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8 MARS 2011
Au printemps 2008,
Pierre Gaulin subit un scan dont lesultat indique une pierre
au rein de 10 millimètres. Sauf que son urologue ne len informe
pas. « Je ne lapprendrai quau printemps 2010, par un collègue
de cet urologue, lorsque jirai récupérer mon dossier médical »,
mentionne-t-il.
Entre-temps, la pierre au rein grossit, douloureusement.
À lautomne 2009, le patient consulte un urologue dune autre
clinique. Des examens confirment la présence de lobjet, qui
fait maintenant 19 millimètres. « Trop tard pour léclatement,
le médecin mannonce la nécessité de lopération », se rappelle
Pierre Gaulin.
Lopération, prévue pour le printemps 2010, est annulée
cinq fois : « le médecin doit opérer durgence un autre patient,
la chambre prévue n’est plus disponible, et toutes sortes dautres
raisons », précise-t-il.
Pendant ce temps, la pierre au rein a la fâcheuse manie de
grossir, de durcir et de provoquer des douleurs inhumaines.
Allons voir ailleurs si le gazon est plus tendre et le ciel, plus
bleu. Cest à Cuba que Pierre Gaulin sera opéré. « J’ai effectué
des recherches sur le tourisme médical, souligne sa conjointe
Suzanne Daoust, par ailleurs notaire et conseillère en assurance
pour les particuliers chez Desjardins Sécurifinancière. Jai
repéune entreprise qui se spécialise comme intermédiaire
entre les Québécois et les cliniques cubaines. »
Départ vers la Havane le 24 mai 2010. Rendez-vous à la
Clinica Cira Garcia, « recommandée par des amis cubains,
Manque-t-il un
produit à l’offre
d’assurance ?
ANDRÉ GIROUX
AssurAnce
TOURISME
M É D I C A L
MARS 2011 9
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précise Suzanne Daoust. Avant de partir, nous avons obtenu
la confirmation de spécialistes cubains que lopération pouvait
être pratiquée, et nous avons reçu la liste des examens prépa-
ratoires à subir ».
Ces tests commencent au lendemain de larrivée à Cuba.
Les médecins pratiquent lopération trois jours plus tard. Retour
au Québec le 14 juin. « Lors de notre jour à Cuba, raconte
Suzanne Daoust, j’ai partagé la chambre de mon mari. Elle était
dotée dune salle de bain privée, d’une tévision satellite et d’un
ordinateur afin que nous puissions communiquer avec nos
parents et amis québécois. La propreté des lieux était de rigueur.
De plus, un médecin parlant français a traduit les informations
données par le médecin cubain. »
Hormis les billets davion, le séjour à Cuba – hébergement,
alimentation et soins compris a coûté 3 880 $ canadiens au
couple. Au moment de mettre sous presse, celui-ci avait obtenu
de la Régie de lassurance-maladie du Québec (RAMQ) un
remboursement de 1 319 $.
