Le XIX° est un siècle de continuité, mais aussi de fluctuations économiques : croissance forte
de 1815 à 1860 (traité franco-britannique) mais irrégulière jusqu’en 1840, ralentissement
jusqu’en 1882, stagnation jusqu’en 1896 (retour du protectionnisme) puis retour d’une
croissance forte => deux dates charnières qui mettent en évidence des mouvements
Kondratieff (fluctuations du TCAM et des prix dans une moindre mesure).
1. L’économie française et ses handicaps
Les conditions intérieures
Plus d’industrie lourde, un effondrement des branches protégées (coton, sucre) : la France est
d’autant plus handicapée qu’elle est moins bien dotée en facteurs de production (salaires
relativement élevés, charbon rare et cher, élément pourtant essentiel et qui nécessite des M
d’autant qu’il est mal localisé par rapport à la géographie industrielle). Les transferts de main-
d’œuvre depuis la paysannerie sont limités mais la pénurie est légère. Les capitaux sont
suffisants, mais l’autofinancement est la règle sauf dans les CDF => France finance la planète.
Les conditions extérieures
La Restauration puis dans une moindre mesure (atténuation compensée par la baisse des prix)
la monarchie de Juillet maintiennent un protectionnisme quasi napoléonien, très efficace sans
que la croissance soit autarcique (charbon, K, techniques malgré l’interdiction anglaise d’X
les machines). Un rattrapage technologique délivre la France de sa dépendance originelle ;
elle reste devancée en revanche sur les marchés extérieurs, surtout par l’Angleterre (X 15 fois
moindres de coton) malgré une hausse entre 40 et 60 =>maintien des branches traditionnelles
et rôle essentiel du marché intérieur.
2. Les forces d’impulsion
La croissance agricole
La population active continue en 1860 d’être le double de celle de l’industrie. Les progrès
vers une intensification de l’agriculture sont censés être médiocres jusqu’à cette date. En fait,
c’est entre 20 et 70 que la croissance est la plus forte jusqu’en 1945 (extension de la superficie
cultivée, progression des rendements), et la plus générale : il y a diffusion d’une agriculture
moderne « mixte », du froment, de l’élevage => progression du pouvoir d’achat agricole qui
explique l’essor des biens de consommation (1848 : dernière crise mixte).
La rénovation des transports
Le réseau de canaux triple entre 15 et 48 (transport de la houille) ; le réseau routier permet de
désenclaver les campagnes. Le chemin de fer, quoique tardif (après Angleterre et Allemagne)
se construit à partir de 1842 en étoile et accélère après 48 ; en 60, les grandes lignes sont
achevées. L’effet amont immédiat et bénéfique surtout à la France se double d’un effet aval.
3. Les étapes de l’industrialisation
Industrialisation et croissance extensive (1815-1848)
La population active industrielle double alors que les gains de productivité demeurent lents.
La métallurgie se développe, mais reste partiellement traditionnelle (fonte au charbon) même
si les procédés se diffusent. L’industrie reste axée sur les biens de consommation, mais le
textile connaît une croissance remarquable, surtout le coton alsacien (très technologique). Les
autres textiles se développent grâce à une spécialisation dans le luxe malgré des technologies
moins avancées => survivance d’activités traditionnelles. L’industrialisation française est
donc spécifique (spécialisation, petite et grande industrie, biens de consommation).
Mutations décisives et intensification de la croissance (1850-1860)
La croissance change de nature : la métallurgie devient la branche motrice et se modernise
(coke au lieu de charbon de bois). En 1860, la France rentre dans l’ère de l’acier. Le matériel