Première partie : Accumulation du capital, organisation du travail et croissance économique : Chapitre 2 : Les facteurs économiques de l’investissement et de l’innovation: Objectif : comprendre les déterminants économiques de l’investissement et de l’innovation des unités de production, et donc de la croissance Dans ce chapitre, on va passer à un deuxième niveau dans l’analyse. On a dit dans le premier chapitre quelles étaient les sources de la croissance. On avait trois sources. On va maintenant passer au second degré. Pourquoi y a-t-il de l’investissement ? Et pourquoi y a-t-il du progrès technique ? C’est bien notre objectif, qu’on peut formaliser ainsi. On va chercher les différentes raisons pour lesquelles il existe de l’investissement et du progrès technique dans une économie. Pour répondre à cette question, on va répondre en regardant tout d’abord à un premier niveau : sachant que ce sont les SNF qui représentent la plus grande part de l’I, à quelles conditions les entreprises investissent et innovent ? On procédera en deux temps, en parlant d’abord des conditions microéconomiques à l’investissement et à l’innovation, puis en parlant des conditions macroéconomiques. A quelles conditions les entreprises investissent et innovent ? NB capital : dans ce I, on parlera surtout du mot Investissement. Cela dit, ce qu’on va dire s’applique également à l’innovation. Pour innover, il faut en effet investir dans la R&D. Donc quand vous lisez investissement, vous pouvez également lire Innovation. Leur demander : si vous voulez ouvrir un magasin, quand le faites-vous ? Les guider dans la réponse pour faire apparaître deux grands types de conditions. Quelqu'un peut-il distinguer les deux niveaux ? Dans un cas, on s’intéresse à ce qu’il se passe au niveau des individus, ici les unités de production. Dans l’autre, on s’intéresse à ce qu’il se passe au niveau d’une zone agrégée, comme une région, une nation, etc. Il faut distinguer les conditions microéconomiques qui dépendent de la seule entreprise des conditions macroéconomiques qui dépendent de la nation tout entière. I. Les déterminants microéconomiques : La microéconomie est la partie de la science économique qui analyse le comportement d’un individu ou d’une entreprise et leur choix dans le domaine de la production et de la consommation. C’est ce que nous allons faire ici en analysant les déterminants propres à l’entreprise qui déterminent ses choix en matière d’investissement. A. Le principal critère de décision de l’entreprise : la rentabilité : On doit alors commencer par du très simple. Très simplement, pourquoi un individu a-t-il envie d’ouvrir une entreprise ; autrement dit, à quelle condition allons-nous acheter du capital fixe ? Si ça nous rapporte quelque chose. L’économiste doit alors se poser deux questions. * Qu’est-ce qu’on gagne quand on est propriétaire des moyens de production ? 1 Pour ce faire, il faut repartir de l’analyse d’une entreprise et de la manière qu’elle a de créer de la richesse. Rappel sur la production de richesses : Maintenant, on doit juste se rappeler qui apporte du capital fixe ? Le partage de la valeur ajoutée dans les unités de production (ici, une entreprise) : Chiffre d’affaires Consommations intermédiaires versées aux fournisseurs (Capital circulant) Valeur ajoutée Salaires versés aux salariés directement ou indirectement (Travail) Impôts versés à l’Etat (Capital fixe indirect) En 2009 : 59,3% Faire rappel calcul VA = W + PO + EBE Les deux à gauche = Bénéfices nets Dividendes versés aux actionnaires Excédent brut d’exploitation (ou Profit) (Capital fixe direct) 3,1% Epargne brute réutilisée par l’entreprise (cf. 3) 30,7% Intérêts versés aux prêteurs Avec ce schéma, on résume toute la répartition de la valeur ajoutée produite par une entreprise, et plus généralement par toute unité de production. * Et comment savoir si ce gain est important ou non ? Maintenant, il y a juste un problème. Est-ce que le fait de percevoir un revenu lié à l’apport de capital fixe est toujours intéressant ? On a besoin de comparer les sommes dépensées pour investir et les gains réalisés avec l’investissement. C’est ce qu’on va faire avec le calcul de la rentabilité, c'est-à-dire le rapport entre un revenu et le capital financé pour l’obtenir. On va maintenant devoir distinguer les types de rentabilité. Il y a deux types de rentabilité importante, selon qu’on prend le point de vue du chef d’entreprise ou le point de vue des 2 propriétaires de l’entreprise (souvent