ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 435 ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE Annexe I. Documents Texte 1. "Les Inconnus", Combat, n° spécial, janvier 1943 Texte 2. "Le temps de l'épreuve", Combat, janvier 1943 (Henri Frenay) Texte 3. "Union pour la guerre de France", Bulletin interne des mouvements unis, 27 mai 1943 Texte 4. "D'abord l'Honneur", Combat, septembre 1943 (Claude Bourdet) Texte 5. "Où va la Résistance ?", Combat, février 1944 Texte 6. "Tribune libre", La Marseillaise, juin 1944 Texte 7. "Les bombardements Anglo-Américains", Provence Libre, n°5, 1er juin 1944 Texte 8. "La guerre, cette chose ignoble", La Libre Comté, août 1944 Texte 9. "Pendant trois heures ils ont fusillé des Français", Combat, mai 1944 (Albert Camus) Texte 10. "La vertu d'intransigeance", La Marseillaise, juillet 1944 Texte 11. "Ne ternissons pas notre idéal", La Libre Comté, mai 1944 Texte 12. "Après la bataille du Mont-Mouchet", Le Mur d'Auvergne, 20 juin 1944 Texte 13. "N'attendez plus le jour J", La Libre Comté, 15 juillet 1944 Texte 14. "Appel à l'unité", Provence Libre, 30 juin 1944 Texte 15. "Dernière halte", Le Mur d'Auvergne, août 1944 Texte 16. "Henri Frenay au CFLN", "François de Menthon", "Emmanuel d'Astier", Combat, décembre 1943 Texte 17. "Veillée d'armes", Combat, septembre 1943 Annexe II. Occurrences et fréquences. Tableaux diachronique et synchronique Annexe III. Répartition thématique des formes lexicales Description des thèmes, graphiques et tableaux des écarts à l'indépendance Annexe IV. L'analyse des spécificités. Tableaux synchronique diachronique et ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 436 Annexe I. Documents Texte 1 "Les Inconnus", Combat, n° spécial, janvier 1943 "L’Histoire, un jour, dira ce que furent les chefs, les cadres, les soldats de la Résistance. Dès aujourd’hui la France doit connaître ceux qui luttent, travaillent et demain vaincront. Ceux qui, n’ayant pas eu le privilège d’être, en juin 1940, en dehors de la métropole, et qui, sans relâche, ont, en France, continué la lutte. Beaucoup ont combattu de 1914 à 1918 ou de 1939 à 1940. Ils savent maintenant combien le courage anonyme, le courage isolé est plus dur, plus difficile à atteindre que le courage en plein jour, le courage collectif. Au petit jour, sortir de la tranchée, côte à côte avec ses camarades de compagnie, c’est dur, et il faut du courage ; mais c’est moins dur que tout seul dans la ville où, traqué par la police et la Gestapo, il faut accomplir la mission dont on est chargé. Mourir face à l’ennemi, faire payer chèrement sa peau, c’est le lot des soldats guerriers. Risquer chaque jour, chaque nuit, pendant des semaines, des mois, la prison, le poteau, c’est le lot des soldats de la Résistance. Être sacré héros et recevoir des croix, c’est l’apanage de ceux de Mourzouk, de Bir-Hakeim. Vivre inconnu, souvent isolé, toujours sans gloire, c’est l’honneur qui revient à tous nos militants. Ils n’ont comme ruban, comme galon, comme renommée que le néant. Ils n’ont eux qu’une chose : la satisfaction du devoir accompli. Ils ne connaissent ni les noms de leurs camarades, ni ceux de leurs chefs. Ils sont répandus sur le territoire, des numéros, ils n’ont pour identité que des pseudonymes. Ils sont, pour la France meurtrie : “LES INCONNUS”. Ils ont volontairement sacrifié leur situation, leur bien-être, leur sécurité, leur famille, pour une seule chose : LA PATRIE. Car, la France, pour eux, c’est la Liberté. Les soldats de la Résistance ont une devise : “Vivre libre ou mourir.” Grâce à eux, la France vivra libre. Trente mois où il a fallu une volonté farouche pour ne pas partir à l’extérieur se battre. Trente mois, pendant lesquels on a connu les possibilités de rejoindre les armées de de Gaulle et où, par devoir, on a préféré au ciel de la Manche ou au sol d’Afrique, l’ombre, la nuit du pavé de la grande ville. Parce que dans cette grande ville, il y avait une tâche à remplir. (…) Venant de tous les partis politiques, ils ne forment plus maintenant qu’un tout. La France s’est forgée une âme neuve. Elle a trouvé des chefs courageux. Demain aux côtés de leurs camarades des FFC, et sous les ordres de Charles de Gaulle. “LES INCONNUS” donneront à la France la victoire et la liberté. La France connaîtra alors ceux qui, demain, avec la Nation toute entière, bâtiront une République et une Démocratie conforme à la volonté de leurs aïeux de 1789." ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 437 Texte 2 "Le temps de l'épreuve", Combat, janvier 1943 (Henri Frenay) "Depuis plus de deux ans la France souffre dans son corps et dans son âme. C’est pour elle le temps de l’épreuve : une épreuve à laquelle rien ne l’avait préparée. Elle a souffert l’angoisse de la retraite, le déchirement de la défaite, la honte de l’armistice. Elle a été violée dans sa chair par les hordes nazies, souffletées par la politique de trahison. Elle a été bafouée, trompée, abreuvée de mensonges et d’humiliations. Des gouvernants indignes ont tenté de lui faire endosser aux yeux du monde les crimes qu’ils commettaient en son nom. Ses enfants ont été déportés, d’autres ont été tués, mutilés au service de l’ennemi. On a supprimé les libertés qu’elle a enseigné au monde. On a étouffé sa voix et tenté de pervertir son âme pour mieux l’asservir. La France souffre un dur martyr. C’est dans l’épreuve qu’on juge les peuples et les hommes. C’est dans l’épreuve qu’on juge la force des caractères, la sincérité des intentions, la fidélité aux promesses. C’est dans le malheur qu’on vérifie l’identité entre les apparences et la réalité. Où sont-elles ces élites qui hier encore représentaient la France dans la politique, les arts, la science et l’armée ? […] Qu’ont-ils fait, qu’ont-ils dit dans le drame que nous avons vécu et que nous vivons toujours ? Quelle part ont-ils prise dans le sauvetage de la France en danger de mort ? C’est en vain que ce peuple a attendu de ceux qui furent ses maîtres des paroles d’espoir, la dénonciation de la trahison, l’exemple du devoir. Avec la défaite, leurs voix se sont éteintes. Courbés sous la fatalité, cédant à la crainte, ils se sont tus. Par leur silence ils ont renié leurs engagements, failli à leurs tâches, beaucoup ont trahi. […] Le vent de la prétendues élites qui parmi eux, d’autant hommes ont su rester défaite, le temps de l’épreuve, ont balayé les avaient l’affection et la confiance du pays. Seuls plus méritoires qu’ils sont plus rares, quelques fidèles à eux-mêmes et à la vocation de la France. Cependant la France, abandonnée par ses guides, trahie par ses élites, se recueillait. Elle refusait le Gouvernement hideux qui s’était hissé au pouvoir en profitant de la défaite et voulait la livrer à l’ennemi. Puis quelques voix se sont élevées, celles d’inconnus qui faisaient écho à l’appel du général de Gaulle. Mois par mois elles ont grandi en nombre et en puissance. Bientôt de nos frontières s’est élevée une rumeur grandissante. C’était la voix d’une foule innombrable, anonyme. C’était la voix du peuple qui puisait dans son instinct et dans ses traditions retrouvées la force de crier au monde que la France était restée la France, qu’elle n’avait pas démérité, pas failli à l’honneur et qu’elle revendiquait sa place au combat. ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 438 Cette voix, c’est celle de la Résistance qui monte des villes et des campagnes et qui bientôt a couvert celle de la trahison. C’est la voix des modestes, des sans-grade qui sans le savoir sauvaient l’honneur du pays, la voix de ceux qui avait tout à perdre et rien à gagner. C’est la voix de la France, de la vraie France. Dans le coude à coude de cette résistance anonyme des hommes se sont révélés. À la tête des régions, des départements et des villes ils ont pris la place désertée par d’autres. L’épreuve les a grandi cependant qu’elle a rabaissé les fausses gloires. La France a jugé. Elle sait, l’expérience vient de le lui prouver, les erreurs de jugement qu’elle a pu faire. Elle sait aujourd’hui et se rappellera demain que les hommes se jugent sur leur valeur morale, sur l’identité entre leurs paroles et leurs actes. Au lendemain de la libération la France posera à chacun des ses fils la question : Qu’as-tu fait dans le temps de la honte et de la misère ? Et c’est sur la réponse, sans tenir compte de classe sociale, de parti ou de confession, qu’elle désignera ceux qui auront l’honneur de la représenter." ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 439 Texte 3 "Union pour la guerre de France", Bulletin interne des mouvements unis, 27 mai 1943 "Union pour la guerre de France ! Notre terre natale violée, notre peuple captif, nos hommes asservis, nos jeunes gens déportés, nos femmes dans l’épreuve, nos enfants misérables avant tout et par dessus tout c’est à nous de les libérer. Nos Alliés nous y aiderons, comme nous les avons aidés, les aidons et les aiderons à se défendre et à attaquer. Mais il nous appartient de faire en sorte, par le combat commun et le sacrifice de tous, que nos chaînes soient brisées de nos mains. Union pour la grandeur de la France ! D’immenses pertes sans compensation au cours de la dernière guerre, des erreurs criminelles dans la préparation et la conduite de celleci, le fait enfin que nous nous sommes trouvés presque seuls à l’avantgarde du monde, devant la ruée terrible de la Mécanique allemande nous ont conduits au désastre et à toutes ses affreuses conséquences vis à vis de l’ennemi, vis à vis de nous-mêmes, et vis à vis des autres peuples. Mais, sans nier nos fautes, nous connaissons celles des autres, sans méconnaître ce qu’ils valent, nous savons ce que nous valons. Nous avons droit à la grandeur. Il nous reste à la retrouver. Nous avons payé assez cher nos absurdes divisions pour être convaincus que nous sortirons de l’abîme en nous groupant en un bloc compact ou nulle fissure ne sera tolérée. Union pour le renouveau de la France ! La catastrophe a emporté tout l’appareil conventionnel dans lequel nous avions vécu. Qu’on s’en réjouisse ou qu’on le déplore, notre peuple, qui aura tant souffert et tant combattu, a condamné une fois pour toutes les vieilles formules et routines qui l’ont conduite à la défaite puis à la honte, puis enfin à l’esclavage, ceux qui s’efforcent de bloquer la roue en seront tout bonnement écrasés. Oui, nous aurons la victoire, mais par des armées rajeunies. Oui, nous recouvrerons notre prospérité, mais par un régime économique et social transformé. Oui, nous rendrons à nos fils, la flamme dans leurs yeux, le rire dans la gorge, l’ardeur dans le cœur, mais par des conditions nouvelles de vie physique, intellectuelle et morale pour chacun. Cet édifice moderne à quoi, au fond de ses douleurs, rêve aujourd’hui la nation toute entière, on ne pourra le bâtir qu’au prix d’une immense effort ordonné et fraternel. L’unité de l’Empire va se faire. ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 440 Quand on mesure au milieu de quelles difficultés, malgré quelles forces centrifuges, et en dépit de quelles obstructions l’union des volontés françaises l’aura rendue possible, on en tire plus de respect pour la France et plus de foi dans ses destinées." ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 441 Texte 4 "D'abord l'Honneur", Combat, septembre 1943 (Claude Bourdet) "Des amis bornés, des ennemis perfides cherchent trop souvent aujourd’hui à rétrécir la portée de cet immense phénomène que l’on appelle Résistance ou Gaullisme. Il faut donc de nouveau, comme il y a trois ans, en préciser le sens et barrer le chemin aux imbéciles et aux traîtres, et à ces larves tortueuses de l’ancienne politique, pressées d’annexer un mouvement qui leur est tout étranger. Le Gaullisme, c’est d’abord, c’est essentiellement, le parti de l’Honneur. L’honneur, la parole donnée par laquelle on s’engage jusqu’au bout. L’honneur d’un citoyen n’existe pas sans celui de sa Patrie. L’honneur de la France commandait la fidélité à une alliance inviolée. De Gaulle a été fidèle, nous avons été fidèles. Nous y gagnons la Victoire — tant mieux. Si cela avait été la défaite, le devoir aurait été le même. Politiciens, comprendrez-vous jamais cela. L’honneur d’un pays n’existe pas sans celui de ses citoyens. Et l’Honneur d’un français n’existe pas sans la Liberté. Il y a peut-être honneur et honneur. Mais le nôtre n’admet pas l’esclavage. Voilà pourquoi nous voulons la République. Parce que c’est le régime que l’on a, de force, arraché. L’honneur d’un Français n’existe pas, même au sein de la liberté officielle, lorsque d’autres hommes près de lui sont enchaînés par la misère et doivent se vendre au plus offrant. Car l’honneur d’un homme et celui de ses frères sont indivisibles. Voilà pourquoi nous voulons que “ça change”. Voilà pourquoi nous sommes révolutionnaires. Tout est simple, tout est net. Nous n’avons ni traités, ni dogmatique, mais une seule foi, une vieille foi française : l’honneur. Tout y tient. Mais ne l’oublions pas l’honneur, c’est d’abord le refus du mensonge, des trucs et des combines. Le menteur qui viole l’engagement même qu’il est en train de prendre, est le plus sale des parjures et le pire des lâches. De Gaulle est peut-être aujourd’hui pour nous, avant toute chose, l’homme qui dit la vérité. Demain, nous exigerons au pouvoir, dans tous les pouvoirs, des hommes durs et dignes de la Résistance, dignes de la France. Cela c’est notre devoir, notre engagement envers nos martyrs, envers nos compagnons de lutte et de souffrance. C’est notre Honneur. MARCUS." ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 442 Texte 5 "Où va la Résistance ?", Combat, février 1944 "Nous annonçons aujourd’hui un nouveau pas en avant. L’étape de l’unification dont les MUR ont été les protagonistes est franchie. Les Mouvements Unis et deux organisations, en zone Nord s’unissent et proposent à tous les mouvements de France l’union dans le Mouvement de la Libération Nationale. C’est le moment de préciser sans ambiguïté : où va la Résistance ? D’où vient-elle d’abord ? Elle vient du désastre et du désastre matériel de la défaite, de la démission encore plus grave de tous les chefs politiques de la France, de l’effondrement des institutions, du suicide de la III° République. Devant cet effondrement et cette carence la tâche première de la Résistance a été de regrouper les Français, de retrouver des hommes. C’est fait. Un immense brassage a réuni tous ceux qui offrent leur vie pour la patrie. Ces hommes ont été réunis pour l’action. Et c’est pourquoi le sens premier de la Résistance c’est : l’action. Il y a mille formes d’action : depuis le coup de main de l’AS qui anéantit le parc à munitions de Grenoble, jusqu’à l’hospitalité offerte par tant de braves gens à des clandestins ou des réfractaires. Et il y a la résistance des camarades qui souffrent dans les prisons. Mais il n’y a pas de résistance “passive” ou de résistance “pour le jour J” ou de résistance “politique”. C’est tout de suite qu’il s’agit de nuire à l’ennemi. Pour l’honneur de la France, pour sa participation à la guerre, pour la victoire. CE QUE NOUS VOULONS Cette participation, nous l’apportons avec nos larmes de sang ; à la cause alliée. Le reste, nos ambitions, nos espoirs, ne regarde que nous. Les hommes de la Résistance ont compris qu’ils luttaient pour beaucoup plus que pour la libération du territoire. Inutile de se faire trouer la peau, si c’est pour retrouver une Europe anarchique, une France bavarde et stérile, Stavisky, les trusts tout puissants, les salaires de famine. La volonté d’une société nouvelle, d’un régime vigoureux et juste, anime tous nos combattants. Nous l’exprimons par ce mot qui a déjà la fortune d’un slogan : “IV° République”. […] Envisager un tel programme, et imaginer l’appliquer sous la république des (illisible) c’est éclater de rire ou pleurer de honte. La IV° République sera autre chose. Elle concentrera l’autorité dans l’État. Elle défendra la Liberté juridiquement et politiquement. La représentation nationale limitera et contrôlera l’autorité au lieu de saper constamment sans défendre la liberté. DES HOMMES NOUVEAUX Voilà donc le combat à mener dès la libération, voilà le combat à préparer de suite. Et maintenant, qui va conduire ce combat ? Ici s’approchent les bonnes âmes qui font depuis trois ans une courageuse ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 443 résistance “politique” devant le vin Pernod des Café du Commerce, préparant la “reconstitution des partis”. Voici la cohorte des nouveaux sauveurs, barbichus, aigrelets ou redondants, la bouche en cœur ou la larme à l’œil, bons comitards ressuscités, prêts à accomplir la grande relève, la relève de la Résistance : “À vous les prisons et les cimetières, à nous les sièges.” Eh bien non ! Ce n’est pas pour cela que vous mourez, amis bien aimés, victimes des bourreaux ou soldats des maquis. Ce n’est pas pour cela que vous souffrez, camarades des prisons et des camps. Pas pour cela que nous combattons. Si les hommes de l’ancien régime n’ont pas la pudeur de demeurer dans leur néant, la volonté de la nation saura les y reconduire. Les trente-six formations d’avant-guerre qui nous ont si allègrement conduits à la défaite et à Vichy, pour y sombrer dans la déliquescence et la collaboration, sont à mettre au grenier. Et il n’est pas question de replâtrage, car les mêmes causes, les mêmes hommes, les mêmes principes produiraient les mêmes effets. Dans la France de demain existera certainement le parti communiste, qui a prouvé sa vitalité dans la résistance, et sans doute un regroupement conservateur ou “modéré”. Et il existera aussi un grand parti républicain et révolutionnaire qui rénovera la vie politique française et construira la IV° République. Ce ne sera pas le parti “de la Résistance” mais ce sera le parti héritier de l’esprit de la Résistance et de sa mission. Il sortira des congrès départementaux et régionaux, et des États Généraux de la Résistance, dès la libération. Nous ne le créerons pas, les camarades, vous le créerez. Et vous y associerez tous ceux qui veulent faire avec nous une France jeune et belle, pure et forte. Le travail n’est pas près de finir, il commence." ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 444 Texte 6 "Tribune libre", La Marseillaise, juin 1944 "TRIBUNE LIBRE : C'est là une audace, un avant-goût de Libération. Cette rubrique est offerte à tous les camarades de la Résistance. Commençons, dès maintenant, l'apprentissage d'une liberté audacieuse et virile. Confrontons nos positions, il s'en dégagera une pensée constructive. Les exposés publiés ici n'engagent que leurs auteurs. L'un de nos militants propose ce thème : “D'une doctrine de la Résistance”. Il dit : “On déclare souvent que les M.U.R. n'ont pas de doctrine, qu'ils constituent un agglomérat d'hommes venus de tous les horizons sociaux et politiques, que ces hommes n'ont d'autre lien que l'action présente, mais qu'ils se sépareront après la Libération et qu'alors il faudra bien que les Partis reclassent les hommes.” Vue superficielle de la question. Tout d'abord, le temps nous a manqué pour élaborer une doctrine telle qu'on l'entendait jusqu'ici. Jetés dans l'action, nous n'avons eu d'autre but que de sortir du déshonneur où nous avaient jetés les hommes du passé. Nous n'avons recherché ni des doctrinaires chevronnés, ni des doctrinaires néophytes. Nous avons cherché et rassemblé des hommes capables de mourir pour une cause. Cela nous a paru l'indispensable. Nous avons voulu racheter la Grande Faute, car même si nous n'étions pas tous compromis, la France, Elle, l'était devant le Tribunal du Monde. Cependant, nous avons une doctrine. Oh ! très simple, elle n'emplit pas des tomes respectables, c'est : l'union de tous les Français dans la Résistance et pour la Révolution nécessaire. Nous y sommes restés fidèles malgré les désillusions passagères, malgré ce que des professeurs d'échecs nommaient “notre inexpérience politique”. L'ancien jeu politique est-il donc si subtil que nous ne puissions le jouer si nous le voulons ? Mais nous ne le voulons pas. Cela aussi fait partie de notre doctrine. Notre doctrine, c'est le Socialisme, non plus verbal ou scripturaire, mais engagé dans un avenir libérateur lorsque le monde de l'Argent aura été vaincu. Pour vaincre celui-ci, il fallait rassembler les hommes que nous avons rassemblés et c'est bien par là qu'il fallait commencer. Qu'importent leurs origines s'ils ont témoigné à l'heure où devant la mort tombent tous les masques et tous les préjugés. Ceux-là qui survivront construiront le Socialisme parce qu'ils ont su vaincre en eux l'humaine tendance à la facilité. Le Socialisme n'est pas l'apanage de tel ou tel Parti, ni de telle ou telle école. Que nous soyons marxistes, personnalistes, proudhoniens, peu importe. La synthèse humaniste que le monde espère de la France, c'est dans les M.U.R. et seulement par eux qu'elle peut s'élaborer. Prétention ? peut-être, mais nous avons payé chèrement notre apprentissage. Nous ne sommes pas contre les Partis, mais contre l'esprit de parti et décidés à faire sauter toutes les scléroses politiques, sociales, économiques. Nous sommes contre les vieilles méthodes, les petites conceptions, les petits calculs, la petitesse en général. Il nous semble que la résurrection des anciens partis ne s'impose nullement. Notre peuple, nos hommes, ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 445 bourgeois, intellectuels, employés, ouvriers, paysans, espèrent en un renouveau. Nous le savons parce que depuis trois ans nous échangeons nos pensées avec les leurs dans la rue, dans les recoins cachés, dans les prisons et les camps de concentration. Le péril quotidien revêt ces colloques d'une importance solennelle, ils ne peuvent être oubliés dans l'avenir. Les M.U.R. ont une doctrine et leurs hommes n'iront pas perdre le meilleur d'eux-mêmes dans un repos stérile, ni leur efficacité dans une diaspora qui remettrait tout en question." ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 446 Texte 7 "Les bombardements Anglo-Américains", Provence Libre, n°5, 1er juin 1944 "En ce mois de mai 1944, les bombardements aériens alliés se sont intensifiés sur toute la France et, pour la première fois, les objectifs ciaprès : Nice gare St-Roch, Carnoules, Forcalquier, Avignon et plus particulièrement Marseille furent touchés. Le résultat : désorganisation complète du trafic ferroviaire entre Avignon et Nice durant quelques jours, détérioration d'une centaine de locomotives en Avignon et d'une vingtaine à Carnoules, isolement de la ville de Nice quant à ses relations par fer dans la direction ouest. Mais aussi… combien de victimes innocentes dans la population civile. Quelques centaines dans le Vaucluse et dans les Alpes-Maritimes, plusieurs milliers dans les Bouches-du-Rhône. Il est évident que de telles opérations présentent de sérieuses difficultés pour nos Alliés. Mais, nous ne saurions accepter, sans protestation énergique, que la vie de nos compatriotes fut sacrifiée sans que préalablement toutes les précautions nécessaires n'aient été prises par les aviateurs qui survolent notre territoire. La Résistance est Française avant tout et, si elle croit que sa cause est liée à celle des Anglo-Américains et des Russes, elle n'acceptera jamais, pour cela, d'abdiquer la moindre parcelle de son honneur et de son indépendance nationale. La France sait que la guerre doit se gagner dans la souffrance et elle veut de toute sa volonté participer à la victoire. Son intention n'est donc pas de refuser le sacrifice, mais elle ne peut l'accepter qu'à la condition qu'il soit utile, indispensable. La progression des troupes alliées et Françaises en Italie, l'approche du débarquement sur le continent, exigent que toutes les voies ferrées et tout le matériel roulant utilisé par l'ennemi soient détruits. Nous ne contestons pas cette nécessité. Mais nous disons à nos Amis : Donnez des armes à la Résistance Française, envoyez-lui tout le matériel qu'elle vous demande et vous verrez que nos compatriotes sont capables d'effectuer des sabotages judicieux tout aussi efficaces que certains raids de votre aviation et beaucoup moins dangereux pour la population non combattante. Quand vous décidez d'engager une action aérienne contre un objectif. Assurez-vous préalablement que la destruction de cet objectif est bien indispensable. Les Français n'ont pas compris le raid sur la gare St-Charles de Marseille, gare de voyageurs, cul-de-sac sans intérêt apparent pour la désorganisation de notre réseau ferroviaire. Exigez de vos pilotes (tout au moins pour les bombardements à proximité des villes) une meilleure concentration du tir et (s'il n'y a pas d'autres moyens pour cela) exigez un bombardement en piqué. Malgré toutes les précautions qui pourront être prises, il y aura toujours des victimes innocentes. C'est la rançon de la guerre et c'est aussi, et surtout, la faute des autorités de Vichy qui n'ont pas été capables de faire construire (notamment à Marseille) des abris nécessaires et de procéder à une évacuation convenable de la population ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 447 non combattante. Mais les fautes des uns ne sauraient excuser les fautes des autres. La Résistance française sait que la libération de notre territoire ne peut s'effectuer dans la facilité, elle sait que les épreuves les plus dures sont à venir, mais jamais elle n'acceptera que soit oublié sa raison d'être : le respect de la personne humaine. ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 448 Texte 8 "La guerre, cette chose ignoble", La Libre Comté, août 1944 "Le touriste qui se hasarderait, en ce bel été ensoleillé, dans nos montagnes du Jura, emporterait de son voyage une vision d'horreur. De nombreux villages, hier coquets, fleuris, vibrant de cris d'enfants et de rires de jeunes filles, ne sont plus que des pans de murs croulants et calcinés, sous lesquels on entrevoit des carcasses de lits ou d'ustensiles divers, tordus par l'incendie. Les habitants, hagards, vêtus des hardes distribuées hâtivement par le Secours National, errent parmi ces ruines, à la recherche d'un foyer… Ils se sont rassemblés sous un bout de hangar échappé par hasard aux flammes dévorantes et ils continuent à vivre pourtant, en attendant la fin du cauchemar. Notre journal a raconté toutes les exactions commises par les hordes sauvages ennemies. Sous le vent d'épouvante qu'elles ont déchaîné, certains courages ont fléchi… De pauvres gens sans virilité ont accusé la Résistance comme si la guerre se faisait sans crimes, sans destructions aveugles et brutales. La guerre ! N'est-ce pas cela et rien que cela ? Et celle que nous impose un adversaire sans humanité n'est-elle pas particulièrement révoltante ? Voulez-vous que l'on cueille par hasard des exemples frappant d'horreur, mais tirés d'autres régions de France ? A Saint-Germain-de-Joux, tandis que les jeunes filles, rassemblées, étaient contraintes d'entourer les automitrailleuses, les soldats allemands saisissaient dans leurs bras les bébés et les petits enfants du village arrachés au sein de leurs mères, afin de traverser les barrages âprement défendus par les troupes FFI. A Oradour (Vienne) tous les habitants du village sont enfermés dans l'église qui est alors incendiée. Résultat: 1100 victimes sur 1200 habitants. Le cadavre d'un bébé de trois ans est cloué sur la porte d'une ferme. Bonnes gens de chez nous, paisibles et débonnaires, je sais bien que de telles choses vous bouleversent… Mais vous voyez bien que le Jura n'en a pas le triste privilège. Faut-il trembler de peur, fuir en courbant l'échine sous l'averse de fer et de feu ? Ne vaut-il pas mieux, frémissant d'une noble indignation, saisir les armes avec virilité, faire front à la sauvagerie et rétablir le règne de la liberté, de la justice et de la fraternité ? Imprégné des vertus ancestrales, un vrai Comtois ne s'abandonne pas aux gémissements impuissants et dégradants. Soyez dignes de vos aïeux: tous debout pour bouter l'ennemi hors de France et tuer la guerre, cette chose ignoble.…" ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 449 Texte 9 "Pendant trois heures ils ont fusillé des Français", Combat, mai 1944 (Albert Camus) "II faut dire les choses comme elles sont : nous sommes vaccinés contre l'horreur. Tous ces visages défigurés par les balles ou les talons, ces hommes broyés, ces innocents assassinés, nous donnaient au début la révolte et le dégoût qu'il fallait pour entrer consciemment dans la lutte. Maintenant la liste de tous les jours a tout recouvert et si nous n'en oublions jamais les raisons, il peut nous arriver de les perdre de vue. Mais l'ennemi est là, et comme s'il veillait à ne laisser personne se détourner, il augmente ses efforts, il se dépasse lui-même, il renchérit chaque fois un peu plus sur la lâcheté et sur la crise. Aujourd'hui, en tout cas, il est allé plus loin qu'on ne pouvait l'imaginer et la tragédie d'Ascq rappelle à tous les Français qu'ils sont engagés dans une lutte générale et implacable contre un ennemi déshonoré. Quels sont les faits ? Le 1er avril 1944, dans la nuit, deux explosions se produisent, occasionnant la rupture d'un rail et le déraillement de deux wagons d'un train de troupes allemandes. La voie fut obstruée. Aucune victime dans le train. Vers 23 heures, alors que M. Carré, chef de gare à Ascq, alerté à son logement par les agents du service de nuit, prenait an téléphone les dispositions utiles, un officier allemand faisant partie du transport pénètre en hurlant dans son bureau suivi de plusieurs soldats qui, à coups de crosse, abattent MM. Carré, chef de gare, Peloquin, commissaire de 1 er classe, Derache, facteur-enregistreur qui s'y trouvaient. S'étant ensuite retirés à la porte du bureau, ils tirèrent une salve de mitraillette sur les trois agents abattus. MM. Carré et Peloquin sont grièvement blessés au ventre et aux cuisses. Puis l'officier amène un important contingent de troupes dans la localité, fouille les maisons après en avoir défoncé les portes et rassemble environ 60 hommes qui sont amenés dans une pâture en face de la gare. Là on les fusille. Vingt-six autres hommes sont également fusillés dans leur domicile ou à leurs abords. En plus de ces 86 fusillés, il y a un certain nombre de blessés. Le facteur-enregistreur Derache parvient à alerter la permanence de l'arrondissement de Lille qui prévient la Préfecture du Nord ; celle-ci fait intervenir l'Oberfeld-kommandantur. Ce n'est qu'à l'arrivée d'officiers d'État-Major sur les lieux que les exécutions cessent : elles ont duré plus de trois heures. Je ne sais pas si l'on imagine suffisamment ce qu'il y a derrière ce compte rendu brutal. Mais est-il possible de lire sans une révolte et un dégoût de tout l'être ces simples chiffres : 86 hommes et 3 heures. Quatre-vingt-six hommes comme vous qui lisez ce journal ont passé devant les fusils allemands, 86 hommes qui pourraient remplir trois ou quatre pièces comme celle où vous vous tenez, 86 visages hagards ou farouches, bouleversés par l'horreur ou par la haine. ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 450 La tuerie a duré trois heures, un peu plus de deux minutes pour chacun d'entre eux. Trois heures, le temps que certains ont passé ce jourlà à dîner et à converser paisiblement avec des amis, le temps d'une représentation cinématographique où d'autres riaient au même moment au spectacle d'aventures imaginaires. Pendant trois heures, minute après minute, sans un arrêt, sans une pause, dans un seul village de France, les détonations se sont succédé et les corps se sont tordus par terre. Voilà l'image qu'il faut garder devant les yeux pour que rien ne soit oublié, celle qu'il faut proposer à tous les Français qui restent encore à Pécari. Car sur ces 86 innocents beaucoup pensaient que, n'ayant rien fait contre la force allemande, il ne leur serait rien fait. Mais la France est solidaire, il n'y a qu'une seule colère, qu'un seul martyre. Et quand M. de Brinon écrit aux autorités allemandes non pour se plaindre du massacre de tant de Français, mais pour gémir qu'on entrave ainsi son propre travail de policier mondain, il est responsable de ce martyre et justiciable de cette colère. Car il ne s'agit pas de savoir si ces crimes seront pardonnés, il s'agit de savoir s'ils seront payés. Et si nous avions tendance à en douter, l'image de ce village couvert de sang et maintenant seulement peuplé de veuves et d'orphelins suffirait à nous assurer que le crime sera payé puisque cela désormais dépend de tous les Français et puisque devant ce nouveau massacre, nous nous découvrons la solidarité du martyre et les forces de la vengeance." ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 451 Texte 10 "La vertu d'intransigeance", La Marseillaise, juillet 1944 "LA VERTU D'INTRANSIGEANCE : Oui, camarades, il faut nous efforcer d'acquérir cette vertu. Ni scandale, ni gageure, ni paradoxe : Ne confondons pas intransigeance avec intolérance, celle-ci n'est qu'une forme dégradée, avilie de celle-là. L'intransigeance est une vertu virile, l'intolérance, à coup sûr, est une faiblesse. L'intransigeant va jusqu'au bout du sacrifice individuel, il meurt pour sa foi religieuse, politique ou sociale. Il se sépare de ces hommes qui, sans muscle, ni pensée, sont prêts à tous les conformismes. Il a vécu trop souvent jusqu'ici dans une solitude brûlante avec l'amère joie de se sentir un homme, mais voici venir l'heure des triomphes collectifs où s'abolit la solitude humaine. La Résistance a été et doit demeurer une intransigeance. L'intolérant hait par bêtise et sauvagerie celui qui ne partage pas son petit univers. Il s'imagine être seul à porter la Vérité ; plein de complaisance pour soimême, il est d'autant plus exigeant, plus cruel pour les autres. Tout au long de l'histoire, l'intolérant a trop souvent triomphé. Triomphe toujours éphémère du calcul ou de la violence. La Résistance a été et demeurera un long combat contre toutes les intolérances. Camarades du Mouvement de Libération Nationale, l'intransigeance est pour nous le devoir primordial. Intransigeance envers nous-mêmes. Lutte de chaque heure contre notre paresse, nos défaillances et aussi nos liens les plus chers. Lutte contre l'attrait mensonger de la facilité, le « demain... nous verrons ». Lutte contre la somnolence qui conduit au néant de l'homme et pis parfois : au reniement. Pas de trêve, pas de repos. Travailler à ÊTRE afin de pouvoir FAIRE. Intransigeance envers nous-mêmes. Nous juger plus sévèrement que notre pire ennemi, connaître nos limites pour tâcher de les franchir et aussi pour laisser place à meilleur que soi. Intransigeance envers son meilleur camarade, être impitoyable pour ses défaillances et ses fautes, ne pas hésiter à le combattre, à neutraliser son ambition trop grande, alors que, lui, est trop petit. L'esprit de clan, la camaraderie de la médiocrité nous ont fait trop de mal dans le passé : ce sont des sentiments qui exhalent une mauvaise odeur. Intransigeance envers les autres, envers nos dirigeants qui doivent savoir qu'on ne conquiert pas un rang comme on conquiert un diplôme : une fois pour toutes. Non, le dirigeant doit être le meilleur et il doit se maintenir le meilleur. S'il fléchit, il doit être jugé, quel que soit son passé, quelle que soit l'amitié qu'il a pu susciter. Intransigeance envers nos propres élus, nos chefs d'aujourd'hui et de demain. Intransigeance pour que cette pureté de la Résistance, sanctifiée par tant de sacrifices, par tant de morts, ne se dégrade pas, pour qu'elle demeure une valeur chargée d'irradiation. Devoir d'intransigeance commandé par le souvenir des hontes bues, par l'ultime geste des héros morts. La Révolution ne triomphera en France et dans le Monde qu'autant que nous l'aurons faite en nous. N'attendons ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 452 pas tout de nos dirigeants ou de notre gouvernement. Ils ne peuvent donner que ce qu'ils recevront de nous. Il nous appartient à tous de créer l'impulsion irrésistible qui fera sauter tous les barrages de l'intrigue, de l'ambition misérable, de l'argent odieux. La Résistance a été une première conquête de la vertu d'intransigeance, d'autres lui sont promises." ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 453 Texte 11 "Ne ternissons pas notre idéal", La Libre Comté, mai 1944 "L'heure de l'action approche. Déjà notre vieux continent tremble, avec des grondements apocalyptiques, sous le torrent de feu et de fer des Alliés. Le Moloch boche est agité par des soubresauts nerveux et inquiets tandis que des tressaillements d'espoirs se décèlent parmi la Résistance et le peuple français. Est-ce la fin du long cauchemar ? Nous le croyons. Mais nous sommes aussi à l'aube de grands événements qui doivent, de fond en comble, bouleverser notre vieux monde. La première phase consistera, cela est bien évident, à bouter hors de notre territoire, l'ennemi qui l'opprime. Puis il faudra désinfecter l'air de ce pays, vicié par quatre années d'un abject régime qui a semé partout la souffrance, les larmes, l'incendie et la mort. Les traîtres, les responsables du désastre, les profiteurs et les affameurs devront être retranchés de la communauté, mis hors d'état de nuire. Inexorablement ils devront expier les crimes dont ils supportent les lourdes responsabilités. Enfin l'oeuvre constructive commencera. Car il faudra faire du neuf. Nous ne voulons plus du régime d'oppression de Vichy, mais nous ne voulons pas davantage de la République bâtarde, avachie, qui était celle d'avant-guerre. Voilà bien les trois points essentiels de notre programme d'action: - vaincre le boche et abattre le régime Nazi; - châtier impitoyablement les traîtres et les Salopards de chez nous; - faire une révolution économique sociale et politique conforme aux aspirations du peuple. Si l'un seul de ces points n'était pas réalisé les deux autres demeureraient caducs et sans effet. Alors nos souffrances, nos sacrifices seraient vains et il vaudrait mieux se désintéresser de la lutte. Mais c'est précisément parce qu'il y a unanimité de pensée du peuple français sur ces buts que nous sommes entrés en lice, que nous nous battons avec une énergie farouche et que nous aurons assez de force et d'enthousiasme pour vaincre et triompher. Notre idéal est sans bornes. Une humanité nouvelle va naître et nous voudrions qu'elle se développe demain sous le signe du bonheur et de la joie. Plus de parias plus de misère. Partout et uniquement des travailleurs fiers et conscients de leur puissance. Cet idéal est grand, noble, pur. Pour lui conserver son éclat fascinant et sa force attractive il faut se garder de le ternir par des actes vils. Amis résistants demeurez désintéressés et justes. Désintéressés dans vos revendications: ce n'est pas pour nos intérêts particuliers et égoïstes que nous nous battons, mais pour une oeuvre humaine dans laquelle nous aurons raisonnablement notre part. Justes dans votre légitime désir de répression envers les traîtres. Qu'il ne s'y glisse jamais de rancunes personnelles et de jalousies mesquines. C'est compromettre notre grande oeuvre révolutionnaire que de permettre des ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 454 pillages. Le banditisme est condamné par toutes les morales: il soulève inéluctablement la réprobation populaire. Les traîtres devront être punis: gardez-vous cependant de vous faire justice vous-mêmes. Les passions et les ressentiments aveuglent les meilleurs et leur font commettre des excès. Pas de règlements de comptes, ni d'assassinats: la justice. Pour cela, vous vous contenterez de mettre hors d'état de nuire les coupables et les suspects. L'heure du châtiment viendra pour eux: il y a des juges à Alger, nous venons de le voir. Il y en aura aussi en France. Nous vous promettons, pour notre part, nous tous qui avons cruellement souffert dans notre chair et dans nos affections d'exiger inlassablement le châtiment implacable des criminels pourvoyeurs de l'ennemi. Prenez garde aussi que tout excès dans un sens amène l'excès dans le sens contraire. L'histoire nous prouve que les triomphateurs sans retenue deviennent bientôt les victimes sanglantes de leurs adversaires de la veille. On déshonore et on brise l'essor d'une révolution par les injustices et les excès. A quoi servirait d'avoir abattu nos ennemis si nous conservions leurs méthodes inhumaines et barbares ? Votre devoir est simple mais dur: devenez incorruptibles et maîtres de vous-mêmes. Pour cela soyez disciplinés dans votre triomphe et empêchez les éléments troubles de s'immiscer dans votre mouvement. Les pillards et les assassins, même et surtout s'ils sont dans nos rangs, sont nos pires ennemis. Ils devront être abattus sans pitié. Ainsi le veut la splendeur de notre idéal révolutionnaire." ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 455 Texte 12 "Après la bataille du Mont-Mouchet", Le Mur d'Auvergne, 20 juin 1944 "Gaspard, Chef de la Résistance d'Auvergne aux Officiers, SousOfficiers et Soldats de la Division des Volontaires des FFI d'Auvergne. Au lendemain des premiers combats pour la libération de notre territoire, je tiens à vous faire un bref exposé de la situation. Je vous rappelle d'abord le bilan des trois premières batailles. Le 2 juin, attaque des Allemands : 700 SS venant de Mende, montent à l'assaut de nos positions. La 2ème Compagnie subit le premier choc à elle seule, mais se défend admirablement. La 3ème Compagnie vient l'appuyer, les Truands empêchent l'enveloppement sur la gauche et enfin le groupe Laurent intervient magnifiquement avec la 12ème Compagnie sur les revers de l'ennemi, jetant la plus grande panique chez celui-ci qui se retire en abandonnant ses morts. L'adversaire a perdu plus de 100 hommes et, avec eux, la première bataille de la Margeride. Nous avons 3 blessés légers. Le 10 juin, après de longs préparatifs, contre-attaque allemande sérieuse, avec blindés, canons, et à peu près la valeur d'une division comme effectifs. But : gagner à tout prix le Mont-Mouchet et anéantir l'État-Major des FFI. Les colonnes blindées montent sur Clavières, où 68 véhicules sont arrêtés par la 4ème, et sur Saugues, où les Compagnies de la Haute-Loire et la 12ème arrêtent également plus de 100 véhicules. Des deux côtés la bataille fait rage. Les Truands font, eux aussi, merveille, soutenant vers Pinols, à 34, un combat contre une colonne entière, et au soir, pour la 2ème fois, les Boches se retirent avec plusieurs centaines de morts, abandonnant trois canons à Saugues, une auto-mitrailleuse à Clavières, un nombreux matériel. Chez nous, une quarantaine de morts, à la 3ème, où l'ennemi a achevé 9 blessés et chez les Truands, dont la résistance héroïque a coûté la vie à 25 d'entre eux. Pourtant, il faut s'attendre à la contre-attaque allemande sous 48 heures. L'ennemi reçoit des renforts importants. Nos munitions se sont épuisées. Le 10, il nous apparaît difficile de tenir une journée entière encore sans sacrifices inutiles. Aussi, le matin du 11, l'État-Major décide d'opérer un glissement vers le réduit voisin, où nous trouverons des renforts d'hommes frais, armes et munitions encore intactes, déroutant du même coup les prévisions allemandes. Le matériel est donc évacué méthodiquement dès le matin, les Compagnies sont prévenues d'avoir à se préparer au décrochage, chacune ayant un nouveau point fixe à rallier. À 9 heures, tout laisse présager une réalisation parfaite du plan. Mais à ce moment, les blindés allemands, repliés la veille à plus de 20 kilomètres, reviennent à l'attaque. Une unité attaquée doit renoncer provisoirement au décrochage. La troisième bataille de la Margeride est commencée avec une violence inouïe. Les Boches attaquent sur Clavières et Lorcières, faisant donner tour à tour artillerie et blindés. Toutes les Compagnies engagées se ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 456 défendent avec ardeur et contiennent les Allemands partout, aussi bien à Pinols et Saugues que vers Clavières. L'artillerie ennemie appuie l'attaque et aide à une avance qui ne pourrait se faire à égalité d'armement. À 16 heures, plus d'une division allemande est engagée ; les effectifs boches sont quatre fois supérieurs aux nôtres. Plusieurs de nos Compagnies n'ont presque plus de munitions. À partir