Rapport intérimaire Impact de l’expansion économique et commerciale de la Chine sur la croissance, l’emploi et la pauvreté au Burkina Faso : une analyse en EGC. Université Laval Boureima Sawadogo Tégawendé Juliette Nana Maimouna Hama Natama Fidèle Bama Emma Tapsoba Kassoum Zerbo Décembre 2013 Impact de l’expansion économique et commerciale de la Chine sur la croissance, l’emploi et pauvreté au Burkina Faso : une analyse en EGC. Résumé La croissance de la Chine et sa capacité à sortir du sous-développement et de la pauvreté extrême pour devenir un pays émergent attire l’attention des pays en développement. La croissance de la Chine apporte un changement dans l’ordre économique mondial et des relations économiques mondiales et cela a contribuée aux changements des équilibres économiques dans les différents États. Cette étude à donc pour objectif d’évaluer l’impact de l’expansion économique et commerciale de la Chine, sur la distribution de revenu, l’emploi, la croissance et la pauvreté au Burkina Faso. L’analyse est faite à l’aide d’un modèle d’équilibre général calculable afin d’évaluer les effets directs et indirects de la croissance chinoise sur le Burkina Faso. Le modèle prend en compte les investissements directs étrangers, l’aide publique au développement et le commerce. Un ensemble de scénarios sera simulé en fonction de l’évolution des IDE, de l’aide et du commerce de la Chine au Burkina Faso. Abstract The growth of China and its ability to emerge from underdevelopment and extreme poverty to become an emerging country attracts the attention of developing countries. The growth of China brings a change in the world economic order and global economic relations and this has contributed to changing economic balances in the different states. This study therefore aims to assess the impact of trade and economic growth in China on the income distribution, employment, economic growth and poverty in Burkina Faso. The analysis is done using a computable general equilibrium model to assess the direct and indirect effects of Chinese growth in Burkina Faso. The model takes into account foreign direct investment, official development assistance and trade. A set of scenarios will be simulated according to the evolution of FDI, aid and trade from China to Burkina Faso. Key Words: FDI, Aid, trade, Poverty, CGE, Chine. JEL: F14, F15, F35, D58, O19, O53. Mots clés: IDE, Aide étrangère, Commerce, Pauvreté, EGC, Chine. 1 Auteurs Auteur A: Boureima Sawadogo Ouagadougou, Burkina Faso Université Ouaga 2 e-mail : [email protected] Auteur B: Tégawendé Juliette Nana, e-mail : [email protected] Ouagadougou, Burkina Faso Université Ouaga 2 Maimouna Hama Natama e-mail: [email protected] Ouagadougou, Burkina Faso Université Ouaga 2 Fidèle Bama, e-mail : [email protected] Ouagadougou, Burkina Faso Ministère de l’Economie et des Finances, Emma Tapsoba, e-mail : [email protected] Ministère de la Santé Ouagadougou, Burkina Faso Kassoum Zerbo, e-mail : kassoum_zerbo@univ- ouaga.bf Université Ouaga 2 Ouagadougou, Burkina Faso Remerciements Cette étude a bénéficié d’une assistance technique et financière du Partenariat pour les Politiques Économiques (PEP) (www.pep-net.org, financé par le Département du Développement International (DFID) du Royaume-Uni (UK ou Aid), et le gouvernement du Canada par l'entremise du Centre de Recherches pour le Développement International (CRDI). Les auteurs sont également reconnaissants à Hélène Maisonnave, Sandrine Mesple-Somps, Bernard Decaluwé pour les conseils et orientation, ainsi qu’à tous les participants de la rencontre de Cape Town pour les précieux commentaires et suggestions. 2 Table des matières I. Introduction...................................................................................................................... 6 1. Contexte de l’étude ............................................................................................................................. 7 2. Evolution du commerce entre le Burkina Faso et la Chine ....................................................... 9 3. Questions de recherche et objectifs ............................................................................................. 13 II. Revue de la littérature .......................................................................................... 13 III. Méthodologie et données .................................................................................. 17 1. Données ................................................................................................................................................. 18 2. La structure du modèle...................................................................................................................... 24 IV. Application et résultats ........................................................................................ 28 1. Description des scenarios de simulations ..................................................................................... 29 2. Résultats et discussions ....................................................................................................................... 30 V. Conclusions et implications politiques .......................................................... 31 Références ........................................................................................................................... 31 Annexe1 : les caractéristiques de l’économie du Burkina Faso .................. 35 Annexe 2 : Stratégies commerciales et économiques du Burkina Faso 38 Annexe 3 : Chine et l’Afrique : Contexte et revue de littérature .................. 40 Annexe 4 : Note technique sur l’actualisation de la MCS de 2009............. 47 3 Liste des tableaux Tableau 1: PIB du Burkina Faso en 2012 (million de franc CFA) ......................................................... 21 Tableau 2: la Structure économique et commerciale du Burkina Faso .......................................... 22 Tableau 3: Sources de revenu des ménages .......................................................................................... 24 Tableau 4: Les indicateurs du commerce extérieur du Burkina Faso ............................................... 35 Tableau 5: Evolution de la part de l'exportation des cinq principaux produits dans l'exportation totale en pourcentage ......................................................................................................... 35 Tableau 6: Evolution de la part des principaux produits importés dans l'importation totale de 2002 à 2008 (en pourcentage).................................................................................................................... 35 Tableau 7: Les cinq principaux fournisseurs du Burkina Faso (part en pourcentage) de 2002 à 2009 ..................................................................................................................................................................... 36 Tableau 8: Les cinq partenaires principaux des exportations du Burkina Faso (part en pourcentage) ................................................................................................................................................... 36 Tableau 9: Evolution des indicateurs de la pauvreté au Burkina Faso (%) ..................................... 36 Tableau 10: Distribution des IDE chinois en Afrique par secteur de 2009-2011 en pourcentage ....................... 42 Tableau 11: MCS Macro 2012 du Burkina Faso ....................................................................................... 47 Liste des figures Figure 1: Evolution des exportations du Burkina Faso vers la Chine en million de FCFA ............. 10 Figure 2: Evolution des importations du Burkina Faso de la Chine en milliard de FCFA .............. 10 Figure 3: Evolution des importations et des exportations et de la balance commerciale du Burkina Faso de 1998-2008 en milliard de FCFA...................................................................................... 37 Figure 4: Evolution des IDE et de l'APD au Burkina Faso 2000 à 2009 en % ..................................... 38 4 Liste des abréviations AFD : Agence Française de Développement APEX : Agence de promotion des exportations BAD : Banque Africaine de Développement EGC : Equilibre Général Calculable FMI : Fond Monétaire International GTAP : Global Trade Analysis Project GIDD: Global Income Distribution Dynamics INSD : Institut National de la Statistique et de la Démographie IDE : Investissement Direct Étranger MCS : Matrice de Comptabilité Sociale MEF : Ministère de l’Économie et des Finances OMC : Organisation Mondiale du Commerce PEP: Partnership for Economic Policy SCADD: Stratégie de Croissance Accélérée et Développement Durable TOFE : Tableau des Opérations Financières de l’Etat TRE : Tableau des Ressources Emploi UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine WDI : World Development Indicators 5 I. Introduction L’expansion économique et commerciale de la Chine et sa capacité à sortir du sous-développement et de la pauvreté extrême en l’espace de trois décennies pour devenir une puissance mondiale émergente et l’un des principaux exportateurs de produits manufacturés attire l’attention de nombreux pays en développement (Renard, 2011). Depuis 1980, l’économie chinoise a accru à un taux de 9% par an et son commerce extérieur a progressée au rythme de près de 15% l’an. Sa part dans le commerce international est passée de moins 1% à environ 5% en 20021. L’émergence de la Chine comme une grande puissance économique et commerciale apporte un changement de grande envergure dans l’économie mondiale et des relations économique internationale (Gaulier et al. 2005). Pour les pays en développement, la Chine constitue un modèle de développement et une source de financement des projets dans les domaines comme les infrastructures de transport, l’agriculture, les mines, les industries manufacturières, les finances et aussi un grand marché pour leurs produits, en plus des partenaires traditionnels. La croissance chinoise a des effets différentiés sur les économies en développement et africaines en particulier selon la structure de l’économie de chaque pays. Pour le continent africain, la présence de la Chine est croissante du faite des accords de coopération qui lient la Chine et les pays du continent africain. Ainsi, depuis le début en 2000 du Forum de coopération Chine-Afrique, les engagements de la Chine vers le continent ne font qu’augmenter. En 2012, lors de la cinquième conférence ministérielle Chine-Afrique, la Chine a annoncé de doubler ses crédits accordés au continent africain les trois prochaines années et s’engage investir 20 milliards de dollars en Afrique dans les projets visant le développement de l’agriculture, l’industrie et les infrastructures (AFD, 2013). Globalement, la présence croissante de la Chine en Afrique pourrait avoir aussi bien des opportunités de croissance et des risques pour les économies du continent. Les avis sur la relation entre la Chine et les pays africains sont controversés. Les études comme celles de McCormick (2008) et Penhelt (2007) sont critiques sur l’efficacité de l’aide de la Chine, tandis que, les auteurs comme, Davis et al. (2008), Wang (2007) et Foster et al. (2009) soulignent des aspects positifs de l’aide Chinoise. D’autres analyses soutiennent que dans les secteurs où la Chine et l’Afrique sont en concurrence, l’augmentation des exportations chinoises induit une baisse de la production africaine (Renard, 2011). Cependant, il est alors déterminent de mener une analyse quantitative approfondie qui permettrait de mesurer les avantages et les inconvénients de la croissance de la Chine et donc de proposer des options de politiques nécessaires pour maximiser l’impact sur le développement. Le présent rapport vise à analyser l’impact de l’expansion économique et commerciale de la 1 La moyenne des exportations et des importations (source, CEPII-CHELEM). 6 Chine sur le niveau de la pauvreté, l’emploi et la croissance économique au Burkina Faso. La croissance de la Chine a des effets sur l’économie du Burkina Faso au vu des relations commerciales croissantes et d’investissement direct étranger qui existent entre les deux pays. L’aide publique au développement est une source importante de financement du développement du pays. L’étude se focalisera en particulier sur l’impact de l’augmentation des IDE, de l’aide publique au développement et le commerce de la Chine sur l’économie du Burkina Faso et ses conséquences sur la distribution de revenu, l’emploi, la pauvreté et le bien-être des ménages. Pour atteindre ces objectifs, un modèle d’équilibre général calculable sera utilisé. La présente étude est subdivisée en cinq parties. Après l’introduction qui retrace le contexte de l’étude, le problème et les questions de recherche et objectifs, la deuxième section fait un état de la littérature existante sur les IDE, l’aide et le commerce en équilibre général calculable. La troisième partie porte sur la méthodologie et les données et la quatrième partie concerne l’application et les résultats. Enfin, la cinquième partie retrace les conclusions et recommandations de politiques. 