L. FERRY, « Apprendre à vivre, Traité de philosophie à l’usage des jeunes générations », édit. Plon, Paris, 2006 Chapitre I page 15-31 : qu’est-ce que la philosophie ? - La finitude humaine et la question du salut Philosophie et religion : 2 façons opposées d’approcher la question du salut. Les trois dimensions de la philosophie : l’intelligence de ce qui est (théorie), la soif de justice (éthique) et la quête du salut (sagesse) P15 : L’histoire de la philosophie = 5 étapes P15 : Définition de la philosophie est controversée. P15-16Ferry pas d’accord avec définition classique : formation à l’esprit critique et à l’autonomie, méthode de pensée rigoureuse, art de réflexion, étonnement, questionnement, réflexion critique, théorie de l’argumentation, etc. CAR PAS RÉSERVÉ À LA PHILO. P17 : Sa définition : l’ho. un être fini doué de conscience de ses limites (finitude consciente) => question du salut qu’il va chercher d’abord dans les religions. P17-18 : Salut : le fait d’être sauvé, d’échapper à un grand danger ou à un grand malheur = la mort => promesse de la vie éternelle par les religions. Le christianisme : par l’amour et la foi, nous pouvons gagner la vie éternelle, la mort n’est qu’un passage. P18 : Pour les athées, la philosophie est aussi une tentative de réponse à cette question du salut relative à la mort. P19 : D’autant plus que la mort c’est bien plus que la fin de la vie biologique : c’est la conscience du temps irrévolu (le plus jamais-never more d’Egard Poe) qui passe et donc du sens à donner à cette existence éphémère. Ce sont aussi les peurs liées à cela qu’il nous faut vaincre. P20 : Philosophie et religion : deux façons opposées d’approcher la question du salut. Le christianisme : par l’amour (l ‘amour plus fort que la mort) et la foi (si tu crois en Lui, Dieu te sauvera), nous pouvons gagner la vie éternelle, la mort n’est qu’un passage. La foi implique l’humilité souvent opposée à l’arrogance, à la vanité et à l’orgueil dont les croyants taxent la philosophie : d’après eux, la libre pensée prétend nous sauver des angoisses que la mort inspire par nos propres forces et en vertu de notre seule raison. La philosophie pense qu’en connaissant le monde, en se comprenant soi-même, en comprenant les autres nous allons parvenir dans la lucidité plutôt que dans une fois aveugle, à surmonter nos peurs. « En d’autres termes, si les religions se définissent elles-mêmes comme des « doctrines du salut » par un Autre, grâce à Dieu, on pourrait définir les grandes philosophies comme des doctrines du salut par soi-même, sans l’aide de Dieu. » (critique personnelle : voilà le vieux schéma qui revient : opposition de la lucidité de l’intelligence à l’aveuglement de la foi. La foi n’est pas un ensemble de dogmes à croire, un ensemble de croyances auxquelles adhérer aveuglément. C’est une expérience intérieure à vivre, qui pousse aux questionnements, qui mène à la connaissance de l’essence du monde, des choses et des êtres vivants). P20-21-22 : Epicure bas page 20-21, Lucrèce page 21, Epictète et le stoïcisme page 21, Montaigne, Spinoza bas page 21, Kant et Nietzsche page 22 P22-23 : C’est donc la crainte de la mort qui nous empêche de bien vivre dans le sens l’irréversibilité du cours des choses ce qui entraîne la nostalgie, la culpabilité, le regret et le remord, autant de corrupteur du bonheur qui nous empêche de vivre l’ici et maintenant. P23 : l’auteur dit la réponse des religions c’est la promesse d’une vie dans l’au-delà, de l’Amour de Dieu qui nous attend, et ainsi échapper à la solitude et retrouver les êtres aimés. De là découlent deux attitudes du croyant, selon lui, la confiance ou la foi, et l’humilité. P23-24 : Ainsi pour lui la philosophie est vue aux yeux des théologiens dogmatiques, comme diabolique (au sens éthymologique : qui sépare l’Homme de Dieu et les hommes entre eux). Ainsi le doute est -1- incompatible avec la foi pour lui, et c’est bien l’œuvre du serpent qui introduit le doute chez Adam et Eve. « Si le serpent veut que les deux premiers humains s’interrogent et croquent la pomme, c’est afin qu’ils désobéissent à Dieu, parce que en les séparant de Lui, il sait qu’il va pouvoir leur