La Bourse (1/3) - Des sous...Et des hommes

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Une émission proposée et présentée par Pascale Fourier
Sur ALIGRE FM 93.1 en région parisienne
EMISSION DU 23 OCTOBRE 2001
La Bourse (1/3),
avec Jacques Nikonoff
auteur de La comédie des fonds de pensions . Il a dirigé un ouvrage collectif
du mouvement «Un travail pour chacun » intitulé Chômage, nous accusons.
Professeur associé à l’université de Paris VIII. Est devenu depuis Décembre
2002 président d'Attac.
Pascale Fourier : Vous avez accepté de venir pour une série de trois émissions, du plus simple au plus
compliqué, sur le thème de la Bourse, vous êtes extrêmement courageux. La première chose que j’aimerais
vous demander, c’est de nous dire ce qu’est une action ?
Jacques Nikonoff : Une action est un titre de propriété qui s’échange en Bourse. Mais peut-être, avant de
définir une action, faudrait-il définir la Bourse. Pourquoi y a-t-il des Bourses et pourquoi y a-t-il des
marchés financiers ? Il y a des marchés financiers parce que dans la société, il existe deux grandes
catégories d’agents économiques, ceux qui ont un excédent d’épargne et ceux qui ont un besoin
d’épargne.
La désignation d’« agent économique » est une définition que l’on donne sur le plan de la
comptabilité nationale de façon à regrouper des acteurs qui ont les mêmes fonctions dans l’économie. Les
principaux agents économiques sont les ménages, c'est-à-dire vous et moi, ce sont également les
entreprises, les institutions financières, les banques, les compagnies d’assurances.
Parmi ces agents économiques, deux ont des caractéristiques très particulières. Ce sont les ménages d’une
part et les entreprises d’autre part. Les ménages sont en situation structurelle d’excédent d’épargne
alors que les entreprises de leur côté sont en situation structurelle de besoin d’épargne. Cela veut dire
que les ménages ont des revenus qui proviennent pour l’essentiel du travail, c’est le salaire. Il y a également
des revenus qui proviennent de la redistribution sociale, des différentes allocations (chômage, handicap,
etc.). Mais l’essentiel du revenu vient du salaire.
Quand un ménage perçoit un salaire, deux choix sont possibles dans l’utilisation du salaire :
premièrement consommer, deuxièmement épargner. Je parle des ménages en général, car les ménages
pauvres ne participent pas à cet arbitrage : ils n’ont même pas de quoi consommer. Les ménages arbitrent
donc sur le plan national et international entre l’épargne et la consommation.
Pourquoi les ménages épargnent-ils ? Ils épargnent pour se prémunir de risques. Les ménages
qui en ont les moyens mettent de l’argent de coté pour se prémunir en cas de chômage, en cas de vieillesse,
pour acheter une maison, pour acheter une voiture, pour l’éducation des enfants, pour toute une série de
raisons. Mais en général, c’est pour limiter les aléas de l’avenir, de façon à avoir en cas de pépins un peu
Emission Des Sous…et des Hommes diffusée le 23-10-2001 sur Aligre FM- 93.1
Site Internet: www.des-sous-et-des-hommes.org
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d’argent de coté. Cela est un phénomène général. Les ménages sont structurellement excédentaires en
épargne. Ce sont eux qui épargnent. Les entreprises au contraire dépensent plus qu’elles ne gagnent pendant
une période donnée. Cela veut dire que les entreprises ont besoin d’investir à la fois pour maintenir leur
outil de production et pour le développer.
Maintenir l’outil de production veut dire qu’il faut tenir compte de l’usure des machines dans le
fonctionnement de l’entreprise, tenir compte de l’usure des bâtiments, tenir compte de l’usure de
l’outil de production. Il faut donc prévoir de le remplacer, il faut acheter de nouvelles machines pour
maintenir la production. En plus, si l’entreprise veut développer la production, il faut qu’elle achète encore
de nouvelles machines. Je résume évidement. Donc que se soit pour remplacer les machines usées ou pour
acquérir de nouvelles machines, il faut investir. Qu’est-ce que l’investissement ? C’est se procurer de
l’argent pour acheter des machines notamment mais aussi des terrains, des bâtiments, des hangars qui
vont permettre la production.
