Géographie de la Chine

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Géographie de la Chine
Pierre Trolliet
LE CADRE NATUREL
A- Le dispositif géographique
La RPC est à l’est du continent Eurasien et occupe un espace un peu plus vaste que les USA : 9 561 240 km².
Son littoral est de 18 000 km (40 000 km en Europe).
La Chine compte 14 états sur ses frontières.
Cette profondeur continentale, sa géopolitique des frontières et cette faible imbrication terre-mer sont les aspects
immédiats de la configuration géographique de la RPC.
Il y a en Chine quatre grands domaines géographiques :
 Un ensemble oriental :
Il occupe environ la moitié du territoire et rassemble 95% de la population. Cela correspond à la “Chine des 18
provinces” (entre la Grande Muraille au nord et les chaînes de montagne du sud).
 La Mongolie intérieure :
Elle correspond au fragment chinois de l’empire mongol avec un territoire de 1 200 000 km².
 Le Xinjiang :
C ‘ est le fragment chinois de l’Asie Centrale avec un territoire de 1 600 000 km².
 Le Tibet
La “ région autonome du Tibet” a un territoire de 1 200 000 km².
Ces trois derniers domaines diffèrent aussi de la Chine Orientale par leur structure administrative. Alors que la Chine
Orientale compte 22 provinces, les trois autres domaines sont des régions autonomes : “région autonome de la
Mongolie intérieure” (avril 1947), “région autonome ouighour du Xinjiang” (octobre 1955), “région autonome Hui
du Ningxia” (septembre 1958), “région autonome du Tibet” (septembre 1965).
Cette structure traduit une géographie de minorités.
1- Le dispositif topographique
Le dispositif topographique peut être divisé en trois parties allant d’ouest en est.
 Les hautes terres tibétaines :
C ‘est un territoire de 2 500 000 km² avec de nombreux plateaux entre 4000 et 5000 m d’altitude.
Il y a des dépressions avec des lacs et des rides montagneuses entre 5000 et 6000 m.
Il y a aussi de hautes chaînes de montagnes : chaînes de Kunlun et de Qilian (2500 km au nord), chaînes des monts
Gangdise et de l’Himalaya au sud, entre lesquels s’abrite la vallée du Brahmapoutre supérieur (vers 4000 m), la
chaîne du Hengduan à l’est (entre 4000 – 6000 m).
Entre ces montagnes, les cours supérieurs des plus grands fleuves asiatiques (Yangzi, haut Mékong, haut Salween…).
 Un palier intermédiaire :
Un ensemble de 4M km² avec des altitudes souvent comprises entre 1000 et 2000 m.
Au nord, il y a les alvéoles désertiques du Xinjiang (Tarim et Dzoungarie) entre 800 et 1300 m.
Puis, la chaîne des Tianshan sur 2000 km (3000 et 5000 m).
Le plateau mongol de 1M km² (1000 – 1200 m) avec ses reliefs dissymétriques, grand Xing An (1500 – 2000 m),
Yingshan (1000 – 2000 m), Helanshan (1000 – 2000 m)
Au sud de la Mongolie jusqu’à l’Indochine, il y a trois ensemble complexes :
- Les plateaux de lœss sont un ensemble de 400 000 km² dans lequel s’inscrit le cours moyen du fleuve jaune. Ce
sont des éléments tabulaires à 1000 – 1500 m ouverts par des bassins empruntés par le fleuve jaune. La majeure partie
de cet ensemble est tapissée d’une couche de lœss, la terre jaune des chinois.
- A l’autre extrémité de ce palier se trouvent les plateaux de Yungui, entre 800 – 2000 m sur une superficie de plus
de 300 000 km² qui ne sont pas exclusivement des plateaux et dont les masses calcaires offrent une riche collection de
formes karstiques.
- Entre ces deux ensembles il y a le bassin du Sichuan, domaine collinaire de 200 000 km² et entre 400 et 800 m,
verrouillé de toutes parts.
 Le troisième palier :
Il s’abaisse jusqu’au littoral est et couvre 3M de km². C’est surtout la Chine des moyennes montagnes, des collines et
des plaines.
Les plaines prennent plus d’1/3 de l’espace, elles sont immenses au nord et plus réduites au sud (plaines du nord-est de
350 000 km² ; plaines de Chine du nord de 300 000 km² ; plaines du bas Changjiang de 200 000 km² ; plaines du
moyen Changjiang de 150 000 km² ; delta du Zhujiang de 20 000 km²…)
Au nord des moyennes montagnes occidentales, des plaines centrales et des collines orientales (Liaoning, Shandong).
Au sud des Qinling un ensemble de collines (200 – 500 m), de moyennes montagnes (1000 – 1200 m) sur une grande
superficie de 300 000 km².
Il n’y a des plaines que sur une petite superficie, dans le delta de la Zhujiang. Le littoral est rocheux sur la péninsule du
Liaodong et du Shandong. Au nord, les côtes sont sableuses, basses et régulières. Au sud, les côtes sont rocheuses et
très découpées.
Dans des rias et des semis insulaires se trouvent 5000 îles et îlots, dont Taiwan (34 380 km²) et Hainan (35 788 km²).
2- Chine aride, Chine humide
Le dispositif géographique de la Chine est aussi marqué par une vigoureuse opposition entre l’aride et l’humide,
provoquée par la forte continentalité, le rôle de la masse tibétaine et le climat de mousson qui caractérise la Chine
orientale.
 Le monde aride (isohyète annuel de 250 mm) :
Le monde aride est le haut Tibet, Xinjiang, Tsaidam et la Mongolie à l’ouest du fleuve jaune et d’Ordos. C’est un
univers de déserts de sables dunaires et de déserts pierreux sur 1M km² et, de la steppe désertique sur les auréoles
externes.
 La diagonale semi-aride (isohyète entre 250 et 450 mm) :
Elle couvre la Mongolie méridionale et orientale, l’ouest des plateaux de lœss, le Qinghai et le Tibet des sources des
grands fleuves. La végétation est constituée de steppe herbeuse et de pelouse alpine (au Tibet), c’est la principale base
pastorale des Mongols et des Tibétains.
 Isohyète supérieur à 450 mm :
C’est une région qui va des confins de l’amour à l’est, jusqu’au sud des tropiques. Ici, la Chine des plaines se confond
avec la Chine des moussons. Dans un domaine qui juxtapose les plaines (et un bassin au Sichuan), les paysages sont
humanisés et les reliefs fortement dégradés.
Mais l’extension en latitude (plus de 30°) combinée aux effets de la mousson introduit une autre dichotomie : celle de
la Chine du nord des Qinling et celle de la Chine du sud.
La Chine du nord a une saison sèche et froide et un été torride et arrosé, on y cultive du blé, du soja et du gaoliang, les
paysages sont austères et dépouillés.
La Chine du sud a des écarts thermiques moindres et plus longuement arrosés, c’est l’univers de la rizière, du mûrier,
des théiers. Les paysages sont verdoyants et souvent amphibies.
Au nord comme au sud, le rôle géographique des fleuves est capital par leurs bienfaits (construction de plaines,
irrigation) comme par leurs maléfices (inondations).
L’immensité et la complexité de l’espace chinois constituent une assise géopolitique et un potentiel économique
d’importance, ce sont aussi de formidables pesanteurs (voir le tableau n°1).
Les proportions s’inversent largement dans l’espace européen de même taille mais deux fois moins peuplé. L’idée que
la Chine est un vaste pays peut être trompeuse.
B- les ensembles géomorphologiques
1- les données de la géologie
Chine continentale et Chine orientale se distinguent encore sur ce sujet : sédimentation complexe et tectonique
Yanshan pour le premier ; longue évolution continentale et orogenèse Plio-pléistocène pour l’autre.
 La Chine orientale :
L’orogenèse Yanshan s’est manifestée différemment de part et d’autre des Qinling.
Au nord, ce sont des ondulations à grands rayons de courbures, des fractures dans un matériel sédimentaire compact
(calcaire, grès), quelques notables intrusions granitiques (dômes du Shanxi) et, d’importants épanchements
volcaniques au nord-est (grand Xing An).
