Plaidoyer en faveur de la version de Molière du monologue d

Plaidoyer en faveur de la version de Molière du monologue d’Harpagon
Le monologue d’Harpagon dans L’Avare de Molière semble un plagiat du monologue
d’Euclion dans La Marmite de Plaute. En réalité, le monologue d’Harpagon ne fait qu’emprunter de
nombreux éléments à son ancêtre latin. Et je préfère la version de Molière, pour trois raisons.
Tout d’abord, chez Molière, le monologue insiste davantage sur la folie progressive du
personnage. [La première phrase du paragraphe a énoncé clairement l’argument qui sera ensuite
développé, illustré, éventuellement prolongé, dans le paragraphe] Dans le texte de Molière, c'est à
lui-même que s'en prend Harpagon, ce qu'indique la didascalie « Il se prend lui-même le bras » (l.6).
L'accumulation des interrogations affolées (l.4-6) marque, mieux que chez Plaute, la quête éperdue
de la cassette gorgée de louis d’or. Le sentiment d’une dépossession de soi-même, le trouble de
l’« esprit » (l.7) et l’anéantissement d’une existence devenue inconcevable sans cet argent, sont
davantage soulignés chez Molière : accumulation des COD après le verbe « j’ignore » (l.7-8), « Sans
toi, il m'est impossible de vivre. » (l.11), « je suis enterré » (l.12).
Ensuite, heureuse trouvaille théâtrale, Harpagon s’adresse directement à son argent, comme
à un ami disparu. [La première phrase du paragraphe a énoncé clairement l’argument qui sera
ensuite développé, illustré, éventuellement prolongé, dans le paragraphe] La deuxième personne du
singulier apparaît dans le texte : « on m'a privé de toi ! » (l.9), « Sans toi, il m'est impossible de
vivre. » (l.11) Cette adresse directe à l'argent accentue le comique de ce passage et peut stimuler
l'imagination d’un metteur en scène.
Enfin, l’écriture de Molière met une plus grande richesse stylistique au service de la
performance comique de l’acteur. [La première phrase du paragraphe a énoncé clairement
l’argument qui sera ensuite développé, illustré, éventuellement prolongé, dans le paragraphe] La
gradation hyperbolique de la dernière phrase s'inspire de Plaute mais chez Molière, cette gradation
comprend cinq termes C’en est fait », « je n'en puis plus », « je me meurs », « je suis mort », « je
suis enterré ») et ménage une progression plus saisissante de l'extinction en direct de la vie, « je me
meurs », à la mise en terre déjà effectuée, « je suis enterré ». On peut également goûter la
métaphore hyperbolique de la gorge coupée (l.3) ; cette image rend plus concrète l’idée d’assassinat
qui hante les exclamations délirantes de l’avare.
Méthode d’insertion de citations dans un devoir de français
Dans la plupart des travaux de français, il faut citer un ou plusieurs textes, faire des
références précises à un ou plusieurs textes et il est donc essentiel de maîtriser la technique
d’insertion de citations dans un devoir.
Sauf conseils ou exigences spécifiques livrés par un autre professeur pour sa discipline, ces
règles sont valables pour toutes les disciplines.
Voici des illustrations (puisées pour la plupart dans mon plaidoyer ci-dessus) des
différents modes d’insertion de citations ou de références à un texte :
A. Citation (d’un ou de plusieurs mots) insérée grammaticalement dans la phrase de l’élève.
Dans le texte de Molière, c'est à lui-même que s'en prend Harpagon, ce qu'indique la
didascalie « Il se prend lui-même le bras » (l.6).
accumulation des COD après le verbe « j’ignore » (l.7-8)
le trouble de l’« esprit » (l.7)
Harpagon accordait une importance vitale à son « cher ami » (l.8-9)
Cette technique peut exiger une concordance des temps et des personnes ; toute
modification du texte est alors signalée par des crochets Harpagon mettra tout en œuvre pour
retrouver son argent car « sans [lui], il [lui] est impossible de vivre » (l.11). Il se prend lui-même pour
le voleur, preuve que « [son] esprit est troublé » (l.7)
B. Il est parfois possible de renvoyer à des lignes précises sans citer le texte.
L'accumulation des interrogations affolées (l.4-6) marque, mieux que chez Plaute
la métaphore hyperbolique de la gorge coupée (l.3) ; cette image rend plus concrète
C. Citation (souvent d’une phrase complète ou d’une liste de termes) après ou avant deux points.
davantage soulignés chez Molière : accumulation des COD après le verbe « j’ignore » (l.7-8), «
Sans toi, il m'est impossible de vivre. » (l.11), « je suis enterré » (l.12).
La deuxième personne du singulier apparaît dans le texte : « on m'a privé de toi ! » (l.9), «
Sans toi, il m'est impossible de vivre. » (l.11)
« je suis assassiné » (l.3), « je suis mort, je suis enterré » (l.12) : les hyperboles, dans cet
extrait, révèlent la folie du personnage.
D. Citation entre parenthèses.
cette gradation comprend cinq termes C’en est fait », « je n'en puis plus », « je me
meurs », « je suis mort », « je suis enterré ») et ménage une progression
E. Citation entre virgules.
ménage une progression plus saisissante de l'extinction en direct de la vie, « je me meurs », à
la mise en terre déjà effectuée, « je suis enterré ».
Remarques diverses :
Evidemment, les citations sont toujours entre guillemets.
Indiquez systématiquement le numéro des lignes, afin que votre lecteur puisse aisément se
reporter aux textes cités.
La citation entre parenthèses et la citation entre virgules peuvent répondre au même
besoin ; en effet, on peut opter indifféremment pour l’un ou l’autre des deux modes :
- ménage une progression plus saisissante de l'extinction en direct de la vie, « je me meurs », à la
mise en terre déjà effectuée, « je suis enterré ».
- ménage une progression plus saisissante de l'extinction en direct de la vie (« je me meurs ») à la
mise en terre déjà effectuée (« je suis enterré »).
Comme la parenthèse peut indiquer que son contenu est de moindre importance que le reste du
texte et comme une citation, dans un devoir de français, est censée être toujours importante,
certains professeurs interdisent l’utilisation de la parenthèse pour insérer une citation… Préférez
donc l’utilisation des virgules et réservez la parenthèse pour les cas où la citation est presque
facultative, ne servant qu’à faciliter la lecture du correcteur.
Souvent, on peut également choisir entre l’utilisation des deux-points ou de la virgule
Harpagon en appelle à la justice terrestre et à la justice céleste : « Justice, juste ciel ! » (l.2) ou
Harpagon en appelle à la justice terrestre et à la justice céleste, « Justice, juste ciel ! » (l.2)
Lorsque la citation est longue, on peut la couper et indiquer la coupure par des crochets avec
trois points à l’intérieur → Les cinq termes de la gradation finale, « C’en est fait […] je suis enterré ! »
(l.11-12), soulignent à merveille l’importance vitale qu’Harpagon accordait à son argent.
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