Evidemment, il n’est pas sûr que les bénéfices que l’entreprise a réalisés les années passées soient
suffisants pour payer en une année les investissements. Un exemple concret : une entreprise de
construction automobile a un bénéfice net de 1 milliard d’euros une année. Elle souhaite, l’année suivante,
lancer un nouveau modèle et doit investir 2 milliards d’euros pour les études et l’aménagement des chaînes
de production. L’entreprise va donc essayer de se procurer de l’argent, emprunter (on verra tout à l’heure
comment) pour acheter des machines, pour investir. C’est la situation habituelle des entreprises. Les
entreprises sont donc de manière permanente demandeuses d’épargne. Elles ont besoin de financements
pour leurs investissements.
Dans l’économie, vous avez donc d’un côté des acteurs économiques qui s’appellent les ménages et qui ont de
l’épargne à proposer et d’un autre côté, vous avez un autre agent économique que sont les entreprises qui,
elles, recherchent de l’épargne. Les marchés financiers vont servir à mettre en relation ces différents
agents économiques : ceux qui ont de l’épargne à proposer et ceux qui en recherchent. Voilà d’abord la
raison pour laquelle il y a des marchés financiers.
Pascale Fourier : Je croyais que les entreprises faisaient comme moi : quand elles ont besoin d’argent,
ne vont-elles pas faire un emprunt à la banque ?
Jacques Nikonoff : C’est ce qu’elles faisaient et ce qu’elles continuent de faire. Mais un certain nombre de
phénomènes ces 20 dernières années ont modifié la manière dont se finance l’entreprise. Avant, vous avez
raison, les entreprises se finançaient pour une part très importante auprès des banques. Elles allaient
voir leur banquier, elles demandaient des crédits, notamment pour les investissements. Leurs financements
s’effectuaient de cette manière.
De façon croissante, les entreprises financent désormais leur développement par la Bourse et de moins
en moins par les banques. On pourrait se demander quelles sont les raisons de cette situation. Il y en a
plusieurs, qui sont connues : la première raison est que les entreprises qui faisaient appel aux crédits
bancaires ne souhaitaient plus être mises sous tutelle des banques en quelque sorte. En effet, dès lors
que vous avez des crédits auprès d’une banque, la banque exerce alors une sorte de contrôle sur votre
activité. La banque a évidemment envie d’être remboursée et contrôle donc ce que vous faites. Les grandes
entreprises avaient envie de se libérer de cette sorte de tutelle des banques. La deuxième raison est que
les entreprises se sont aperçues que le coût de l’argent, c’est à dire le taux d’intérêt des emprunts,
était plus bas en Bourse que les taux d’emprunts auprès des banques.
Donc, petit à petit, les grandes entreprises sont parvenues à convaincre les pouvoirs publics de les
autoriser à collecter directement de l’argent en Bourse sans passer par les banques. Avant, c’était
interdit. Les entreprises n’avaient pas le droit de se financer directement par la Bourse.
Pascale Fourier : Une interdiction stricte ?
Jacques Nikonoff : Elle avait droit d’émettre des actions ,mais on verra que la bourse, ce n’est pas
seulement les actions. Donc, c’est ce que l’on appelle le phénomène de libéralisation financière qui a conduit
à réduire le rôle des banques dans le financement de l’économie au profit des marchés financiers, au profit
des titres financiers.
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Pascale Fourier : Vous dites que les entreprises préfèrent se financer par la bourse que par le crédit. Je
comprends mal car finalement une action, c’est un titre de propriété sur une entreprise. Les entreprises
préféreraient distribuer, même si ce n’est le terme approprié, des titres de propriétés de l’entreprise pour
se financer ? Quelle est cette logique ?
Jacques Nikonoff : Il n’y a pas que les actions à la bourse. Il y a aussi les obligations.
Pascale Fourier : Qu’est-ce que les obligations ?
