La chambre stérile Haby J., Heinimann G., Lasseaux L., Lasseaux M., Schindler E. L’aplasie médullaire est une conséquence possible d’une chimiothérapie intensive. L’absence de leucocytes exposant à de hauts risques d’infection, le patient doit séjourner en chambre stérile équipée d’un système de filtration d’air appelé « flux d’air laminaire ». Elles se trouvent en général dans le service d’onco-hématologie : le CHU de Hautepierre de Strasbourg et le CHU de Toulouse en ont quatre, l'Institut de Cancérologie de la Loire en possède six, le CHRU de Tours en a huit. Ces chambres peuvent également se trouver dans les services de pédiatrie : l'hôpital Arnaud-de-Villeneuve de Montpellier en a 9. Le séjour en chambre stérile se déroule en 3 étapes : • La phase de conditionnement, qui dure 7 jours environ, se caractérise par l’administration de la chimiothérapie et d’éventuelles séances de radiothérapie, un bain quotidien, une alimentation stérile, des gargarismes et des antibiotiques à large spectre pour assurer une décontamination cutanée, pulmonaire, alimentaire, digestive et vaginale. • La phase d’isolement d’une durée moyenne de 4 semaines. Pendant cette phase, tout ce qui entre en contact avec le patient doit être stérile. La chambre est meublée le plus simplement possible (lit, table, chaise, fauteuil, chariot métallique pour le matériel de soin). Pour mieux vivre l’isolement, le patient peut apporter quelques objets personnels (photos, livres neufs, radio, crayons, peinture, puzzle etc.), qui devront être stérilisés au préalable. L’hôpital peut mettre à disposition une télévision avec magnétoscope, un ordinateur avec connexion internet, un vélo d’appartement, etc. Les services d’un psychologue et d’une esthéticienne sont également proposés gratuitement. Le nettoyage de la chambre avec un détergent-désinfectant et le renouvellement du linge stérile est fait au quotidien, ou plus si nécessaire (sueurs, vomissements, diarrhées). Le patient, avec l’aide éventuelle du personnel soignant, effectue une toilette complète à l’Isobétadine Savon et revêt des vêtements stériles chaque matin. Après chaque selle, une toilette intime est requise. Un lavage soigneux des mains est indispensable après tout geste contaminant (selles, mouchage) et avant chaque repas. L’alimentation est strictement contrôlée. Tout aliment susceptible d’avoir été contaminé est interdit (fruits, légumes et viandes crues, charcuterie, yaourts, épices, etc.). Tous les aliments, y compris ceux apportés par les proches du patient, sont passés à l’autoclave pour être stérilisés, ce qui peut altérer leur goût. Après chaque repas et avant le coucher, un bain de bouche est à faire. Les patients souffrent souvent d’asthénie intense, de mucites et de difficultés d’alimentation, qui sont compensées par une alimentation intraveineuse, des antibiotiques et/ou antalgiques. Les visites sont autorisées l’après-midi. Seules deux personnes sont autorisées à entrer dans la chambre stérile chacune à leur tour, après avoir suivi des instructions strictes : enfiler des chaussons, se laver les mains, puis entrer dans le sas où il faudra se déshabiller, puis enfiler un pantalon et une tunique, des couvre-chaussures, un bonnet et un masque. Le visiteur procède ensuite au lavage chirurgical des mains. Le passage dans le local de préparation est alors possible, où il enfile une blouse à longues manches ainsi que des gants. Le patient doit rester dans son lit et le visiteur assis sur sa chaise en se déplaçant le moins possible et le plus lentement afin d’éviter les mouvements d’air. Il faut veiller à ne pas toucher le patient ainsi que son environnement proche. Les enfants de moins de 12 ans ou toute personne supplémentaire peuvent rendre visite au patient par le sas d’entrée : une porte vitrée sépare le patient du visiteur et ils communiquent par l’intermédiaire d’un parlophone. • La phase de pré sortie : l’alimentation n’est plus stérile, les visiteurs (toujours 2 maximum) peuvent entrer dans la chambre stérile après avoir mis un masque, une coiffe et une blouse. Après la sortie, le patient doit effectuer des contrôles (prise de sang, radiographie, visite médicale) plusieurs fois par semaine, pendant 2 à 8 semaines selon les cas, puis de façon plus espacée. L’isolement en chambre stérile est une étape difficile pour le patient, ainsi que pour son entourage, où bien-être et sécurité sont peu conciliables. Le soutien des proches et du personnel soignant est primordial.