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THEME 5 : HABITUDES DE VIE ET SANTE
La spirale infernale de l’anorexie
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http://anorexie-phenomene-social.e-monsite.com/pages/page-13.html
Ana Carolina Reston
La mort du mannequin anorexique brésilien Ana Carolina Reston âgée de 18 ans en 2006 a relancé le
débat sur le poids minimum accepté pour pouvoir défiler. Elle est décédée la veille de son départ pour
Paris où elle devait poser pour des photos de mode. Elle pesait seulement 40 kilos pour 1,74m. 3
semaines avant sa mort, la jeune femme avait été hospitalisée pour une infection urinaire qui n'a pas su
être soignée et qui s'est transformée en infection généralisée en passant par une infection rénale. Mirthes
Reston a même déclaré que les médicaments ne faisaient plus rien à cause de son extrême faiblesse et
qu'elle était incapable de resister. La directrice d'une des grandes agences de mannequins au
BrésilL'équipe qui employait Ana Carolina a indiqué que la mannequin avait participé à la conception du
catalogue de Giorgio Armani au Japon mais que celle-ci avait dû rentrer plus tôt car elle était maigre et
trop fatiguée pour continuer de travailler. Ana Carolina ne pouvait plus travailler avec le peu qu'elle
mangeait, elle se nourrissait seulement de pulpe de pommes et de tomates.
La nouvelle a relancé le débat sur le poids minimum des mannequins pour pouvoir défiler et la
responsabilité du milieu de la mode dans la course à la maigreur.
A fin de mettre fin à ces morts inutiles, différents pays ont réagi :
- L’Espagne avait agi la première en 2006, en interdisant du grand défilé Pasarela Cibeles toute
jolie demoiselle présentant un indice de masse corporelle inférieur à 18 (soient 56 kg pour 1,75
m).
- L'Italie a été le deuxième pays à réagir en excluant quinze mannequins qui étaient en dessous de
la taille 36.
- Le Conseil britannique de la mode a annoncé la publication d'un rapport avec 14
recommandations sur ce sujet. Les mannequins devront avoir au moins 16 ans. Un "environnement
sain" sera en outre assuré dans les loges : pas de drogue, pas de cigarette, nourriture saine et elles
devront aussi présenter un certificat médical. Le rapport recommande en outre le lancement d'une
étude sur les désordres alimentaires chez les mannequins: il a estimé qu'environ 40% des mannequins
souffraient de problèmes de ce genre.
En savoir plus sur http://anorexie-phenomene-social.e-monsite.com/pages/page13.html#MkfjgkQxKRoklqoO.99
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http://www.inpes.sante.fr/slh/articles/394/04.htm
sommaire n° 394
DOSSIER " ANOREXIE, BOULIMIE : PREVENIR, EDUQUER, SOIGNER "
Les familles face à l'anorexie
Solange Cook-Darzens
Docteur en psychologie, thérapeute familiale,
service de psychopathologie de l'enfant et
de l'adolescent, hôpital Robert-Debré, Paris.
L'anorexie est la résultante de facteurs multiples, pourtant les familles sont encore parfois tenues pour
responsables de la pathologie de leur enfant. Les familles ne doivent pas être tenues à l'écart de la prise en
charge par les professionnels mais être partie prenante, accompagnées, déculpabilisées et valorisées. État
des lieux des connaissances et conseils aux professionnels.
Dès l'identification de l'anorexie mentale, au XIXe siècle, les parents ont été jugés responsables de cette maladie chez
leur fille adolescente, et le XXesiècle a vu émerger des théories dont la caractéristique essentielle est de véhiculer une
vision pathologique de la famille ou de certains de ses membres. Les mères, puis les pères, puis les familles entières
ont ainsi été successivement impliqués dans la survenue des troubles du comportement alimentaire (TCA). Ce "
folklore professionnel ", comme certains psychiatres anglo-saxons l'appellent, s'est autorenforcé au fil des décennies
pour déboucher sur un certain nombre de pratiques thérapeutiques consistant soit à tenir la famille à l'écart de la
jeune patiente (hospitalisation assortie d'une séparation du milieu familial), soit à l'impliquer dans un travail familial
destiné à réparer ses défaillances (thérapie familiale). Ces pratiques entraient malheureusement en résonance avec le
doute et la culpabilité des familles, renforçant une atmosphère d'inquiétude et d'incompétence peu propice à la
mobilisation des ressources de la famille.
Quelle responsabilité familiale ?
Au cours des quatre dernières décennies, de nombreux cliniciens ont avancé l'existence de perturbations ou
particularités familiales censées favoriser l'émergence des TCA. Par exemple, on a longtemps pensé que la famille
d'une anorexique présentait une structure particulière, caractérisée par un niveau socio-économique élevé, des
parents plus âgés que la moyenne, un taux de divorce faible comparé à la population générale et une prépondérance
du nombre de filles dans la fratrie. Certains cliniciens d'orientation psychodynamique ont émis l'hypothèse de
relations précoces défaillantes entre la mère et la future patiente, qui encourageraient précocement l'enfant à
satisfaire les besoins de sa mère au détriment des siens propres (1). Enfin, certains pionniers de la thérapie familiale,
notamment S. Minuchin (2) et M. Selvini-Palazzoli (3), ont affirmé, dès les années 1960-1970, l'existence d'une
famille dite psychosomatique ou anorexigène, marquée par l'enchevêtrement relationnel, la surprotection, la rigidité,
l'évitement du conflit et une tendance à impliquer la future patiente dans des conflits conjugaux latents. Le
symptôme alimentaire permettrait de détourner l'attention familiale de cette mésentente parentale et de maintenir le
consensus, protégeant ainsi la famille de tout changement ou de toute séparation. De nombreux thérapeutes
familiaux ont adopté cette conception des familles d'anorexiques et proposé un travail familial visant à modifier ces
transactions pathogènes.
Depuis les années 1980, les travaux scientifiques qui ont cherché à vérifier l'existence de ces particularités familiales
n'ont pas pu les confirmer (4). Les familles d'anorexiques se caractérisent par une grande diversité de
fonctionnements, souvent non pathologiques, même si elles tendent à montrer plus d'insatisfaction et de détresse
que les familles dites normales (5). En revanche, il a été démontré que la qualité du fonctionnement familial est un facteur de
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guérison non négligeable et que la manière dont la famille réagit à l'anorexie après sa survenue influence beaucoup
l'évolution de la maladie (6). La notion de cause familiale doit donc être remplacée par celle, plus nuancée, de facteurs
familiaux de risque ou de protection, de maintien ou d'amélioration, dans un continuum de fonctionnement allant d'optimal à
très perturbé. La plupart des familles se situent vraisemblablement au milieu de ce continuum (ni exceptionnelles ni
délétères), avec des dysfonctionnements inévitablement amplifiés par la crise de l'anorexie mais aussi avec des
compétences pouvant contribuer à la guérison. Ce sont ces ressources que l'accompagnement familial doit chercher
à mobiliser, tout en aidant les familles à résoudre les dysfonctionnements risquant de pérenniser ou d'aggraver le
trouble.
Familles et thérapies
La thérapie familiale a très tôt été identifiée comme étant particulièrement efficace dans le traitement de l'anorexie
mentale de l'adolescent et de l'enfant (7). Il est actuellement établi que la famille, y compris la fratrie, doit toujours
être impliquée dans la prise en charge du jeune anorexique (8). Il ne s'agit plus de rechercher un problème familial à
réparer mais au contraire de construire un partenariat solide avec la famille, qui lui donne un rôle de " cothérapeute "
plutôt que de " copatiente ".
En s'appuyant sur cette alliance thérapeutique, il est important d'aider la famille à re-trouver un sentiment de
compétence et d'efficacité, souvent mis à mal par les symptômes alimentaires et les conflits qu'ils génèrent. Qu'est-ce
qu'une famille compétente ? C'est une famille cohésive et structurée, empathique vis-à-vis de l'adolescente, ouverte
au changement et à la remise en question. Les parents doivent être informés sur le trouble, ses causes, ses
répercussions et ses mécanismes essentiels. Ils doivent également comprendre l'idée que l'anorexie représente pour
leur fille une solution, certes inadéquate et dangereuse, mais une solution quand même, à un grand mal-être
psychologique et relationnel qui, pour diverses raisons, n'a pas pu s'exprimer autrement. Cette vision les aidera à
mieux accepter le refus et le déni inhérents à l'anorexie mentale : refus de nourriture, refus de reconnaître la maladie,
déni de la maigreur, et refus d'aide et de soins. Les parents doivent également former une équipe solide qui
s'implique dans la résolution des symptômes alimentaires sous des formes variant selon l'âge et les besoins de leur
fille. Ils doivent apprendre à ne pas se rendre complices de certains comportements symptomatiques : la tyrannie
alimentaire (" Je ne mangerai de féculents que si ma mère en mange "), l'achat de yaourts à 0 %, les promenades
forcenées à 11 heures du soir, etc. Enfin, ils doivent développer dans la durée un positionnement patient, confiant et
empathique vis-à-vis des difficultés de leur fille, tout en restant attentifs aux besoins des
autres membres de la famille. Tout cela ne s'invente pas, même si certaines familles ont plus de facilité que d'autres à
adopter cette posture dans la durée.
Quelques repères

Les équipes scolaires peuvent être les premières à repérer les signes avant-coureurs du trouble. Il est important qu'elles fassent part de
leurs observations à la famille en évitant d'être critiques ou de rechercher des défaillances familiales. L'enseignant devra
rester dans son rôle professionnel et éviter de devenir le thérapeute de l'enfant.

Il est important que les professionnels concernés ne se mettent pas en concurrence avec la famille et ne cherchent pas à démontrer à la
famille qu'" ils vont réussir là où la famille a échoué ". Cela est particulièrement vrai dans les relations avec les équipes
scolaires et hospitalières (infirmières, médecins scolaires, professeurs, équipes de soins, etc.).

Dans la mesure du possible, les professionnels de santé doivent écouter la culpabilité, l'impuissance, le sentiment d'échec, mais
aussi l'agressivité et le déni des familles et de la jeune anorexique, et soutenir tout mouvement permettant d'apaiser ce
vécu difficile. Écoute et soutien favoriseront la construction d'une prise en charge appropriée sans perte de temps, une
mobilisation des compétences familiales et une meilleure empathie de la famille vis-à-vis des difficultés de la patiente.

Les professionnels de la santé et de l'éducation doivent être suffisamment informés sur la maladie, son étiologie, son devenir, et le rôle
que peut jouer la famille dans l'amélioration des troubles, pour pouvoir partager ces informations avec la famille et ainsi
contribuer à une vision plus commune et déculpabilisée des processus anorexiques. Ce type de guidance
psychoéducative redynamise la famille et aide à créer une alliance thérapeutique de qualité (9).

Les processus impliqués dans l'anorexie et sa guérison sont complexes et plurifactoriels. Ils nécessitent une équipe
pluridisciplinaire pour y faire face, et la famille doit faire partie de cette équipe.

Dans la mesure du possible, les professionnels impliqués doivent encourager la famille à engager un travail familial avec un
thérapeute familial ayant l'expérience des TCA et s'appuyant sur des modèles de thérapie familiale visant à mobiliser la
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famille en tant que facteur d'amélioration (10).

Si la jeune fille a été hospitalisée pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois, le retour à une vie normale génère
souvent de nombreuses angoisses. Une bonne collaboration entre la famille, l'équipe soignante et l'équipe scolaire permet de préparer
le retour à l'école et aide la jeune fille à gérer ou résoudre des craintes souvent très fortes concernant le regard des autres,
sa réintégration sociale, son rattrapage scolaire et son retour à la cantine. Les enseignants doivent également savoir que
le chemin vers la guérison passe souvent par une diminution des tendances perfectionnistes, notamment dans le travail
scolaire.
Nous devons garder à l'esprit que l'anorexie, une maladie grave dont l'évolution se fait souvent dans la durée, malmène
fortement les forces vives de la famille y compris de la fratrie, paralyse les trajectoires familiale et individuelles et imprime à la
famille une identité morbide, au détriment de processus plus sains, souples et ouverts au changement. Quelle que soit la qualité
de vie familiale avant l'anorexie, il est impossible pour une famille de vivre l'anorexie au quotidien sans en être perturbée. Les
risques de cercles vicieux relationnels et de découragement sont infinis. L'accompagnement familial est une nécessité, que ce
soit sous forme de thérapie familiale, de groupes multifamiliaux en milieu associatif ou hospitalier (11), de psychoéducation
parentale ou de rencontres informelles entre professionnels et familles.
LA SANTÉ DE L'HOMME 394 | MARS-AVRIL 2008 | Pages 35-36
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http://www.troublesalimentaires.org/anorexie.htm
Anorexie
Par J. Boutillier
Thérapeute et coach
Enseignant en coaching, hypnose ericksonienne et PNL à l'Institut Normand de Coaching et de
Thérapies Brèves
Auteur d'En terminer avec l'anorexie
Définition
Chiffres
Anorexie et anorexie - boulimie
Au premier abord
Facteurs et axes de travail
- Adolescence / puberté
- Facteurs socio-culturels
- Obsession
- Confiance
- Contrôle et pouvoir
- Sacrifice
- Abstinence
- Corps et sens
- Anorexie et système
PAR L'AUTEUR DE CE SITE : FORMATION THERAPIE BREVE DES TROUBLES DU
COMPORTEMENT ALIMENTAIRE - A partir du 14 juin 2013, à Caen
Définition
Selon les critères actuels du DSM-IV relativement à l’anorexie mentale, toutes les conditions suivantes
doivent être respectées :
a) Refus de maintenir le poids corporel au-dessus de la normale minimale (moins de 85 % pour l’âge et la
taille)
b) Peur intense de prendre du poids ou de devenir obèse, malgré une insuffisance pondérale.
c) Perturbation dans la manière dont le poids corporel, la forme ou la silhouette
est perçue.
d) Influence exagérée du poids corporel ou de la silhouette sur l’estimation de
soi.
e) Aménorrhée pendant au moins trois cycles consécutifs chez les femmes
menstruées (aménorrhée secondaire).
Chiffres
- En France, 0,5 à 1 % des jeunes filles seraient anorexiques.
- Les garçons, beaucoup moins touchés, ne sont pourtant pas exempts de cette difficulté (0,1 %)
- L’anorexie tend à toucher des personnes de plus en plus jeunes (12 à 18 ans pour les débuts du trouble).
- Les deux ages de début du trouble les plus représentés sont 14 ans et 18 ans.
- Dans 8% des cas, l’anorexie touche des adolescentes de moins de 10 ans.
- Le taux de mortalité est de 1% pour les anorexies restrictives et 2 à 4 % pour les anorexies boulimies.
- Au-delà de 10 ans d’évolution, de 5 à 15 % des malades décèderaient, 20 % après 20 ans.
- En l’état actuel des thérapeutiques proposées, 1/3 des anorexiques s’en sortent bien (physiologiquement
et psychologiquement). Un 1/3 conserve des anomalies du comportement alimentaire, encore trop de
restrictions ou des accès boulimiques, avec un mal-être persistant, une vie affective difficile. Le dernier 1/3
évolue mal, vers une dénutrition grave et une dépression chronique.
