Le tableau précédent permet donc d’éclairer la nature de la relation entre compétitivité et emploi. Cette relation
est complexe. Elle fait intervenir :
- différents acteurs (les employeurs, les salariés, les actionnaires) qui ont des intérêts différents,
parfois opposés ;
- les objectifs de l’organisation (en termes de coûts ou en termes d’innovation) ;
- le contexte technologique dans lequel cette relation s’inscrit.
Cette relation recèle donc une complexité liée aux facteurs de contingence qui l’influencent et la privent d’un
éventuel caractère déterministe.
B – la gestion des compétences
La compétence est une connaissance approfondie, un savoir-faire reconnu qui confère le droit de juger,
d’intervenir dans tel ou tel domaine. Selon Pierre Zarifian, « la compétence est la prise d’initiative et de
responsabilité de l’individu sur des situations professionnelles auxquelles il est confronté » (P. Zarifian, 1999)
.
1 – délimitation du contenu de la gestion des compétences
La gestion des compétences traduit une approche qualitative permettant d'intégrer les évolutions en termes de
contenus d'emplois et de compétences requises. Elle correspond donc à une approche dynamique telle qu’elle a
été définie précédemment, car la nature de l’emploi évolue. Une distinction doit être effectuée entre compétence
individuelle et compétence collective
. Il est supposé ici que la construction de compétences individuelles
permet, sous certaines conditions, de construire ou de faire évoluer la compétence collective. Le but de la gestion
des compétences est alors de favoriser la création d'une compétence globale afin d'accroître les performances des
organisations tout en répondant aux attentes des salariés. Enfin, la gestion des compétences pose la nécessité de
gérer la ressource humaine comme une variable stratégique, et non plus seulement comme une variable
d'ajustement.
2 – le contenu de la gestion des compétences
La gestion des compétences a l’objectif de contribuer à la création ou à l’actualisation d’une compétence
collective. Elle vise donc à identifier les compétences détenues actuellement, à envisager le potentiel et de
mesurer l’écart avec les compétences requises en adéquation avec les objectifs de développement de
l’organisation. Pour cela, au niveau individuel, la gestion des compétences intègre différents aspects :
- une prescription des compétences, c’est à dire une normalisation des comportements professionnels
(référentiels de compétences traduisant de nouvelles exigences). Ainsi au sein du groupe Pasquier
dont la situation sera évoquée plus loin, le développement de compétences chez les commerciaux
(compétences “ clients ”, compétences “ qualité ”, ….) a été un moyen de renforcer la qualité des
relation avec la clientèle et d’améliorer sa satisfaction. Cela exige un cahier des charges un
référentiel qui permet de faire converger les comportements des commerciaux vers un objectif
commun.
- Une évaluation des compétences à partir du référentiel de compétences.
- Un développement des compétences au travers d’une politique de formation.
3 – les difficultés de mise en œuvre
La gestion des compétences doit permettre de rendre compatibles les objectifs de l’organisation et les aspirations
des salariés. En dépit de son intérêt, les spécialistes de l’ANACT
ont recensé, au cours de leurs études
empiriques des difficultés de mises en œuvre :
- Difficulté d’articulation avec la stratégie, de ce fait les compétences développées y compris au
niveau collectif, ne contribuent à la réalisation des objectifs stratégiques de l’organisation ;
- Démarche trop souvent unilatérale, c’est à dire qu’elle ne prend pas suffisamment en compte les
aspirations des différents acteurs. Elle n’est donc pas suffisamment globale ;
Dietrich A., Pigeyre F., La gestion des ressources humaines, La Découverte, Coll. Repères, 2005
C. Dejoux (1998) : « ensemble des compétences individuelles des participants d’un groupe plus une composante
indéfinissable, propre au groupe, issue de la synergie et de la dynamique de celui-ci ». cité dans le texte de Didier RETOUR,
actes de l’université d’été.
Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail voir http://www.anact.fr/