Chapitre I : Introduction.
Beaucoup de gens vivent l’autorité comme quelque chose de pas agréable.
L’autorité est l’intrusion de la volonté d’un autre (l’organisation du travail)
dans notre mental, elle ne peut pas tenir compte de nos besoins personnels à un
moment donné de notre individualité.
L’autorité est aussi violente: à minima « j’ai peur de me faire engueuler » et à
maxima « j’ai peur d’être dehors », voire même de se faire tabasser. De toute
façon dès qu’elle est mise en cause, elle fait des menaces.
L’autorité est-elle cependant tellement antithétique avec nos besoins ?
Abraham Maslow a veloppé dans les années 40 une théorie de la motivation
individuelle qui, malgré quelques critiques, reste encore d’actualité. D’après Maslow,
pour que quelqu’un se réalise lui-même, il faut qu’un certain nombre de besoins
soient satisfaits, et ils doivent l’être dans un certain ordre ; on parle de hiérarchie des
besoins. Maslow aussi parle de satisfaction des besoins. Il dit que chacun des besoins
doit être suffisamment satisfait mais pas nécessairement comblé. Au contraire, si j’ai
trop mangé, je n’ai plus envie de bouger, j’ai envie de faire une sieste.
Besoin physiologique : manger, respirer, dormir, boire, … Exemple: si on a faim, on
ne sait pas se concentrer, par contre si on a trop mangé, on n’a plus envie de
bouger. Si vous mourrez de soif dans le désert, comment croyez-vous que vous
allez recevoir l’annonce que vous donne le prix Nobel (à titre posthume
puisque vous serez mort de soif)
Besoin de stimulation : il faut suffisamment de stimulation ou d’occupation mentale
pour avoir envie de progresser. Par contre s’il y a trop de bruit, trop de tâches à
réaliser en même temps, trop de personnes qui rentrent dans notre « bulle » on
a tendance à s’en retirer, à les mettre dehors !
Besoin de protection: si on ne se sent pas en sécurité, on essaie de sauver sa peau,
par contre si on est trop protégé on ne prend plus de risques, on se ferme sur
soi-même.
Besoin d’appartenance: nous sommes des êtres sociaux et sans les autres nous ne
sommes rien (On apprend cela dès les premiers jours de la vie : qu’on ne sait
pas se nourrir seul, qu’on ne sait pas se déplacer seul, qu’on a besoin de
l’autre : un homme seul est un homme mort !). Le besoin d’appartenance se fait
déjà quand on est en primaire, on a des amis, l’école, la bande,... Exemple :
dans certaines tribus quand on veut punir une personne, on l’isole du reste du
village, cette personne est à l’écart des autres et meurt après 6 mois.
Besoin d’amour : on préfère que les autres nous aiment bien, la quête d’être aimé
pour soi, mais si on nous aime trop on étouffe. Parfois, dans certains couples
qui battent de l’aile, l’idée leur vient de consolider le besoin d’appartenance en
faisant un enfant. Dans certains cas cela permet de réveiller le sentiment
d’amour partagé, mais pas toujours…
Besoin d’estime : on se différencie par des caractéristiques propres, uniques. A
l’adolescence, on se spécialise dans des domaines spécifiques, comme le jazz,
la peinture… S’estimer soi et être estimé par les autres est indispensable. Mais
si ce besoin est trop satisfait alors on attrape « le gros cou ».
Besoin d’actualisation : En anglais « actualisation » comprend en même temps la
notion de maintenant et d’agir, « faire maintenant », qu’on me laisse faire,
arriver à pouvoir être ce que je suis. Maslow insistait sur le fait que ce besoin
d’actualisation devait correspondre à ce que l’on est capable de faire « What
you can do, you must do ! » ou « ce que vous pouvez être, vous devez
l’être ».
On peut regrouper ces six différents besoins en trois niveaux qui sont sécurité,
gratification et initiative. Donc cela donne ceci.
Comment l’autorité, les lois, répondent à ce souhait? Exemple :
Tu ne tueras pas, si tu le fais, alors …. . Le « tu ne tueras pas » correspond à
l’interdiction ou l’obligation,
le « si tu le fais » correspond quant à lui à la menace
et le « alors ... » correspond à la punition.
