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établissement public national pour transférer les aides de l'Etat; les banques des coopératives sont
regroupées dans la Caisse Centrale de Crédit Coopératif.
Le Front Populaire n'est pas particulièrement favorable à cette forme d'organisation
collective, hormis pour accompagner la loi des 40 heures de travail (grâce au rôle du ministère de
Léo Lagrange) en encourageant les associations de tourisme social et d'éducation populaire.
A.4. A la Libération, après des relations contradictoires avec le régime de Vichy (entre
adhésion à la Charte du travail et Résistance), les coopératives, mutuelles et associations se
développent et se concentrent, comme auxiliaires des politiques publiques dans une dynamique
de croissance : pour favoriser l'accès des ménages ouvriers à la consommation de masse et au
crédit (coopératives de consommation, coopératives et mutuelles bancaires) ; pour accompagner
la croissance de la productivité agricole (commercialisation, achat de matériel, crédit); pour
accompagner l'immigration, la mise au travail des femmes et l'urbanisation... (elles servent
d'aiguillon aux politiques sociales, culturelles et sportives). De fait, elles accompagnent la
dynamique de croissance par l'intégration aux marchés, tout en prenant en charge un certain
nombre de ses "coûts sociaux".
Les composantes de l'Economie sociale - non identifiée comme telle, c'est à dire comme un
ensemble revendiqué - sont intégrées dans la logique d'économie mixte (Etat - marché) qui
domine cette période dite "fordiste". Elles suivent le mode de croissance dominant basé sur la
concentration économique verticale, et la structuration fédérative ascendante pour négocier
directement avec les Pouvoirs Publics centraux.
A.5. Ce n'est que dans les années 1970 - 80, avec la crise de ce modèle fordiste et
l'impuissance des politiques keynésiennes à relancer la croissance et l'emploi, que l'on assiste
d'une part à la réaffirmation, d'autre part à l'autonomisation de cette Economie sociale envers
l'économie publique. En 1970, quelques responsables fédératifs nationaux, coopératifs,
mutualistes puis associatifs (GNC, FNMF, CCOMCEN puis UNIOPSS), en grande partie issus
de la grande fonction publique d'Etat, se rencontrent pour mettre en commun leurs perspectives
et leurs convergences . Ainsi se crée le Comité National de Liaison des Activités mutualistes,
coopératives et associatives (CNLAMCA) qui rédige une première Charte de l'Economie sociale
en 1980
. Sa reconnaissance par la nouvelle Délégation Interministérielle à l'ES en 1981 ne suffit
pas à enrayer les faillites des plus grosses structures (notamment des coopératives de
consommation et de grandes SCOP du BTP). La politique de rigueur conduit à la mise en
concurrence des banques coopératives (loi bancaire 1983), des mutuelles (réforme de 1985) puis
des associations (lois Sapin notamment). Mais dans le même temps, la dynamique associative
locale connait un essor considérable; de nouvelles structures émergent mais elles sont de moins
en moins fédérées au niveau national; la gestion d'établissements est remplacée par la gestion de
services à la population. A coté de leur capacité à accompagner les publics en difficulté, ces
nouvelles structures sont valorisées pour leur capacité d'innovation en terme de service, de
processus et de forme d'organisation. Elles alimentent ce qui est alors appelée l'Economie
solidaire. Après quelques débats houleux entre les deux approches de l'Economie sociale et de
l'Economie solidaire, leur rencontre est institutionnalisée sous l'égide de la DIES en 1999,
conduisant à l'utilisation croissante du terme commun d'Economie sociale et solidaire.
La (re) territorialisation de l'ESS valorise les instances de représentation régionales : les
GRCMA se transforment alors en CRES(S); des comités territoriaux se créent; des politiques
publiques territoriales émergent.
Il se transformera en CEGES en 2000, lui-même devenu la Chambre Française de l'Economie Sociale en 2014