AL Lebeau : Somatisations
AFDG – Lettre de Psychogériatrie - 2011 Page 2
en donnant des symptômes moteurs
(paralysies, contractures) ou sensitifs
(douleurs, anesthésies). » (1). Enfin, les
somatisations lésionnelles sont traduites
par Yves Ranty comme étant un groupe
d’affections où il existe des lésions
organiques, mais dans lesquelles les
facteurs psychiques sont non seulement
favorisants mais aussi déterminants. »
(1).
Historique :
L’histoire des somatisations
L’homme depuis toujours se sert de
son propre corps pour transmettre ses
émotions (désirs, peur, désespoir,
violence) ; de nos jours on dira
simplement qu’il somatise. Comme le
souligne Yves Ranty, les somatisations
existent depuis la nuit des temps. Elles
sont déjà présentes à l’aube du monde
mais nommées différemment selon les
cultures et les époques qu’elles ont
traversées. Ainsi on parle d’esprits dans
les sociétés primitives, d’humeurs et
d’atrabile durant l’antiquité Grecque, de
possessions par les démons avec la
période biblique, d’envoûtement au
Moyen Âge. Les traitements de ces
somatisations changent aussi beaucoup
et sont largement influencés par les
avancées de la médecine. (1)
La théorie des Humeurs d’Hippocrate
(IVème avant JC) est reconnue pour
être à l’origine de la médecine
psychosomatique. En effet, pour
Hippocrate, la santé repose sur un
équilibre des humeurs nommée la
crase. Il existe de ce point de vue quatre
humeurs : le flegme, le sang, l’atrabile et
la bile, qui correspondent aux quatre
éléments de la nature : air, terre, eau,
feu. Elles correspondent aussi aux
qualités : froid, chaud, humide, et sec
ainsi qu’aux organes : cerveau, cœur,
rate, foie. Ainsi la maladie ou dyscrasie
provient soit d’un excès, soit d’une
insuffisance, soit d’un déplacement
d’une humeur, ce qu’explique bien Yves
Ranty. Claude Galien (I siècle après JC)
reprend la théorie des quatre humeurs
d’Hippocrate, selon lui ces dernières
représentent également quatre
tempéraments : sanguins (personne
chaleureuse et aimable), flegmatiques
(personne lente et apathique),
mélancoliques (personne triste et
déprimé) et enfin colériques (personne
emportée et prompte à réagir)
La psychosomatique ;
les différentes théories :
Freud s’est beaucoup intéressé à
l’hystérie particulièrement au début de
sa vie. C’est notamment à partir de
l'étude de l’hystérie, ainsi que des
travaux sur les paralysies et sur
l’aphasie, qu’il découvre la dynamique
de l’inconscient. Dans son œuvre
Études sur l’hystérie (2), il expose sa
théorie selon laquelle l’origine de
l’hystérie est à rechercher dans les
conflits infantiles refoulés dans
l’inconscient. Les symptômes de
l’hystérie sont le résultat de la
transformation, de la conversion d’une
excitation corporelle en innervation
somatique.
Freud souligne deux formes
d’hystéries : l’hystérie d’angoisse dont le
symptôme majeur est la phobie, les
troubles fonctionnels étant la
manifestation somatique d’angoisses
non représentées, et l’hystérie de
conversion où les représentations
sexuelles refoulées s’expriment par le
corps. Par conversion Freud entend une
transposition d’un conflit psychique et