« Nous ne mourons pas » : cela invite à faire œuvre d’histoire et
donne à voir la saignée de la guerre.
Le Président de la République, dans son récent discours sur la
commémoration du centenaire de la Grande Guerre, a rappelé que sur le
futur mémorial de Notre-Dame-de-Lorette, seront inscrits les noms des
600 000 soldats tombés dans le Nord-Pas-de-Calais, dont nombre de
tirailleurs, sans distinction de nationalité.
Troupes coloniales et métropolitaines, égales face au feu, sont égales
devant l’histoire et la reconnaissance. Un hommage leur sera rendu le 11
novembre 2014.
« Nous ne mourons pas » : cela évoque, en somme, le devoir de
mémoire qui ne doit pas être une obligation institutionnelle, une morale
sanctuarisée et figée, au contraire, le devoir de mémoire est une évocation
permanente et vivante au dépassement de soi et à l'esprit de Nation. Les
épreuves du passé doivent fournir l'inspiration, à l’heure où nous devons
faire face à une crise profonde et protéiforme.
Crise en Europe d’abord, où malgré la paix, les vicissitudes
économiques, l’incertitude des valeurs sont à la source de bien des
inquiétudes. Crise en Afrique également, où malgré les espoirs suscités par
l’émergence, les défis du développement restent encore à relever. Bien
plus, les troubles et l’instabilité et en particulier les affres du terrorisme
nous interpellent et nous obligent.
De même que les tirailleurs vinrent à notre secours en août 1914 et
en mai 1940, la France par l'action de son armée, consciente de la dette
passée, se porte à l’aide du Mali pour le rétablissement de sa souveraineté,
la lutte contre le terrorisme et l'affirmation des principes démocratiques.
En somme, à l'échelle du temps qui passe, des liens imprévisibles de
solidarité et de reconnaissance pour le sang versé ont été unis par l'Histoire
et continuent de forger nos idéaux. Le Maréchal Foch l’illustrait en une
sentence : « un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir ». Notre
mémoire et notre dette nous les exprimons aujourd’hui au Mali même si
notre époque est une période édifiante pour les Européens qui sont
accoutumés à la paix, et pour qui la guerre n'est qu'un concept lointain.