Anorexie et anorexie-boulimie
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On peut discerner deux types d’anorexie :
wAnorexie restrictive : la personne est très maigre, ne mange pratiquement pas et lutte contre la faim.
wAnorexie-boulimie : la personne alterne restrictions et crises de boulimie. En dépit de ses stratégies
compensatoires (vomissement, purgatifs, hyperactivité…) elle est souvent un peu moins maigre.
Au premier abord
L’anorexie apparaît tout d’abord comme une obsession de la minceur. Pour servir cette
obsession, les axes principaux vont être un désir inaltérable de perdre du poids, un refus
de s’alimenter et des stratégies de contrôle, diverses et sophistiquées.
w L’alimentation devient un calvaire : le jeune est vécu comme un plaisir, alors que la
phase d’alimentation est une contrainte, voire une agression.
w Diminution des quantités et choix alimentaires : le régime que s’impose la
personne qui souffre d’anorexie est draconien et carencé (pain, féculents, sucres et
graisses sont éliminés de l’alimentation).
w Stratégies de contrôle du poids : stratégies d’élimination et d’évitements sont variées (absorption de
liquides, de laxatifs, diurétiques, coupe-faim, vomissement, hyperactivité…)
Facteurs de l'anorexie et axes de travail
Si l’on se fonde sur les comportements anorexiques, le premier abord conclut à une insatisfaction
corporelle : la personne se trouve trop grosse et décide de maigrir. Dans l'anorexie, la plainte est absente
ou orientée vers l'alimentaire qui tient le rôle central. La fonction du thérapeute est de favoriser le
déplacement de l'attention et de la réflection vers d'autres éléments structurels, générant le processus
pathologique et dont la résolution permettra de dénouer le trouble.
"Un passant rencontre un autre homme, dans la rue. Celui-ci est à quatre pattes, sous un réverbère et semble chercher quelque
chose
- Que faites-vous ici, sous ce réverbère. Avez-vous un problème?
- J'ai perdu mes clefs, je les cherche.
Le passant décide d'aider l'homme et se met à quatre pattes pour chercher avec lui. Après quelques minutes de recherches
infructueuses, le passant demande à l'homme :
- Arrivez-vous à vous rappeler ce que vous avez fait et où vous étiez quand vous les avez perdues?
- J'étais là bas, répond l'homme, montrant le trottoir opposé, plongé dans la pénombre.
- Mais pourquoi vous achrnez-vous à chercher ici?
- Ici, c'est mieux, il y a de la lumière."
Le trouble alimentaire est généralment très sophistiqué dans sa structure, multifactoriel. Les degrés
d'intervention sont donc multiples.
Quelques axes sont présentés ici et seront développés au fil du temps :
è Adolescence : puberté précoce et/ou inattendue (donc souvent non-anticipée par la personne ellemême et le milieu familial) peut constituer un choc important chez une adolescente, à l'origine de troubles
du comportement alimentaire. En devenant sexuée, l'adolescente s'expose à différentes perturbations,
physiologiques et psychologiques et à un changement de statut, familial et social.
Nul besoin de posséder un doctorat en psychologie pour savoir que adolescence et puberté constituent
des étapes importantes du devenir de tout être humain. Dans la genèse du trouble alimentaire, la puberté
est souvent une étape importante, étape de perte de repères autant corporels que psychologiques. L’image
se brouille.
La graisse pendant l'enfance est distribuée uniformément dans le corps, de manière harmonieuse. Un
enfant peut être jugé mignon car présentant un physique « poupon ». A l'adolescence, la graisse vient se
situer essentiellement sur le ventre, les cuisses et les fesses, zones sensibles aux effets des hormones (et
s'organisant entre autres pour une future maternité). Le corps poupon se transforme en quelque chose de
plus hétérogène. Le corps perçu se modifie et se fragmente.
De plus, les adolescentes au moment de la puberté prennent du poids plus vite qu'elles ne grandissent,
augmentation bien plus importante que pour les garçons, désynchronisme qui peut accentuer l'intensité du
mal-être. Cette évolution normale et naturelle peut être donc être perçue comme une mutation dangereuse
et déstabilisante.
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A cette insatisfaction corporelle, rendue réelle par la puberté et perçue
comme ingrate se mêle les premières relations sentimentales et donc
l’exigence de plaire : conflit entre « je suis grosse » et «c’est nouveau et
important pour moi de plaire ». Les changements hormonaux
favorisent également une certaine instabilité émotionnelle dont des
phénomènes d’impulsivité que l’on retrouve dans les compulsions
alimentaires.
Le rôle de l’entourage est alors assez prépondérant. Le papa par
exemple, est le premier référent masculin. Sa fille étant enfant, il lui disait peut-être souvent qu’elle était
jolie. Mais elle évolue, se rebelle voire l’intimide en devenant sexuée. Il ne le dit plus. Le premier référent
est muet. La jeune fille peut en venir à se dire : « Je ne lui plait pas. Pourquoi ?... Parce que je suis trop
grosse… ». C’est là un mécanisme entre d’autres.
Pour contrôler ces phénomènes qui la dépassent, l’adolescente va rechecher une norme (sociale, décrite
plus bas) et mettre en place des stratégies de contrôle. Ce cocktail de phénomènes est souvent à l’origine
de la mise en place de restrictions et d’un certain perfectionnisme, purisme, qui mèneront à court ou
moyen terme au trouble alimentaire.
è Facteurs socio-culturels
Les stéréotypes sociaux participent activement à la restriction alimentaire : mode, canons de beauté,
milieux sportifs ou artistiques, conditionnements psychologiques divers… Il est d’ailleurs intéressant de
noter que les civilisations ne présentant pas ces critères ne développent pas les mêmes proportions de
troubles alimentaires. Ces stéréotypes peuvent nourrir le perfectionnisme déjà latent de personnes
souffrant de trouble alimentaire tout comme leur développement psychologique.
Après les pin up, en 1960, les femmes androgynes apparaissent, phénomène qui
s’accentue en 1970 (Birkin, Twiggy) dans un contexte féministe et revendicateur. Ce
pic philosophique de la maigreur du début des années 70 est d’ailleurs confirmé par
les chiffres des TCA qui montrent une diminution du nombre d’anorexiques (selon
la définition stricte) de 60% pendant les années 1971-1987 à 42,3% pendant les
années 1988-1996 alors que parallèlement les anorexie-boulimie augmentent (1). Ces
chiffres indiquent également une tendance de la répartition des TCA à évoluer en
fonction de l’esprit du temps.
Dans les années 80, la femme est active. Elle est sensée contrôler sa vie et son image.
Si l’influence sociale et culturelle ne provoque pas en elle-même un trouble
alimentaire, elle y participe inévitablement et favorise la résolution d’un problème psychologique dans une
désorganisation alimentaire.
.
Notre société est une société d’image. Et l’image de la femme qui nous est proposée
est mince, voire plus, représentation associée à un mode de vie valorisant et actif. Les
images sont retouchées, les mannequins sont elles-mêmes d’ailleurs souvent
anorexiques.
Les tailles des vêtements dans les magasins sont également en décalage par rapport à
la réalité. Phénomène qui crée là encore frustration, sensation d’anormalité… Le
souci essentiel est que la plupart des femmes ne peuvent atteindre ces critères. Il y a
une part de génétique dans la morphologie ou la stature.
Il est par ailleurs étonnant de constater que culturellement, la relation particulière
entre une femme et son poids s’installe très tôt. Statistiquement, les bébés de sexe
féminin sont moins nourris que ceux de sexe masculin. La mentalité « régime et restriction » est très vite
présente, car là où le garçons sont peu éduqués, on insiste très précocement sur l’attention qu’elles doivent
porter à leur alimentation. Il y a déjà les prémisses d’une désorganisation alimentaire où satiété, besoins
naturels sont déjà négligés ou absents.
En dehors du point de vue strict de l'alimentaire et de l'image, de manière plus psychologique et générale,
la jeune fille ou la jeune femme est également victime d'un conditionnement, le même d'ailleurs que celui
contre lequel les féministes montent régulièrement au créneau. quelques éléments de ces stéréotypes
culturels, proprement judéo chrétiens :
- Les garçons ont le droit de prendre des risques, de faire des bêtises. Les filles doivent être dans la
retenue, la raison et la précaution : anxiété et contrôle.
- Dans la vie relationnelle, le garçon a souvent le droit d'exposer, d'agir en fonction d ses besoins et
émotions. La jeune fille est encouragée à la diplomatie, à s'effacer pour entretenir le lien familial
: inhibiton et hyperempathie
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A ces phénomènes culturels viennent s'ajouter des éléments contemporains : la femme travaille, participe
activement à la vie économique tout en gardant ses prérogatives familiales (ménage, organisation...). Il y a
un cumul dangereux qui vient augmenter la pression et l'excès de contrôle.
Aujourd’hui, la femme moderne doit être à la fois :
- indépendante (subvenir à ses besoins)
- forte (lutter contre le sexisme, professionnel et social)
- sensible (être à l'écoute)
- séduisante (correspondre aux canons de l'époque)
- active (manger vite)
- libérée (être gourmande et se faire plaisir)
- maman (cuisinière et nourricière)
- au centre du lien familial
- mince (produits allégés…)
- naturelle (manger des produits sains)
- diététique (consommer des produits équilibrés)
- maitresse de ses affects négatifs
- maîtresse de son corps (activité physique et sportive)
- maîtresse de son image (esthétique…)
Autre élément important, la femme moderne a également l’opportunité de modeler son corps de manière
artificielle (chirurgie esthétique).
La femme moderne est sous contrôle : contrôle de sa vie, de soi, de son image, de son alimentation, de ses
émotions, de son corps, de ses désirs, de sa liberté... Tout est contrôle : l'anorexie en est l'expression
paroxystique.
Voici donc un réel et mic-mac identitaire qui favorise le développement de désordres alimentaires au gré
de toutes ces informations contradictoires et de l’impossibilité bien entendu de s’y conformer
intégralement.
(1) Selvini Palazzol et al. (1998, P. 23)
è Obsession : Une structure obsessionnelle peut participer à la construction de l'anorexie, obsession
portée sur telle ou telle partie du corps par exemple, jusqu’à la dysmorphophobie.
Certains articles ou opinions réduisent l’anorexie à une dysmorphophobie. Ce point de vue est réducteur,
mais les phénomènes de type obsessionnel sont à prendre en compte dans l’approche des TCA, anorexie
et boulimie.
La dysmorphophobie est définie par des préoccupations excessives à propos d’un défaut corporel
imaginaire ou minime. On la décrit également comme «un trouble du sentiment esthétique de l’image de
soi ». On pourrait également risquer le terme d’ "hypochondrie de l’apparence" la dysmorphophobie
pourrait concerner 2 à 3% de la population. A la différence d’une préoccupation « normale », la
dysmorphophobie est irrationnelle et envahissante, obsessionnelle (par exemple : une personne
anorexique, maigre, qui se trouve trop grosse).
Les craintes dysmorphophobiques sont fortement présentes à l’adolescence. Les changements corporels,
la puberté, la sensibilité et l’environnement à cet age se prêtent à son développement. Ces préoccupations
peuvent être liées au corps dans son intégralité (taille, poids, silhouette, attitude) ou à une partie isolée du
corps (nez, acné sur le visage, dentition, pilosité présente ou absente, taille des organes génitaux pour les
garçons, rondeurs au niveau du ventre, des cuisses, taille de la poitrine plus ou moins importante, ...).
Pour la plupart transitoires, certaines dysmorphobies se continuent et se développent, s’accompagnant de
troubles anxieux (phobie scolaire, phobie sociale) ou de troubles alimentaires (anorexie, boulimie). L’image
socio-culturelle du corps parfait, à laquelle l’adolescent est hyper réceptif participe également activement
au développement de l’obsession : une confusion s’installe entre réalité et idéal, confusion que l’on
rencontre dans l’anorexie à travers une image et une perception faussées du corps.
Environ 50% des personnes souffrant de dysmorphophobie ont conscience de l’irrationalité de leurs
préoccupations. Les personnes souffrant de TCA font en général partie de l’autre moitié.
«Moi que la nature décevante a frustré de ses attraits, moi qu’elle a envoyé avant le temps dans le monde des vivants,difforme,
inachevé, tout au plus à moitié fini, tellement estropié et contrefait que les chiens aboient quand je m’arrête près d’eux ! eh
bien, moi, dans cette molle et languissante époque de paix, je n’ai d’autre plaisir , pour passer les heures, que d’épier mon
ombre au soleil et de décrire ma propre difformité.» (Monologue de Richard III, Shakespeare)
Dans sa structure obsessionnelle, la dysmorphophobie participe aux TCA comme l’anorexie. Mais une
démarche du bon sens, cognitive est la plupart inopérante car l’obsession est nécessaire à l’équilibre du
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sujet. L’obsession est le plus souvent un choix de «confort», un domaine «choisi» inconsciemment par le
sujet plutôt que de subir des angoisses plus importantes. La focalisation sur un domaine particulier
anesthésie d’autres problèmes. D’où la difficulté à faire entendre raison à des personnes qui mettraient en
jeu leur santé mentale en reconnaissant l’irrationalité de leurs préoccupations. L’anorexie présente donc
des composants de structure obsessionnelle, mais remettre l’anorexie en cause en « attaquant » l’obsession
n’est guère souvent couronné de succès.
è Confiance : comme tout trouble alimentaire, l'anorexie est à mettre en relation avec un défaut de
confiance en soi. On peut parler de cause dans la mesure où le trouble anorexique devient un moyen
(illusoire) de développer sentiment de contrôle, d'estime et de confiance en soi.
L’adolescence et plus particulièrement les années collège constituent une période ou l’adolescente peut
avoir, en plus du chaos physiologique et psychologique de la puberté, à supporter des comportements
extérieurs humiliants ou insultants. On retrouve assez fréquemment une baisse d’estime de soi dans cette
période de la vie chez les personnes souffrant d'anorxie (voire des phénomènes de phobie scolaire en
commorbidité avec la boulimie). C’est d’ailleurs souvent à cette époque que le régime devient un outil de
renforcement de la confiance en soi, en réalité illusoire et trompeur :
w Face à un flot de phénomènes incontrôlables, le régime devient un moyen de reprendre le contrôle sur
une partie de sa vie et donc d'augmenter le sentiment de confiance en soi (illusion temporaire). "Mes
relations, mon corps, mes émotions m'échappent. Je recadre mon attention vers quelque chose que je
peux contrôler : le poids."
L'estime de soi se construit sur une évaluation précise de ce que l'on est. Dans le cadre de l'anorexie,
l'estime de soi tente de se construire dans un premier temps sur des critères assez flous, voire absolus. La
personne anorexique est fréquemment installée dans une démarche de «tout ou rien », teintée de
perfectionnisme, nécessairement déprimante et anxiogène. Le poids a un avantage anxiolitique en ce
domaine : il se mesure, se quantifie, se planifie se contrôle et se constate. Les critères sont concrets. La
balance est une occasion (illusoire) d'établir une évaluation de ce que l'on est à travers la mesure précise et
indiscutable de la perte de poids : c’est d’ailleurs ce que l’on appelle illusion de contrôle.
