style du grand Salvador Dali. Plus précisément du tableau « Persistance de la mémoire » datant de
1931. Sur cette publicité, on peut voir un tennisman ou une plagiste mourant de chaleur. Ils
s’apprêtent à boire un rafraîchissement, et tendent la main vers un Perrier. Tous les autres objets
environnants sont mous et semblent fondre sous la chaleur écrasante. On retrouve ce principe dans
le tableau de Dali : les horloges ne résistent pas, et se gondolent sous nos yeux. Dans cette
composition que nous propose l’artiste peintre, même ces gardiennes du temps fléchissent. Dans la
publicité, seul le Perrier résiste et conserve sa fraîcheur légendaire. Ceci est donc une transposition
très réussie puisqu’elle conserve le concept du surréalisme et le met intelligemment au service de la
marque.
Mais en cherchant bien, on se rend compte que Perrier n’en est pas à son coup d’essai concernant la
récupération artistique. Une campagne print a été crée en 1989, reprenant l’artiste Arcimboldo. Une
fois encore, l’inspiration est très cohérente et intelligente. En effet, Arcimboldo est un peintre nature
morte qui joue sur l’illusion et le trompe-l’oeil. Il assemble toute sorte de fruits et légumes afin de
recomposer un visage humain, le plus souvent vu de profil. La campagne print Perrier a repris cette
idée, en sélcetionnant seulement des citrons et citrons verts. La marque présente alors ses nouveaux
produits « Perrier Lime » et « Perrier Citron », ce qui est en très bonne adéquation avec le concept
artistique d’Arcimboldo et le territoire de marque. La marque utilise là à bon escient l’univers visuel
pour le mettre au service de son univers culturel. Cette campagne a part ailleurs remporté le Gold
Award en 1989.
Tout dernièrement, j’ai pu observer la denière campagne print de Delsey « infiniment résistante »,
réalisée par TBWA Paris. Sur cette prise de vue, on voit une personne qui déambule dans le rue,
tenant une valise Delsey à bout de bras. Le
Nous continuons dans le domaine de l’alimentaire avec une adaptation très fidèle (un peu trop ?) de
« La Laitière » de Johannes Vermeer. La marque de Nestlé a ici complètement repris l’image du
tableau et l’a transposé à son univers de marque. Il s’agit moins d’exploiter le concept que de puiser
dans la symbolique et le visuel de « La Laitière ». Au bout du compte, le consommateur n’associe pas
l’histoire, le contexte, le propos intrinsèque de l’oeuvre picturale à la marque de yaourts. Il remarque
simplement que l’ « image » du personnage de la laitière a été réutilisée au profit de la marque.
Seule la notion d’authenticité et de « fait-main » ressort de cette association. D’ailleurs, le focus du
tableau de Vermeer se fait sur la crème qui se verse dans le récipient. C’est justement cette
caractéristique qui sert à la marque de yaourts. La marque de Nestlé en a tout simplement fait son
emblême, puisque cette image et l’atmosphère du tableau sont repris avec beaucoup de fidélité dans
la mise en scène de ses films publicitaires, notamment.
Nous pourrions encore continuer ainsi, telles sont nombreuses les publicités qui s’inspirent des
courants ou oeuvres artistiques. Nous aurions pu développer le cas de Volkswagen et de la publicité
pour la Golf, inspirée de « La Cène » de Vinci (et accessoirement interdite en France), en 1997 ou
encore la marque de yahourts « La Laitère » et Vermeer. L’art est une source inépuisable de
symboles, visuels, icônes dans lesquels les annonceurs piochent afin de construire leur discours
iconographique. L’association est d’ailleurs