de 19 heures, le Mont-Mouchet est sous le feu des canons s'acharnent sur un PC évacué depuis le matin. Tout le matériel est sauvé. Toutes les Compagnies qui ont tenu leurs positions se replieront dans la nuit sur les points prévus où elles se reformeront. Nous avons seulement cent cinquante morts au total et une centaine de blessés, grâce à la manœuvre réalisée. Par contre, l'ennemi a plus de 1400 morts et plus de 1700 blessés, de nombreux camions ayant été, le matin, stoppés par les bazookas et ayant été détruits. C'est la troisième victoire de la Margeride, démontrant que des troupes inférieures en nombre et en matériel, peuvent, lorsqu'elles ont un idéal, et vous l'avez, lorsqu'elles ont l'avantage de positions favorables à la guérilla, et nous les avions, lutter avec toutes les chances de succès contre un ennemi en nombre écrasant, avec armes lourdes et blindées, mais sans foi pour une victoire désormais impossible, sans idéal, sans dynamisme. Et maintenant ? Toutes nos compagnies terminent leur regroupement. L'Allemand n'ose plus attaquer, les soldats ne marchent plus. Notre infériorité en matériel n'existe plus. Depuis deux nuits la RAF nous a parachuté des tonnes et des tonnes d'armes et de munitions, les effectifs du Mont-Mouchet ont doublé. Partout en France la guérilla fait rage, immobilisant les unités allemandes déjà gênées par les coupures des routes et des voies ferrées. La défaite d'Hitler et de ses brutes va être consommée. Les FFI d'Auvergne vont bientôt attaquer à fond pour précipiter cette défaite et libérer nos villes. Camarades, à la veille de la victoire, recueillez-vous. Pensez à notre lutte menée depuis quatre ans contre la Gestapo, contre la Wehrmacht, contre la Milice du traître Darnand, contre la clique de Pétain et de Laval. Pensez à nos camarades morts dans la lutte clandestine, de tous les jours, de toutes les nuits, à ceux torturés par les bourreaux de la Gestapo, à ceux déportés en Allemagne ou dans les camps de concentration. Pensez à ceux des FFI tombés le 10 et le 11 juin au Mont-Mouchet. Dans tout cela, c'est la Résistance, c'est le désir exacerbé de chasser le boche exécré et infâme, c'est la volonté du peuple de châtier les traîtres et de rétablir en France un régime de liberté qui se sont exprimés. Dans quelques jours nous descendrons sur les villes. Rien n'arrêtera la marée humaine qui déferlera des montagnes d'Auvergne. Nous serons vainqueurs et nous serons vengés. Et la IV° République pourra être fière des luttes menées et des sacrifices consentis par ses enfants." ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 457 Texte 13 "N'attendez plus le jour J", La Libre Comté, 15 juillet 1944 "Il était coutume, naguère, entre résistants et sympathisants de parler du "Jour J". C'était dans la pensée de beaucoup le jour béni entre tous, tant attendu par les uns, tant redouté par les autres, où s'effectueraient à la fois sur toutes les côtes et même à l'intérieur des terres par troupes aéroportées, les débarquements alliés ; où se déclencherait sur tous les fronts, une offensive mondiale gigantesque ; où éclaterait, dans toutes nos villes et dans tous nos villages une insurrection générale et fulgurante. Une prise de pouvoir rapide, des armées ennemies en débandade et affolées, d'innombrables traîtres et collaborateurs suspendus aux branches des arbres, des prisons bien remplies d'indésirables… Et puis là-dessus des chants, de la joie, des défilés en musique dans les rues pavoisées de guirlandes et d'étendards Français et alliés claquant au vent… C'était du romantisme. La réalité est tout autre, plus dure, plus lente, pleine de larmes et de sang. Une triste réalité humaine, faite de sacrifices et d'efforts incessants. L'oeuvre de la libération est née le jour où DE GAULLE a lancé dans l'espace son appel désormais historique, le jour où le premier Français s'est cabré devant la capitulation déshonorante. Elle a commencé pour vous le jour où vous avez compris la dure leçon et où votre coeur et votre raison ont protesté contre les honteuses abdications de PÉTAIN et de sa clique. Tout d'abord votre refus a été tout intérieur, puis vous l'avez extériorisé par des paroles et des actes. Vous avez lu dans les yeux des amis ou des adversaires de la veille le même sursaut de fierté, vous vous êtes confiés puis associés: la Résistance était née. Depuis, le combat n'a pas cessé pour vous. Vous étiez dans le bain, vous étiez dans la bagarre. Elle dure depuis quatre ans, change d'aspect selon le déroulement des événements, mais elle n'a pas varié de sens. Elle s'appelle lutte contre l'ennemi et ses suppôts ; elle est de tous les instants et affecte mille aspects divers, se développe en tous lieux et en toutes circonstances. Comme dans toutes les mêlées, il est des victimes qui tombent, mortellement frappées. Les voisins ferment les yeux des héros et reprennent la lutte avec plus d'ardeur. N'attendez donc plus le "Jour J" pour vous consacrer, avec tous les moyens dont vous disposez, à la lutte contre l'ennemi : ce "Jour J" est un mythe, il ne viendra pas. Au fond, nous prêchons des convertis car les Franc-Comtois et les Jurassiens l'ont bien compris et ont montré dès les premiers jours leur esprit de Résistance. Le seul département du Jura n'a-t-il pas été un de ceux qui comptait le plus grand nombre de réfractaires au travail forcé en Allemagne ? Vous rappelez-vous combien nous en avons casés dans les fermes, dans les villages, dans le maquis, de ces gars au regard résolu, au front têtu de Franc-Comtois ? Il a été un temps où le maquis du Jura comptait plusieurs milliers d'hommes qui occupaient les taillis de la plaine, les boqueteaux du Revermont ou les sombres forêts de sapins de nos montagnes. ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 458 Faute d'armes, elles sont venues bien trop tard, mal encadrés ces groupes ont été pourchassés par l'ennemi et envoyés en Allemagne, comme à Montrond, massacrés parfois comme à Alièze. Partout où nos petits maquis disposaient d'un peu d'armement, nos gars ne se sont-ils pas défendus bravement jusqu'au dernier, tel le combat du pont de la Pile? Pour montrer combien notre Franche-Comté a souffert de la sauvage répression ennemie, faut-il, une fois de plus dresser le triste bilan du seul département du Jura (à la date du 1 Juillet 1944). Fusillés plus de 160 Déportés ou emprisonnés 800 Maisons détruites 150 Depuis le 6 juin l'action s'est encore amplifiée. Ce numéro donne un pâle aperçu des actes de sabotage et de guérilla entrepris et menés à bien par nos Groupes Francs Jurassiens. Quand les franc-comtois en ont les moyens, ils savent se battre : ils l'ont montré et le montreront encore." ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 459 Texte 14 "Appel à l'unité", Provence Libre, 30 juin 1944 "PROVENÇAUX ! Vous venez pendant près de quatre ans de subir la plus terrible des oppressions. Un ennemi implacable, aidé par une poignée de traîtres, a foulé aux pieds les Libertés que des siècles de lutte incessante avait permis au peuple de France d'obtenir. On ne pourra jamais décrire avec exactitude l'immense douleur de notre Pays, du 25 juin 1940 au 6 juin 1944. Notre amour-propre national a reçu en 1940 une blessure plus profonde encore qu'en 1870. Pour avoir été battu en quelques jours sur un champ de bataille, un Maréchal de France, symbole de la décadence et du renoncement a voulu signer un armistice qui entrera dans l'histoire comme un fait sans précédent, pour la plus grande honte de son signataire : des alliés en pleine organisation, un immense empire aux ressources humaines et matérielles inépuisables, une flotte puissante et intacte, l'une des premières du monde : voilà ce qui restait à la France pour continuer la lutte ! Malheureusement notre pays était miné intérieurement, et lorsqu'on l'a livré, comme un troupeau, pieds et poings liés, à un ennemi assoiffé de vengeance et donnant libre cours à l'impérialisme le plus brutal et le plus intransigeant, notre pays n'a pu réagir. Pourquoi donc les Français, ordinairement si indépendants, si prêts à donner leur vie pour la Patrie, ont-ils été si facilement dupés ? Parce que dans notre pays il n'y avait plus d'unité française : il y avait des anglophiles, des russophiles, des américanophiles, des germanophiles mêmes ; il n'existait plus de francophiles. Victimes des luttes de partis fomentés par l'étranger, pour son plus grand profit, les Français semblaient se diviser en rouges et blancs, en communistes et nationalistes ! Mais lorsque vint la défaite et l'occupation, le peuple de France retrouva rapidement son unité : la barbarie hitlérienne, par son excès, permit au pays de cimenter les failles qui s'étaient faites dans l'opinion française, on ne distingua plus alors un rouge et un blanc, un patron et un ouvrier ; la souffrance commune, la lutte commune que mènent tous les Français, conduisent notre nation vers l'unité dans le combat contre l'envahisseur. Cependant la lutte contre le Boche n'est pas suffisante ; il faut penser à reconstruire le pays et peu à peu nous voyons l'unité se faire autour du général de DE GAULLE. Désormais, dans ses grandes lignes, nous savons ce que sera la France de demain : une République forte, indépendante, socialisée et où règneront les Libertés humaines. PROVENÇAUX ! Dans le combat quotidien contre l'ennemi, la France s'est forgée une UNITÉ de pensée et d'action, qu'elle a payé du sang des meilleurs de ses fils. Nous vous conjurons de maintenir cette unité, l'heure de la Libération a enfin sonné ; la France ne doit pas donner aux Alliés l'impression qu'elle est en proie à des luttes intestines. Nous devons rester UNIS dans la VICTOIRE comme nous l'avons été dans le COMBAT ! Dans un magnifique élan, le pays tout entier se dresse contre l'Allemand et ses complices : le vent de la défaite ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 460 souffle sur le Reich hitlérien, et déjà les Français sentent vibrer le cœur de la Patrie ; un sang nouveau circule chez nous : ce sang, c'est celui de nos soldats, de nos héros, de nos martyrs, c'est celui de tous ceux qui, par leur courage quotidien et leur complète abnégation depuis bientôt quatre ans, ont permis à la France de retrouver le SENS DE SA GRANDEUR ET DE SON UNITÉ. JURONS AUJOURD'HUI SOLENNELLEMENT, DE MAINTENIR, QUOI QU'IL ARRIVE, CETTE COMMUNAUTÉ FRANÇAISE." ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 461 Texte 15 "Dernière halte", Le Mur d'Auvergne, août 1944 "Nous sommes à mi-Août 1944… Lorsque paraîtront ces lignes, de nombreux coups de boutoir auront été portés un peu partout par les Alliés avec une violence sans cesse accrue, rendant encore plus précaire la situation de l'Allemagne nazie. En Prusse comme en Bretagne et en Normandie, en Italie comme sur de nouveaux champs de bataille, l'avance des troupes se poursuivra sans trêve vers le but final : abattre le fascisme hitlérien, libérer tous les peuples opprimés de l'invasion teutonne. Et, successivement, nos belles régions de France verront se dérouler les ultimes combats, à l'issue desquels l'adversaire, d'abord pied à pied, ensuite dans une retraite accélérée, s'enfuira vers ses frontières menacées pour tenter d'y soutenir une lutte désormais sans espoir. C'est alors que, sentant à leur tour vibrer en eux l'enthousiasme qui nous a animés aux premiers jours de la Résistance, des milliers et des milliers de Français viendront participer à nos côtés à la victoire finale, à la déroute de l'envahisseur. Une levée en masse jettera, dans un élan spontané, tous les Français dignes de ce nom aux côtés de leurs frères des Forces Françaises de l'Intérieur, appuyant ainsi nos amis Anglais, Russes et Américains et préparant au Général de Gaulle et à ses troupes le retour triomphal dont tous les Patriotes rêvent depuis quatre longues années. C'est à ce tournant de l'histoire de la Résistance que nous devons faire, en pensée, une dernière halte. Dans toute la France, dès le premier moment où le boche a foulé notre sol et où Vichy lui a fourni des valets, dès l'instant où, Gestapo d'abord et Milice ensuite, se sont révélées des infâmes pourvoyeuses et les bourreaux implacables de la Terreur Hitlérienne, la Résistance, naturellement, est née. Après la zone nord, la zone libre subissait à son tour l'occupation totale. Et notre Auvergne, doublement souillée par la présence de l'envahisseur et, à sa dévotion, des Laval, Pétain, Darnand, feu Henriot et autres vedettes de la cinquième colonne, prenait bien vite place au tout premier rang des régions résistantes. Les sabotages se multipliaient, bloquant les fabrications de guerre, détruisant les usines et leurs stocks, coupant les voies ferroviaires et provoquant des déraillements de convois allemands. Les attaques s'intensifiaient contre les groupes d'officiers ou de soldats allemands. Enfin, la lutte contre la Milice et les agents de la Gestapo se développait : le châtiment des traîtres commençait. Parallèlement les différents mouvements de la Résistance se cherchaient, se rencontraient et, pour l'action, tendaient peu à peu à se fondre en un seul bloc. Aux Mouvements Unis de la Résistance, qui avaient réalisé l'union Combat-LibérationFrancs-Tireurs, se joignaient l'ORA, organisation de l'Armée, les Ardents, enfin les Francs-Tireurs et Partisans Français, qui venaient ainsi grossir les troupes régulières, désormais rattachées aux Forces Françaises de l'Intérieur, sous la haute direction du Général Kœnig. Un nouveau stade était atteint, permettant, grâce à un armement chaque jour meilleur et à une cohésion totale, d'envisager des actions d'ensemble plus ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 462 spécifiquement militaires. Devant nos forces accrues, la WEHRMACHT devait mobiliser toutes ses forces, la GESTAPO rageait, la MILICE tremblait… Cela c'est l'union de toutes nos forces qui l'a permis, la ferme décision prise par chacun de nous de rejeter bien loin tout esprit de clocher et tout sectarisme déplacé dans notre lutte pour la Liberté. Alors que nous, les pionniers de la Résistance, allons voir nous rejoindre au combat de nouveaux camarades qui, bien que tardivement éclairés, n'en sont pas moins respectables par leur esprit de sacrifice, rappelons à ceuxci quels buts étaient les nôtres lorsque l'idée de la Résistance a germé en nous : 1° Aider les Nations Unies à bouter hors de France l'envahisseur et permettre ainsi à la France, au jour de la victoire finale, de prendre la place qu'elle aura méritée et non celle de nation vassale que voulaient lui assigner les collaborateurs ou les indifférents ; 2° Châtier tous les traîtres, qu'ils aient, en Juin 1940, été les fauteurs de la défaite militaire, qu'ils aient, depuis lors, aidé à la déportation ou aux internements dans les camps de concentration, ou qu'ils aient, enfin, sur leur vilaine conscience, la responsabilité des exécutions des patriotes fusillés par Vichy ou par la Gestapo, après les tortures que l'on sait ; 3° Abattre le fascisme et restaurer, dans une quatrième République tant souhaitée, les principes de Liberté si chers à la vraie France et les principes sociaux les plus hardies dont la résistance désire appuyer de toutes ses forces l'application. C'est pour atteindre ce triple but que nous avons, depuis de longs mois, quitté familles, situations, quiétude de jours égaux et sans heurts pour affronter, à travers les mailles serrées tendues par l'ennemi, les pires dangers, les plus grandes difficultés, mangeant lorsqu'on en avait le temps, dormant de même, souvent sur la “dure”. C'est pour atteindre ce triple but que vous êtes tombés, camarades de l'époque héroïque […] et combien d'autres dont la mémoire reste en nous, ceux du Mont-Mouchet et de la Truyère, […] tous les Héros tombés glorieusement au Champ d'Honneur. Nous vous pleurons tous, camarades de combat qui avez donné votre sang pour la France, pour la république, contre les boches, contre le fascisme. Et, à ce dernier tournant de la lutte, nous vous faisons serment solennel de continuer sans faiblesse la tâche que nous nous étions ensemble assignée. La Résistance menée depuis de longs mois par une élite ayant un idéal bien accroché au cœur, ne doit pas s'effriter ou perdre son sens initial sous prétexte que, le succès approchant, la masse des Français va venir, en une véritable marée, se joindre aux Forces Françaises de l'Intérieur. Au contraire et plus que jamais elle devra tout mettre en œuvre pour réaliser l'union absolue de toutes les forces démocratiques françaises, aider au rapprochement des tendances, proscrire les querelles partisanes toujours préjudiciables à l'intérêt général des républicains sincères. Amis de la Résistance, quels que vous soyez, communistes, socialistes, démocrates de toutes origines, des plus modérées aux plus avancées, restons coude à coude jusqu'à ce que les buts que nous poursuivons tous soient enfin atteints et que soient vengés nos camarades." ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 463 Texte 16 "Henri Frenay au CFLN", "François de Menthon", "Emmanuel d'Astier", Combat, décembre 1943. Henry Frenay au CFLN Le 15 avril 1943, nos lecteurs trouvaient pour la première fois au bas de l’éditorial la signature d’Henri FRENAY. C’était un défi de plus lancé à la Gestapo et à Vichy. Puisque leurs agents réunis le recherchaient dans la France entière, puisque tous les commissaires de police recherchaient sa photo et son signalement, il estimait dorénavant inutile de se retrancher derrière un pseudonyme, et inscrivait son véritable nom au bas d’un article intitulé : “La France a choisi”. […] Parmi les hommes qui, depuis l’origine, résistent à l’Allemand et à la dictature, Henri FRENAY a droit à une des premières places. […] De retour en zone libre, il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre ce qui se passait. Profondément averti des questions allemandes qu’il avait étudiées au Centre des Hautes Études Germaniques de Strasbourg, il savait qu’aucun compromis n’était permis avec l’hitlérisme. Et sa passion pour la justice sociale et la rénovation de la France ne pouvait être trompée par la mascarade de la “révolution nationale”. Dans une lettre pleine d’amertume et de violence adressée au général Picquendart, FRENAY démissionnait d’une armée sans espoir, corps de fonctionnaires, garde sans foi d’un régime sans honneur. Ses chefs tentèrent encore de la fléchir, son parti était pris : FRENAY commençait à organiser la Résistance. Ce fut d’abord un court bulletin dactylographié en 18 exemplaires, et diffusé par un premier noyau de patriotes. Ces modestes feuilles firent leur chemin, accrochèrent des bonnes volontés. Bientôt ce fut une feuille ronéotée, “Les Petites Ailes”, éditées dans les deux zones, puis imprimées en juillet 1941. En septembre 1941 le titre changeait pour celui de “Vérités”. Fin 1941, FRENAY et de MENTHON réunissaient leurs deux mouvements : “Vérités” fusionnaient avec “Liberté” et “Combat” voyait le jour, devenant le plus puissant mouvement de Résistance français. Simultanément, FRENAY mettait au point les différentes branches de notre activité, dont le journal n’était que le support, le moyen de recrutement et le signe visible ; au fur et à mesure que la situation se modifiait, il créait avec précision les organes nouveaux nécessaires au développement de la Résistance, tels, au début de 1942, le service social, dont la tâche est hélas bien plus vaste aujourd’hui, puis, au début de 1943, le service des maquis, qui eut la lourde charge d’organiser et de prendre en main les réfractaires à la déportation désireux de se battre pour la France. Cependant, inquiet de la division inutile et exagérée de la Résistance, il bataillait inlassablement à travers l’année 1942 pour que l’on renonce à la pluralité des Mouvements, sécurité illusoire et source de désorganisation. Et, ainsi, nous aboutissions aux Mouvements Unis au début de 1943. Oui, Henri FRENAY a bien mérité de la Résistance et de la France. Que dire de l’homme ? Vivacité du caractère et extrême gentillesse de la nature, sagesse politique étonnante pour ce soldat, esprit profondément ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 464 révolutionnaire, et simultanément le cœur pris comme bloc dans la vieille tradition de l’honneur militaire. Grâce à Dieu, nous l’avons conservé. Après bien des alertes, la Gestapo le manquait d’un souffle il y a quelques mois, au début de l’été, et arrêtait en son lieu sa plus vieille collaboratrice, Madame ALBRECHT, qui payait de sa vie à Fresnes, quarante huit heures plus tard, le crime de patriotisme. Aujourd’hui sa place n’est plus ici, et ses camarades ont exigé qu’avec d’Astier et de Menthon, il reste à Alger pour préparer notre Libération — pour défendre notre Révolution. François de Menthon La guerre et la Résistance ont révélé bien des hommes à euxmêmes et à leurs amis. Qui eût cru que ce grand garçon doux, ce professeur de droit, stupéfierait ses camarades de guerre par des actes d’héroïsme fou ? Qui eût pensé que ce président de l’Association catholique de la Jeunesse française, descendant d’une des plus nobles familles de Savoie, père de six enfants, serait un des créateurs de la Résistance ? Ce fut dès la fin de 1940 que de Menthon et quelques amis fondèrent “Liberté”, journal et mouvement, au service de la France et de la République. Au milieu de 1941, contact était pris avec l’équipe de Frenay ; de la communauté de buts jaillit l’amitié, se scella l’union. “Combat” était né, groupant des socialistes, des chrétiens, des démocrates, sous la conduite d’hommes sans passé politique, figures nouvelles, issues du désarroi général. […] Alors naturellement, puisqu’il y avait davantage de danger, de Menthon venait le partager et partager les responsabilités difficiles. Tel est le commissaire à la Justice du CFLN. Emmanuel d’Astier […] La défaite qui devait exposer le néant de tant de généraux, de hauts fonctionnaires et d’hommes publics, révéla au contraire en d’Astier un combattant résolu et un animateur qu’on n’eut pas soupçonné dans l’aristocrate un peu nonchalant de la veille. Dès l’été de 1940, Emmanuel d’Astier commençait le lent et périlleux travail de la résistance à l’occupant et à ses complices. C’est lui qui fut, en zone Sud, l’animateur du mouvement “Libération”. C’est lui qui, à Londres où le conduisait de temps en temps un de ces mystérieux avions nocturnes au sujet desquels tant de gens traqués ont rêvé, prit avec le Comité du Général de Gaulle les contacts qui devait amener la reconnaissance de son mouvement par les Forces Françaises Combattantes. C’est lui enfin qui, avec Henri Frenay, de “Combat”, et avec l’animateur de “Franc-Tireur” dont le nom doit être encore tenu secret, réalisa cette année la fusion des trois grands mouvements de résistance créés en zone sud." ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 465 Texte 17 "Veillée d'armes", Combat, septembre 1943 "13 Juillet 1943 - Quelque part en France. Dans différents coins de banlieue des hommes se rassemblent. À chacun des lieux convenus, une voiture arrive, repart aussitôt, emmène les hommes serrés comme des harengs. Le chauffeur seul sait où l’on va. Bientôt tous se rejoignent sur un mamelon boisé, loin de toute agglomération. Qui sont ces hommes ? Fraternellement réunis pour célébrer le 14 juillet l’État-Major d’une Région des Mouvements de Résistance représente en même temps que toutes les classes et toutes les professions, les vrais Français de plusieurs départements. Il en est qui, traqués par la gestapo, ont tout abandonné pour continuer à lutter, d’autres ont encore une existence légale. Un signal : les chefs se réunissent. Les autres se postent aux sorties du petit bois, armes en mains pour garder ceux dont dépendra demain l’issue de la lutte dans ce pays. Puis, tous repartent vers une ferme où les attendent des paysans amis. La table est dressée, un drapeau bleu-blancrouge au mur : sur la table d’un côté un fanion qui glorieusement a fait la guerre, de l’autre notre fanion, celui de la France combattante d’aujourd’hui et de la France libérée de demain, le fanion à croix de Lorraine. Les hommes rassemblés là ne sont pas venus pour faire un “gueuleton”, ni pour assister à un banquet politique. Ils sont venus pour parler librement, pour se serrer les coudes avant le combat. Ils évoquent des aventures où, plus d’une fois, ils ont risqué leur vie. Ils font des projets. À minuit un des chefs prend la parole. En quelques mots simples il résume la pensée de tous. Il évoque le passé, ceux qui sont morts pour que la France vive, les camarades qui souffrent dans les geôles allemandes et françaises, tout ce qu’ils ont vécu ensemble, ces souvenirs qui les lieront indissolublement dans toute leur action future. Puis il parle du travail qui reste à faire avec ses dangers et ses joies et enfin de l’avenir, du jour de la paix et de la liberté où tous les Français pourront fêter le 14 Juillet sans se cacher au fond de la montagne." ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 466 Texte 18 "Terrorisme justicier", projet de tract du Comité de la Libération de la région et du Rhône, fin août 1944, AN 72 AJ 626, Fonds Alban Vistel. [Les phrases entre crochets ont été rayées sur l'original du texte] "Les crimes les plus abominables s'accumulent. Jeunes gens pendus à Nîmes. Jeunes gens mutilés. Femmes violées à St-Donat. Femmes violées dans un village du Jura. Vieillards sans défense massacrés. Otages assassinés par centaines. Nos camarades de Montluc assassinés aussi par centaines dont les corps douloureux sont jetés aux carrefours des routes. Nous ne pouvons plus pleurer nos frères qui ne verront pas l'apogée de la Libération, nous ne pouvons plus ni pleurer ni sourire, nous ne pouvons que combattre jusqu'à la mort pour être dignes d'eux. Pour longtemps encore nous ne pourrons que songer à la vengeance, qu'au châtiment terrible, nécessaire, pour que l'humanité ne connaisse plus de telles horreurs. Jamais, même aux jours les plus sombres de l'Histoire, le monde n'assista à une telle furie sanguinaire, à une telle hystérie du mal, à une telle férocité. Tout ce que nous avons lu dans les livres n'est que plaisanterie auprès de ce que voyions chaque jour, de ce que nous vivons. A ce terrorisme de bourreaux dégénérés, nous ne pouvons opposer rien d'autre qu'un terrorisme lucide, implacable, justicier. [Notre terrorisme est un devoir impérieux, un devoir de chaque instant.] Le milicien est hors la loi, qu'il soit abattu par tous les moyens comme un chien enragé. L'agent de la Gestapo, le mouchard est hors la loi, qu'il soit abattu par tous les moyens comme un chien enragé. La femme qui se vend à l'ennemi et le sert est hors la loi, qu'elle soit abattue par tous les moyens comme une bête immonde. Tremblez voyous, vicieux, tortionnaires, soudards ignobles qui ferez douter de l'humanité s'il n'y avait Notre Justice inexorable. Il n'y a plus de pacifiques, il ne peut plus y en avoir avant longtemps. Que le sang des martyrs retombe sur les hommes qui ne sont plus dignes du nom d'Homme. [Que la haine soit satisfaite.] Tant pis, il est désormais trop tard. Peuple de France, rends toi-même Ta justice, oppose terrorisme à terrorisme sans quartier ni pitié. [Chacun doit tuer sans remords chaque fois que l'occasion se présente.] Les Forces Française de l'Intérieur ont reçu l'ordre de faire le plus grand nombre possible de prisonniers, miliciens et allemands. L'ordre a déjà été exécuté. Plusieurs centaines de prisonniers répondront de la vie des nôtres. ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 467 Trop tard, tortures pour tortures, sang pour sang. Des exécutions ont déjà eu lieu. Les corps de ceux qui ont payé ont été laissés aux approches de Valence. D'autres villes connaîtront ce spectacle. Nous avons et aurons d'autres prisonniers, d'autres otages. Imbéciles sanglants, les temps sont proches où vous ne saurez où terrer vos visages hideux non pas de remords mais de peur. Les FFI de l'Isère ont épargné vos femmes que vous exposiez comme boucliers, désormais, personne d'entre vous ne sera épargné. Trop tard ! trop tard ! Le terrorisme justicier libérera et la France et le Monde du terrorisme nazi, du sadisme milicien, déjà, ”UN SANG IMPUR ABREUVE NOS SILLONS” Le Comité de Libération de la région et du Rhône Les MUR (Combat-Libération-Franc-Tireur) Le FN Le PC La CGT Le Comité de Coordination de l'Action Chrétienne Ont adhéré : Le Mouvement Prisonniers Les FUJP – Le MNCR – Le Comité des Femmes de France – Le Comité d'Action Féminine." ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 468 Annexe II. Tableaux des occurrences et des fréquences Le corpus de presse est composé d'un ensemble de 251 textes formés d'un échantillon d'articles de fond et d'éditoriaux de longueur variable : 110 pour Combat, 56 pour le Bulletin interne des mouvements unis, 41 pour La Libre Comté, 9 pour La Marseillaise, 17 pour Provence Libre et 18 pour Le Mur d'Auvergne. Le corpus est divisé en sous-corpus selon un découpage diachronique (six périodes de la fin de 1941 à l'été 1944) et synchronique (les six journaux). Afin d'établir les tableaux des occurrences et des fréquences nous avons utilisé le logiciel d'analyse lexicale Hyperbase. Pour chaque sous-corpus, une fonction établit la liste des formes lexicales les plus fréquentes avec, à chaque fois, un seuil en dessous duquel la répétition n'est plus significative. Les occurrences sont classées dans l'ordre décroissant et les fréquences sont calculées pour 1000. Les deux tableaux ci-dessous présentent les deux classements, diachronique et synchronique. ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE CORPUS Formes 1 nous 2 vous 3 france 4 résistance 5 français 6 libération 7 hommes 8 contre 9 combat 10 ennemi 11 jour 12 faire 13 action 14 guerre 15 monde 16 liberté 17 depuis 18 française 19 victoire 20 peuple 21 jamais 22 lutte 23 vichy 24 maquis 25 après 26 pays 27 faut 28 ans 29 allemands 30 camarades 31 aujourd'hui 32 doit 33 gouvernement 34 gaulle Oc 862 411 411 333 232 172 163 158 129 127 113 108 108 97 96 95 95 91 90 87 82 81 80 78 78 77 76 73 73 70 70 69 66 64 Fr 9,92 4,73 4,73 3,83 2,67 1,98 1,88 1,82 1,48 1,46 1,30 1,24 1,24 1,12 1,10 1,09 1,09 1,05 1,04 1,00 0,94 0,93 0,92 0,90 0,90 0,89 0,87 0,84 0,84 0,81 0,81 0,79 0,76 0,74 1941-1942 Formes nous france vous français liberté vichy combat contre libération peuple guerre depuis paris jour gaulle victoire faut pays hommes homme ennemi ans monde fusillés allemagne résistance ouvriers aujourd'hui mensonge gouvernement voulons lutte dire demain Oc 135 94 60 48 32 28 28 27 25 20 20 20 19 19 19 18 18 17 17 16 15 15 14 14 14 13 13 13 12 12 11 11 11 11 Fr 12,89 8,98 5,73 4,58 3,06 2,67 2,67 2,58 2,39 1,91 1,91 1,91 1,81 1,81 1,81 1,72 1,72 1,62 1,62 1,53 1,43 1,43 1,34 1,34 1,34 1,24 1,24 1,24 1,15 1,15 1,05 1,05 1,05 1,05 début 1943 Formes france nous vous français résistance française hommes peuple gaulle mois libération jour depuis voix laval giraud comité aujourd'hui tu hitler guerre gestapo chef police déportation contre victoire soldats ouvriers honneur faire épreuve défaite volonté Oc 61 55 34 32 30 18 17 13 13 12 12 12 12 11 11 11 11 11 10 10 10 10 10 9 9 9 8 8 8 8 8 8 8 7 Fr 7,90 7,12 4,40 4,14 3,88 2,33 2,20 1,68 1,68 1,55 1,55 1,55 1,55 1,42 1,42 1,42 1,42 1,42 1,29 1,29 1,29 1,29 1,29 1,17 1,17 1,17 1,04 1,04 1,04 1,04 1,04 1,04 1,04 0,91 fin 1943 Formes Oc nous 127 résistance 76 france 75 français 55 vous 49 libération 27 combat 24 victoire 22 honneur 22 faire 22 liberté 21 hommes 21 française 21 contre 21 aujourd'hui 20 maquis 19 guerre 19 comité 19 vichy 18 alger 17 faut 16 demain 16 politique 15 ennemi 15 courage 15 après 15 pays 14 jour 14 heure 14 gouvernement 14 camarades 14 premier 13 mouvements 13 depuis 13 469 Fr 8,77 5,25 5,18 3,80 3,38 1,86 1,66 1,52 1,52 1,52 1,45 1,45 1,45 1,45 1,38 1,31 1,31 1,31 1,24 1,17 1,10 1,10 1,04 1,04 1,04 1,04 0,97 0,97 0,97 0,97 0,97 0,90 0,90 0,90 début 1944 Formes nous vous résistance france action hommes français contre ennemi libération jour guerre jamais faire maquis monde combat française je après doit allemands vie répression lutte faut allemagne politique gestapo camps camarades mort depuis armée Oc 268 146 133 92 68 65 60 55 51 50 42 38 37 37 35 34 33 31 30 29 28 28 26 26 25 24 23 21 21 21 21 20 20 20 Fr 9,34 5,09 4,64 3,21 2,37 2,27 2,09 1,92 1,78 1,74 1,46 1,32 1,29 1,29 1,22 1,19 1,15 1,08 1,05 1,01 0,98 0,98 0,91 0,91 0,87 0,84 0,80 0,73 0,73 0,73 0,73 0,70 0,70 0,70 fin 1944 Formes nous vous france résistance libération contre hommes français ennemi combat faire jour 14 juillet monde depuis lutte morts ans heure forces peuple pays liberté jura jour victoire camarades heures gouvernement allemands an 1944 jamais ffi soldats mouvement Oc 286 127 97 88 63 52 43 43 42 42 35 35 34 31 30 29 29 28 27 26 26 26 26 26 25 25 24 24 24 24 23 22 21 21 Fr 10,73 4,76 3,64 3,30 2,36 1,95 1,61 1,61 1,58 1,58 1,31 1,31 1,28 1,16 1,13 1,09 1,09 1,05 1,01 0,98 0,98 0,98 0,98 0,98 0,94 0,94 0,90 0,90 0,90 0,90 0,86 0,83 0,79 0,79 ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE CORPUS Formes 35 chef 36 heure 37 armes 38 honneur 39 dès 40 armée 41 allemagne 42 gestapo 43 patriotes 44 vie 45 homme 46 demain 47 république 48 maintenant 49 comité 50 heures 51 temps 52 politique 53 alliés 54 nationale 55 mouvement 56 mort 57 forces 58 jours 59 traîtres Oc 64 63 61 59 59 59 59 57 55 54 54 53 52 52 52 51 50 50 50 49 49 49 49 48 47 60 formes 61 occurrences 10053 86911 62 fréquence 63 64 65 66 67 0,12 Fr 0,74 0,72 0,70 0,68 0,68 0,68 0,68 0,66 0,63 0,62 0,62 0,61 0,60 0,60 0,60 0,59 0,58 0,58 0,58 0,56 0,56 0,56 0,56 0,55 0,54 1941-1942 Formes armistice après trahison sait pétain maréchal maintenant jours jamais chef allemande révolution libre laval honneur devoir an 1940 politique patriotes patrie otages hitler foi faire armes Oc 11 11 10 10 10 10 10 10 10 10 10 9 9 9 9 9 9 8 8 8 8 8 8 8 8 Fr 1,05 1,05 0,95 0,95 0,95 0,95 0,95 0,95 0,95 0,95 0,95 0,86 0,86 0,86 0,86 0,86 0,86 0,76 0,76 0,76 0,76 0,76 0,76 0,76 0,76 début 1943 Formes réfractaires jours groupes faut ennemi villes union temps solidarité relève paysans pays moment lutte force espoir devoir demain combat armée appel an 1940 allemands action ville Oc 7 7 7 7 7 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6 5 Fr 0,91 0,91 0,91 0,91 0,91 0,78 0,78 0,78 0,78 0,78 0,78 0,78 0,78 0,78 0,78 0,78 0,78 0,78 0,78 0,78 0,78 0,78 0,78 0,78 0,65 fin 1943 Formes action unis temps révolution république frenay doit dès armes armée union totale peuple patriotes monde lutte gaulle an 1940 amis allemands police justice jeunes droit devoir 470 Oc 13 12 12 12 12 12 12 12 12 12 11 11 11 11 11 11 11 11 11 11 10 10 10 10 10 Fr 0,90 0,83 0,83 0,83 0,83 0,83 0,83 0,83 0,83 0,83 0,76 0,76 0,76 0,76 0,76 0,76 0,76 0,76 0,76 0,76 0,69 0,69 0,69 0,69 0,69 début 1944 Formes patriotes militants chef cause victoire peuple nationale maintenant heures chefs aujourd'hui armes voulons vichy toujours temps république population pays parti ordre mouvements jour j ans traîtres Fr 0,66 0,66 0,66 0,66 0,63 0,63 0,63 0,63 0,63 0,63 0,63 0,63 0,59 0,59 0,59 0,59 0,59 0,59 0,59 0,59 0,59 0,59 0,59 0,59 0,56 0,56 humaine 0,56 force alliés voix 8 7 0,76 trahison 0,67 toujours 5 5 0,65 astier 0,65 ans 10 10 0,69 mouvement 0,69 mois 16 16 pouvoir occupation nation morts journaux dit 7 7 7 7 7 7 0,67 0,67 0,67 0,67 0,67 0,67 5 5 5 5 5 5 0,65 0,65 0,65 0,65 0,65 0,65 9 9 9 9 9 9 0,62 formes 0,62 occurrences 0,62 fréquence 0,62 0,62 0,62 5094 28688 0,18 savoie savent région rappelez prisonniers premiers voulons travail succès paysans parti jamais fin 1944 Formes maquis dès après action république jours française doit unité nationale dit armes saint- (claude) révolution mort homme héros chef armée gestapo alliés traîtres patriotes maintenant jeunes Oc 19 19 19 19 18 18 18 18 18 18 18 18 17 17 17 17 17 17 17 17 17 17 17 17 16 victimes vichy troupes sang population gaulle Oc 21 21 21 21 20 20 20 20 19 19 19 19 18 18 18 18 18 18 18 17 17 16 16 16 16 Fr 0,79 0,79 0,79 0,79 0,75 0,75 0,75 0,75 0,71 0,71 0,71 0,71 0,68 0,68 0,68 0,68 0,68 0,68 0,68 0,64 0,64 0,60 0,60 0,60 0,60 16 16 0,60 0,60 15 15 15 15 15 15 0,56 0,56 0,56 0,56 0,56 0,56 ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE CORPUS Formes 68 69 70 1941-1942 Formes dès boches bataille 71 72 73 74 75 76 77 78 afrique vie régime police personne perdu parole nord 7 6 6 6 6 6 6 6 0,67 0,57 0,57 0,57 0,57 0,57 0,57 0,57 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 mois juifs heure française femmes événements esprit doit défaite courage 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6 0,57 formes 0,57 occurrences 0,57 fréquence 0,57 0,57 0,57 0,57 0,57 0,57 0,57 89 90 combattante camarades 6 6 0,57 0,57 91 92 93 formes occurrences fréquence Oc Fr Oc 7 7 7 2352 10473 0,22 début 1943 Fr Formes 0,67 jeunes 0,67 gouvernement 0,67 fils dès courage conseil chefs bientôt armes an 1943 allemagne Oc 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 2023 7723 0,26 fin 1943 Fr Formes 0,65 italie 0,65 corse 0,65 alliés 0,65 0,65 0,65 0,65 0,65 0,65 0,65 0,65 471 Oc 9 9 9 Fr 0,62 0,62 0,62 troupes territoire sud pouvoir ordre menthon gestapo force 8 8 8 8 8 8 8 8 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 dire dignes coups confiance cfln bientôt assemblée approche an 1943 allemagne 8 8 8 8 8 8 8 8 8 8 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 formes occurrences 3197 14489 fréquence TABLEAU 1. Formes lexicales par période (diachronique). Occurrences et fréquences 0,22 début 1944 Formes Oc Fr fin 1944 Formes françaises courage appel formes occurrences fréquence Oc Fr 15 0,56 15 0,56 15 0,56 4866 26656 0,18 ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE Fr 84 40 32 28 20 20 19 18 17 17 16 16 15 15 14 13 13 13 12 11 11 10 10 9,32 4,44 3,55 3,11 2,22 2,22 2,11 2,00 1,89 1,89 1,78 1,78 1,66 1,66 1,55 1,44 1,44 1,44 1,33 1,22 1,22 1,11 1,11 lutte liberté heure forces ennemi depuis boches 10 10 10 10 10 10 10 1,11 1,11 1,11 1,11 1,11 1,11 1,11 union miliciens jours camarades bataille 9 9 9 9 9 1,00 1,00 1,00 1,00 1,00 Oc Fr 9,29 7,70 5,40 4,19 3,51 2,16 2,13 2,09 1,99 1,79 1,76 1,55 1,55 1,45 1,42 1,35 1,32 1,25 1,25 1,22 1,22 1,22 1,15 nous résistance france maquis française hommes français contre action allemands chef libération camps répression faire comité police gestapo allemagne vichy troupes gouvernement armée 73 59 42 29 29 24 24 23 23 22 20 19 19 18 18 17 16 15 15 13 13 13 13 6,41 5,18 3,69 2,55 2,55 2,11 2,11 2,02 2,02 1,93 1,76 1,67 1,67 1,58 1,58 1,49 1,41 1,32 1,32 1,14 1,14 1,14 1,14 vous 195 10,63 nous nous 149 8,13 résistance résistance 52 2,84 monde ennemi 42 2,29 france français 35 1,91 hommes libération 31 1,69 libération france 29 1,58 jour 14 juillet jura 26 1,42 jour maquis 23 1,25 jamais jour 23 1,25 morts contre 23 1,25 gouvernement saint -(claude) 20 1,09 combat faire 20 1,09 peuple combat 20 1,09 mouvement action 20 1,09 heure depuis 19 1,04 jour j comité 19 1,04 armée heures 18 0,98 nationale dès 18 0,98 intransigeance mort 17 0,93 âme jeunes 17 0,93 révolution ans 17 0,93 passif population 16 0,87 liberté 33 33 31 29 26 25 24 1,11 1,11 1,05 0,98 0,88 0,84 0,81 savoie peuple moral (allemand) guerre après alger région 12 12 12 12 12 12 11 1,05 1,05 1,05 1,05 1,05 1,05 0,97 comtois chefs justice gestapo paysans hommes franc 16 16 15 15 14 14 14 0,87 0,87 0,82 0,82 0,76 0,76 0,76 humaine camarades vie histoire conscience actif vous 12 12 11 11 11 10 9 1,36 1,36 1,25 1,25 1,25 1,13 1,02 combat patrie lutte liberté camarades après an 1940 11 10 10 10 10 10 10 1,13 1,02 1,02 1,02 1,02 1,02 1,02 24 24 24 24 24 0,81 0,81 0,81 0,81 0,81 réfractaires gaulle ennemi depuis camp 11 11 11 11 11 0,97 0,97 0,97 0,97 0,97 victoire victimes maintenant jamais faut 13 13 13 13 13 0,71 0,71 0,71 0,71 0,71 volonté mort honneur homme héros 9 9 9 9 9 1,02 1,02 1,02 1,02 1,02 unité libre unis territoire sang 9 9 8 8 8 0,92 0,92 0,82 0,82 0,82 31 politique 32 ouvriers 33 monde 34 mois 35 gouvernement Oc Fr Provence Libre Formes Oc Fr 275 228 160 124 104 64 63 62 59 53 52 46 46 43 42 40 39 37 37 36 36 36 34 Fr La Marseillaise Formes 130 13,32 nous 42 4,30 résistance 35 3,59 france 28 2,87 vous 21 2,15 hommes 20 2,05 contre 18 1,84 libération 18 1,84 allemands 17 1,74 république 17 1,74 après 16 1,64 victoire 15 1,54 faire 14 1,43 français 14 1,43 auvergne 14 1,43 jour 14 1,43 gestapo 13 1,33 ffi 13 1,33 armes 12 1,23 combat 11 1,13 traîtres 11 1,13 action 11 1,13 soldats 11 1,13 mouvements Oc 1 nous 2 france 3 vous 4 français 5 résistance 6 hommes 7 contre 8 libération 9 combat 10 guerre 11 liberté 12 jour 13 depuis 14 ennemi 15 aujourd'hui 16 vichy 17 faut 18 honneur 19 homme 20 victoire 21 peuple 22 pays 23 gaulle lutte ans faire action demain jamais voulons La Libre Comté Formes Oc Le Mur d'Auvergne Formes Combat Formes 24 25 26 27 28 29 30 BIMU Formes 472 151 17,13 nous 43 4,88 france 40 4,54 résistance 38 4,31 français 36 4,08 doit 28 3,18 pays 22 2,50 je 22 2,50 française 22 2,50 faire 20 2,27 contre 20 2,27 action 20 2,27 parti 19 2,16 vous 16 1,82 jamais 16 1,82 ennemi 15 1,70 aujourd'hui 15 1,70 libération 14 1,59 guerre 14 1,59 alliés 13 1,47 victoire 12 1,36 union 12 1,36 monde 12 1,36 demain Oc Fr ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE Combat Formes BIMU Formes La Libre Comté Formes Oc Provence Libre Formes Le Mur d'Auvergne Formes Oc Fr Oc Fr Oc Fr Oc Fr Oc Fr 36 an 1940 37 temps 38 mouvements 39 française 40 trahison 24 23 23 23 22 0,81 0,78 0,78 0,78 0,74 assemblée arrestations allemandes prisonniers monde 11 11 11 10 10 0,97 0,97 0,97 0,88 0,88 enfants chef armes an 1944 allemands 13 13 13 13 13 0,71 0,71 0,71 0,71 0,71 années action union meilleur espoir 9 9 8 8 8 1,02 1,02 0,91 0,91 0,91 république politiques politique pensée empire 8 8 8 8 8 0,82 0,82 0,82 0,82 0,82 an 1944 vie peuple pays patriotes 9 8 8 8 8 1,00 0,89 0,89 0,89 0,89 41 42 43 44 45 22 22 22 22 22 0,74 0,74 0,74 0,74 0,74 faut épuration armes allemand activité 10 10 10 10 10 0,88 0,88 0,88 0,88 0,88 vichy traîtres lutte gens française 12 12 12 12 12 0,65 0,65 0,65 0,65 0,65 doctrine voulons unis terrible souvenir 8 7 7 7 7 0,91 0,79 0,79 0,79 0,79 devons compatriotes allemagne toujours partis 8 8 8 7 7 0,82 0,82 0,82 0,72 0,72 morts vichy tour tombés révolution 8 7 7 7 7 0,89 0,78 0,78 0,78 0,78 46 après 47 voix 22 21 0,74 volonté 0,71 victoire 9 9 0,79 forces 0,79 feu 12 12 0,65 repos 0,65 politique 7 7 0,79 national 0,79 heure 7 7 0,72 mont mouchet 0,72 jour 14 juillet 7 7 0,78 0,78 48 49 50 51 52 53 laval défaite courage chef allemagne moment 21 21 21 21 21 20 0,71 0,71 0,71 0,71 0,71 0,68 patriotes opinion lutte jeunes giraud toujours 9 9 9 9 9 8 0,79 0,79 0,79 0,79 0,79 0,70 doit courage comté appel soldats ravitaillement 12 12 12 12 11 11 0,65 0,65 0,65 0,65 0,60 0,60 nécessaire lutte joie heures fiers ennemi 7 7 7 7 7 7 0,79 0,79 0,79 0,79 0,79 0,79 anglo an 1944 VRAI vichy travail succès 7 7 6 6 6 6 0,72 0,72 0,61 0,61 0,61 0,61 idéal francs état esprit envahisseur compagnies 7 7 7 7 7 7 0,78 0,78 0,78 0,78 0,78 0,78 54 dit 55 armes 56 allemande 57 paris 58 mouvement 59 maquis 60 jours 61 devoir 62 révolution 63 république 64 pétain 65 ordre 66 nationale 67 mensonge 68 heure 69 force 70 doit 20 20 20 19 19 19 19 19 18 18 18 18 18 18 18 18 18 0,68 0,68 0,68 0,64 0,64 0,64 0,64 0,64 0,61 0,61 0,61 0,61 0,61 0,61 0,61 0,61 0,61 programme population politique personnes mois mesures laval informations débarquement ans vie union terroristes temps premier pédagogie opération 8 8 8 8 8 8 8 8 8 8 7 7 7 7 7 7 7 0,70 0,70 0,70 0,70 0,70 0,70 0,70 0,70 0,70 0,70 0,62 0,62 0,62 0,62 0,62 0,62 0,62 patriotes liberté guerre groupe devoir courageux camarades villages vie territoire service pays miliciens jours heure héros habitants 11 11 11 11 11 11 11 10 10 10 10 10 10 10 10 10 10 0,60 0,60 0,60 0,60 0,60 0,60 0,60 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 argent unité ultime refus née nation misère gaulle français faire doit bilan voix virile victoire vertu vaincre 7 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6 5 5 5 5 5 0,79 0,68 0,68 0,68 0,68 0,68 0,68 0,68 0,68 0,68 0,68 0,68 0,57 0,57 0,57 0,57 0,57 soldats question provence population ordre militants force envahisseur