Jacques Nikonoff : En résumant, les entreprises peuvent se financer de trois façons : soit par le
crédit bancaire auprès des banques, soit par l’émission d’actions, soit par l’émission d’obligations. On a
vu les crédits bancaires, se sont les phénomènes les plus connus, les plus anciens. Concernant les actions :
lorsqu’une entreprise souhaite être cotée en bourse, elle réunit un certain nombre de conditions (toutes les
entreprises ne peuvent pas le faire). Elle cherche en s’inscrivant en Bourse à collecter de l’argent, c’est
ce que l’on appelle l’émission d’actions. Elle donne le nombre d’actions qu’elle souhaite vendre, ainsi que le
prix de l’action. L’action, c’est un bout de papier. Il s’est dématérialisé maintenant, mais admettons que se
soit un bout de papier sur lequel il y a marqué : « valable pour une action de l’entreprise Tartempion », la
date et le prix.
L’entreprise, en échange d’argent distribue des bouts de papiers. Les acheteurs d’actions
remettent leur argent et ont en échange ce bout de papier qui est représentatif d’une action. L’entreprise
est donc à la tête d’un capital qu’elle a collecté sur le marché. Les détenteurs de l’action sont les
propriétaires de l’entreprise. L’action qui est donc un titre de propriété permet de voter aux
assemblées générales d’actionnaires. Cette assemblée décide les choix de l’entreprise, nomme les
dirigeants, définit la stratégie, vote le dividende etc. L’action est donc un droit de propriété de
l’entreprise.
On voit qu’avec le système des actions, la notion d’entreprise est à manier avec précision. Il y a
d’une part les actionnaires qui sont pour l’essentiel extérieurs à l’entreprise, il y a le management de
l’entreprise, c'est-à-dire la direction, il y a également les salariés, les clients, les fournisseurs. L’entreprise
est quelque chose de complexe, que l’on ne peut comprendre à première vue.
La première façon d’entrer en Bourse est donc l’émission d’action. La deuxième manière de se
financer en Bourse est l’émission d’obligation. Quelle est la différence entre une action et une
obligation ? Une obligation est un titre de créance, c'est-à-dire que l’entreprise va dire : « J’ai
besoin de 100 Million d’euros, je m’engage à rembourser le capital dans 10 ans et tous les ans, je
paye un taux d’intérêts ». En cela, l’obligation ressemble beaucoup à un crédit bancaire. Mais, un peu
comme pour les actions, l’entreprise va récupérer l’argent qu’on va lui prêter et elle donnera en échange un
bout de papier sur lequel il y aura marqué : « Bon pour une obligation de 100 euros à 10 ans avec un taux
d’intérêts de 8%. » C’est donc, pour celui qui à prêté l’argent à l’entreprise, c'est-à-dire celui qui a acheté
une obligation, la possibilité de récupérer son capital au bout de 10 ans (si l’obligation est remboursable dans
10 ans) et chaque année, d’ici là, il aura tous les ans 8% de 100, c'est-à-dire 8 euros au titre de l’intérêt.
Pascale Fourier : Pour l’entreprise, c’était mieux de se financer en termes d’obligations plutôt que de
le faire par des crédits bancaires parce qu’il n’y avait pas d’intermédiaires à payer ?
Jacques Nikonoff : Exactement. Il y a la différence dont on parlait tout à l’heure. Lorsque l’entreprise
émet une obligation, elle ne passe pas par un intermédiaire bancaire. Elle se finance directement. C’est vrai
comme cela, mais pour faire ces émissions, les entreprises font appel à des banques qui ne prêtent pas,
mais qui jouent un rôle de conseil. Les banques changent donc de rôle. Elles ne prêtent plus d’argent
mais elles conseillent les entreprises sur la manière d’organiser la levée des fonds.
Pascale Fourier : Finalement, si l’entreprise émet des actions, cela veut dire qu’il va falloir partager
les bénéfices avec un plus grand nombre de gens ? Je ne vois pas bien l’intérêt encore une fois.
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Jacques Nikonoff : Prenons un premier cas où une entreprise n’est pas cotée en bourse, puis le devient.
L’entreprise qui n’est pas cotée en bourse, elle a également des actionnaires. C’est la même chose, sauf
qu’elle les a choisis. Les actionnaires se choisissent entre eux et il n’y a pas possibilité de sortir de
l’entreprise sans l’accord des autres actionnaires. C’est donc un système fermé.
Pascale Fourier : Vous n’avez pas le droit de vendre vos actions dans ce cas là ?