Au sud, les effets sont plus considérables, affectant un matériel plus varié (calcaire, grès, schistes…) qui sera
vigoureusement plissée, tandis que les granits intrusifs (batholites) y sont généralisés.
Le mouvement himalayen est décisif au nord comme au sud, d’abord par le jeu de grandes failles en fonction
desquelles se met en place l’essentiel du dispositif en gradin et du tracé hydrographique (effondrement de la Chine du
nord entre les plateaux de lœss et du Shandong, le soulèvement du Yunnan-Guizhou, le façonnement en relief
collinaire du Sichuan.
Le quaternaire est essentiellement marqué par l’épandage massif du lœss en Chine du nord et par le remblaiement de
la Grande Plaine, par de nombreux phénomènes de captures dans le réseau hydrographique (coudes du fleuve jaune) et
par un intense alluvionnement dans toutes les parties basses.
 La Chine occidentale :
La succession de chaînes et de rides montagneuses depuis l’Altaï, les Tianshan et les Kunlun jusqu’à la chaîne
himalayenne plio-pléistocène traduit les collisions successives des blocs détachés du continent de Gondwana et
migrant vers le bloc paléo-asiatique.
Au Trias supérieur → collision du bloc nord-Tibet/Kunlunshan
Au Jurassique-Crétacé → collision du bloc sud-Tibet avec le précédent. A cette collision, il y a la formation du bloc
Transhimalaya (Gangdishishan).
Vers – 50, - 40 M d’années → collision Inde-Asie dont la subduction finit par se bloquer alors que la plaque indienne
continue de poinçonner la plaque asiatique
Vers – 25 M → une cassure dans la plaque indienne qui introduit un chevauchement du nord sur le sud, c’est la
formation de la chaîne himalayenne qui va s’élargir progressivement et continuer de s’élever de 10 à 14 cm par an au
cours du Quaternernaire et, de 0.1 aujourd’hui.
Cette orogenèse plio-pléistocène a remanié et exhaussé toutes les constructions antérieures qui avaient été plus ou
moins arasées avant la fin du Tertiaire. Ainsi, le Pamir est porté à 7 495 m, les Kunlun à 7 282 m, la chaîne des
Hengduan à 7 590 m et, le plateau tibétain entre 4000 et 6000 m.
Cette surrection de chaînes intra continentales s’est aussi accompagné du jeu de failles de décrochement gigantesques
(1000 km et plus), comme la faille de coulissage du Karakorum.
2- Géomorphologie de la Chine du nord
Les lignes de fracture nord-est et suc ouest ordonnent la morpho-structure selon trois gradins dénivelés.
 Les plaines et leurs bordures :
A l’extrémité nord-est, la plaine de Soungari est une plaine d’érosion.
Les plaines du Liaohe et du Huanghe sont des plaines construites par l’apport fluvial et éolien par rapport à des golfes
effondrés au Tertiaire.
La bordure occidentale va des confins de l’Amour jusqu’aux abords du fleuve jaune constitué par le bourrelet cristallin
du grand Xing An (1 200 m) par les monts Jundushan, Lingshan, Yanshan, de structures plus complexes.
C’est l’alignement calcaire des Taihangshan (1 500 – 2 000 m) qui domine la Grande Plaine par un puissant abrupt de
flexure ; il marque aussi la limite des plateaux de lœss.
 Les plateaux de lœss :
C’est à l’origine l’ensemble tabulaire dans lequel s’inscrit le cours moyen du fleuve jaune.
La structure est assez simple : la couverture de calcaires et de grès primaire donne des plates-formes structurales (1000
– 1500 m), que dominent des massifs cristallins pouvant dépasser 2000 m (Lüliangshan, Liupanshan…) et, d’où
s’ouvrent bassins et grabens (vallée de la Fen et de la Wei), de l’orogenèse himalayenne.
La masse de lœss est très épaisse (jusqu’à 350 m dans le massif du Gansu) et, la granulométrie fine (0.01 à 0.06 mm)
ni cimentée ni stratifiée donne lieu à une topographie de détail spécifique et particulière. Les fragments tabulaires
(yuan) et lanières filiformes (liang) attaquées par un réseau de ravines qui se développent en feuilles de fougères,
promis à l’éboulement sous l’effet d’une érosion violente.
La bordure orientale est moins continue et moins élevée dans l’ensemble : il s’agit surtout des horst qui, à la frontière
coréenne, les alignements des Changbaishan (1000 – 2000 m) et, les reliefs du Shandong d’une part et d’autre du fossé
remblayé de Jiaowei : horst gneissique du Taishan (1 525 m), reliefs collinaires de granites intrusifs et de grès
tertiaires.
3- Géomorphologie de Chine du sud
 Les bassins de la Chine du Yangzi :
En amont, le bassin du Sichuan occupe une aire de longue subsidence (Trias – Eocène) où se sont empilés plusieurs
milliers de mètres de grès rouge éocène qui ont été plissés, puis affouillés par l’érosion différentielle aboutissant au
relief collinaire actuel. Un grand gauchissement plus tardif a porté à de très hautes altitudes son encadrement
montagneux et, le Changjiang ne parvient qu’à le quitter qu’au prix d’une percée de plus de 200 km par un dénivelé de
120 m (les trois gorges Qutang, Wu et Xinling) incisées dans l’épais anticlinal du Wushan.
Il enfile alors les bassins lacustres du Hunan (lac Dongjing), du Hubei (le pays des mille lacs) et du Jiangxi (lac
Poyang) qu’il a construit sur une aire de subsistance dont le tapis alluvial peut atteindre 500 m.
Des structures cristallines précambriennes ressuscités par des mouvements post jurassiques s’alignent entre les lacs
Dongting et Poyang (chaîne de Luoxiao de 1500 à 2000 m), puis les défilés entre Dapieshan et Huangshan marquent
l’issue des bassins lacustres.
A l’aval de Nanjing commence le delta qui gagne environ 25 m par an sur la mer.
 Collines et moyennes montagnes du sud :
Le sud des bassins lacustres et le Guangdong forment un immense ensemble collinaire et de basses montagnes qui ne
dépassent pas 1000 m. C’est une morphologie de type appalachien mais mal affirmé du fait de l’importance des roches
tendres et compliquée par la généralisation des granites intrusifs.
L’ensemble est recoupé au sud par une autre structure hercynienne faisant affleurer le socle précambrien : celle des
Nanling, la Chine du sud, caractérisées par leur morcellement et leur faible altitudes (1000 m en moyenne).
Au sud s’ouvre le troisième bassin fluvial de la Chine, celui du Xijiang. Il est constitué par une succession de bassins
en alvéoles que le fleuve et un chevelu dense d’affluents franchissent par des gorges épigéniques avant d’aboutir à la
seule formation alluviale de grande taille de la Chine du sud : le delta de la rivière des perles (12 000 km²), mais où
affleurent encore des batholites.
La bordure orientale se relève avec les énormes batholites crétacés des Wuyishan et des Daiyunshan (1000 – 1500 m).
Ils sont flanqués de vastes coulées de rhyolites fracturées où l’on retrouve l’efficacité de l’orogenèse Yanshan.
 Les karsts du sud-ouest :
Guizhou, Yunnan oriental et Guanxi septentrional dorment un ensemble tabulaire soulevé en bloc par l’orogenèse
himalayenne. Une morphologie karstique s’y est développée sur 25 000 km² où cinq stades sont repérables :
— Causses du Yunnan
— Kegelkarst (fengong) à hums massifs et élevés (600 m et plus) au Guizhou et autours du Hongshui supérieur
— Tumkarst (fenling)
— Karst à tourelles de la région de Guilin
— Kuppenkarst (gufeng) où la plaine karstique s’étend, réduisant les inselbergs à des pitons de 50 à 100 m (région de
Liuzhou) au stade terminal, comme dans le bassin de Nanning.
4- Hautes terres tibétaines et Xinjiang
 Le haut Tibet :
C’est une succession de lanières tabulaires, de chaînons sédimentaires plissés où l’abondance de calcaire donne des
crêtes à plus de 6000 m et de nombreuses formes karstiques, de larges vallées qui aboutissent vers 4000 m à une
multitude de lacs salés de toutes tailles.