1. Contexte de l’étude Depuis les deux décennies passées, la Chine est devenue une actrice majeure de l’économie mondiale. La forte croissance économique de la Chine s’est accompagnée de l’accélération de ses échanges extérieurs, de son aide et de ses investissements directs étrangers. Le passage de la Chine de pays en développement à un pays émergent constitue un exemple de développement pour les pays en développement au-delà de l’appui technique et financier, qu’elle leur offre, depuis plus d’une décennie. Le développement industriel de la Chine fait dépendre de la Chine du reste du monde. Ainsi, la Chine se trouve sur les deux cotés du marché international, tant du côté de l’offre que de la demande. Selon les statistiques du rapport sur le commerce mondial de l’OMC de 2013, la Chine est la première exportatrice mondiale de marchandise (11.2% des exportations mondiales de marchandises) et deuxième importatrice mondiale de marchandise derrière les Etats-Unis (9.8% des importations mondiales)(OMC, 2013). L’intérêt pour la Chine de trouver des ressources naturelles et de matières premières pour son industrie en pleine expansion, fait de l’Afrique un choix pour la Chine et, puisque l’Afrique est dotée de l’une des plus grandes réserves mondiales de ressources naturelles et un marché pour les produits manufacturés chinois. La relation économique et commerciale entre la Chine et les pays africains date d’avant les indépendances de ces pays. Cependant, la nouvelle forme de coopération entre la Chine et l’Afrique prend effet avec le Forum de Coopération Sino-africaine de 2000. Depuis lors, la Chine s’installe dans tous les pays du continent africain. Sa présence en Afrique se caractérise par le commerce, les IDE, l’aide publique au développement, l’assistance technique, la gouvernance globale, la 7 migration et l’environnement. Ainsi, des études soutiennent que la croissance chinoise affectera de façon différente les économies africaines, selon la complémentarité de leur commerce, la compétitivité de leur industrie, le degré de diversification de leur économie et la capacité d’offre de leur économie (Ajakaiye, 2006, cité par Doumbouya et Gassama, 2008, P.4). L’expansion de la Chine sur le continent devrait affecter la croissance globale du continent et la croissance de chaque pays. La croissance du Burkina Faso est aussi affectée par la croissance de la Chine dans l’économie mondiale et devrait se situe à 5.6% en 2012, constituant une amélioration non négligeable par rapport à 2011 (5.5%), mais un ralentissement non négligeable par rapport à 2010 (5.8%) (FMI, 2011). La hausse du prix du pétrole du à la forte demande chinoise et la baisse du prix du coton sur le marché international sont parmi les facteurs qui ont contribué a un ralentissement de la croissance de l’économie du Burkina Faso et la reprise de l’aide internationale a permise de contrebalancer les effets pervers du marché international au cours de la période 2010-2012. Bien que les échanges commerciaux internationaux, les investissements directs étrangers et l’aide au développement de la Chine ressortent comme les principaux canaux de transmission de la croissance de la Chine sur les économies en développement, il est fort probable que les impacts diffèrent d’un pays à l’autre. Selon les statistiques de base WDI-2010 de la Banque Mondiale, le taux d’ouverture au commerce extérieur du Burkina Faso est de 38.7% en 2007, le commerce est le principal canal de transmission des différents changements du marché mondial sur l’économie du Burkina Faso. De plus selon les estimations du Fond Monétaire International (FMI) d’Octobre 2013, l’aide internationale et les IDE représentent respectivement 3.6% et 0.4% du PIB en 2012 du Burkina Faso, ont aussi un impact non négligeable sur l’économie du Burkina Faso. Des changements importants des variables du commerce extérieur, c’est-à-dire les prix et les volumes des importations et des exportations, affectent la balance commerciale et naturellement le taux de change réel de l’économie nationale. L’impact de la croissance chinoise sur la balance commerciale et l’équilibre de la balance des comptes courants dépend des chocs sur les prix et les volumes des principaux produits d’importations et exportations du Burkina Faso, mais aussi sur le taux de couverture des importations par les exportations. Selon le rapport sur le commerce extérieur de l’Institut National de la Statistique et de la Démographie (INSD) de 2009, le taux de couverture des importations par les exportations est de 42.13% en 2009, ce qui traduit un déficit de la balance commerciale (-565.26 milliards de francs CFA en 2009). Quoique la croissance chinoise affecte tous les secteurs de l’économie du Burkina Faso, les secteurs les plus touchés sont, le secteur textile (coton), le secteur extractif, les secteurs de l’agriculture de rente (sésame et autres produits oléagineux) et le secteur manufacturé. En effet depuis un certain temps, les exportations du Burkina 8 Faso(en pourcentage de l’exportation totale du pays) sont dominées par l’or (33.66%), le coton (28.23%), les graines et les fruits oléagineux (5.64%), (BAD, 2011). Il ressort de l’annuaire statistique de la Banque Africaine de Développement (BAD) de 2011, que les principaux produits d’importations du Burkina Faso (en pourcentage de l’importation totale du pays) sont, l’huile et pétrole (21.54%), le riz (4.68%), médicaments (4.59%), le ciment hydraulique (3.54%) et les voitures (3.27%). Les conséquences de l’expansion commerciale de la Chine sur les prix et les volumes des importations et des exportations affecteraient dans une large mesure le compte extérieur et le taux de change. Selon l’annuaire statistique de la BAD de 2011, la Chine est le troisième pays fournisseur du Burkina Faso depuis 2006 (9.82% des importations du Burkina Faso en 2009, Voir Annexe, tableau 5) et fait parti des dix pays importateurs des produits du Burkina Faso. Le solde commercial entre le Burkina Faso et la Chine est déficitaire. Le solde commercial est passé de – 61608 millions de FCFA en 2007 à -76682 millions de FCFA en 2009 (INSD, 2010 ; Annexe, tableau 2). On note une nette progression des importations des produits chinois au Burkina Faso. Selon les statistiques du commerce extérieur du Burkina Faso de l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD), les exportations du Burkina Faso vers la Chine ont progressé de 29.85% entre 2008 et 2009 et dans le même temps les importations des produits chinois ont progressé de 7.17% (INSD, 2010). L’intérêt pour la Chine des produits burkinabè a pris de l’ampleur à partir de 2009 et elle rentre parmi les cinq principaux clients du Burkina Faso. Le coton et l’or non monétaire sont les principaux produits demandés au Burkina Faso. 2. Evolution du commerce entre le Burkina Faso et la Chine2 Les exportations du Burkina Faso vers la Chine portent sur les produits agricoles en grande partie. Les importations concernent les produits manufacturés. La figure 1 ci-dessous montre que les exportations du Burkina Faso vers la Chine sont devenues plus importantes à partir de 2009. En 2009, 50.07% des exportations du Burkina Faso vers la chine sont des graines de sésame et 49.55% des minerais de manganèse sont importés par la Chine au Burkina Faso. En 2010, 67.84% des exportations du Burkina Faso vers la Chine portent sur les minerais de manganèse et 25.56% de graines de sésame. Enfin, en 2011, elles concernent les graines de sésame (82.05%), les noix d’acajou (10.56%) et les minerais de manganèse et l’or (6.88%). Entre 2009 et 2010, les exportations du Burkina Faso vers la Chine ont augmentées de 240.77% et entre 2010 et 2011, elles ont augmenté de 23.76%. L’année 2009 marque un tournant dans les relations commerciales entre le Burkina Faso et la Chine. Entre 2011 et 2012, les exportations du Burkina Faso vers la Chine ont augmenté de 31.98%. L’essentiel des exportations était le coton, les produits de l’élevage et de l’or. 2 Les pourcentages sur les importations et les exportations entre le Burkina Faso et la Chine sont calculé sur la base des données statistiques l’office du commerce extérieur du Burkina Faso, APEX-Burkina Faso et de l’annuaire statistique de l’Afrique de 2013 publié par la Banque africaine de développement, la commission de l’Union africaine et la commission économique des nations unies pour l’Afrique. 9 Figure 1: Evolution des exportations du Burkina Faso vers la Chine en million de FCFA Export 3500 3000 2500 2000 Export 1500 1000 500 0 2007 2008 2009 2010 2011 2012 Source: construit à partir de l'annuaire statistique de l'APEX Burkina Faso Les importations du Burkina Faso de la Chine sont très importantes. Les exportations de la Chine vers le Burkina Faso ont augmenté progressivement au fil des années. Les importations en provenance de la Chine ont chuté de 0.8% entre 2009 et 2010, et ont connu une reprise à partir de 2010 et ont crû entre 2010 et 2011, de 16.42%. Figure 2: Evolution des importations du Burkina Faso de la Chine en millier de FCFA Import 180000 160000 140000 120000 100000 Import 80000 60000 40000 20000 0 2007 2008 2009 2010 2011 2012 Source: Construit à partir des données de l'annuaire statistique de l'Afrique de 2013 10 Entre 2011 et 2012, les importations de biens et de services chinois au Burkina Faso ont augmenté de 33.81%. Parmi les produits importés de la Chine 84.35% sont composés de produits manufacturés, 3.94% de produits alimentaires, 3.15% de médicaments et 9.56%, sont composés de produits de beauté et de colorants. L’importance des importations des produits chinois et de la structure monoexportatrice du Burkina Faso vers la Chine montre le manque de diversification des exportations et la balance déficitaire du commerce avec la Chine. Les exportations vers la Chine sont des produits bruts qui n’ont connu aucune transformation. L’exportation des produits bruts montre l’état d’une industrie non développée. La faiblesse de l’industrialisation au Burkina Faso, fait que le pays ne peut pas bénéficier des avantages de la mondialisation. La forte demande de la Chine de matières premières pour son industrie textile fait grimper les prix mondiaux des matières premières. Cette augmentation du prix du coton et de l’or aura certainement des impacts positifs sur les ménages burkinabè et aussi sur les finances publiques. Les bénéfices de l’augmentation des exportations ne seront effectifs que par une politique commerciale adaptée. Les importations du Burkina Faso de la Chine portent sur les produits manufacturés. Les principaux produits portent sur les produits électroniques tels que les motocycles. Les produits manufacturés chinois sont à bas prix. L’effet de la concurrence des produits manufacturés chinois a évincé les produits des industries nationales. L’impact de la concurrence a eu vraisemblablement des effets sur l’emploi et d’une façon indirecte sur le bien-être à travers la variation du salaire. Il y aura une baisse de salaire dans les secteurs en concurrence avec la Chine. Dans ce contexte une politique adaptée est donc nécessaire pour le développement de l’industrie et la protection des emplois. Les IDE au Burkina Faso devraient s’améliorer avec l’expansion économique de la Chine. Les IDE et l’aide connaissent une progression au Burkina Faso (voir annexe 1, Figure 4), l’essentiel des IDE provient de la France et de la Chine, et sont destinés à l’exploitation minière, les infrastructures routières et le secteur manufacturés (Balma et al. 2010)3. Cependant, l’expansion économique de la Chine améliorerait la rentabilité des projets de développement, conduisant à la réalisation des projets de construction d’échangeurs et de barrages hydroélectriques et de retenus d’eau pour la culture de contre saison. Selon les estimations du FMI de 2013, les IDE resteraient constants sur la période 2010-2014 à 0.4% du PIB au Burkina Faso (FMI, 2013). Mais le gouvernement du Burkina Faso s’est engagé depuis 2011 à travers la Stratégie de Croissance Accélérée et de Développement Durable (SCADD) a amélioré le climat des affaires afin d’attirer davantage d’investisseurs étrangers. Le 3 Les statistiques sur l’aide de la Chine au Burkina Faso sont indisponibles. Le Burkina Faso n’a pas plus de coopération politique avec la Chine depuis 1994. L’article de Brautigam D. (2008), montre que la fin de la coopération technique et économique entre le Burkina Faso et la Chine date de 1991. 11 gouvernement s’engage ainsi concéder des avantages fiscaux aux investisseurs privés. Les flux d’aide publique au développement sont en train de s’améliorer. La progression de l’aide publique au développement est fonction des relations de coopération qu’entretient le Burkina Faso avec les pays capable d’octroyer de l’aide. Ainsi, depuis les Programmes d’Ajustement Structurel (PAS) en 1990, les Cadres Stratégiques de Réduction de la pauvreté de 2000 à 2010 jusqu’à la Stratégie de Croissance Accélérée et de Développement Durable de 2011 à 2015, le gouvernement s’engage à faire de la coopération internationale une axe prioritaire de la stratégie de développement afin d’attirer le maximum d’aide pour financer les projets de développement comme le projet pôle4 de croissance. Le gouvernement envisage à travers la SCADD soutenir les secteurs productifs afin d’améliorer la croissance économique afin de réduire au maximum la pauvreté dont l’incidence est estimée à 43.9% en 2009, soit une baisse de 2.5% par rapport à 2003 (MEF, 2010 ; voir annexe 1, tableau 10). Malgré les programmes et politiques de réduction de la pauvreté (voir Annexe 2) la pauvreté reste un phénomène important au Burkina Faso. Selon le rapport sur la coopération pour le développement, entre 1985-1990, la Chine a investit 1.8375 milliards de franc CFA dans le projet de l’aménagement hydroagricole au Burkina Faso5. De plus, entre 1991-2000, elle participe avec l’Etat burkinabè pour le projet d’aménagement de grand périmètre de Bagré à hauteur de 7 milliards de francs CFA. En 2003, dans le cadre de la coopération bilatérale la Chine a accordé 4.929 milliards de francs CFA soit 10% du montant de l’aide des partenaires bilatéraux (DGCOOP, 2004). Les subventions de la Chine sont le plus souvent destinées à des projets de construction d’infrastructure et à l’aménagement de périmètres agricoles et d’élevage6. Ces projets d’investissement occupent 4.31% de l’aide de la Chine (DGCOOP, 2004). En 20077, l’aide de la Chine a représentée 4 Le projet pôle de croissance est l’un des plus grands du gouvernement de la SCADD. Le projet mobilise les plus grands partenaires au développement. Le projet s’inscrit dans la stratégie de développement rural (SDR), stratégie qui vise le développement de l’agriculture pour l’atteinte des OMD, tel que, l’autosuffisance alimentaire, la réduction de la pauvreté. 