Ce système « je manque de confiance – je fais un régime », dysfonctionnel, peut se retrouver dans de
nombreux troubles alimentaires, à différents moments de la vie (difficultés professionnelles…). La
focalisation sur le poids devient un moyen magique pour développer sentiment de contrôle, de
compétence et ainsi estime puis confiance en soi.
w Autant dans un milieu familial ayant des problèmes de poids que dans le milieu amical, l’adolescente
peut trouver une satisfaction à être celle qui réussit à contrôler son poids, sorte d’héroïne des temps
modernes capable de résister aux instincts animaux (faim, appétit…) mais aussi à la société de
consommation. De même, dans un milieu où la perte de contrôle est fréquente (alcool, humeurs extrêmes,
psychoses…), la personne souffrant d’anorexie peut ressentir plaisir et satisfaction à démontrer sa capacité
à se contrôler à travers le trouble anorexique.
Il n’est d’ailleurs pas rare de trouver chez une personne anorexique, une fratrie ou des parents légèrement
en surpoids, voire ayant (ou ayant eu) des soucis d’hyperphagie. Une atmosphère de défi ou de
compétition (frère et sœur ayant mieux réussi scolairement par exemple) vient parfois renforcer cet aspect
qui peut encourager la personne anorexique à marquer sa spécificité et à s’enfermer dans ce qu’elle
considère comme sa réussite.
è Contrôle et pouvoir :
Antigone, première anorexique célèbre (avant Twiggy, Kate Moss...)?
"Voilà. Ces personnages vont vous jouer l'histoire d'Antigone. Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne
dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu'elle va être Antigone tout-à-l'heure, qu'elle va surgir soudain
de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du
monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle
aurait bien aime vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et, depuis que ce rideau s'est levé, elle sent qu'elle s'éloigne à une vitesse vertigineuse de sa sœur Ismène, qui bavarde et rit
avec un jeune homme, de nous tous, qui sommes là bien tranquilles à la regarder, de nous qui n'avons pas à mourir ce soir..."
è Sacrifice :
Des stratégies inconscientes et sacrificielles sont à l'origine de nombre d'anorexies. Mettre à jour ces
THEME 5 : HABITUDES DE VIE ET SANTE
La spirale infernale de l’anorexie
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processus systémiques et familiaux constitue une force thérapeutique de choix qui vient remettre en cause
les rapports du sujet au monde qui l'entoure et recadre les fondements mêmes du trouble alimentaire.
La thérapie familiale systémique s'est développée aux U.S.A. dans les années 50. Elle s'est inspirée des
données de la biologie, de la psychologie, de l'éthologie, de l'anthropologie, de la sociologie, de la
cybernétique... À partir de ces sciences et de la pratique des cliniciens, l'idée est née de concevoir la famille
comme un système dans lequel interagissent les éléments (les membres de la famille) et à partir duquel
d'autres systèmes sont en résonance (école, travail, ...). La thérapie systémique a donné en France bon
nombre de thérapies familiales, qui hélas ont perdu en chemin l'essence originelle de la démarche
(notamment en terme de communication et de stratégie). L'école de Palo Alto, à l'origine de cette
approche, évolue dans le cadre de ce que l'on désigne aujourd'hui comme une thérapie brêve stratégique.
L'approche systémique et stratégique de l'anorexie permet de dégager des axes hautement pertinents dans
le cadre de l'analyse du processus anorexique et des actions thérapeutiques à mettre en place.
Ce que l'on nomme Anorexie sacrificielle représente une grande quantité de problématiques : dans ce
processus, un élément de la famille porte à elle seule le poids des difficultés de la famille, des
dysfonctionnements du système en développant un trouble psychologique (anorexie ou autre).
Un aspect voisin du sacrifice, le bouc-émissaire est décrit, d'un point de vue général par Minuchin, dans la
"famille psychosomatique" : "Cette famille est caractérisée par l'enchevêtrement relationnel entre les
membres de la famille, entre les individus, entre générations, leur proximité excessive et l'intensité
disproportionnée des interactions, la surprotection des uns par les autres, la rigidité, un manque
d'adaptabilité tant à l'intérieur de l'univers familial que par rapport au monde extérieur, une incapacité à
faire face aux crises, et enfin l'intolérance aux conflits, leur évitement et leur non résolution. Vue de
l'extérieur, cette famille apparaît comme fonctionnant en circuit fermé, conformiste, arc-boutée sur des
apparences de normalité, cherchant à donner au monde une impression d'harmonie, de bonheur, d'union
parfaite entre ses membres. Mais dans ce cercle fermé, aucune critique ne peut être exprimée, et l'idée d'un
conflit entre membres de la famille n'est pas pensable. Les parents, incapables de surmonter leurs
difficultés conjugales, les transformeraient en difficultés parentales en y impliquant leurs enfants et en
tentant d'en faire des alliées dans des coalitions plus ou moins stables. Du point de vue du groupe familial,
l'anomalie d'un des membres focalise sur celui-ci la majorité des tensions intrafamiliales et la place en
position de bouc émissaire, ce qui permet de renforcer la cohésion familiale menacée. Ce rôle de bouc
émissaire favorise à son tour, par l'état de stress qu'il engendre, les troubles du comportement alimentaire."
On peut prendre différents exemples pour illustrer cette dimension sacrificielle :
w Une jeune adolescente évolue dans une famille où les parents ne s'entendent pas et projètent de se
séparer. En se mettant en place, l'anorexie permet de déplacer le problème sur la jeune fille et ressoude le
couple. De même, des parents divorcés, ne se parlant plus, vont recommencer à communiquer si leur fille
développe un trouble alimentaire. Travaillant avec des jeunes filles anorexiques, je vois le plus souvent à la
première consultation arriver la jeune fille mais aussi ses parents, famille soudée et idéale, orientée vers le
même objectif. Quand la jeune fille va mieux reprend du poids, il n'y a plus que la mère qui vient, puis la
jeune fille vient en bus. Le parents recommencent à se disputer... Si un travail thérapeutique n'a pas été
fait, si l'adolescnte n'a pas pris conscience entre autres de cete dimansion sacrificielle, il y a de forts risques
qu'elle reperde du poids, pour restaurer l'équilibre familial.
wL'anorexie peut également se révéler sacrificielle, dans une famille où la jeune fille se sent moins
importante que les autres. Grâce au trouble, l'équilibre va s'établir. Tout milieu familial chaotique peut
conduire à des conduites sacrificielles, entre autres anorexiques. J'ai par exemple travaillé avec une grande
quantité d'enfants asthmatiques dont la maman était dépressive : quand son enfant fait une crise d'asthme,
aucune mère au monde n'est encore dépressive (le temps de la crise).
Il ne s'agit pas là de stratégies conscientes, "faites exprès", de "cinéma". Ces conduites sacrificielles sont
inconscientes et présentent une intention positive, quoique cela semble paradoxal : rétablir (ou établir) un
équilibre familial jusque là aléatoire ou inadapté.
La conscientisation de cette stratégie sacrificielle est hautement thérapeutique. La personne ayant à souffrir
d'anorexie est une adepte (voire une accroc) du contrôle. Elle pense contrôler son corps, son alimention,
sa famille... Lui faire prendre conscience que ce n'est pas elle qui contrôle mais que ce sont les éléments
(familiaux, systémiques) qui la contrôlent et décident de son devenir, l'aider à se rende compte qu'elle est
l'instrument des difficultés des autres, non son propre maitre constitue une stratégie thérapeutique de
choix, propre à remettre en cause les fondements initiaux du trouble. Les actes thérapeutiques visant à
rétablir une communication adaptée au sein de la famille apportent un complèment à cette
conscientisation.
L'anorexie sacrificielle est bien souvent le mode de mise en place du trouble. Aussi, si la personne se
trouve au début du trouble et si l'on sait recadrer ces dysfontionnements peut-on obtenir un déblocage des
symptômes et une amélioration rapide du trouble. Au fil du temps, l'anorexie sacrificielle va bien souvent
se muer en anorexie abstinente (1) décrite également sur ce site.
(1) Nardone
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La spirale infernale de l’anorexie
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J. Boutillier
Thérapeute et coach
Enseignant en coaching, hypnose ericksonienne et PNL à l'Institut Normand de Coaching et de
Thérapies Brèves
Auteur d' En terminer avec l'anorexie
PAR L'AUTEUR DE CE SITE : FORMATION THERAPIE BREVE DES TROUBLES DU
COMPORTEMENT ALIMENTAIRE - A partir du 14 juin 2013, à Caen
L’Abstinence :
L'abstinence dans l'anorexie consiste à mettre en place un système qui neutralise, anesthésie les émotions
de peur qu'elles débordent, et d'obtenir grâce au trouble des bénéfices secondaires non négligeables.
Le terme "abstinent" est issu des travaux, entre autres de Nardone, directeur du Centre de Thérapie
Stratégique d'Arezzo (Italie).
La personne anorexique est intelligente et hypersensible. Evoluant dans un contexte de contrôle, elle essaie de
contrôler notamment ses émotions. Le terme « émotion » vient du latin e movere, qui veut dire sortir.
Autant dire qu’essayer de contrôler une émotion (la garder, l’empêcher de sortir) constitue une gageure.
Comme souvent, à l’hypersensibilité, s’ajoute un fonctionnement anxieux : discours catastrophiste, pensée
dichotomique (en noir ou blanc), insatisfaction, insécurité, peur de l’échec… Système d’autant plus
irrationnel que ces personnes, intelligentes, exigeantes et perfectionnistes réussissent bien en général. A
titre d’exemple, je suis souvent étonné de voir venir à moi une personne squelettique, au discours
autocritique voire auto flagellant, une estime de soi au ras des paquerettes, mais qui m’apprend qu’elle
vient de réussir son concours de première année de médecine !
Bref la personne anorexique abstinente éprouve des émotions négatives, distordues, irrationnelles mais
fortes. Elle découvre à un moment le bénéfice « miracle » de l’obsession : l’obsession permet de déplacer
la totalité de l’attention vers autre chose que les émotions, domaine où le contrôle peut s’exprimer : le
poids. Comme dans d’autres troubles, la focalisation sur le poids, l’abstinence, permet d’anesthésier les
émotions gênantes ou tout ce qui peut être perturbant psychologiquement, émotions potentiellement
débordantes, donc dangereuses.
Cet avantage est renforcé par d’autres bénéfices, appelés bénéfices secondaires :
w L’attention que la personne reçoit (évoqué par ailleurs)
w Le sentiment de réussir quelque chose de spécial, d’être au-dessus des autres (évoqué par ailleurs)
w La réorganisation familiale que l’anorexie provoque (évoqué par ailleurs)
w L'euphorie et confiance apportées par le sentiment de contrôle (évoqué par ailleurs)
w La production grâce au jeûne de toxines dont les effets sont proches des amphétamines ou de la cocaïne
(évoqué par ailleurs).
w L'état psychologique et physiologique qui produit agitation et extrême énergie, inépuisable, à l’image de
certaines toxicomanies (évoqué par ailleurs).
On constate à la lecture de ces bénéfices, que toute intervention de l’entourage, portant sur la nourriture
ou témoignant d’une affection ou d’une attention particulière grâce à l’anorexie augmentera les bénéfices
secondaires et encouragera le trouble à se continuer (voire se développer).
Pourquoi l’anorexie, abstinente, s’aggrave-t-elle le plus généralement ? Une anesthésie est temporaire. Pour relancer
l’anesthésie, il faut nourrir constamment l’obsession, être dans le « toujours plus, jamais assez » sinon le
risque est grand de se trouver dans quelque chose d’émotionnel. D’où l’évolution pondérale irrationnelle
trouvée dans l’anorexie, sa nature extrême est insatisfaite (la satisfaction serait trop dangereuse). Les
personnes anorexiques deviennent par ailleurs « accrocs » aux bénéfices secondaires.
Dès lors, si l’on sort de l’obsession, si l’on quitte la focalisation anorexique, il y a risque de se retrouver
face à ces émotions et de perdre le contrôle ainsi que les bénéfices énoncés plus haut. C’est là une des
difficultés de la thérapie de l’anorexie : déplacer le discours du poids vers l’univers des émotions, sans que
la personne y voit une menace ou un danger, pour son intégrité ou la place qu’elle a obtenu de haute lutte.
Prendre conscience que ce qui était sensé apporter protection et réalisation de soi est devenu une prison,
voire un tombeau.
Une thérapie de ce type d’anorexie abstinente est un peu comme de jouer au chat et à la souris,
l’anorexique courant à droite et à gauche (les kilos par ci, les calories par là), le thérapeute la poursuivant
désespérément avec ses émotions et ses questions dérangeantes. C’est ainsi que nombre de personnes
anorexiques usent quelques psychiatres avec dextérité et facilité et développent des capacités formidables
(conscientes et inconscientes) à manipuler tout ce qui vient évoquer autre chose que que le sujet de choix :
le poids. La thérapie de l’anorexie, pour être efficace, doit être éminemment stratégique (cela la rend
également passionnante). Il est par contre difficile d’exposer les détails de ce type d’approche sur un site
THEME 5 : HABITUDES DE VIE ET SANTE
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internet, car la souris peut lire ces lignes et le chat se trouver attrapé comme un gros malin au rendez-vous
suivant.
Globalement, dans cette catégorisation abstinente de l’anorexie, les objectifs entre autres seront
de réintroduire la vie émotionnelle pour que l'anesthésie ne soit plus nécessaire et de recadrer les relations pour que
les bénéfices secondaires s’estompent.
è Corps et sens
Même si chaque individu présente bien entendu des caractéristiques différentes, quelques traits communs
sont à dégager et entre autres un phénomène que l’on pourrait appeler « acorporalité ». Dans le dialogue
avec une personne anorexique le langage non-verbal est rare (gestes, mimiques, … qui accompagnent la
parole). S’ajoute à cette immobilité une raideur du bassin, absence du balancement que l’on retrouve
habituellement dans la démarche féminine. Le corps est comme coupé en deux (rigidité du bas du corps).
Cette « absence » est parfois décrite par des personnes souffrant d’anorexie, phénomène accentué par
l’aménorrhée : asexualité donc, jusqu’à un corps momifié.
La vie sensorielle est également appauvrie. Le goût, l’odorat et le kinesthésique (toucher) sont en retrait. La
seule utilisation de l’ouie et du visuel dans la communication provoque une augmentation de la distance
relationnelle. Ce désinvestissement sensoriel en plus de l’ »acorporalité » rejoint les idées d’anesthésie des
émotions et d’états dissociatifs décrits par ailleurs. De peur de ressentir des sensations désagréables, les
personnes souffrant d’anorexie se « coupent » de la vie corporelle et sensorielle. Le corps est ressenti
comme dangereux. L’attention portée sur celui-ci est négatif, localisé et spécifique (ventre trop rond,
cuisses trop larges, poitrine trop proéminente…) Une démarche thérapeutique passera donc entre autres
par une réhabilitation de ces mondes sensoriels et corporels.
è Anorexie et système
Une thérapie de l’anorexie se déroule sous certains aspects comme une partie d’échec. Elle est
éminemment stratégique. Cette stratégie ne porte pas nécessairement son attention et son action sur le
contenu du symptôme mais sur la fonction du symptôme à l’intérieur du système familial. Tout symptôme
a une utilité et même une intention positive, trouve sa résolution dans un système. Lorsqu’une pathologie
s’installe, c’est qu’une forme d’ »équilibre » est trouvée : le système pérennise le symptôme et le symptôme
pérennise le système. Le contrôle est au centre de l’anorexie, contrôle établi par une personne au moyen
du symptôme sur un système (système familial le plus souvent). D’où la difficulté de quitter le trouble : le
système deviendrait chaotique ou dysfonctionnel aux yeux de la personne anorexique (inconsciemment,
bien entendu, quoique ces enjeux sous-jacents émergent assez vite et consciemment lors d’entretiens).
