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10 MARS 2011
Le deuxième urologue qu’a rencontré Pierre Gaulin a accepté
d’assurer le suivi au retour du patient au Canada. « Il a reconnu
que les médecins cubains avaient accompli du bon travail, men-
tionne le patient voyageur. Quant à nous, nous sommes satisfaits
des services obtenus. »
Que retient Suzanne Daoust de cette expérience ? « Qu’au
Québec, les solutions à moyen et à long terme ne sont d’aucun
secours pour les malades d’aujourd’hui. »
Le service de Liaison Québec-cuba
L’entreprise Services de santé International SSI (Servimed),
sise à Québec, a assuré le lien entre le couple Gaulin-Daoust
et les médecins cubains. « Nous n’assurons des liens qu’avec
Cuba, indique Lucie Vermette, présidente-directrice générale
de l’organisme. La réputation du système de santé cubain, la
proximité entre le Québec et Cuba (moins de quatre heures de
vol) et les coûts abordables motivent ce choix. »
Ses clients présentent trois types de besoins : contourner
les délais d’attente du système hospitalier québécois, réduire les
coûts par rapport à ce qu’il en coûterait dans la Belle Province
ou obtenir des soins carrément inaccessibles ici. « Sauf excep-
tion, la RAMQ ne couvre pas les soins esthétiques, mentionne
Lucie Vermette. Or, les coûts sont beaucoup plus élevés ici qu’à
Cuba. D’autres maladies, dont la rétinite pigmentaire (qui peut
rendre aveugle), sont traitées à Cuba, mais pas au Québec. »
Depuis sa création en janvier 2007, SSI a traité près de
400 dossiers. « Nous nous occupons de tout, explique
Lucie Vermette. Dès le premier appel du client, nous fournis-
sons toutes les informations et lui recommandons vivement
de prendre un temps de réflexion avant de confirmer sa déci-
sion de se faire traiter à l’étranger. Cette pratique demeure
très controversée. »
S’il maintient sa décision, le client doit fournir ses dossiers
médicaux à SSI et répondre à un questionnaire complet sur
son état de santé. SSI traduit le tout avant de le transmet-
tre aux médecins cubains. « Sept à dix jours plus tard, nous
recevons un programme médical personnalisé et détaillé.
Ce document mentionne les tests requis en territoire cubain,
la durée de l’hospitalisation et les coûts. Nous fixons ensuite
la date de départ avec notre client; il n’existe pas de longues
files d’attente à Cuba. »
Le coût des services d’ouverture de dossier de SSI : 450 $.
« Cela inclut la traduction de tous les documents, tant ceux en
provenance du Québec que de Cuba, l’accueil et le transport
du client de l’aéroport à l’hôpital cubain, la réservation des
billets d’avion, etc., énumère Lucie Vermette. De plus, nous
demeurons l’agence de liaison pendant les cinq années qui
suivent le retour au pays. »
Quant au suivi au Québec, « nous demandons à nos clients
de prendre entente avec leur médecin de famille ou un médecin
de CLSC avant leur départ pour Cuba. La réponse à cet égard
est généralement très bonne ».
L’élimination de la pierre au rein de Pierre Gaulin a coûté
près de 6 000 $, incluant les services de SSI, deux billets d’avion
aller-retour et les frais médicaux à Cuba. Le remboursement
partiel de 1 319 $ est rare, opine Lucie Vermette. « À moins
d’un accident ou d’une maladie survenus sur place, pendant un
voyage d’affaires ou de vacances, rarement la RAMQ rembourse
les frais de santé provenant de l’étranger. Nous suggérons tout
de même à nos clients d’envoyer leur facture dans l’espoir que les
gouvernements comprendront un jour que les Québécois ne se
rendent pas se faire soigner à l’étranger par caprice. »
un manQue dans L’offre d’assurance
Aucune assurance n’aurait pu répondre aux besoins du couple
Gaulin-Daoust. Les assurances maladies complémentaires à
celles de la RAMQ fonctionnent sur le même principe : l’assuré
n’est couvert que dans les cas de maladie ou d’accident requérant
des soins urgents à l’étranger. Le « tourisme médical » ne répond
pas à cette définition. De plus, la pierre aux reins ne fait pas partie
des maladies couvertes par l’assurance maladie grave.
« L’assurance tourisme médical n’existe pas, précise
Nathalie Tremblay, chef des produits en assurance santé chez
Desjardins Sécurité financière. Ce qui existe, c’est l’assurance
maladie grave. L’assuré qui reçoit un diagnostic de l’une des
maladies inscrites à son contrat d’assurance reçoit une somme
forfaitaire. Il peut l’utiliser comme il le veut, sans aucune
restriction. Il peut évidemment y recourir pour recevoir des
soins à l’étranger, mais il peut aussi s’en servir pour compenser
les dépenses inhérentes à sa maladie. Par exemple, une femme
atteinte d’un cancer du sein pourra vouloir s’acheter une per-
ruque pour compenser la perte de ses cheveux. »
Assurance tourisme médical
Aucune AssurAnce sur
le mArché n’AurAit pu
répondre Au besoin de
m. GAulin, trAité à cubA
fAute d’obtenir les soins
à temps Au Québec.