5 Rapport sur l’Etat des lieux des ressources en eau du Burkina Faso et de leur cadre de gestion, version de Mai 2001, Ministère de l’environnement et de l’eau, Burkina Faso. 6 La plupart des rapports sur la coopération au développement montrent la présence de la Chine au Burkina Faso et les IDE et comme l’APD restent inconnus : l’information est peu transparente, aussi bien pour le pays au niveau global et par secteurs. Selon le rapport du FMI no 08/212 de juin 2008, la Chine investit dans des projets de construction et l’équipement de quatre lycées professionnels dans le cadre de la coopération Burkina Faso Chine. Pour le plan de recherche de l’université de Ouagadougou pour la période 2012-2016, la Banque de développement de la Chine (China Development Bank – CDB) figure parmi les bailleurs de fonds. La compagnie d’ingénierie de Chine était chargée de l’implantation géophysique de forages de la composante hydraulique du projet de santé, population et hydraulique rural (PSPHR). 7 Cette valeur de la Chine au Burkina Faso est calculée à partir de la MCS de 2007. 12 1.6% de l’aide reçu par le Burkina Faso. En décembre 2011, la Chine a signé un accord technique avec quatre principaux pays africains producteurs de coton, le Burkina Faso, le Mali, le Tchad et le Benin. A travers l’accord coton, la Chine s’engage à fournir aux quatre pays, de l’expertises, des graines de coton, des machines, des engrais et d’autres matériaux dans le but est d’augmenter et d’améliorer la qualité de la production locale. 3. Questions de recherche et objectifs Cette étude vise à évaluer l’impact de l’expansion économique et commerciale de la Chine sur la croissance, l’emploi et la pauvreté au Burkina Faso. Plus spécifiquement, l’étude évaluera l’impact de l’augmentation des IDE, de l’aide publique au développement de la Chine et le changement au niveau des prix internationaux à l’importation et à l’exportation sur la distribution de revenu, le bienêtre et la pauvreté au Burkina Faso. Au vu de la complexité de la question de l’aide, des IDE et le commerce sur les économies, pour prendre en compte les effets directs et indirects de ces différentes variables économiques, l’outil d’analyse approprié est le modèle d’équilibre général calculable. L’approche que nous développons est un modèle EGC statique afin d’analyser les effets de court et de moyen termes . Cette étude se situe dans un contexte de grands reformes entrepris au Burkina Faso depuis 2011, à travers la SCADD. La SCADD contient l’ensemble de tous les programmes sectoriels de développement8, la Stratégie de Développement Rural (SDR), la libéralisation commerciale, l’amélioration du climat des affaires, la promotion des exportations, le Développement des pôles de croissance, la lutte contre la pauvreté9. II. Revue de la littérature Les modèles d’équilibre général calculable ont longue une tradition en économie en générale et dans les économies en développement en particulier. Néanmoins, la liste des références qui analyse les effets de l’aide internationale, le commerce et l’investissement direct étranger reste non longue. Bandara (1995), Vos (1998), Adam 8 L’annexe 2 présente en détail les politiques et programmes de développement du Burkina Faso. 9 Le gouvernement du Burkina Faso prévoit de réorganiser le centre d’affaires au centre ville de Ouagadougou, la capitale, par le développement d’une zone d’activités commerciales et administratives (ZACA) sur une superficie de 46 hectares, avec un investissement de 50 millions d’euro. En 2009, le gouvernement du Burkina Faso a adopté une loi sur la gestion de l’espace rural. La nouvelle loi prévoit un accès équitable aux terres rurales pour promouvoir la productivité de l’agriculture, la gestion des ressources naturelles, encourager les investissements et de réduire la pauvreté. Le code des investissements du Burkina Faso, garantit aux investisseurs étrangers le droit au transfert à l’étranger de tous les fonds associés à un placement, y compris les dividendes, les recettes provenant de la liquidation, les actifs et les salaires. Ces transferts sont autorisés dans la devise d’origine de l’investissement. Enfin, le gouvernement du Burkina Faso a créé un organisme spécialisé nommé, Conseil présidentiel pour l’investissement afin de stimuler l’investissement dans le pays. 13 et Bevan (2002, 2006), Agénor et al. (2008) et Clausen et Schürenberg-Frosch (2009), utilisent le modèle EGC pour analyser les effets des flux de capitaux dans des pays bien spécifiques. Ces études se concentrent le plus, soit sur la demande ou sur l’offre. Les spécifications du modèle individuel varient et, par conséquent, les résultats des simulations. En outre, ils se concentrent généralement sur une seule utilisation spécifique de l’aide, pour les investissements publics. Toutes les études montrent la preuve des effets du syndrome hollandais induit par l’aide, mais diffèrent dans leur évaluation à cause de la force de ces effets. Bandara (1995) montre dans un modèle statique pour le Sri Lanka que les effets de l’aide dépendent de la flexibilité de la production dans l’économie d’accueil. Il considère différents degrés de mobilité des facteurs entre les secteurs qui expliquent en partie les différents niveaux de production et les réponses des prix dans les différents secteurs de l’économie. Vos (1998) utilise un modèle d’équilibre général dynamique pour l’économie pakistanaise avec quatre secteurs ou il intègre le marché du capital. Il trouve que la force du syndrome hollandais dépend de la nature du transfert international. Il est plus grave si l’aide est versée sous forme de subventions ou directement transférée au gouvernement par rapport aux effets des IDE ou des prêts internationaux. Adam et Bevan (2002 et 2006), utilisent un modèle EGC dynamique pour l’Uganda en regroupant l’économie en quatre secteurs. Ils trouvent que les premiers effets du syndrome hollandais pourraient être compensés au fil du temps si toutes les aides sont investies dans les secteurs productifs et conduisent à des gains de productivité, mais seulement si ceux-ci favorisent le secteur non marchand. Ils trouvent en outre, des effets distributifs négatifs. Agénor et al. (2008), utilisent un modèle EGC dynamique à un secteur, un ménage avec un secteur gouvernement très élaboré. La plupart des aspects du syndrome hollandais sont exclus de la conception de leur modèle comme la configuration très agrégés ne tient pas compte de la réaffectation sectorielle. Néanmoins ils concluent que les effets négatifs de l’aide pourraient être évités si la réponse de l’offre est suffisamment grande et la capacité d’absorption du pays bénéficiaire est suffisamment élevée. Cependant, le modèle sous-jacent avec un seul secteur et un seul ménage représentatif est clairement restrictif. Clausen et Schürenberg-Frosch (2009), développent un modèle EGC statique pour l’économie zambienne avec onze secteurs de production et cinq ménages. Ils distinguent plusieurs effets de l’aide internationale, c’est-à-dire, l’effet agrégé de la production, l’effet en termes de commerce international, l’effet de bien-être et de distribution, l’effet sur les dépenses du coté de la demande et l’effet sur la productivité du coté de l’offre. Ils considèrent que l’aide est un transfert du reste du monde au gouvernement. Ils supposent que l’aide est un flux financier que le gouvernement peut utiliser pour ces propres dépenses ou faire des transferts aux secteurs privés. Ils proposent différents mécanisme de l’usage de l’aide par le gouvernement. Ils introduisent une fonction de productivité des facteurs à partir de l’investissement public. Ils trouvent que les politiques de croissance et de commerce n’améliorent pas à court terme le bien14 être des populations pauvres, par contre les politiques de transferts contribuent immédiatement au bien-être de la population pauvre. Estache et al. (2009), montrent à partir d’un modèle EGC où l’aide étrangère qui est modélisée à partir des transferts du reste du monde au gouvernement et qui est utilisée pour financer les infrastructures publiques, que le financement des infrastructures publiques par l’aide étrangère produit du syndrome hollandais. Ils montrent que l’ampleur de l’effet dépend du type de financement, mais les effets sur la croissance permettent d’atténuer les effets négatifs. Dissou et Didic (2011), montrent à partir d’un modèle EGC inter-temporel, l’impact de différents mécanismes de financement de l’infrastructure publique. Ils utilisent l’approche de stock pour modéliser le capital public dans la technologie des firmes et considèrent deux modes de financement de l’augmentation de l’investissement public dans les infrastructures : le financement domestique par les taxes et le financement par l’aide étrangère. Ils concluent que l’investissement public en infrastructure conduit à un problème de syndrome hollandais mais l’augmentation de la capacité de production des firmes permet de réduire la sévérité du phénomène. Très peu de travaux ont intégré les IDE dans un modèle EGC. Les travaux de Preti (1997), Lee et Van der Mensbrugghe (2001), Brown et Stern (2001), Hanslow, et al. (2000) et Bchir et al., (2002), ont contribué à intégrer les IDE dans un modèle EGC. Certain modèle EGC, notamment celui du consortium GTAP (Dimaranan et McDougall, 2002), traite l’ensemble des flux financiers internationaux en supposant une parfaite mobilité des capitaux, sous contrainte de parité de taux de rémunération. S’il est correct d’un point de vue théorique, ce type de modélisation donne lieu à des mouvements de capital dont l’ampleur et la sensibilité sont trop grande pour être réaliste (Bchir et al. 2002). Preti (1997), inclut une modélisation simple de la firme multinationale dans un modèle d’équilibre général calculable, où la filiale étrangère est supposée produire un bien de qualité similaire à celui de maison mère. La modélisation des IDE fait par Preti (1997) est reprise par Hanslow, et al. (2000) et Lee et Van der Mensbrugghe (2001). Ils trouvent qu’une libéralisation des IDE peut être à l’origine de gains importants, dus essentiellement à une montée en gamme dans la région récipiendaire. Ce type d’effet est intéressent mais difficile d’affirmer qu’ils sont systématique. Bchir et al. (2002) à partir du modèle EGC multisectoriel et multi-régional (appelé MIRAGE) incorpore les IDE pour analyser l’impact de la libéralisation commerciale entre l’Europe et sa périphérie. Ils intègrent dans leur modèle une fonction d’investissement par pays d’origine et par secteur du pays récipiendaire. En plus, ils considèrent deux types d’IDE, l’IDE par rachat d’entreprises existantes et la création d’entreprises. La première catégorie n’augmente pas le stock de capital, tandis que la seconde augmente le stock de capital existant. La modélisation repose sur l’hypothèse que l’IDE répond à une logique industrielle et non financière. L’IDE est représenté dans le modèle comme un investissement ordinaire, de source étrangère mais sans aucune incidence sur la technologie et le 15 type de produits. Par conséquent, les effets induits par les IDE sont seulement liés à leur impact sur le stock de capital et sur le nombre de firmes. Abdelkhalek, Boccanfuso et Savard (2006), analysent l’impact des politiques économiques sur la pauvreté au Maroc à l’aide du modèle EGC avec microsimulation. Ils analysent ainsi l’impact de l’aide étrangère, des investissements directs étrangers et des politiques commerciales (réduction des droits de douane accompagné par une augmentation des prix à l’importation et l’exportation) sur l’économie marocaine. Ils considèrent que les investissements directs étrangers augmenteraient le stock de capital productif dans le secteur des hôtels, des restaurants et dans l’industrie agroalimentaire. L’aide internationale est modélisée comme un transfert du reste monde aux ménages. Leur travail est intéressent mais ils considèrent une fonction de demande d’exportation à élasticité infinie. Toutefois, cette hypothèse est critique puisque dans la réalité les produits exportés éprouvent des difficultés pour trouver un marché. Ils aboutissent à la conclusion que les investissements directs étrangers à travers l’augmentation du stock de capital spécifique au secteur du tourisme est très important pour l’économie marocaine. Boccanfuso, Coulibaly et Savard (2007) et Boccanfuso et Savard (2007) à partir d’un modèle EGC avec microsimulation analysent respectivement pour le Mali et le Sénégal, l’impact de la migration, le commerce, l’investissement direct étranger et l’aide publique au développement. Ils spécifient une augmentation des IDE à travers l’augmentation du stock de capital productif dans les différents secteurs et l’aide au développement est modélisé par les transferts du reste du monde au gouvernement et utilisé pour les motifs d’investissement public. Ils ne spécifient pas les secteurs de destination des investissements publics. Ils captent l’effet du commerce extérieur à travers une augmentation des prix des importions et des exportations. Ils maintiennent l’hypothèse d’une fonction de demande d’exportation à élasticité infinie pour les produits exportés. Enfin, ils aboutissent à la conclusion que les effets des différentes politiques sont différentiés et relativement important en termes d’impact sur la pauvreté et l’impact distributif des différentes politiques simulées sont relativement faible. Des applications du modèle EGC ont été faites pour l’analyse de la croissance chinoise sur les économies développées ou en développements. La grande partie des applications portent sur l’impact de l’accession de la Chine à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) sur les autres économies et sur l’économie de la Chine (Martin et al. (1999), Walmsley et al. (2000), Ianchovichina et Martin (2001), Hertel et Walmsley (2000), Walmsley, Hertel et Ianchovichina (2002)). Ces études ont utilisé le modèle EGC mondial du consortium GTAP. Ils incorporent la mobilité du capital et la modélisation de la mobilité du capital respecte la théorie de l’investissement. Les résultats montrent que l’accession de la Chine à l’OMC permettrait une augmentation du commerce mondiale. 