise de plus en plus des pans de la population et des régions entières avec son lot de creusement
constant des inégalités sociales et territoriales. Si ce phénomène est idéologiquement admit au Maroc et
en Tunisie, il se faufile et gagne du terrain dans la culture algérienne malgré les résistances. C’est ce qui
explique en l’occurrence les révoltes récurrentes. Il gagne aujourd’hui tout le territoire du Maghreb [5].
Ainsi, on assiste, dans les trois pays, à l’émergence d’un mouvement diversifié, social, syndical,
environnemental, culturel et associatif qui constitue la matrice de l’opposition aux pouvoirs autoritaires et
à leurs politiques antidémocratique et néolibérales. Par leurs batailles et leurs résistances acharnées, ils
donnent de la consistance à la revendication politique et au combat démocratique et social.
Politiquement et idéologiquement, ces résistances restent orphelines d’un projet révolutionnaire social et
démocratique. Le fantôme de l’islamisme resurgit à chaque instant, notamment face à la monté des
extrêmes droites dans le monde. Le terme « islamisme » prend aujourd’hui de multitudes définitions, du