ambitions) et de l’activité. Dans cette nouvelle conceptualisation, Rubinshtein pose
le sujet comme celui qui réalise cette unité. Il écrit : « L’homme devient
véritablement un sujet et donc une personnalité en devenant sujet de la pratique
dans sa relation à l’objet de l’activité qui est toujours une relation sociale
médiatisée par sa relation aux autres, » (Rubinshtein, 1935, p. 132).
3) Rubinshtein concrétise le concept général d’activité en passant au concept de
« travail » (s’appuyant, de toute évidence, pour cela sur la théorie de Marx) ; il
définit ce concept à la fois comme la production d’objets et comme les relations
sociales entre les individus
.
4) Dans la personnalité entrent non seulement la conscience mais aussi deux forces
motrices essentielles, les besoins (ambitions) et les capacités.
5) La conscience de même que la personnalité se développent dans l’activité.
6) Rubinshtein considère que la conscience et l’activité ont plusieurs niveaux : « le
niveau de la conscience peut dépasser le niveau de l’activité. » (Rubinshtein, 1997,
p. 52).
7) La nature du travail est déterminée non seulement par les relations sociales, mais
également par la personnalité qui met en jeu sa propre relation à l’activité, cette
relation se développant tout au long de la vie de la personnalité.
8) La personnalité n’est pas déterminée de manière univoque par les relations
sociales ; elle les médiatise par son propre rapport aux autres individus.
Si, dans les années 20, Rubinshtein écrit dans « Le principe de l’activité du sujet dans
sa dimension créative » que la conscience se manifeste et se développe dans l’activité, il
s’intéresse dans les années 30 à la façon dont la personnalité douée de conscience se
manifeste et se développe dans l’activité. La personnalité s’exprime soi-même dans l’activité,
elle est véritablement sujet. « La conscientisation de l’activité – c’est-à-dire des conditions
dans lesquelles elle se déroule et des buts que la personnalité se fixe – modifie les conditions
de son déroulement ainsi que le cours et la nature de cette activité ». (Rubinshtein, 1997,
p. 57)
. On assiste à une complexification des éléments de ce modèle et de leurs liens, ainsi
qu’à un élargissement de leur contexte : l’activité en tant que travail s’inscrit dans les rapports
sociaux et la personnalité, c’est-à-dire dans tout l’itinéraire de la vie dans lequel l’activité
occupe une place définie.
Ce modèle très abouti intègre et synthétise une masse considérable de données
théoriques et empiriques de la psychologie et révèle tout leur apport. Dans son premier
ouvrage, « Les fondements de la psychologie », Rubinshtein écrit : « Notre travail consiste à
passer tout un matériel psychologique existant au crible d’une méthodologie unique et à ne la
présenter que sur la base de résultats concrets. » Les travaux de Rubinshtein constituent un
laboratoire, un atelier de réflexion scientifique et théorique. Le principe de l’unité de la
Citation extraite du premier ouvrage de Rubinshtein, qui n’a jamais été réédité.
Cette concrétisation a une importance fondamentale : elle montre le caractère objectif et socialement
indispensable de l’activité en tant que travail, dans laquelle la personnalité doit s’inclure pour réaliser son
activité individuelle. Il faut souligner l’audace dont a fait preuve Rubinshtein en conservant le concept d’activité
en tant que travail, alors qu’au milieu des années 30, l’interdiction de la psychotechnique et de la psychologie du
travail signifiait l’arrêt de l’étude de l’activité du travail (que de nombreux psychologues soviétiques avaient
commencé à analyser) (Umrikhin, 1989). Le fait de considérer l’activité comme travail a revêtu en soi une
grande importance, car la majorité des psychologues qui s’étaient tournés vers l’étude de l’activité de l’enfant et
du jeu avaient abandonné les caractéristiques liées à la catégorie marxiste du travail.
Les première et deuxième éditions (1973 et 1976) de « L’homme et le monde », qui font partie des œuvres
complètes de Rubinshtein, contiennent des articles uniques d’un point de vue bibliographique et sont devenues
introuvables. Les citations sont donc extraites de la troisième édition (celle de 1997) publiée en un seul volume.