IMMUNOPATHOLOGIE DE L’INFECTION VIH. PR. Debré (cours du 25/03/08 18H-19h). Ronéotyper A Mekinian. PLAN. - Epidémiologie VIH - Classification VIH - Organisation génomique. - Virus apparentés au VIH 1. - Cycle réplicatif du VIH. - Structure du VIH. - Variabilité du VIH. - Stratégies antiVIH. - Molécule CD4. - Corécepteurs VIH. - Cibles cellulaires du VIH. - Pénétration du VIH dans la cellule CD4. - Induction de la réplication du VIH. - Physiopathologie de l’infection par le VIH. - Histoire naturelle de l’infection par le VIH. - La réponse immune à l’infection par le VIH. - Anomalies immunitaires induites par le VIH. EPIDEMIOLOGIE VIH. - 16000 nouveaux cas par jour dans le monde - 4e cause de maladie mortelle dans le monde - 2e cause de mortalité dans le monde et parmi les causes infectieuses décès par SIDA en 2e place (les autres causes infectieuses étant la tuberculose et le paludisme), (ces trois pathologies infectieuses sont distribués de façon prédominante dans les mêmes zones géographiques) - 50% des malades sont des femmes, 50 % ont entre 15-24 ans. CLASSIFICATION VIH. - le virus VIH est une rétrovirus (car l’information génétique est sous forme ARN avec une transcription inverse en ADN), de la catégorie des lentivirus (car d’évolution lente et chronique) ORGANISATION GENOMIQUE VIH. - 2 types de gènes : codant pour des protéines de structure codant pour des protéines de régulation 1) Genès de structure : - enveloppe : glycoprotéines de l’enveloppe virale =gp120 et gp 41(env) - enzymes virales (pol) constitués de 3 enzymes : integrase (permet l’intégration du matériel génétique viral dans le génome de l’hote), reverse transcriptase (permet la transcription de l’ARN viral en ADN), protéase (intervient à la phase d’assemblage des protéines virales). - protéines internes (p17, p24, p7) 2) Gênes de régulation de la transcription) - les gènes vif/ nef/ vpu/ tat/ rev ORGANISATION GENOMIQUE DU VIH p17 MA p24 CA gp120 p7 NC gp41 Glycoprotéines d ’enveloppe Protéines internes env gag RU5 pol vif vpu vpr tat rev nef UR3 tat rev Enzymes virales protéase RT intégrase VIRUS APPARENTES VIH 1. > VIH2 : moins pathogène/ même tropisme CD4/ très longtemps quiescent/ limités certaines zones d’Afrique ouest. > SIV : l’équivalent chez le singe / plusieurs espèces différentes dont beaucoup non pathogènes/ deviendrais pathogène lors passage interespeces chez le singe d’où l’hypothèse que le virus VIH proviendrait du singe et serait devenu pathogène lors de son passage à l’homme. > FIV : l’équivalent chez les félins. CYCLE REPLICATIF VIH. 1. La liaison et la pénétration du virus : par l’interaction de l’enveloppe virale avec le CD4 et le corécepteur. -2 familles de corécepteurs : CCR5 et CXCR4 (sont exprimés par des cellules différentes et conditionnent le tropisme des cellules atteintes) 2. retrotranscription en ADN 3. integration du matériel viral dans le génome de l’hote 4. transcription du génome 5. epissage et traduction 6. assemblage des molécules virales (cf schéma) CYCLE REPLICATIF DU VIH Co-R ARN viral Gp120/gp41 CD4 Liaison, pénétration Rétro transcription: RT ADN viral ADN intégré ARN génomique ARNm Protéines: Gag, Pol, Env Transport Intégration: intégrase Transcription: ARN pol épissage et transport traduction découpage, assemblage protéase STRUCTURE DU VIH. Les 3 composants principaux du virus sont l’enveloppe (env), comportant les glycoprotéines d’enveloppe gp 120 et gp 41; les protéines pol qui sont les 3 enzymes virales (integrase, reverse transcriptase et protéase) ; les protéines internes (gag) : p17, p24. STRUCTURE DU VIH core P7 (nucléocapside) P24 (capside) gp120 enveloppe gp41 intégrase P17 (matrice) RT ARN protéase 90 à 120 nm VARIABILITE GENETIQUIE. C’est la principale caractéristique du VIH, expliquant son échappement au système immunitaire. Dans un organisme infecté il n’y a pas deux génomes viraux identiques. Chez