Première partie : Accumulation du capital, organisation du

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Première partie : Accumulation du capital, organisation du travail et
croissance économique :
Chapitre 2 : Les facteurs économiques de l’investissement et de l’innovation:
Objectif : comprendre les déterminants économiques de l’investissement et de
l’innovation des unités de production, et donc de la croissance
Dans ce chapitre, on va passer à un deuxième niveau dans l’analyse. On a dit dans le premier
chapitre quelles étaient les sources de la croissance. On avait trois sources.
On va maintenant passer au second degré. Pourquoi y a-t-il de l’investissement ? Et pourquoi
y a-t-il du progrès technique ? C’est bien notre objectif, qu’on peut formaliser ainsi.
On va chercher les différentes raisons pour lesquelles il existe de l’investissement et du
progrès technique dans une économie.
Pour répondre à cette question, on va répondre en regardant tout d’abord à un premier
niveau : sachant que ce sont les SNF qui représentent la plus grande part de l’I, à quelles
conditions les entreprises investissent et innovent ?
On procédera en deux temps, en parlant d’abord des conditions microéconomiques à
l’investissement et à l’innovation, puis en parlant des conditions macroéconomiques.
A quelles conditions les entreprises investissent et innovent ?
NB capital : dans ce I, on parlera surtout du mot Investissement. Cela dit, ce qu’on va
dire s’applique également à l’innovation. Pour innover, il faut en effet investir dans la
R&D. Donc quand vous lisez investissement, vous pouvez également lire Innovation.
 Leur demander : si vous voulez ouvrir un magasin, quand le faites-vous ? Les
guider dans la réponse pour faire apparaître deux grands types de conditions.
 Quelqu'un peut-il distinguer les deux niveaux ? Dans un cas, on s’intéresse à ce
qu’il se passe au niveau des individus, ici les unités de production. Dans l’autre, on
s’intéresse à ce qu’il se passe au niveau d’une zone agrégée, comme une région, une
nation, etc.
Il faut distinguer les conditions microéconomiques qui dépendent de la seule entreprise
des conditions macroéconomiques qui dépendent de la nation tout entière.
I.
Les déterminants microéconomiques :
La microéconomie est la partie de la science économique qui analyse le comportement
d’un individu ou d’une entreprise et leur choix dans le domaine de la production et de la
consommation. C’est ce que nous allons faire ici en analysant les déterminants propres à
l’entreprise qui déterminent ses choix en matière d’investissement.
A. Le principal critère de décision de l’entreprise : la rentabilité :
On doit alors commencer par du très simple.
 Très simplement, pourquoi un individu a-t-il envie d’ouvrir une entreprise ;
autrement dit, à quelle condition allons-nous acheter du capital fixe ? Si ça nous
rapporte quelque chose.
L’économiste doit alors se poser deux questions.
* Qu’est-ce qu’on gagne quand on est propriétaire des moyens de production ?
1
Pour ce faire, il faut repartir de l’analyse d’une entreprise et de la manière qu’elle a de créer
de la richesse.
Rappel sur la production de richesses :
Maintenant, on doit juste se rappeler qui apporte du capital fixe ?
Le partage de la valeur ajoutée dans les unités de production (ici, une entreprise) :
Chiffre d’affaires
Consommations intermédiaires
versées aux fournisseurs
(Capital circulant)
Valeur ajoutée
Salaires versés aux salariés
directement ou
indirectement (Travail)
Impôts versés à l’Etat
(Capital fixe indirect)
En 2009 : 59,3%
Faire rappel calcul VA = W + PO + EBE
Les deux à gauche =
Bénéfices nets
Dividendes
versés aux
actionnaires
Excédent brut d’exploitation
(ou Profit)
(Capital fixe direct)
3,1%
Epargne brute réutilisée
par l’entreprise (cf. 3)
30,7%
Intérêts
versés aux
prêteurs
Avec ce schéma, on résume toute la répartition de la valeur ajoutée produite par une
entreprise, et plus généralement par toute unité de production.