AssurAnce
TOURISME
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10 MARS 2011
Le deuxième urologue qua rencontré Pierre Gaulin a accepté
dassurer le suivi au retour du patient au Canada. « Il a reconnu
que les médecins cubains avaient accompli du bon travail, men-
tionne le patient voyageur. Quant à nous, nous sommes satisfaits
des services obtenus. »
Que retient Suzanne Daoust de cette expérience ? « Qu’au
Québec, les solutions à moyen et à long terme ne sont daucun
secours pour les malades daujourdhui. »
Le service de Liaison Québec-cuba
Lentreprise Services de santé International SSI (Servimed),
sise à Québec, a assuré le lien entre le couple Gaulin-Daoust
et les médecins cubains. « Nous n’assurons des liens qu’avec
Cuba, indique Lucie Vermette, présidente-directrice générale
de lorganisme. La réputation du système de santé cubain, la
proximité entre le Québec et Cuba (moins de quatre heures de
vol) et les coûts abordables motivent ce choix. »
Ses clients présentent trois types de besoins : contourner
les délais dattente du système hospitalier québécois, réduire les
coûts par rapport à ce quil en cterait dans la Belle Province
ou obtenir des soins carrément inaccessibles ici. « Sauf excep-
tion, la RAMQ ne couvre pas les soins esthétiques, mentionne
Lucie Vermette. Or, les coûts sont beaucoup plus élevés ici qu’à
Cuba. Dautres maladies, dont latinite pigmentaire (qui peut
rendre aveugle), sont traitées à Cuba, mais pas au Québec. »
Depuis sa création en janvier 2007, SSI a traité près de
400 dossiers. « Nous nous occupons de tout, explique
Lucie Vermette. Dès le premier appel du client, nous fournis-
sons toutes les informations et lui recommandons vivement
de prendre un temps de réflexion avant de confirmer sa ci-
sion de se faire traiter à l’étranger. Cette pratique demeure
très controversée. »
Sil maintient sa décision, le client doit fournir ses dossiers
médicaux à SSI et répondre à un questionnaire complet sur
son état de santé. SSI traduit le tout avant de le transmet-
tre aux médecins cubains. « Sept à dix jours plus tard, nous
recevons un programme médical personnalisé et détaillé.
Ce document mentionne les tests requis en territoire cubain,
la due de lhospitalisation et les cts. Nous fixons ensuite
la date de départ avec notre client; il nexiste pas de longues
files dattente à Cuba. »
Le coût des services douverture de dossier de SSI : 450 $.
« Cela inclut la traduction de tous les documents, tant ceux en
provenance du Québec que de Cuba, laccueil et le transport
du client de laéroport à lhôpital cubain, la réservation des
billets davion, etc., énumère Lucie Vermette. De plus, nous
demeurons lagence de liaison pendant les cinq années qui
suivent le retour au pays. »
Quant au suivi au Québec, « nous demandons à nos clients
de prendre entente avec leurdecin de famille ou un médecin
de CLSC avant leur départ pour Cuba. La réponse à cet égard
est généralement très bonne ».
Lélimination de la pierre au rein de Pierre Gaulin a coû
près de 6 000 $, incluant les services de SSI, deux billets davion
aller-retour et les frais médicaux à Cuba. Le remboursement
partiel de 1 319 $ est rare, opine Lucie Vermette. « À moins
dun accident ou dune maladie survenus sur place, pendant un
voyage d’affaires ou de vacances, rarement la RAMQ rembourse
les frais de santé provenant de létranger. Nous suggérons tout
de même à nos clients denvoyer leur facture dans lespoir que les
gouvernements comprendront un jour que les Québécois ne se
rendent pas se faire soigner à létranger par caprice. »
un manQue dans Loffre d’assurance
Aucune assurance n’aurait pu répondre aux besoins du couple
Gaulin-Daoust. Les assurances maladies complémentaires à
celles de la RAMQ fonctionnent sur leme principe : lassuré
nest couvert que dans les cas de maladie ou daccident requérant
des soins urgents à l’étranger. Le « tourisme médical » ne pond
pas à cette définition. De plus, la pierre aux reins ne fait pas partie
des maladies couvertes par lassurance maladie grave.
« Lassurance tourisme médical n’existe pas, précise
Nathalie Tremblay, chef des produits en assurance santé chez
Desjardins Sécurité financière. Ce qui existe, c’est lassurance
maladie grave. Lassuré qui reçoit un diagnostic de lune des
maladies inscrites à son contrat dassurance reçoit une somme
forfaitaire. Il peut lutiliser comme il le veut, sans aucune
restriction. Il peut évidemment y recourir pour recevoir des
soins à létranger, mais il peut aussi s’en servir pour compenser
les dépenses inhérentes à sa maladie. Par exemple, une femme
atteinte d’un cancer du sein pourra vouloir s’acheter une per-
ruque pour compenser la perte de ses cheveux. »
Assurance tourisme médical
Aucune AssurAnce sur
le mArché nAurAit pu
répondre Au besoin de
m. GAulin, trAité à cubA
fAute d’obtenir les soins
à temps Au Québec.
