Noe: Littérature française 1857-1940
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production de coton s’élève à 2,5 kg/habitant en 1860 et à 6 kg/hab. en 1916 ce qui favorise
l’industrie de la mode vers le début du 20e siècle) et de l’industrie lourde (la France extrait 5
millions de tonnes de charbon en 1850 et 40 millions en 1913).
Par contre, la valeur de la terre labourable chute, une tendance renforcée par une augmentation de la
productivité dans une agriculture toujours mécanisée que les fermiers (qui ne sont pas propriétaires
de la terre) ne peuvent plus financer. L’exode rural dépeuple d’entières contrées (de 1856 à 1866 la
population rurale tombe de 3%). Ces gens cherchent du travail dans les villes, dans les industries et
se transforment en prolétariat déraciné : en 1866 les personnes actives dans le secteur primaire
représentent 49% de la population, l’industrie déjà 30%, et le tertiaire 21%.
Les villes explosent (Paris p.ex. de 1,2 millions en 1846 à 2 millions en 1870) avec toutes les
conséquences néfastes – constructions de quartiers populaires mal intégrés dans le réseau urbain,
une large partie de la population se sent dépaysé (seul un tiers de Parisiens de cette époque est né
dans la capitale). Cette évolution fait s’envoler la demande des produits de consommation (sucre,
lait etc.) et accélère la nécessité d’une distribution plus organisée. Même le commerce des livres
abandonne l’ancien système du colportage pour diffuser la marchandise dans des magasins en ville.
Un facteur toujours plus important dans cette évolution économique est l’instruction, domaine dans
lequel les pays germaniques sont beaucoup plus modernes que les pays romains : en 1851 la France
compte encore 39% d’analphabètes, en 1881 encore 16%. Le niveau de l’instruction est plus haut
dans les grandes villes et dans les zones industrielles tandis que la plupart des habitants de la
campagne se contentent d’un minimum d’instruction – les écarts se creusent.
A cause des divergences régionales, les différences s’accentuent : en 1864, p.ex. le revenu annuel
moyen s’élève à 380 francs dans le Massif central, et à 560 en Ile-de-France. L’industrie s’implante
massivement dans le Nord et dans l’Est, pour des raisons de gisements (charbon) et de position
stratégique. La relance de la conjoncture tourne autour des investissements dans l’industrie lourde et
dans l’infrastructure : le métro parisien se construit à partir de 1899, le tunnel du Simplon sera
inauguré en 1906. Les deux piliers de l’économie française de cette époque sont les travaux publics
et l’industrie lourde qui produit pour l’armée et pour les colonies. En 1900 commence l’ère de
l’industrie des armements et de l’automobile (Renault) ; celle-ci, avec l’industrie électrique, sera le
moteur du boom entre les deux guerres. Mais la concentration trop longue sur l’économie basée sur
l’existence de colonies empêchera la modernisation nécessaire que prend forcément l’Allemagne
p.ex. Les premières crises structurales se manifestent au début de la 3e République parce que
l’économie française reste encore trop longtemps basée sur l’agriculture : en 1910, au Royaume-Uni
6% de la population travaillent dans l’agriculture, en Allemagne 18%, et en France 42%. De 1860 à
1910, la France sera doublée comme puissance économique par l’Allemagne.