ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE
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ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE
Annexe I. Documents
Texte 1. "Les Inconnus", Combat, n° spécial, janvier 1943
Texte 2. "Le temps de l'épreuve", Combat, janvier 1943 (Henri Frenay)
Texte 3. "Union pour la guerre de France", Bulletin interne des mouvements
unis, 27 mai 1943
Texte 4. "D'abord l'Honneur", Combat, septembre 1943 (Claude Bourdet)
Texte 5. "Où va la Résistance ?", Combat, février 1944
Texte 6. "Tribune libre", La Marseillaise, juin 1944
Texte 7. "Les bombardements Anglo-Américains", Provence Libre, n°5, 1er juin
1944
Texte 8. "La guerre, cette chose ignoble", La Libre Comté, août 1944
Texte 9. "Pendant trois heures ils ont fusillé des Français", Combat, mai 1944
(Albert Camus)
Texte 10. "La vertu d'intransigeance", La Marseillaise, juillet 1944
Texte 11. "Ne ternissons pas notre idéal", La Libre Com, mai 1944
Texte 12. "Après la bataille du Mont-Mouchet", Le Mur d'Auvergne, 20 juin
1944
Texte 13. "N'attendez plus le jour J", La Libre Comté, 15 juillet 1944
Texte 14. "Appel à l'unité", Provence Libre, 30 juin 1944
Texte 15. "Dernière halte", Le Mur d'Auvergne, août 1944
Texte 16. "Henri Frenay au CFLN", "François de Menthon", "Emmanuel
d'Astier", Combat, décembre 1943
Texte 17. "Veillée d'armes", Combat, septembre 1943
Annexe II. Occurrences et fréquences. Tableaux diachronique et
synchronique
Annexe III. Répartition thématique des formes lexicales
Description des thèmes, graphiques et tableaux des écarts à l'indépendance
Annexe IV. L'analyse des spécificités. Tableaux diachronique et
synchronique
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Annexe I. Documents
Texte 1
"Les Inconnus", Combat, n° spécial, janvier 1943
"L’Histoire, un jour, dira ce que furent les chefs, les cadres, les
soldats de la sistance. Dès aujourd’hui la France doit connaître ceux qui
luttent, travaillent et demain vaincront. Ceux qui, n’ayant pas eu le
privilège d’être, en juin 1940, en dehors de la métropole, et qui, sans
relâche, ont, en France, continué la lutte.
Beaucoup ont combattu de 1914 à 1918 ou de 1939 à 1940. Ils
savent maintenant combien le courage anonyme, le courage isolé est plus
dur, plus difficile à atteindre que le courage en plein jour, le courage
collectif.
Au petit jour, sortir de la tranchée, côte à côte avec ses camarades
de compagnie, c’est dur, et il faut du courage ; mais c’est moins dur que
tout seul dans la ville où, traqué par la police et la Gestapo, il faut
accomplir la mission dont on est chargé. Mourir face à l’ennemi, faire
payer chèrement sa peau, c’est le lot des soldats guerriers. Risquer
chaque jour, chaque nuit, pendant des semaines, des mois, la prison, le
poteau, c’est le lot des soldats de la Résistance.
Être sacré héros et recevoir des croix, c’est l’apanage de ceux de
Mourzouk, de Bir-Hakeim. Vivre inconnu, souvent isolé, toujours sans
gloire, c’est l’honneur qui revient à tous nos militants. Ils n’ont comme
ruban, comme galon, comme renommée que le néant. Ils n’ont eux
qu’une chose : la satisfaction du devoir accompli. Ils ne connaissent ni les
noms de leurs camarades, ni ceux de leurs chefs. Ils sont répandus sur le
territoire, des numéros, ils n’ont pour identité que des pseudonymes. Ils
sont, pour la France meurtrie : “LES INCONNUS”.
Ils ont volontairement sacrifié leur situation, leur bien-être, leur
sécurité, leur famille, pour une seule chose : LA PATRIE.