différent dans les grandes entreprises). Retour sur le schéma du partage de la VA. Dans un premier temps, on peut adopter le point de vue du chef d’entreprise, les lunettes du chef d’entreprise : on se demande si l’activité économique permet actuellement d’obtenir de bons résultats (quelle que soit la personne qui empoche la mise). Dans ce cas, on va calculer la rentabilité économique qui représente le rapport entre le revenu de l’entreprise (EBE) et le capital global mis en œuvre pour l’obtenir (Fonds propres + Dettes). Comment s’appellent les revenus d’une entreprise ? EBE. Comment s’appellent les moyens mis en œuvre pour produire ? Le capital. Comment le capital peut-il être financé ? Leur demander de regarder dans le détail du partage de la VA, sous l’EBE. L’autofinancement ou l’endettement. EBE EBE R éco = 100 100 K Fonds Propres + Dettes Financières La rentabilité économique mesure ainsi l’efficacité globale de l’entreprise. Dans un deuxième temps, on peut adopter le point de vue du propriétaire de l’entreprise, les lunettes du propriétaire : on se demande si l’activité économique dans laquelle on a investi rapporte. Dans ce cas, on va calculer la rentabilité financière qui représente le rapport entre le revenu des propriétaires de l’entreprise (EBE – Dettes) et le capital propre mis en œuvre pour l’obtenir (Fonds propres). Comment s’appellent les revenus des propriétaires d’une entreprise ? Dividendes, que l’obtient en supprimant de l’EBE le remboursement des dettes. Comment s’appellent les moyens mis en œuvre pour produire du point de vue du propriétaire ? Ce sont uniquement les fonds propres de l’entreprise. EBE - r Dettes Financières R fi = 100 Fonds Propres La rentabilité financière mesure ainsi l’intérêt personnel pour les propriétaires de détenir l’entreprise. Exercice 1 – Le calcul des rentabilités : Voici deux entreprises aux comptes de résultats suivants : (en euros) Entreprise X VA produite 100 000 Salaires versés 65 000 Prélèvements obligatoires 5 000 EBE 30 000 Fonds propres 150 000 Dettes financières 0 Rentabilité économique (%) 20% Rentabilité financière (cas 1) (%) 20% Rentabilité financière (cas 2) (%) 20% 1. 2. Entreprise Y 140 000 92 000 8 000 40 000 100 000 100 000 20% 15% 38% Calculer l’EBE et la rentabilité économique de ces deux entreprises. L’entreprise Y est caractérisée par une dette importante. On peut imaginer deux cas pour voir l’impact de sa dette sur la rentabilité financière. Cas 1 : le taux d’intérêt est élevé (25%). Cas 2 : le taux d’intérêt est faible (2%). Calculer la rentabilité financière des deux entreprises dans les deux cas. Pour ce faire, calculer d’abord les intérêts versés par l’entreprise dans les deux cas. 3 Attention, la rentabilité peut se calculer pour une entreprise déjà existante, mais il peut aussi se calculer pour un projet futur. Il faudra donc toujours préciser si vous parlez de la « rentabilité de l’entreprise » – sous-entendu actuelle – ou de la « rentabilité du projet » – sous-entendu à venir. B. L’impact de la rentabilité sur l’investissement : 1. L’effet de la rentabilité de l’entreprise sur le choix d’investir ou non : Quelle est la relation entre la rentabilité de l’entreprise et l’investissement ? On ne va plus distinguer ici rentabilité économique et financière, ce n’est pas capital pour comprendre. Mais nous devons faire un petit détour. Rappel de 1ère : comment une entreprise peut-elle financer son investissement ? Pour qu’une entreprise investisse, il lui faut un financement. Théorie : On va alors avoir trois cas. 1° Quand l’entreprise a réalisé des pertes et a donc eu une rentabilité négative, elle ne peut pas financer elle-même ses investissements et peu de financeurs vont accepter de rentrer dans un projet risqué. Quand les profits actuels diminuent, une entreprise ne va pas pouvoir investir. 2° Quand l’entreprise a une rentabilité positive, on va avoir deux cas. Si la rentabilité économique est positive mais faible, l’entreprise dégage peu de ressources propres et va avoir peu de possibilité de se financer de façon externe, d’une part par peur de ne pas pouvoir rembourser, d’autre part parce que le prêteur va hésiter à financer. Sauf si l’investissement paraît très prometteur. Quand les profits actuels sont faibles, une entreprise n’investit pas par manque de financement interne et externe (sauf lorsque ses gains escomptés sont très importants). 