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Immunologie du VIH
Sommaire :
1. Histoire
2. Origine virale
CONTROVERSE SUR LA PARENTE DE LA DECOUVERTE
SEQUENÇAGE ET DECOUVERTE DU VIH-2
VERS UNE PRISE DE CONSCIENCE
3. Structure
4. Transmission
5. Cycle de réplication
LA FIXATION OU ATTACHEMENT A UNE CELLULE
LA FUSION, LA PENETRATION ET LA DECAPSIDATION
LA TRANSCRIPTION INVERSE
L'INTEGRATION
LA FORMATION D'UN ARN MESSAGER
L'EPISSAGE
LA TRADUCTION DE L'ARN
MATURATION DES PROTEINES VIRALES
L'ASSEMBLAGE
LE BOURGEONNEMENT
LA MATURATION DES VIRUS
6. Variantes génétiques
ORIGINE DE LA VARIABILITE
7. Diagnostic et suivi infectieux
DIAGNOSTIC
SUIVI INFECTIEUX
8. Physiopathologie
NON-PROGRESSEURS A LONG TERME
CONTROLEURS DU VIH
9. Épidémiologie
10. Traitements
ANTIRETROVIRAUX
CHOIX THERAPEUTIQUE
11. Prévention
12. Traitement post-exposition
13. Hypothèses alternatives
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Immunologie du VIH
Histoire
Les débuts de l'épidémie de sida datent du 5 juin 1981, quand le CDC américain annonce une
recrudescence, dans les villes de Los Angeles, San Francisco et New York, de cas de pneumonies à
Pneumocystis carinii et de sarcomes de Kaposi. Ces deux maladies ont pour particularité d'infecter les
personnes immunodéprimées. Il est justement remarqué que, chez ces patients, le taux de lymphocytes
T4 est en chute libre. Ces cellules jouent un rôle essentiel dans le système immunitaire. Les premiers
malades sont tous homosexuels, ce qui fait que ce syndrome, qui ne portait pas encore le nom de sida,
est provisoirement appelé le syndrome gay ou cancer gay. Une des premières causes suggérées de cette
immunodépression est le poppers, un vasodilatateur très utilisé chez les homosexuels. Mais, dans les
mois qui suivent, d'autres personnes sont infectées, des toxicomanes par injections, des hémophiles et
des Haïtiens. Cette découverte révèle que le poppers n'est pas la cause, et une origine infectieuse est de
plus en plus admise. Il reste alors à trouver l'agent infectieux.
Origine virale
L'origine virale est privilégiée, eu égard aux modes de transmission alors identifiés (sanguin et sexuel).
Plusieurs virus sont mis en cause, mais on s'aperçoit qu'ils ne sont qu'une conséquence. Robert Gallo
et son équipe, qui ont découvert le premier rétrovirus humain, le HTLV-1, pensent qu'un mutant de
ce dernier est la cause du Sida. Il explique cela par le fait que le HTLV-1 fait proliférer les lymphocytes T4,
cet agent infectieux faisant l'inverse, une mutation peut donc en être la cause. Cette hypothèse est
renforcée par le fait que certains des cas haïtiens sont positifs à un test de dépistage du HTLV-1. Cette
positivité se révèlera être causée par un biais, le HTLV-1 étant très présent à Haïti.
À partir de 1982, avec les premiers cas identifiés en France, la recherche française débute. Willy
Rozenbaum, médecin à l'hôpital Bichat de Paris, veut inciter les chercheurs à étudier plus en avant le
Sida et à en trouver la cause. Par l'entremise de Françoise Brun-Vézinet, une collègue médecin, Willy
Rozenbaum rencontre Jean-Claude Chermann, Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier, de
l'unité d'oncologie virale de l'Institut Pasteur. Ces derniers acceptent de commencer les recherches et,
en janvier 1983, Willy Rozenbaum envoie, aux États-Unis, un échantillon d'un patient atteint de
lymphadénopathie, pathologie identifiée comme une maladie opportuniste du stade pré-Sida.
L'échantillon est mis en culture et une activité de transcriptase inverse est identifiée, tendant à
confirmer la présence d'un rétrovirus. Rapidement, une apoptose apparaît et l'adjonction de globules
blancs à la mise en culture relance alors l'activité de transcriptase inverse. Un examen au microscope
électronique a permis de visualiser, pour la première fois, le virus.