Car, la France, pour eux, c’est la Liberté. Les soldats de la
Résistance ont une devise : “Vivre libre ou mourir.”
Grâce à eux, la France vivra libre.
Trente mois il a fallu une volonté farouche pour ne pas partir à
l’extérieur se battre. Trente mois, pendant lesquels on a connu les
possibilités de rejoindre les armées de de Gaulle et où, par devoir, on a
préféré au ciel de la Manche ou au sol d’Afrique, l’ombre, la nuit du pavé
de la grande ville. Parce que dans cette grande ville, il y avait une tâche à
remplir. (…) Venant de tous les partis politiques, ils ne forment plus
maintenant qu’un tout. La France s’est forgée une âme neuve. Elle a
trouvé des chefs courageux. Demain aux côtés de leurs camarades des
FFC, et sous les ordres de Charles de Gaulle. “LES INCONNUS” donneront
à la France la victoire et la liberté. La France connaîtra alors ceux qui,
demain, avec la Nation toute entière, bâtiront une République et une
Démocratie conforme à la volonté de leurs aïeux de 1789."
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Texte 2
"Le temps de l'épreuve", Combat, janvier 1943 (Henri Frenay)
"Depuis plus de deux ans la France souffre dans son corps et dans
son âme. C’est pour elle le temps de l’épreuve : une épreuve à laquelle
rien ne l’avait préparée. Elle a souffert l’angoisse de la retraite, le
déchirement de la défaite, la honte de l’armistice. Elle a été violée dans sa
chair par les hordes nazies, souffletées par la politique de trahison. Elle a
été bafouée, trompée, abreuvée de mensonges et d’humiliations. Des
gouvernants indignes ont tenté de lui faire endosser aux yeux du monde
les crimes qu’ils commettaient en son nom. Ses enfants ont été déportés,
d’autres ont été tués, mutilés au service de l’ennemi. On a supprimé les
libertés qu’elle a enseigné au monde. On a étouffé sa voix et tenté de
pervertir son âme pour mieux l’asservir.
La France souffre un dur martyr. C’est dans l’épreuve qu’on juge les
peuples et les hommes. C’est dans l’épreuve qu’on juge la force des
caractères, la sincérité des intentions, la fidéli aux promesses. C’est
dans le malheur qu’on vérifie l’identité entre les apparences et la réalité.
sont-elles ces élites qui hier encore représentaient la France
dans la politique, les arts, la science et l’armée ? […] Qu’ont-ils fait,
qu’ont-ils dit dans le drame que nous avons vécu et que nous vivons
toujours ? Quelle part ont-ils prise dans le sauvetage de la France en
danger de mort ?
C’est en vain que ce peuple a attendu de ceux qui furent ses maîtres
des paroles d’espoir, la dénonciation de la trahison, l’exemple du devoir.
Avec la défaite, leurs voix se sont éteintes. Courbés sous la fatalité,
cédant à la crainte, ils se sont tus. Par leur silence ils ont renié leurs
engagements, failli à leurs tâches, beaucoup ont trahi.
[…]
Le vent de la défaite, le temps de l’épreuve, ont balayé les
prétendues élites qui avaient l’affection et la confiance du pays. Seuls
parmi eux, d’autant plus méritoires qu’ils sont plus rares, quelques
hommes ont su rester fidèles à eux-mêmes et à la vocation de la France.
Cependant la France, abandonnée par ses guides, trahie par ses
élites, se recueillait. Elle refusait le Gouvernement hideux qui s’était hissé
au pouvoir en profitant de la défaite et voulait la livrer à l’ennemi. Puis
quelques voix se sont élevées, celles d’inconnus qui faisaient écho à
l’appel du général de Gaulle. Mois par mois elles ont grandi en nombre et
en puissance. Bientôt de nos frontières s’est élevée une rumeur
grandissante. C’était la voix d’une foule innombrable, anonyme. C’était la
voix du peuple qui puisait dans son instinct et dans ses traditions
retrouvées la force de crier au monde que la France était restée la France,
qu’elle n’avait pas démérité, pas failli à l’honneur et qu’elle revendiquait
sa place au combat.
