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Module 4 : Déséquilibres, régulation et action publique
Thème 10 : Inflation et déflation
I. Définition, mesure et évolution de l’inflation
1) Définitions et mesure
2) L’inflation conjoncturelle du XIXè siècle à 1945
L’Edit du Maximum (301) et la « Réponse au paradoxe de Malestroit » 1568
Le XIXe siècle : stabilité des prix et mouvements longs
Les amples fluctuations de l’Entre deux guerres
3) L’inflation structurelle de 1945 au début des années 1980 ; produit de la régulation monopoliste
Deuxième GM et reconstruction
Les premières poussées inflationnistes (1957-1973)
La poussée inflationniste entre 1974 et 1980
4) La désinflation à partir des années 1980
De l’inflation forte à la désinflation dans les 1980’s
La grande modération à partir des 1990’s
5) La « lowflation » et la menace de déflationniste ; la stagnation séculaire
II Les sources de l’inflation
1) L’inflation par la monnaie
La théorie quantitative de la monnaie
Le monétarisme
2) L’inflation par la demande
3) L’inflation par les coûts
4) L’inflation comme phénomène structurel et institutionnel
Concurrence et stabilité des prix et des salaires au XIXe siècle
Un contexte institutionnel favorisant l’inflation rampante dans les 30 glorieuses
Déréglementation, mondialisation et modération des prix et des salaires
III. Effets de l’inflation
1) Effets redistributifs entre créanciers et débiteurs
2) Inflation et chômage : la courbe de Phillips
2) Effets sur l’activité économique et la croissance
Un effet positif sur la demande ?
Les effets sur la croissance (à long terme)
Les bienfaits d’une faible inflation
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IV Les politiques de lutte contre l’inflation
V Le retour de la menace déflationniste ?
1) Les Effets positifs de la déflation
2) Les Effets négatifs de la déflation
Alourdissement de la dette
Choc d’offre négatif ; Sous investissement
Choc de demande négatif
3) La déflation : stagnation réversible ou irréversible ?
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Module 4 : Déséquilibres, régulation et action publique
Thème 10 : Inflation et déflation
Bibliographie : Besbakh P., inflation et désinflation, Repères, la Découverte
I. Définition, mesure et évolution de l’inflation
1) Définitions et mesure :
L’inflation est un déséquilibre économique sur les marchés qui génère « un processus de hausse
cumulative et auto-entretenue du niveau général des prix ».
Ce qui est a priori, impossible dans une vision théorique en termes de marché
3 intensités de l'inflation :
- rampante : aux alentours de 5% : inflation de croissance, moteur, lubrifiant.
- rapide : de 10% à 15%
- galopante : au delà de 50%, hyperinflation ... en 1923 en Allemagne 16%/jour
La déflation désigne un déséquilibre qui se traduit par une tendance à une baisse généralisée et
durable des prix,
La désinflationcélération de la hausse des prix ; l'inflation ralentit et la hausse des prix est devenue
moins forte.
La stagflation est un néologisme construit à partir de la contraction de stagnation et d'inflation. Il
s’agit d’une situation économique caractérisée par une croissance de l'activité nulle ou très faible et
une inflation. La stagflation s'accompagne en général d'un taux de chômage élevé.
La mesure de l'inflation et l'indice des prix
L'indice des prix à la consommation (IPC) est l'instrument de mesure de l’inflation. Il permet
d'estimer, entre deux périodes données, la variation moyenne des prix des produits consommés par les
ménages.
C'est une mesure synthétique de l'évolution de prix des produits, à qualité constante. Il est publié
chaque mois au Journal Officiel.
Problèmes de mesure :
- choix du panier (indice synthétique). Pour le calcul de l'indice des prix, l'Insee suit les prix d'un
éventail très large de produits et de services. Ils sont choisis de manière à couvrir l'ensemble des
produits et services proposés aux consommateurs. Ils sont tenus secrets.
- choix de la pondération, évolution des goûts et innovations. L'INSEE procède à un
changement de pondération régulièrement afin de tenir compte du changement dans la consommation
des ménages et dans les ménage-types.
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Finalement, il convient d'avoir à l'esprit que tout indice des prix est une convention sociale qui peut
différer d'un pays à l'autre.
Cependant, pour arriver à la monnaie unique dans les délais, l'UE a été obligée d'avoir une statistique
harmonisée des indices des prix. Depuis 1996, la Commission de I'UE sort un Indice Pondéré des Prix
Harmonisé (IPCH).