formes occurrences fréquence 6 6 6 6 6 6 6 6 2366 9758 0,24 0,61 0,61 0,61 0,61 0,61 0,61 0,61 0,61 blessés armée amis troupes totale premier policiers officiers nouvelle nation mois maquis heures guerre faut enthousiasme courage 7 7 7 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6 0,78 0,78 0,78 0,67 0,67 0,67 0,67 0,67 0,67 0,67 0,67 0,67 0,67 0,67 0,67 0,67 0,67 patriotes maintenant dire dès camarades Fr La Marseillaise Formes 473 ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE Combat Formes Oc 71 bataille 18 72 totale 17 73 régime 17 74 hitler 17 75 heures 17 76 armistice 17 77 alliés 17 78 allemands 17 79 vérité 16 80 traîtres 16 81 patrie 16 82 coups 16 83 appel 16 84 formes 4817 85 occurrences 29609 86 fréquence 0,16 87 88 89 Fr 0,61 0,57 0,57 0,57 0,57 0,57 0,57 0,57 0,54 0,54 0,54 0,54 0,54 BIMU Formes mort militants maintenant groupe grandeur forces doivent doit discours dès combat alliés formes occurrences fréquence Oc Fr 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 2713 11380 0,24 0,62 0,62 0,62 0,62 0,62 0,62 0,62 0,62 0,62 0,62 0,62 0,62 La Libre Comté Formes Oc force famille esprit bientôt alliés aider actes formes occurrences fréquence 10 10 10 10 10 10 10 3986 18336 0,22 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 Marseillaise formes occurrences fréquence 2002 8814 0,23 Fr 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 La Marseillaise Formes 474 Provence Libre Formes Oc Fr Oc Fr territoire savons sagesse sacrifices sacrifice peuples passé partis parti marseillaise humanité grandeur française femmes enfants douleur dit dirigeants dignité 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 0,57 0,57 0,57 0,57 0,57 0,57 0,57 0,57 0,57 0,57 0,57 0,57 0,57 0,57 0,57 0,57 0,57 0,57 0,57 chefs volonté unité unis tireurs temps puy police mur munitions major libérer jeunes jamais héritiers finale fascisme égalité doit 6 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 0,67 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 devoir dès dernier depuis demain 5 5 5 5 5 0,57 0,57 0,57 0,57 0,57 dit désormais darnand commandant combats 5 5 5 5 5 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 conformisme bourgeois avenir après ans ancien 5 5 5 5 5 5 0,57 0,57 0,57 0,57 Mur d'Auvergne 0,57 formes 2292 0,57 occurrences 9014 fréquence 0,25 attaque approche ans années allemandes allemande allemand allemagne 5 5 5 5 5 5 5 5 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 0,55 TABLEAU 2. Formes lexicales par locuteur (synchronique). Occurrences et fréquences Oc Fr Le Mur d'Auvergne Formes ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 475 Annexe III. Répartition thématique des formes lexicales Description des thèmes Nous avons procédé à un regroupement thématique des formes lexicales présentes dans les tableaux précédents. Un retour systématique au texte qui l'environne permet de classer chaque forme dans des ensembles thématiques récurrents, en levant les ambiguïtés et en tenant compte des doubles, voire triples sens. Nous avons utilisé pour ce travail la fonction "CONTEXTE" du logiciel de lexicométrie Hyperbase. Les formes lexicales sont situées à l'intérieur de leurs énoncés et y prennent sens. Voici deux exemples : la liste des énoncés de "défaite" dans la période 1941-1942 (la dernière occurrence ne renvoie pas à la défaite de 1940, mais à celle, espérée, de l'Allemagne) ; celle de la forme "heure" utilisée dans le journal Le Mur d'Auvergne (ici le mot a de multiples significations : il peut évoquer le moment de la Libération attendue, renvoyer à l'épuration, ou exprimer l'urgence). FORME : défaite . EXTRAITS : 6. OCCURRENCES : 6 C' est avec ceux qui viendront à nous que nous mènerons le bon combat de la France pour la France . Nous voulons qu' à la DéFAITE des armes succède la victoire de l' esprit . En Octobre 1940 , quatre mois après l' armistice , le Gouvernement a accepté le principe de la ” collaboration ” . Cette politique qui a pu troubler un moment les esprits par les espoirs qu' elle a fait naître , aboutit aujourd'hui à des résultats qui sont parfaitement connus et qu' on pouvait prévoir . Il lance un appel particulier aux ouvriers et aux paysans que la DéFAITE a plus durement frappés que quiconque et dont le vigoureux bon sens , l' esprit de résistance sont le meilleur gage du salut . L' accession du Maréchal Pétain au poste de Chef de l' État calma dans une certaine mesure nos appréhensions . Bien qu' ayant préféré la continuation de la lutte , nous pensions que le Maréchal était le seul homme capable de tirer le meilleur parti d' une situation compromise par la DéFAITE et l' Armistice . LE 13 DÉCEMBRE 1940 : Vous rejetiez de votre gouvernement le maquignon de la DéFAITE qui fut votre complice au coup d' État de Bordeaux . La France vous en sut gré . Mais chez vous les sursauts d' énergie restent sans lendemain . Depuis des dizaines d' années , la France a été trahie . Révolutionnaires sans Révolution . Politiciens à la solde de l' Étranger ou , à la soldes des Puissances d' Argent . Voilà le Personnel qui a conduit la France à la DéFAITE militaire , à la déroute morale . Car ces soldats marchent vers la DéFAITE et nous marchons vers la victoire . Ils ont perdu l' initiative du combat . Ils ne peuvent plus que réagir avec quelque retard contre les entreprises des Alliés . FORME : heure . EXTRAITS : 10. OCCURRENCES : 10 La fusion totale de Combat , Libération , Francs - Tireurs a été , il y a un an , le prélude d' une action unique dont des heureux effets n' ont pas tardé à se faire sentir . Le dernier quart d' HEURE approche et spontanément les autres mouvements de résistance se groupent autour des MUR pour la bataille décisive . Chaque jour l' unité se fait plus étroite entre tous les militants de la Résistance . Ceux qui manifestent encore quelque réserve à l' égard d' une union complète dans le combat ont , à l' approche de l' HEURE de la libération , fait taire leurs sentiments au demeurant très honorables : attachement à tel ou tel groupe , qu' on ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 476 ne peut taxer de chauvinisme mais bien plutôt de fidélité aux ” couleurs ” , ou encore méfiance politique basée sur de vieilles histoires qui , au fur et à mesure que l' action se développe , que les camarades tombent , s' estompent peu à peu et vont rejoindre les souvenirs insensiblement effacés des absurdes conflits d' avant guerre . Cet officier français , loyal et sans faiblesse a été assassiné par les boches qui , avec une duplicité odieuse , ont tenté de masquer leur forfait en abandonnant le corps du commandant Madeline , défiguré , sur une route , voulant simuler ainsi un accident consécutif à une évasion imaginaire . Les obsèques devaient avoir lieu sans témoins , méthode Gestapo , à une HEURE tenue secrète . ” Ils ” craignaient une manifestation… Pourtant , plus de 5000 personnes ont assisté aux funérailles qui ont pris ainsi un caractère grandiose de protestation émue et indignée envers les méthodes crapuleuses des Allemands . Hommes et femmes d' Auvergne , le Comité Régional de la Libération s' adresse à vous en ce premier mai 1944 . Il s' adresse à vous comme émanation de toutes les organisations résistantes du département , comme représentant officiel du Comité Français de la Libération Nationale , comme la seule autorité vraiment française , car il tient ses pouvoirs de la force et des sacrifices de ses milliers de militants et de l' approbation quasi - unanime de la population . Il s' adresse à vous solennellement parce que l' HEURE approche des combats décisifs . à ceux et à celles qui servent l' envahisseur hitlérien dénonçant les patriotes aux criminels de la Gestapo , participant aux actes de répression , produisant pour les nazis et profitant de leur argent , il dit : le châtiment sera d' une sévérité extrême , et pour certains , son heure sonnera plus tôt qu' ils ne le pensent . à ceux et criminels nazis et extrême , à celles qui servent l' envahisseur hitlérien dénonçant les patriotes aux de la Gestapo , participant aux actes de répression , produisant pour les profitant de leur argent , il dit : le châtiment sera d' une sévérité et pour certains , son HEURE sonnera plus tôt qu' ils ne le pensent . L' HEURE n' est plus aux palabres , mais à l' action , rien qu' à l' action . Nous avons derrière nous une telle masse de volontaires , une telle quantité d' armes modernes et de munitions , nos hommes ont un tel enthousiasme , une telle foi en la victoire finale que douter de celle - ci serait nier l' évidence même . Préparons - nous pour les combats décisifs . Qu' une volonté farouche nous soutienne et nous anime . L' HEURE approche de la libération et de l' insurrection nationale . Toute la France doit y prendre part . Le 30 mai , il y eut quatre bombardements sur Halberstadt . Nous pensions que notre dernière HEURE était venue . ” Véritable terreur du Maquis dont les hommes sont partout présents et toujours invisibles . Celui - ci compare son sort à celui des explorateurs perdus dans la brousse africaine et soumis aux attaques imprévisibles des indigènes que l' on ne voit pas surgir et qui s' évanouissent dans la forêt hostile , déconcertante et redoutable . L' HEURE de la mobilisation générale n' a pas encore sonné . Que les amis impatients de se joindre à nous pour la libération du pays refreinent leur ardeur . Le moment est proche où la nation aura besoin d ' eux . Et nous nous disions que leur sacrifice n' avait pas été vain , que l' HEURE de la revanche avait enfin sonné . Et si nous avions pu douter , il n' eut fallu que parcourir des yeux la foule qui nous entourait et où , aux côtés des purs , des sincères patriotes , figuraient quelques ” collaborateurs ” jusqu' ici obstinés , brûlants de ce qu' ils avaient adoré , unissant leurs voix aux nôtres pour chanter la liberté , la République après avoir favorisé l' esclavage et le fascisme . ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 477 Huit thèmes principaux ont ainsi été délimités, parfois subdivisés en sous thèmes : 1. Résistance et désignation de soi. Ces formes nomment les personnes, les groupes, les entités et les institutions appartenant à la Résistance : "résistance", "nous", "mouvements", "MUR", "FFI", "patriotes", "militants", "camarades", "communistes", "corps-francs", "francs-tireurs", "héros", "fusillés", "de Gaulle", "Alger", "comités", "CFLN", "Giraud", "Frenay", "maquis", "camps", etc. Par ailleurs, sept sous-thèmes tentent de rendre compte de la façon dont les mouvements se désignent : Responsables : noms de personne individuelle représentant la Résistance, de Gaulle, Frenay, d'Astier, Menthon, Giraud, chef, Mouvements : noms des mouvements ou ensembles de mouvements, Combat, Franc-Tireur, MUR, MLN, Libération, Groupes et services : services spécialisés ou entités, corps francs, FFI, maquis, camps, camp, chefs, lieutenant, Institutions : institutions politiques "représentatives", CFLN, Alger, comités, Ensemble de personnes : désignation par des qualificatifs, camarades, patriotes, militants, communistes Victimes et héros : morts, fusillés, otages, héros 2. Rapport au temps. Il s'agit des termes indiquant une représentation du passé, du présent et du futur : "défaite", "an 1940", "armistice", "demain", "après", "dès", "jour", "heure", "heures", "aujourd'hui", "avenir", "maintenant", etc. Pour une analyse plus fine de ce thème, nous l'avons subdivisé en six autres sous-ensembles : futur : projection dans le futur, construction et projet d'avenir présent : urgence, préoccupations et difficultés défaite de 1940 : réflexion sur les causes de la défaite, sur l'armistice récit et histoire de la Résistance et de l'Occupation : mémoire, passé, légendaire, historique de la Résistance et des mouvements références historiques : 14 juillet, 11 novembre atemporalité : ce qui semble échapper au temps, "jamais", "toujours", "mort" 3. Valeurs, qualités et posture. Ce thème définit les valeurs, les qualités, les projets et les manières d'être défendues ou préconisées, qui caractérisent l'être résistant : "honneur", "liberté", "solidarité", "vie", "homme", "foi", "courage", "république", "martyre", etc. ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 478 humanisme : défense et affirmation de valeurs universelles ("liberté", "homme", "humaine", "justice", "droit", "dignité", "dignes") témoignage : affirmation d'une présence morale, d'une conscience d'un être-là : "dire", "sait", "parole", "vérité", "foi", "contre", "conscience", "âme", "confiance") honneur : défense de l'honneur ("honneur", "fierté", "fiers", "courage", devoir", "volonté", "voulons", "ordre") solidarité : attitude de solidarité préconisée ("solidarité", "aider") sacrifice : sens du sacrifice ("sacrifice", "mort") projets : valeurs républicaines, pensée politique ("république", "partis", "politique", "révolution") unité : appel à l'unité, exaltation de l'union des groupes de résistance ou du pays tout entier : "unité", "unis", "union" 4. Ennemis, actions et comportements de l'ennemi. Il s'agit à travers ces mots de désigner directement les ennemis et de dénoncer leurs actes et leurs comportements ainsi que la violence : "Vichy", "Pétain", "trahison", "Allemagne", "honte", "assassins", "répression", "tortures", etc. 5. Populations, territoires et victimes. Les journaux clandestins s'adressent à diverses catégories de populations, évoquent leurs difficultés et leurs souffrances ainsi que celles des régions : "hommes", "otages", "juifs", "Jura", "provençaux", "gens", "ouvriers", "paysans", etc. 6. Actions, nécessité et formes de l'action et injonction. Ces mots expriment à la fois la nécessité de l'action ("action", "lutte", "combat", "faire", "combattre") et des appels à agir ("faut", "doit"), sous la forme d'ordre et d'injonction. 7. France et champ patriotique. "France", "français", "national", "patrie", etc. renvoient à l'exaltation de la nation. 8. Les alliés et le monde : "alliés", "Afrique", "américains", "Téhéran", etc. ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 479 Pour décrire l'évolution et la répartition de ces thèmes et de leurs subdivisions, nous avons adopté deux approches statistiques. La première, la plus simple, consiste dans un premier temps à dénombrer pour chaque thème et sous-thème, selon les périodes et les journaux clandestins, les formes lexicales qui s'y rattachent, puis à les ramener à un pourcentage par sous-corpus afin de permettre une comparaison. Les graphiques 1 à 9 proposés ci-dessous en sont la représentation graphique. Le graphique (1) correspond à la répartition thématique des formes lexicales de l'ensemble du corpus (en %). France, patriotisme, monde 9% Résistance et désignation 20% Action, formes de l'action, injonction 9% Populations, territoires, victimes 8% Rapport au temps 24% Ennemis et comportements de l'ennemi 17% Valeurs, qualités et postures 13% Graphique 1. Répartition thématique des formes lexicales (%) de l'ensemble du corpus ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 480 Les graphiques 2 et 3 présentent de façon diachronique puis synchronique la répartition thématique des formes lexicales. 