16 Ianchovichina, McDougall et Hertel (1999), se sont en plus de la relation commerciale, intéressé à la mobilité internationale du capital de la croissance économique chinoise. Ils modélisent les IDE en supposant que les nouveaux IDE viennent augmenter les stocks d’entreprises existantes. Ils trouvent que les pays créditeurs nets perdent pendant que les pays débiteurs nets en bénéficient de leur relation avec la Chine à cause de la baisse du coût du capital. Les critiques souvent adressées à ces différentes approches sont le niveau élevé d’agrégation des régions et des secteurs d’activités. Les analyses sont plus faites sur les grands blocs régionaux et ne permettent pas une analyse au niveau des pays et surtout sur les pays en développement. Boussolo, Hoyos, Medvedev et Mensbruggbe (2007) explorent les conséquences potentielles de l’expansion économique soutenue en Chine et en Inde sur le commerce mondiale, la production et la distribution de revenu. Ils se servent d’un modèle EGC mondial très désagrégé avec un module dynamique de distribution de revenu mondial (GIDD). Le module GIDD est un module d’analyse ex-anté de la distribution et de pauvreté des effets des changements des politiques macroéconomiques et des structures du marché mondiale et a permis l’analyse de la pauvreté, des inégalités et de la distribution de revenu à partir des données d’enquête ménage de 63 pays en développement. Enfin, l’étude sur les effets de l’expansion économique et commerciale de Chine sur les économies africaines en EGC est celle de Sandrey et Edinger (2009) appliquée en Afrique du Sud et ne s’intéressant qu’au commerce des produits agricoles entre l’Afrique du Sud et la Chine à l’aide du modèle GTAP. Leur modèle est statique et ils ne donnent aucune spécification du modèle en matière de commerce. Cependant, ils traitent de la libéralisation du commerce entre l’Afrique du Sud et la Chine à travers une réduction des tarifs. Enfin, les résultats des simulations montrent une amélioration du bien-être de la population de l’Afrique du Sud. Dans cette étude nous développons une approche en équilibre général calculable qui permet l’analyse de l’effet des investissements directs étrangers (IDE), l’aide publique au développement et le commerce. III. Méthodologie et données Dans cette étude, le modèle statique EGC standard PEP-1.1 est calibré à partir de la Matrice de comptabilité sociale (MCS) de 201210 du Burkina Faso. La structure mathématique du modèle EGC est documentée dans Decaluwé et al. (2010). Les principales données utilisées pour calibrer le modèle EGC sont la MCS et les élasticités de la production et de la consommation et enfin les données de l’Enquête intégrale sur les conditions de vie des ménages de 200/2010 serviront pour l’analyse de la pauvreté. 10 Les détails techniques sur la construction de la MCS de 2012 sont donnés en Annexe. L’annexe contient aussi la MCS macro de 2012. 17 1. Données Les données utilisées pour calibrer le modèle EGC, PEP.1-1 part de la MCS de 2009 construite par Cockburn et al. (2012)11. La MCS de 2009 comporte deux types de travailleurs (qualifiés et non qualifiés), un seul ménage, 24 produits et 17 branches. Les produits sont regroupés en deux grandes catégories, soit les produits alimentaires (maïs, riz, mil sorgho et autres céréales, fruits légumes et tubercules, huiles gras et sucre, condiments et sel, viande poulet poissons œufs et produits laitiers, et boissons et café) et les produits non alimentaires (sylviculture, industries extractives, coton, électricité gaz et eau, pétrole, autres produits manufacturés, travaux de construction, commerce, services de transports, services de postes et télécommunications, services financiers, autres services marchands, services d’éducation cycle 1, services d’éducation cycle 2, services de santé et d’action sociale, et autres services d’administration publique). Pour prendre en compte les changements survenus au cours des dernières années, la MCS de 2009 est actualisée pour l’année 2012, afin qu’elle reflète la situation économique de 2012. Pour ce faire le Tableau entré-sortie (TES) de 201212 est utilisé. La MCS de 2009, contient un seul agent ménage représentatif et un seul agent reste du monde. Pour avoir des informations plus détaillées et plus fines sur les ménages et les partenaires du Burkina Faso, il est nécessaire de désagréger le compte ménage et le compte reste du monde en plusieurs comptes chacun. Nous avons désagrégé le compte ménage en six catégories de ménages selon les catégories socioprofessionnelles qui sont définies dans le TES de 2009. Ainsi, le TES de 2009 et la MCS de 2004 utilisée dans Balma et al. (2010) ont été utilisé pour la désagrégation du compte ménage de la MCS de 2009. Le TES de 2009 compte huit (8) groupes de ménages13 et la MCS de 2004 en compte six et nous avons harmonisé les catégories de ménage du TES de 2009 à six pour rendre complémentaire les deux sources de données. La MCS de 2004 a été utilisée pour avoir des informations sur les parts du revenu de capital et de la force de travail. Le TES de 2009 ne fournit pas d’information si le revenu du travail provient du travail qualifié ou du travail non qualifié, ce qui est déjà définit dans la MCS de 2004 et par hypothèse, nous considérons que les parts du revenu du travail pour les différents groupes de ménages n’ont pas changé. Selon les résultats des enquêtes prioritaires de 2003 et 2007, le secteur agricole est le premier bassin d’emploi au Burkina Faso et emploie 11 Des MCS ont été déjà publié pour le Burkina Faso, mais la MCS de 2009 reflète bien les changements survenus au cours des dernières années, avec l’expansion du secteur minier. 12 Instrument automatisé de prévision 13 Les ménages TES de 2009 : agriculteur de coton, agriculteur vivrier, éleveur, salarié du public, salarié du privé formel, salarié du privé informel, les indépendants et enfin les ménages inactifs. Les catégories de ménage définies dans la MCS de 2004, ont permises de regrouper les ménages salariés du public et du privé formel ensemble et les ménages indépendants et inactifs ensemble pour avoir les six catégories de ménages de la MCS de 2009. 18 en 2003 près de 84.9% de la population active et en 2007, 85% de la population active. Entre 1998 et 2007, la part de l’emploi formel a évolué en dents de scie, laissant apparaître son caractère fortement instable. Les enquêtes ménages de 1998, 2003, 2005 et 2007 montrent que la part de l’emploi formel est restée plus où moins stable soit respectivement, 3.8% (1998), 3.9% (2003), 3.7% (2005) et 3.8% (2007)14. Cette situation du marché du travail est en partie expliquée par la rigidité du marché du travail et qui ne permet pas une amélioration du revenu du travail des ménages. Ces statistiques montrent que le secteur informel constitue le secteur d’emploi le plus important au Burkina Faso en l’occurrence le secteur agricole qui emploie plus de 80% de la population active. Les caractéristiques du marché du travail montrent une situation de sous-emploi chronique, puisque le secteur informel est moins rémunérateur et que les activités agricoles durent trois à quatre mois. En plus, selon les mêmes sources plus de 90% de la population active est en activité par conséquent, les évolutions récentes en matière de formation et d’éducation ont entrainé une augmentation du stock de travail qualifié dans le secteur informel. Toutefois, une politique orientée vers l’emploi dans le secteur formel ou une politique d’organisation du secteur informel améliorerait le niveau de vie de la population burkinabè à travers une amélioration des revenus. Pour répondre à l’objectif de la recherche qui est d’évaluer l’impact de la croissance chinoise sur l’économie du Burkina Faso, nous avons désagrégé le compte reste du monde en trois comptes (la Chine, l’UEMOA et le reste du monde). Les données ayant servis pour la désagrégation de l’agent reste du monde sont des données sur les importations et les exportations du rapport sur le commerce extérieur du Burkina Faso de l’Institut National de la Statistique et de la Démographie (INSD) de 2010 et de l’Agence pour la Promotion des Exportation (APEX-Burkina) de 2011 (pour les données sur les importations et les exportations entre le Burkina Faso et la Chine de 2009). Ces données ont permis de calculer les parts de chacun des partenaires en termes d’importations et d’exportations des biens et services. Les parts des transferts sortants et entrants des agents ont été calculés à partir de la MCS de 200715 qui contient des informations détaillées sur les transferts de revenu entre le reste du monde et les agents domestique. Ces différentes décompositions ont 14 Les données statistiques sont issues des enquêtes ménages de l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD) de 1998, 2003, 2005, et 2007. Pour plus d’information sur la structure du marché du travail au Burkina Faso, consulté Ouédraogo L et Zerbo A. (2010), les politiques du marché du travail et de l’emploi au Burkina Faso, Bureau International du Travail (BIT), secteur de l’emploi, Département de l’analyse économique et des marché du travail. Genève : BIT, 2010, document de travail de l’emploi ; no.50. Ces statistiques permettent de soutenir l’hypothèse selon laquelle la part du revenu du travail des ménages n’a pas subi un changement important, puisque le secteur formel qui donne des niveaux salaires considérables offre très peu d’opportunités d’emploi. Le secteur informel constitue alors le secteur d’emploi de premier plan et le fonctionnement du marché du travail informel reste difficile à maîtriser. 15 La MCS de 2007 est construite à l’initiative de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine de doter chaque pays membre d’une MCS. Cette MCS contient un nombre désagrégé de reste du monde dont la Chine, les pays de l’UEMOA, ce qui permet de regrouper les trois reste du monde pour notre étude. 19 permis d’avoir une MCS de 2009 avec six groupes de ménages et trois groupes de reste du monde qui a été actualisée pour qu’elle reflète la situation économique de 2012. Pour actualiser la MCS de 2009, nous avons construit une MCS macro de 2012 à partir du TES de 2012. Le TES16 de 2012 contient les informations sur les consommations intermédiaires, les dépense de consommations finales publiques et privées, la production, les exportations et les importations, la valeur ajoutée, l’impôt sur la production et l’impôt à l’importation. Les marges commerciales ainsi que l’impôt sur le revenu et la variation de stock sont issus du TES de 2012. Pour désagréger la MCS macro et en ne disposant pas assez d’informations détaillées sur les branchés d’activités et les différents produits qui sont au nombre de 24 dans la MCS de 2009 et en ne disposant pas de données suffisantes sur les importations et les exportations des biens et services entre le Burkina Faso et ses partenaires nous avons supposé que les changements survenus entre 2009 et 2012 n’ont pas eu une incidence très importante ayant changé le comportement des agents économiques et donc nous avons utilisé les parts des importations et des exportations par produit calculées de la MCS de 2009 pour désagréger la MCS macro de 2012. Mais, nous avons utilisé les informations sur les importations et les exportations entre le Burkina Faso et les partenaires importants publiées dans l’annuaire statistique de l’Afrique de 2013 et les données du commerce extérieur de l’APEX-Burkina Faso de 2012, pour ajuster le compte reste du monde. Pour respecter les équilibres de 2012, les données publiées par le FMI17 ont été utilisées pour ajuster les comptes reste du monde en prenant en compte les évolutions du commerce de l’or et du coton, les transferts et le compte investissement-épargne et le déficit du gouvernement. En définitive la MCS actualisée garde la structure de la MCS de 2009 (17 branches, 24 produits, 6 ménages, 3 restes du monde, 3 comptes des taxes (taxes directes, taxes indirecte et les taxes à l’importation), un compte du gouvernement et des entreprises et enfin un compte épargne – investissement et de variation de stocks. En plus de la MCS, le modèle utilise des paramètres de sources externes, notamment : les élasticités revenues de la demande des produits, les paramètres Frish, l’élasticité de substitution entre les produits importés et les produits domestiques, 16 Le TES de 2012 compte 17 produits agrégés (produits de l’agriculture vivrière, produits de l’agriculture de rente, produit de l’élevage, sylviculture et chasse, produit de la pêche, produits extractives, boisson et tabac moderne, coton fibre, autres produits manufacturiers, produits pétroliers, électricité gaz et eau, travaux de construction, transport, postes et télécommunications, services financiers, autres services marchands et enfin les services non marchands. Il compte les branches suivantes (17 branches) : agriculture vivrière, agriculture de rente, élevage, sylviculture, pêche, industrie extractive, boisson et tabac, égrenage de coton, autres industries manufacturières, industrie pétrolière, Electricité, eau et gaz, construction, transport, poste et télécommunication, autres services marchands, services non marchands et services financiers. Les secteurs d’activité ont été regroupés pour respecter la structure de la MCS de 2009. 17 Fond Monétaire International, Burkina Faso : Cinquième revue de l’accord triennal au titre de la Facilité élargie de crédit et demande de modification de critères de réalisation, Rapport du FMI n°13/26, Janvier 2013. 