CHI 002 Géographie de la Chine
Le cadre naturel
A- Le dispositif géographique
La RPC est à l’est du continent Eurasien (9 561 240 km²).
Son littoral est de 18 000 km (40 000 km en Europe). Il y a 14 états frontaliers.
Cette profondeur continentale, sa géopolitique des frontières et cette faible imbrication terre-mer
sont les aspects immédiats de la configuration géographique de la RPC.
Il y a 4 grands domaines géographiques :
Un ensemble oriental :
Occupe ½ du territoire et rassemble 95% de la population. C’est la “Chine des 18 provinces”
(entre la Grande Muraille au nord et les chaînes de montagne du sud).
La Mongolie intérieure :
C’est le fragment chinois de l’empire mongol avec un territoire de 1 200 000 km².
Le Xinjiang :
C ‘ est le fragment chinois de l’Asie Centrale avec un territoire de 1 600 000 km².
Le Tibet
La “ région autonome du Tibet” a un territoire de 1 200 000 km².
Ces trois domaines sont des régions autonomes : “région autonome de la Mongolie intérieure”,
“région autonome ouighour du Xinjiang”, “région autonome Hui du Ningxia”, “région autonome du
Tibet”. Cette structure traduit une géographie de minorités.
1- Le dispositif topographique
Le dispositif topographique peut être divisé en 3 parties d’ouest en est.
Les hautes terres tibétaines (2M 5 km²) :
- des plateaux (4000-5000 m).
- des dépressions avec des lacs et des rides montagneuses (5000-6000 m).
- de hautes chaînes de montagnes :
chaînes de Kunlun et de Qilian
chaînes des monts Gangdise et de l’Himalaya
la chaîne du Hengduan
Entre ces montagnes, les cours supérieurs des plus grands fleuves asiatiques (Yangzi, haut
Mékong…).
Un palier intermédiaire (4M km²) :
- Des altitudes souvent comprises entre 1000-2000 m.
- Au nord, les alvéoles désertiques du Xinjiang (Tarim, Qaidam Dzoungarie).
- Des chaînes de montagne :
les Tianshan
le grand Xing An
Yingshan
Helanshan
- Du sud de la Mongolie à l’Indochine, il y a 3 ensemble complexes :
- Les plateaux de lœss :
- Le bassin du Sichuan, domaine collinaire verrouillé de toutes parts
- Les plateaux de Yungui , avec une riche collection de formes karstiques.
Le troisième palier (3M de km²) :
1/3 de plaines, elles sont immenses au nord et plus réduites au sud (plaines du nord-est; plaines
de Chine du nord; plaines du bas Changjiang; plaines du moyen Changjiang; delta du Zhujiang…)
Au sud des Qinling un ensemble de collines, de moyennes montagnes sur une grande superficie.
Du Liaodong et du Shandong, le littoral est rocheux. Au nord, les côtes sont sableuses, basses et
régulières. Au sud, les côtes sont rocheuses et très découpées.
Dans des rias et des semis insulaires se trouvent 5000 îles, dont Taiwan et Hainan.
2- Chine aride, Chine humide
La Chine est marqué par l’opposition entre aride/ humide, provoquée par la forte continentalité, le
rôle de la masse tibétaine et le climat de mousson de Chine orientale.
Le monde aride (isohyète annuel de 250 mm) → haut Tibet, Xinjiang, Tsaidam et la Mongolie à
l’ouest du fleuve jaune et d’Ordos
Des déserts de sables dunaires et de déserts pierreux (1M km²). De la steppe désertique sur les
auréoles externes.
La diagonale semi-aride (isohyète entre 250 et 450 mm) → Mongolie méridionale et orientale,
l’ouest des plateaux de lœss, le Qinghai et le Tibet
Une végétation de steppe herbeuse et de pelouse alpine, la principale base pastorale des Mongols
et des Tibétains.
Isohyète supérieur à 450 mm : → des confins de l’amour à l’est, jusqu’au sud des tropiques
Les paysages sont humanisés et les reliefs fortement dégradés.
L’extension en latitude (+ de 30°) combinée aux effets de la mousson introduit une autre
dichotomie : celle de la Chine du nord des Qinling et celle de la Chine du sud.
Chine du nord → saison sèche et froide, été torride et arrosé, culture du blé, du soja et du
gaoliang, paysages austères et dépouillés.
