B. L’entrepreneur Schumpetérien, le crédit et le profit
Schumpeter oppose les entrepreneurs innovateurs (minoritaires) aux entrepreneurs
routiniers (majoritaires). L’innovateur doit avoir des qualités de résistance physique et
nerveuse. Il doit aussi avoir la capacité de prendre des décisions et un certain charisme pour
les imposer. Parce qu’il introduit l’innovation dans un système, il déséquilibre le circuit
(=idéal-type qui correspond au fonctionnement ordinaire de l’économie) et conduit à la
réalisation d’un nouvel équilibre. L’entrepreneur schumpetérien est mu par le profit mais
également par la « joie de créer ».
Profit : « excédent sur le coût » qui est le résultat de la contribution de l’entrepreneur. Il n’est
pas la rétribution d’un risque pris car pour Schumpeter ce n’est pas l’entrepreneur qui prend
un risque mais le banquier.
L’instrument de l’entrepreneur est le crédit : c’est la création monétaire
supplémentaire qui rend possible l’introduction de la nouveauté dans le circuit économique.
II. L’innovation et les cycles économiques
Différents cycles économiques :
● Kitchin : 3 ans
● Juglar : 10 ans
● Kondratiev : 60 ans
Chaque cycle quelle que soit sa longueur se compose de 4 phases : l’expansion, la crise, la
dépression et la reprise.
Les innovateurs apparaissent par essaims et les innovations arrivent par grappes.
Essaims et grappes : Pour Schumpeter, les entrepreneurs et donc les innovations
n’apparaissent pas de manière isolée. Les entrepreneurs sont par essaims car la réussite
d’un fait tomber les obstacles pour les autres. Les innovations arrivent par grappes car elles
sont souvent interdépendantes. Schumpeter distingue 5 types d’innovations : produits,
procédés, nouveaux marchés, nouvelles sources de m1 et nouvelles formes d’organisation
de la production.
Cette discontinuité de l’innovation explique selon Schumpeter les cycles
économiques longs : chaque cycle correspond à une vague d’innovation. Les innovations
majeures engendrent de profonds changements dans la vie économique, sociale et
culturelle. De plus, elles ouvrent la voie à des innovations complémentaires qui amplifient
leurs effets. Puis l’innovation faiblit et avec elle la rentabilité. L’innovation se banalise, des
imitateurs se développent : le marché sature. La compétition entraîne une baisse des prix,
donc des profits, et une disparition des entreprises les moins innovantes. Ainsi la vague
d’innovation se tarit et la dépression commence. La croissance ne reprend que lorsqu’une
nouvelle phase innovante survient.
III. Actualité de la pensée schumpétérienne
A. Une analyse qui peut être critiquée
On peut reprocher à Schumpeter d’avoir mis l’accent sur le caractère individualiste de
l’entrepreneur, sur son goût pour la prise de risque, et pas assez sur les nécessaires
capacités à organiser la coopération.
De plus, sa théorie du cycle a des failles : en effet on ne parvient pas toujours à
articuler les grandes vagues d’innovations aux cycles historiques qu’il distingue (ex : Trente
Glorieuses).
Enfin, il a une vision pessimiste de l’avenir du capitalisme qui va selon lui céder la
place à un système socialiste. Or la conjoncture actuelle ne confirme absolument pas cette
hypothèse.