3° Quand l’entreprise a une rentabilité positive et forte, l’entreprise dégage beaucoup de ressources propres et apparaît dans le même temps une source sûre pour les financeurs extérieurs. Quand les profits actuels sont élevés, une entreprise investir car elle dispose de fonds propres mais a aussi accès au financement externe en raison du desserrement des contraintes sur le crédit. Donc, si on résume le mécanisme entre rentabilité de l’entreprise et investissement, on a donc : 4 Comment vérifier que cette théorie fonctionne ? Vérification : Est-ce que le point 1 est vrai ? Ceci a été observé clairement par un économiste, Owen Lamont (« Cash Flows and Investment : Evidence from Internal Capital Markets », Journal of Finance, 1997) : en 1986, suite à une diminution de 50% des cours pétroliers, toutes les entreprises touchées par cette baisse des profits (car baisse du CA) ont de fait diminué leurs investissements de 10 à 20%. Est-ce que les points 2 et 3 sont vrais ? Pour vérifier cela, il faudrait que l’on observe une relation forte entre : hausse de la rentabilité, hausse de la valeur des crédits accordés, hausse de l’investissement. Pour des questions de simplicité, on regardera simplement s’il y a une relation entre hausse de la rentabilité et hausse de l’investissement. La relation entre rentabilité et crédit existe mais n’est montrée que par des travaux économétriques, pas simplement par un graphique, donc on épargne cela à des Terminale (cf. Zazzara 2005 pour l’Italie). D’une manière générale, quand la rentabilité de l’entreprise augmente, son investissement augmente également. Ce qui se vérifie. Est-ce le cas ? On peut prendre le document 1 de la FD. Document 1 – Les variations conjointes de la rentabilité et de l’investissement (France) : Taux de rentabilité (gross operating rate) Taux d’investissement Source : Eurostat, 2011 2. L’effet de la rentabilité anticipée sur le type d’investissement : On a dit que l’on investit si on a plus de rentabilité. Mais dans quoi investit-on ? Partons de quelque chose d’assez général pour bien voir où l’on va, sans trop rentrer dans les détails. Vous êtes un entrepreneur et on vous propose deux machines différentes pour améliorer votre processus de production. Qu’est-ce que vous comparez pour savoir dans laquelle vous investissez ? Mutualiser au tableau. Une entreprise choisir un investissement parmi plusieurs en fonction des gains nets anticipés liés au projet : - elle choisit le projet qui lui permet en principe le maximum de CA (quantités produites x prix de vente). - et qui lui permet en principe le minimum de coûts (coûts d’installation, coûts de fonctionnement, coûts d’entretien, etc.). 5 Elle va calculer alors à partir de ces paramètres la rentabilité anticipée du projet. Bien entendu, ce n’est qu’une prévision, mais cette prévision va déterminer si l’entreprise décide ou non d’investir dans tel ou tel type de capital fixe. C’est l’investissement le plus rentable à long terme qui sera choisi. NB : on se rend compte que la décision d’investir dépend d’une chose que l’entreprise ne contrôle pas, ici les prévisions de vente (autrement dit, la demande de biens et services) pour les années à venir. 3. L’effet de la rentabilité anticipée sur le choix du mode de financement de l’investissement : On peut maintenant simplement poser une question, qui est plutôt dérangeante. On a vu que lorsque la rentabilité augmente, l’entreprise a plus de financement interne mais a aussi plus de possibilités d’emprunter. Alors, quelle solution choisir ? Avant d’investir, l’entrepreneur rationnel compare également les différents moyens de financer son projet d’investissement. Sauf que plus la rentabilité augmente, plus la capacité à financer de façon interne et de façon externe augmente. Comment l’entreprise fait-elle son choix entre les deux manières ? Travailler à partir du Powerpoint : Term - 2 - Effet de levier et effet de massue, plus le texte. Donc, si on résume le lien entre rentabilité anticipée du projet et investissement, on a : NB : on se rend compte que la décision d’investir dépend d’une chose que l’entreprise ne contrôle pas, ici le taux d’intérêt (autrement dit, le prix du prêt d’argent) qui dépend des banques et de la Banque Centrale. C. Résumé des déterminants microéconomiques : Au niveau microéconomique, on va donc avoir les déterminants suivants. L’investissement d’une entreprise augmente si : - la rentabilité (économique et financière) de l’entreprise augmente (1) - la rentabilité (économique et financière) anticipée du projet est jugée suffisante par l’entrepreneur (2) - la