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Concrètement, combien de patients ont été concernés par cette étude ?
Deux cent quarante-cinq, dont cent soixante-huit souffrant d'une bronchopathie chronique obstructive,
gros fumeurs, et présentant de forts risques de développer un cancer du poumon. Le test ISET a
détecté ces cellules tumorales chez cinq des cent soixante-huit patients. Chez ces cinq patients, au
scanner, il n'y avait aucun nodule évident. Le nodule est apparu de un à quatre ans après l'apparition
des cellules tumorales. Les patients ont alors été opérés immédiatement et le diagnostic de cancer du
poumon a été confirmé par l'analyse pathologique du nodule. Ce qui est extraordinaire, c'est qu'aucun
signe de récidive de cancer n'a été détecté seize mois après l'opération. Or, le cancer du poumon est le
plus meurtrier. Il est très invasif, très malin. En moyenne, cinq ans après le diagnostic, 87 % des patients
sont morts. Les espoirs de survie sont liés à sa détection précoce, au stade 1. Et dans ce cas, tous les
patients étaient au stade 1. C'est pour cela qu'on peut espérer qu'ils aient été sauvés.
Ces résultats valent pour tout type de cancer ?
Ce type d'études doit être fait sur des sujets à risque, et les sujets avec bronchopathie sont une cible
privilégiée, c'est la raison du choix qui a été fait. Ce n'est pas la seule, il y a d'autres populations à
risque. Mais le test est valable pour tout type de cancer solide. Néanmoins, à l'heure actuelle, le test ne
dit pas de quel organe les cellules tumorales dérivent. C'est l'une des dimensions de la recherche à
développer.
Comment a procédé votre équipe ?
Nous travaillons sur le sujet depuis vingt ans. Notre premier article date de 1997, deux ans après que
nous ayons commencé. D'après des études sur des animaux, nous avions compris que les cellules
tumorales sont dans le sang des années avant les premières métastases. Nous y avons vu une fenêtre
pour prévenir la formation des premières métastases, et sauver le patient. Notre équipe a clairement vu
que la capacité à sauver des vies dépendait de la faculté de fabriquer un test, d'une part, avec une
sensibilité inégalée, et d'autre part sans erreur. Les deux étaient un défi. C'est pour ça qu'on a
développé, amélioré, validé le test. Ayant développé le test, il ne fallait pas que l'étude vienne de nous.
Nous avons fondé Rarecells en 2009 pour avoir la possibilité de le commercialiser et de le faire étudier
par d'autres. Il existe aujourd'hui plus de trente-cinq publications scientifiques de haut niveau utilisant le
test ISET. C'est l'équipe du professeur Hofman qui a réussi le défi. Ils ont réalisé cette étude. Ils sont
devenus les spécialistes mondiaux de la cytopathologie pour détection des cancers solides sur le sang.
Votre équipe étudie aussi le test ISET pour des diagnostics prénataux...
Oui, le test arrive à isoler du sang des femmes enceintes des cellules trophoblastiques (de placenta,
NDLR). Notre équipe, qui travaille aussi dans ce domaine, a réalisé une validation clinique et a publié
plusieurs articles. La détection de la trisomie 21 par ce système est actuellement à l'étude. L'avantage
de la technique, c'est la possibilité d'isoler du sang des cellules foetales, où se trouve l'ADN foetal pur,
donc non mélangé à l'ADN maternel. Par rapport aux méthodes sur l'ADN plasmatique, notre méthode
peut potentiellement faire le diagnostic de toute maladie génétique, alors que l'ADN plasmatique ne
permet de détecter que la trisomie et d'autres aneuploïdies (lorsque des cellules ne possèdent pas le
nombre normal de chromosomes, NDLR).
Quelles seront les étapes de la commercialisation ?
Cela se fera au rythme des aspects réglementaires et des validations scientifiques. Le test devrait être
commercialisé avant la fin de l'année pour tous les patients avec un cancer déjà diagnostiqué. Car il
permet de détecter précocement l'invasion tumorale, mais aussi de suivre les patients traités pour savoir
plus rapidement quel traitement est efficace ou pas. Si le traitement est efficace, les cellules tumorales
disparaissent du sang. Les patients opérés sont suivis actuellement par des méthodes d'imagerie. Mais