Pour éclaircir ces aspects voici un exemple de système où l’anorexie se construit pour apporter un «
équilibre » dans la relation familiale, exemple nécessairement stéréotypé.
La maman est anxieuse : la plainte officielle est construite autour de l’anorexie de sa fille. Mais une autre
insatisfaction est latente : celle de ses relations avec son mari ou sa famille qui la conduisent à adopter un
rôle de mère, de maîtresse de maison et non de femme en tant que telle. Elle est orientée vers le contrôle,
jusqu’à des attitudes très intrusives envers les membres de la famille.
De manière interactive, le père adopte différents comportements :
- Il lâche prise progressivement, travailleur, absent. Il ne s’oppose pas aux intrusions de son épouse ni à
ses reproches (relayés parfois par la jeune fille). Dévalorisé, présenté comme incompétent, il coupe
progressivement la communication.
- Ou bien plus rarement, le père est autoritaire.
Dans les deux cas, pouvoir et autorité réels sont exercés par la maman. La petite fille est témoin de ces
dysfonctionnements (voire prise à témoin). Elle est sage, serviable, bonne élève… pour aider sa maman et
lui adoucir une vie difficile.
En grandissant la jeune fille va avoir deux options : rester petite fille pour renforcer sa maman dans son
rôle de mère, ou grandir pour la protéger. Dans les deux cas il y a dysfonctionnement. Il n’est pas rare
d’ailleurs de rencontrer un mélange des deux au contact d’une personne souffrant d’anorexie : l’impression
d’échanger avec une petite fille qui parle comme une ménagère de 50 ans.
Des liens inadaptés se construisent donc dans la famille, avec une jeune fille qui contrôle et protège.
L’anorexie vient ici garantir un certain équilibre familial :
- L’anorexie bloque le développement naturel, physique et psychologique de la jeune fille. Elle ne
s’émancipe pas, conforte la mère dans son rôle, le couple parental n’est pas en danger (du moins
immédiat).
- L’anorexie, comme décrit dans le chapitre consacré à l’anorexie sacrificielle focalise l’attention des
parents en dehors de leurs propres problématiques.
THEME 5 : HABITUDES DE VIE ET SANTE
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- L’anorexie avec le temps, se mue souvent en colère envers ces dysfonctionnements familiaux (sorte de
grève de la faim) ou du moins devient un témoin de ces difficultés.
Tout changement (comme le traitement de l’anorexie) vient mettre en péril cet équilibre, même s’il s’agit
d’une homéostasie artificielle et dysfonctionnelle. C’est le nœud stratégique de la résolution du trouble.
Recadrer le système, le réorganiser au-delà de ces inter-relations, d’influence et de protection, permet de
créer un nouvel équilibre rendant le changement possible. Un des écueils fréquents des thérapies de
l’anorexie est de mésestimer ce système, matrice essentielle du trouble.
PAR L'AUTEUR DE CE SITE : FORMATION THERAPIE BREVE DES TROUBLES DU
COMPORTEMENT ALIMENTAIRE - A partir du 14 juin 2013, à Caen
J. Boutillier
Thérapeute et coach
Enseignant en coaching, hypnose ericksonienne et PNL à l'Institut Normand de Coaching et de
Thérapies Brèves
Auteur d' En terminer avec l'anorexie
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DOC 4
http://integrascol.fr/fichepedago.php?id=30
Anorexie mentale et boulimie
Type : Préconisation
Présentation
Quelques aspects psychosociologiques
Besoins spécifiques et aménagements
pédagogiques
Éléments favorisant le projet scolaire
Quelques adaptations pédagogiques (EPS et
éducation à la santé)
Récapitulatif des mesures à privilégier
P r ésentation
On parle de trouble du comportement alimentaire lorsque les habitudes alimentaires d’un individu
diffèrent nettement, en quantité ou en qualité, de celles du reste de la population avec des conséquences
néfastes pour sa santé physique (dénutrition, carences, obésité…), et/ou psychologique.
L’anorexie mentale et la boulimie constituent les troubles du comportement alimentaire les plus fréquents
à l’adolescence. L'anorexie mentale est caractérisée par une réduction progressive de la prise de nourriture
alors même que l’anorexique a faim. Elle s’installe en deux à trois mois, entraîne ensuite un
amaigrissement très important (perte de poids de 30 % dans les formes graves – et quand elle atteint 50 %
la vie est menacée), s’accompagne chez l’adolescente de l’arrêt des menstruations. Malgré sa maigreur
parfois impressionnante, l’anorexique continue à se trouver trop grosse (déni de la maigreur) et conserve
une peur intense de prendre du poids. Mais la nourriture occupe son esprit, sa faim persiste et il lui arrive
de céder à ce besoin et de manger beaucoup – à la suite de ces fringales, elle se fait régulièrement vomir.
La boulimie, dont la prépondérance féminine est moins importante que pour l’anorexie, se définit par la
consommation rapide d’une grande quantité de nourriture en une courte période – en général moins de
deux heures – l’impression de ne pas avoir le contrôle des quantités ingérées ni de la possibilité de
s'arrêter. L’adolescent(e) met en œuvre des comportements compensatoires visant à éviter la prise de
poids (seulement 15 % des boulimiques sont obèses) : vomissements provoqués, prises de laxatifs ou de
diurétiques, jeûnes, suractivité physique.
Les formes graves d'anorexie et de boulimie concernent en France 1 % des adolescentes, c’est-à-dire
environ trente mille jeunes. Les formes atténuées des mêmes troubles en concernent près de dix fois plus.
Mais les adolescents concernés passent souvent inaperçus dans le cadre de l’école, leur comportement
restant le plus souvent socialement et scolairement adapté. L’action des enseignants est donc d’abord
préventive : repérage des manifestations de souffrance psychique ou de malaise (chez l’anorexique il y a
fréquemment difficulté à accepter le corps sexué et surinvestissement de l’activité volontaire), repérage des
changements brusques de comportement, attention bienveillante manifestée à l’adolescent(e), travail en
partenariat avec les parents et le médecin scolaire.
Besoins spécifiques e t am énagem ents pédagogiques
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Les jeunes filles présentant une anorexie mentale ou une boulimie se comportent habituellement comme
des élèves studieuses, fières de pouvoir mettre en avant leurs performances scolaires. Elles passent alors
souvent inaperçues dans le cadre scolaire, notamment, évidemment, lorsqu’elles ne sont pas en traitement.
Pourtant, chez certaines, les bons résultats scolaires contrastent avec une relative pauvreté de l’élaboration
psychique. Et pour d’autres les intérêts intellectuels s’avèrent rigides, ou ne portent que sur certains
domaines. Certains auteurs ont tenté d’établir un lien entre le refus du corps sexué par ces adolescentes,
leur surinvestissement de l’activité volontaire et leur difficulté à s’engager dans les nouveaux processus de
pensée émergeant normalement à l’adolescence, ceux de l’intelligence hypothético-déductive : certaines
jeunes anorexiques manifesteraient des difficultés à accéder à la pensée abstraite, continuant à utiliser de
façon préférentielle des formes de pensée plutôt concrètes.
THEME 5 : HABITUDES DE VIE ET SANTE
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Reste qu’elles se montrent en général très actives face aux tâches scolaires proposées, notamment face à
celles qui supposent, sur le plan mnésique, d’emmagasiner un nombre important de connaissances.
En phase aiguë de la maladie, nécessitant une hospitalisation, des troubles cognitifs (difficultés de
mémorisation, trouble de l’attention) peuvent être dus aux effets de la dénutrition ou à l’anxiété de ces
jeunes.
Pendant le traitement
C’est généralement au moment où l’anorexie est traitée que s’aménage le cadre scolaire. Dans ce contexte,
les jeunes anorexiques ou boulimiques ont une prise en charge multidisciplinaire : un suivi nutritionnel et
diététique, une psychothérapie individuelle et/ou familiale et souvent une prise de médicaments.
À long terme, les objectifs du traitement sont de prévenir les rechutes, d’éviter l’alternance d’épisodes
d’anorexie-boulimie et de limiter l’isolement affectif, relationnel et social qui contribue à la sévérité du
pronostic.
Outre la nécessité d’une écoute de qualité avec le jeune lors du travail en classe et des rencontres avec les
parents, la mise en place d’un Projet d’accueil individualisé (PAI) formalise les conditions d’accueil
optimales de l’élève : possibilité de prises de médicaments sur le temps scolaire, aménagements si
nécessaire de l’emploi du temps pour favoriser l’accès aux consultations de suivi médical et
psychothérapeutique, éventuelles adaptations en EPS. Ce PAI ne peut être établi avec le chef
d’établissement que sur demande de la famille et avec la collaboration du médecin scolaire.
Quelques adaptations pédagogiques ( EP S et éducation à la sant é)
EPS
Se pose d’abord le problème du repérage du trouble anorectique. En effet, les performances scolaires sont
conservées et souvent même excellentes jusqu’à un stade avancé de la maladie. Il n’est pas rare que ces
élèves ne soient pas connues comme anorexiques dans l’établissement scolaire, du fait du déni de leur
pathologie et du fréquent « camouflage » de la maigreur réalisé par la superposition de vêtements amples.
Il arrive que ce soit l’enseignant d’EPS qui, le premier, constate la maigreur, si l’élève accepte d’adopter
une tenue de sport qui découvre la réalité de son physique. Un refus (qui peut avoir d’autres causes) doit
alerter l’enseignant.
En EPS, pour les jeunes anorexiques, il faut considérer, d’une part, leur hyperactivité physique qui peut les
conduire à « surinvestir » toutes les activités physiques, dans un objectif de contrôle du poids ; d’autre part
les carences dues à la dénutrition, qui entraînent une moindre résistance à l’effort malgré l’apparente
hyperactivité.
En cas de doute, il convient de signaler ces élèves à l’attention de l’infirmière et/ou du médecin scolaire.
L’élève anorexique dispose généralement de ressources motrices pour agir à son rythme comme les autres
élèves. Mais du fait de sa fragilité musculaire, articulaire et tendineuse, il (elle) devrait éviter tout effort
violent, avec charge et sur une durée trop importante. De nombreuses activités doivent être adaptées.
Confronté au refus d’adaptation, il est souhaitable que l’enseignant se tourne vers le service de santé
scolaire et les parents. Il s’agit par ailleurs de réfréner une volonté fréquente de dépasser ses limites. Dans
tous les cas où le dispositif a été mis en place, il faudra se reporter aux indications contenues dans le PAI.
Éducation à la santé
L’éducation à la santé qui s’appuie sur différentes disciplines et différents domaines de compétences – cf.
Orientations pour l'éducation à la santé à l'école et au collège Circulaire n°98-237 DU 24-11-1998 MEN –
revêt une importance particulière pour la prévention des troubles du comportement alimentaire et pour
l’épanouissement et le développement de compétences essentielles chez les jeunes atteints d’anorexie ou
de boulimie. L’éducation à la santé comprend différents volets parmi lesquels :
1. Les activités liées à la connaissance et la maîtrise du corps, abordées en SVT, VSP et EPS permettent de
travailler sur les représentations et la prise de conscience du fonctionnement du corps. L’adolescent
anorexique ou boulimique a du mal à mettre des mots sur ce qu'il ressent au niveau corporel. Il est
intéressant pour lui de développer des compétences lui permettant de caractériser ses sensations quant à la
faim, aux efforts physiques. Une phase visant à faire émerger les représentations des élèves concernant la
faim ou la satiété – de préférence au début d’une séance consacrée à l’alimentation ou à la digestion – ainsi
qu’un échange collectif après une activité d’EPS sont des situations propices à ces apprentissages et
bénéfiques à l’ensemble des élèves. En EPS, l’apprentissage des principes de l’échauffement et la
gymnastique d’entretien, le stretching et la relaxation dans un but de bien être, de valorisation de l’image
THEME 5 : HABITUDES DE VIE ET SANTE
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de soi et de prévention de la santé. sont de bons moyens pour mieux accepter son corps et l’image qu’il
renvoie aux autres. Ce support peut être proposé dans le cadre collectif du groupe classe (lycée) ou dans le
cadre d’un projet individualisé de substitution à un cycle non recommandé et inadapté à certains élèves
anorexiques (Ex : rugby ).
2. La sexualité et la reproduction : à travers les questions sur les vêtements, les représentations du corps,
progressivement la notion de « corps nouveau », la puberté et la sexualité peuvent être abordées et ne
concernent pas uniquement les cours de biologie. L’émergence de problématiques personnelles des élèves
et de questions touchant à l’intime amènera l’enseignant à travailler avec des professionnels de santé
(médecins et infirmières scolaires ou de PMI).
3. L’éducation à la santé et à la vie sociale permet d’interroger la question de la mode, du culte de la
minceur et du culte de la performance, de l’influence des médias, de la pression sociale. Ces contenus
peuvent être abordés selon des situations d’apprentissage diverses et dans différentes disciplines. Il est
aussi intéressant de travailler sur les modalités des repas, leur fonction de lien social, les conditions de leur
convivialité. Des comparaisons historiques ou géographiques constituent une porte d’entrée. Il ne s’agit
pas de parler uniquement de diététique, contrairement aux représentations les plus courantes de
l’éducation à la santé.
Quelques aspects psy chosociologiques
Contrairement à ce que l’on croyait avant les années 1980, les travaux scientifiques ont montré qu’il existe
une grande diversité de fonctionnements, souvent non pathologiques dans les familles des jeunes
anorexiques, même si elles éprouvent souvent plus d'insatisfaction et de détresse que les autres. La qualité
du fonctionnement familial et la manière dont la famille réagit à l'anorexie après sa survenue influencent
beaucoup l'évolution de la maladie et la guérison. À la notion de cause familiale, il faut substituer celle,
plus nuancée, de facteurs familiaux de risque ou de protection. Ce sont les ressources que
l'accompagnement familial doit chercher à mobiliser, en aidant simultanément les familles à résoudre les
dysfonctionnements risquant de pérenniser ou d'aggraver les troubles. Il s’agit de construire un partenariat
solide avec la famille, pour qu’elle retrouve un sentiment de compétence et d'efficacité, souvent mis à mal
par les symptômes alimentaires et les conflits qu'ils engendrent. L'ensemble des professionnels de
l'éducation, de la santé et du social doivent participer à cet accompagnement. Dans cette optique, l’école,
la communauté éducative a donc un rôle important à jouer.
Les troubles anorexiques-boulimiques révèlent généralement des difficultés liées à des fragilités anciennes,
notamment de confiance et de sécurité personnelle. Ces fragilités contribuent à rendre difficiles les
processus de séparation et d’individuation propres à l'adolescence.
Notre société célèbre la sveltesse en tant que performance, contrôle de soi, maîtrise de l’image qu’on offre
aux autres. Il s’agit donc de maîtriser ses formes. Pourtant, malgré ce qu'elles disent et souvent ce qu'elles
croient elles-mêmes, les jeunes anorexiques ne sont pas simplement influencées par des sites Internet
vantant la minceur ou par la mode véhiculée par les publicités.