Après une prise de contact avec Robert Gallo, pour un échange d'informations, l'équipe de l'Institut
Pasteur confirme que le virus identifié chez le patient lymphadénopathique n'est pas le HTLV-1. Ce
nouveau rétrovirus est alors appelé Lymphadenopathy Associated Virus (LAV) et les résultats sont
publiés dans Science le 20 mai 1983. À ce stade, le lien entre le LAV et le Sida n'est pas clairement
établi par l'équipe de Luc Montagnier. L'équipe de Robert Gallo publie le 4 mai 1984, dans Science, les
résultats de l'isolement d'un virus qu'elle considère comme responsable du Sida et le nomme HTLV-3.
L'équipe de Jay A. Levy à San Fransisco fait de même le 24 août 1984 et trouve plusieurs rétrovirus,
qu'elle nomme AIDS-related virus (ARV).
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Immunologie du VIH
CONTROVERSE SUR LA PARENTE DE LA DECOUVERTE
Pendant un temps, les trois dénominations cohabitent, ainsi qu'une polémique sur la parenté de la
découverte entre les équipes américaine et française et des possibles fraudes scientifiques de Robert
Gallo et d'un de ses collègue.
Le point d'orgue de cette controverse concerne l'attribution des redevances pour les tests VIH (qui
commencent à être commercialisés durant l'année 1985[4]), entre le National Institutes of Health
travaille Robert Gallo et l'Institut Pasteur. Ce dernier porte plainte car il pense que la souche utilisée
pour mettre le test VIH américain au point a été conçue à partir de la souche envoyée par Montagnier à
Gallo. Le différend se règle au niveau politique, le 4 décembre 1987, lors d'une rencontre entre le
président américain Ronald Reagan et le premier ministre français de l'époque Jacques Chirac. Un
accord est signé la paternité de la découverte est attribuée à parts égales entre les États-Unis et la
France. Les redevances associées sont partagées entre les instituts américains alors que, en Europe,
elles reviennent intégralement à l'Institut Pasteur.
Un article dans la presse américaine de John M. Crewdson, en 1989, relance la controverse : Robert
Gallo est, au mieux, accusé d'avoir fait une erreur en contaminant sa souche avec celle de l'Institut
Pasteur et, au pire, d'être coupable de fraude scientifique. Le scientifique américain finit par
reconnaître, en 1991, que la souche qu'il a utilisée a été contaminée par celle de l'Institut Pasteur, mais
dément la fraude scientifique.
Finalement, en 1994, des institutions fédérales américaines reconnaissent que la découverte du VIH est
purement française et que Robert Gallo est coupable de fraude scientifique. La reconnaissance de cette
parenté est confirmée en 2008 par le Comité Nobel, lorsqu'il attribue le Prix Nobel de Médecine à Luc
Montagnier et Françoise Barré-Sinoussi, sans mentionner les travaux de Robert Gallo sur le sujet. Lors
d'un entretien, peu de temps après l'attribution des Nobel, Robert Gallo se déclare « déçu » de ne pas
être également honoré, mais considère que tous les récipiendaires méritent ce prix.
SEQUENÇAGE ET DECOUVERTE DU VIH-2
A côté de la controverse, la recherche continue et le LAV est étudié sous tous les aspects : plusieurs
points sont alors démontrés, comme le fait qu'il est totalement différent du HTLV-1 - oncovirus poussant
les lymphocytes T à se multiplier - alors que le LAV les tue. Avec la coopération du CDC, l'équipe de
l'Institut Pasteur renforce de plus en plus l'hypothèse que le VIH est la cause du Sida, ce qui est depuis
considéré comme un fait avéré par la communauté scientifique. En janvier 1985, le séquençage du LAV
est réalisé par une équipe de l'Institut Pasteur, qui publie ses résultats dans Cell. C'est cette même
année qu'a été confirmée l'identité commune entre les trois virus LAV, HTLV-3 et ARV.
Le 18 juillet 1986, les résultats de l'étude d'un patient venant d'Afrique de l'Ouest sont publiés, dans
Science, par l'équipe de Luc Montagnier, en collaboration avec des médecins portugais. Les examens ont
permis d'identifier un nouveau type de LAV, le LAV-2. Le séquençage du nouveau virus est réalisé
l'année suivante, ainsi que la mise au point d'un test de dépistage.
En 1986, le LAV (ainsi que les autres dénominations) est officiellement renommé en virus de
l'immunodéfience humaine (VIH), le LAV-1 devient VIH-1 et le LAV-2, le VIH-2.