un individu infecté il existe un polymorphisme important du génome viral qui augmente avec le nombre d’années d’infection. En effet 1/1000 à 10000 nucléotides sont copiés avec 1 mutation/cycle réplicatif, touchant surtout les gènes de l’env (régions hypervariables V3) . ARBRE GENEALOGIQUE VIH1. ARBRE GENEALOGIQUE DES VIH D O O A G B Groupe O Sous types VIH-2 H B C A E F Groupe M Sous types VIH-1 Parmi ces sous-types le C représente 50 % des infections. A noter l’émergence des sous-types recombinants selon la zone géographique (ex. AC en Afrique). On peut être infecté par différents sous-types en même temps. De cette distribution très inégale des différents sous-types est sous tendu le fait qu’un vaccin contre B est inefficace contre C. STRATEGIES ANTIVIH1. Des thérapeutiques existent pour bloquer les différentes étapes de la vie du virus VIH (cf schéma). Ces différentes stratégies peuvent être associés, mais le prix en est l’augmentation des effets secondaires (l’hypercholestérolémie, la toxicité mitochondriale). Il n’est pas possible actuellement d’éradiquer complètement le virus. STRATEGIES ANTI-VIH : bloquer les étapes Gp120/gp41 Co-R ARN viral CD4 Rétro Transcriptase ADN proviral ADN intégré ARNm Inhibiteurs de la fusion Inhibiteurs de la RT Analogues nucléosidiques Non nucléosidiques Inhibiteurs de l’intégrase Inhibiteurs de la transcription protéines Inhibiteurs de l’assemblage Inhibiteurs de protéase MOLECULE CD4. Présent sur les lymphocytes CD4, mais aussi sur les cellules de la famille des monocytes/macrophages. Principal récepteur, de haute affinité de gp120 du VIH. CHIMIORECEPTEURS= DES CORECEPTEURS. Deux chimiorécepteurs sont principalement corécepteurs du VIH : CXCR4 et CCR5. Ils sont par ailleurs les récepteurs des chimiokines SDF et RANTES, MIP1alpha ,MIP1beta respectivement. Ces corécepteurs déterminent un tropisme du VIH différent (plutôt contre monocytes si corécepteur CCR5 et contre T si corécepteur CXCR4) LES CHIMIORECEPTEURS : les co-récepteurs RCT CD4 VIH CIBLE RCT CD4 CIBLE RCT CD4 CIBLE CCR5 CXCR4 fusine VIH-1 à tropisme T VIH-1 à tropisme M VIH à double tropisme CIBLES CELLULAIRES DU VIH. Tropisme préférentiel du virus lié au corécepteur. -Souche T-trope (contre T CD4) avec une réplication rapide, destruction rapide des CD4 et évolution vers déficit immunitaire. -Souche M-trope (contre macrophages/monocytes) avec une réplication faible, longtemps asymptomatique, déficit immunitaire très tardif, plus un vecteur de transmission aux lymphocytes T. -Souche dual-trope. PENETRATION DU VIH DANS LA CELLULE. 3 étapes (cf schéma) 1. liaison gp120 et CD4. 2. liaison gp120 aux corécepteurs. 3. démasquage de gp41 et sa fusion a la membrane. PENETRATION DU VIH DANS LA CELLULE gp41 gp120 CD4 chémorécepteur Liaison gp120/CD4 1/2 vie 1 min Liaison gp120/coR 1/2 vie 5-8 min Fusion gp41/membrane 1/2 vie 10-15 min INDUCTION DE LA REPLICATION DU VIH DANS LES CELLULES T CD4. Apres la pénétration dans le lymphocyte CD4 , ce dernier est activé par le biais d’une cellules présentatrice d’antigène et prolifère, ainsi que le génome viral intégré au matériel génétique de la cellule CD4. PHYSIOPATHOLOGIE DE LINFECTION VIH. Une fois le virus ayant pénétré dans les cellules cibles il existe une réplication massive (10millard/jour), avec activation des CD4 et CD8 cytotoxiques, ces derniers responsable de destruction des lymphocytes qui hébergent le virus avec l’apparition d’un déficit de production CD4. Les NK sont également activés contre les cellules infectées, néanmoins il existe des stratégies d’échappement. HISTOIRE NATURELLE DU VIH. 3 phases : la primo-infection symptomatique, la phase de latence, le SIDA maladie. Lors de la primo-infection il existe une réplication virale massive contrecarrée par la mise en route de la réponse immune cellulaire et humorale. Lors de la phase de latence, la réplication virale