20 l’élasticité de substitution entre travail qualifié et travail non qualifié, l’élasticité de transformation entre vente domestique et produit exporté. Ces paramètres sont calibrés à partir de la MCS de 2012 ou emprunté de la littérature sur les modèles EGC et les études empiriques dans d’autres pays en développement. Selon la MCS du Burkina Faso de 2012, le PIB au prix du marché est estimé à 5844.9 millions de francs CFA. La consommation finale privée et publique représente respectivement 72.09% et 18.46% du PIB. En 2012, la demande d’investissement globale est 22.13% du PIB et le déficit du gouvernement représente 0.3% du PIB. Le revenu des taxes indirectes représente 8.9% du PIB, le revenu des exportations 11.11% du PIB et les dépenses d’importation 23.76% du PIB. Tableau 1: PIB du Burkina Faso en 2012 (million de franc CFA) Indicateurs valeurs En pourcentage du PIB Consommation finale privée 4213.6 72.09 Consommation finale publique 1078.8 18.46 Investissement global 1293.2 22.13 Variation de stocks -0.9 - 0.02 Exportation 649.1 11.11 Importation 1388.9 23.76 PIB au prix de marché 5844.9 100 Taxe indirecte nette 521.8 8.9 PIB au prix des facteurs 5323.1 91.1 Source: MCS du Burkina Faso 2012 La structure de base de l’économie du Burkina Faso est représentée par la matrice de comptabilité sociale (MCS) de 2012 qui est une MCS actualisée de la MCS de 2009 construite par Cockburn et al. (2012). Selon la MCS de 2012, le revenu du gouvernement provient des taxes indirectes (34%), des transferts du reste du monde au gouvernement (31%) dont, 96% proviennent du reste du monde hors UEMOA et 0.04%18 provient de la Chine. Les taxes sur les importations représentent 16% du revenu du gouvernement, le revenu du capital, les transferts des firmes et les taxes directes sont marginales dans le revenu du gouvernement soit respectivement, 0.06%, 0.06% et 0.09%. L’intensité capitalistique qui est le rapport entre le capital et travail par secteur, calculé à partir de la MCS de 2012, montre que le secteur agricole est le plus intensif 18 Cette part du transfert de la Chine vers le Burkina Faso est supposée à partir des transferts reçu du Burkina Faso de la Chine de la MCS de 2007, puisqu’aucune donnée disponible ne nous permet de calculer la part pour 2012. La Chine n’a plus de coopération politique avec le Burkina Faso donc, les données sur l’aide de la Chine vers le Burkina Faso passent par l’aide des institutions de développement. 21 en capital soit 14.5 suivit du secteur industriel (4.4), le secteur des services privé (2.9) et le secteur public (0.9) sont les moins intensifs. L’importance du capital dans les secteurs agricoles est due par le fait qu’il est difficile de distinguer pour les activités informelles et agricoles la valeur ajoutée qui provient du capital et de la force de travail des indépendants et des agriculteurs et donc l’ensemble du bénéfice est alloué au facteur capital19. Taux tarifaire 12.4 18.4 35.5 Taux de pénétration 1.9 45.0 5.8 Part des importations 3.9 83.6 12.5 Intensité à l’exportation 13.9 18.7 0.7 Part des exportations 44.9 51.0 2.9 Part de la valeur ajoutée 35.4 15.2 31.1 Taux de valeur ajoutée 89.8 45.6 57.5 Part de la production 26.6 22.4 36.5 Part de la demande intermédiaire 7.8 26.2 36.2 Part du travail qualifié 7.7 8.9 21.0 Part du travail non qualifié 11.4 14.4 43.1 Part du capital 42.7 16.0 29.9 Composition de la Valeur ajoutée Part du travail qualifié dans la VA 1.76 4.72 5.46 Part du travail non qualifié dans VA 4.67 13.69 20.04 Part du capital dans la VA 93.57 81.59 74.50 Total 100 100 100 Source: Calcul des auteurs à partir de la MCS de 2012 Services publics Services Industrie Agriculture Tableau 2: la Structure économique et commerciale du Burkina Faso (%) 100 0.7 1.2 18.4 85.5 14.5 21.8 62.4 31.1 11.4 100 100 100 100 100 100 27.44 24.43 48.14 100 La MCS compte 17 secteurs de production regroupés en secteur agricole, secteur industriel, secteur des services privés et le secteur des services publics. Les produits sont aussi regroupés en fonction des secteurs de production. Le secteur des services publics ne produit que des biens publics non échangeables. Comme la MCS sera utilisée dans la modélisation pour calibrer les paramètres (parts, paramètre 19 Cette considération provient d’une hypothèse de construction des comptes nationaux dans les pays comme le Burkina Faso ou les secteurs informels et agricoles sont très difficiles à mesurer. Pour ces secteurs il est difficile de mesurer la contribution du capital et de la force du travail à la formation de la valeur ajoutée. 22 d’échelle, élasticités, propension, etc.), il est important dès le départ de s’attarder sur les caractéristiques structurelles de l’économie du Burkina Faso. Ainsi le tableau 2, montre que les secteurs, agricole, industriel et des services sont protégés et surtout le secteur industriel et celui des services sont les plus protégés avec des taux nominaux effectifs de droit de douane respectifs de 18.4% et 35.5%. Le taux nominal effectif de droit de douane du secteur agricole est de 12.4%. Au Burkina Faso, les secteurs de production sont protégés et pour une allocation des ressources, il faut une élimination des barrières à l’importation pour permettre une expansion des secteurs de production. Le taux de pénétration des importations est faible dans le secteur agricole (1.9%) et dans le secteur des services privés (5.8%). C’est dans le secteur industriel que le taux de pénétration des importations est élevé, 45.0%. Le niveau très élevé de taux de pénétration des biens industriels importés va exercer une pression importante sur les prix intérieurs suite une libéralisation poussée de l’économie du Burkina Faso et à la baisse consécutive des prix intérieur des importations. Dans le cas du Burkina Faso, l’impact sur les prix intérieurs sera d’autant plus faible pour les biens agricoles dont le taux tarifaire est élevé et que taux de pénétration des importations est faible. Au Burkina Faso selon le tableau 2 ci-dessus, les secteurs de l’agriculture et des services publics contribuent le plus à la formation de la valeur ajoutée soit respectivement, 89.8% et 85.5% et contribuent respectivement, 26.6% et 14.5% à la production. L’ensemble des secteurs industriels et des secteurs des services contribuent respectivement 45.6% et 57.5% à la formation de la valeur ajoutée et respectivement 22.4% et 36.5% à la production. Du coté des exportations, on constate que le secteur agricole et le secteur industriel dépendent plus de l’extérieur, leur intensité à l’exportation est respectivement 13.9% et 18.7%. L’intensité à l’exportation des secteurs des services est moins de 1% qui montre que ces secteurs ne dépendent pas du marché extérieur ce qui montre la part très faible des produits de ces secteurs dans les exportations. Le secteur des services publics emploie le plus de travail qualifié (62.4%) pendant ce temps celui des services privés emploie plus de travail non qualifié (43.1%). C’est le secteur agricole qui emploie le plus de capital (42.7%). Le capital est le facteur de production qui contribue le plus à la formation de la valeur ajoutée des différentes branches (agriculture, industrie, service et service public) de production respectivement, 93.57%, 81.59%, 74.50% et 48.14%. Seulement, un changement dans les secteurs des services aura un impact conséquent sur le marché du travail. Le tableau 3 ci-dessous présente les sources de revenu des ménages. Les ménages salariés du public et du privé formel tirent l’essentiel de leur revenu de la rémunération du travail qualifié (36.0%) et du capital (37.8%). Le revenu des ménages salariés du privé informel proviennent du rendement du capital en grande partie (50.7%) et celui des agriculteurs de coton, agriculteurs vivriers, éleveurs et les indépendants et inactifs proviennent du capital soit respectivement, 87.0%, 73.7%, 23 73.7% et 45.8%. La rémunération du travail non qualifié constitue aussi une composante importante du revenu des ménages. Transfert du RDM Total 37.8 10.5 0.4 50.7 13.9 0.2 87.0 0.04 78.3 0.3 73.7 0.3 45.8 7.6 0.4 Transfert UEMOA 13.5 18.9 10.4 17.2 22.3 30.7 Transfert du GVT Capital 36.0 14.6 0.7 1.6 0.8 13.5 Dividende Travail non qualifié Salarié du public et du privé formel Salarié du privé informel Agriculteur de coton Agriculteur vivrier Eleveur Indépendant et inactif Travail qualifié Tableau 3: Sources de revenu des ménages (%) 0.1 0.5 1.5 2.0 2.3 0.9 1.7 1.2 0.3 0.6 0.6 1.1 100 100 100 100 100 100 Source : calcul des auteurs à partir de la MCS 2012 Il faut noter que les transferts sont aussi une composante non négligeable dans la formation du revenu des ménages. Toutefois un changement dans la rémunération du capital aura un impact très important dans la distribution de revenu des ménages. 2. La structure du modèle Le modèle comprend dix sept (17) branches d’activités : quatre branches du secteur public dont deux secteurs pour l’éducation (secteur d’éducation de base et secteur d’éducation supérieur), le secteur de la santé et le secteur de l’administration publique et 13 branches du secteur privé. Chaque secteur d’activités utilise du travail et du capital comme facteur de production. Pour le facteur travail nous avons deux types de facteur travail que sont, le travail non qualifié et le travail qualifié tous présents dans la MCS. Outre les ménages (regroupé en six catégories), les autres institutions intégrées à la MCS sont l’Etat, les firmes et le reste du monde (décomposer en trois restes du monde, Chine, UEMOA et les autres pays du reste du monde). Enfin, nous avons deux (2) comptes épargne-investissement (variation de stock et la formation brute de capital fixe). La production des branches est modélisée en trois étapes. Au premier niveau, elle est représentée par une fonction de type Leontief entre les consommations intermédiaires et la valeur ajoutée du secteur. Au second niveau, la valeur ajoutée est une fonction à élasticité constante de substitution (CES) entre les facteurs travail (travail composite) et le capital. L’élément important dans le modèle est l’intégration de la productivité totale des facteurs à travers l’investissement public en 24 infrastructure. Nous ajoutons une productivité totale des facteurs reliés au stock d’infrastructure disponible dans le pays. 1 𝑉𝐴𝑗 = −𝜌𝑉𝐴 𝜃𝑖 𝐵𝑗𝑉𝐴 [𝛽𝑗𝑉𝐴 𝐿𝐷𝐶𝑗 𝑗 + (1 − − −𝜌𝑉𝐴 𝜌𝑉𝐴 𝛽𝑗𝑉𝐴 )𝐾𝐷𝑗 𝑗 ] 𝑗 𝑉𝐴𝑗 : Valeur ajoutée du secteur j 𝐵𝑗𝑉𝐴 : Paramètre d’échelle (CES – Valeur ajoutée) 𝛽𝑗𝑉𝐴 : Paramètre distributif (CES – Valeur ajoutée) 𝐿𝐷𝐶𝑗 : Demande agrégée de travail pour le secteur j 𝐾𝐷𝑗 : Demande de capital pour le secteur j 𝜌𝑗𝑉𝐴 : Paramètre d’élasticité (CES – Valeur ajoutée). 𝜃𝑖 : L’effet de la productivité sectorielle ou externalité de l’investissement public en infrastructure. L’effet de la productivité sectorielle est une fonction du ratio entre le nouveau stock d’infrastructure et l’ancien stock. Cette fonction est définit comme suit : 𝜎𝐼𝑁𝐹 𝐾𝐷𝐼𝑁𝐹 𝑗 𝜃𝑖 = [ ] 𝐾𝐷𝑂𝐼𝑁𝐹 Où σINF représente l’élasticité de la productivité liée au stock d’infrastructure. La j valeur de l’élasticité est empruntée de la littérature existante. L’investissement en infrastructure accroitra le stock de capital en infrastructure. Au troisième niveau, la demande de travail composite est une fonction CES entre le travail qualifié et le travail non qualifié. Le facteur terre est ici inclus dans le facteur capital. Le facteur capital est supposé mobile entre les branches et nous retenons l’hypothèse d’un taux unique de rendement du capital pour l’économie. La demande de travail par secteur qui maximise le profit total est dérivé de la minimisation des coûts sous contrainte de la technologie de production représentée par une fonction CES. L’hypothèse de plein emploi du facteur travail dans le modèle standard PEP-1-1 est maintenue. L’hypothèse de plein emploi sur le marché du travail est faite en supposant que la concurrence des importations chinoises sur le secteur manufacturé va entrainer une baisse du salaire dans le secteur. Cette baisse de salaire va entrainer une réallocation du travail dans les autres secteurs. Le modèle appliqué à l’économie du Burkina Faso, est un modèle d’un seul pays d’une économie ouverte qui ne peut pas influencer les prix des importations et des exportations (c’est-à-dire preneur de prix des biens et services sur le marché international). Le modèle compte quatre types d’agents : les ménages, les entreprises, le gouvernement et le reste du monde. Les ménages reçoivent des revenus salariaux et du revenu du capital, auxquels s’ajoutent des revenus des transferts provenant du gouvernement et du reste du monde. La somme de ses revenus est allouée à payer les impôts directs, les biens de consommation et le résidu est destiné à l’épargne. Le gouvernement collecte les impôts directs et indirects, 25 procède à des achats de biens et services, fait des transferts aux ménages et aux entreprises, et épargne. Les entreprises reçoivent des revenus de capital et des transferts provenant du gouvernement, la somme de ces revenus étant allouée à payer les impôts, à l’épargne, et aux transferts vers les ménages et l’extérieur. L’agent Reste du monde reçoit une part du revenu du capital, des transferts des agents domestiques et du revenu des importations. Les dépenses du reste du monde constituent les dépenses d’exportation, les transferts que le reste du monde verse aux agents domestiques. La différence entre le revenu reçu du reste du monde et ses dépenses constitue le montant de l’épargne qui est égal à la valeur absolue de la balance des comptes courants, mais de signe opposé. La balance des comptes courants se calcule en déduisant de la valeur des importations et transferts versés au reste du monde, la valeur des exportations et transferts reçus par l’étranger. Les échanges commerciaux avec le reste du monde (importations et exportations) sont modélisés en spécifiant des fonctions à élasticité de substitution (principe d’Armington) ou de transformation constantes (CES, CET) avec l’hypothèse du petit pays pour tous les produits. Les consommateurs ont sur le marché domestique, le choix entre l’achat de l’offre domestique et les produits importés. L’absorption est modélisée par une fonction CES entre l’offre domestique et les importations. Dans le cas de modèle, la demande d’importation provient de trois origines (la Chine, l’UEMOA et le reste du monde). La demande d’importation en fonction des demandes par origine est une fonction CES et s’écrit comme suit : − 𝐼𝑀𝑇𝑖 = 𝐵_𝑀𝑖 [∑ 𝛽_𝑀𝑖,𝑧 ∗ 𝐼𝑀𝑖,𝑧 −𝜌_𝑀𝑖,𝑧 ] 1 𝜌_𝑀𝑖,𝑧 𝑧 Avec : 𝐼𝑀𝑇𝑖 : La demande d’importation totale de biens et de services 𝐼𝑀𝑖,𝑧 : La demande d’importation de bien 𝑖 provenant du pays 𝑧. 