* Et comment savoir si ce gain est important ou non ?
 Maintenant, il y a juste un problème. Est-ce que le fait de percevoir un revenu lié à
l’apport de capital fixe est toujours intéressant ? On a besoin de comparer les
sommes dépensées pour investir et les gains réalisés avec l’investissement.
C’est ce qu’on va faire avec le calcul de la rentabilité, c'est-à-dire le rapport entre un
revenu et le capital financé pour l’obtenir.
On va maintenant devoir distinguer les types de rentabilité. Il y a deux types de rentabilité
importante, selon qu’on prend le point de vue du chef d’entreprise ou le point de vue des
2
propriétaires de l’entreprise (souvent différent dans les grandes entreprises). Retour sur
le schéma du partage de la VA.
Dans un premier temps, on peut adopter le point de vue du chef d’entreprise, les
lunettes du chef d’entreprise : on se demande si l’activité économique permet
actuellement d’obtenir de bons résultats (quelle que soit la personne qui empoche la
mise).
Dans ce cas, on va calculer la rentabilité économique qui représente le rapport entre le
revenu de l’entreprise (EBE) et le capital global mis en œuvre pour l’obtenir (Fonds
propres + Dettes).
 Comment s’appellent les revenus d’une entreprise ? EBE.
 Comment s’appellent les moyens mis en œuvre pour produire ? Le capital.
 Comment le capital peut-il être financé ? Leur demander de regarder dans le détail
du partage de la VA, sous l’EBE. L’autofinancement ou l’endettement.
EBE
EBE
R éco =
100 
100
K
Fonds Propres + Dettes Financières
La rentabilité économique mesure ainsi l’efficacité globale de l’entreprise.
Dans un deuxième temps, on peut adopter le point de vue du propriétaire de
l’entreprise, les lunettes du propriétaire : on se demande si l’activité économique dans
laquelle on a investi rapporte.
Dans ce cas, on va calculer la rentabilité financière qui représente le rapport entre le
revenu des propriétaires de l’entreprise (EBE – Dettes) et le capital propre mis en œuvre
pour l’obtenir (Fonds propres).
 Comment s’appellent les revenus des propriétaires d’une entreprise ? Dividendes,
que l’obtient en supprimant de l’EBE le remboursement des dettes.
 Comment s’appellent les moyens mis en œuvre pour produire du point de vue du
propriétaire ? Ce sont uniquement les fonds propres de l’entreprise.
EBE - r  Dettes Financières
R fi =
100
Fonds Propres
La rentabilité financière mesure ainsi l’intérêt personnel pour les propriétaires de
détenir l’entreprise.
Exercice 1 – Le calcul des rentabilités :
Voici deux entreprises aux comptes de résultats suivants :
(en euros)
Entreprise X
VA produite
100 000
Salaires versés
65 000
Prélèvements obligatoires
5 000
EBE
30 000
Fonds propres
150 000
Dettes financières
0
Rentabilité économique (%)
20%
Rentabilité financière (cas 1) (%)
20%
Rentabilité financière (cas 2) (%)
20%
1.
2.
Entreprise Y
140 000
92 000
8 000
40 000
100 000
100 000
20%
15%
38%
Calculer l’EBE et la rentabilité économique de ces deux entreprises.
L’entreprise Y est caractérisée par une dette importante. On peut imaginer deux cas pour voir l’impact de sa dette sur la
rentabilité financière. Cas 1 : le taux d’intérêt est élevé (25%). Cas 2 : le taux d’intérêt est faible (2%).
Calculer la rentabilité financière des deux entreprises dans les deux cas. Pour ce faire, calculer d’abord les intérêts
versés par l’entreprise dans les deux cas.
3
Attention, la rentabilité peut se calculer pour une entreprise déjà existante, mais il peut
aussi se calculer pour un projet futur. Il faudra donc toujours préciser si vous parlez de
la « rentabilité de l’entreprise » – sous-entendu actuelle – ou de la « rentabilité du
projet » – sous-entendu à venir.