Jacques Nikonoff : Cela dépend des accords qui peuvent exister entre les actionnaires. Mais pour vendre
vos actions, encore faut-il trouver un acheteur puisqu’il n’y a pas de marché, qu’il n’y a pas de Bourse. Dans
ce cas là, ce sont ces actionnaires qui se partagent les bénéfices. Lorsque l’entreprise rentre en Bourse,
c’est exactement la même chose, c’est pour collecter des fonds qui vont lui permettre de se développer.
C’est pour cela que l’entreprise le fait. Il y aura logiquement plus de bénéfices. C’est la raison d’entrer en
Bourse, sinon je ne vois pas à quoi ça sert. Donc si l’entreprise rentre en Bourse, c’est pour avoir plus de
fonds pour investir et pour se développer. L’entreprise parie sur une augmentation des bénéfices. Ces
bénéfices se répartiront entre les actionnaires selon les modalités dont on parlera dans un instant.
Pascale Fourier : Mais une fois que l’on est introduit en Bourse, si par exemple j’ai acheté une action
100 euros, comment se fait-il que l’on entende parler des hausses des cours de la Bourse comme on
l’entend tous les jours à la radio, que mon action qui valait 100 euros au départ se mette à valoir
120, 130, 150 euros ?
Jacques Nikonoff : Il faut distinguer le moment où l’entreprise entre en Bourse et émet des actions,
et la façon dont le prix de l’action évolue. Deux effets modifient l’évolution du prix de l’action :
d’abord l’effet de l’économie réelle, c'est-à-dire la performance économique de l’entreprise, puis des
effets boursiers.
Comment se fait le prix d’une action ? Le prix d’une action va d’abord refléter l’espérance de
bénéfice. Si les bénéfices passés et prévus, annoncés, sont bons, le prix de l’action va alors s’en ressentir.
Il va s’en ressentir parce que les gens qui ont de l’épargne à placer vont se dire : « Tiens, cette entreprise a
fait de bons bénéfices les années passées, elle a distribué de bons dividendes et elle annonce également
pour les années qui viennent des investissements. Elle est sur un secteur qui semble en développement. Ce
sera donc une entreprise qui va payer des dividendes ». Ce que regardent les gens qui ont de l’épargne
placée, c’est la situation économique de l’entreprise, ses perspectives.
Ensuite, vous avez des phénomènes boursiers qui se greffent là-dessus. Dès lors que des
acheteurs se manifestent pour acquérir des actions, il y a un phénomène habituel de hausse du prix de
l’action. C’est le mécanisme de l’offre et de la demande. Donc par définition, dès qu’il y a des annonces
de profits positifs pour les entreprises, ceux qui ont de l’épargne à placer achètent ces actions de manière
quasi automatique. Cela ajoute un effet à la hausse du prix des actions. Voilà donc comment évolue à la
hausse le prix des actions et pour la baisse, c’est exactement l’inverse.
Pascale Fourier : Mais il faut que le prix d’une action augmente dans des proportions raisonnables. Si
j’ai acheté une action 150 euros par exemple et que le dividende est de 2 euros, le rendement n’est
dans ce cas pas très intéressant
Jacques Nikonoff : Bien sûr, les acteurs économiques qui ont de l’épargne à placer regardent ce que
l’on appelle la politique de dividende. Evidemment, si une entreprise annonce des profits, que le cours de
l’action monte et que les dividendes sont faibles, cette action ne sera pas très attractive et finalement, ça
se répercutera sur son prix. Les agents économiques qui ont de l’argent à placer choisiront d’autres actions,
d’autres entreprises dans lesquelles il y a une politique de dividendes plus généreuse. Les entreprises qui ont
de petits dividendes seront sanctionnées par le fait qu’elles ne seront pas attractives pour les investisseurs
et donc leur prix ne bougera pas beaucoup à la hausse.
Pascale Fourier : Mais si vous avez par exemple une action d’une valeur de 100 euros, est-ce que je
peux vous l’acheter 150 euros en pensant qu’une troisième personne va me l’acheter 200 euros, cela
sans regarder le dividende ? Est-ce possible ? J’avais pensé que c’était cela, la spéculation.
