HVG et hyperthyroïdie infraclinique : pas d’association certaine Bernard Goichot (Strasbourg) L’hyperthyroïdie avérée est associée à une hypertrophie ventriculaire gauche (HVG) et à une augmentation de la masse cardiaque. L’HVG est un marqueur de risque cardiovasculaire et a été associée à un risque accru d’infarctus du myocarde, d’accident vasculaire cérébral (AVC) et de mortalité cardiovasculaire. Si l’association entre hyperthyroïdie infra-clinique (HIC) et fibrillation auriculaire (FA) est bien établie, l’augmentation éventuelle de la mortalité cardiovasculaire dans l’HIC reste controversée. Les données portant sur l’HVG dans l’HIC sont elles aussi discordantes. Il s’agissait toujours d’études transversales sur de petits effectifs. Dans le cadre d’une étude de suivi de population en Poméranie après introduction d’une supplémentation iodée, les auteurs ont suivi de façon prospective des patients (n=107) de plus de 45 ans ayant une HIC et qui ont bénéficié d’une echocardiographie à l’inclusion et 5 ans après. Ils ont été comparés aux sujets euthyroïdiens (n= 1005). A l’inclusion les patients ayant une HIC étaient un peu plus âgés que les euthyroïdiens ( 61 vs 58 ans) et rapportaient plus souvent des antécédents d’AVC. Toutes les données échographiques étaient comparables dans les deux groupes. Après 5 ans de suivi, la masse ventriculaire gauche avait augmenté significativement dans l’ensemble de la population sans qu’un effet du statut thyroïdien puisse être mis en évidence. Les seuls facteurs associés à l’augmentation de la masse ventriculaire gauche étaient l’âge, le sexe et le tour de taille. Il s’agit de la première étude prospective ayant suivi sur le plan echocardiographique une cohorte importante de SCH. Le résultat négatif n’exclut pas une association entre HIC et HVG car il s‘agit d’une population relativement jeune et la durée de suivi peut être insuffisante pour mettre en évidence un effet. On regrettera aussi l’absence de données biologiques évolutives (combien de patients en HIC à l’inclusion sont passés en hyperthyroïdie avérée durant le suivi, combien ont normalisé leur bilan thyroïdien ?). Il n’est pas fait mention non plus mention de passages éventuels en FA. Malgré ces réserves, cette étude portant sur une cohorte important d’HIC, permet de relativiser les données précédemment rapportées sur des petites séries et faisant état d’anomalies de paramètres échocardiographiques plus ou moins sophistiqués mais dont la pertinence clinique semble discutable. La question des complications cardiaques de l’HIC reste donc largement ouverte, comme celle de son traitement éventuel. Subclinical hyperthyroidism is not associated with progression of cardiac mass and development of left ventricular hypertrophy in middle-aged and older subjects: results from a 5-year follow-up Dörr M, Ittermann T, Aumann N, Obst A, Reffelmann T, Nauck M, Wallaschofski H, Felix SB, Völzke H Clin Endocrinol 2010;73: 821-26