Chine du sud écarts thermiques moindres et plus longuement arrosés, c’est l’univers de la
rizière, du mûrier, des théiers. Paysages verdoyants et souvent amphibies.
Au nord comme au sud, le rôle géographique des fleuves est capital par leurs bienfaits
(construction de plaines, irrigation) comme par leurs maléfices (inondations).
L’immensité et la complexité de l’espace chinois constituent une assise géopolitique et un potentiel
économique d’importance, ce sont aussi de formidables pesanteurs.
B- les ensembles géomorphologiques
1- les données de la géologie
Chine continentale et orientale se distinguent encore. En Chine continentale, une sédimentation
complexe et tectonique Yanshan. En Chine orientale, une longue évolution continentale et une
orogenèse Plio-pléistocène.
2- Géomorphologie de la Chine du nord
Les lignes de fracture nord-est et sud ouest ordonnent la morpho-structure selon trois gradins
dénivelés.
Les plaines et leurs bordures :
Ce sont des plaines d’érosion (Dzoungarie) ou des plaines construites par les apports fluviaux ou
éoliens (plaines du Liaohe, plaines du Huanghe).
Les plateaux de lœss :
C’est l’ensemble tabulaire dans lequel s’inscrit le cours moyen du fleuve jaune. Sa structure est
faite d’une couverture de calcaire et de grès. Cela donne des plates-formes structurales que
dominent des massifs cristallins, et d’où s’ouvrent bassins et grabens.
La masse de lœss est très épaisse.
3- Géomorphologie de Chine du sud
Les bassins de la Chine du Yangzi :
Le bassin du Sichuan a été formé au Trias-Eocène par des milliers de mètre de grès rouge. Ils ont
été plissés par l’érosion, ce qui a entraîné l’actuel relief collinaire.
Collines et moyennes montagnes du sud :
C’est une morphologie de type appalachien (sur les bassins lacustres et le Guangdong), une
structure hercynienne (Chine du sud, Nanling), de l'orogenèse Yanshan (Daiyunshan, Wuyishan).
Les karsts du sud-ouest :
Guizhou, Yunnan oriental et Guanxi septentrional forment un ensemble tabulaire soulevé par
l’orogenèse himalayenne. Une morphologie karstique s’y est développée sur 25 000 km².
4- Hautes terres tibétaines et Xinjiang
Le haut Tibet :
C’est une succession de lanières tabulaires, de chaînons sédimentaires plissés où l’abondance de
calcaire donne des crêtes à plus de 6000 m et de nombreuses formes karstiques, de larges
vallées qui aboutissent vers 4000 m à une multitude de lacs salés de toutes tailles.
Le bassin du Tsaidam :
Etabli à la faveur d’une dépression continentale, le soulèvement plio-pléistocène l’a incorporé à la
masse tibétaine.
Le Xinjiang :
Des structures calédoniennes et hercyniennes exhaussées par le mouvement plio-pléistocène.
C- Climat et biogéographie
1- L’importance des cyclogenèses
L’essentiel des précipitations est d’origine cyclonique, au contact des masses d’air continentales et
froides et des masses d’air tropicales et humides qui s’affrontent le long du front polaire entre
Mongolie et Nanning. Ainsi s’explique le temps perturbé du sud en hiver et les pluies du nord en
été.
Les pluies des prunes :
Elles surviennent vers la mi-juin sur le bassin moyen et inférieur du Changjiang et jusqu’à la Huai.
Pour 20 jours il pleut continuellement, avec une basse pression et une relative humidité.
Les typhons :
Ce sont des cyclones tropicaux qui se forment entre mai et octobre sur le Pacifique nord-ouest.
80% atteignent la Chine entre juillet et septembre.
Ils apportent des pluies abondantes mais irrégulières et des pluies bienfaisantes (sur l’île de
Hainan, 40% des précipitations indispensables à la riziculture sont apporté par les typhons).
2- Température et précipitations
L’espace chinois est caractérisé par une énorme amplitude thermique du nord au sud en hiver, par
une unification thermique en été et par l’opposition entre une Chine aride et une Chine orientale.
La géographie des températures :
Les températures sont très contrastées en hiver : Harbin 23°C et Canton +13°C.
Elles sont unifiées en été par l’effet de la mousson : Harbin +26°C et Canton +28°C..
Un isotherme de janvier de 0°C (axe QinlingHuaihe), et de +15°C (lisière tropicale méridionale).
