Les concepts fondamentaux de la philosophie de Malebranche sont les suivants :
• Les idées : ce sont les archétypes des choses qu'elles représentent à l'âme, avec laquelle elles
sont en contact direct; indépendantes de nous, elles éclairent notre esprit. C'est par elles que
nous pouvons connaître les choses, et non par les sensations, modifications de l'âme qui ne
nous renseignent en rien sur le monde extérieur et n'ont de fonction que pratique. Pour
Malebranche, l'idée essentielle est celle d'" étendue intelligible ", archétype de tous les corps
qui en sont des déterminations ;
• la vision en Dieu : c'est la connaissance des choses créées et des lois qui les régissent au
moyen d'une vue directe des idées de ces choses ou de ces lois, idées qui sont en Dieu, à qui
l'homme est immédiatement uni par la raison ;
• la cause occasionnelle, conçue non point comme vraie cause, comme cause efficace mais
comme occasion de l'exercice de la volonté divine. En effet, pour Malebranche, seul Dieu est
cause de tout.
Biographie en résumé
Nicolas Malebranche, philosophe et théologien, né à Paris en 1638, mort en 1715, était fils
d’un secrétaire du roi. Contrefait et d’une complexion délicate, il désira vivre dans la retraite,
et s’enferma dès 1660 dans la congrégation de l’Oratoire. Après avoir commencé des études
d’histoire, qui avaient peu d’attrait pour lui, il rencontra par hasard le Traité de l’homme de
Descartes; il éprouva de tels transports à cette lecture qu’il se voua désormais à la
philosophie; il devint bientôt le plus illustre des disciples de Descartes. Il conserva les
doctrines de son maître sur la méthode, sur l’insuffisance de l’autorité en philosophie et la
nécessité de l’évidence, sur la nature de l’âme, sur l’automatisme des animaux; mais, au lieu
d’admettre comme lui des idées innées, il disait que nous voyons tout en Dieu et que ce n’est
que par notre union avec l’être qui sait tout que nous connaissons quoi que ce soit; en outre, il
prouvait l’existence des corps, non par la véracité divine (comme Descartes), mais par la
révélation; il niait l’action de l’âme sur le corps et même toute action des substances
corporelles les unes sur les autres, attribuant leur commerce à l’assistance divine et ne voyant
dans les mouvements du corps ou de l’âme que des causes occasionnelles; il prétendait que
notre volonté, de même que notre intelligence, ne peut rien par elle-même, que Dieu est le
principe de nos déterminations et des actes de notre volonté, inclinant ainsi sans le vouloir
vers le fatalisme. Du reste, il professait l’optimisme et expliquait le mal en disant que Dieu
n’agit que comme cause universelle; enfin, il fondait la morale sur l’idée d’ordre. Par
l’élévation comme par la nature de ses doctrines, Malebranche mérita d’être appelé le Platon
chrétien; mais les opinions paradoxales qu’il soutenait sur plusieurs points de théologie ou de
philosophie rencontrèrent une forte opposition. Il eut de vives disputes avec Arnauld sur la
nature des idées et sur la grâce; avec Régis sur le mouvement; avec le P. Lamy sur l’amour de
Dieu; et même quelques-uns de ses écrits furent mis à l’Index à Rome. Du moins on est
d’accord sur le mérite de son style : il se distingue par la pureté, l’abondance, la richesse et
l’éclat des figures, ce qui lui donne une beauté toute poétique : aussi Malebranche est-il placé
parmi nos plus grands écrivains. Il était en outre mathématicien et physicien, et, à ce titre, il
devint, en 1699, membre de l’Académie des sciences.
Ses principaux ouvrages sont : De la Recherche de la vérité, 1674 et 1712 : c’est son œuvre
capitale; Conversations chrétiennes, 1677, composées à la prière de M. de Chevreuse dans le
but de mettre à la portée de tout le monde la doctrine exposée dans l’ouvrage précédent;
Méditations chrétiennes et métaphysiques, 1679; Traité de morale, 1680; De la Nature et de
la Grâce, 1680; Entretiens sur la Métaphysique et la Religion, 1687; il y résume tout son
système. On a aussi de lui : un Traité de l’Amour de Dieu (1697); Entretiens d’un philosophe