Il ne faut pas oublier que dans l'intentionnalité, il y a toujours une part consciente qu'il est possible
d'argumenter et une part inconsciente. Or, c'est bien d'une intentionnalité inconsciente que relève le
comportement à l'origine de l'anorexie, alors que les motivations de l'adolescente qui veut simplement
perdre un peu de poids restent mesurées et identifiables. Une autre question se pose : les adolescentes
anorexiques imitent-elles des modèles ? Se conformer aux comportements de groupe est une
revendication adolescente. Mais différents cas de figure existent : adolescents allant plutôt bien et
s'inspirant de modèles sans pour autant les copier ; jeunes qui vont mal, qui cherchent un miroir d'euxmêmes davantage qu'un exemple à reproduire, qui veulent trouver « de l'identique ». Ces éléments peuvent
être travaillés dans le cadre psychothérapeutique (individuel et/ou familial).
La difficulté pour les professionnels de l’éducation est de ne pas se focaliser sur le refus de manger et sur
l'amaigrissement du jeune. En effet, il ne faut pas oublier que ces signes ont une signification pour le
groupe familial. Il serait illusoire de croire qu’il suffirait de mettre hors de vue les « mauvais exemples »
(Internet, pubs) pour éradiquer les troubles des conduites alimentaires.
Par ailleurs, les attitudes pédagogiques favorisant l’explicitation, la prise d’initiative, la prise de parole au
sein du groupe de pairs, l’écoute mutuelle, le retour réflexif sur ses actions contribuent chez ces élèves à
développer le sentiment de compétence personnelle et sociale. Elles peuvent aider les adolescents
anorexiques et boulimiques à prendre conscience de leurs possibilités et de leurs limites ; à mieux exprimer
leurs émotions et leurs sentiments ; à manifester leur esprit critique pour résister à la pression des autres.
Cette approche globale permet de développer des comportements favorables à leur santé pour l’ensemble
des élèves et évite de focaliser l'attention sur les troubles du comportement alimentaire.
THEME 5 : HABITUDES DE VIE ET SANTE
La spirale infernale de l’anorexie
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Élém ents favor isant le pr ojet scolair e
Entrent donc en jeu des facteurs de vulnérabilité personnelle et des déterminants environnementaux. C’est
pourquoi il est indispensable pour l’équipe pédagogique de prendre le temps de l'écoute des proches et de
s'intéresser à l'environnement de l'adolescent concerné : famille, proches, soignants, éducateurs, etc.
Chacun, dans cet environnement, doit recueillir et échanger des informations utiles pour
l’accompagnement du jeune adolescent qui dénie le plus souvent ses troubles.
C’est parfois à l’école que sont repérés les signes avant-coureurs du trouble. Les éléments sont à apporter
aux parents avec respect et bienveillance, dans un espace respectant la confidentialité et permettant
l’échange. Il ne s’agit pas de disqualifier la famille ni de prendre sa place mais de rechercher à instaurer une
alliance de travail avec elle. Il faut garder à l'esprit que l'anorexie, maladie grave d'évolution souvent longue
perturbe toujours la famille, quelle que soit la qualité de vie familiale avant l'anorexie. L'accompagnement
familial par l’ensemble des professionnels côtoyant l’adolescent(e) est une nécessité.
Quand la jeune fille a été hospitalisée pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois, le retour à une vie
normale génère souvent de nombreuses angoisses. Une bonne collaboration entre la famille, l'équipe
soignante et la communauté scolaire permettra d’anticiper et d’aménager le retour à l'école. Il aidera le
jeune à gérer ou dissiper des craintes à l’égard du regard d’autrui. Il s’agit d’accompagner l’adolescent dans
un processus de réintégration scolaire et sociale et d’envisager avec lui, si nécessaire, les modalités de son
retour à la cantine. Par ailleurs, le chemin vers la guérison passe souvent par une diminution des tendances
perfectionnistes, en particulier dans le travail scolaire.
Selon les cas, des liens seront à établir entre les enseignants de l’établissement d’origine et ceux de l’hôpital
et/ou du Sapad.
Récapitulatif des m esur es à pr ivilégier
- Les processus impliqués dans l'anorexie et sa guérison sont complexes et plurifactoriels. Ils nécessitent la
mobilisation d’une équipe pluridisciplinaire (professionnels de l'éducation, de la santé et du secteur social)
pour y faire face, et la famille doit faire partie de cette équipe.
- L’accueil à l’école peut être optimisé par l’élaboration d’un PAI.
- Les enseignants d’EPS peuvent être les premiers à suspecter les troubles anorexiques et doivent
collaborer avec le médecin ou l’infirmière scolaire.
- L’éducation à la santé permet de développer des compétences utiles à la prévention et à la prise en
charge des difficultés liées aux troubles du comportement alimentaire.
THEME 5 : HABITUDES DE VIE ET SANTE
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http://www.mda.aphp.fr/missions/anorexie-boulimie/
Présentation de la Maison
« Accueillir les adolescents et leurs familles, évaluer leurs besoins, leur
proposer des soins psychiques et somatiques dans notre service ou les
orienter, utiliser toutes les manières de s’exprimer et de créer, travailler de
manière pluridisciplinaire, faire de l’enseignement et de la recherche dans
le champ de l’adolescence et de ses souffrances, telles sont les missions de
notre maison des adolescents, la Maison de Solenn ».
Pr Marie Rose Moro, chef de service
Anorexie / Boulimie
Troubles du comportement alimentaires (TCA)

Nous assurons la prise en charge somatique des troubles du comportement alimentaire (anorexie et
boulimie) pour les adolescents de 11 à 18 ans dans toutes leurs dimensions (médecine interne, nutrition,
endocrinologique,
néphrologie..).
L'approche somatique s'associe
à
une
prise
en
charge psychologiqueet psychiatrique pour permettre une approche globale des troubles et de l'adolescent.
En général, les adolescents sont d'abord reçus en consultation pour évaluer le retentissement de leur trouble
alimentaire sur leur état de santé global et sur leur développement somatique et pubertaire (taille, poids,
IMC, retentissement sur les fonctions vitales, attitudes par rapport à la nourriture, vécu corporel, image
corporelle...) et proposer un suivi ambulatoire. Une évaluation psychologique et psychiatrique seront faites
en fonction des besoins. Un projet global sera proposé à l'adolescent et à ses parents (médical,
psychologique, scolaire...). Si la prise en charge ambulatoire ne suffit pas, une hospitalisation de jour ou à
temps complet seront proposées. Le projet hospitalier est négocié avec l'adolescent et sa famille et
individualisé. Il est adapté à chaque situation. Parfois un contrat de poids (sans séparation) est proposé à
l'adolescent. On essaie d'associer le plus possible les familles aux projets proposés. Le projet associe en
général un suivi somatique très rapproché, un suivi psychiatrique et psychologique, une évaluation scolaire
et une adaptation de la scolarité pendant l'hospitalisation et si besoin un accompagnement social ou
éducatif. Pendant l'hospitalisation, des ateliers culturels thérapeutiques sont proposés aux adolescents pour
les aider à se reconstruire à partir d'activités ludiques ou de créations.
Nous défendons une approche globale et pluridisciplinaire de médecine de l’adolescent qui prend en
charge l’adolescent dans l’ensemble de ses dimensions somatique, psychique, sociale, éducative, scolaire et
culturelle. Une prise en charge de l’adolescent dans sa famille et dans son contexte social et culturel.
Nous nous inscrivons dans un accompagnement au long cours des situations les plus complexes
nécessitant l'élaboration d'un projet de soin adapté et évolutif.
Il est souhaitable que ce soit le médecin traitant ou spécialiste qui prenne contact avec le médecin de la
Maison de Solenn. Nous travaillons dans le cadre du Réseau francilien des troubles du comportement
alimentaire.
Pour les adolescents qui ont besoin de soins et qui habitent hors de notre réseau, il convient de prendre
contact avec un médecin traitant et un psychiatre pour la prise en charge de l'adolescent. Nous restons à
leur disposition pour donner un second avis si besoin.
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La spirale infernale de l’anorexie
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Responsable de la médecine de l'adolescent (TCA/Boulimie): Dr Corinne
Blanchet,[email protected]
1. Consultations pour adolescents souffrant de TCA
Pour tous les adolescents (filles et garçons) qui souffrent de troubles du comportement alimentaire
(anorexies, boulimies, autres pathologies avec troubles du comportement alimentaires associés).
Pour prendre un rendez-vous : 01 58 41 24 24
Pour en savoir plus sur les consultations TCA
Nous assurons des consultations de liaison pour les adolescents de 11 à 18 ans hospitalisés dans d'autres
services de l'hôpital Cochin qui présentent des troubles du comportement alimentaire: contacter le Dr
Corinne Blanchet au 01 58 41 28 14 ou [email protected]
2. Hospitalisations temps plein pour des adolescents souffrant de TCA
L'hospitalisation temps plein est parfois nécessaire pour ces adolescents souffrant de troubles du
comportement alimentaire mais n'est pas systématique. La majorité des suivis se font en ambulatoire. Si
une hospitalisation est nécessaire, elle est rarement faite en urgence (sauf s'il y a une urgence somatique et
psychique et dans ce cas là, on passe par les circuits d'urgence habituels en allant dans un service d'urgence
de l'hôpital le plus proche).
Chez nous, l'hospitalisation est programmée et préparée avec les adolescents et leurs parents. Et on
cherche à obtenir l'accord de chacun pour que cette hospitalisation soit bénéfique.
En général, on ne propose pas de séparation lors de l'hospitalisation entre les parents et les enfants.
Parfois on aménage les visites au début de l'hospitalisation pour permettre à l'adolescent de bien investir
l'hospitalisation.
L'hospitalisation doit être demandée par le médecin qui suit le patient.
Pour en savoir plus sur les hospitalisations temps plein pour les TCA
Parfois après des hospitalisations temps plein, on peut proposer des hospitalisations séquentielles (en fin de
semaine ou 1 à 3 jours par semaine ou par mois) pour continuer des soins intensifs à temps partiel.
3. Hospitalisations de jour pour des ados souffrant de TCA
Pour en savoir plus sur les hospitalisations de jour qui pour les TCA ont lieu le mardi et si nécessaire en
plus le lundi et le jeudi
En savoir plus sur notre prise en charge des patients TCA et de leurs familles
Interview du Dr Corinne Blanchet sur Vidal.fr
http://www.vidal.fr/actualites/14906/prise_en_charge_de_l_anorexie_mentale_de_l_adolescent_entretie
n_avec_le_le_dr_corinne_blanchet_collet/
Pour en savoir plus sur notre prise en charge
Télécharger au format PDF
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La spirale infernale de l’anorexie
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http://www.median.asso.fr/MDA.htm
Les maisons des adolescents sont des lieux polyvalents où la santé est considérée à la fois dans sa
dimension physique, psychique, relationnelle et sociale, éducative. Pour ces raisons, elles travaillent en
réseau avec l'ensemble des acteurs s'occupant d'adolescents sur un territoire donné.
En Isère, la maison des adolescents dispose de trois antennes: Sud-Isère (Grenoble), Isère rhodanienne
(Vienne) et Nord-Isère (Bourgoin-Jallieu). Ce service relève de l’article L312-1 du code de l’action sociale
et des familles.
Depuis décembre 2009, les habitants du Nord-Isère peuvent être accueillis à
la Maison des Adolescents qui s’adresse :
 aux adolescents de 12 à 21 ans qui rencontrent toutes sortes de difficultés liées à cette
période des plus simples aux plus complexes (sociales, pédagogiques, éducatives, médicales,
judiciaires, psychologiques et ou psychiatriques…)
 à leurs parents, leur famille
 aux professionnels qui interviennent auprès d’eux
L'Accueil Généraliste
à Bourgoin-Jallieu, dans les locaux de l'Espace Jeunes, 20 place Charlie Chaplin
Les jeunes et leur parents peuvent évoquer leurs préoccupations, poser leurs questions et
obtenir despropositions d’aide.
Les rendez-vous ont lieu du mardi au vendredi de 10h à 19h
Les entretiens sont assurés par divers professionnels: éducateurs spécialisées, psychologues, conseillères de
centres de planification, dont certains sont mis à disposition par leur employeur pour
assurer despermanences.
Le Point Accueil Ecoute Jeunes "Dyna'mots"
Les jeunes peuvent également être reçus par une psycholoque au «bus Dyna’mots» (en circulation
depuis
janvier
2007)
Tous les jours de 13 h à 17 h (hors vacances scolaires)
Lundi : La Tour du Pin - place du champ de Mars
Mardi : Pont de Chéruy - devant le gymnase
Mercredi : Bourgoin-Jallieu - vers le cinéma megaroyal
Jeudi : Villefontaine - parking du marché
Vendredi : L’Isle d’Abeau - devant le centre social
Contact :
- Sur rendez-vous par téléphone: 04 37 03 43 74 du mardi au vendredi de 9h à 12h30
En dehors de ces horaires, possibilité de laisser un message sur le répondeur, nous vous recontacterons
dès
le
lendemain.
- Ou par Mail : [email protected]
La Maison des Adolescents, c'est aussi un réseau de professionnel départemental : le RAI
(Réseauadolescents Isère), lieu d’information et d’échanges pour les professionnels
Pour toute l’actualité et le fonctionnement de la Maison des Adolescents sur l’ensemble du département et
sur le Réseau Adolescent Isère, un site internet : http://www.ado38.fr
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http://www.20minutes.fr/france/207806-20080122-charte-engagement-volontaire-prosmode
La charte d’engagement volontaire sur l’image du corps et contre l’anorexie
Nous, professionnels utilisateurs ou faisant usage de l’image du corps, actifs dans les
domaines de la mode, des médias et de la communication, avons accepté de nous rencontrer et
d’échanger, sous l’égide de la Ministre de la santé, de la jeunesse, des sports et de la vie
associative sur l’impact des représentations du corps dans notre société et d’entrer résolument
dans une démarche d’engagement volontaire.
Déterminés à participer, avec les professionnels de santé et les pouvoirs publics, à une
démarche positive et valorisante autour de l’image du corps, nous souscrivons à la présente
charte qui décline nos engagements et ouvre des chantiers ambitieux mais nécessaires.
Préambule
Attachés à la santé de l’ensemble des populations, qui peuvent être sensibles aux
représentations du corps véhiculées par notre société, notamment s’agissant des jeunes filles
et des femmes, nous partageons la volonté d’agir simultanément sur deux dimensions :
- la question individuelle de la santé des personnes dont l’activité inclut l’image de leur corps
et de celles astreintes à des contraintes alimentaires spécifiques imposées par l’exercice de
leur discipline artistique, sportive et/ou de leur profession ;
- la question collective de l’impact des images du corps sur la société et sur les troubles du
comportement alimentaire qu’elles peuvent contribuer à générer.
Conscients de la complexité de ces sujets, nous adhérons au principe d’une démarche en deux
temps consistant à montrer en premier lieu une volonté et un engagement forts sur la question
de l’impact de l’image du corps sur la société avant d’approfondir en second lieu la réflexion
et bâtir un large consensus, dépassant nos secteurs professionnels fortement symboliques,
pour commencer à faire évoluer les représentations et les comportements. Notre démarche
s’inscrit dans le cadre plus global du programme national nutrition santé 2006-2010 (PNNS2).