rentabilité économique anticipée du projet est supérieure au taux d’intérêt ; c’est l’effet de levier (3) Mais tout ceci va dépendre de deux éléments que les entreprises ne contrôlent pas, c'està-dire de la demande de biens et de services des ménages et du taux d’intérêt. II. Les déterminants macroéconomiques : La macroéconomie est la partie de la science économique qui s’intéresse aux quantités globales, comme le PIB, la FBCF, l’épargne des ménages, agrégées au niveau d’une région, d’un Etat, etc. Ce que nous allons maintenant voir, ce sont les grands déterminants des décisions des entreprises mais qui les dépassent largement et dépendent de la conjoncture sur les différents marchés. Quelles sont les conditions macroéconomiques qui favorisent l’investissement des entreprises ? 6 A. Sur le marché des biens et services : la demande : Dans quelle mesure l’investissement des entreprises dépend-il de la demande (de biens et de services) des ménages ? On va commencer par s’intéresser à l’impact de la demande sur l’investissement. 1. Consommation et investissement : le principe keynésien de la « demande effective » : On peut dans un premier temps essayer de comprendre quel va être l’impact de la demande sur les choix d’investissement des entrepreneurs. Document 2 – Les variations de la consommation et de l’investissement en France : INSEE, Comptes nationaux, 2011 Question 1 : Observez-vous une relation entre la valeur (en %) du taux de croissance de la consommation et la valeur du taux de croissance de l’investissement ? Question 2 : Observez-vous une relation entre les variations (en points) du taux de croissance de la consommation et les variations du taux de croissance de l’investissement ? Cette relation est-elle différée ou non dans le temps ? Essayer d’expliquer ce phénomène. Question 1 : On constate avec ce document fourni par l’INSEE que les périodes de forte croissance de la consommation sont concomitantes aux périodes de forte croissance de l’investissement (86-90 ; 98-01 ; 05-07). On peut également distinguer des périodes de croissance moyenne (79-85), et des périodes de stagnation (91-97). Conclusion : plus l’évolution de la consommation est forte, plus l’évolution de l’investissement est forte. Question 2 : En plus de la relation précédente, on constate qu’un saut dans l’évolution dans la consommation, comme entre 1984 et 1986, ou entre 1989 et 1991, va conduire l’investissement à un nouveau régime d’évolution dans les deux années qui suivent. Une forte accélération de la croissance de la consommation permet une forte accélération de la croissance de l’investissement deux années plus tard. Un fort ralentissement de la croissance de la consommation ralentit fortement la croissance de l’investissement. Pourquoi y a-t-il un décalage dans le temps entre l’accélération de la croissance de la consommation et l’accélération de la croissance de l’investissement ? La première raison tient aux capacités de production des entreprises. Très souvent, les entreprises n’utilisent pas toutes leurs capacités de production. Lorsque la consommation augmente fortement sur une année, les entreprises ont tendance à amplifier l’utilisation de leurs capacités à court terme. Si l’augmentation de la consommation se poursuit, les 7 entreprises vont devoir investir pour continuer de répondre à la demande. On a une première explication du décalage dans le temps. La deuxième raison permet de préciser le mécanisme précédent. Une entreprise ne va en effet investir que si elle pense qu’elle aura des gains importants dans le futur. L’investissement de l’entreprise va donc dépendre moins de la consommation actuelle que de l’anticipation de la croissance de la consommation au moins une ou deux années de plus. Si on résume le mécanisme, on a : Cette accélération de la croissance de l’investissement a donc lieu moins en raison de la demande passée que de la « demande effective » (Keynes, 1936), c'est-à-dire de la demande que les entreprises anticipent avoir à répondre dans l’avenir. C’est parce que les entreprises anticipent que la croissance de la consommation va continuer sur un rythme important qu’elles décident d’investir. 