licence universitaire. Cette observation est particulièrement vraie au sein des sociétés les plus peuplées
d’Amérique latine, ce qui suggère que le phénomène de «l’exode des cerveaux» n’est pas un facteur
critique de migration pour ces pays.
Les tendances varient également dans le Continent américain. La situation est plus critique dans
les pays antillais dans lesquels on relève un pourcentage plus élevé de travailleurs qui ont l’intention
d’immigrer ou émigrent fait. Cette anxiété qui porte des professionnels hautement formés à quitter leurs
pays, font de «l’exode de cerveaux» dans la Caraïbe un phénomène particulièrement préoccupant. Selon
le FMI, les pays antillais ont perdu près de la moitié de leur population dotée d’une formation
universitaire et environ 80% des personnes ayant reçu une formation universitaire nés dans des pays
antillais comme Haïti et la Jamaïque, résident actuellement aux États-Unis. Suivent les pays d’Amérique
centrale, notamment El Salvador, le Honduras, le Guatemala et le Nicaragua, avec près de 30% de leurs
travailleurs diplômés d’université et résidant aux États-Unis. Plusieurs pays plus peuplés des Amériques
n’ont cependant pas vécu ce phénomène avec la même acuité. Selon les études menées par la Banque
mondiale, les élites professionnelles préfèrent rester chez elles au Mexique, au Brésil, au Chili et en
Argentine. Il semblerait donc qu’il existe une corrélation directe entre la taille de l’économie du pays, les
débouchés sur le marché local du travail et les aspirations des travailleurs professionnels et hautement
qualifiés. Le seul petit pays qui fasse exception à cette tendance semblerait être le Costa Rica, où il existe
une plus grande disponibilité d’emplois pour les professionnels éduqués.
“Gaspillage des cerveaux
Le “gaspillage des cerveaux” constitue l’une des conséquences de la migration professionnelle
qui est souvent ignorée. Lorsque les immigrants sont trop qualifiés pour les emplois disponibles dans les
pays d’accueil, il se produit un gaspillage de talents et une perte de rendement. Le «gaspillage de
cerveaux” représente une perte souvent plus importante pour le pays d’origine, en raison des ressources
(souvent publiques) investies dans ces individus qualifiés. Comparativement aux émigrés asiatiques, ceux
d’Amérique latine (surtout d’Amérique centrale) sont plus enclins à devenir victimes du «gaspillage de
cerveaux » aux États-Unis, en raison en partie de leur statut de sans-papier et des conditions dans
lesquelles ils sont arrivés dans le pays. Ce genre d’admission n’est pas aussi facile pour les Asiatiques,
compte tenu de leur situation géographique.
Des facteurs tels que le secteur de l’économie dans lequel les migrants détiennent leurs aptitudes
jouent un rôle important dans leur capacité à trouver un emploi qui leur convient. Les compétences
technologiques se transmettent facilement à travers les frontières et par conséquent, les ingénieurs et les
techniciens affrontent peu d’obstacles sur les marchés étrangers du travail. D’autres professionnels
hautement spécialisés peuvent cependant faire face à des difficultés de taille, comme par exemple une
nouvelle demande de certification professionnelle, ou encore l’exigence qu’ils suivent des cours de
recyclage professionnel requis par les règlements en vigueur dans les pays d’accueil. Cet état de choses a
une incidence sur les médecins, les avocats, etc. La non-reconnaissance de qualifications équivalentes
pose un lourd obstacle pour l’emploi professionnel et débouche souvent sur le « gaspillage de cerveaux ».
Les obstacles linguistiques peuvent également avoir un impact sur les aspirations de professionnels
hautement qualifiés. Si les professionnels migrants ne peuvent pas communiquer dans la langue du pays
d’accueil, leurs compétences peuvent être minimisées et même devenir virtuellement inutiles; ils sont
alors engagés pour exercer des fonctions pour lesquelles ils détiennent trop de qualifications et pour
lesquelles le besoin de capacités de communication est négligeable.