L’ensemble est empâté par d’énormes accumulations de débris minéraux, témoins des anciennes glaciations et de
l’active désagrégation mécanique actuelle.
 Le bassin du Tsaidam :
Il s’individualise au nord-est entre Altyn Tagh et Kunlun. Le Tsaidam s’ouvre à 2600 – 3000 m en un bassin
intramontagneux établi à la faveur d’une dépression continentale subsidente. Une sorte d’annexe du bassin de Tarim
que le soulèvement d’ensemble plio-pléistocène incorpore à la masse tibétaine en la verrouillant d’un seul coup. Tout
le centre du Tsaidam est un désert avec playas et croûtes salines (20 m d’épaisseur sur plus de 1000 km²) ceinturée de
dunes et de talus d’éboulis.
 Le Xinjiang :
Il présente une architecture assez simple dans ses grandes lignes : des structures calédoniennes et hercyniennes
vigoureusement exhaussées par les mouvements plio-pléistocènes (Altaï à 3000 m, Tianshan à 5000 m, Kunlun à 7000
m) entre lesquelles s’ouvrent les alvéoles de Dzungarie au nord et du Tarim au sud.
Ce sont des hautes plaines (800 à 1300 m) enclavées qui portent en leur centre des déserts de sable (le Gurbantungut de
47 000 km², à dunes fixées, et le Taklimatan dont les 331 000 km² sont couverts à 85% de champs de dunes
mouvantes) et, sur leurs périphéries, des cônes de déjection et d’énormes talus d’éboulis souvent façonnés en gobis.
Ces gobis qui sont des dépressions hydro-éoliennes se généralisent vers l’ouest pour caractériser le désert du même
nom façonné sur la pénéplaine mollement ondulée du plateau mongol (1000 – 1200 m) qui s’étend sur près de 2000
km vers le nord-est où il s’achève par le bourrelet dissymétrique du grand Xing An.
C- Climat et biogéographie
1- L’importance des cyclogenèses
Les pluies orographiques et par thermoconvection qui caractérisent les moussons indiennes et indochinoises sont
circonscrites en Chine du midi.
L’essentiel des précipitations est donc d’origine cyclonique, au contact des masses d’air continentales et froides et des
masses d’air tropicales et humides qui s’affrontent le long du front polaire entre Mongolie et Nanning d’une saison à
l’autre. Ainsi s’expliquent le temps perturbé du sud en hiver et les pluies estivales du nord.
Cette cyclogenèse se généralise au printemps avec l’installation du front polaire au droit de la vallée du Yangzi, à tel
point qu’il en résulte un régime de précipitation très spécifique : les pluies des prunes (meiyu) qui caractérise en maijuin toute la Chine centrale et qui peut être désastreux, par excès ou par défaut comme peuvent l’être les typhons qui
lui succèdent en été au sud.
 Les pluies des prunes :
Elles surviennent vers la mi-juin sur le bassin moyen et inférieur du Changjiang et jusqu’à la Huai. Elles durent
environ 20 jours et, il pleut continuellement, avec une basse pression et une relative humidité.
 Les typhons :
Ce sont des cyclones tropicaux qui se forment entre mai et octobre sur le Pacifique nord-ouest. 80% atteignent la Chine
entre juillet et septembre.
De 1949 à 1979, 276 typhons ont touché la Chine, 155 moyens et légers, 121 typhons sévères.
48% ont frappé le Guangdong et Hainan, 20% Taiwan, 18% le Fujian…
Mais dans la majorité des cas, c’est une activité cyclonique tropicale qui apporte des pluies abondantes mais
irrégulières et des pluies bienfaisantes. C’est notamment le cas pour l’île des Hainan où 40% des précipitations
indispensables à la riziculture sont apporté par les typhons.
2- Température et précipitations
L’espace chinois est caractérisé par une énorme amplitude thermique du nord au sud en hiver, par une unification
thermique en été et, par une opposition entre une Chine aride et une Chine orientale.
 La géographie des températures :
Les températures sont très contrastées en hiver : Harbin –23°C et Canton +13°C.
Elles sont unifiées en été par l’effet de la mousson : Harbin +26°C et Canton +28°C.
Néanmoins, il y a un isotherme de janvier de 0°C qui suit l’axe Qinling – Huaihe, et de +15°C qui cerne la lisière
tropicale méridionale.
La distribution du gel est un des aspects les plus significatifs de la carte thermique de la Chine. Le nord-est connaît 170
à 120 jours de gel/an entre la fin septembre et début mai. Le nord 70 à 90 de début octobre à début avril. Canton ne
compte de 3.3 jours de gel de la fin décembre à la fin janvier, gel qui est donc possible même au sud des tropiques…
 La répartition des précipitations :
Pour l’essentiel du pays, les pluies coïncident avec la saison chaude.
La façade sud-orientale reçoit 1800 mm de pluie (plus de 3000 mm à Taiwan).
Le bassin du Changjiang et le sud-ouest en reçoivent 1000 – 1500 mm.
La Mandchourie occidentale reçoit 400 – 500 mm de pluie.
Deux axes sont importants : l’axe Qinling – Huaihe (seuil des 750 – 800 mm/an) marque le passage de la Chine
rizicole du sud à la céréaliculture sèche du nord, l’axe du moyen Changjiang au Tibet qui marque le seuil entre la
Chine humide et semi-humide.
Le précipitations d’hiver ne représentent que 10%.
Les précipitations d’été sont réparties différemment : 70% de total annuel en Chine du nord et du nord-est et en
Mongolie, plus de 70% au nord-ouest et au Tibet.
Hormis au nord-est et au Xinjiang septentrional, les précipitations neigeuses sont peu abondantes, y compris au nord.
La répartitions des précipitations peuvent avoir des fluctuations considérables. Elles se traduisent par des calamités
naturelles récurrentes : inondations et sécheresses.
3- La biogéographie
 La Chine du nord-est :
Elle est forestière sur son cadre montagneux : taïga à mélèze et à pins rouges, peuplement mixte.
La faune est somptueuse mais mise à mal : cervidés, animaux à fourrure, loups, ours bruns, tigre de Sibérie.
La forêt-steppe fait transition avec les formations de prairies sur sols noirs qui couvrent les plaines centrales, ce sont
les dernières terres vierges cultivables en Chine.
 La Chine du nord tempérée-tiède :
Elle connaît des hivers encore rigoureux (moyenne de janvier de –10°C) mais une saison chaude plus longue (maiseptembre) et à caractère tropical pendant laquelle tombe l’essentiel des précipitations.
Les îlots forestiers comportent de nombreuses sortes de chênes.
Partout ailleurs, les sols lœssiques et les sols alluviaux devaient porter des formations herbacées de type prairie-steppe
qui ont laissé place à la végétation agricole dans les plaines et aux ravages de l’érosion sur les plateaux de lœss.
 L’immense domaine subtropical humide :
Il s’étend depuis le seuil Qinling-Huai jusqu’au Guangdong et du littoral oriental jusqu’au Sichuan et au Yunnan.
Aux forêts monogéniques du nord se substituent des formations mixtes mésophytiques dans le bassin du Changjiang et
la laurisylve sempervirente axée sur le 26e nord.
La forêt mésophytique est pluristrate et mixte : feuillue de haute futaie et résineux, chênes verts… Ce peuplement
sempervirent caractérise la laurisylve vers le sud avec des conifères, des bambous…
Cette fabuleuse richesse végétale a disparu de la plus grande partie de son domaine (sauf au Qinling et au Sichuan
oriental), les sols ainsi dénudés ont subi une allitisation généralisée pour donner des sols rouges et jaunes rubéfiés.
La faune est somptueuse, mais les derniers spécimens (tigres, cervidés, singe, faisans) sont braconnés alors que
certaines espèces sont protégées (panda, singe doré, faisan doré…).