2. L’effet keynésien de l’accélérateur : On peut malgré tout compliquer un petit peu la relation entre la consommation et l’investissement. Pour ce faire, on va parler de ce que Keynes, celui qui a parlé de la demande effective, va appeler l’accélérateur, à la suite d’un autre auteur, Clark. On doit en effet comprendre un phénomène quand on regarde le graphique : Pourquoi les taux de croissance de l’investissement sont-ils toujours plus extrêmes que les taux de croissance de la consommation des ménages ? Pour cela, posons quelques questions ? Quand la demande des ménages augmente, quelles entreprises vont en bénéficier ? (les entreprises qui produisent des biens de consommation principalement). Est-ce qu’elles vont nécessairement investir ? (si elles sont proches de l’utilisation complète de leurs capacités, oui). A qui vont-elles alors acheter ? (aux entreprises qui produisent des biens de production, machines, etc.) Est-ce que ces entreprises vont-elles aussi investir (oui, à la même condition). Donc on voit qu’une augmentation de la demande va entraîner deux moments dans l’investissement, un moment qui concerne les entreprises de biens de consommation, puis celles de biens de production. Si on en fait un schéma, on a alors : C’est ce qu’on appelle l’accélérateur de Clark (1917). Il explique pourquoi les accélérations et les ralentissements de la croissance de l’investissement sont plus importantes que celles de la consommation et décalées dans le temps. On va en donner un exemple numérique. On pose simplement qu’avec les relations entre les entreprises, on a toujours besoin de 4 fois plus de capital que de demande en matière de biens de consommation. On a donc les évolutions suivantes : 8 Période Demande des Capital utilisé par Investissement ménages toutes les entreprises ΔD ΔI 0 100 400 0 / / 1 120 480 80 20% / 2 150 600 120 25% 50% 3 210 840 240 40% 100% On observe bien ici le phénomène de l’accélérateur, qui complique ainsi la relation entre croissance de la consommation et croissance de l’investissement. Combiné au principe de la demande effective, l’accélérateur montre ainsi bien le rôle déterminant de l’accélération de la croissance de la demande des ménages sur l’accélération de la croissance de l’investissement réalisé par les entreprises. Si on résume les mécanismes liés à la demande, on a donc les choses suivantes : 3. Le problème implicite du partage de la valeur ajoutée : On doit alors encore s’arrêter sur une chose. En effet, qu’est-ce qui détermine également la demande des ménages ? Le principal déterminant de la demande des ménages est leur niveau de revenu. D’où viennent les revenus des ménages ? Essentiellement des revenus primaires, c'est-à-dire des revenus de l’activité. Quand on sait qu’environ 90% de la population active française est salariée en 2010 (environ 23 millions de personnes), un problème va alors se poser. En effet, on a vu que les profits passés et futurs jouent sur les décisions d’investissement. On voit dans le même temps que la demande joue également énormément, si ce n’est plus, sur les décisions d’investissement. Donc, dès qu’il y a un partage de la VA entre les revenus du capital fixe et les revenus du travail, on fait un choix implicite sur les déterminants de l’investissement. Pour mesurer ce partage, on calcule le taux de marge, qui désigne la part de la valeur ajoutée qui revient aux entreprises. EBE VA - Salaires - Impôts sur la production Taux de marge = VA VA Prenons différents cas pour voir son impact sur l’investissement. - si le taux de marge augmente : hausse de la part de l’EBE des entreprises dans la VA accélération de la croissance de l’investissement baisse de la part des salaires des ménages dans la VA ralentissement de la consommation des ménages ralentissement de la croissance de l’investissement 9 - si le taux de marge diminue : baisse de la part de l’EBE des entreprises dans la VA rend plus difficile l’emprunt ralentissement de la croissance de l’investissement hausse des salaires des ménages dans la VA accélération de la consommation accélération de la croissance de l’investissement Quelle va être la conclusion de tout cela ? Dans la question du partage de la VA entre les entreprises et les salariés, entre les profits et le salaires, il est très difficile de trancher si l’objectif est de contribuer à la croissance. Car une option comme une autre peut mettre en difficulté l’investissement. Il y a donc un choix politique dans le partage de la VA que l’économiste ne peut pas nécessairement trancher. B. Sur le marché du capital : le taux d’intérêt : Dans quelle mesure l’investissement des entreprises dépend-il du taux d’intérêt ? On doit dans un deuxième temps parler du deuxième grand déterminant macroéconomique, c'est-à-dire le taux d’intérêt. A quel niveau de l’entreprise le taux d’intérêt