30% 25% 20% Résistance et désignation Rapport au temps Valeurs, qualités et postures Ennemis, actions et comportements Populations, territoires, victimes Action, formes de l'action, injonction France, champ patriotique Monde, alliés 15% 10% 5% 0% 1941-1942 début 1943 fin 1943 début 1944 fin 1944 Graphique 2. Évolution de la répartition thématique des formes lexicales (%) de l'ensemble du corpus 45% 40% 35% 30% Résistance et désignation Rapport au temps Valeurs, qualités et postures Ennemis, actions et comportements Populations, territoires, victimes Action, formes de l'action, injonction France, champ patriotique Monde, alliés 25% 20% 15% 10% 5% 0% Combat BIMU Libre Comté La Marseillaise Provence libre Mur d'Auvergne Graphique 3. Répartition thématique comparée des formes lexicales (%) de l'ensemble du corpus ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 481 Les graphiques 4, 5, 6, 7, 8 et 9 proposent la même présentation, diachronique puis synchronique, en détaillant les thèmes du rapport au temps, de la désignation, ainsi que celui des valeurs et qualités. 60% 50% Défaite de 1940 40% Références historiques Futur 30% Occupation et Résistance : récit, passé et histoire Présent Atemporalité 20% 10% 0% 1941-1942 début 1943 fin 1943 début 1944 fin 1944 Graphique 4. Évolution des formes lexicales relatives au rapport au temps (%) de l'ensemble du corpus 60% 50% Défaite de 1940 40% Références historiques Futur 30% Occupation et Résistance : récit, passé et histoire Présent Atemporalité 20% 10% 0% Combat BIMU Libre Comté Marseillaise Provence Libre Mur d'Auvergne Graphique 5. Répartition comparée des formes du temps (%) de l'ensemble du corpus ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 482 40% 35% 30% 25% responsables mouvements groupes et services institutions ensemble victimes et héros 20% 15% 10% 5% 0% 1941-1942 début 1943 fin 1943 début 1944 fin 1944 Graphique 6. Évolution des formes lexicales désignant les "résistants" (%) 60% 50% 40% responsables mouvements groupes et services institutions ensemble victimes et héros 30% 20% 10% 0% Combat BIMU Libre Comté Marseillaise Provence Libre Mur d'Auvergne Graphique 7. Répartition comparée des formes lexicales désignant les "résistants" (%) ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 483 50% 45% 40% 35% humanisme témoignage honneur solidarité sacrifice projets unité 30% 25% 20% 15% 10% 5% 0% 1941-1942 début 1943 fin 1943 début 1944 fin 1944 Graphique 8. Évolution des formes lexicales évoquant les valeurs, les qualités et les manières d'être (%) 45% 40% 35% 30% humanisme témoignage honneur solidarité sacrifice projets unité 25% 20% 15% 10% 5% 0% Combat BIMU Libre Comté Marseillaise Provence Libre Mur d'Auvergne Graphique 9. Répartition comparée des formes lexicales évoquant les valeurs, les qualités et les manières d'être (%) ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 484 La seconde approche statistique consiste en une analyse des correspondances entre les thèmes et sous thèmes décrits et les six journaux clandestins d’une part, entre ces mêmes thèmes et les périodes d’autre part. Cette méthode rapporte les résultats à l'ensemble du corpus, tandis que les graphiques construits sur des pourcentages les ramènent uniquement aux souscorpus. Elle permet ainsi de niveler, ou de réduire, les effets de nombre. Les premiers tableaux présentent les occurrences en valeur absolue. Ils correspondent au dénombrement des thèmes et des sous thèmes exprimées par les formes lexicales significatives de chaque sous-corpus (synchronique puis diachronique). Ce travail nécessite un retour au texte et une interprétation thématique des phrases qui environnent chaque forme lexicale (fonction "contexte" du logiciel Hyperbase). Nous avons regroupé ces formes lexicales en fonction de l’origine des journaux (synchronique) et de la période (diachronique) —sens des colonnes—, puis en fonction des thèmes —sens des lignes. Pour mieux comprendre le fonctionnement de ces tableaux, prenons deux exemples. Sur l'ensemble du corpus découpé selon le mode synchronique, 55 formes lexicales évoquent les populations (sens des lignes). Si l'on observe les formes lexicales significatives du corpus découpé selon le mode diachronique, 49 d'entre elles se rapportent aux populations (sens des lignes). Les seconds tableaux sont différents ; ils présentent les écarts à l’indépendance1, c’est à dire les probabilités pour que tel journal clandestin (Combat, Bulletin interne des MUR, La Libre Comté, La Marseillaise, Provence Libre, Le Mur d'Auvergne) soit associé à tel ou tel thème. De même pour les périodes. Lorsque le nombre est positif, “l’attraction” entre un journal (ou une période) et un thème est très forte. Par exemple, la relation entre La Libre Comté et l'évocation des populations, des territoires et des victimes est très marquée (+ 1, 86). Par contre, lorsque le nombre est négatif, la “répulsion” est également très forte : entre 1941 et 1942, les mouvements ne s'identifient pas encore à la Résistance (— 0, 84). Enfin, lorsque le nombre s’approche de zéro, il y a indépendance entre les journaux, les périodes d’une part, et les thèmes d'autre part. Il est dès lors difficile de conclure, et l’interprétation se fait souvent par un retour aux textes. 1 Sur la méthode de calcul, cf. Philippe Cibois, L’analyse factorielle, op. cit., pp. 5-12 ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 485 Evolution et répartition thématique des formes lexicales par la méthode des écarts à l'indépendance Effectifs observés en valeur absolue (nombre de formes Effectifs observés en valeur absolue (nombre de formes lexicales) lexicales) Libre Provence Mur Combat BIMU Comté Marseillaise Libre d'Auvergne Total 41-42 D43 F43 D44 F44 Total désignation 10 20 13 13 6 18 80 désignation 12 13 15 12 12 64 temps 18 11 12 20 11 18 90 temps 19 18 18 14 14 83 valeurs ennemis 15 11 11 43 14 18 112 valeurs 15 7 21 9 13 65 21 15 14 10 9 69 12 15 9 5 8 49 18 17 9 2 8 22 76 ennemis populations 6 10 18 8 6 7 55 populations actions 9 11 12 7 6 12 57 actions 7 8 6 7 7 35 5 3 3 4 6 21 3 0 2 0 2 7 94 79 88 61 71 393 France 5 3 3 7 6 4 28 France alliés 2 5 1 1 3 0 12 alliés Total 83 88 79 101 60 99 Tableau des écarts à l'indépendance 510 Total Tableau des écarts à l'indépendance Combat BIMU Libre Comté désignation -0,59 1,21 0,12 -0,56 -0,67 temps 0,66 -0,89 -0,38 0,43 valeurs -0,63 -1,63 -1,24 ennemis 1,10 0,76 populations -0,58 actions Marseillaise Provence Mur Libre d'Auvergne 41-42 D43 F43 D44 F44 0,48 désignation -0,84 0,03 0,17 0,53 0,11 0,08 0,10 temps -0,22 0,33 -0,15 0,28 -0,25 4,08 0,16 -0,73 valeurs -0,14 -1,54 1,64 -0,28 0,32 -0,54 -2,56 -0,18 1,42 ennemis 1,14 0,29 -0,37 -0,18 -0,88 0,10 1,86 -0,57 -0,09 -0,72 populations 0,07 1,31 -0,50 -0,66 -0,22 -0,05 0,23 0,62 -0,84 -0,14 0,18 actions -0,35 0,25 -0,47 0,40 0,17 France 0,09 -0,36 -0,26 0,29 0,53 -0,28 France -0,01 -0,31 -0,43 0,19 0,56 alliés 0,01 0,57 -0,17 -0,27 0,31 -0,46 alliés 0,34 -0,36 0,11 -0,28 0,19 ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 486 Évolution et répartition des formes lexicales désignant les "résistants" par la méthode des écarts à l'indépendance Effectifs observés en valeur absolue (nombre de formes Effectifs observés en valeur absolue (nombre de formes lexicales) lexicales) Libre Provence Mur Combat BIMU Comté Marseillaise Libre d'Auvergne Total 41-42 D43 F43 D44 F44 Total responsables 3 3 1 2 0 0 9 responsables 2 4 4 1 2 13 mouvements 4 2 3 4 3 4 20 mouvements 2 2 3 4 3 14 19 services 1 2 1 3 3 10 institutions 1 2 4 0 0 7 services 1 5 5 0 0 8 institutions 0 3 1 1 0 0 5 ensemble 2 4 3 2 3 4 18 ensemble 2 2 3 3 3 13 victimes/ héros 0 2 2 2 0 3 9 victimes/ héros 3 0 0 0 3 6 11 12 15 11 14 63 Total 10 19 15 11 6 19 Marseillaise Provence Libre Mur d'Auvergne Tableau des écarts à l'indépendance Tableau des écarts à l'indépendance Combat BIMU Libre Comté responsables 2,34 1,08 -0,86 0,95 -0,84 mouvements 1,88 -3,44 -0,94 1,56 1,88 services -1,72 0,61 1,80 -3,27 institutions -0,78 2,27 0,08 0,39 ensemble -0,31 -0,34 -0,47 -1,41 -0,17 0,39 victimes/ héros 80 Total 41-42 D43 F43 D44 F44 -2,67 responsables -0,43 2,42 1,44 -2,02 -1,41 -0,94 mouvements -0,71 -1,06 -0,53 2,47 -0,18 -1,78 4,36 services -1,18 0,15 -2,19 1,99 1,23 -0,47 -1,48 institutions -0,35 1,06 3,70 -1,94 -2,47 -0,59 2,06 -0,34 ensemble -0,43 -0,76 -0,15 1,16 0,18 0,95 -0,84 1,08 victimes/ héros 3,10 -1,81 -2,27 -1,66 2,65 ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 487 Évolution et répartition des formes lexicales désignant le rapport au temps par la méthode des écarts à l'indépendance Effectifs observés en valeur absolue (nombre de formes Effectifs observés en valeur absolue (nombre de formes lexicales) lexicales) Libre Provence Mur Combat BIMU Comté Marseillaise Libre d'Auvergne Total 41-42 D43 F43 D44 F44 Total Défaite 3 0 0 0 1 0 4 Défaite 4 3 1 0 0 8 Références 0 0 0 4 0 1 5 Références 0 0 0 0 1 1 Futur 8 6 7 10 6 9 46 Futur 8 7 10 6 7 38 histoire résistance 8 4 6 15 0 8 41 histoire résistance 6 4 3 4 6 23 Présent 5 2 6 3 3 4 23 Présent 4 7 3 3 3 20 Atemporalité 3 3 2 3 2 3 16 Atemporalité 2 4 3 5 2 16 27 15 21 35 12 25 135 24 25 20 18 19 106 Total Tableau des écarts à l'indépendance Tableau des écarts à l'indépendance Libre Comté -0,46 Marseillaise -0,77 Provence Mur Libre d'Auvergne 0,48 -0,55 Défaite 41-42 2,06 Références -0,74 -0,41 -0,58 2,00 -0,33 0,05 Références -0,21 -0,22 -0,18 -0,16 0,77 Futur -0,89 0,66 -0,12 -1,43 1,42 0,36 Futur -0,57 -1,85 histoire résistance -0,15 -0,41 -0,28 3,24 -2,70 0,30 histoire résistance 0,75 -1,34 -1,26 0,09 1,77 Présent 0,30 -0,41 1,79 -2,19 0,71 -0,19 Présent -0,50 2,15 -0,73 -0,37 -0,55 Atemporalité -0,15 0,91 -0,36 -0,85 0,43 0,03 Atemporalité -1,53 0,21 -0,02 2,15 -0,82 Défaite Combat BIMU 1,63 -0,33 Total D43 1,05 F43 D44 F44 -0,48 -1,28 -1,35 2,67 -0,43 0,18 ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 488 Évolution et répartition des formes lexicales désignant les valeurs, les qualités et les manières d'être par la méthode des écarts à l'indépendance Effectifs observés en valeur absolue (nombre de formes lexicales) Libre Provence Combat BIMU Comté Marseillaise Libre humanisme 2 témoignage 4 1 1 honneur 5 2 solidarité 0 0 3 sacrifice 0 1 projets 4 4 unité 0 Total 15 Mur d'Auvergne Total 41-42 D43 F43 D44 F44 Total 3 9 2 4 21 humanisme 4 0 4 1 3 12 2 6 2 3 18 témoignage 8 3 2 1 2 16 7 2 4 23 honneur 5 4 5 3 1 18 0 0 0 3 solidarité 0 1 0 0 0 1 1 5 1 1 9 sacrifice 0 0 0 1 2 3 0 7 6 5 26 projets 1 0 4 3 2 10 1 0 3 3 3 10 unité 0 1 2 0 1 4 10 12 37 16 20 110 Total 18 9 17 9 11 64 3 Tableau des écarts à l'indépendance Tableau des écarts à l'indépendance Combat BIMU Libre Comté Marseillaise Provence Libre Mur d'Auvergne humanisme -0,79 -0,83 témoignage 1,40 -0,58 0,64 1,76 -0,96 0,17 humanisme 0,98 -2,64 1,27 -1,07 1,46 0,03 -0,05 -0,56 2,73 témoignage 5,47 honneur 1,69 solidarité -0,37 -0,08 0,45 -0,67 -1,22 -0,17 honneur -0,10 2,29 0,34 0,73 -3,27 -0,25 2,43 -0,92 -0,40 -0,50 solidarité -0,44 1,34 -0,42 -0,22 -0,27 sacrifice -1,12 0,17 projets 0,41 1,49 0,02 1,79 -0,28 -0,58 sacrifice -1,32 -0,66 -1,25 0,90 2,32 -2,58 -1,59 2,02 0,25 projets -2,83 -2,20 2,10 2,49 0,44 unité -1,24 0,08 -0,99 -0,33 1,40 1,07 unité -1,76 0,68 1,46 -0,88 0,49 41-42 D43 F43 D44 F44 1,17 -3,52 -1,95 -1,17 ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE 489 Annexe IV. L'analyse des spécificités. Tableau diachronique DÉBUT 1943 1941-1942 sousemplois sur-emplois Formes paris mensonge liberté Éc Red Formes 9 action 7 heures 7 maquis sousemplois sur-emplois -5 déportation voix laval épreuve savent relève on groupes 6 5 5 5 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 france fils attend ville travailler solidarité rendre réfractaires 4 4 4 3 3 3 3 3 assemblée totale succès septembre résistance prix prêts prendre 4 3 3 3 3 3 3 3 4 4 4 4 3 premiers police paysans ouvriers nouvelles 3 3 3 3 3 premier aujourd'hui français épuration demain 3 3 3 3 3 7 résistance 6 6 6 5 5 5 4 trahison sait parole ouvriers occupation maréchal juifs journaux homme gaulle français afrique voulons Formes giraud tu hitler Éc Red Formes 10 notre 7 nous 6 DÉBUT 1944 suremplois sousemplois Éc Red Formes -3 soyons -3 frenay alger le 11 novembre italie dignes sud honneur droit comité cfln france vichy fusillés armistice pétain otages malgré zone Éc Red -3 -3 -3 FIN 1943 suremplois Éc Red 8 6 6 5 5 5 4 4 4 4 4 Formes an 1944 héros vous Éc Red -3 -3 -3 FIN 1944 sous-emplois Éc Formes Red répression 6 je 6 action 6 passif concerne camps actif militants jour j cause résistance programm e paix mur moral mesures lieutenant hors gare compatriot es bien ain agit acte Formes armistice bataille courage sur-emplois Éc Red -3 -3 -3 Formes jura ffi saint-claude sous-emplois Éc Red 7 6 5 Formes action afrique aujourd' Éc Red -3 -3 -3 5 5 5 5 4 4 4 3 dignes frenay gaulle gouvernement groupes hitler intransigeance jours -3 -3 -3 -3 -3 -3 -3 -3 morts journée intransigeance quatre libérer forces feu courageux 5 5 5 4 4 4 4 4 combattante concerne faut france frenay je militants paix -3 -3 -3 -3 -3 -3 -3 -3 3 3 3 3 3 3 3 3 juin jura maréchal matin morts ouvriers paris pétain -3 -3 -3 -3 -3 -3 -3 -3 comtois villages trouvé paroles matin maintenir intérieur immédiatement 4 3 3 3 3 3 3 3 parti politique relève réfractaires répression savoie soyons tu -3 -3 -3 -3 -3 -3 -3 -3 3 3 3 3 3 révolution victoire laval liberté france -3 -3 -4 -4 -5 heures héros gars debout blessés 3 alger 3 français 3 guerre 3 3 -4 -4 -4 ANNEXES DE LA TROISIÈME PARTIE DÉBUT 1943 1941-1942 sur-emplois sousemplois Éc Formes Red Formes serons 3 septembre 3 propagande 3 peuple 3 perdu 3 pays 3 nous 3 nord 3 nations 3 libre 3 laval 3 lâcheté 3 hitler 3 front 3 foi 3 faut 3 exécutions 3 exécution 3 entier 3 dire 3 depuis 3 combattre 3 combattante 3 combat 3 allemande 3 allemagne 3 sousemplois sur-emplois Éc Éc Red Formes Red Formes nombre 3 gaulle 3 française 3 français 3 effort 3 discours 3 déportés 3 défaite 3 compte 3 commandant 3 comité 3 année 3 FIN 1943 suremplois Éc Red Formes début courage cesse approche amis sousemplois Éc Red Formes 3 3 3 3 3 Tableau diachronique des spécificités (sur-emplois et sous-emplois) DÉBUT 1944 suremplois Éc Red Formes 490 FIN 1944 sous-emplois sur-emplois Éc Red Formes Éc Red Formes blessé besoin battre sous-emplois Éc Éc Red Formes Red 3 3 3