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12 MARS 2011
« Une personne atteinte de maladie grave perdra
inévitablement des revenus, alors que ses dépenses
augmenteront. Or, lassurance invalidité ne compense
que partiellement la perte de revenus. Quant aux
dépenses liées à la maladie, elles demeurent souvent
supérieures à celles liées au travail. De plus, cette
assurance ne s’adresse pas au conjoint, qui voudra
peut-être ou devra réduire ses activités professionnel-
les, et par conquent ses revenus, afin de prendre soin
de son conjoint. L’assurance maladie grave permet de
compenser cette diminution de revenu. »
Si lassurance maladie complémentaire ne couvre
pas les soins obtenus par la télémédecine et la télé-
adaptation, lassurance maladie grave le fera si, bien
sûr, le mal dont est atteint le patient fait partie de la
liste prévue au contrat.
« Ce type dassurance est beaucoup plus utilisé pour
les cancers que pour le tourisme médical », précise
Mme Tremblay. La prestation est versée 30 jours après le
diagnostic et peut atteindre de 25 000 $ à deux millions
de dollars. « Elle atteint en moyenne 100 000 $. »
La Croix Bleue fait aussi partie des assureurs
offrant ce produit. « On peut y souscrire pour un enfant
de 30 jours, et jusqu’à 65 ans », mentionne Guy Papillon,
vice-président aux ventes et aux projets spéciaux.
« Ladmissibilité se termine à l’âge de 100 ans. »
Assurance tourisme médical
Maladies couvertes par Desjardins
Dans le cadre de son assurance maladie grave « Vision » (75 ans)
Troubles
cardiovasculaires
Accident cérébrovasculaire
Chirurgie coronarienne
Crise cardiaque
Cancer/Tumeur Cancer
Tumeur cérébrale bénigne
Troubles
neurologiques
Coma
Maladie d’Alzheimer
Maladie du neurone moteur
Maladie de Parkinson
Paralysie
Sclérose en plaques
Greffe/Insuffisance
Insuffisance d’un organe vital
nécessitant une greffe
Transplantation d’un organe vital
Insuffisance rénale
Maladies
infectieuses
Fasciite nécrosante (bactérie mangeuse de chair)
Infection à E. coli (maladie du hamburger)
Maladie de Lyme
Virus du Nil occidental
Autres
Brûlures sévères
Cécité
Infection au VIH dans le cadre de l’emploi
Perte de membres ou de la parole
Surdité
Maladies couvertes par la Croix-Bleue
La Croix-Bleue offre trois programmes qui ressemblent au programme
100 ans de Desjardins, avec les exceptions suivantes :
La protection de base . Elle ne couvre que les maladies suivantes : accident vasculaire cérébral,
cancer, chirurgie coronarienne, crise cardiaque et insuffisance rénale.
La protection de Luxe pour aduLtes de pLus de 16 ans . Elle n’inclut pas les maladies
infectieuses et ne couvre qu’une seule des maladies détectées à un stade précoce, l’angioplastie
coronarienne.
La protection muLtipLe pour enfants. À la protection de luxe pour adultes de la Croix-
Bleue s’ajoutent l’autisme, le diabète de type 1, la dystrophie musculaire, la fibrose kystique et
la paralysie cérébrale.
À l’exception de la surdité, l’option 100 ans de lassurance maladie
grave « Vision » de Desjardins offre toutes les protections
précédentes en plus de celles-ci : la chirurgie de l’aorte, le
remplacement des valves du cœur, l’anémie aplastique, la méningite
bactérienne et la perte dautonomie. Lassurance couvre aussi
certaines maladies détectées à un stade précoce : langioplastie
coronarienne, le cancer précoce de la prostate, le carcinome
canalaire in situ du sein et le mélanome malin superficiel.
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