 Le domaine tropical :
Il est limité au littoral du Guangdong, et surtout à Hainan et à la lisière méridionale du Yunnan où les vestiges de la
forêt tropicale humide a pu subsister. Cette forêt est abondante en bambous. Sa faune est en voie de disparition.
 Haut Tibet, Qinghai :
Des sources tibétaines aux grands fleuves, on passe sur la steppe avec genévriers, au dlà, il n’y a plus d’arbres sur 1
500 000 km².
L’est du plateau est favorablement exposé, steppique et riche en eau douce, c’est le berceau d’une faune importante,
c’est un véritable îlot biologique.
Du Pamir au Kunlun, c’est un univers minéral portant sporadiquement une forme de toundra.
 Les milieux désertiques :
Le Tsaidam, le Xinjiang et la Mongolie ont des déserts à été froid, les uns arides (Alashan, Gobi, Dzoungarie), les
autres hyper-arides (Takla-Makan, Tsaidam).
L’ensemble d’Alashan est en fait les déserts de sable de Tengger, Ulan Buh et de Badain Jaran. Au delà, le fragment
chinois du Gobi est un désert rocheux criblé de dépressions hydro-éoliennes (gobis).
La Dzoungarie est une désert de sable de 60 000 km² à dunes fixées et semi-fixées en son centre, tandis que l’auréole
externe est steppique.
Entre le bassin Dzoungare et celui de Tarim, s’interpose la masse de Tianshan qui introduit dans ce monde aride
l’azonalité montagnarde avec son dispositif étagé.
 La Mongolie semi-aride :
Elle s’étend de la boucle du Fleuve Jaune au Grand Khingan, c’est le domaine de la steppe herbeuse à stipa. C’est le
berceau de l’ancêtre du cheval.
D- Les fleuves
L’espace chinois compte plus de 50 000 cours d’eau dont le basssin est supérieur à 100 km² , avec 11 grands fleuves
drainant un bassin supérieur à 100 000 km². S’y ajoutent 2 800 lacs naturels et plus de 110 000 km² de marais, sans
oublier l’eau stockée par les glaciers.
Cette hydrographie se répartit entre un réseau endoréique au nord-ouest, sur 36% du pays, et un réseau exoréique à
l’est et au sud-ouest qui draine les 2/3 du territoire.
1- Le réseau endoréique
Il caractérise surtout la Mongolie occidentale, le Tibet-Qinhai du nord-ouest, le Xinjiang et le corridor de Hexi.
Mongolie occidentale et Xinjiang oriental, dépourvus de cadre montagneux élevé, sont aréiques ou à écoulements
intermittents d’oueds aussi vite desséchés que grossis par une averse estivale.
Par contre, le puissant dispositif montagneux du haut Tibet-Qinhai et du Xinjiang alimente un réseau permanent, mais
que l’enclavement condamne à la perte dans le sable (Xinjiang), à l’aboutissement dans un autre réseau endoréique
(Yili, né au Xinjiang mais absorbé par le lac Balkhach) ou dans les lacs du Tibet.
Cette hydrographie lacustre constitue un trait spécifique du paysage du haut Tibet, constellés de lacs de toutes tailles,
qui totalisent une superficie presque aussi grande que celle des glaciers.
2- De l’Amour au Brahmapoutre
Le réseau exoréique chinois est considérable, à l’échelle de cet espace et de la mousson qui l’alimente pour l’essentiel.
De l’Amour au Brahmapoutre supérieur, se succèdent plus de 15 bassins fluviaux dont 8 principaux.
Le dénominateur commun est la mousson qui alimente partout les hautes eaux d’été. on remarque un différenciation
nord-sud qui est lié à l’abondance des précipitations (tableau 2).
Si l’alimentation estivale de la mousson domine partout, le régime de ces fleuves se différencie en fonction des
domaines bioclimatiques dans lequel s’inscrit leur bassin : on peut en distinguer 5 principaux.
 Le bassin Amour-Soungari :
Il fait 1 100 000 km² et représente 7% de l’écoulement du pays. Paralysé par l’embâcle de novembre à avril, il se
gonfle d’une crue de débâcle au printemps, suivie de la crue principale de juillet-août.
 Les bassins de Chine du nord :
Ils totalisent 650 000 km² pour 3% de l’écoulement du pays. Les régimes sont les plus brutaux de toute la Chine
exoréique avec des étiages d’octobre à mars excessivement accusés et, une énorme crue relative estivale accompagnée
d’une énorme turbidité.
 Les fleuves du sud-ouest :
Ils drainent 200 000 km² et écoulent plus de 2% du total, autrement dit un module spécifique deux fois plus élevé
qu’au nord. Le dispositif typographique du sud-ouest limite les bassins mais les expose de plein fouet à la mousson et
aux typhons avec de forts coefficients d’écoulement et une moindre turbidité.
 Le réseau méridional :
Il est dominé par le Xijiang, artère principale d’une confluence vers le Zhujiang. Son bassin, inférieur à celui du fleuve
jaune, écoule 6 fois plus (13% du total) avec le plus fort module spécifique de tout le réseau chinois.
Le régime est nettement marqué par la mousson. C’est une belle artère navigable et un énorme potentiel
hydroélectrique que l’on commence à équiper.
 Le sud-ouest :
Il est drainé par les cours supérieurs des géants comme le Mékong, le Salween, le Brahmapoutre et le fleuve rouge. Ils
ont en commun d’échapper à la Chine pour aller construire en Inde et en Indochine quelques-uns des grands foyers de
peuplement en Asie.
3- Le Huanghe
C’est le bassin du fleuve jaune qui a irradié la civilisation chinoise, ce bassin qui porte aujourd’hui quelque 100 M
d’habitants plus ou moins concernés par une hydrologie de nature phénoménale.
Depuis 1947, le fleuve de 5 464 km est maîtrisé mais peu utilisé car sa turbidité empêche les barrages qui pourrait le
rendre navigable.
La mise en valeur hydroélectrique reflète le double aspect du fleuve : absente à l’aval de la boucle, elle est très
concentré en amont.
4- Le Changjiang (ou Yangzijiang)
C’est le 3e fleuve du monde par son abondance et c’est la plus belle artère navigable de l’Asie. Le fleuve de 6 380 km
est sujet à de nombreuses crues, on a donc construit à partir de 1950 des barrages et des digues pour contrôler les crues
à la confluence centrale. Le Changjiang écoule 80% du frêt fluvial et produit de l’électricité.
E- Calamités naturelles et dégâts anthropiques
1- Les séismes
La Chine se situe au contact de plusieurs plaques dont elle subit les pressions, surtout au nord (plaque du Pacifique) et
au sud-ouest (plaque indienne). L’activité sismique qui en résulte est considérable : sur le 20e siècle, on a enregistré 20
séismes de force 6. Ils sont répartis selon 6 grandes zones sismiques : la façade septentrionale (du Liaodong au nord
Jiangsu) ; les plateaux de lœss ; le nord-ouest (Hexi, Tianshan, Altaï) ; le sud-ouest (Sichuan et Yunnan occidentaux) ;
le Tibet sud-oriental et le littoral méridional (Hainan, Fujian, Taiwan).
2- Sécheresses et inondations
Les calamités d’origine climatique restent le fléau le plus grave par leur récurrence, leurs échelles et leur coût. De plus,
sécheresse et inondations frappent souvent au cours de la même saison le nord et le sud.
Pour la période 1950 – 1989, 37/95 millions de terres ont été dévastées, par la sécheresse, les inondations, le gel, les
insectes…
3- Déboisement, érosion, désertification
La forêt ne couvre plus que 12% de l’espace et le grignotage annuel atteint quelques 15 000 km².
L’aggravation de la turbidité des fleuves, l’accélération du rythme et de l’ampleur des inondations en sont les
conséquences directes également en corrélation avec le développement de l’érosion des sols qui touche environ 1.5 M
de km².
Les déserts du nord-ouest du nord ont progressé de 328 000 km² depuis 1949 et gagnent chaque année l’équivalent
d’un département français.
4- La question de l’environnement
 Pollution atmosphérique :
La combustion industrielle et domestique massive du charbon, les pluies acides, entraînent dans les grandes villes un
taux de poussière dans l’air de 660 µg/m³ (le seuil normal est de 90 µg/m³).
