
Jusqu’à l’effondrement de l’Union soviétique, le soutien mutuel entre Cuba et l’URSS permet
à Cuba de faire face à l’embargo tout en réalisant un certain nombre de mesures en faveur de
la population cubaine : disparition de l’analphabétisme, gratuité des soins de santé… Avec la
chute de l’URSS, Cuba va se retrouver d’autant plus isolée et confrontée encore plus
directement aux difficultés liées à l’embargo : les meilleurs médecins de la planète mais
aucun médicament dans les pharmacies... L’ouverture accrue au tourisme, décidée par Castro
après l'effondrement de l'URSS, a vocation à relancer l’économie cubaine mais la contrepartie
de ce tournant économique est le développement chez les cubains d’une vision déformée du
monde extérieur, l’impression que tout est mieux ailleurs qu’à Cuba. Or, malgré les difficultés
économiques, les dysfonctionnements du régime et en particulier l’absence de libertés
démocratiques (pas de liberté d’association, ni de liberté d’expression, l’accès à internet est
contrôlé…), Cuba reste un pays où peu de gens meurent de faim et où l’ensemble de la
population dispose d’un logement à coût très réduit, bénéficie d’une éducation et de soins de
qualité.
Aujourd’hui, Cuba est redevenue une économie sucrière dépendante d’un marché unique
qu’est le marché du sucre, avec peu de possibilités d’en sortir. Mais Cuba ne dépend plus
uniquement d’un seul partenaire et est parvenue à développer une insertion « polycentrique »
autour de trois axes que sont le Venezuela, la Chine et quelques pys développés.
Au moment de la chute de l’URSS et du « camp socialiste », nombreux furent ceux qui
pensaient que le socialisme allait s’effondrer à Cuba également. Mais, les dirigeants cubains
ont vite vu que l’option à suivre était de résister par tous les moyens : c’était à la fois
nécessaire et possible. Dès 2005, dans un discours, Fidel Castro affirme que les cubains eux-
mêmes peuvent détruire « leur socialisme », notamment à cause de la corruption. Plus que de
corruption, il conviendrait de parler de super étatisation, de bureaucratisation et de
routinisation du système, autant de dangers que Cuba devra surmonter pour poursuivre la
construction d’un modèle de société qui ne soit pas celui d’une société capitaliste reposant sur
l’exploitation de l’homme par l’homme. De plus, la politique d’encerclement des Etats-Unis
demeure même si le centre principal de cette politique a tendance à se déplacer vers le
Venezuela qui dispose des secondes plus grandes réserves mondiales de pétrole et qui fait
partie des principaux fournisseurs des Etats-Unis en la matière. Une agression militaire directe
des Etats-Unis ou leur soutien à un coup d’Etat militaire à Cuba ou au Venezuela continuent
de constituer un risque réel et une menace pour l’ensemble des processus progressistes à
l’œuvre en Amérique centrale et du Sud.
Le poids de l’embargo des Etats-Unis
L'embargo des États-Unis contre Cuba (« el bloqueo » = « le blocus ») est un embargo
économique, commercial et financier à l'égard de Cuba par les Etats-Unis. En 2009, il est
toujours en place, faisant de lui le plus long embargo commercial de l'histoire moderne. Il a
été renforcé sous la présidence de George W. Bush, mais légèrement assoupli sous la
présidence de Barack Obama : en mars 2009, le Congrès autorise les citoyens américains
d'origine cubaine à se rendre à Cuba une fois par an ; puis, le 13 avril 2009, le président
annonce la fin des restrictions sur les voyages et les transferts d'argent des Américano-
Cubains vers l'île. Il est toujours interdit d'envoyer de l'argent à des membres de la fonction
publique ou de l'armée cubaine, et l'embargo est, pour sa plus grande partie, maintenu.
L’objectif de cet assouplissement n’est autre que de renforcer l’asphixie du pays et d’accroître
les contradictions dans la société cubaine entre acquis réels de la révolution et illusions que le
monde extérieur est paradisiaque. L’assouplissement de l’embargo et les mesures prises par