infliger tous les tourments inhérents à la vie des simples mortels. » Toutes les philosophies nous promettent d’échapper à ces peurs primitives. P25 : La philosophie partage avec les religions au moins cette conviction que l’angoisse empêche de vivre bien : elle nous empêche d’être heureux et d’être libres. P25 : la philosophie veut que nous nous tirions d’affaire par nos propres forces, par les voies de la simple raison. Montaigne : « philosopher c’est apprendre à mourir ». P25-26-27 : 2 raisons pour refuser la voie des religions qui offrent l’immortalité : 1. c’est trop beau pour être vrai 2. le problème du mal dans le monde ne peut se concilier avec un Dieu d’amour. Bref le philosophe doute que les réponses religieuses suffisent. Il y a trop à perdre en Lucidité et pas assez à gagner en sérénité. + La foi serait un prix trop élevé à payer : la liberté de penser, abandon de la raison pour la foi. Les philosophes préfèrent la lucidité au confort, la liberté à la foi (comme Freud qui dira que la foi est une insulte à l’intelligence, qu’elle infantilise) Il oppose raison à la foi. P27 : cette recherche du salut (sauver de la mort au sens large) sans Dieu ne s’oppose pas aux autres aspects qui définissent la philosophie : un art de bien penser, développer l’esprit critique, développer la réflexion et l’autonomie individuelle, un engagement moral qui oppose le juste et l’injuste. En fait il y a trois dimensions de la philosophie : l’intelligence de ce qui est (la théorie), la soif de justice (éthique), et la quête de salut (sagesse). P29-30 : La théorie = s’interroger sur la nature de ce monde qui nous entoure (nature de l’être), mais aussi s’interroger sur les moyens dont disposons pour connaître (épistémologie), P30 : la pratique ou la sphère éthique = le rapport aux autres humains, comment vivre avec autrui, comment nous comporter de manière vivable, utile, digne, juste .. P30 : le salut, la sagesse = la finalité de notre vie, le sens –s’il y en a un – de tout ça. (la condition humaine, le sens de l’existence) Mais le but ultime de la philosophie c’est de vivre la sagesse. Là où la philosophie elle-même doit s’effacer pour vivre sagement, heureux et libre, en ayant vaincu les peurs que la finitude a éveillées en nous. P31 : pas de philosophie sans histoire de la philosophie : il nous faudra comprendre pourquoi et comment on passe d’une vision du monde à une autre. Est-ce parce que la réponse qui précède ne nous suffit pas, parce qu’elle ne nous convainc plus, parce qu’une autre l’emporte sans contestation, parce qu’il existe en soi plusieurs réponses possibles ? La philosophie est donc bien davantage l’art des réponses que celui des questions. Et ces réponses, parce qu’elles ne sont pas religieuses et ne font pas dépendre la vérité d’un Autre, sont profondes, passionnantes et pour tout dire géniales. En résumé sa définition de la philosophie : P27 : cette recherche du salut (sauver de la mort au sens large) sans Dieu ne s’oppose pas aux autres aspects qui définissent la philosophie : un art de bien penser, développer l’esprit critique, développer la réflexion et l’autonomie individuelle, un engagement moral qui oppose le juste et -2- l’injuste. En fait il y a trois dimensions de la philosophie : l’intelligence de ce qui est (la théorie), la soif de justice (éthique), et la quête de salut (sagesse). P30 : Mais le but ultime de la philosophie c’est de vivre la sagesse. Là où la philosophie elle-même doit s’effacer pour vivre sagement, heureux et libre, en ayant vaincu les peurs que la finitude a éveillés en nous. P31 : pas de philosophie sans histoire de la philosophie. La philosophie est donc bien davantage l’art des réponses que celui des questions. -3- Chapitre II page 32-69 : Un exemple de philosophie antique. L’amour de la sagesse selon les stoïciens. I. II. III. Théoria (orao : je vois, theion : le divin) : la contemplation de l’ordre cosmique Ethique : une justice qui prend l’ordre cosmique pour modèle De l’amour de la sagesse à la pratique de la sagesse : la mort n’est pas à craindre, elle n’est qu’un passage car nous sommes un fragment éternel du cosmos. a. Qq. exercices de sagesse pour mettre en