Il est donc normal que l’on ne vive pas très bien l’autorité.
Les variables de l’autorité sont à l’antithèse de nos besoins.
Les variables de l’autorité.
Premier lien : on lie l’obligation à l’initiative, ce qui donne la direction à l’action
(sens de ce que l’on fait).
Deuxième lien : on lie la menace à la sécurité, il va falloir trancher, décider, c’est
donc ce que l’on appelle le pouvoir.
Troisième lien : on lie la punition à la gratification, c’est le feed back, un mécanisme
de contrôle, c’est la contrainte.
Le point d’équilibre est plus proche de l’inspiration de l’individu que de l’autorité, ce
qui entraîne que l’autorité est plus facilement acceptée. Si par exemple on doit
augmenter les obligations, on doit aussi augmenter tout le reste pour que ce centre
d’équilibre reste toujours à la même place.
Mais pourquoi donc si les besoins de l’individu et la loi sont aussi antithétiques,
l’autorité persiste-t-elle ? Première piste, il s’agit peut-être d’un besoin et non d’une
« dégénérescence » de l’esprit humain. Pour ce faire, la première réaction est de se
pencher sur l’éthologie. Si les animaux vivant en société ont ce même genre de
comportement, alors il s’agit peut-être bien d’une nécessité.
Le premier qui a étudié l’autorité chez les animaux est Schjeldrupp en 1913 avec son
ouvrage : « La psychologie sociale du poulailler ». Il a mis en évidence dans cette
étude, que c’étaient toujours les mêmes qui avaient accès aux graines en premier
(toujours les mêmes qui mangent d’abord et les autres suivent). Mais il a aussi mis en
évidence que les premiers qui avaient accès aux graines pouvaient aussi donner des
coups de becs aux autres mais que l’inverse n’était pas vrai !! Il a appelé cela le
« PECKING ORDER », ce qui démontre qu’il existe une hiérarchie sociale au sein
du poulailler.
En 1920, Konrad Lorentz met en évidence la notion de l’empreinte,
cette notion se déroule dès les premiers moments de la vie, il y a un lien très fort qui
se crée à ce moment-là (rappelons-nous l’histoire du petit canard qui suit Konrad au
lieu de suivre les autres petits canards et sa mère). Jusqu’au début du 20ème siècle, la
tradition voulait que le bébé, le nouveau-né, soit enveloppé dans la chemise du père
pour créer une empreinte d’odeur.
Dans tout groupe d’animaux, il y a un animal qui détient le monopole de l’autorité,
c’est ce que K. Lorentz appelle l’ α dominant. Konrad se pose la question : naît-on α
dominant ou alors le devient-on? Exemple, dans les portées de chiots, il y en a qui
arrive plus facilement à aller se nourrir, à aller ter, que d’autres. Lorentz remarque
que si on est un chiot qui a été éjecté à la naissance, on ne deviendra jamais un α
dominant. Il constate d’emblée que certains animaux sont plus α dominants que
d’autres et que ce n’est pas forcément la progéniture d’un α dominant qui va le
devenir plus tard. Il a aussi remarqué qu’un animal ayant des tendances α dominant
se trouvant très loin dans l’échelle hiérarchique aura peu de chances d’exercer ce
pouvoir sauf s’il quitte son groupe.
Le rôle de l’α dominant:
1. Assure une stabilité interne dans le groupe.
2. Il fait respecter la hiérarchie.
3. Il diminue l’agressivité dans le groupe.
4. Il assure la défense de la communauté et la survie du groupe par rapport au prédateur
(mémorise et organise la défense).
5. Il a un rôle éducatif, transmission des informations.
Ce dernier rôle de l’ α dominant a été démontré avec l’exemple suivant. Nous avons
deux volières de pigeons à notre disposition. Nous prenons dans une des volières un
pigeon qui est α dominant et dans l’autre nous prenons un pigeon qui n’est pas α
dominant. Nous allons mettre ces deux pigeons dans une troisième volière qui
possède un nouveau système de mangeoire. Nous laissons à ces deux pigeons le
temps nécessaire pour qu’ils apprennent à utiliser ce nouvel appareil, ensuite nous
remettons ces deux pigeons dans leur volière respective et nous remarquons que les
pigeons de la volière de l’α dominant savent tous utiliser le nouveau système de
distribution de graines en deux heures tandis que dans l’autre volière ils ne savent
pas encore l’utiliser.
