Aristote bénéficiant de la théorie de la participation de Platon, évoque le fait que toute autorité
participe de celle de « Dieu », du premier moteur qui est première cause et assigne chaque chose à sa
fin. Saint Paul exprime cette même participation avec sa célèbre phrase : « Il n’est pas de puissance si
ce n’est de par Dieu (toute autorité vient de Dieu.) »
C’est là le principe expliquant le concept de monarchie de droit divin. Celui-ci s’explique par
la notion de bien commun, fin naturelle de la cité subordonnée à la fin surnaturelle. Ainsi, la France
chrétienne qui n’était pas une théocratie, n’en était pas moins un régime dont le pouvoir royal était
subordonné à l’autorité de l’Eglise au nom de cette hiérarchie des fins.
Enfin, reste à noter que l’Etat comme l’Eglise sont les deux seules sociétés parfaites, c’est-à-dire
qu’elles sont toutes les deux capable d’atteindre leur fin sans le concours du qui que ce soit.
Le fondement de l’Etat repose donc sur la fin pour laquelle il est fait.
2) Les contractualistes
a. Rousseau
Pour Rousseau l’origine historique n’a aucune valeur, il faut un fondement légitime.
Les hommes naissent libres et égaux en droit, donc si quelque pouvoir s’exerce sur eux, c’est
qu’ils le veulent bien, et ce consentement doit être justifié par des avantages.
Pour Rousseau, il est très important de trouver la raison de ce fondement, car il faut
savoir pourquoi les hommes acceptent l’Etat et ses dispositions, au point que si ces mêmes
hommes n’y obéissent pas, ils en accepteront la punition (qui peut être la privation de liberté !)
L’homme est donc libre grâce à la loi qui est l’expression de la volonté générale, et
celle-ci vise le bien commun, et c’est donc à ce titre qu’elle exerce sa souveraineté. Un Etat est
légitime s’il est issu d’un contrat
L’homme renonce-t-il au tous ses droits ? Rousseau répond évidemment par la
négative : l’homme renonce aux droits dont il pourrait abuser, et qui par de ce fait nuiraient à
la collectivité. Ainsi l’Etat ne doit-il pas s’occuper de l’existence privée de chacun.
L’Etat a pour fin la liberté, laquelle est atteinte par lui.
b. Hobbes et Locke
En réalité, Rousseau – même s’il est resté le plus célèbre – n’était pas le premier à
avoir évoqué la notion de contrat ou de pacte social.
Ainsi Hobbes fait mention de l’Etat Léviathan. Celui-ci est la conséquence de la
guerre laquelle s’explique par l’état de nature : l’homme étant un loup pour l’homme, il plonge
nécessairement dans la guerre et la violence puisque habité par des passions et des appétits
dévastateurs. Pour échapper à la violence, à cet état de nature, l’homme invente un état de
droit. L’Etat naît donc d’un pacte, il est le fruit d’un calcul rationnel qui cherche à empêcher le
recours à la violence. Mais il n’en est pas moins un Léviathan, c’est-à-dire un monstre puisque
qu’il naît de la violence des hommes, et qu’à ce titre, cet Etat est redoutable.
Pour John Locke, autre philosophe anglais, l’état de nature n’est pas un état de
violence, mais il pèche par son absence de sanctions, ce qui entraîne la justice privée qui est
donc forcément arbitraire, et toujours au détriment du faible. Ainsi est-il nécessaire de crée un
état de droit qui garantisse la liberté et la sécurité.
3) L’Idéalisme hégélien
Hegel s’oppose à la notion de contrat car les structures de droit privé ne sont pas à transposer
sur celles du droit public. Le bien commun n’est pas le fruit de la volonté générale mais d’une raison
qui se doit d’être parfaite : la Raison Universelle. Ainsi l’Etat recouvre-t-il une valeur universelle : il
doit s’appliquer à tous, c’est un remède, un organe de survie qui doit concerner tout le monde, puisque
tout le monde le compose.
L’Etat ne peut pas représenter l’intérêt de certain nombre, ni même de la volonté générale. Une
telle conception n’est pas assez universelle pour Hegel. Elle est trop subjective. Hegel divinise donc
l’Etat. Celui-ci n’est pas un simple moyen ou un contrat, c’est une réalité plus haute qui transcende les
hommes, c’est l’expression de la Raison Universelle.