œuvre concrètement la quête de salut (sotériologie) b. Les deux grands maux : le poids du passé et les mirages du futur c. « Espérer un peu moins, aimer un peu plus » d. Plaidoyer pour le « non-attachement » e. « Quand la catastrophe aura eu lieu, je m’y serai préparé » : une pensée du salut qui doit s’écrirre au futur antérieur C’est dans la protection des dieux, non dans l’exercice de leur raison que les hommes, pendant longtemps, ont sans doute cherché leur salut. L’organisation polique démocratique de la cité en Grèce a favorisé la liberté et l’autonomie de pensée, affranchie des contraintes liées aux divers cultes religieux. Stoïcisme a connu 3 périodes et nous est surtout connu par la 3e à Rome : Sénèque, Epictète, Rufus, Arrien, Marc Aurèle. Le stoïcisme nous est connu par Cicéron qui est postérieur. I. Théoria : la contemplation de l’ordre cosmique, harmonie, ordre, divin, cosmos : Vu co/ un être organisé et animé, l’univers est non seulement divin, mais « rationnel », conforme à ce que les grecs appellent le « logos » (ordonnancement admirable des choses). Il ne s’agit pas de la croyance en un Dieu personnel, mais cela insiste sur le fait que nous n’en sommes pas les auteurs, les inventeurs. Un ordre logique est à l’œuvre derrière le chaos apparent des choses et que la raison humaine peut le mettre à jour. Le monde a une âme, « hylozoïsme » (p38) hylé : matière, Zoon : animal. Panthéisme (pan : tout, théos : Dieu) C’est parce que la nature est harmonieuse qu’il faut l’imiter sur tous les plans esthétique, art, morale, politique. Et si rien arrive par hasard, tout a une place, une raison d’être et notre chemin de bonheur est de trouver sa place dans cet univers. Il s’agit de découvrir derrière les apparences du monde, ce qu’il y a de plus réel, de plus divin, harmonieux, parfait, que tout est à sa place … en ça le caractère divin du monde est à la fois transcendant et immanent. Si c’est dans la structure du monde qu’il faut trouver ce divin, par rapport aux hommes il leur est transcendant (supérieur et extérieur à eux). P. 41-42 La théorie est donc à la fois une ontologie : une doctrine qui définit la structure ou l’essence la plus intime de l’être (au delà des apparences de défauts, de catastrophes), et une théorie de la connaissance : épistémologie : étude des processus de la connaissance, des moyens intellectuels par lesquels on parvient à cette connaissance du monde. Le philosophie n’est pas une science parmi d’autres, et même si elle doit tenir compte des résultats scientifiques, sa visée fondamentale n’est d’ordre scientifique. Ce qu’elle cherche, c’est un sens à ce monde qui nous entoure, saisir l’essence ou la structure intime de la totalité du monde. P. 43 II. Ethique : une justice qui prend l’ordre cosmique pour modèle Une justice qui est d’abord justesse : C’est parce que la nature est harmonieuse qu’il faut l’imiter sur tous les plans esthétique, art, morale, politique. D’où les écoles philosophiques de l’époque insistent moins sur les paroles que sur les actes, moins sur les concepts que sur les excercices de sagesse (Cratès maître de Zénon fondateur du stoïcisme obligeait ses élèves à multiplier les exercices pratiques les contraignant à négliger le qu’en-dira-t-on pour se concentrer sur la mission -4- essentielle qui consiste à vivre en accord avec l’ordre cosmique. Il faisait l’amour avec sa femme en public. P. 45) Aujourd’hui dans nos démocraties c’est la volonté des hommes, et non l’ordre naturel qui doit l’emporter sur toute autre considération. Nous doutons que la nature soit bonne ; au mieux elle est neutre, un matériau neutre qui n’est ni bon, ni mauvais moralement. Ce qui est bon, c’est ce qui est conforme à l’ordre cosmique qu’on le veuille ou non, et ce qui est mauvais, c’es ce uqi lui est contraire, que cela plaise ou non. Et si rien arrive par hasard, tout a une place, une raison d’être et notre chemin de bonheur est de trouver sa place dans cet univers. Aujourd’hui je trouve justement qu’il y a tout un mouvement spirituel très proche de cette doctrine. Le New Age, CAD s’en rapproche considérablement. La nature qui forme une totalité harmonieuse // avec la « biosphère », « l’écosystème » des écologistes : Notre mère terre, gaya (être vivant que nous devons respecter…) III. De l’amour de la sagesse à la pratique de la sagesse : la mort n’est pas à craindre, elle n’est qu’un passage car nous sommes un fragment éternel du cosmos. D’après Hannah Arendt, les Anciens envisageaient avt. même la naissance de la philos., deux voies pour relever les défis lancés aux humains par la finitude : la procréation (ne vaut que pour l’espèce qui est assurée de sa pérennité, pas l’individu) et la gloire pour être sauver de l’oubli et égaler la sphère de la nature (piètre consolation, vanité ?!). La philosophie offre une troisième voie : grâce à un juste exercice de la pensée et de l’action, la mort n’est pas une fin absolue, mais une transformation, un passage d’un état à un autre au sein d’un univers dont la perfection globale possède une stabilité absolue, et par la même divine (pas de destruction) => peur de la mort injustifiée. La vie bonne c’est celle qui, malgré l’aveu désillusionné de notre finitude, conserve le lien le plus étroit possible avec l’éternité, en l’occurrence, avec le divin ordonnancement cosmique auquel le sage accède par la théoria. Cela passe par des excercices pratiques (bien que la réponse stoicienne ne convaint pas L. Ferry) Pour Aristote et Platon, il s’agit de vivre fidèle à la partie divine de nous-même, à l’intellect, la partie la plus noble qui est en nous. a. Qq. exercices de sagesse pour mettre en œuvre concrètement la quête de salut (sotériologie) concerne le rapport au temps : on les retrouve tout au long de l’histoire de la philosophie : stoiciens, Epicure, Lucrèce, … Spinoza, Nietzsche, bouddhisme tibétain, et. b. Les deux grands maux : le poids du passé ou l’attachement du passé (nostalgie) et les mirages du futur, le souci de l’avenir (espérance) >< vivre dans l’instant présent Encore une fois très actuel (gestalt : vivre dans l’ici et maintenant) Le stoicisme annoncait déjà l’un des aspects de la psychanalyse : mettre en lumière l’attachement au passé qui nous empêche de jouir et d’agir. -5- C’est le côté insupportable et irrésistible encore présent d’un événement qui pèse encore aujourd’hui pas l’événement lui-même, j’ai donc le pouvoir là dessus, c’est du présent. Qu’y-a-t’il dans cet événement d’insupportable et d’irrésistible ? C’est aussi la nostalgie des jours heureux qui nous hantent. Les lâcher, ils ne reviendont plus jamais : never more. c. « Espérer un peu moins, aimer un peu plus » L’espérance est par nature de l’ordre du manque, de la tension inassouvie ; société de consommation, le mirage est d’avoir tjrs plus ce qui nous manque et que nous désirons, mirage d’un paradis encore à construire ici-bas ou dans l’au-delà. Les chrétiens répondront justement que c’est cela la différence entre la course matérielle et le bien éternel, la vie éternelle qui est infinie, jamais épuisée, inépuisable, inassouvie et qui rend le présent plus présent. La vie bonne pour les stoiciens, c’est la vie sans espérances ni craintes, c’est donc la vie réconciliée avec ce qui est, l’existence qui accepte le monde comme il va ( ne peut s’accepter que parce qu’il est divin, bon, parfait). Certains y verront une forme de quiétisme, fatalisme, résignation (Luc Ferry utilise se terme et s’y oppose). « Il est en effet, des moments où nous sommes pas là pour transformer le monde, mais tout simplement pour l’aimer, et goûter de toutes nos forces les beautés et les joies qu’il nous offre. Le stoicien nous invite à changer plutôt nos désirs que l’ordre du monde. Et comme le présent est fluctuant, il est sage de ne point s’attacher à ce qui passe (l’impermanence des choses). Est-ce si sûr que les stoiciens se reconnaitrait dans cette interprétation de résignation, de fatalisme, de quiétisme de leur doctrine. Vivre dans l’instant présent, choisir ce que je vis dans l’instant présent change le destin du monde, même si ce n’est pas mon objectfi, ma préocuppation, mais plutôt une conséquence. d. Plaidoyer pour le « non-attachement » aux possessions du monde // bouddhisme : impermanence des choses : rien n’est stable, tout change, tout passe //Nietzsche : l’innocence du devenir