La répartition des précipitations :
Pour l’essentiel du pays, les pluies coïncident avec la saison chaude.
La façade sud-orientale est la plus touchée, puis ensuite le bassin du Changjiang et le sud-ouest.
Deux axes sont importants : l’axe Qinling–Huaihe (Chine rizicole du sud/ céréaliculture sèche du
nord), l’axe du moyen Changjiang au Tibet (Chine humide/ semi-humide).
Le précipitations d’hiver ne représentent que 10%.
Hormis au nord-est et au Xinjiang septentrional, les précipitations neigeuses sont peu abondantes.
La répartitions des précipitations peuvent avoir des fluctuations considérables. Elles se traduisent
par des calamités naturelles récurrentes : inondations et sécheresses.
3- La biogéographie
La Chine du nord-est :
Elle est forestière sur son cadre montagneux : taïga à mélèze et à pins rouges, peuplement mixte.
La faune somptueuse est mise à mal : cervidés, animaux à fourrure, ours bruns, tigre de Sibérie.
La forêt steppe fait transition avec les formations de prairies sur sols noirs qui couvrent les plaines
centrales, ce sont les dernières terres vierges cultivables en Chine.
La Chine du nord tempérée tiède :
Les îlots forestiers comportent de nombreuses sortes de chênes.
Les sols lœssiques et les sols alluviaux ont laissé place à la végétation agricole dans les plaines et
aux ravages de l’érosion sur les plateaux de lœss.
L’immense domaine subtropical humide → du seuil Qinling-Huai au Guangdong et du littoral
oriental au Sichuan/ Yunnan
Aux forêts monogéniques du nord se substituent des formations mixtes mésophytiques (feuillue,
chênes verts) dans le bassin du Changjiang. La laurisylve sempervirente (bambous, conifères) est
axée sur le 26e nord.
Cette richesse végétale a disparu (sauf au Qinling et au Sichuan oriental). Les sols dénudés ont
subi une allitération généralisée pour donner des sols rouges et jaunes rubéfiés.
La faune est somptueuse, mais les derniers spécimens (tigres, cervidés, singe, faisans) sont
braconnés alors que certaines espèces sont protégées (panda, singe doré, faisan doré…).
Le domaine tropical → littoral du Guangdong, Hainan, lisière méridionale du Yunnan
Les vestiges de la forêt tropicale humide ont pu subsister. Cette forêt est abondante en bambous.
Sa faune est en voie de disparition.
Haut Tibet, Qinghai :
Des sources tibétaines aux grands fleuves, c’est la steppe, puis il n’y a plus d’arbres sur 1M 5 km².
L’est du plateau est favorablement exposé, steppique et riche en eau douce, c’est le berceau
d’une faune importante, c’est un véritable îlot biologique.
Du Pamir au Kunlun, c’est un univers minéral portant sporadiquement une forme de toundra.
Les milieux désertiques
Le Tsaidam, le Xinjiang et la Mongolie ont des déserts à été froid, les uns arides (Alashan, Gobi,
Dzoungarie), les autres hyper-arides (Takla-Makan, Tsaidam).
La Dzoungarie est une désert de sable de 60 000 km² à dunes, l’auréole externe est steppique.
La Mongolie semi-aride boucle du Fleuve Jaune au Grand Khingan
C’est le domaine de la steppe herbeuse à stipa. C’est le berceau de l’ancêtre du cheval.
D- Les fleuves
Il y a plus de 50 000 cours d’eau, avec 11 grands fleuves. S’y ajoutent 2 800 lacs naturels et plus
de 110 000 km² de marais, sans oublier l’eau stockée par les glaciers.
Cette hydrographie se répartit entre un réseau endoréique au nord-ouest (36% du pays), et un
réseau exoréique à l’est et au sud-ouest (2/3 du territoire).
1- Le réseau endoréique (Mongolie Occidentale, Tibet-Qinhai du nord-ouest, Xinjiang,
corridor de Hexi. Mongolie occidentale et Xinjiang oriental)
Il y a des oueds aussi vite desséchés que grossis par une averse estivale.
Le puissant dispositif montagneux du haut Tibet-Qinhai et du Xinjiang alimente un réseau
permanent, mais que l’enclavement condamne à la perte dans le sable (Xinjiang), à
l’aboutissement dans un autre réseau endoréique ou dans les lacs du Tibet.