B. L’impact de la rentabilité sur l’investissement :
1. L’effet de la rentabilité de l’entreprise sur le choix d’investir ou non :
Quelle est la relation entre la rentabilité de l’entreprise et l’investissement ? On ne va
plus distinguer ici rentabilité économique et financière, ce n’est pas capital pour comprendre.
Mais nous devons faire un petit détour.
Rappel de 1ère : comment une entreprise peut-elle financer son investissement ?
Pour qu’une entreprise investisse, il lui faut un financement.
Théorie : On va alors avoir trois cas.
1° Quand l’entreprise a réalisé des pertes et a donc eu une rentabilité négative, elle ne
peut pas financer elle-même ses investissements et peu de financeurs vont accepter de rentrer
dans un projet risqué.
 Quand les profits actuels diminuent, une entreprise ne va pas pouvoir investir.
2° Quand l’entreprise a une rentabilité positive, on va avoir deux cas. Si la rentabilité
économique est positive mais faible, l’entreprise dégage peu de ressources propres et va
avoir peu de possibilité de se financer de façon externe, d’une part par peur de ne pas pouvoir
rembourser, d’autre part parce que le prêteur va hésiter à financer. Sauf si l’investissement
paraît très prometteur.
 Quand les profits actuels sont faibles, une entreprise n’investit pas par manque de
financement interne et externe (sauf lorsque ses gains escomptés sont très importants).
3° Quand l’entreprise a une rentabilité positive et forte, l’entreprise dégage beaucoup de
ressources propres et apparaît dans le même temps une source sûre pour les financeurs
extérieurs.
 Quand les profits actuels sont élevés, une entreprise investir car elle dispose de fonds
propres mais a aussi accès au financement externe en raison du desserrement des
contraintes sur le crédit.
Donc, si on résume le mécanisme entre rentabilité de l’entreprise et investissement, on
a donc :
4
Comment vérifier que cette théorie fonctionne ?
Vérification :
Est-ce que le point 1 est vrai ?
Ceci a été observé clairement par un économiste, Owen Lamont (« Cash Flows and
Investment : Evidence from Internal Capital Markets », Journal of Finance, 1997) : en
1986, suite à une diminution de 50% des cours pétroliers, toutes les entreprises touchées
par cette baisse des profits (car baisse du CA) ont de fait diminué leurs investissements
de 10 à 20%.
Est-ce que les points 2 et 3 sont vrais ?
Pour vérifier cela, il faudrait que l’on observe une relation forte entre : hausse de la
rentabilité, hausse de la valeur des crédits accordés, hausse de l’investissement. Pour des
questions de simplicité, on regardera simplement s’il y a une relation entre hausse de la
rentabilité et hausse de l’investissement. La relation entre rentabilité et crédit existe mais n’est
montrée que par des travaux économétriques, pas simplement par un graphique, donc on
épargne cela à des Terminale (cf. Zazzara 2005 pour l’Italie).
D’une manière générale, quand la rentabilité de l’entreprise augmente, son
investissement augmente également. Ce qui se vérifie.
Est-ce le cas ? On peut prendre le document 1 de la FD.
Document 1 – Les variations conjointes de la rentabilité et de l’investissement (France) :
Taux de rentabilité (gross operating rate)
Taux d’investissement
Source : Eurostat, 2011
2. L’effet de la rentabilité anticipée sur le type d’investissement :
On a dit que l’on investit si on a plus de rentabilité. Mais dans quoi investit-on ?
Partons de quelque chose d’assez général pour bien voir où l’on va, sans trop rentrer dans les
détails.
 Vous êtes un entrepreneur et on vous propose deux machines différentes pour
améliorer votre processus de production. Qu’est-ce que vous comparez pour savoir
dans laquelle vous investissez ? Mutualiser au tableau.