𝛽_𝑀𝑖,𝑧 : Paramètre distributif (CES – importation par zone) 𝜌_𝑀𝑖,𝑧 : Paramètre d’élasticité (CES – produits importés par zone). De même la production du Burkina Faso est destinée soit au marché local ou au marché extérieur. La production est donc modélisée par une fonction CET entre les exportations et la demande domestique. En plus le producteur burkinabè a le choix de ventre sa production sur, soit le marché chinois, le marché de l’UEMOA et le marché du reste du monde. La demande d’exportation en fonction des zone de destination est donc modélisée par une fonction CET et s’écrit comme suit : 26 𝐸𝑋𝐷𝑇𝑖 = 𝐵_𝑋𝐷𝑖 [∑ 𝛽_𝑋𝐷𝑖,𝑧 ∗ 𝐸𝑋𝐷𝑖,𝑧 𝜌_𝑋𝐷𝑖,𝑧 ] 1 𝜌_𝑋𝐷𝑖 ,𝑧 𝑧 Avec : 𝐸𝑋𝐷𝑇𝑖 : La demande d’exportation de biens et services 𝐸𝑋𝐷𝑖,𝑧 : La demande d’exportation de bien 𝑖 à destination du pays 𝑧 𝛽_𝑋𝐷𝑖,𝑧 : Paramètre distributif (CET - exportations par zone de destination) 𝐵_𝑋𝐷𝑖 : Paramètre d’échelle (CET – exportation) 𝜌_𝑋𝐷𝑖,𝑧 : Paramètre d’élasticité (CET – exportation vers les différentes régions). Les prix des biens à l’importation et à l’exportation sont exogènes et fixes et sont définit en fonction des partenaires commerciaux du Burkina Faso dans le modèle. Le reste des prix du modèle est totalement conformes aux formes fonctionnelles utilisées dans Decaluwé et al. (2009). La fonction de demande d’exportation est modélisée à l’aide d’une fonction de demande d’exportation à élasticité finie pour les trois partenaires. Dans ce cas, nous considérons que les produits exportés du Burkina Faso rencontrent des difficultés sur le marché international. Pour capturer les difficultés que rencontrent les exportations du Burkina Faso, nous avons regroupé les produits exportés en deux catégories (Voir annexe 1, tableau 11), la première catégorie concerne les produits manufacturés et de services qui rencontrent des difficultés sur le marché mondial. La demande à l’exportation pour ces catégories de produits aura une élasticité de la demande d’exportation faible. La seconde catégorie concerne les produits agricoles et d’extraction. Les produits de cette catégorie ne connaissent que l’influence des prix internationaux et pour cette catégorie, nous utilisons des élasticités de la demande d’exportation élevées. Tous les marchés des biens et des services suivent le système d’équilibre du marché néoclassique dans lequel chaque marché est en équilibre lorsque la demande totale endogène est égale à l’offre totale grâce a un ajustement des prix relatifs. Dans le modèle le taux de change est le numéraire. De même le total des dépenses d’investissement est égal à la somme de l’épargne des agents. Pour le compte Epargne-Investissement, l’investissement réel s’ajuste pour maintenir l’équilibre suite aux changements que pourrait avoir sur l’épargne des agents. En outre, la somme des différentes formes de dépenses d’investissement est égale à l’investissement total. Les variables considérées comme exogènes dans le modèle sont : la demande de capital et l’offre de capital, le taux de change considéré comme le numéraire dans le modèle, la balance des comptes courants, la consommation minimale, les dépenses du gouvernement, l’offre de travail, les prix internationaux à l’importation 27 et à l’exportation et la variation de stock de capital. Les variables exogènes sont fixés dans le modèle. Comme signaler plus haut, l’impact de l’expansion économique et commerciale sur l’économie du Burkina entraine un choc sur les prix des biens et services. Les changements qu’opèrent le niveau général des prix sur les marchés des biens et services entrainent naturellement un changement du niveau de consommation des consommateurs, de la production et de l’emploi. Cette variation des prix des biens à la consommation entraine donc une variation du revenu des consommateurs et en conséquence une variation du bien-être des consommateurs et donc la pauvreté des ménages au Burkina Faso. Les niveaux de changement des prix des produits à la consommation et à la production, le taux de salaire, les revenus des transferts et le revenu des ménages sont captés à partir des simulations du modèle EGC. Ces informations sont ensuite utilisées pour calculer les indices de pauvreté. Les indicateurs de la pauvreté et de la distribution de revenu sont construit à l’aide du logiciel package DASP incorporable sous Stata (Duclos, Araar et Fortran (2009)). La variation équivalente est utilisée par mesurer l’impact sur le bien-être. L’impact de la croissance chinoise sur le bien-être des ménages au Burkina Faso est mesuré indirectement par ses effets sur le revenu net servant à l’achat des biens et services pour l’amélioration de leur utilité. D’une part l’expansion commerciale de la Chine contribue à la croissance du stock de biens et services à moindre coût. D’autre part, l’envahissement du marché national des produits manufacturés chinois entraine une éviction des entreprises nationales de biens manufacturés et les conséquences sont la baisse des salaires et un mouvement des travailleurs vers les secteurs non concurrencés et une réduction des revenus disponibles pour l’amélioration de l’utilité. Nous utilisons une ligne de pauvreté absolue pour toutes les catégories de ménages de l’enquête. L’indice de prix à la consommation (IPC) varie dans la simulation selon les habitudes de consommation. Ces variations de l’IPC sont ensuite appliquées à la ligne de pauvreté, ce qui rend ce seuil endogène : les variations de prix des biens modifient ainsi le seuil de pauvreté. Les indices FGT de la situation initiale sont d’abord calculés en utilisant le niveau total de consommation réelle par tête. Apres la simulation, la variation du revenu net de chaque catégorie de ménage générée par le modèle EGC est alors exprimée en termes de consommation par tête à partir des données de l’enquête ménage. En outre, le seuil de pauvreté est ajusté pour tenir compte des variations de l’IPC résultant des simulations. Enfin, les nouveaux indices FGT sont calculés à l’aide ce nouveau seuil et de nouveaux niveaux de consommation réelle par tête. IV. Application et résultats Cette partie présente les différents scénarios et les hypothèses de simulation de l’impact de la croissance chinoise sur le Burkina Faso du modèle EGC. Enfin, la partie expose aussi les résultats, les discussions et les implications en termes de politiques économiques. 28 1. Description des scenarios de simulations Dans ce travail nous simulons trois groupes de scénarios selon les thèmes suivants : - L’aide publique au développement - L’investissement direct étranger - Le commerce. Nous considérons que, la croissance de la Chine a occasionné une augmentation du niveau de l’aide publique au développement dans les pays en développement. Nous supposons que l’augmentation de l’aide publique au développement au Burkina Faso est utilisée pour financer des dépenses publiques d’éducation secondaire, supérieure et technique. Le secteur de l’éducation compte parmi les secteurs prioritaires dans le cadre des interventions de la Chine dans les pays en développement et un secteur prioritaire pour le gouvernement. Cependant, la politique du secteur de l’éducation pour la période 2010-2021, prévoit l’application du principe de l’obligation scolaire et de la gratuité qui demande plus de ressources pour le secteur. Nous assumons dans ce contexte que le supplément d’aide puisse être utilisé pour financer les besoins du secteur. En plus dans le cadre de l’accord coton signé entre les pays du groupe C4 (Burkina Faso, Benin, Mali et Tchad), le Chine prévoit le renforcement de capacité des acteurs du secteur coton de ces pays. Nous faisons l’hypothèse que l’augmentation des dépenses publique en éducation et la coopération technique avec la Chine entrainerait une augmentation de la dotation des ménages en travail qualifié et donc une augmentation de l’offre de travail qualifié. Nous simulons dans ce contexte une augmentation de 10% de l’offre de travail qualifié. Pour ce qui concerne l’investissement direct étranger, la littérature existante montre une augmentation du niveau des IDE chinois en Afrique. Le Burkina Faso étant engagé dans l’amélioration du climat des affaires à travers la SCADD envisage attirer davantage d’IDE. Dans cette situation nous supposons que, l’arrivée de nouveaux IDE chinois accroîtrait le stock de capital productif et occasionnerait de la création d’emploi dans le secteur privé formel. Nous simulons ainsi une augmentation de 20% du stock de capital productif dans les secteurs de l’industrie manufacturées et agricoles. Dans cette situation nous assumons que l’Etat concéderait des avantages fiscaux aux nouvelles entreprises et nous faisons l’hypothèse d’une baisse de 5% des taxes indirectes. L’arrivée de nouveaux investissements augmenterait la productivité totale des facteurs et sur une base hypothétique nous simulons une augmentation de 2% de la productivité totale des facteurs. La croissance de la Chine sur le marché mondial, à travers l’offre et la demande de biens et de services a entrainé un changement important au niveau des prix à l’exportation et à l’importation des biens et services. Nous supposons que, l’impact de l’importation des produits manufacturés textiles de la Chine affecte négativement le secteur cotonnier du Burkina Faso à travers la baisse du prix 29 international à l’importation du coton. L’effet négatif sur le coton est capturé par une baisse de 5% du prix international à l’importation du coton. Par contre la demande élevée de la Chine en produit primaire entraine une augmentation de la demande d’exportation de l’or et des produits oléagineux. Nous faisons l’hypothèse d’une augmentation de 10% de la demande d’exportation de ces produits de la Chine. Finalement, nous simulons un choc combiné des quatre scénarios précédents. 2. Résultats et discussions 2.1. Hausse de l’offre de travail qualifié 2.2. Hausse du stock de capital productif, de la productivité totale des facteurs et baisse de taxe indirecte 2.3. Baisse du prix international à l’importation du coton 2.4. Hausse des exportations du Burkina Faso vers la Chine 2.5. Impact de la croissance chinoise sur la pauvreté au Burkina Faso 30 V. 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The Growing Relationship between China and Sub- Saharan Africa: Macroeconomic, Trade, Investment, and Aid Links, The World Bank Research Observer, 22 (1): 103- 130. 34 Annexe1 : les caractéristiques de l’économie du Burkina Faso Tableau 4: Les indicateurs du commerce extérieur du Burkina Faso année Exportations20 Importations21 2000 -11.8 0.39 2001 7.66 22.02 2002 -6.53 -11.49 2003 54.11 28.23 2004 12.68 13.34 2005 15.31 19.99 2006 26.28 5.2 2007 1.2 12.23 2008 -1.17 -1.78 2009 86.14 8.19 Source : INSD_DSSE_SSE Balance commerciale22 -295.13 -377.09 -327.45 -389.06 -442.18 -603.54 -597.99 -695.52 -681.75 -565.26 Taux de couverture 28.61 25.24 26.66 32.04 31.85 22.48 26.99 24.33 24.49 42.13 Tableau 5: Evolution de la part de l'exportation des cinq principaux produits dans l'exportation totale en pourcentage 2002 2003 2004 2005 2006 2007 Coton 42.27 70.72 62.18 49.45 52.47 48.44 Or 0.48 0.71 0.59 0.66 1.51 1.54 Graines et fruit oléagineux 5.65 2.46 2.41 3.71 4.56 9.60 Animaux vivants 2.14 1.30 0.94 0.94 0.79 0.41 Cigares 0.96 4.68 2.27 1.35 1.22 1.57 Source : calcul des auteurs à partir de « African Yearbook 2011 ». 2008 28.31 17.92 5.94 2.60 1.38 2009 28.23 33.66 5.64 1.40 0.66 Tableau 6: Evolution de la part des principaux produits importés dans l'importation totale de 2002 à 2008 (en pourcentage) 2002 2003 2004 2005 2006 2007 Huile et pétrole 14.97 15.89 15.88 16.24 20.92 20.99 Riz 5.82 3.86 3.83 5.13 5.48 4.61 médicaments 4.11 3.37 3.20 3.25 3.36 3.91 Ciment hydraulique 3.79 3.73 3.63 3.66 3.45 3.82 voiture 3.18 3.39 2.34 2.78 3.03 3.17 Source : calcul des auteurs à partir de « African yearbook 2011 » 20 Il s’agit d’un glissement annuel 21 Il s’agit d’un glissement annuel 22 Différence entre les exportations et les importations 35 2008 21.54 4.68 4.59 3.54 3.27 Tableau 7: Les cinq principaux fournisseurs du Burkina Faso (part en pourcentage) de 2002 à 2009 Partenaires 2002 2003 Cote d’Ivoire 17.62 8.28 2004 2005 2006 2007 2008 2009 14.40 15.78 19.76 17.68 15.02 13.69 France 19.80 20.28 19.09 16.40 17.05 16.17 14.02 12.61 Chine 3.79 2.50 3.58 3.79 4.58 8.73 10.25 9.82 USA 2.85 1.89 1.93 4.09 3.66 6.91 6.85 Inde 2.14 2.20 1.54 3.09 4.51 6.89 5.72 Source : calculs des auteurs à partir de « African yearbook 2011 ». 