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Immunologie du VIH
VERS UNE PRISE DE CONSCIENCE
La communauté internationale prend conscience de la gravité de l'épidémie qui se transforme
rapidement en pandémie et c'est ainsi que, le 26 octobre 1987, l'Assemblée générale des Nations unies
vote une résolution invitant tous les États et toutes les agences onusiennes à coopérer pour lutter
contre cette pandémie. Depuis, la lutte contre le VIH/Sida est devenue une priorité pour l'ONU à travers
son programme Onusida, ainsi que pour nombre de gouvernements. La communauté scientifique est
également très active en vue de mettre au point un vaccin, faisant du VIH le virus le plus étudié à ce
jour.
Bien que l'AZT ait été utilisée dès 1986 pour lutter contre le VIH, il faudra attendre le milieu des années
1990 pour qu'arrivent sur le marché des traitements vraiment efficaces contre la réplication du VIH. Ces
traitements, appelés trithérapies, combinent plusieurs médicaments pour combattre le VIH sur plusieurs
fronts à la fois. Le développement de tests biologiques permettant d'estimer la charge virale a
grandement participé à l'efficacité de ces traitements, aboutissant à modifier en conséquence la
trithérapie, pour la rendre la plus efficace possible.
Structure
LE VIRUS DE L'IMMUNODEFICIENCE HUMAINE.
Le VIH est un rétrovirus du genre des lentivirus, qui se caractérisent par une longue période d'incubation
avec, par voie de conséquence, une évolution lente de la maladie (d'où la racine du nom venant du latin
lenti, signifiant lent).
Il est d'un aspect globalement sphérique, pour un diamètre variant de 90 à 120 nanomètres. Comme de
nombreux virus infectant les animaux, il dispose d'une enveloppe composée des restes de la membrane
de la cellule infectée. Cette enveloppe est recouverte de deux types de glycoprotéines : la première est
la gp41 qui traverse la membrane, la seconde est la gp120 qui recouvre la partie de la gp41 qui sort de la
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Immunologie du VIH
membrane. Une très forte liaison existe entre la gp120 et le récepteur des marqueurs CD4 présent à la
surface des cellules CD4+ du système immunitaire. C'est pour cette raison que le VIH n'infecte que des
cellules ayant ce récepteur à leur surface, qui sont en très grande majorité les lymphocytes CD4+.
À l'intérieur de l'enveloppe, se trouve une matrice protéique composée de protéines p17 et, encore à
l'intérieur, la capside composée de protéines p24. C'est ce dernier type de protéines qui, avec gp41 et
gp120, sont utilisés dans les tests VIH western blot. La nucléocapside est composée, quant à elle, de
protéines p6 et p7.
Le génome du VIH, contenu dans la capside, est constitué d'un simple brin d'ARN en double exemplaire,
accompagné d'enzymes qui :
transcrivent l'ARN viral en ADN viral (transcriptase inverse p64)
intègrent l'ADN viral à l'ADN cellulaire (l'intégrase p32)
participent à l'assemblage du virus (protéase p10). Cette dernière n'est pas présente dans la capside,
mais flotte dans la matrice p17.
Ces trois enzymes sont les principales cibles des traitements antirétroviraux, car elles sont
spécifiques aux rétrovirus.
Le génome du VIH est composé de neuf gènes. Les trois principaux sont gag, pol et env, qui définissent
la structure du virus et sont communs à tous les rétrovirus. Les six autres gènes sont tat, rev, nef, vif,
vpr et vpu (ou vpx pour le VIH-2), qui codent des protéines régulatrices et dont les fonctions ne sont
pas connues avec précision.
Transmission
Risque de transmission du VIH-1 selon la voie d'exposition[16].
Voie d'exposition
Nombre de contaminations
estimées pour 10 000
expositions à une
source infectée
Transfusion sanguine
9 000[17]
Accouchement
2 500[18]
Partage de seringue
chez des toxicomanes
67[19]
Rapport anal, réceptif*
50[20],[21]
Blessure percutanée par aiguille
30[22]
Rapport pénis-vagin, réceptif*
10[20],[21],[23]
Rapport anal, insertif*
6,5[20],[21]
Rapport pénis-vagin, insertif*
5[20],[21]
Fellation, réceptif*
1[21]
Fellation, insertif*
0,5[21]
* sans préservatif
Le VIH est présent dans de nombreux fluides organiques. On en a retrouvé dans la salive, les larmes et
l'urine, mais en des concentrations insuffisantes pour que des cas de transmission soient enregistrés. La
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