I) L’évolution du commerce mondial depuis 1800
A) Le développement des échanges de 1800 à 1945
1) La croissance des échanges
a) La forte hausse du CI de la Révolution industrielle jusqu’en 1913 :
Malgré le protectionnisme, le commerce international augmente à un rythme supérieur à celui de la
production mondiale. Entre 1800 et 1913, le commerce international par tête est multiplié par 25 alors que la
production mondiale par tête ne l’est que par 2,2 selon les chiffres de l’historien Paul Bairoch. Il avait été
multiplié par 3 au XVIIIème siècle.
Ce mouvement d’ouverture touche tous les pays européens. Le taux d’exportation (ou effort
d’exportation) augmente pour tous les pays. Pour l’ensemble de l’Europe, il passe de 4,4% en 1830 à 13,2% en
1910. Les principaux facteurs favorables au développement des échanges sont :
o les innovations dans le textile (filature et tissage), la vapeur, l’industrie du fer, les chemins de fer,
poussent les firmes bénéficiant d’une avance technique à exporter pour rentabiliser leur production
o la croissance économique : pour produire plus, certaines firmes doivent acheter des consommations
intermédiaires à l’étranger
o les innovations dans les transports : la capacité de la flotte marchande double de 1860 à 1913, la
marine à vapeur remplace celle à voile au cours du 19ème siècle, faisant diminuer le prix du fret maritime
dans une proportion de 7 à 1 durant le siècle. Avec l’ouverture du canal de Suez en 1869 la tonne de
marchandise entre Marseille et Saigon voit son prix de transport divisée par 10.
o l’intervention des Etats pour assurer des débouchés et l’approvisionnement : assouplissement des
régimes de change, ouverture de nombreux consulats à finalité commerciale
o la mise en place progressive d’une monnaie inspirant confiance (l’étalon-or après les années 1870)
permettant de réaliser des transactions internationales, des prêts et des emprunts à long terme.
La conséquence est une montée du degré d’extraversion des économies au XIXème siècle. Selon
Maddison, le % des exportations mondiales par rapport au PIB mondial passe de 4,5 en 1870 à 8 en 1913.
On a une ouverture presque identique des 3 grands pays européens aux échanges extérieurs en 1910.
Ainsi le taux d’exportation est de 14,6% pour l’Allemagne, 15,3% pour la France, 17,5% pour le Royaume-Uni
(chiffres de Bairoch). Mais en raison de son PIB, le Royaume-Uni domine largement les échanges.
L’internationalisation est donc bien avancée, on parle d’ailleurs pour désigner cette époque de
première mondialisation. La mondialisation touche aussi les capitaux et les hommes. Les mouvements de
capitaux atteignent une ampleur sans précédent : ils financent des infrastructures dans les pays neufs dans les
secteurs des chemins de fer, de l’adduction d’eau, du téléphone, de la construction de ports. Beaucoup
d’entreprises sont déjà internationalisées en 1913, en particulier Michelin, Fiat, Philips, Kodak, Bayer, General
Electric. Les flux migratoires sont importants : 33 millions d’européens quittent l’Europe entre 1881 et 1913. Ils
partent aux USA (2/3 des émigrés), en Argentine, au Brésil, au Canada, en Nouvelle-Zélande et en Afrique du
Sud. On peut parler d’un début de marché mondial du travail. La 1ère Guerre mondiale va casser net ce
mouvement.
b) La cassure de l’entre-deux-guerres
Entre 1913 et 1937 le commerce international par tête ne croit que de 3%. La valeur des exportations
mondiales (en dollars constants de 1990) augmente certes de 1913 à 1937, mais peu : de 236 000 $ à 324
000. C’est la seule période depuis le début de la Révolution industrielle durant laquelle le commerce
international augmente moins vite que la richesse mondiale.
Les effets de la Première Guerre mondiale :
La 1ère Guerre mondiale entraîne une baisse des échanges internationaux : de l’indice 100 en 1913, le
commerce international tombe à l’indice 65 environ (55 pour l’Europe). La guerre touche le cœur du commerce
mondial : l’Europe.
Le poids de l’Etat augmente. Il devient importateur et exportateur, veille au financement des échanges,
il met en place contingents et prohibitions pour diminuer les dépenses en devises : en 1916, la France prohibe
des produits de luxe et en 1917 soumet toute importation à une autorisation préalable du Secrétaire d’Etat au
commerce. La Grande Bretagne taxe les articles de luxe en 1915. Aux USA, le gouvernement construit une
flotte nouvelle avec l’US Shipping Board créé en 1916 ; de 1913 à 1919, le tonnage US est multiplié par 4 et
prend le 1er rang mondial (25% total mondial).
Le rattrapage des échanges internationaux dans les années 1920
Malgré le protectionnisme ambiant et le retrait partiel de l’URSS (la valeur de ses exportations est divisée
par 2 de 1913 à 1929, en prix constants), le commerce international augmente : +60% entre 1920 et 1929,
+20% entre 1913 et 1929. Le niveau d’avant guerre est rattrapé en 1924. La demande augmente beaucoup en