a-t-il de l’importance lors des choix d’investissement ? (pour la rentabilité économique en rapport avec l’effet-levier). Dans ce 2, on va voir quelques rappels sur le taux d’intérêt : Rappelons simplement quelques définitions classiques. Qu’est-ce que le taux d’intérêt ? Le taux d’intérêt représente la rémunération du capital prêté et que verse l’emprunteur au prêteur. Au moment de la signature du contrat de prêt, le taux d’intérêt est dit nominal. Il existe dans une économie différents taux d’intérêt selon les types de prêt, mais ils sont tous guidés par le taux d’intérêt directeur fixé par la Banque Centrale. Quand on prend en compte chaque année l’évolution des prix, on peut estimer un taux d’intérêt réel. Avec : Taux d’intérêt réel = taux d’intérêt nominal – taux d’inflation Une inflation forte réduit en effet le poids de la dette pour un emprunteur (cf. 2). 1. Taux d’intérêt nominal et investissement : Indépendamment de ces deux théories, qu’est-ce qu’on va pouvoir dire sur le taux d’intérêt et son effet sur l’investissement. Rappelons à quel endroit le taux d’intérêt intervient dans le choix d’investissement des unités de production ? Pour la rentabilité économique avec l’effet-levier. Quel est le mécanisme pour que cela fonctionne ? Faut-il que le taux d’intérêt baisse ou augmente pour que l’investissement soit favorisé ? Il faut qu’il baisse. Comme cela, il est à la fois intéressant pour une entreprise d’emprunter pour investir, et il est intéressant d’investir plutôt que de placer son argent. Est-ce que l’on vérifie cette vérité quand on regarde les variations de l’intérêt et de l’investissement ? Document 3 – Investissement, crédit et taux d’intérêt dans la zone euro : 10 20 3,5 15 3 10 2,5 5 2 0 1,5 -5 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 1 -10 0,5 -15 0 Taux de croissance de l'investissement de la zone euro (échelle de gauche) Taux de croissance du crédit aux SNF dans la zone euro (échelle de gauche) Taux directeur de la BCE (échelle de droite) Source : BCE, Eurostat Question 1 : Est-ce que, en théorie, le taux d’intérêt doit baisser ou augmenter pour que les entreprises investissent ? Justifier votre réponse en rappelant la règle que suit l’entreprise en fonction du taux d’intérêt. Question 2 : La relation théorique entre taux d’intérêt et investissement que vous venez de rappeler est-elle vérifiée ici ? Si on résume par un schéma, qu’observons-nous ? 2. Taux d’intérêt réel et investissement : On doit alors rajouter quelque chose. Nous avons dit qu’il y a un taux d’intérêt nominal, mais il y a aussi un taux d’intérêt réel. Or, qu’est-ce que le taux d’intérêt réel ? C’est le taux d’intérêt qui prend en compte le niveau de l’inflation. Comme on observe que la faiblesse du taux d’intérêt permet plus d’investissement, on peut alors rajouter que l’inflation est un phénomène qui va encore amplifier cet effet positif de la baisse du taux d’intérêt sur l’investissement. L’inflation est donc un phénomène qui favorise l’investissement. Expliquons clairement dans le détail pourquoi. Exemple : une entreprise de tongs emprunte 10 000€ en 2005. Pour obtenir un EBE de 10 000€ lui servant à rembourser, sachant qu’en 2005 chaque paire de tong est vendue 5€, elle a besoin de vendre 2 000 paires de tongs. Imaginons que les prix augmentent entre 2005 et 2006. Les prix augmentent notamment pour l’entreprise qui vend sa paire de tongs 6€. En simplifiant clairement les conditions, combien de tongs devront être vendues pour obtenir 10 000€ avec ces nouveaux produits ? On trouve rapidement 1667 paires. Idem maintenant pour 2007. Les prix passent à 7€. Combien cela fait-il de paires de tongs ? 1429. 2005 2006 2007 10 000 10 000 10 000 Somme nécessaire pour rembourser 5 6 7 Prix de vente de ses produits 2 000 paires 1667 paires 1429 paires Quantité de produits nécessaires pour rembourser 11 Que se passe-t-il alors ? Assez simplement. Pour résumer le mécanisme. C. Résumé des déterminants macroéconomiques : Au niveau macroéconomique, on va donc avoir les déterminants suivants. L’investissement des unités de production augmente : - si la demande des ménages augmente (effet de la demande effective) (A.1) - et de façon plus importante que l’augmentation de la demande des ménages (effet d’accélérateur de Clark) (A.2) - si le taux d’intérêt nominal diminue (effet de levier plus important) (B.1) - et s’il y a de l’inflation et donc un taux d’intérêt réel qui diminue également (effet de dévaluation des dettes passées) (B.2) 12