La présente charte n’a pas vocation à traiter de l’ensemble des problématiques liées à l’impact
de la nutrition sur la santé.
Convaincus de l’importance de nos activités dans l’expression d’une forme de liberté et de
vitalité du corps, à l’opposé de la tyrannie de soi que constituent l’obsession de maigreur et
l’anorexie, et certains de surcroît du rôle exemplaire que peut jouer la France dans un
domaine où elle occupe une place à part, nous sommes attachés à l’idée d’engagements
partagés et concertés de tous les acteurs sur le sujet. Si la mode, les médias et la publicité ne
doivent pas être le bouc émissaire de phénomènes qu’ils ne maîtrisent pas, ils peuvent être le
moteur d’actions positives à construire collectivement.
Persuadés enfin que sur ces sujets, les approches purement réglementaires et répressives
conduisent à des impasses ou peuvent même être parfois contre-productives, dans un domaine
où la France dispose déjà de règles et de pratiques protectrices, nous sommes attachés au
recours à une charte d’engagement volontaire susceptible de recueillir l’adhésion des acteurs
concernés et de faire naître une dynamique propice à l’évolution des représentations et des
comportements.
Grands axes d’engagement et grands chantiers
1- Sensibiliser le public à l’acceptation de la diversité corporelle
Nous nous engageons à promouvoir dans l’ensemble de nos activités une diversité dans la
représentation du corps, en évitant toute forme de stéréotypie qui peut favoriser la constitution
d’un archétype esthétique potentiellement dangereux pour les populations fragiles :
- dans le domaine de la mode, de la création et de la communication, nous veillerons à
sensibiliser les acteurs concernés à cette nécessaire diversité.
- dans le domaine de la publicité, nous continuerons à mettre en avant cette diversité, les
annonceurs s’adressant d’ailleurs à des publics larges pour lesquels une monotypie centrée
sur la jeunesse et la maigreur n’est pas nécessairement la plus efficace.
THEME 5 : HABITUDES DE VIE ET SANTE
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- dans le domaine de la presse magazine, nous veillerons à cette diversité dans nos
publications.
Nous nous engageons à participer aux actions qui pourront être mises en place, à l’initiative
de la Ministre de la santé, de la jeunesse, des sports et de la vie associative avec l’ensemble
des professionnels concernés (santé, social, éducation, etc.) pour renforcer la prévention,
l’accompagnement et la protection des jeunes et des personnes les plus vulnérables. Une
attention particulière doit être portée sur les périodes de grande fragilité et sur les débuts de
l’anorexie et dans cette optique l’éducation à la santé et la formation ainsi que la
responsabilisation des parents sont essentielles.
2- Protéger la santé des populations en général, des personnes soumises à des contraintes
alimentaires spécifiques et des professionnels de l’image du corps dans le cadre des
dispositions législatives déjà existantes, procéder à des opérations de communication
destinées à diffuser des informations ciblées pour chaque type de population
Dans le domaine de la mode et de la création, une campagne de sensibilisation et
d’information sera développée auprès des services de médecine du travail sur les risques liés à
l’extrême maigreur.
Dans le domaine des médias, nous nous engageons à ne pas accepter la diffusion d’images de
personnes, notamment si elles sont jeunes, pouvant contribuer à promouvoir un modèle
d’extrême maigreur.
Les professionnels concernés s’engagent à poursuivre, notamment dans le cadre de la
négociation collective, l’action entreprise depuis plusieurs années relative au suivi médical
des mannequins adultes et âgés de moins de seize ans. Ils s’engagent à contribuer à la
réflexion entreprise par les pouvoirs publics sur la mise en place des dispositions prévues,
notamment pour les jeunes âgés de moins de seize ans, dans le cadre de l’arrêté d’application
du décret en Conseil d’Etat du 24 août 2007.
3- Mieux informer le public sur l’utilisation de l’image du corps pour éviter les
phénomènes de stigmatisation et de promotion de la maigreur
Dans le but de contribuer à sensibiliser le public à l’acceptation de la diversité corporelle,
nous nous engageons à oeuvrer, chacun dans son domaine d’activité, pour éviter toute forme
de stigmatisation des personnes en raison de leur physique et de leur poids.
Des travaux seront engagés au sein du Bureau de vérification de la publicité pour parvenir à
un encadrement déontologique et des recommandations de bonnes pratiques sur les
représentations du corps dans les publicités et sur la bonne information du public en la
matière.
Nous nous engageons à participer au débat qui devra s’ouvrir sur la régulation du traitement
de l’image du corps sur Internet, tant sur des supports à vocation commerciale que sur des
espaces tels que les forums ou les blogs. Ce thème sera abordé dans la seconde phase des
travaux du groupe.
Nous nous engageons à conduire une réflexion en faveur d’une contribution équilibrée et
critique des magazines féminins à la demande de minceur qui s’exprime au sein de la société.
Cet équilibre pourra notamment ressortir d’un traitement éditorial rappelant les risques des
troubles alimentaires ainsi que d’un regard sanitaire sur les régimes proposés et leur efficacité
ou non efficacité.
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La spirale infernale de l’anorexie
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http://sante.lefigaro.fr/actualite/2014/04/17/22241-anorexie-boulimie-touchent-aussigarcons
ANOREXIE ET BOULIMIE TOUCHENT AUSSI LES GARÇONS
Mots clés : Troubles alimentaires, anorexie, boulimie, garçons
Par Anne Prigent - le 17/04/2014
Parce qu'on s'en inquiète moins, les troubles du comportement alimentaire sont mal
diagnostiqués chez les jeunes hommes.
Anorexie et boulimie s'accordent au féminin. Et pourtant, les troubles du comportement alimentaire
touchent aussi les jeunes hommes. Mais ils n'obtiennent pas toujours l'aide et le soutien dont ils ont
besoin, selon une petite étude parue dans la revue British Medical Journal Open(BMJ Open).
Les chercheurs des universités d'Oxford et de Glasgow ont interrogé 39 jeunes âgés de 16 à 25 ans, dont
10 hommes, sur leurs expériences des troubles de l'alimentation avec comme objectif de mesurer l'impact
du sexe sur le diagnostic, le traitement et le soutien.
Selon les scientifiques, les jeunes hommes victimes de troubles alimentaires sont souvent «sousdiagnostiqués, sous-traités et sous-évalués». Si un garçon maigrit ou grossit à vue d'œil, l'entourage s'alarme
moins vite que lorsque c'est une fille. De plus, comme le notent les auteurs de l'étude, les garçons, euxmêmes convaincus que les troubles du comportement alimentaire sont «des problèmes de filles», retardent
le moment de demander de l'aide par crainte de ne pas être pris au sérieux par les professionnels de santé.
Or, selon une étude américaine publiée en novembre 2013, 18 % des garçons sont préoccupés par leur
poids et leur apparence à un niveau jugé extrême.
Un phénomène en augmentation
Ces taux ne sont pas forcément transposables en France, mais ils nous rappellent qu'anorexie et boulimie
peuvent aussi être une histoire masculine. «C'est incontestable, le nombre de garçons anorexiques est en
augmentation. Il y a dix ans, nous en rencontrions un pour dix filles. Aujourd'hui, sur onze patients, j'ai
trois garçons hospitalisés», constate le Pr Olivier Cottencin, psychiatre au CHRU de Lille.
Quels doivent être les signes qui alertent chez un adolescent un peu trop filiforme? «Les garçons sont
surtout préoccupés par la dureté du corps. Ils seront très minces et très musclés. Ils vont donc être
hyperactifs. Mais si, chez les filles, l'hyperactivité a pour but de perdre des calories, chez les garçons, c'est
pour se forger des muscles», explique le Pr Marie Rose Moro, pédopsychiatre à la maison des adolescents
de Cochin, à Paris.
Binge eating
Face à un adolescent qui maigrit mais qui se met à pratiquer du sport à outrance, à multiplier les pompes
et à se replier sur lui-même, méfiance.
«La maigreur, vous la repérez, la minceur, c'est plus difficile, surtout chez des adolescents qui étaient
enrobés à 12-13 ans et qui sont en pleine croissance. Mais tout adolescent qui maigrit doit être surveillé du
coin de l'œil. Ce peut être aussi, par exemple, le signe d'un diabète débutant», explique le Pr Cottencin.
Si l'anorexie n'est plus l'apanage des filles, ce n'est pas pour autant le trouble alimentaire le plus fréquent
chez les garçons. Le trouble dominant chez les jeunes hommes reste le binge eating. «Il se manifeste par
une perte de contrôle du comportement alimentaire, avec consommation excessive et compulsive»,
explique le Pr Marie Rose Moro. Trois adolescents obèses sur dix seraient atteints de binge eating.
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http://sante.lefigaro.fr/actualite/2013/10/01/21320-anorexie-ces-adolescentes-qui-reventdun-thigh-gap?position=11&keyword=anorexie
ANOREXIE : CES ADOLESCENTES QUI REVENT D'UN «THIGH GAP»
Mots clés : anorexie, Thigh gap, minceur, adolescents, Troubles alimentaires
Par AFP agence - le 01/10/2013
VIDÉO - De plus en plus de jeunes filles s'affament pour obtenir des cuisses très fines,
marque d'extrême maigreur.
C'est la dernière obsession des adolescentes américaines, nourries d'images idéales de magazines:
avoir un «thigh gap», un espace entre des cuisses qui, pieds serrés, ne se touchent pas. Au prix de
privations qui peuvent mener à l'anorexie et la dépression.
Sur Tumblr, Pinterest ou Facebook, les photos abondent de cuisses plus ou moins longilignes, en
gros plan et d'une maigreur parfois insupportable, que publient de très jeunes filles avides de
montrer leurs succès ou, à leurs yeux, leurs tragiques échecs. «J'ai l'impression que je commence à
avoir un thigh gap, je suis contente», se réjouit Elleskyyy sur Tumblr, alors que
Starvingforperfection (s'affamer pour atteindre la perfection en anglais) se désole de son «thigh
gap médiocre/inexistant».
Cette obsession n'est pas nouvelle, mais elle est amplifiée par les réseaux sociaux. Ainsi, un
compte Twitter, Cara Thigh Gap, est dédié à l'extrême minceur du mannequin britannique Cara
Delevingne et des dizaines de sites ou pages Facebook proposent régimes ou exercices de
gymnastique pour l'obtenir.
» Le témoignage d'une jeune femme, ancienne anorexique:
Incompatible avec le squelette moyen des femmes
«Avoir cet espace est en fait quelque chose de très difficile à atteindre», explique Barbara
Greenberg, psychologue du Connecticut (nord-est des États-Unis) spécialiste des adolescents.
«C'est d'abord une question de structure osseuse que peu de femmes présentent». Pour une
adolescente, poursuivre ce genre d'obsession «irréaliste», signifie qu'«elle devra s'affamer», ajoute
la psychologue.
Les jeunes filles s'affament donc: «Hier, j'ai pris 380 calories et puis, j'ai mangé des bonbons. C'est
devenu 650 calories. Grooossseeee!», se désespère sur Tumblr Anastasia, une jeune Allemande,
qui prie «Dieu de me rendre maigre». Pourtant, les besoins énergétiques d'une adolescente
tournent autour des 2500 calories par jour, selon des recommandations de l'OMS.
Ces régimes «déclenchent très vite des troubles du comportement alimentaire», souligne Barbara
Greenberg. Ceux-ci s'accompagnent de dégâts physiques sur le cerveau ou les os, de dépressions
et de comportements suicidaires.
La minceur assimilée au statut social
Ces obsédées de la minceur «cherchent à être acceptées socialement, à être dans la norme, comme
les adultes», estime Natalie Boero, sociologue de la San Jose State University. «Elles savent que
dans une société sexiste, leur corps est une monnaie d'échange et veulent accroître ce qu'elles
pensent être leur valeur sociale», ajoute-t-elle.
Du côté des garçons, censés être séduits, «les études montrent qu'ils préfèrent un peu plus de
chair», ajoute Abigail Saguy, sociologue à l'UCLA de Californie. Pour cette spécialiste de l'image
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du corps, la minceur est par ailleurs «devenue de plus en plus associée à la classe sociale, c'est un
moyen de montrer un statut social supérieur». A l'inverse, «être gros non seulement connote un
statut inférieur, mais il peut le déclencher. Des études montrent que les femmes rondes seront
moins embauchées, si elles sont embauchées elles seront moins payées, elles se marieront moins,
etc», ajoute Abigail Saguy.
En face, la réaction s'organise et de nombreuses jeunes filles ironisent, sur les mêmes réseaux
sociaux, sur cette obsession du thigh gap. Une vidéo très drôle, «Cinq façons de simuler un thigh
gap», a été postée sur YouTube par Tadelesmith qui conseille entre autres de marcher les
jambes.... écartées.
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http://www.senat.fr/rap/l07-439/l07-4391.html
PROPOSITION DE LOI VISANT A LUTTER CONTRE LES INCITATIONS A LA
RECHERCHE D'UNE MAIGREUR EXTREME OU A L'ANOREXIE

B. LA MAIGREUR EXCESSIVE N'EST PAS L'ANOREXIE
1. La maigreur excessive est présenté comme une situation
objective
a) Intérêt et limites des instruments de mesure
L'indice de masse corporelle
L'indice de masse corporelle (IMC) est un indicateur utilisé par l'organisation
mondiale de la santé (OMS) pour mesurer la maigreur excessive ou estimer le surpoids
et l'obésité chez les populations et les individus adultes. Il correspond à la formule
mathématique du poids divisé par le carré de la taille, exprimé en kg/m2. Son
élaboration est ancienne puisqu'elle est l'oeuvre d'un savant belge, Adolphe Quételet,
qui l'a défini dans ses Recherches sur le poids de l'homme aux différents âges de 1833.
Il est couramment utilisé par l'OMS depuis 1994 et a été complété pour permettre un
suivi de la croissance des enfants puisqu'il n'était conçu à l'origine que pour les adultes
de dix-huit à soixante-cinq ans.
