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formel et le niveau informel. Le niveau technique est composé de
règles de fonctionnement explicites comme les lois d’un pays, les
instructions techniques d’un mécanisme ou encore le règlement
intérieur d’une entreprise. En général, des explications peuvent
justifier ces règles techniques qui sont relativement aisées à changer, à
la différence des règles informelles. Le niveau formel est composé de
règles qui se situent à mi-chemin entre les règles informelles et les
règles techniques et qui sont décodables consciemment. Il peut s’agir
de règles morales et de règles de vie en société. Ces dernières peuvent
être apprises et se transforment également plus facilement. Quant au
niveau informel, il est composé de normes constituant, au regard de la
culture, la partie immergée de l’iceberg. Particulièrement nombreuses
et subtiles, elles se situent à un niveau inconscient. Il s’agit par
exemple de valeurs et de convictions profondes provoquant par
exemple l’attrait ou la répulsion spontanée ; il y a aussi la distance à
laquelle nous devons nous maintenir pour converser, nos gestes, la
position du corps dans des contextes donnés, les expressions du visage,
les mots à utiliser ou à ne pas utiliser dans un contexte précis et face à
certains interlocuteurs. Le niveau informel constitue le noyau dur de la
culture et se soumet peu au changement. R. Carroll parle de la
résistance de ce noyau dur au changement dans les termes suivants :
« Ne se défait pas de sa culture qui veut. Je ne crois d’ailleurs pas que,
même si je le voulais, je pourrais me défaire de mes prémisses
culturelles, parce qu’il ne s’agit pas de changer ce en quoi je crois,
mais de refabriquer ce que je suis indépendamment de ce que je me
suis fait. Quels que soient mes efforts, je réagirai toujours de la
manière qui m’est ’ naturelle ‘. D’ailleurs, dès que je ne fais pas ‘le
guet’, c’est exactement ce qui se passe (c’est ‘chasser le culturel, il
revient au galop’ qu’il faudrait dire » (1987 : 186). Pour D’Iribarne,
lorsqu’il s’agit des conceptions de base qui sont loin d’être semblables
de par le monde, c’est se bercer d’illusions que de croire qu’elles
peuvent facilement changer : « Il n’est guère sensé de faire comme si
on se trouvait dans un monde en état d’apesanteur culturelle où la
fameuse phrase de Pascal, ‘vérité en deçà des Pyrénées, erreur
au-delà’ aurait cessé d’être valide » (D’Iribarne et al. : 326). A notre
avis, la notion de face se situe au niveau informel, c’est-à-dire au plus
profond de la culture chinoise. Ceci pour deux raisons principales.
D’abord, en ce qui concerne son mode d’élaboration, cette notion est
acquise depuis notre naissance dans un environnement familial et
social, tout comme notre langue maternelle. Nous ne sommes pas
conscients du processus de cette acquisition comme nous ne savons
pas comment nous en sommes arrivés à parler notre langue. Elle agit