 Pollution de l’eau :
30 milliard de litres/an d’eaux industrielles non traitées, 10 M de tonnes de polluants organiques, 3 M de tonnes de
métaux lourds empoisonnent l’eau.
La question de l’environnement est enfin posée avec la Loi de Protection de l’Environnement de 1979. Elle est suivie
par d’autres dans les années 1980.
Pour le première fois, on consacre 0.7% du PNB à l’environnement.
Mais l’impunité demeure : braconnage, pollution de l’eau…
En Chine comme ailleurs, une politique de l’environnement ne peut être efficace que dans un environnement favorable
et stable.
Géographie de la Chine
Pierre Trolliet
GEOGRAPHIE HUMAINE
A- La géographie du peuplement
1- Les grands foyers de peuplement
Ils vont en se réduisant progressivement du nord au sud, conformément au dispositif topographique.
La Grande Plaine du nord porte 250 M d’habitants sur 400 000 km². C’est la plus grande nappe humaine de la planète.
L’axe de la vallée du Changjiang est accompagné de trois autres foyers, de taille plus réduite mais qui se densifient en
aval : bassin du Sichuan (90 M d’habitants sur 200 000 km²), plaines lacustres du Hubei-Hunan-Jiangxi (150 M
d’habitants sur 250 000 km²), basses plaines et delta (150 M sur 200 000 km²). La densité est importante sur les
plaines et les deltas du fait de l’importance du réseau urbain (Shanghai, Nanjing, Suzhou, Hangzhou…). En revanche,
les plaines centrales et le bassin du Sichuan sont massivement ruraux. Seul le delta des perles rassemble 30 M
d’habitants sur 12 000 km², où le réseau urbain dynamisé par Hong Kong est l’un des plus dense au monde.
Les plaines du nord-est (500 000 km² et 100 M d’habitants) sont un foyer récent, mais c’est la plus forte densité
urbaine de la Chine.
Au Yunnan-Guizhou, au Sichuan occidental, au Tibet, en Mongolie et au Xinjiang, le peuplement est sporadique. Par
poches ou en ruban, il y a toujours une forte densité (500 à 1000 hab./ km²).
2- Les migrations intérieures
Entre 1950 et 1980, il y eut trois sortes de flux, qui ont rassemblé 50 M de migrants.
 Les fronts pionniers :
Grande plaine et deltas → espaces frontaliers du Xinjiang, de Mongolie, du Heilongjiang, du Yunnan et de
Hainan (15 M de personnes).
 Les flux interprovinciaux organisés :
Les provinces surpeuplées → sud-ouest et le Jiangxi
Plaine du nord → nord-ouest du sud-ouest (lors du Grand Bond en Avant).
Ces deux flux ont fait migrer 5 M de personnes.
Gansu-Ningxia → Hexi et la vallée du fleuve jaune (programme de l’ONU qui a fait migrer 900 000 personnes pour
délester cette poche de pauvreté).
 Les migrations villes-campagnes :
Le 1er flux des campagnes vers les villes se fait lors du 1er plan quinquennal (20 M de personnes).
Entre 1958-1962, il y a des flux et des reflux et, les déportations de masses entre 1966 et 1975 déplacent plus de 30 M
de jeunes urbains.
Avec la décollectivisation et la dynamique urbaine de 1980, l’exode rural incontrôlé prend de l’ampleur et se confond
souvent avec un mouvement général vers la façade littorale.
3- La mosaïque ethno-culturelle
La Chine est officiellement un état multinational où 8% de la population constituent 54 minorités nationales (voir le
tableau n°3).
La géographie des minorité est faite de quatre grande aires ethno-culturelle.
La Mandchourie-Mongolie : à l’origine peuplée d’altaïques orientaux, désormais Han.
Le Xinjiang : a un peuplement turque et mongols, mais l’immigration Han équilibre le peuplement.
Le Tibet : est fragmenté en 3 circonscriptions très inégalement gagnées au peuplement Han mais encore globalement à
majorité tibéto-birmane.
Les marches du sud-ouest (Guizhou, Hunan, Yunnan, Guangxi, Hainan) : ce sont les provinces les plus tardivement
incorporées à la Chine des 18 provinces. Les minorités sont importantes (25 au Yunnan) : familles thaï-kadaï et tibétobirmane.
Cette géographie des frontières confère aux minorités une importance géopolitique.
C’est aussi une affaire de géopolitique interne avec la construction du socialisme, un état de sous-développement,
l’éclatement de l’URSS, l’ouverture de la République de Mongolie…
Cette géopolitique interne est dominée par la situation au Xinjiang (8 M de turcophones musulmans), en Mongolie (3
M de Mongols) et surtout au Tibet (2 M dans la région autonome) : d’importants effectifs sont nettement territorialisés
et motivés par un ciment religieux et culturel.
Ailleurs, la richesse humaine est aussi considérable mais soit cette population a subit l’acculturation ou elle est très
fragmentée (une quarantaine de nationalité pour moins de 30 M de personnes).
Ces minorités sont de plus en plus des “produits touristiques“ devant l’uniformité apparente de la Chine des Han.
B- Le fait urbain
1- La croissance urbaine
La population urbaine croît : on est passé de 11.2% de la population en 1950 à 26.2% de la population en 1990.
Partie de très bas (avec un niveau inférieur à celui de la plupart des pays du Tiers Monde après la guerre), la Chine se
situe aujourd’hui au niveau de l’Inde.
C’est une évolution accidentée qui reflète le croît négatif de la période du Grand Bond et l’explosion des années 80
(voir tableau n°4).
2- L’armature urbaine
On distingue les municipalités urbaines (chengshi) et les bourgs (zhen) qui se différencient par la taille (les
municipalités urbaines sont plus grandes) et leur statut. Ainsi, les municipalités urbaines sont placées sous
administration centrale (Beijing, Shanghai et Tianjin), sous administration provinciale ou sous administration des
préfectures.
Les bourgs relèvent de l’administration de base (ce sont les districts, xian) et, ils peuvent être crées par simple décret
administratif. Ils ont fortement augmenté dans les années 80 alors que la Chine essayait d’endiguer l’exode rural et de
favoriser les marchés et les activités locales.
Les villes millionnaires totalisent ainsi près de la moitié de la population urbaine. Les petites villes ne représentent que
30% de la population. Cela laisse apparaître le déséquilibre entre la façade littorale et l’immensité continentale. C’est
encore en effet de l’héritage occidental alors que les espaces périphériques (Mongolie, Xinjiang, Heilongjiang)
procèdent de la mise en valeur des années 50 qui se poursuit avec des urbanisations sur les fronts pionniers et sur les
ressources du sous-sol.
Cette armature urbaine est dynamisée depuis les années 80 aux deux extrémités de la hiérarchie. Les bourgs foisonnent
et le pouvoir économique et de commandement des grandes villes (surtout les cités portuaires et les grandes
métropoles commerciales) se développe.
3- La morphologie des villes chinoises (monde tibétain et oughour exclus)
Contrairement aux villes européennes, elles ne doivent plus grand chose au passé. C’est le passé de la Chine de Mao
qui est inscrit dans les pierres et, cette empreinte est juxtaposée à celle de l’occident et du Japon. C’est partout un
grand contraste entre les habitations basses serrées dans un lacis de ruelles et les grandes artères avec des bâtiments de
style sino-stalinien.
Mais de 1958 à 1976, le principe de l’urbanisation est remis en question. Il fallait alors éliminer les différences villescampagnes pour finalement revenir en arrière. Il en résulte une grande désorganisation avec des atteintes à ce qui
pouvait rester du patrimoine historique (temples transformés en usines, murailles rasées…).
Dans les années 80, il faut promouvoir un développement industriel indissociable du fait urbain et de l’exode rural. Les
priorités sont les logements sociaux. Mais les Chinois ne disposent qu’en moyenne de 4 m² par tête. Le paysage urbain
est en pleine effervescence avec des nouveaux gratte-ciel, les petits commerces fleurissent, la ségrégation spatiale naît
(centre-ville/banlieues).