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Jacques Nikonoff : Oui, tout à fait. En reprenant votre exemple, si vous avez acheté une action 100 euros
et que vous voulez vous en débarrasser, votre intérêt est de gagner de l’argent sur la vente. Vous allez donc
la vendre plus cher que vous ne l’avez achetée. Vous pouvez donc la proposer à 150 euros. Libre à vous,
encore faut il trouver un acheteur. Le seul problème qui vous est posé, c’est de trouver quelqu’un qui
accepte d’acheter une action 150 euros en sachant que vous l’avez achetée 100 euros. A vous de la vendre.
Pascale Fourier : Je vais avoir du mal… La Bourse est actuellement dans une espèce de spirale à la hausse
qui incite un certain nombre de personnes à y placer leur argent. On fait miroiter des hausses de l’action.
Est-ce ce qui passe actuellement à la bourse ?
Jacques Nikonoff : Les bourses ont des périodes de hausse et de baisse. Evidement, quand il y a une
période de hausse, beaucoup de gens oublient qu’il y a eu des périodes de baisse et qu’il y aura
nécessairement une nouvelle période de baisse. Un certain nombre de gens se laissent influencer et
achètent des actions croyant que la hausse sera continue. Dès lors que cette croyance s’est installée
sur le marché, un certain nombre d’agents économique achètent des actions quel que soit le prix parce
qu’ils sont persuadés que le prix de l’action va continuer à monter. Dès lors qu’ils sont persuadés que
l’action va continuer à monter, ils achètent à n’importe quel prix avec la certitude de réaliser une
plus-value, un bénéfice. Voilà le raisonnement totalement faux qu’un certain nombre de gens suivent
quand ils achètent à un prix beaucoup plus élevé que le prix initial.
Ce raisonnement est faux car dans les faits, il y a des gagnants, mais il y a une immense
majorité de perdants. Les actions ne peuvent pas toujours monter. Au bout d’un moment, les actions non
seulement s’arrêtent de monter, mais elles baissent, soit pour une entreprise particulière, soit pour
l’ensemble de l’économie.
Prenons l’exemple actuel des compagnies aériennes. Comment fonctionnent-elles ? Pourquoi se
développent les voyages par avion ? Tout cela est connu depuis quelques décennies. Dès lors qu’il y a de la
croissance économique, il y a de plus en plus de gens qui voyagent par avion. Il y a une corrélation
extrêmement étroite entre le niveau de croissance économique et le nombre de voyageurs en avion. Donc les
investisseurs qui anticipent une poursuite de la croissance économique savent que les bénéfices des
compagnies aériennes seront intéressants en général, achètent des actions ce qui contribue à faire monter
les prix des actions. Depuis les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, les voyageurs par avion se sont
réduits d’un tiers. Les gens ont peur de prendre l’avion. Il y a donc moins de clients et donc moins de profits.
Les investisseurs vendent alors parce qu’ils se disent qu’il y a moins de profits et donc moins de dividendes.
Si les détenteurs d’actions vendent, l’action va baisser. Ils cherchent donc à vendre le plus vite possible
avant de perdre de l’argent, avant que le phénomène de baisse ne soit trop amplifié. Voilà un exemple tout à
fait caractéristique qui montre qu’il y a des incertitudes permanente dans l’économie.
J’ai pris un exemple tout à fait tragique, mais il y en a d’autres qui font qu’il n’y a jamais aucune
certitude que les actions vont continuer à monter, et il y a même la certitude inverse. Toutes les actions se
mettent à baisser après avoir monté. Le jeu pour les détenteurs d’actions, c’est le hasard ou avoir un
peu de nez pour vendre au bon moment. Voila pourquoi un économiste comme Keynes explique que la
Bourse, c’est comme le loto ou les courses de chevaux. C’est le hasard qui est déterminant dans ces
affaires-là.
Pascale Fourier : Vous ne me donnez pas une confiance absolue dans la Bourse. Je frémis pour mes
économies…
Jacques Nikonoff : Il ne faut pas les mettre à la Bourse.
Rappel : Vous pouvez imprimer ce texte. Quel que soit l'usage que vous en
ferez, il vous est demandé de citer votre source : Emission Des Sous...et des
Hommes du 23 Octobre 2001 sur Aligre FM. Merci d'avance.
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