1) les critiques internes
Bien que, d’une manière générale, les plans de développement national soient conformes
au Plan d’Action de Lagos, il est établi que l’Afrique dans son ensemble n’a pu atteindre les
objectifs fixés, en matière de performances socio-économiques, dans le Plan d’Action de Lagos
aux niveaux sectoriel et macro-économique.
Par rapport aux objectifs macro-économiques fixés pour les années 80 dans le Plan
d’Action de Lagos, en 1988, le taux de croissance du PIB par habitant a atteint le chiffre
médiocre de 0,88%, l’agriculture a enregistré une croissance de 2,3%, l’industrie 4,9%, les
industries extractives 4,7% tandis que la part de l’investissement dans le PIB passait de 25,2% en
1978 à 15,8% en 1988, et les taux de croissance des exportations et des importations n’étaient
que de 3,8 et 0,3% respectivement, ce qui était très en deçà des taux enregistrés en 1978. Il se
pose donc la question suivante : pourquoi la performance effective des indicateurs économiques
et la situation sociale n’ont pu être à la mesure des espérances suscitées par le Plan d’Action de
Lagos ?
L’écart entre les intentions et la réalité pourraient être imputables aux raisons suivantes :
o l’incapacité chronique des pays africains à traduire les principes directeurs
adoptés au niveau continental en politiques, programmes et projets nationaux ;
le manque d’une détermination à poursuivre sans relâche les stratégies et
politiques convenues, avec pour corollaire, la non-applicationn de ces
politiques et programmes. Les plans nationaux de développement et les
budgets annuels ont plutôt eu tendance à perpétuer, voire renforcer les
structures économiques que l’Afrique a héritées de l’ère coloniale ;
o la différence de conception et de perspective entre l’Afrique, d’une part et les
donateurs et institutions multilatérales, d’autre part, quant à la voie à suivre en
Afrique ; le manque d’enthousiasme des partenaires de l’Afrique en matière
de développement à aider le continent à atteindre les buts et objectifs qu’il
s’est fixé ;
o l’illusion entretenue dans certains pays que chaque pays peut s’en tirer seul,
que chaque pays, agissant à titre individuel, peut surmonter les énormes
difficultés de la transformation socio-économique. En traitant , chaque pays
concerné comme une île sans tenir compte de ses voisins, les programmes
d’ajustement structurel classiques ont renforcé cette illusion d’un
développement national indépendant, portant ainsi préjudice à la notion de
coopération régionale, d’entraide et d’autosuffisance collective ;
o la détérioration de l’environnement économique international et la
marginalisation continue de l’Afrique ;
o le fait que les pays se préoccupent des crises à court terme, notamment, la
gestion des déséquilibres financiers extérieurs et intérieurs et la dette
extérieure. Dans de nombreux pays, l’ensemble des services des départements
de planification, de prévision, de statistique sont détournés de leur fonction de
formulation et de conception de plans de développement socio-économique à
long terme pour entreprendre des tâches de routine quotidiennes consistant à
formuler et appliquer des programmes d’ajustement structurel. En outre, les
autorités sont sans cesse occupées à négocier des restructurations de dette qui
n’ont jamais véritablement résolu la crise de la dette nationale ;
o le rôle croissant des «experts» et cadres étrangers qui participent directement
ou indirectement à la prise de décisions économiques nationales et la perte de