C- Le poids du nombre
1- La transition démographique
Sa première phase est le classique effondrement du taux de mortalité qui passe de 38-40 ‰ (1949) à 20-22 ‰ (années
50) et à moins de 10 ‰ (à partir de 1969).
Jusqu’en 1973 (sauf la période du Grand Bond), les taux de natalités se maintiennent entre 31-42 ‰. Le taux de
fécondité est supérieur à 5.5.
L’accroissement naturel qui était alors de 10 ‰ (du fait du niveau de mortalité) amorce une courbe en cloche qui est
classique de la première phase d’une transition démographique, pour dépasser 20 ou même 30 ‰.
Un coup d’arrêt intervient avec le Grand Bond qui se solde par un désastre économique et social avec la famine. Les
taux de natalité s’effondrent, les taux de mortalité grimpent et la perte démographique est évaluée à 60 M de
personnes.
Cette perte entraîne à partie de 1963 un baby boom qui a un taux de natalité entre 31-42 ‰ jusqu’en 1971. C’est une
nouvelle explosion de croissance avec 170 M de naissance en 8 ans.
Désormais, la démographie est entrée dans la seconde phase de sa transition, celle qui a infléchi le taux de fécondité et
qui a une basse mortalité, ce qui ralenti le rythme de croissance. C’est la grande affaire des années 70 où l’index de
fécondité passe de 5.82 à 2.75 en dix ans, une performance inédite alors.
2- Le contrôle des naissances
Après une première campagne vite avortée (1956 – 1957), l’explosion démographique de 1963 – 1964 conduit à une
nouvelle campagne (diffusion de stérilet, pilule, recul de l’âge du mariage). Mais la Révolution Culturelle anéantit les
effets pourtant positifs de cette campagne.
Une troisième campagne au début des années 70 sera décisive, avec une mise en œuvre massive de la contraception
(stérilet, stérilisations, avortements). Cette politique est efficace grâce aussi à l’encadrement systématique de la
population. Il en résulte un effondrement du taux de natalité.
Mais l’héritage est là, la précédente explosion démographique mets en ligne 125 M de femmes en âge de procréer.
Malgré le bas taux de fécondité auquel on est parvenu, se profile à l’horizon une nouvelle explosion démographique.
3- L’enfant unique
Une telle perspective conduit les autorités à imposer le régime de l’enfant unique. Cette prétention est inouïe étant
donné que la société essentiellement paysanne est nataliste et prête à tout pour avoir une descendance mâle
(infanticide, enfants parias heihaizi…). La résistance est si violente que les autorités doivent autoriser à un second
enfant si le premier est une fille.
Dans les villes naissent les petits empereurs, ces fils uniques ultra gâtés.
Environ 70 % des ménages pratiquent la contraception, majoritairement par stérilisation. Les avortements par échec de
contraception restent importants.
La formation de la famille chinoise a été considérablement modifiée.
4- Démographie
Les composantes de la démographie varient en fonction des provinces, de la nature du peuplement, des traditions
culturelles…
Ainsi, le taux de natalité est plus bas à Shanghai qu’au Tibet (11.32 ‰ et 27.60 ‰). Les 13 provinces les plus peuplées
(Mandchourie et littoral) ont des taux inférieurs à la moyenne nationale. Les régions autonomes et 17 provinces ont des
taux supérieurs.
Les taux de mortalités sont plus resserrés et varient en fonction des structures par âge et du taux d’urbanisation.
D- Une société en mutation ?
La société chinoise, si opaque et nivelée depuis 1949, semble remonter vers le jour à partir de 1978, pour se retrouver à
nouveau bloquée depuis 1988 – 1989. Dix ans d’ouverture compromise par des contradictions (ouverture économique
/verrouillage politique, économie de marché /économie de commande…) qui aboutissent à la crise sociale et politique
de 1988 et à la répression de 1989.
L’ouverture, c’est d’abord celle d’une population tenue à l’écart pendant 30 ans. C’est surtout la télévision qui est à
l’origine de cette ouverture par des programmes internationaux et des séries américaines.
C’est aussi le déferlement sans contraintes des touristes de Hong Kong, Macao et Taiwan, qui montrent au peuple la
réalité de leur niveau de vie. C’est plus efficace que le modèle occidental qui demeure étranger.
La mutation est en même temps renforcée par l’élévation du niveau de vie et par une évolution de la structure de
consommation (voir le tableau n°5).
Ce sont aussi des libertés nouvelles comme celle des cultes et surtout celle de la libre circulation qui favorise le
brassage. Des turbulences sont provoquées par la décollectivisation de l’agriculture, l’introduction des mécanismes de
l’économie de marché, la création de secteurs privés… Au début positifs, ce nouveau dispositif produit des effets
pervers comme les inégalités accrues entre villes et campagnes, entre les provinces riches et pauvres…
Un tel contexte qui cumule les nuisances de l’économie de commande et les brutalités de l’économie de marché
constitue un terreau fertile d’une économie seconde (corruption, détournement, trafic..).
Géographie de la Chine
Pierre Trolliet
L’EMPRISE SUR LE MILIEU
E- L’agriculture
1- Les fondements géographiques
En Chine, compte tenu du nombre de la population, on parle d’une agriculture des limites. C’est nécessairement une
agriculture céréalière excluant le gros élevage et condamnée à l’intensification, indépendamment de la productivité du
travail.
La maîtrise de l’eau est la clef de l’ensemble. Ainsi, les hommes ont su imposer à la nature des systèmes de culture
intensifs que le climat ne favorisait pas. C’est le cas de la culture du blé dans la plaine du nord (pourtant sèche au
printemps), mais aussi de la riziculture à récoltes multiples.
L’irrigation concerne 45 /120 M d’hectares cultivés, mais elle ne semble plus progresser depuis les années 70
(épuisement des sources, démobilisations paysannes…).
L’intensification s’exprime aussi par le coefficient de multiplicité (environ 1.5 sur l’ensemble) sur une même parcelle.
Dans de telles conditions (parcellaires, densités humaines, contraintes de l’eau), la mécanisation est exclue et l’on
dispose de moins d’une tête de bétail de trait pour un hectare. Le repiquage du riz, la cueillette des feuilles de thé, les
semailles et les moissons sont des travaux manuels et féminins.
2- Société et économie rurales
En 1983, la dissolution des communes populaires s’est accompagnée de la redistribution de la terre cultivée aux
familles paysannes en usufruit, par des baux de 15 ans et diverses redevances (voir tableau n°6).
Un tel décollage agricole se manifeste aussi par une première redistribution de 400 M d’actifs. 200 M restent à la terre
et environ 100 M sont absorbés par d’autres activités rurales dans les entreprises des bourgs. Les 100 M restants sont la
population flottante à la recherche d’un emploi plus ou moins temporaire dans les villes.
Un seuil semble aujourd’hui atteint. La paysannerie est bloquée par la parcellisation, par les limites physiques, par
l’absence de régulation des prix. La course au profit immédiat est encouragée par la nouvelle idéologie et, elle est en
passe de transformer cette agriculture de si haute tradition en activité de pure et simple prédation.
3- La géographie agricole
Elle reste dans ses grandes masses calquée sur la géographie bioclimatique.
 Le nord-est (du Liaoning au Heilongjiang):
Ce sont les plus vastes plaines de Chine. La limitation thermique ne permet que des cultures d’été (soja 45% de la
production du pays et maïs 30%). C’est une des agricultures les plus mécanisées et les plus productives, conformément
au pays neuf que fut la Mandchourie.
 Le nord (Grande Plaine et pays du lœss) :
Il est caractérisé par la trilogie blé (54%)-maïs (40%)-coton (75%) en double récolte annuelle sur les terroirs les mieux
équipés, en trois récoltes tous les deux ans ailleurs. Dans les pays du lœss, la dominante est maïs et patate douce
(30%).
 Le centre (moyen du bas Yangzi) :
C’est l’apparition massive de la riziculture d’été qui se combine avec blé, colza ou engrais vert en hiver. Il passe à la
double riziculture (avec les progrès agronomiques et la densification humaine) et livre 60% du total national. C’est
aussi l’apparition des plantations de théiers (1er rang dans le pays).
