DEVOIR SURVEILLE DE PHILOSOPHIE AVRIL 2012 TES
DUREE 2 HEURES
Vous traiterez un des trois sujets suivants au choix :
Pour les dissertations : 1 - Vous proposerez l’analyse problématique du sujet en vue d’un plan en trois parties. 2 - Vous ferez
un plan détaillé des deux premières parties en indiquant les titres de partie ainsi que les arguments que vous utiliseriez. 3 -
Rédigez la troisième partie de la dissertation.
Sujet 1 :
Peut-on vouloir être immortel ?
Sujet 2 :
Peut-on être plus ou moins libre ?
Sujet 3 :
1 - Repérez la thèse du texte de Rousseau. Expliquez-la. 2 - Proposez un plan justifié du texte de Rousseau. 3 - Précisez les
enjeux et le problème auquel répond ce texte de Rousseau. 4 - Menez un parallèle différence avec l’extrait de Aristote proposé.
« La plus ancienne de toutes les sociétés, et la seule naturelle, est celle de la famille : encore les enfants ne restent-ils
liés au père qu’aussi longtemps qu’ils ont besoin de lui pour se conserver. Sitôt que ce besoin cesse, le lien naturel se
dissout. Les enfants, exempts de l’obéissance qu’ils devaient au père ; le père, exempt des soins qu’il devait aux
enfants, rentrent tous également dans l’indépendance. S’ils continuent de rester unis, ce n’est plus naturellement,
c’est volontairement ; et la famille elle-même ne se maintient que par convention.
Cette liberté commune est une conséquence de la nature de l’homme. Sa première loi est de veiller à sa propre
conservation, ses premiers soins sont ceux qu’il se doit à lui-même ; et sitôt qu’il est en âge de raison, lui seul étant
juge des moyens propres à le conserver, devient par là son propre maître.
La famille est donc, si l’on veut, le premier modèle des sociétés politiques : le chef est l’image du père, le peuple est
l’image des enfants ; et tous, étant nés égaux et libres, n’aliènent leur liberté que pour leur utilité. Toute la différence
est que, dans la famille, l’amour du père pour ses enfants le paye des soins qu’il leur rend ; et que, dans l’État, le
plaisir de commander supplée à cet amour que le chef n’a pas pour ses peuples.
Grotius nie que tout pouvoir humain soit établi en faveur de ceux qui sont gouvernés : il cite l’esclavage en exemple.
Sa plus constante manière de raisonner est d’établir toujours le droit par le fait. On pourrait employer une méthode
plus conséquente, mais non plus favorable aux tyrans.
Il est donc douteux, selon Grotius, si le genre humain appartient à une centaine d’hommes, ou si cette centaine
d’hommes appartient au genre humain : et il paraît, dans tout son livre, pencher pour le premier avis : c’est aussi le
sentiment de Hobbes. Ainsi voilà l’espèce humaine divisée en troupeaux de bétail, dont chacun a son chef, qui le
garde pour le dévorer. », Rousseau, Du contrat social, livre I, Chapitre 2.
Vous utiliserez le texte suivant pour faire un parallèle-différence :
« § 1. Tout État est évidemment une association ; et toute association ne se forme qu'en vue de quelque bien, puisque
les hommes, quels qu'ils soient, ne font jamais rien qu'en vue de ce qui leur paraît être bon. Évidemment toutes les
associations visent à un bien d'une certaine espèce, et le plus important de tous les biens doit être l'objet de la plus
importante des associations, de celle qui renferme toutes les autres ; et celle-là, on la nomme précisément État et
association politique.
§ 2. Des auteurs n'ont donc pas raison d'avancer que les caractères de roi, de magistrat, de père de famille, et de
maître, se confondent. C'est supposer qu'entre chacun d'eux toute la différence est du plus au moins, sans être spécifique ;
qu'ainsi un petit nombre d'administrés constitueraient le maître ; un nombre plus grand, le père de famille ; un plus grand
encore, le magistrat ou le roi ; c'est supposer qu'une grande famille est absolument un petit État. Ces auteurs ajoutent, en ce
qui concerne le magistrat et le roi, que le pouvoir de l'un est personnel et indépendant ; et que l'autre, pour me servir des
définitions mêmes de leur prétendue science, est en partie chef et en partie sujet.
§ 3. Toute cette théorie est fausse ; il suffira, pour s'en convaincre, d'adopter dans cette étude notre méthode habituelle.
Ici, comme partout ailleurs, il convient de réduire le composé à ses éléments indécomposables, c'est-à-dire, aux parties les
plus petites de l'ensemble. En cherchant ainsi quels sont les éléments constitutifs de l'État, nous reconnaîtrons mieux en
quoi diffèrent ces éléments ; et nous verrons si l'on peut établir quelques principes scientifiques dans les questions dont
nous venons de parler. Ici, comme partout ailleurs, remonter à l'origine des choses et en suivre avec soin le développement,
est la voie la plus sûre pour bien observer.
§ 4. D'abord, il y a nécessité dans le rapprochement de deux êtres qui ne peuvent rien l'un sans l'autre : je veux parler
de l'union des sexes pour la reproduction. Et là rien d'arbitraire ; car chez l'homme, aussi bien que chez les autres animaux
et dans les plantes, c'est un désir naturel que de vouloir laisser après soi un être fait à son image.
C'est la nature qui, par des vues de conservation, a créé certains êtres pour commander, et d'autres pour obéir. C'est
elle qui a voulu que l'être doué de raison et de prévoyance commandât en maître ; de même encore que la nature a voulu
que l'être capable par ses facultés corporelles d'exécuter des ordres, obéît en esclave; et c'est par là que l'intérêt du maître
et celui de l'esclave s'identifient. », Aristote, Les politiques, Livre I.