L'indice permet de déterminer facilement, partout dans le monde, les seuils de
diagnostic du sur ou sous-poids des adultes à partir du tableau suivant :
IMC (kg/m2)
Classification
Sous poids
Maigreur sévère
Principaux seuils Seuils additionnels
< 18.50
< 18.50
< 16.00
< 16.00
Maigreur modérée
16.00 - 16.99
16.00 - 16.99
Maigreur légère
17.00 - 18.49
17.00 - 18.49
Poids normal
18.50 - 24.99
18.50 - 22.99
Surpoids
= 25.00
23.00 - 24.99
= 25.00
Pré - obèse
25.00 - 29.99
25.00 - 27.49
27.50 - 29.99
Obèse
Obèse class I
= 30.00
= 30.00
30.00 - 34-99
30.00 - 32.49
THEME 5 : HABITUDES DE VIE ET SANTE
La spirale infernale de l’anorexie
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32.50 - 34.99
Obèse class II
35.00 - 39.99
35.00 - 37.49
37.50 - 39.99
Obèse class III
= 40.00
= 40.00
Source: OMS adapté des rapports1995, 2000 et 2004
On peut connaître l'évolution de la répartition de l'IMC en France grâce à l'étude
conduite depuis 1997 par les laboratoires Roche en collaboration avec le professeur
Arnaud Basdevant (Hôtel-Dieu, Paris) et le docteur Marie-Aline Charles,
épidémiologiste et directrice de recherche à l'Inserm (unité 258). Cette étude, baptisée
ObEpi, est une enquête épidémiologique triennale sur la prévalence du surpoids et de
l'obésité auprès d'un échantillon représentatif de la population adulte française. Elle
présente le résultat suivant :
1997
Maigreur
(IMC < 18,5 kg/m2)
2006
5,0 %
4,9 %
Poids de référence
58,3 %
53,5 %
Surpoids
(25 < IMC < 30)
28,5 %
29,2 %
Obésité non massive
(30 < IMC < 39,9)
7,9 %
11,6 %
Obésité massive
(IMC > 40)
0,3 %
0,8 %
Source : theheart.org, ObEpi 2006 : des obésités de plus en plus sévères et précoces en
France [heartwire > Actualités; 12 oct. 2006]
Ses limites
Le débat sur la valeur normative de l'IMC porte d'abord sur sa capacité à mesurer le
poids. Une échelle spécifique a dû être développée pour les enfants afin de prendre en
compte les nécessités de leur croissance. De même, au-delà de soixante-cinq ans,
l'indice ne permet plus la comparaison en raison de l'évolution du
squelette. « Attention à l'arithmomanie ! » avertit le docteur Xavier Pommereau16(*),
« l'IMC dépend de l'âge et ne prend pas en compte les différences de constitution »
c'est-à-dire la masse musculaire et osseuse. Une maigreur constitutionnelle ou un corps
trapu entraîneront des IMC bas ou élevés sans que le sujet soit dans un danger
quelconque. Certains peuples peuvent donc considérer que leurs caractéristiques
physiques ne sont pas celles auxquelles l'IMC se réfère. L'OMS est ainsi régulièrement
interpellée par les gouvernements asiatiques sur l'inadaptation de l'indicateur à leurs
populations et a mis en place plusieurs groupes d'experts successifs pour tenter de
remédier à cette critique. Certains spécialistes envisagent même d'élaborer plusieurs
THEME 5 : HABITUDES DE VIE ET SANTE
La spirale infernale de l’anorexie
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IMC correspondant aux différentes constitutions des populations dans le monde. Pareil
choix mettrait fin à toute possibilité de comparaison véritablement internationale des
poids et donc de la progression de l'obésité.
Car l'IMC, en tant que norme, comprend nécessairement une part d'arbitraire. Ainsi, on
considère actuellement qu'une personne est en « sous-poids » quand son IMC est
inférieur à 18,5, alors que le seuil était un IMC inférieur à 20 avant que ne soient
suivies les recommandations de l'International Obesity Task Force en 1997 : en
abaissant le seuil, cette dernière entendait contribuer à la lutte contre le phénomène
émergent de l'obésité.
Faire de l'IMC une référence légale ne semble donc pas être un choix satisfaisant, étant
donné son caractère sommaire et essentiellement destiné à lutter contre l'obésité dans
le cadre de comparaisons internationales.
b) Les dangers de la définition légale des normes corporelles
L'imposition de limites est l'imposition d'une norme
Faire référence à la maigreur excessive revient à s'inscrire dans le cadre de la normalité
corporelle construite au travers de l'IMC. Il convient que le législateur soit
particulièrement prudent en la matière. Les associations entendues par votre
rapporteure ont été unanimes sur ce point. La volonté de lutter contre des
comportements jugés dangereux ne doit pas aboutir à imposer des normes corporelles.
L'inquiétude de l'association Allegro fortissimo, signataire de la charte d'engagement
volontaire sur l'image du corps et la lutte contre l'anorexie, mérite d'être soulignée.
Considérer que l'incitation à la maigreur extrême - comme l'indique l'intitulé de la
proposition de loi - et plus encore l'incitation à la maigreur excessive - comme le
prévoit le dispositif - doivent être pénalisées revient à refuser qu'un corps puisse
présenter ces formes de maigreur. L'introduction d'une norme dans un domaine qui se
caractérise par la difficulté d'établir des absolus est la porte ouverte à de nombreuses
dérives. La tentation sera ainsi grande de lutter contre l'obésité en utilisant la référence
au même indice de masse corporelle, et donc en tentant d'agir sur les corps sans
commencer par agir sur les causes.
La confusion des messages
Il faut également veiller à la cohérence des messages émis en matière de santé
publique. Les campagnes menées dans le cadre du programme national nutritionnel de
santé par l'institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes) insistent
sur l'éducation alimentaire et la nécessité de « bouger » pour rester en bonne santé. Il
est à craindre que le fait de lutter contre la maigreur, fût-elle excessive, entraîne des
confusions dans l'opinion publique et affaiblisse l'objectif prioritaire en termes de santé
publique qu'est la lutte contre l'obésité, treize fois plus prévalente au sein de la
population que l'anorexie. Si on popularise l'argument selon lequel la maigreur est
dangereuse, on peut craindre que les industries du secteur agro-alimentaire trouvent
dans cette stigmatisation de la maigreur un nouveau moyen de se dédouaner de leur
responsabilité vis-à-vis de leurs clients, qui seront renvoyés à leur liberté de choix et à
l'obligation pour eux de prendre leur santé en main.
La confusion entre maigreur et anorexie est donc néfaste et il est essentiel de bien
cerner ce qui relève de la pathologie.
THEME 5 : HABITUDES DE VIE ET SANTE
La spirale infernale de l’anorexie
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2. L'anorexie est une pathologie mentale
Si, selon le docteur Gérard Apfeldorfer, l'anorexie est devenue la maladie ethnique de
l'Occident contemporain, il s'agit d'une maladie ancienne et indépendante des effets de
mode. Des exemples de comportement de type anorexique se trouvent dès l'antiquité et
dans des figures du Moyen-Âge comme celle de Catherine de Sienne. Dès 1689, le
médecin anglais Richard Morton présente deux cas d'anorexie, l'un féminine, l'autre
masculine ; la maladie est décrite cliniquement en 1873 par Charles Lassègue, puis par
William Gull. Pour autant, cette maladie conserve son mystère.
a) Un débat sur les causes
Votre rapporteure a entendu autant de causes attribuées à l'anorexie qu'elle a
auditionné de spécialistes. Ceci tient évidemment au fait que, comme toute maladie
psychiatrique, l'anorexie a nécessairement des causes multiples qui relèvent à la fois
du biologique, du psychologique et du social. Mais on ignore encore quels en sont les
facteurs déclenchants. Des pistes existent pourtant pour trouver une cause
déterminante sur laquelle agir.
Un terrain génétique ?
L'une des pistes de la recherche est celle de la génétique. Les travaux du professeur
Valérie Compan17(*) à Nîmes ont ainsi mis en évidence le lien qui existe, en termes de
mécanismes cérébraux, entre la privation de nourriture et l'addiction. Les études
actuellement en cours sur des modèles animaux et bientôt au travers de tests cliniques
vont permettre de cibler les gènes qui semblent avoir un rôle dans le fait de s'abstenir
de manger de façon compulsionnelle.
Cet axe de recherche offre pour la première fois l'espoir d'un traitement médical et non
psychiatrique de l'anorexie, mais ne nie pas pour autant les aspects environnementaux
de la maladie. Il s'agit uniquement de déterminer la part de la prédisposition liée à la
génétique et d'agir sur elle, un traitement psychologique étant indispensable. La théorie
qui sous-tend cette approche est que la maladie psychiatrique se déclenche comme
moyen pour l'être humain de rétablir un équilibre perdu. En effet, s'il y a
dysfonctionnement génétique, le cerveau humain tentera de le dépasser en mettant en
oeuvre des mécanismes d'adaptation.
Ces mécanismes ne peuvent pourtant pas assurer l'adaptation de l'individu à l'ensemble
des changements dans son environnement. La comparaison utilisée par le professeur
Compan est éclairante : si l'on attache la main droite d'un homme, il utilisera une autre
méthode pour saisir les objets et se servira de sa main gauche ; ce système fonctionne
parfaitement jusqu'à ce que l'on demande au même homme de faire des barres
parallèles : sa main gauche ne lui suffit plus, et sa stratégie d'adaptation à son
environnement a échoué. Si c'est le fonctionnement du génome qui est ainsi bridé,
l'individu peut vivre en société, mais un jour un stress particulier va rendre inefficaces
les stratégies mises en oeuvre par son cerveau pour compenser son handicap. La
maladie psychiatrique sera une manière pour le cerveau de répondre au trouble ainsi
révélé.
Un traumatisme psychique ?
La psychiatrie et la psychanalyse sont à ce jour les seules disciplines qui tentent de
prendre en charge durablement les anorexiques.
THEME 5 : HABITUDES DE VIE ET SANTE
La spirale infernale de l’anorexie
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Il existe dans ces disciplines une vulgate sur les causes de l'anorexie qui s'est diffusée
jusque dans l'opinion publique mais se trouve aujourd'hui contestée par les praticiens.
Elle repose sur l'idée que l'anorexie résulterait d'une difficulté de la relation à la mère.
Un premier débat oppose ceux qui croient, comme souvent, à la responsabilité d'une
mère omniprésente et cherchant à tout contrôler à ceux qui estiment que la mère ne fait
que transmettre malgré elle un conflit plus ancien, qui l'avait sans doute précédemment
opposée à sa propre mère.
On trouve à l'inverse la théorie selon laquelle c'est la responsabilité du père qui est en
cause, soit psychiquement, soit physiquement, par l'exercice de violence ou d'abus
sexuels.
A ces parents cause de l'anorexie par leur présence pathologique s'oppose la théorie
d'une anorexie due à une absence totale de structuration de la cellule familiale et à un
désintérêt pour l'enfant.
Enfin, on soutient aussi que ce sont les enfants eux-mêmes qui, indépendamment de
toute violence, souffrent d'un deuil non fait ou n'acceptent pas la transformation de
leur corps à l'adolescence avec ce qu'elle implique d'éveil à la sexualité et d'amorce du
vieillissement, et donc d'annonce de la mort.
Sans doute existe-t-il des cas où ces différentes explications trouvent à se combiner
dans des proportions variables. Le récit particulièrement intelligent fait de sa maladie
par Jessica Nelson18(*) peut plaider en ce sens. Mais il semble qu'en réalité, aucun
élément déclencheur ne puisse être véritablement isolé ; plus grave, la recherche des
éléments d'explication, et même leur éventuelle reconnaissance, ne permet pas la
guérison du malade. Le seul effet immédiat de ces théories est malheureusement
souvent de culpabiliser les familles face à la maladie de l'un des leurs. Il faut conserver
en mémoire l'assertion du professeur Marcel Rufo19(*)selon laquelle 75 % des cas
d'anorexie sont spontanés, c'est-à-dire sans cause décelable.
b) Un débat sur les traitements
La prise en charge psychiatrique
Le débat sur les méthodes de prise en charge rejoint le débat sur les causes. La
méthode classique de soin pour l'anorexie est celle de l'isolement préconisé par
Charcot ; elle répond à l'idée que c'est la cellule familiale qui est cause de la maladie.
Cette méthode permet effectivement à deux tiers des patients de reprendre du poids ;
toutefois, alors que la plupart des médecins préfèrent que l'isolement soit total et
individuel, d'autres comme le docteur Xavier Pommereau, responsable du centre
Abadie, ont fait le choix de traiter les malades en tant que groupe afin qu'ils puissent
investir un corps collectif avant de retrouver le leur. Le principe même de
l'enfermement et du contrat de prise de poids à respecter par l'anorexique est
régulièrement remis en cause par ceux qui y voient une méthode de soin brutale et
finalement peu efficace, puisque le poids gagné est le plus souvent reperdu une fois le
patient retourné à son milieu d'origine.
De plus, l'insuffisance des moyens mis à la disposition des médecins fait que seule la
moitié des anorexiques peut être traitée et que plusieurs trouvent la voie de la guérison
par leur propres moyens. Plus que dans toute autre maladie, l'efficacité du thérapeute
semble donc devoir rencontrer le désir de guérir du patient pour pouvoir porter ses
fruits.
La difficulté d'établir un protocole de soins
THEME 5 : HABITUDES DE VIE ET SANTE
La spirale infernale de l’anorexie
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La variété des thérapies suivies rend particulièrement difficile l'élaboration d'un
protocole de soin commun pour la prise en charge de la maladie, si ce n'est en
préconisant d'utiliser un assortiment de toutes les méthodes. La mission confiée à la
Haute Autorité de santé par la ministre Roselyne Bachelot est donc une étape ardue
mais nécessaire pour permettre d'améliorer la prise en charge des anorexiques qui ont
la chance d'être soignés.
La maigreur extrême, la maigreur excessive et l'anorexie ne se confondent pas. Il y a
même une forme de paradoxe à le croire car c'est en quelque sorte conforter le discours
que les anorexiques tiennent sur eux-mêmes. Ils prétendent en effet choisir la maigreur
comme forme d'apparence et affichent un objectif aussi inatteignable que précis de
poids comme devant garantir leur bien-être physique et mental. Or, ce n'est pas la
maigreur que les anorexiques cherchent réellement, même si c'est le symptôme le plus
visible de leur mal. Leur recherche est celle d'un équilibre biologique et psychique
perdu qui prend la maigreur comme alibi. Le choix fait par la proposition de loi de
réprimer la provocation au symptôme pour lutter contre la maladie doit dès lors
reposer sur des liens de causalité particulièrement solides.
* 16 Art. cit.
* 17 Cf. Table ronde p. 43.
* 18 Tu peux sortir de table, Fayard, 2008.
* 19 Cité par Jessica Nelson, op. cit.
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La spirale infernale de l’anorexie
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Doc 11
http://aby-anorexie.blogspot.fr/p/i-lanorexie-une-maladie.html
THEME 5 : HABITUDES DE VIE ET SANTE
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Doc 12
http://www.parismatch.com/Actu/Societe/A-deux-heures-pres-je-mourais-559125
TÉMOIGNAGE D'UNE SURVIVANTE DE L'ANOREXIE
"A DEUX HEURES PRÈS JE MOURAIS"
«Elles» se nourrissent si peu et font subir à leur corps les pires privations pour répondre à leur idéal de beauté. «Elles»
sont squelettiques, mais se voient énormes et guettent avec appréhension les moindres bourrelets. «Elles» souffrent
d’anorexie. Une maladie qui touche environ 2 % des femmes en France. Barbara Leblanc était l’une d’entre elles.
Pour partager son expérience, la jeune journaliste a dédié son premier ouvrage à la maladie qui l’a rongée pendant
tant d’années : «Anorexie, 10 ans de chaos». Elle revient pour Paris Match sur son histoire et les rouages de ce
mal méconnu.
ParisMatch. Pour qui et pourquoi avez-vous écrit ce livre ?
Barbara Leblanc. Je l’ai d'abord fait pour les anorexiques elles-mêmes, pour leur prouver que l'on peut s'en sortir.
C’est une maladie dont on meurt, mais dont on peut guérir. Pour leur entourage également. Qu'il comprenne
vraiment cette maladie, comment ont l'a vit de l’intérieur, ses mécanismes, et pourquoi la malade ne peut pas accepter
la main qu’on lui tend, puisque l’anorexique s’enferme et a du mal à vivre en société. Je l'ai aussi écrit pour moimême. C’est clairement un livre thérapie qui a mis un point final à ma guérison. J'ai voulu le faire pendant cinq ou six
ans, mais tant que je n’étais pas soignée, je n’étais pas capable de le commencer, de mettre un point final à ce que
j’avais vécu. J’ai dû m'y reprendre à plusieurs fois pour le finir.