6.84 4.22 Tableau 8: Les cinq partenaires principaux des exportations du Burkina Faso (part en pourcentage) Partenaires Suisse 2002 7.08 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 3.98 7.96 19.08 18.75 20.40 27.96 29.92 France 31.92 4.57 5.71 13.89 12.80 10.79 6.20 10.93 Belgique 2.73 0.50 0.07 6.25 6.47 8.60 2.77 4.90 Singapour 3.72 0.01 0.19 5.25 3.80 5.35 7.66 5.11 Cote d’Ivoire 5.04 1.94 7.05 3.11 2.65 3.08 4.33 1.46 Source : calculs des auteurs à partir de « African yearbook 2011 ». Tableau 9: Evolution des indicateurs de la pauvreté au Burkina Faso (%) Période d’enquête Seuil de Incidence pauvreté de la en FCFA pauvreté P0 (%) Profondeur de la pauvreté P1(%) Sévérité de la pauvreté (%) Ecart de P0 par rapport à 2009 1994-1995 41 099 44.5 13.9 6 -0.6 1998 2003 72 690 82 672 45.3 46.4 13.7 15.6 5.9 7.1 -1.4 -2.5 2009/2010 108 374 43.9 14.4 6.5 Source: MEF (2010) Données d’enquêtes-INSD, 1995/1995; 1998, 2009/2010 36 Tableau 11 : Produits regroupés selon la nature des parts de marché. Groupe Biens Groupe1:produits et services manufacturés - Extraction Autres biens manufacturés Transport Télécommunication Produits financiers Autres services Services publics Groupe2 : produits agricoles et extractifs - Mil-sorgho Fruit et légume Huile Condiment sel Viande Boisson et tabac Coton Nombre biens 7 de 7 Source : MCS 2012 Figure 3: Evolution des importations et des exportations et de la balance commerciale du Burkina Faso de 1998-2008 en milliard de FCFA 1,000,000 800,000 600,000 400,000 BC 200,000 importation 0 exportation -200,000 -400,000 -600,000 -800,000 Source : construit à partir des données du rapport de 2009 sur le commerce extérieur du Burkina Faso, de l’INSD. 37 Figure 4: Evolution des IDE et de l'APD au Burkina Faso 2000 à 2009 en % 100 80 60 APD 40 IDE 20 0 2000 2005 2006 2007 2008 2009 Source : construit à partir des données WBI 2011 de la Banque Mondiale Annexe 2 : Stratégies commerciales et économiques du Burkina Faso Depuis son indépendance en 1960, le Burkina Faso a adopté plusieurs séries de politique commerciale. La substitution à l’importation a été expérimentée dans les années 1960. La promotion des exportations a été mise en œuvre durant les années 1970. Une plus grande libéralisation de l’économie burkinabè a pris effet avec les programmes d’ajustement structurel des années 1990. En 1991, le Burkina Faso a entamé un vaste programme de restructuration de son économie dans le cadre des Programmes d’ajustement structurel (PAS) avec l’appui du Fond Monétaire international (FMI) et de la Banque Mondiale. Les PAS devraient permettre de résorber le déficit interne et externe, de réduire la dette, de restaurer la compétitivité de l’économie à l’aide d’une plus grande ouverture de l’économie aux marchés extérieurs et poser les bases d’une croissance solide pour la réduction de la pauvreté. Les résultats décevants des PAS en termes de réduction de la pauvreté, ont conduit les autorités burkinabè à s’inscrire à nouveau la pauvreté comme axe prioritaire de la politique économique du pays. Dans cette optique avec la participation de la société civile et des partenaires au développement, le gouvernement a élaboré en 1999 un Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP), qui contient l’ensemble des politiques de développement. Cependant la lutte contre la pauvreté s’inscrit dans un contexte de reforme de l’économie burkinabè dans lequel la libéralisation de l’économie demeure un enjeu d’une importance capitale. C’est dans ce contexte de la libéralisation de l’économie que les mesures suivantes ont été entreprises, la suppression des contrôles de prix, l’élimination des licences d’importation et la simplification et la réduction des tarifs douaniers avec la rentrée en vigueur du Tarif extérieur commun (TEC) de l’Union économique et monétaire 38 Ouest Africaine (UEMOA), dont le Burkina Faso est membre. Dans le cadre des CSLP, le gouvernement a adopté en 2003 une Stratégie de développement rural (SDR) à l’horizon 2015. Les SDR mettent l’accent sur la production et l’accès des produits agricoles du Burkina Faso aux marchés extérieurs dont le résultat est l’amélioration des revenus des ménages. Le bilan de la mise en œuvre du CSLP a montré que la croissance économique n’a pas été suffisamment forte pour induire une réduction significative de la pauvreté. En effet, en dépit des efforts politiques depuis 2000, l’indice de développement humain (IDH) du Burkina Faso demeure faible (0.305 en 2010) et la balance commerciale structurellement déficitaire. Une telle situation a conduit le gouvernement à formuler une nouvelle stratégie dénommée « Stratégie de croissance accélérée et de développement durable » (SCADD). Dans le cadre de la SCADD pour la période 2011-2015, le gouvernement burkinabè s’engage pour la promotion de l’intégration économique et le commerce extérieur de sorte à exploiter les opportunités qu’offre la mondialisation. A travers la SCADD, le gouvernement s’engage à plus d’ouverture de l’économie par la promotion des exportations et à éliminer les obstacles à l’importation et atteindre une croissance économique de 10% en 2015. Pour la facilitation du commerce et des investissements, le Burkina Faso dispose des régimes d’incitation économique et d’exonérations douanières (par exemple, le code des investissements, le code minier national et de l’UEMOA). En termes de coopération économique, intégration régionale et de commerce, le Burkina Faso est membre de la quasi-totalité des institutions sous-régionales et abrite l’UEMOA. Dans le cadre des échanges commerciaux à l’intérieur de l’UEMOA, un tarif extérieur commun a été institué, dont le Burkina Faso est membre, dans le but de simplifier et de diminuer la protection tarifaire entre les pays membres. Le tarif douanier est le principal instrument de politique du Burkina Faso. Pour rappel, les bandes tarifaires sont au nombre de quatre : 0.5%, 10% et 20%. La moyenne pour le Burkina Faso est inférieure à 16%. Le régime tarifaire de l’UEMOA comprend aussi bien une redevance statistique (1%) et un prélèvement communautaire solidarité (1%). Les cas de taxation discriminatoire interne sont exceptionnels et temporaires et il n’existe pas de taxe à l’exportation, cependant des autorisations préalables sont prévues pour l’importation de certains produits (sucre, ciment, etc…) mais elles ne sont pas délivrées de manière systématique. Le taux d’ouverture aux échanges internationaux et régionaux du Burkina Faso est faible. Bien que situé au centre et membre de l’UEMOA et de la CEDEAO, ses échanges se font en majorité avec les pays d’Asie et d’Europe. Les échanges communautaires se limitent aux produits de cru (coton, or). Le Burkina Faso est membre de l’OMC et est signataire de plusieurs accords et traités en matière de relation économique et commerciale. Le Burkina Faso fait partie des 39 pays les moins avancées (PMA), dans ce cadre il bénéficie d’accès privilégié aux marchés des pays industrialisés au travers de préférences non réciproques et surtout, en Europe grâce à l’initiative "Tout sauf les armes (TSA)", aux États-Unis à travers les opportunités pour la croissance en Afrique (AGOA) (African Growth and Opportunity Act) et du Système généralisé de préférences (SGP) dans de nombreux pays. Les produits primaires et les articles artisanaux jouissent d’un libre accès aux marchés de la sous-région grâce aux accords commerciaux de l’UEMOA et de la CEDEAO, tout comme les biens manufacturés ayant un niveau minimum de valeur ajoutée locale. Ces différents accords permettent une grande ouverture du marché national aux produits des pays membres de l’OMC du fait du principe de la Nation la plus favorisée (NPF) et bénéficie du « traitement spécial et différencié » selon les dispositions des accords de l’OMC. Le Burkina Faso participe aux différentes négociations commerciales avec les pays de l’Union européenne, à travers les Accords de Partenariat économique et l’Union européenne. En termes de promotion des exportations, sur recommandations de l’étude diagnostique sur l'intégration du commerce réalisée en 2007 par la Banque Mondiale, le Burkina Faso a élaboré sa stratégie nationale de promotion des exportations entre 2009 et 2010. Le but de la stratégie est de conquérir les marchés de l’Union européenne, du continent américain, du Moyen Orient (pays du Golfe) et de développer le marché national et sous-régional afin d’augmenter les recettes en devises et soutenir la production. Cette stratégie est construite sur une approche filière et recommande la diversification agricole à travers le développement des filières suivantes: la filière mangue, la filière oignon, la filière sésame, la filière karité (beurre et noix) et le secteur des produits animaux (bétail sur pieds, viande, cuirs et peaux). Annexe 3 : Chine et l’Afrique : Contexte et revue de littérature Croissance chinoise et les économies des pays africains Les pays africains entretiennent des relations économiques et commerciales traditionnelles avec les pays développés, surtout avec les pays de l’Union Européenne, le Canada, et les Etats-Unis. Ces relations commerciales sont alimentées par de nombreux accords bilatéraux et régionaux qui existent entre ces pays et les pays africains dont le Burkina Faso. En somme, le partenariat économique qui lie le Burkina Faso et ces nations développées date des indépendances et le résultat en termes de développement reste insuffisant. Les pays africains ont commencé à se tourner vers la Chine qui était dans le continent depuis les indépendances. Négligeable depuis les années 90, la part de la chine dans le commerce des pays d’Afrique Subsahariennes avoisinait 17% en 2010 (FMI, 2011). Selon les estimations du Fond Monétaire International (FMI), (2011), la chine représente désormais 16% de l’Investissement Direct Etranger (IDE) de la région 40 Afrique et importe environ 70% du pétrole d’Afrique Subsaharienne. En plus des IDE, l’aide de la Chine à l’Afrique n’a fait que croitre. La figure 1 ci-dessous montre une évolution croissante de l’aide ainsi que de que l’IDE chinois en Afrique entre 2000 et 2008. Cette présence croissante de la Chine en Afrique fait perdre de la place aux anciens partenaires de l’Afrique. Avec une forte intégration de la Chine dans les économies africaines, de nombreux défis se présentent aux différents africains. Ainsi, la coopération entre la Chine et l’Afrique offre des opportunités de croissance pour les Etats africains. Figure 5: Evolution de l'IDE et de l'Aide de la Chine en Afrique 8000 7000 6000 5000 4000 Aide 3000 Investissement 2000 1000 0 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 Source: construit par les auteurs à partir de l’article de Christensen V. B. (2010). La chine participe activement dans les projets de construction d’infrastructure et de formation en Afrique. Les investissements chinois en infrastructure en Afrique sont restés stables, autour de 5 millions de dollars par an entre la période 2005 à 2009. Les investissements chinois en Afrique n’ont pas décliné malgré la crise financière internationale. En 2010, les investissements chinois en infrastructure ont atteint 9 millions de dollars (ICA, 2011). Selon les articles publiés en 2010 par Reuter Africa, le total des activités chinoises en Afrique s’élevait à 15.9 millions de dollars. La plus grande part est revenue au Ghana avec 9.87 millions de dollars financés par China Exim Bank et la Banque de développement de la Chine pour la construction de routes, des voies de chemin de fer, des travaux de construction de barrages, des infrastructures de pétrole et de gaz et le développement agricole. L’investissement chinois a une importante contribution à l’amélioration des infrastructures en Afrique. Les récents exemples sont le cas des routes et des ponts en République Démocratique du Congo (RDC), les rails en Angola et des stations d’énergies en Zambie. La Chine participe aussi aux projets d’intégration économique en Afrique. Elle participe ainsi à la mise en place de l’accord de tripartite entre l’Afrique Orientale et Australe pour créer une zone de libre échange entre l’Est et le Sud de l’Afrique. 41 Selon le tableau 1, ci-dessous, la Chine investit dans presque tous secteurs économiques en Afrique. Les secteurs qui regorgent le plus d’investissement chinois sont respectivement, le secteur des mines (29.2% en 2009 et 30.6% en 2011), l’industrie manufacturées (22.0% en 2009 et 15.3% en 2011), la construction (15.8% en 2009 et 16.5% en 2011) et le secteur financier (13.9% en 2009 et 19.5% en 2011). Tableau 10: Distribution des IDE chinois en Afrique par secteur de 2009-2011 en pourcentage Domaines d’investissement de la Chine en Afrique Agriculture, Foresterie, pisciculture et élevage Secteur minier Industries manufacturées construction Services commerciaux Commerce de gros et détail Recherché scientifique, technologique et prospection géologique Secteur financier Autres 2009 3.1 29.2 22.0 15.8 5.4 4.0 3.2 13.9 3.4 2011 2.5 30.6 15.3 16.5 6.1 2.7 4.5 19.5 2.8 Source: Buckley Lila (2013) et le Bureau du conseil d’Etat de la Chine, Beijing Août, 2013. Les secteurs qui reçoivent peu d’investissement de la chine sont le secteur agricole (3.1% en 2009 et 2.5% en 2011), le service commercial (5.4% en 2009 et 6.1% en 2011), le commerce de gros et détail (4.0% en 2009 et 2.7% en 2011), recherche développement (3.2% en 2009 et 4.5% en 2011), et les autres secteurs ne reçoivent que 3.4% en 2009 et 2.8% en 2011 de l’investissement de la Chine. En Afrique certains secteurs souffrent du repli de la production et de l’emploi induit par la concurrence chinoise, à la fois sur le marché intérieur et sur les marchés tiers. Selon Ademola et al. (2009), dans le secteur des textiles, l’Afrique du Sud a perdu entre 23000 à 85000 emplois. Au Ghana également des entreprises ont dû être fermées. La concurrence dans ce secteur s’explique par le ralentissement du commerce intra-africain et des pertes de marché des produits africains au profit des produits chinois. Une étude sur l’effet d’éviction produit par les exportations chinoises met en évidence le lien entre la progression des exportations de textile chinoises et le recul des exportations africaines (Giovanneti et Sanfilipo, 2009). Shinn David H. (2006), montre qu’en 2005, plus de dix entreprises de vêtements ont été fermées en Swaziland forçant la perte de 12000 emplois. Il y avait aussi 13000 emplois perdus à Lesotho. Le bas prix du textile et des produits de consommation importés de la Chine a aussi dévasté les industries de production des biens de consommation dans plusieurs Etats du Nigéria. L’impact de la croissance chinoise sur les pays africains dépend de la spécialisation de chaque pays. Les pays exportateurs de produits à forte intensité de maind’œuvre souffrent de la concurrence des produits chinois, tandis que les pays 42 exportateurs de produits primaires et des biens de technologies avancées à forte intensité de capital retireront des gains de la relation avec la Chine (Eichengreen et Hui, 2006). Diverses études du Consortium pour la Recherche Economique en Afrique (CREA, voir Ademola et al. 2009), concluent les pays qui tirent un bénéfice de leurs exportations vers la Chine sont les pays23 exportateurs de pétrole, les pays exportateurs de minerais et de métaux, les pays exportateurs de coton et les pays exportateurs de bois d’œuvres. Les pays exportateurs de coton et importateurs de produits pétroliers ont des bénéfices mitigés dans leur commerce avec la Chine. Par exemple, le Burkina Faso, le Bénin et le Mali, qui exportent du coton sont les bénéficiaires de la hausse des prix de ces produits