 Le sud (du Fujian au Guangxi) :
Les plaines se réduisent mais les conditions climatiques autorisent une forte intensification avec la double riziculture
(parfois trois) suivie d’une culture d’hiver (légumineuses).
 Le sud-ouest (du Sichuan au Yunnan) :
Avec une topographie tourmentée (collines au Sichuan et reliefs karstiques ailleurs) et une moindre pluviométrie, la
belle polyculture traditionnelle des collines du Sichuan (riz, blé, légumineuses, tubercules…) est en rupture d’équilibre
par la surcharge humaine et l’aggravation de l’érosion/ pollution. Les territoires propices au riz/ blé du Guizhou et du
Yunnan sont très limités.
 Le nord-ouest et le Tibet :
Altitudes et aridité confinent l’agriculture à des niches comme les vallées orientales et méridionales du Tibet (orge,
pois, navets), les oasis du Xinjiang (céréaliculture, coton, cucurbitacées), les périmètres irrigués à partir du fleuve
jaune du Ningxia et de Mongolie, les fronts pionniers du nord des Tianshan et du Qinghai.
L’ensemble de ce dispositif agroalimentaire est traversé par les effets de la décollectivisation et de la politique
d’ouverture qui déclenchent l’urbanisation. On peut désormais distinguer une agriculture péri-urbaine qui s’est
largement étendue à la faveur de l’incorporation de très nombreux district ruraux aux municipalités urbaines depuis
1984.
Au cœur des grandes plaines céréalières traditionnelles (nord-est, grandes plaines du nord, plaines des bassins lacustres
du Hunan-Jiangxi…), l’état investit en priorité dans ces centaines de bases de céréales marchandes et des produits
agricoles pour l’exportation (textiles), c’est un vecteur important pour la diffusion des progrès agronomiques.
Fermes d’état et collectifs représentent 5% et 10% des surfaces cultivées. Ils se distinguent par leurs cultures
industrielles, leurs innovations spéculatives (vignes, plantations tropicales…) et leurs complexes agroalimentaires.
Dans les campagnes profondes, la mise en œuvre et les lois du marché condamnent à la stagnation ou à la misère.
L’enclavement et la sévérité des conditions culturales font des pays du lœss et des pays du karst des poches de
pauvreté. Cet enclavement caractérise aussi des espaces au sein de la Chine agricole réputée développée (Yangzi,
Guangdong).
F- La mobilisation des ressources énergétiques
1- Les combustibles minéraux
 Le charbon :
Il est à la base de l’industrialisation du nord et du nord-est depuis la fin du 19e. Après un nouvel essor des années 50
(coopération soviétique), l’aide japonaise et occidentale des années 80 fait du Shanxi une province énergétique (33%
des réserves du pays).
Ce pays noir se prolonge en Mongolie vers l’Ordos et vers l’est, avec la mise en œuvre de 5 mines géantes à ciel
ouvert.
Au total, ce sont plus de 2 000 houillères d’état, dont une vingtaine livre chacune plus de 10 M de tonnes /an,
concentré dans le quart nord/ nord-est du pays.
 La production pétrolière :
Elle a été amorcée avec la coopération soviétique dans les années 50. Elle change d’échelle dans les années 1960-1970,
passant de 11 M à 104 M. mais depuis, un palier a été atteint, inférieur à 140 M de tonnes.
Depuis 1982, il y a une grande activité offshore avec une quarantaine de compagnies étrangères, surtout en mer de
Chine Méridionale.
L’exploration du Xinjiang, réactivée depuis la fin des années 70 est plus fructueuse.
Actuellement, Daqing (Heilongjiang) est le principal producteur (55 M de tonnes). La production de Shengli
(Shandong) est en plein développement, comme les différents bassins du Hebei (voir tableau n°7).
Le pétrole est aussi la principale source de devise de la Chine, qui doit alors maintenir un certain seuil alors que la
production plafonne et que les besoins intérieurs sont de moins en moins satisfaits.
2- Hydroélectricité et électricité nucléaire
La production d’électricité est au ¾ d’origine thermique et, le potentiel hydroélectrique pourtant immense n'est
exploité qu'à 5%.
La production qui dépasse 120 milliards de KW/ h est pour 60% le fait de la Chine centrale et méridionale. Cela
corrige un peu le déséquilibre géographique.
Les premières grandes centrales hydroélectriques sont de construction japonaise (1930-40) en Mandchourie :
Dafengman sur le Soungari, Shuifeng sur le Yalu.
Puis, elles sont soviétiques et mieux réparties du nord au sud : Sanmen, Liujiaxia sur le Fleuve Jaune ; Dajiangkou sur
la Han ; Gongzui sur le Dadu…
Dans les années 70, on érige le premier barrage au Yangzi, au débouché des gorges du Sichuan, à Gezhou.
Dans les années 80, un vaste programme hydroélectrique bénéficie des prêts de la Banque Mondiale et de
l’intervention de compagnies étrangères : une vingtaine de centrales sont en chantier, surtout sur le réseau SichuanGuizhou-Yunnan-Guangxi, mais aussi sur la façade sud-est qui était jusque là paralysée par l’état de guerre avec
Taiwan.
Les années 80 sont aussi celles du nucléaire civil.
Il semble qu’un programme nucléaire soit le seul qui soit en moyen de réduire la crise énergétique du pays.
En ce qui concerne les énergies de substitution, l’essentiel se trouve au Tibet avec l’énergie géothermique, la
production de biogaz est domestique, l’énergie des marées n’a pas de succès, alors que l’énergie éolienne n’est utilisée
qu’en Mongolie ; l’énergie solaire est exploitée ça et là.
3- Le bilan énergétique
 Composition et structure de la consommation :
Voir tableau n°8.
Le bilan énergétique reste fondé sur le charbon malgré le décollage pétrolier des années 70 et le potentiel
hydroélectrique.
Voir tableau n°9.
Deux types de société s’expriment à travers ces chiffres.
L’industrie chinoise consomme plus des 2/3 de l’énergie du pays, proportion qui est en France celle des secteurs
tertiaires, domestique et transports.
La pénurie d’énergie en Chine procède pour beaucoup à de nombreuses pertes, de la faible productivité et du médiocre
rendement de l’appareil industriel dont les modes de gestion n’arrangent rien. Le système des prix est incohérent :
l’état maintient des prix très bas à la source qui laissent ne marge insuffisante pour améliorer les équipements et pour
encourager la productivité.
En Chine comme partout, la course à l’énergie doit commencer par la réduction du gaspillage, l’innovation
technologique et l’éducation des consommateurs. Elle doit surtout viser à un développement autre.
G- Les transports
1- Les transports terrestres
Ils sont depuis longtemps affrontés à la dimension continentale et au relief excessif du pays.
Avec l’héritage occidental et japonais d’avant guerre et l’aide soviétique, le réseau ferroviaire est la clef de voûte des
transports modernes en Chine populaire. Malgré les progrès de désenclavement, l’engorgement est certain.
Aujourd’hui, la Banque Mondiale finance le programme ferroviaire mais, rentrent dans ce jeu des critères de rentabilité
qui privilégient l’équipement des régions côtières.
L’équipement ferroviaire n’a qu’une faible densité, surtout au sud et à l’ouest. On est confronté à de nombreux
problèmes, comme la modernisation des lignes, la lenteur des trains, la vétusté des wagons. Il faut donc moderniser les
voies actuelles, surtout les lignes de l’est, et poursuivre la construction de nouvelles lignes.
La construction routière a eu, elle, une énorme ampleur avec une longueur multipliée par 13 depuis 1949. Mais le
retard reste grand. Elles s’organisent en réseaux dans chaque province, rayonnant à partir de la capitale. Avec la futur
explosion du parc automobile, l’effort se porte vers la création de grands axes routiers.
2- Les transports par eau
Ils sont de haute tradition dans cette Chine qui a presque tout inventé en matière de navigation et construit la plus
grande voie d’eau du monde (le Grand Canal Impérial).