e. « Quand la catastrophe aura eu lieu, je m’y serai préparé » : une pensée du salut qui doit s’écrirre au futur antérieur Il s’agit de vivre au présent, de détacher de soi les remords, les regrets et les angoisses que cristallisent le passé et l’avenir, vivre le présent dans la pleine conscience que cet instant peut être le dernier. (« accomplir chaque action comme si c’était la dernière » Marc Aurèle). L’éternité est au présent. Nous avons tous connu ces instants d’éternité où le temps semble suspendu. Faire en sorte que la vie tout entière ressemble à de tels instants, voilà au fond, l’idéal de la sagesse. P66 On parle de salut en ce sens que plus rien ne peut venir troubler la sérénité qui naît de l’abolition des peurs liées aux autres dimensions du temps. Lorsqu’il accède à ce degré d’éveil, le sage peut vivre « comme un dieu », dans l’éternité d’un instant que plus rien ne relativise, dans l’absoluité d’un bonheur qu’aucune angoisse ne peut venir gâter. Tout ce qui advient devait arriver et je m’y serai préparé en aimant le monde tel qu’il est. La nature nous les envoit de manière juste et bonne, tout dépend à quelle échelle on regarde. **************** P67 : sur pourquoi la philosophie se comprend comme une histoire de la philosophie, quels liens entre les différentes conceptions qui se sont sucédées ? Chaque sytème à une faiblesse, une faille qui appelle une autre réponse. Stoicisme : salut anonyme et impersonnel. Promesse -6- d’éternité sous forme anonyme : fusion dans le cosmos dans lequel nous perdons notre individualité consciente. Christianisme : salut personnel et le salut de nos proches. (15 siècles de domination) -7- Chapitre III : La victoire du christianisme sur la philosophie grecque p. 70-110 4 raisons pour s’intéresser au christianisme : 1. La doctrine chrétienne du salut bien qu’antiphilososphique (quête du salut par Dieu, par la foi et non par soi et par sa raison) va supplanter la réponse du stoicisme. La philosophie sera réduite comme servante de la religion. Pourquoi avoir supplanter le stoicisme : Réponse à la finitude très performante . 2. Bien que non philosophique il y a une place pour l’excercice de la raison au sein du christianisme : - pour comprendre les textes évangéliques - pour connaître et comprendre la nature qui en tant qu’œuvre de Dieu, doit porter la marque de son créateur. 3. Le 4e évgiles (St Jn) témoigne d’une connaissance du stoicisme, il y a bien concurrence. Et donc s’intéresser à la relgiion chrétienne permet de comprendre la philosophie et comprendre comment elle va repartir vers la philosophie moderne. 4. Nous avons hérité en occident de valeurs et d’idées du christianisme, notamment que la valeur d’un individu ne dépend pas de ses dons ou de ses talents naturels, mais de l’usage qu’il en fait, de sa liberté et non de sa nature. Plus en détail pq. Christ. a supplanté le stoicisme en 5 traits d’une nouvelle théoria qui vont élaborer une morale inédite, puis une doctrine du salut fondée sur l’amour: I. Théoria : comment le divin cesse de s’identifier à l’ordre cosmique pour s’incarner dans une personne – Le Christ ; comment la religion nous invite à limiter l’usage de la raison pour faire place à la foi. 1.1 Jésus-Christ incarnation du logos (Evgl. St Jn), par lui nous sommes sauvés en tant que personne, et non plus un salut anonyme, impersonnel. (personnalisation du salut) et ce n’est plus la raison qui va être la faculté théorique par excellence, mais la foi + une définition de la personne humaine et une pensée inédite de l’amour (héritage des droits de l’homme). 