Une entreprise choisir un investissement parmi plusieurs en fonction des gains nets
anticipés liés au projet :
- elle choisit le projet qui lui permet en principe le maximum de CA (quantités
produites x prix de vente).
- et qui lui permet en principe le minimum de coûts (coûts d’installation, coûts de
fonctionnement, coûts d’entretien, etc.).
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Elle va calculer alors à partir de ces paramètres la rentabilité anticipée du projet. Bien
entendu, ce n’est qu’une prévision, mais cette prévision va déterminer si l’entreprise
décide ou non d’investir dans tel ou tel type de capital fixe. C’est l’investissement le plus
rentable à long terme qui sera choisi.
NB : on se rend compte que la décision d’investir dépend d’une chose que l’entreprise ne
contrôle pas, ici les prévisions de vente (autrement dit, la demande de biens et services)
pour les années à venir.
3. L’effet de la rentabilité anticipée sur le choix du mode de financement de
l’investissement :
On peut maintenant simplement poser une question, qui est plutôt dérangeante. On a vu que
lorsque la rentabilité augmente, l’entreprise a plus de financement interne mais a aussi plus de
possibilités d’emprunter. Alors, quelle solution choisir ?
Avant d’investir, l’entrepreneur rationnel compare également les différents moyens de
financer son projet d’investissement. Sauf que plus la rentabilité augmente, plus la
capacité à financer de façon interne et de façon externe augmente. Comment l’entreprise
fait-elle son choix entre les deux manières ?
Travailler à partir du Powerpoint : Term - 2 - Effet de levier et effet de massue, plus le texte.
Donc, si on résume le lien entre rentabilité anticipée du projet et investissement, on a :
NB : on se rend compte que la décision d’investir dépend d’une chose que l’entreprise ne
contrôle pas, ici le taux d’intérêt (autrement dit, le prix du prêt d’argent) qui dépend des
banques et de la Banque Centrale.
C. Résumé des déterminants microéconomiques :
Au niveau microéconomique, on va donc avoir les déterminants suivants.
L’investissement d’une entreprise augmente si :
- la rentabilité (économique et financière) de l’entreprise augmente (1)
- la rentabilité (économique et financière) anticipée du projet est jugée suffisante par
l’entrepreneur (2)
- la rentabilité économique anticipée du projet est supérieure au taux d’intérêt ; c’est
l’effet de levier (3)
Mais tout ceci va dépendre de deux éléments que les entreprises ne contrôlent pas, c'està-dire de la demande de biens et de services des ménages et du taux d’intérêt.
II.
Les déterminants macroéconomiques :
La macroéconomie est la partie de la science économique qui s’intéresse aux quantités
globales, comme le PIB, la FBCF, l’épargne des ménages, agrégées au niveau d’une
région, d’un Etat, etc.
Ce que nous allons maintenant voir, ce sont les grands déterminants des décisions des
entreprises mais qui les dépassent largement et dépendent de la conjoncture sur les différents
marchés. Quelles sont les conditions macroéconomiques qui favorisent l’investissement
des entreprises ?
6
A. Sur le marché des biens et services : la demande :
Dans quelle mesure l’investissement des entreprises dépend-il de la demande (de biens
et de services) des ménages ? On va commencer par s’intéresser à l’impact de la demande
sur l’investissement.
1. Consommation et investissement : le principe keynésien de la « demande
effective » :
On peut dans un premier temps essayer de comprendre quel va être l’impact de la demande
sur les choix d’investissement des entrepreneurs.
Document 2 – Les variations de la consommation et de l’investissement en France :
INSEE, Comptes nationaux, 2011
Question 1 : Observez-vous une relation entre la valeur (en %) du taux de croissance de la consommation et la valeur du taux de
croissance de l’investissement ?
Question 2 : Observez-vous une relation entre les variations (en points) du taux de croissance de la consommation et les variations
du taux de croissance de l’investissement ? Cette relation est-elle différée ou non dans le temps ? Essayer d’expliquer ce phénomène.