2) L’inflation conjoncturelle du XIXè siècle à 1945
Problème aussi ancien que le début de l’économie marchande
a) l’Edit du Maximum (301) et la « Réponse au paradoxe de Malestroit » 1568
L’Edit du Maximum énoncé en 301 condamne à la peine de mort ceux qui augmentent abusivement
les prix.
Puis forte inflation en Europe au XVIe siècle dont l’analyse a donné naissance à la Théorie
Quantitative de la Monnaie
Constat de l’économiste Jean de Malestroit en 1566 dénommée le paradoxe de Malestroit selon qui,
selon la terminologie plus moderne, le prix nominaux calculés en monnaies courantes ont bien
augmenté mais non les prix réels rapportés à la parité or.
Ainsi, l’auteur avance, que l’opinion publique se trompe en se plaignant du renchérissement qui
affecterait les biens dans l’économie depuis 300 ans. Selon lui, la hausse des prix des denrées n’est
qu’une apparence si seuls sont considérés les prix monétaires (monnaie de compte, soit livres, sols et
deniers). Si les denrées sont également considérées en prix réels (en or et en argent), alors on observe
qu’aucune hausse réelle n’a eu lieu.
Les insuffisances de l’explication de Malestroit sont mises en évidence par Jean Bodin, en 1568 dans
la « réponse aux paradoxes de Monsieur de Malestroit » qui introduit en qque sort la théorie
quantitative de la monnaie
Il prouve que les prix ont au moins triplé depuis 100 ans et que, même si l’on calcule en espèces
métalliques, une partie de la hausse subsiste. Pour lui, la raison principale est constituée par
l’abondance d’or et d’argent arrivant du nouveau monde et introduite en France par les remises des
migrants, le solde positif de la balance commerciale et l’entrée des capitaux. L’analyse de Bodin est
confirmée par les statistiques d’arrivée des métaux précieux en Europe.
Avec le recul, il semblerait que Malestroit ait vu juste pour la première moitié du XVIè, et Bodin ait
vu juste pour la seconde
b) le XIXe siècle : stabilité et mouvements longs
On observe une relative stabilité des prix au XIXe siècle. 0.25% par an
Ce fait est à relier évidemment, à l’extraordinaire période de stabilité monétaire au niveau international
et aux politiques très sévères de surveillance du rapport entre masse monétaire et stock d'or réalisées
par les différentes banques centrales et notamment la plus importante d'entre elles, la Banque
d’Angleterre.
Ceci répond aux désirs des nombreux rentiers anglais ou français vivant de prêts aux particuliers, ou
d'achat de rentes d'Etat et autres emprunts russes.
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Cette stabilité est aussi à relier à la tendance à la baisse des prix industriels : gains de productivité,
régulation concurrentielle. Des mouvements longs de prix (Kondratieff).
Ainsi, le Franc germinal subsiste avec la même parité vis à vis de l'or de 1802 à 1914, et la Livre
Sterling de 1814 à 1914.
Les périodes de croissance économique et d inflation au XIXème siècle correspondent à des
découvertes de mines d'or. .
Cette mentalité, comme la règle de prudence voulue par Ricardo au début du XIXème siècle voleront
en éclat avec la « grande guerre ».
c) l’instabilité de l’Entre deux guerres
L’inflation constante démarre après 1918 surtout en Europe et notamment du fait de l'endettement des
Etats européens à la suite de la grande guerre. « C’est la première guerre mondiale qui marque la
véritable entrée de la France dans l’ère de l’inflation « moderne » selon Picketty Les Hauts revenus en
France au XXe siècle 2001
La hausse de prix est aisément explicable :
- rareté de certaines productions industrielles et civiles,
- rareté relative de la main d’œuvre liée à la grande saignée de la guerre,
- et enfin, l’usage de la « planche à billets » pour résorber la dette de guerre de la France estimée à 125
Mds de francs or.
De 1926 à 1936, sous des gouvernements de droite, l'inflation française est maîtrisée, la monnaie
nationale se positionne comme la devise de référence en matière de stabilité, de sérieux et de valeur et
la France comme la championne de la stabilité des prix dans le monde industriel.
Le Franc fort est créé dans un premier temps par Poincaré qui, de 1926 à 1928, mène une politique de
rigueur en matière de finances publiques, puis ramène la parité-or du Franc mais à un niveau plus
modeste que celle du Franc Germinal.
Puis, les gouvernements Tardieu et Laval contribueront à poursuivre l'heure de stabilité financière et
monétaire malgré la Crise de 1929 à travers une politique orthodoxe en matière de finances publiques
et même sous l'influence de J. Rueff, ministre des finances sous le gouvernement Laval, baissera les
salaires des fonctionnaires de 10 % pour briser les rigidités à la baisse des prix.
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