1.2 La foi va prendre la place de la raison, voire s’élever contre elle. Ce qui compte avant tout ce n’est plus l’intelligence mais la confiance faite dans la parole d’un homme, l’Homme-Dieu, le Christ, qui prétend être le fils de Dieu, le logos incarné (il est digne de foi + miracles). La bonne nouvelle : nous sommes sauvés par la foi, non par nos propres œuvres. Il ne s’agit plus de penser par soi-même que de faire confiance en un Autre => un témoignage le plus direct possible pour être crédible qu’il s’agit de croire et heureux les simples d’esprit. : « Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux et que nos mains ont palpé du Verbe de la vie … ce que nous avons vu et entendu nous vous l’annonçons à vous aussi, pour que vous aussi vous soyez en communion avec vous. » 1.3 Ce qui est requis pour mettre en œuvre et pratiquer convenablement la nouvelle théorie, ce n’est plus l’entendement des philosophes, mais l’humilité des gens simples. La philosophie est critiquée pour son orgeuil (St Augustin 4e , St. Thomas 13e , Bl. Pascal 17e ) intelligence et raison sont opposés à confiance et foi. Double humilité d’un logos qui se trouve « réduit » au statut d’être humain, humilité d’abandonner la Raison pour la confiance, le lâcher prise, la foi. Cfr 1 Cor 1, 17-31 : Paul décrit un Dieu faible et miséricordieux opposé au Dieu tout puissant des juifs, ni cosmique et sublime comme celui des grecs qui en font la structure parfaite du Tout de l’univers. Ce scandale, cette folie font sa force. Etrange attraction de la force de cette faiblesse même. 1.4.La philosophie ne va tout à fait disparaître, mais elle va devenir servante de la religion, au sens où la raison est tout entière assujettie à la foi qui la guide. Peut-on parler de philosophie chrétienne ? Non, car les vérités les plus hautes sont dites révélées, et qu’il s’agit d’une doctrine du salut par un Autre et par la foi. -8- Oui, car il reste une double place pour la raison : interpréter les textes (symboles, paraboles), déchiffrer la nature dans une approche rationnelle pour « démontrer » l’existence de Dieu par la bonté et la beauté de ses œuvres. 1.5.La philosophie devient servante de la religion, c’est-à-dire une scolastique : une discipline scolaire et non plus une sagesse ou une discipline de vie. Réduite à un discours réflexif, critique, mental, intellectuel, à de rares exceptions près, la philosophie contemporaine, bien qu’elle ne soit plus chrétienne, assume sans même s’en douter le statut servile et secondaire que lui fit subir la victoire du christianisme sur la pensée grecque. II. Ethique : liberté, égalité, fraternité, la naissance de l’idée moderne d’humanité 1.1. la liberté de choix, le « libre arbitre » devient fondement de la morale et la notion d’égale dignité de tous les êtres humains, fait sa première apparition. Le monde grec était fondamentalement un monde aristocratique, un univers hiérarchisé dans lequel les meilleurs par nature devaient en principe être « en haut », tandis que les moins bons se voyaient réserver les rangs inférieurs (esclavage). Avec le christianisme, nous sortons de l’univers aristocratique pour entrer dans celui de la « méritocratie », on valorise le mérite que chacun déploie dans l’usage des qualités naturelles qui c’est vrai sont inégalement données. Là intervient le « libre arbitre » de chacun. Les talents hérités de nature ne sont pas intrinsèquement vertueux, ils n’ont rien en eux-mêmes de moral, c’est que tous, sans exception, peuvent être utilisés tout autant pour le bien que pour le mal. (parabole des talents). Pour la première fois peut-être dans l’histoire de l’humanité, c’est la liberté et non plus la nature qui devient le fondement de la morale. En quoi le christianisme sera plus ou moins secrètement, à l’origine de la démocratie moderne. Paradoxalement, bien que la Révolution française soit parfois fort hostile à l’Eglise, elle n’en doit pas moins au christianisme une part essentielle du message égalitariste qu’elle va tourner contre l’ancien régime. 1.2. Deuxième bouleversement lié au premier : le for intérieur, la conscience, l’esprit, est plus important que l’observance littérale à la loi de la cité qui ne reste qu’une loi extérieure. (épisode où Jésus prend défense de la femme adultère). Au lieu que la vie des juifs et des musulmans orthodoxes est remplie d’impératifs extérieurs, de devoirs touchant les actions à mener dans la cité des hommes, le christianisme se contente de les renvoyer à eux-mêmes pour savoir ce qui est bon ou non, à l’esprit du Christ et de son message, plutôt qu’à la lettre cérémoniale de rituels qu’on respecte sans y penser … 1.3. Troisième innovation : l’idée moderne d’humanité. Fondée sur l’égale dignité de tous les êtres humains, elle va prendre une