Question 1 : On constate avec ce document fourni par l’INSEE que les périodes de forte
croissance de la consommation sont concomitantes aux périodes de forte croissance de
l’investissement (86-90 ; 98-01 ; 05-07). On peut également distinguer des périodes de
croissance moyenne (79-85), et des périodes de stagnation (91-97).
Conclusion : plus l’évolution de la consommation est forte, plus l’évolution de
l’investissement est forte.
Question 2 : En plus de la relation précédente, on constate qu’un saut dans l’évolution
dans la consommation, comme entre 1984 et 1986, ou entre 1989 et 1991, va conduire
l’investissement à un nouveau régime d’évolution dans les deux années qui suivent. Une
forte accélération de la croissance de la consommation permet une forte accélération de
la croissance de l’investissement deux années plus tard. Un fort ralentissement de la
croissance de la consommation ralentit fortement la croissance de l’investissement.
Pourquoi y a-t-il un décalage dans le temps entre l’accélération de la croissance de la
consommation et l’accélération de la croissance de l’investissement ?
La première raison tient aux capacités de production des entreprises. Très souvent, les
entreprises n’utilisent pas toutes leurs capacités de production. Lorsque la consommation
augmente fortement sur une année, les entreprises ont tendance à amplifier l’utilisation de
leurs capacités à court terme. Si l’augmentation de la consommation se poursuit, les
7
entreprises vont devoir investir pour continuer de répondre à la demande. On a une première
explication du décalage dans le temps.
La deuxième raison permet de préciser le mécanisme précédent. Une entreprise ne va en effet
investir que si elle pense qu’elle aura des gains importants dans le futur. L’investissement de
l’entreprise va donc dépendre moins de la consommation actuelle que de l’anticipation de la
croissance de la consommation au moins une ou deux années de plus.
Si on résume le mécanisme, on a :
Cette accélération de la croissance de l’investissement a donc lieu moins en raison de la
demande passée que de la « demande effective » (Keynes, 1936), c'est-à-dire de la
demande que les entreprises anticipent avoir à répondre dans l’avenir. C’est parce que
les entreprises anticipent que la croissance de la consommation va continuer sur un
rythme important qu’elles décident d’investir.
2. L’effet keynésien de l’accélérateur :
On peut malgré tout compliquer un petit peu la relation entre la consommation et
l’investissement. Pour ce faire, on va parler de ce que Keynes, celui qui a parlé de la demande
effective, va appeler l’accélérateur, à la suite d’un autre auteur, Clark.
On doit en effet comprendre un phénomène quand on regarde le graphique : Pourquoi les
taux de croissance de l’investissement sont-ils toujours plus extrêmes que les taux de
croissance de la consommation des ménages ?
Pour cela, posons quelques questions ?
 Quand la demande des ménages augmente, quelles entreprises vont en bénéficier ?
(les entreprises qui produisent des biens de consommation principalement).
 Est-ce qu’elles vont nécessairement investir ? (si elles sont proches de l’utilisation
complète de leurs capacités, oui).
 A qui vont-elles alors acheter ? (aux entreprises qui produisent des biens de
production, machines, etc.)
 Est-ce que ces entreprises vont-elles aussi investir (oui, à la même condition).
Donc on voit qu’une augmentation de la demande va entraîner deux moments dans
l’investissement, un moment qui concerne les entreprises de biens de consommation, puis
celles de biens de production. Si on en fait un schéma, on a alors :
C’est ce qu’on appelle l’accélérateur de Clark (1917). Il explique pourquoi les
accélérations et les ralentissements de la croissance de l’investissement sont plus
importantes que celles de la consommation et décalées dans le temps.
On va en donner un exemple numérique.
On pose simplement qu’avec les relations entre les entreprises, on a toujours besoin de 4 fois
plus de capital que de demande en matière de biens de consommation.
