A peine étions nous sortis du ravissement de Noël, ses cadeaux enrubannés, et
la merveilleuse crèche réalisée au transept gauche de l’ église à grand renfort
de mousses, faux rochers, et personnages Saint sulpiciens, que se profilait
déjà le cortège embaumé d’ encens des rois de l’ épiphanie. Les enfants du
catéchisme - dûment chapitrés par un vicaire qui dépassait bien son quintal et
demi, soutane et crucifix compris, motocycliste à ses heures, saint homme
pétri de religion et de Harley Davidson - s’ entraînaient au chant de
circonstance :
« Melchior et Balthazar, sont, sont, sont ( ter) rev’nus d’ Egypte !
Melchior et Balthazar, sont rev’ nus d’ Egypte avec le roi Gaspard !… »
Sous le regard sévère des docteurs de l’ église flanqués d’ animaux fabuleux
qui ornaient la sacristie, série de tableaux anciens aux couleurs naïves,
grouillant d’ un bestiaire fantastique, les jeunes paroissiens braillaient avec
conviction cet air entraînant qui avait parfois des allures de rock and roll tant
l’ enthousiasme des jeunes catéchumènes était sublimé par ces extraordinaires
récits bibliques aux senteurs exotiques. Le carême pénitentiel, était suivi de la