de base, mais ont dû faire face au renchérissement de leurs importations pétrolières (Zafar, 2007). Toutefois, une étude du Fond Monétaire International (FMI, 2004), sur 21 pays d’Afrique, montre que le renchérissement des produits primaires entre 2003 et 2004 s’est traduit par une balance commerciale neutre pour 14 des pays. Pour ces derniers, les gains engrangés grâce à la hausse du prix des produits primaires non pétroliers ont totalement contrebalancé les effets pervers découlant de la hausse des cours du pétrole. L’essor de la relation commerciale et d’investissement entre la Chine et l’Afrique ne profite pas de manière égale à tous les secteurs et à tous les pays. Environ 70 pour cent des exportations africaines vers la Chine proviennent d’Angola, d’Afrique du Sud, du Soudan et de la République Démocratique du Congo et les matières premières y prédominent fortement (pétrole, cuivre, Cobalt et Coton). De plus, 60 pour cent des importations en provenance de la Chine, pour l’essentiel des produits manufacturés, sont destinés à l’Afrique du Sud, au Nigéria, à l’Algérie et au Maroc. Les autres pays africains ont une relation commerciale limitée avec la Chine, dessinant ainsi une relation déséquilibrée. Fondamentalement, les exportations africaines se heurtent toutefois à des limitations propres aux pays du continent, comme l’insuffisance de l’infrastructure, la lourdeur des obligations imposées par la réglementation et le manque de main-d’œuvre qualifiée. Ainsi, l’Afrique se trouve en concurrence avec des régions tout aussi dotées qu’elle en ressource naturelles, mais qui bénéficient d’un environnement politique et d’affaires plus stable, et qui offrent donc un niveau de risque d’investissement moindre. Cette concurrence entre régions souligne à quel point l’Afrique à besoin de renforcer sa compétitivité et de remédier à ses problèmes structurels. L’impact produit par la Chine varie selon la taille, la structure économique et les institutions des pays d’Afrique, lesquels peuvent être très divers. Il est probable que la Chine exerce son impact le plus fort sur les économies dotées en ressources, et qui profitent de la demande chinoise de matières premières, et probablement l’impact le plus modeste sur les autres économies africaines. Seuls les pays exportateurs de 23 Angola, Congo, Cameroun, Nigéria, Soudan et Tchad. 43 pétrole peuvent tirer parti de la demande chinoise sans avoir à faire à la concurrence des exportations chinoises sur les marchés mondiaux. Etant donné la concurrence intense de la Chine dans le secteur manufacturier et sa demande croissante de pétrole, l’Afrique risque de rester spécialisée dans les matières premières, et donc vulnérable face à la volatilité des cours. Toutefois, l’Afrique tire aussi profit de la réduction des prix des biens de consommation et des produits industriels intermédiaires en Afrique. La Chine favorise la diversification des exportations en Afrique en créant des Zones Economiques Spécialises (ZES) comme en Zambie et à Île Maurice. Elle envisage aussi d’implanter de nouvelles zones de ce type dans le Nord et dans l’Est du continent. Ces zones économiques spéciales sont censées drainer des investissements considérables dans l’infrastructure (pour l’énergie et le transport) et dans la production orientée vers l’exportation, ce qui pourrait donner de l’élan aux entreprises manufacturières locales. Selon la littérature la montée de la Chine sur l’économie mondiale se fait à travers le commerce, les IDE, l’Aide publique au développement, l’assistance technique, la gouvernance globale, la migration et l’environnement (Kaplinsky, 2008). Revue de la littérature La croissance rapide de la Chine à travers l’expansion commerciale, ses flux d’aide et d’investissement direct étranger nécessite une étude précise sur les impacts de la présence de la Chine dans l’ordre économique mondial sur les économies en développement comme le Burkina Faso. De nombreuses études évaluent les conséquences de l’aide et des IDE de la Chine dans les autres pays et aussi de la relation commerciale que la Chine entretient avec les pays partenaires. Cette section présente une revue de littérature non exhaustive de la relation économique et commerciale entre l’Afrique et la Chine, ce qui nous permettra de bien situer la contribution scientifique de cette étude. Dans la littérature existante les travaux sur les relations économiques et commerciales entre la Chine et les reste du monde et, en particulier les pays africains sont de plusieurs natures. Les plus nombreuses sont les études descriptives, qui ont porté sur la description de la présence de la Chine en Afrique et dans d’autres pays du monde en termes de commerce, d’aide, d’investissement direct étranger, d’assistance technique et de migration. Dans cette catégorie d’études, on note les travaux de : Jenkins et Edwards (2005) analysent les effets de la croissance de la Chine et de l’Inde et la libéralisation commerciale sur la pauvreté en Afrique. A partir d’une analyse descriptive des données de 21 pays d’Afrique subsaharienne, ils ne concluent que l’effet sur la pauvreté est faible ou modéré. Chaponnière (2006) fait une analyse sur les échanges entre 34 pays africains et la Chine entre 1990 et 2006 et arrive à la conclusion que l’impact des relations entre la Chine et l’Afrique est plutôt mixte et diffère d’un pays à l’autre. Tull (2006), analyse les relations commerciales 44 entre 10 pays africains et la Chine et conclue que la relation commerciale ChineAfrique ne réduira pas la volatilité des prix des produits primaires et influence l’impact de la Chine sur la croissance durable en Afrique. Corkin (2007) analyse l’impact de l’implantation des multinationales chinoise et leurs activités dans plusieurs économiques (énergie, télécommunication et construction) en Afrique. Il arrive à la conclusion que la Chine n’est pas en concurrence avec les industries africaines, mais plutôt avec leurs industries à l’étranger. Dans son étude sur les liens macroéconomiques, commerciaux, d’investissement et de l’aide entre la Chine et l’Afrique Subsaharienne, Zafar (2007) conclut que la Chine pose un défi de bonne gouvernance et de gestion macroéconomique pour l’Afrique à cause des implications potentielles du syndrome Hollandais du boom des biens. La Chine se présente pour l’Afrique comme une opportunité pour réduire sa marginalisation dans l’économie mondiale et un défi dans l’usage des fruits de la vente des ressources pour la promotion d’une économie de développement qui réduit la pauvreté. Asche (2008) poursuit l’analyse de l’engagement de la Chine en Afrique en termes de commerce, d’investissements, d’aide et d’immigration. Il détermine, en particulier l’effet sur le bien-être de la présence de la Chine en Afrique et arrive à la conclusion que l’effet sur le bien-être économique global dépend des politiques de réponses des pays africains capables d’inciter la croissance de la productivité ou des mesures pour stabiliser le taux de change extérieur. Néanmoins l’approche descriptive développée par les auteurs cités ci-dessus se limite à une analyse descriptive des effets directs de la croissance chinoise; elle détermine si la présence chinoise est progressive ou régressive. De ce fait, elle ignore l’effet que la croissance chinoise pourrait avoir sur le comportement des individus et leur éventuelle réaction. Certains auteurs (Chen, 2007; Eichengreen B. et Tong H., 2005; Foad, 2011; De Grauwe et al. 2012; Bussière et Schnatz, 2006; Flores-Macias et Kreps, 2013; Berthelemy, 2011 et Villoria, Hertel et Nin-Pratt (2010)) pour pallier les insuffisances de cette approche, se sont intéressés aux estimations économétriques de l’impact de la croissance chinoise sur les économies du reste du monde et en particulier sur les économies africaines en contrôlant certaines variables telles que, la formation brut du capital fixe, la croissance de la population, le capital humain sur leurs estimations, le terme d’échange, la croissance de la production et la distance entre la Chine et ses partenaire. Parmi les modèles économétriques utilisés, le modèle de gravité est le plus populaire. Ces modèles s’intéressent aux déterminants des relations économiques et commerciales entre la Chine et ses partenaires. Les résultats de ces études montrent que la coopération entre la Chine et les autres pays en termes de commerce ou économique engendre des perdants et des gagnants. Généralement, les résultats montrent que les pays spécialisés dans l’exportation et la production des biens d’équipements et les matières premières (coton, et ressources naturelles) bénéficient des effets positifs de la coopération, tandis que les pays spécialisés dans l’exportation des produits manufacturés et de consommation 45 sentent les effets négatifs. De plus les pays qui sont en concurrence avec la Chine pour les IDE trouvent des difficultés à attirer les investissements directs étrangers à cause de l’émergence de la Chine, par contre les pays de destinations des investissements verticaux ont la facilité d’attirer des investissements directs étrangers. Les deux approches précédentes (analyse d’incidence et économétrique) sont des analyses en équilibre partiel, et donc ne captent pas les effets de rétroaction induits par d’autres secteurs ou acteurs dans l’économie (un investissement de la Chine dans la construction des routes, ou dans la formation supérieure et technique pourrait avoir des effets indirects sur le secteur de l’agriculture). Cette prise en compte est nécessaire dans la mesure où le commerce avec la Chine, l’IDE de la Chine et l’aide qu’apporte la Chine, pour la construction de routes, de centrales hydro-électriques, d’infrastructures scolaires a des effets directs et indirects sur l’ensemble de l’économie. Les modèles d’équilibre général calculable (MEGC) sont les outils les plus complets pour analyser l’impact de l’expansion économique et commerciale de la Chine sur les économies en développement. De nombreuses études ont utilisé l’outil pour analyser l’impact des chocs macroéconomiques ou évaluer l’impact des politiques publiques sur les agents économiques des pays en développement et développés. Les modèles d’équilibre général calculable qui ont été utilisés pour l’analyse de la présence de la Chine dans le commerce international des produits et des facteurs, la grande partie a analysé l’impact de l’accession de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce sur les autres économies du monde. Ces études (Gilbert et Wahl, 2001 ; Wang, 1999 ; Martin et al. (1999), Walmsley et al. (2000), Lejour (2000), Fan et Zhang (2000), Ianchovichina et Martin (2001), Hertel et Walmsley (2000), Wang et Schuh (2002), Walmsley, Hertel et Ianchovichina (2002) et FMI (2004a)), ont utilisé des approches de modèles d’équilibre général calculable multi-pays et multisectoriels. Le modèle EGC multi-pays le plus utilisé est le modèle GTAP. Ces études ont analysé les effets directs et indirects de l’accession de la Chine à l’OMC sur les économies des autres pays membres, mais, elles se sont le plus intéressé aux aspects commerciaux des futures relations entre la Chine et le reste du monde. Ianchovichina, McDougall et Hertel (1999), se sont en plus de la relation commerciale, intéressé à la mobilité internationale du capital de la croissance économique chinoise. Ils trouvent que les pays créditeurs nets perdent pendant que les pays débiteurs nets en bénéficient de leur relation avec la Chine à cause de la baisse du coût du capital. Les critiques souvent adressées à ces différentes approches sont le niveau élevé d’agrégation des régions et des secteurs d’activités. Les analyses sont plus faites sur les grands blocs régionaux et ne permettent une analyse au niveau des pays et surtout sur les pays en développement. Toutefois ces différents modèles EGC sont des modèles multi-pays dont les résultats des simulations ne permettent de faire une analyse plus fine en fonction des caractéristiques structurelles d’un pays. Les recommandations et d’orientations 46 politiques avec ces analyses sont générales et ignorent les réalités économiques et sociales des différents pays. En somme les études passées n’ont pas prise en compte tous les canaux de transmission de la croissance Chinoise sur les économies en développement. Cette étude va au delà en prenant en compte dans l’analyse en plus du commerce, le canal de l’aide, les IDE, l’assistance technique qu’apporte la Chine au pays en développement. L’étude développe un cadre d’analyse d’équilibre général calculable appliqué au Burkina Faso, ce qui permettra d’approfondir l’analyse de la croissance de la Chine sur les pays en développement au niveau des ménages. Annexe 4 : Note technique sur l’actualisation de la MCS de 2009 Pour l’actualisation de la MCS 2009 construite par Cockburn et al. (2012) en une MCS de 2012, nous avons construit une matrice macro. La matrice macro est construite sur la base des données du tableau entrées-sortie (TES) de 2012 du ministère de l’économie et des finances. En plus du tableau entrées-sorties, des données additionnelles ont été requises afin de compléter la MCS macro. Pour ce faire, nous avons utilisé des données publiées par l’INSD, par le FMI, des données budgétaires du Burkina Faso. Une fois cette tache terminée, nous avons calculé la part de chaque compte de la MCS de 2009. Ces parts ont été ensuite utilisées pour désagréger la MCS macro de 2012 en une MCS micro pour l’année 2012 qui est utilisée pour cette étude. La MCS macro de 2012 est suivantes : Tableau 11: MCS Macro 2012 du Burkina Faso 47 tot vstk s-i exp com act rdm 5323.1 5323.1 4112.5 91.5 1412.1 1083.4 -22.9 340.3 93.6 173.5 173.5 371.2 371.2 1439.9 1388.9 7891.8 9176.3 -0.9 1293.2 649.1 1292.3 -0.9 -0.9 -0.9 1292.3 649.1 1439.9 7891.8 649.1 359.1 9176.3 649.1 7242.7 2591.6 com -20.1 1412.1 1083.4 tot 5323.1 1148.1 s-i 4112.5 371.2 38.3 rdm -194.8 371.2 12.0 62.6 65.2 gvt 4213.6 ti 1078.8 vstk 173.5 gvt 1412.1 163.1 3845.9 firm firm hhd fact hhd exp 173.5 12.7 act tm ti 93.6 93.6 tm 93.6 td td fact 48 49