Justement, comment êtes-vous tombée dans la maladie ?
A 17 ans, j’ai perdu des kilos après avoir attrapé la mononucléose et plus j'en perdais, plus je me sentais bien. Alors
j'ai continué le régime. Ma grosse erreur a été de ne pas me mettre de limite. Après deux ans à Paris, où j'allais mieux,
j'ai déménagé à Aix-en-Provence où je ne connaissais personne. Je suis retombée dans l'isolement et dans la maladie.
J’avais besoin d’avoir le contrôle sur tout. Sur mon corps, sur la nourriture, sur le sport... J'aimais ça. Dans mon
monde d’anorexique, je maîtrisais tout. Je n'avais pas envie d'en sortir parce que dans le monde réel, avec les gens, je
n'avais le contrôle sur rien. Je ne trouvais pas ma place dans la société, dans ma famille.
D'où est venu le déclic?
Le jour où j’ai senti mon corps partir. Il était tellement usé et fatigué qu’il a craqué. Jusque là, je tenais sur les nerfs,
mais un jour je me suis effondrée. J’ai senti que je devenais incohérente, et là je me suis dis «tu deviens folle». C'est à
ce moment-là que j'ai demandé à être hospitalisée. Ce que je refusais depuis 4 ans. Quand je suis arrivée aux urgences
on m’a dit qu’à deux heures près, je mourais. Tout le relâchement de mon corps et de mon esprit, c’était la mort qui
arrivait.
J’ai passé deux mois dans un hôpital qui n'était pas du tout spécialisé dans l’anorexie. J'y étais juste pour reprendre un
poids normal. Je suis restée assise pendant deux mois avec interdiction de me lever, interdiction d’avoir des contacts
avec l’extérieur et je ne voyais mes parents que tous les 15 jours pendant un quart d’heure. J’ai repris 8 kilos, mais
sans aucun suivi psychologique. J’ai vu deux fois un psy en deux mois. Je ne faisais que regarder la télé toute la
journée. Ils ne me laissaient rien faire. J’étais juste là pour manger.
"J'AI MIS QUATRE ANS À GUÉRIR APRÈS MA PREMIÈRE HOSPITALISATION"
Des conditions peu propices à la guérison...
J’ai mis plus de 4 ans pour m'en sortir après mon hospitalisation. C’est ce qu’il y a de plus compliqué. J’ai arrêté
d'aller voir des psychologues, parce que je voulais m'en sortir toute seule. Sauf que dans cette maladie, tu n’y arrives
pas seule. J'ai commencé à vraiment guérir le jour où j’ai rencontré un ostéopathe. J’ai eu un énorme feeling avec
cette personne, il prenait du temps pour s’occuper de moi. Il est devenu en quelque sorte mon psy. Il m'a aidée à
chercher les causes de ma maladie et m'a appris à me projeter dans la construction de l’après. Ce que serait ma vie
dans le futur, et à ne pas rester plongée dans le passé de cette maladie.
Pourriez-vous replonger ?
La nourriture n’est plus un sujet sensible. La seule chose que je n’ai pas remangé c’est une pizza. Sinon je mange de
tout, mais je sais que toute ma vie je ferai attention à ce que j'avale, sans que cela soit une attention restrictive. Je
pense que je ne retomberai jamais dans l’anorexie. J’ai une fragilité émotionnelle qui est en train de disparaître mais
s'il devait m'arriver quelque chose, je pense que ça prendrait la forme d'une dépression.
Que pensez-vous de la manière dont les malades sont traitées ?
Il n’existe pas assez de structures pour accueillir les anorexiques adultes, puisque c’est une maladie qui se déclenche
principalement à l’adolescence. Jusque dans les années 50 en France, c'est la théorie du docteur Charcot qui
dominait. Il considérait qu’il fallait soigner les anorexiques comme les fous en les isolant dans leur monde, coupées
de tout, et particulièrement de leur famille parce que pour lui, le problème de l’anorexie venait principalement du
cercle familial. Il fallait couper les malades de tout pour qu’elles réfléchissent sur elles-mêmes. Aujourd'hui encore il y
a des médecins qui prônent cette théorie, et qui isolent les patientes de leur famille et du cadre dans lequel elles
vivent.
Vous êtes contre cette méthode ?
Même si ça marche pour certaines, je conteste tout à fait cette thèse. Je considère qu’il faut associer la famille, et ne pas isoler la
malade. Au contraire, il faut lui redonner goût à la vie, écouter ce qu'elle veut vraiment, ce qui est rare, puisqu’on dit souvent que
les anorexiques sont des menteuses. Ce qui marche c’est de trouver la bonne personne et soigner non seulement le corporel en
reprenant des kilos, mais aussi le psychique et améliorer l’image que les anorexiques ont d’elles-mêmes.
THEME 5 : HABITUDES DE VIE ET SANTE
La spirale infernale de l’anorexie
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Doc 13
http://sante-medecine.commentcamarche.net/contents/985-anorexie-vaincre-l-anorexie
Vaincre l'anorexie
rouble grave du comportement alimentaire, l'anorexie est une maladie mentale difficile à traiter. La stratégie
thérapeutique repose sur une prise en charge qui doit être simultanément psychothérapeutique, comportementale et
nutritionnelle.
Arrière-plan psychologique
Quelle que soit sa forme, anorexie restrictive ou anorexie-boulimie, l'arrière-plan psychologique de la patiente est
toujours marqué par un fort déficit de confiance et d'estime de soi. Chez les anorexiques, ce sentiment est compensé
par une volonté tenace de maîtrise et de contrôle de tout et de chacun, à commencer par son propre corps. Toute
perte de poids est ressentie comme une nouvelle victoire personnelle. Et de victoire en victoire, l'anorexique
s'enfonce progressivement dans une dénutrition pouvant, dans les cas extrêmes conduire à la mort.
4 phases vers la guérison
Prise de conscience
La prise de conscience. La reconnaissance par la patiente de son état de maigreur et des stratégies qu'elle met en place
pour refuser de s'alimenter est une première étape fondamentale. La fin du déni de la maladie est en effet
indispensable
pour
parvenir
à
la
deuxième
phase.
Décision de se soigner
Cette décision occasionne chez les malades le réveil des angoisses responsables de la maladie. L'idée de reprendre du
poids, de voir cesser les vomissements ou les prises compulsionnelles de nourritures place l'anorexique face au choix
de la guérison ou de l'enlisement dans la maladie. Ce choix constitue la troisième phase : le passage à l'acte.
Passage à l'acte
Accepter de se nourrir, démonter les « remparts » psychologiques dresser pendant des mois, voire des années,
accepter son corps... autant d'actions qui place la malade dans un parcours de guérison. La troisième phase amorcée,
il faut passer à la quatrième, aussi difficile que les précédentes, sinon davantage : la persévérance.
Persévérance
Respecter dans la durée les décisions et les actions des phases deux et trois constitue la clé de la réussite du combat
contre la maladie. Les rechutes sont hélas fréquentes et le taux de guérison sans séquelles est inférieur à 50 %.
3 leviers pour guérir de l'anorexie
Premier levier : la prise en charge psychothérapeutique. Cette dernière ne peut débuter que si la patiente l'a souhaité
et qu'elle en a accepté la nécessité. Les contextes culturel, social et familial ont une importance capitale dans le
déclenchement de la maladie. C'est pourquoi, l'objectif du thérapeute sera de modifier peu à peu le regard que
l'anorexique
porte
sur
elle-même,
sur
les
autres
et
sur
le
monde
qui
l'entoure.
Deuxième levier : la prise en charge comportementale. Cette approche se limite au contraire aux aspects
symptomatiques et aux pensées générant les comportements qui entretiennent la maladie. Au cours des séances, le
thérapeute amène la malade à prendre conscience du cheminement de sa pensée pour mieux agir sur ses
comportements.
Enfin, le troisième levier est bien sûr le volet nutritionnel de la thérapie qui comporte 4 objectifs. Retrouver un poids
normal, c'est-à-dire avec un indice de masse corporelle (IMC) compris entre 18,5 et 25. Ce dernier se calcule en
divisant son poids (en kg) par le carré de sa taille (en mètre). Retrouver un équilibre énergétique et vitaminique
normal et enfin retrouver une conduite alimentaire normale en bannissant toutes les anciennes phobies alimentaires.
THEME 5 : HABITUDES DE VIE ET SANTE
La spirale infernale de l’anorexie
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Doc 14
http://sante-medecine.commentcamarche.net/faq/5952-anorexie-symptomes-qui-doivent-alerter
Anorexie - Symptômes qui doivent alerter
L'anorexie, est une maladie qui appartient à la famille des TCA (troubles du comportement
alimentaire). L'anorexie est une pathologie qui touche de l'ordre de 70.000 adolescentes et jeunes
femmes âgées de 15 à 25 ans en France, et cause le taux de mortalité par suicide le plus haut de
tous les troubles psychiatriques.
Diagnostic
Les premiers signes de l'anorexie sont souvent compliqués à diagnostiquer. Une série de
symptômes importants peut permettre d'évoquer le diagnostic plus rapidement.
Symptômes
Un amaigrissement très rapide survient en quelques mois.
Symptômes psychologiques
Un repli sur soi apparait progressivement ainsi qu'un rejet de toute forme de plaisir. Une tristesse
voire une dépression s'installe. Enfin les personnes anorexiques souffrent d'une hyperactivité
physique
Symptômes physiques






Les manifestations physiques de l'anorexie sont :
frilosité.
disparition des règles (aménorrhée).
apparition d'un fin duvet sur la peau.
chute des cheveux.
ongles secs et cassants.
hypotension artérielle.
THEME 5 : HABITUDES DE VIE ET SANTE
La spirale infernale de l’anorexie
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Doc 15
http://www.filsantejeunes.com/pro-ana-et-pro-mia-quest-ce-que-cest-5427
PRO-ANA ET PRO-MIA : QU’EST-CE QUE C’EST ?
On entend parfois parler des « pro-ana » et des « pro-mia ». Certains reportages télévisuels ont
excité la curiosité des gens et fasciné les plus jeunes. Essayons de comprendre en quoi ce
phénomène fascine et surtout met en danger.
PRO-ANA, QU’EST-CE QUE C’EST ?
Le phénomène est récent et est lié à notre société du XXIème siècle. Le mouvement ‘Pro-Ana’
qui est un raccourci de « pro-anorexie », signifie « en faveur de l’anorexie ». C’est aux États-Unis,
à la fin des années 2001, que ce mouvement a émergé. Les sites pro-ana ont été crées pour
contrer ceux qui se proposaient d’aider les anorexiques à manger. Le mouvement pro-ana part
d’une maladie connue, l’anorexie, mais cette anorexie n’est pas vécue comme une maladie, elle
devient un « mode de vie ». Les personnes malades choisissent de refuser de se soigner, de
s’affamer et surtout, elles ne le cachent plus, ou presque. Des forums fournissent des astuces
pour maigrir plus vite, pour éviter de se faire repérer par ses proches, pour échapper aux analyses
médicales et aux soupçons des médecins. Dans l’anorexie, on affame son corps, dans le
mouvement « pro-ana », la non-nutrition donne l’illusion de se sentir exister. Les douleurs de la
faim apportent une satisfaction. On n’est plus victime d’une maladie, mais acteur d’un choix de
vie.
DE L’ANOREXIE AU « PRO-ANA »
L’anorexie démarre souvent de la même façon : à l’adolescence, période parfois difficile de la vie,
on débute un régimepour perdre « quelques kilos ». Très vite l’engrenage happe la jeune fille
fragile et vulnérable, qui ne peut plus accepter l’idée de ne pas continuer à maigrir. Cette jeune
fille qui souffre de la situation, cherche à partager sa souffrance avec des pairs dans l’intention
d’être comprise et aidée. Internet aujourd’hui offre la possibilité de rencontrer des pairs qui vivent
des expériences similaires aux leurs. On appelle ces réseaux de pairs, des communautés
(communauté de collectionneurs de timbres, de randonneurs vosgiens, de croqueurs de pommes
etc…).
L’aspect dangereux de la communauté pro-ana c’est qu’elle réconforte, et donc conforte, les
anorexiques en les incitant à continuer dans la voie qu’elles ont entrepris. A travers les « 10
commandements » que ce mouvements édicte, les jeunes filles finissent par croire qu’elles vont
arriver au bonheur. Elles entrent dans un déni de leur maladie. La communauté érige l’anorexie
en mode voire en art dont il ne faut plus avoir honte. Ne pas manger devient le chemin qui mène
droit à la plénitude.
Les messages sont déclinés sous forme de poésie, de déclamations lyriques qui masquent la
cruelle réalité de leurs auteurs… Les sites pratiquent une espèce de racolage car ils retouchent des
photos afin de faire croire que la beauté squelettique est la seule qui vaille. Les jeunes filles
souffrant d’anorexie y trouvent alors un reflet de ce qu’elles recherchent en se privant de
nourriture.
ET LES « PRO-MIA » ?
Ce mouvement est moins important que le précédent, il incarne le côté « méchant » de la faim
alors qu’Ana est le côté gentil : il prône la boulimie comme choix de vie, mais avec le but inavoué
d’arriver quand même à l’anorexie. Il encourage à manger sans mesure et à se faire vomir ensuite
afin de ne pas prendre de poids. La problématique du poids reste donc centrale. Toute jeune fille
qui « se respecte » va petit à petit quitter Mia pour rejoindre Ana : le Bien va vaincre le Mal, à tel
point que les personnes de poids normal sont considérées comme « obèses » , elles n’inspirent
que du mépris car elles sont dépendantes de la nourriture.Dans ces modes de pensées
complètement opératoires, c’est-à-dire dénués d’affects, on se retrouve confronté à une
banalisation de l’acte de vomir ou de s’affamer. La prise alimentaire est l’élément central qui
rythme la vie de ces jeunes filles, elle s’en croient maîtresses mais elles en sont en faites les
THEME 5 : HABITUDES DE VIE ET SANTE
La spirale infernale de l’anorexie
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victimes. C’est leur aspect physique qui interpelle et attire le regard des autres. Ces jeunes filles
sont ambiguës car elles souhaitent qu’on les laisse tranquilles et en même temps, elles font en
sorte d’être physiquement remarquées. C’est toute la complexité de cette maladie.
QUE DIT LA LOI A PROPOS DE CES SITES ?
En France, ces sites sont interdits depuis peu, la plupart ayant été supprimés après que de
nombreuses Pro-Ana soient mortes des suites de leur maladie. Ils sont assimilés à une incitation à
l’automutilation et à la « mise en danger de la vie d’autrui ». Ce sont les hébergeurs qui s’exposent aux
sanctions car ils sont responsables du contenu des sites qu’ils hébergent. En général ils préfèrent
se montrer prudents et interdire ces contenus. Les jeunes pro-anorexiques, qui ne manquent pas
d’imagination, réussissent quand même à se rencontrer, à communiquer et portent des signes
extérieurs d’appartenance à cette communauté. Elles parviennent à entretenir cette pratique.
L’anorexie, tout comme la boulimie, demeurent cependant des maladies graves qui peuvent être
mortelles. Accepter de reconnaître que l’on est malade, est le premier pas vers la guérison.
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