On a donc les évolutions suivantes :
8
Période
Demande des
Capital utilisé par
Investissement
ménages
toutes les entreprises
ΔD
ΔI
0
100
400
0
/
/
1
120
480
80
20%
/
2
150
600
120
25%
50%
3
210
840
240
40%
100%
On observe bien ici le phénomène de l’accélérateur, qui complique ainsi la relation entre
croissance de la consommation et croissance de l’investissement.
Combiné au principe de la demande effective, l’accélérateur montre ainsi bien le rôle
déterminant de l’accélération de la croissance de la demande des ménages sur
l’accélération de la croissance de l’investissement réalisé par les entreprises.
Si on résume les mécanismes liés à la demande, on a donc les choses suivantes :
3. Le problème implicite du partage de la valeur ajoutée :
On doit alors encore s’arrêter sur une chose.
 En effet, qu’est-ce qui détermine également la demande des ménages ? Le principal
déterminant de la demande des ménages est leur niveau de revenu.
 D’où viennent les revenus des ménages ? Essentiellement des revenus primaires,
c'est-à-dire des revenus de l’activité.
Quand on sait qu’environ 90% de la population active française est salariée en 2010
(environ 23 millions de personnes), un problème va alors se poser. En effet, on a vu que
les profits passés et futurs jouent sur les décisions d’investissement. On voit dans le
même temps que la demande joue également énormément, si ce n’est plus, sur les
décisions d’investissement.
Donc, dès qu’il y a un partage de la VA entre les revenus du capital fixe et les revenus du
travail, on fait un choix implicite sur les déterminants de l’investissement. Pour mesurer
ce partage, on calcule le taux de marge, qui désigne la part de la valeur ajoutée qui
revient aux entreprises.
EBE VA - Salaires - Impôts sur la production
Taux de marge =

VA
VA
Prenons différents cas pour voir son impact sur l’investissement.
- si le taux de marge augmente :
 hausse de la part de l’EBE des entreprises dans la VA  accélération de la croissance
de l’investissement
 baisse de la part des salaires des ménages dans la VA  ralentissement de la
consommation des ménages  ralentissement de la croissance de l’investissement
9
- si le taux de marge diminue :
 baisse de la part de l’EBE des entreprises dans la VA  rend plus difficile l’emprunt
 ralentissement de la croissance de l’investissement
 hausse des salaires des ménages dans la VA  accélération de la consommation 
accélération de la croissance de l’investissement
Quelle va être la conclusion de tout cela ?
Dans la question du partage de la VA entre les entreprises et les salariés, entre les profits
et le salaires, il est très difficile de trancher si l’objectif est de contribuer à la croissance.
Car une option comme une autre peut mettre en difficulté l’investissement.
Il y a donc un choix politique dans le partage de la VA que l’économiste ne peut pas
nécessairement trancher.
B. Sur le marché du capital : le taux d’intérêt :
Dans quelle mesure l’investissement des entreprises dépend-il du taux d’intérêt ?
On doit dans un deuxième temps parler du deuxième grand déterminant macroéconomique,
c'est-à-dire le taux d’intérêt.
 A quel niveau de l’entreprise le taux d’intérêt a-t-il de l’importance lors des choix
d’investissement ? (pour la rentabilité économique en rapport avec l’effet-levier).
Dans ce 2, on va voir quelques rappels sur le taux d’intérêt :
Rappelons simplement quelques définitions classiques.
 Qu’est-ce que le taux d’intérêt ?
Le taux d’intérêt représente la rémunération du capital prêté et que verse l’emprunteur
au prêteur. Au moment de la signature du contrat de prêt, le taux d’intérêt est dit
nominal. Il existe dans une économie différents taux d’intérêt selon les types de prêt,
mais ils sont tous guidés par le taux d’intérêt directeur fixé par la Banque Centrale.
Quand on prend en compte chaque année l’évolution des prix, on peut estimer un taux
d’intérêt réel. Avec :
Taux d’intérêt réel = taux d’intérêt nominal – taux d’inflation
Une inflation forte réduit en effet le poids de la dette pour un emprunteur (cf. 2).