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Cette voix, c’est celle de la Résistance qui monte des villes et des
campagnes et qui bientôt a couvert celle de la trahison. C’est la voix des
modestes, des sans-grade qui sans le savoir sauvaient l’honneur du pays,
la voix de ceux qui avait tout à perdre et rien à gagner. C’est la voix de la
France, de la vraie France.
Dans le coude à coude de cette résistance anonyme des hommes se
sont révélés. À la tête des régions, des départements et des villes ils ont
pris la place désertée par d’autres. L’épreuve les a grandi cependant
qu’elle a rabaissé les fausses gloires. La France a jugé. Elle sait,
l’expérience vient de le lui prouver, les erreurs de jugement qu’elle a pu
faire. Elle sait aujourd’hui et se rappellera demain que les hommes se
jugent sur leur valeur morale, sur l’identité entre leurs paroles et leurs
actes. Au lendemain de la libération la France posera à chacun des ses fils
la question : Qu’as-tu fait dans le temps de la honte et de la misère ? Et
c’est sur la réponse, sans tenir compte de classe sociale, de parti ou de
confession, qu’elle désignera ceux qui auront l’honneur de la représenter."
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Texte 3
"Union pour la guerre de France", Bulletin interne des mouvements unis,
27 mai 1943
"Union pour la guerre de France !
Notre terre natale violée, notre peuple captif, nos hommes asservis,
nos jeunes gens déportés, nos femmes dans l’épreuve, nos enfants
misérables avant tout et par dessus tout c’est à nous de les libérer. Nos
Alliés nous y aiderons, comme nous les avons aidés, les aidons et les
aiderons à se défendre et à attaquer. Mais il nous appartient de faire en
sorte, par le combat commun et le sacrifice de tous, que nos chaînes
soient brisées de nos mains.
Union pour la grandeur de la France !
D’immenses pertes sans compensation au cours de la dernière
guerre, des erreurs criminelles dans la préparation et la conduite de celle-
ci, le fait enfin que nous nous sommes trouvés presque seuls à l’avant-
garde du monde, devant la ruée terrible de la Mécanique allemande nous
ont conduits au désastre et à toutes ses affreuses conséquences vis à vis
de l’ennemi, vis à vis de nous-mêmes, et vis à vis des autres peuples.
Mais, sans nier nos fautes, nous connaissons celles des autres, sans
méconnaître ce qu’ils valent, nous savons ce que nous valons.
Nous avons droit à la grandeur. Il nous reste à la retrouver. Nous
avons payé assez cher nos absurdes divisions pour être convaincus que
nous sortirons de l’abîme en nous groupant en un bloc compact ou nulle
fissure ne sera tolérée.
Union pour le renouveau de la France !
La catastrophe a emporté tout l’appareil conventionnel dans lequel
nous avions vécu. Qu’on s’en jouisse ou qu’on le déplore, notre peuple,
qui aura tant souffert et tant combattu, a condamné une fois pour toutes
les vieilles formules et routines qui l’ont conduite à la défaite puis à la
honte, puis enfin à l’esclavage, ceux qui s’efforcent de bloquer la roue en
seront tout bonnement écrasés.
Oui, nous aurons la victoire, mais par des armées rajeunies.
Oui, nous recouvrerons notre prospérité, mais par un régime
économique et social transformé.
Oui, nous rendrons à nos fils, la flamme dans leurs yeux, le rire
dans la gorge, l’ardeur dans le cœur, mais par des conditions nouvelles de
vie physique, intellectuelle et morale pour chacun.
Cet édifice moderne à quoi, au fond de ses douleurs, rêve
aujourd’hui la nation toute entière, on ne pourra le bâtir qu’au prix d’une
immense effort ordonné et fraternel.
L’unité de l’Empire va se faire.
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