La navigation intérieure n’écoule que 20% du fret national. Il est concentré à 75% dans le bassin du Changjiang. Les
35 000 km de canaux ne concernent que les provinces du Jiangsu et du Zhejiang.
Les ports maritimes sont l’armature essentielle de l’ouverture et de la stratégie littorale, ils sortent d’un verrouillage de
trente ans.
Equipement et développement portuaire sont les principaux objectifs de la Chine de la fin du 20e. Les priorités sont le
développement des ports du nord et la modernisation du port de Shanghai.
Au début des années 90, les priorités se tournent vers le sud avec le développement spectaculaire de Ningbo (qui
désengorge Shanghai). On crée un port en eau profonde à Meizhou (Fujian), agrandit les ports de Shantou, Shenzhen,
Zhanjiang et, on équipe Hainan.
En 1991, la Chine disposait de 215 ports maritimes, dont plus de 150 ouverts au commerce international et 52
accessibles aux navires étrangers.
3- Le développement des transports aériens
C’est la manifestation la plus spectaculaire de l’ouverture de la Chine à la fin des années 70. Le réseau (intérieur et
international) de 45 000 km en 1974 atteint 150 000 km en 1978.
Le réseau international est passé du principe idéologique et géopolitique (1950-70) avec Moscou, Bucarest, Pyong
Yang, Hanoi, Phnon Penh… à un principe commercial universel. Le flux le plus important est le flux touristique.
Le réseau intérieur a dû faire face au flux touristique de masse qui a entraîné la création de plusieurs dizaines de
lignes, la rénovation du parc et le sous-équipement des aéroports.
Ce sous-équipement contribue à la congestion du trafic, généralement paralysé en cas de mauvais temps.
La métamorphose de l’aviation civile chinoise c’est aussi celle de l’administration et de sa gestion. Jusqu’en 1987, la
CAAC coiffait l’ensemble, mais ce monstre bureaucratique a dû laisser la place à 6 nouvelles compagnies.
Dans le même temps, la Chine accède à l’industrie aéronautique civile : le dispositif militaro-industriel (Harbin,
Shenyang, Xian) a permis la mise au point des premiers aéronefs civils.
H- L’organisation de l’espace
1- Provinces et régions
Les provinces chinoises, en plus de leur taille, sont de véritables petites patries : dialectes multiples, pratiques
culturelles, traditions culinaires… sont autant de composantes d’une conscience identitaire qui perdure. Là est la réalité
et la profondeur de la géographie humaine et régionale qui ne s’exprime pas par des chiffres.
C’est si vrai que les différentes tentatives de rassemblement des provinces (« six grandes régions administratives »,
« six régions de la coopération économique »…) ont été éphémères.
2- Les stratégies territoriales
La première stratégie territoriale a été mise en œuvre dans le sens militaire du terme.
C’est la stratégie « de la 3e ligne de défense » des années 60-70 qui fit du palier central (du Shanxi au Yunnan) le
nouvel axe militaro-industriel du pays où ont été délocalisés ou crées des entreprises importantes de toutes natures.
Les années 80, dans une conjoncture géopolitique différente, vont prendre le contre-pied de cette stratégie.
L’ouverture au commerce international et aux capitaux étrangers s’inscrit dans le 6e plan (1981-85).
Le 7e plan va plus loin en distinguant trois grandes zones méridiennes :
- Une façade maritime : elle compte 9 provinces et 400 M d’habitants qui élaborent plus de 50% de la valeur de la
production agricole et industrielle du pays. Elle porte l’essentiel des espaces d’ouverture (ZES, ports ouverts…).
- Une zone centrale : elle compte 9 provinces et 380 M d’habitants. On lui assigne la mise en valeur de ses richesses
énergétique et autres matières premières.
- Une zone occidentale : ce sont les neuf autres provinces et régions autonomes qui portent 240 M d’habitants. Elle
doit faire avec ce qu’elle a.
Cette politique contribue au renforcement du pouvoir des provinces : la dynamique de l’ouverture a contraint le
pouvoir central a leur laisser plus d’autonomie pour le commerce international, les contrats avec l’étranger… A tel
point que les provinces les plus riches (littorales, surtout) se comportent à leur tour comme des puissances par rapport
aux autres provinces. Ainsi, le Guangdong investit dans le Shanxi, dans le Guizhou, dans le Sichuan…
3- Stratégie littorale et armature industrielle
L’histoire a façonné la géographie industrielle de la Chine.
L’héritage occidental et japonais s’est traduit par un ancrage décisif de l’industrie et par le développement ferroviaire
et portuaire, mais en privilégiant la façade littorale et dont Shanghai était l’emblème.
La RP s’est efforcée de corriger un tel déséquilibre par l’industrialisation des capitales provinciales et par l’équipement
de pôles industriels fondés sur l’industrie lourde. Mais ce déséquilibre persistait encore à la fin des années 70.
La nouvelle politique des années 80 veut continuer à développer la façade littorale pour tirer le pays dans son ensemble
et ce, avec l’aide des technologies et des capitaux étrangers. On va ouvrir cette Chine maritime avec les 4 ZES
(Shenzhen, Zhuhai, Shantou et Xiamen). Puis, 14 autres ports s’ouvrent à leur tour, les choses progressent.
Les grands traits de la géographie industrielle se dessinent ainsi :
- Un premier axe intérieur ( de Zhenzhou à Xian et Lanzhou) : industries textiles et mécaniques, électronique,
pétrochimie, aéraunotique…
- Un second axe intérieur (de Nanjing à Wuhan et Chongqing) : pétrochimie, industries mécaniques et chimiques,
électronique…
- Quelques grands centres provinciaux (Changchun, Taiyuan, Chengdu, Kunming) : automobiles, sidérurgie, chimie,
métaux non ferreux…
- Diverses poches autours d’importantes matières premières (Daqing, Baotou, Datong) : pétrole, fer, charbon…
- Un foyer intérieur (Shenyang, Anshan) : complexe mécanique, complexe sidérurgique….
- Les foyers du littoral (Shanghai, Hainan, Fujian)
Les foyers du littoral ont connu un essor fulgurant.
 Shanghai :
Ses 7 villes satellites et les villes de sa mouvance élaborent 20% de la valeur de la production industrielle chinoise.
Shanghai est le centre le plus diversifié du pays : sidérurgie, pétrochimie, électronique, ordinateur… Pudong, la
nouvelle zone, concentre tous les espoirs.
 Le littoral du Bohai et du Shandong :
Il est en cours de réorganisation. Ce sont des grandes villes portuaires avec des industries mécaniques, chimiques et
textiles. Mais à l’heure de la réforme, avec ses entreprises d’état et son éloignement, c’est le parent pauvre de la façade
littorale.
 Le pays cantonais et Hainan :
C’est là où se trouvent les ZES. La métropole, Canton, vit maintenant à l’heure de Hong Kong.
 Le littoral du Fujian :
Il connaît la mutation la plus spectaculaire. Ancien foyer de navigation de la Chine de Marco Polo, aire d’émigration,
espace verrouillé au temps des conflits avec Taiwan, c’est en 1980 le siège de la ZES de Xiamen. Depuis 1987, c’est le
premier espace de délocalisation des industries de Taiwan.
4- La question des régions géographiques
La configuration géographique de la Chine reste fondée sur la distinction entre une Chine extérieure de l’ouest et une
Chine des dix-huit provinces quelque peu élargie.
A l’ouest, des entités géographiques unanimement reconnues (Xinjiang, Ningxia, Tibet, Qinghai), et d’autres (Gansu et
Mongolie intérieure) dont les réalités géographiques ne correspondent plus au cadre administratif (la moitié orientale
de la Mongolie appartient désormais à la Chine du nord industrielle et agricole).
A l’est, des pays neufs comme le nord-est et l’île de Hainan, des ensembles enclavés (pays de lœss, Sichuan et
provinces du sud-ouest), une façade littorale différenciée (Bohai, Shandong, Zhejiang, Fujian, Guangdong)...
Ces ensembles régionaux sont eux-mêmes fondés, au moins en Chine orientale, sur une trame provinciale.
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