1. Taux d’intérêt nominal et investissement :
Indépendamment de ces deux théories, qu’est-ce qu’on va pouvoir dire sur le taux d’intérêt et
son effet sur l’investissement.
 Rappelons à quel endroit le taux d’intérêt intervient dans le choix d’investissement
des unités de production ?
Pour la rentabilité économique avec l’effet-levier.
 Quel est le mécanisme pour que cela fonctionne ? Faut-il que le taux d’intérêt
baisse ou augmente pour que l’investissement soit favorisé ? Il faut qu’il baisse.
Comme cela, il est à la fois intéressant pour une entreprise d’emprunter pour investir,
et il est intéressant d’investir plutôt que de placer son argent.
 Est-ce que l’on vérifie cette vérité quand on regarde les variations de l’intérêt et de
l’investissement ?
Document 3 – Investissement, crédit et taux d’intérêt dans la zone euro :
10
20
3,5
15
3
10
2,5
5
2
0
1,5
-5
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
1
-10
0,5
-15
0
Taux de croissance de l'investissement de la zone euro (échelle de gauche)
Taux de croissance du crédit aux SNF dans la zone euro (échelle de gauche)
Taux directeur de la BCE (échelle de droite)
Source : BCE, Eurostat
Question 1 : Est-ce que, en théorie, le taux d’intérêt doit baisser ou augmenter pour que les entreprises investissent ?
Justifier votre réponse en rappelant la règle que suit l’entreprise en fonction du taux d’intérêt.
Question 2 : La relation théorique entre taux d’intérêt et investissement que vous venez de rappeler est-elle vérifiée
ici ?
Si on résume par un schéma, qu’observons-nous ?
2. Taux d’intérêt réel et investissement :
On doit alors rajouter quelque chose. Nous avons dit qu’il y a un taux d’intérêt nominal, mais
il y a aussi un taux d’intérêt réel. Or, qu’est-ce que le taux d’intérêt réel ? C’est le taux
d’intérêt qui prend en compte le niveau de l’inflation.
Comme on observe que la faiblesse du taux d’intérêt permet plus d’investissement, on
peut alors rajouter que l’inflation est un phénomène qui va encore amplifier cet effet
positif de la baisse du taux d’intérêt sur l’investissement. L’inflation est donc un
phénomène qui favorise l’investissement. Expliquons clairement dans le détail pourquoi.
Exemple : une entreprise de tongs emprunte 10 000€ en 2005. Pour obtenir un EBE de
10 000€ lui servant à rembourser, sachant qu’en 2005 chaque paire de tong est vendue 5€, elle
a besoin de vendre 2 000 paires de tongs. Imaginons que les prix augmentent entre 2005 et
2006. Les prix augmentent notamment pour l’entreprise qui vend sa paire de tongs 6€.
En simplifiant clairement les conditions, combien de tongs devront être vendues pour obtenir
10 000€ avec ces nouveaux produits ? On trouve rapidement 1667 paires.
Idem maintenant pour 2007. Les prix passent à 7€. Combien cela fait-il de paires de tongs ?
1429.
2005
2006
2007
10 000
10 000
10 000
Somme nécessaire pour rembourser
5
6
7
Prix de vente de ses produits
2 000 paires
1667 paires 1429 paires
Quantité de produits nécessaires pour rembourser
11
 Que se passe-t-il alors ? Assez simplement. Pour résumer le mécanisme.
C. Résumé des déterminants macroéconomiques :
Au niveau macroéconomique, on va donc avoir les déterminants suivants.
L’investissement des unités de production augmente :
- si la demande des ménages augmente (effet de la demande effective) (A.1)
- et de façon plus importante que l’augmentation de la demande des ménages (effet
d’accélérateur de Clark) (A.2)
- si le taux d’intérêt nominal diminue (effet de levier plus important) (B.1)
- et s’il y a de l’inflation et donc un taux d’intérêt réel qui diminue également (effet
de dévaluation des dettes passées) (B.2)
12
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