persiste dans les organes lymphoïdes secondaire responsable d’une activation chronique du système immunitaire et de la diminution progressive de l’immunité cellulaire et humorale. Lors de SIDA maladie il y a une destruction des organes lymphoïdes avec réapparition de la virémie, du déficit immunitaire progressif et des signes cliniques corrélés au taux de CD4. IL existe 3 types de progressions dans cette évolution clinique : les progresseurs classiques (SIDA en 8-10 ans), rapides (SIDA en moins 3 ans =2%) et les non progresseurs à long terme (asymptomatique plus de 8 ans =7%). HISTOIRE NATURELLE DE LA MALADIE CD4 AC anti-VIH CD8 Virémie plasmatique Virémie cellulaire mois Années Primoinfection Maladie asymptomatique SIDA LA REPONSE IMMUNE. La réponse immune est mise en place dès la primo-infection VIH, comportant l’immunité non spécifique NK, l’immunité spécifique humorale et cellulaire. L’immunité humorale spécifique comporte la séroconversion 3-12 semaines après l’infection, avec un haut titre d’anticorps contre l’ensemble des protéines virales, avec une liaison au complément (CIC / réseau de cellules dendritiques folliculaires), sans activité neutralisante en infection primaire. L’apparition des anticorps antigp12 est tardive, en moyenne 2-23 jours après la chute p24, surtout dirigée contre des épitopes conformationnels (CD4bs), puis séquentiels (V3). EVOLUTION DES ANTICORPS SPECIFIQUES DU VIH AC -gp160 VIH AC -p24 p24 pronostique mois Années Primoinfection Maladie asymptomatique SIDA Séroconversion: 3-12 semaines toutes les spécificités anti virales, faiblement protecteur Les mécanismes d’action de la réponse immune CD8 antiVIH font intervenir une fonction cytotoxique directe et une production de facteurs anti-viraux inhibant la réplication virale in vitro [cytokines (IFN-g), b chémokines (RANTES, MIP 1a/1b)]. Cette réponse CD8 s’installe dès la PI, puis hyperlymphocytose CD8 à tous les stades des réponses CD8 anti-VIH, avec une reconnaissance de l’ensemble des protéines codées par le VIH, une adaptation permanente à la variabilité virale, une diminution avec la progression de la maladie (échappement viral? anergie progressive liée à l’hyperactivation chronique?). DYNAMIQUE DES VARIANTS VIH ET DE LA REPONSE CTL SPECIFIQUE Réponse CTL globale CTL spécifiques de variants viraux VIH mois Primoinfection Années Maladie asymptomatique SIDA ANOMALIES IMMUNITAIRES INDUITES PAR VIH. 1. LYMPHOCYTES CD4 Déficit fonctionnel et quantitatif des lymphocytes CD4, responsable de perturbation de la fonction T helper. La lymphopénie CD4 est caractéristique mais non spécifique, marqueur de suivi des patients VIH+, corrélée à l’intensité du déficit immunitaire. Les différents mécanismes de cette lymphopénie sont : la réplication virale (lyse cellulaire directe), l’effet cytopathogène, la destruction par les CD8 (réponse immune spécifique) , l’anergie, l’apoptose ou la mort (activation chronique), les mécanismes autoimmuns (gp120/HLA), la déficience de régénération (thymus). IL y a également une perturbation de la balance TH1 /TH2. Le taux des lymphocytes CD4 est corrélé aux différentes infections opportunistes (cf schéma). LE DEFICIT CD4 CONDUIT VERS LE SIDA SIDA CD4 candida zona kaposi VIH lymphomes pneumocystis toxo 200 CMV MAC mois Primoinfection Années Maladie asymptomatique SIDA 2. LYMPHOCYTES T CD4 /CD8 /B. Le VIH induit une hyperactivation cellulaire des CD4, CD8 et lymphocytes B qui participe aux anomalies de fonctionnement de ces cellules. 3. LES CELLULES NK ET CPA. Les cellules NK présentent probablement un déficit de fonctionnement (en rapport avec une diminution IL2 ?) Il en est de même des CPA et des macrophages avec un déficit de présentation antigénique, un déficit de phagocytose et de bactéricidie, ainsi qu’un déficit quantitatif. PS. Il reste quelques considérations générales résumées sur les 4 dernières diapositives.