Les caractéristiques de l’α dominant.
Les α dominants s’établissent généralement dans le monde animal parmi les mâles de
la race, viennent ensuite dans la hiérarchie les femelles et puis les jeunes mais il
existe des exceptions: les hyènes, les éléphants d’Ouganda ce sont les femelles
qui tiennent le rôle dominant. Parfois les jeunes peuvent devenir α dominants
comme chez les rats et les choucas. Tous les α dominants adultes étaient des α
dominants dès la naissance.
Si on fait une comparaison avec les sociétés humaines: ce sont bien souvent des
mâles qui sont α dominants mais, contrairement aux animaux où tous les leaders sont
des α dominants spontanés, chez les hommes, on peut avoir une situation d’autorité
sans être α dominant au départ. Pour un α dominant son rôle et son importance sont
la survie du groupe, c’est un animal qui pense d’abord au groupe avant de penser à
lui. (Si tout le monde fait ce qu’il veut, ça ne marchera pas, il faut s’organiser pour
faire face au danger. Si ce n’est pas le cas on serait détruit ou on se détruirait). Voilà
pourquoi on ne sait pas se passer de l’autorité.
Les 3 dimensions.
La direction
La direction ou leadership est une variable qui dépend de notre personnalité, de la
manière dont nous nous développons personnellement.
Ce qui peut aider c’est d’être α dominant.
o Cela peut être inné, instinctif. Depuis la naissance les α dominants ont
compris que pour pouvoir évoluer, ils ont besoin des autres (de leur
mère en particulier) et que cet autre dont ils ont besoin est désiré aussi
par d’autres. Pour garder cette personne, ils vont développer une
dominance qui maintiendra l’être cher près d’eux. A l’encontre du
« looser » qui choisira d’être malade et chétif pour garder l’attention,
les dominants vont rapidement se confronter aux adultes par leur
« NON » et leur capacité de séduction pour ne pas se faire punir.
o Cela peut aussi dépendre d’où quelqu’un se situe dans la pyramide
des besoins, plus il est haut, plus il aspirera à exercer un leadership.
o Génétiquement chez l’homme rien n’a été prouvé et le leadership
dépend plus de l’apprentissage et du niveau d’aspiration de réalisation
de soi dans la pyramide de Maslow
o En tout cas il faut que penser au groupe plutôt qu’à soi-même
devienne quelque chose d’automatique.
Nous avons aussi la fameuse triade qui comprend le savoir, le savoir-faire et le
savoir être. Nous allons détailler ces trois éléments.
Le savoir:
Le savoir est important pour que le prestige perdure. Il faut donner
l’impression que de façon régulière on a une idée pour analyser et trouver des
solutions aux problèmes. Ce savoir peut être intuitif ou acquis par l’expérience
ou l’apprentissage théorique (formations)
De façon interne : le groupe que l’on dirige doit croire en notre savoir
De façon externe : des personnes qui attestent le savoir soit par un diplôme
soit par la reconnaissance des pairs (associations professionnelles, colloques,
séminaires…). Et cela durera jusqu’à la pension !
Le savoir-faire:
Il faut parvenir à appliquer le savoir intellectuel que l’on a. Dans les coups
durs, savoir que le chef sait remonter ses manches et faire un certain nombre de
choses rassure ; ce n’est pas qu’un bonhomme coincé dans un bureau. Il faut
aussi savoir redescendre avec les autres. Un chef qui ne réussit pas en pratique
se disqualifie.
Le savoir être:
C’est la manière avec laquelle nous nous adressons au groupe, faisons passer le
message, la façon dont nous parvenons à nous situer entre les 2 triangles.
Quand faut-il être plus près de l’exigence de la tâche ou plus près du groupe ?
Si on aboie, c’est vrai que les gens vont obéir mais ils n’auront pas d’estime
pour nous.
Pour nous faciliter la vie, il faut que notre savoir, notre savoir-faire et notre
savoir être soient reconnus par la hiérarchie.
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