offrir un espace de témoignage pour les victimes des pratiques de la multinationale incriminée. Il
tentera également d’amender le Statut de Rome ayant créé la CPI afin de lui adjoindre les crimes
contre l’environnement comme cinquième crime contre la paix.
Par ailleurs, les principes directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme des Nations
Unies
s’imposent comme les fondements du Tribunal Monsanto. Pour Olivier de Schutter, « ce texte
constitue aujourd’hui la référence la plus largement admise définissant les responsabilités des
entreprises au regard, par exemple, du droit à la santé, ou du droit à une environnement sain
. » De
même, « au-delà de Monsanto, il s’agit de monter un « procès exemplaire » pour dénoncer toutes les
multinationales et entreprises qui ne sont mues que par la recherche du profit et qui, de ce fait,
menacent la santé des humains et la sûreté de la planète
. »
L’audience prévue du 14 au 16 octobre 2016 à La Haye se présente d’ores et déjà comme historique.
Reste à connaître l’impact réel qu’elle aura sur le droit international. Afin de statuer en vue de savoir
si les activités passées et présentes de Monsanto réunissent les éléments constitutifs du crime
d’écocide, le Tribunal Monsanto
se voit pourvu de termes de référence laissant augurer une
procédure juridique de grande ampleur. En effet, la multinationale américaine s’y verra reprocher
des atteintes au droit à un environnement propre, sain et durable, des atteintes au droit à
l’alimentation, au droit à un meilleur état de santé ainsi qu’à la liberté indispensable à la recherche
scientifique et aux libertés d’opinion et d’expression. Conjugué à cela, Monsanto se verra-t-il
également déclaré complice de crimes de guerre par la fourniture de matériaux à l’armée des Etats-
Unis dans le cadre de l’opération Ranch Hand par laquelle fût déversé, dès 1962, l’agent orange sur
les forêts vietnamiennes ?
Gageons que cette initiative marquera un nouveau point de départ dans l’inscription des crimes
environnementaux au sein de la sphère du droit international. Utopie ou champ des possibles ?
Comme l’affirme le virologue et prix Nobel de médecine Luc Montagnier, « agir contre la pollution
reste difficile, tant elle dépend d’intérêts économiques. Le pouvoir économique est dominant et
global. Il faut travailler ensemble au niveau global. Si seuls quelques pays le font, ce sera inutile
. »
S’il est vrai que le niveau politique demeure encore aujourd’hui trop passif face aux signaux existants,
il reste la force de pression de la société civile. Les initiateurs du Tribunal Monsanto en sont
convaincus. Ainsi, face aux possibles obstacles qui s’érigeront pour l’exercice même de l’audience
programmée en octobre prochain, ils en appellent à la mobilisation via une vaste plateforme de
crowfunding international
en vue de récolter le million d’euros supposé nécessaire pour le
financement de cette opération.
Au-delà de cette initiative qui contribuera sans nul doute à attirer l’attention médiatique sur les
dérives du laissez-faire, se pose surtout la question de la mise en place d’un cadre juridique
permettant de garantir le respect du droit par les entreprises internationales.
La « Résolution Equateur
», futur cadre juridique international ?
Haut-Commissariat des Droits de l’Homme, Nations Unies, 2001, 47 pages, cf.
https://www.devp.org/sites/www.devp.org/files/documents/materials/un_guidingprinciplesbusinesshr_fr.pdf
Olivier DE SCHUTTER cf. Coralie SCHAUB, Monsanto : pour que justice germe in Libération.fr, 2 décembre
2015, http://www.liberation.fr/planete/2015/12/02/monsanto-pour-que-justice-germe_1417833
Idem
http://www.monsanto-tribunalf.org/pourquoi/
https://www.endecocide.org/fr/environnement-criminaliser-la-pollution-une-utopie/
http://www.monsanto-tribunalf.org/donation/
https://documents-dds-ny.un.org/doc/UNDOC/GEN/G14/082/53/PDF/G1408253.pdf?OpenElement