2- De l’Amour au Brahmapoutre
Le réseau exoréique chinois est considérable.
Le dénominateur commun est la mousson qui alimente partout les hautes eaux d’été.
Le bassin Amour-Soungari :
Il représente 7% de l’écoulement du pays. Paralysé par l’embâcle de novembre à avril, il se gonfle
d’une crue de débâcle au printemps, suivie de la crue principale de juillet-août.
Les bassins de Chine du nord :
C’est 3% de l’écoulement du pays. Les régimes sont les plus brutaux de toute la Chine exoréique
une énorme crue relative estivale accompagnée d’une énorme turbidité.
Les fleuves du sud-ouest :
Ils écoulent plus de 2% du total. Le dispositif typographique du sud-ouest limite les bassins mais
les expose de plein fouet à la mousson et aux typhons avec de forts coefficients d’écoulement et
une moindre turbidité.
Le réseau méridional :
Il est dominé par le Xijiang, artère principale d’une confluence vers le Zhujiang. Son bassin,
inférieur à celui du fleuve jaune, écoule 6 fois plus (13% du total) avec le plus fort module
spécifique de tout le réseau chinois.
Le régime est nettement marqué par la mousson. C’est une belle artère navigable et un énorme
potentiel hydroélectrique que l’on commence à équiper.
Le sud-ouest :
Il est drainé par les cours supérieurs des géants comme le Mékong, le Salween, le Brahmapoutre
et le fleuve rouge. Ils ont en commun d’échapper à la Chine pour aller construire en Inde et en
Indochine quelques-uns des grands foyers de peuplement en Asie.
3- Le Huanghe
C’est le bassin du fleuve jaune qui a irradié la civilisation chinoise, qui porte quelque 100 M
d’habitants.
Depuis 1947, le fleuve de 5 464 km est maîtrisé mais peu utilisé car sa turbidité empêche les
barrages qui pourrait le rendre navigable.
La mise en valeur hydroélectrique reflète le double aspect du fleuve : absente à l’aval de la boucle,
elle est très concentré en amont.
4- Le Changjiang (ou Yangzijiang)
C’est le 3e fleuve du monde par son abondance et c’est la plus belle artère navigable de l’Asie. Le
fleuve de 6 380 km est sujet à de nombreuses crues, on a donc construit à partir de 1950 des
barrages et des digues pour contrôler les crues à la confluence centrale. Le Changjiang écoule
80% du frêt fluvial et produit de l’électricité.
E- Calamités naturelles et dégâts anthropiques
1- Les séismes
La Chine se situe au contact de plusieurs plaques dont elle subit les pressions, surtout au nord
(plaque du Pacifique) et au sud-ouest (plaque indienne). L’activité sismique qui en résulte est
considérable.
Il y a 6 grandes zones sismiques : la façade septentrionale ; les plateaux de lœss ; le nord-ouest ;
le sud-ouest ; le Tibet sud-oriental et le littoral méridional.
2- Sécheresses et inondations
Les calamités d’origine climatique restent le fléau le plus grave par leur récurrence, leurs échelles
et leur coût. Sécheresse et inondations frappent souvent au cours de la même saison le nord/ sud.
3- Déboisement, érosion, désertification
La forêt ne couvre plus que 12% de l’espace et le grignotage annuel atteint 15 000 km².
L’aggravation de la turbidité des fleuves, l’accélération du rythme et de l’ampleur des inondations
en sont les conséquences directes de l’érosion des sols.
Les déserts du nord-ouest gagnent chaque année l’équivalent d’un département français.
4- La question de l’environnement
Pollution atmosphérique :
La combustion industrielle et domestique massive du charbon, les pluies acides, entraînent dans
les grandes villes un taux de poussière dans l’air de 660 µg/m³ (le seuil normal est de 90 µg/m³).
Pollution de l’eau :
30 milliard de litres/an d’eaux industrielles non traitées, 10 M de tonnes de polluants organiques, 3
M de tonnes de métaux lourds empoisonnent l’eau.
La question de l’environnement est enfin posée avec la Loi de Protection de l’Environnement de
1979. Elle est suivie par d’autres dans les années 1980.
Pour le première fois, on consacre 0.7% du PNB à l’environnement.
Mais l’impunité demeure : braconnage, pollution de l’eau…
En Chine comme ailleurs, une politique de l’environnement ne peut être efficace que dans un
environnement favorable et stable.
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