connation éthique qu’elle ne possédait pas auparavant. Nous sommes tous frères. L’humanité est une, universaliste. III. Sagesse : une doctrine du salut par l’amour qui nous promet enfin l’immortalité personnelle 1.1. Si le logos, le divin, est incarné dans une personne, celle du Christ, la providence change de sens. Elle cesse d’être, comme chez les stoiciens, un destin anonyme et aveugle pour devenir une attention personnelle et bienveillante comparable à celle d’un père pour ses enfants. L’amour en Dieu comme cléf du salut. (cfr Justin, qui est passé successivement stoicien, artistotélicien, pythagoricien, platonicien et puis enfin mort en martyr chrétien). 1.2. L’amour plus fort que la mort. Il y a 3 formes d’amour : 1 L’amour-attachement (éros), un des visages de l’amour-passion, il est le moins bon, nous prépare les pires souffrances dans le sens qu’il ne supporte pas les ruptures, les changements pourtant invévitables un jour ou l’autre. (pt. Commun avec stoiciens et bouddhistes) -9- 2 L’amour agapé-charité-compassion 3 L’amour en Dieu : source ultime du salut, plus fort que la mort Toute l’originalité du message chrétien réside justement dans la « bonne nouvelle » de l’immortalité réelle, c’est-à-dire de la résurrection, non seulement des âmes, mais bel et bien des corps singuliers, des personnes en tant que telles. Si on affirme que les humains sont immortels dès lors qu’ils respectent les commandements de Dieu, dès lors qu’ils vivent et aiment « en Dieu », si on pose que cette immortalité, non seulement n’est pas incompatible avec l’amour, mais qu’elle en est même un des effets possibles, alors pourquoi s’en priver ? Pourquoi ne pas s’attacher à nos proches, si le Christ nous promet que nous pourrons les retrouver après la mort biologique et communier avec eux dans une vie éternelle, pourvu que nous ayons relié tous nos actes à Dieu en celle-ci. C’est ça « l’amour en Dieu » des créatures elles-mêmes éternelles. 1.3. Une immortalité enfin singulière, la résurrection des corps (dans un corps glorieux) comme point culminant de la doctrine chrétienne du salut, qui s’appuie sur la foi en la Résurrection du Christ. Là où pour le sage bouddhiste, l’individu n’est qu’une illusion, un agrégat provisoire voué à la dissolution et à l’impermanence, là où, pour le stoïcien, le moi est voué à se fondre dans la totallité du cosmos, le christianisme promet au contraire l’immortalité de la personne singulière, corps et âme. Et c’est par l’amour (là où pour les autres l’amour faisait problème) en Dieu de soi, des autres, de ses proches que cela passe ! En ce sens même si c’est secondaire, il n’y a pas de dévalorisation du corps dans la doctrine chrétienne. Ainsi donc c’est la mort elle-même, et non seulement les peurs qu’elle suscite en nous qui est vaincue. - 10 - Chapitre IV : L’humanisme ou la naisance de la philosophie moderne P 111-168 I. Une nouvelle théorie de la connaissance : un ordre du monde qui n’est plus donné, mais construit Effondrement de la cosmologie antique et remise en question des autorités religieuses => naissance du monde moderne. Copernic (16e), Gallilée (début 17e), Descartes (17e), Newton (fin 17e) La physique moderne a remis en cause les principes des cosmologies anciennes et de la religion chrétienne et introduit une attitude permanente de doute, d’esprit critique. L’homme se retrouve seul, pour trouver de nouveaux repères. L’ordre n’allant plus de soi, c’est le savant qui va devoir y mettre de l’ordre : ce n’est plus une contemplation passive, mais une construction, un travail (discerner les effets des causes, relier les phénomènes naturels, mise en place de la méthode expérimentale), construction de lois, donc une activité de l’esprit humain. Le monde n’est plus fini, harmonieux, éternel, ordonné mais infini, changeant, chaotique, sans hiérarchie … la théorie (au sens éthymologique : voir le divin) est remise en question, plus question d’un modèle à imiter sur le plan éthique, et donc la doctrine du salut n’est plus non plus crédible . Référence : « Critique de la Raison Pure » de Kant au 18e sc. : la science comme un travail d’association, de synthèse, relier les causes et les effets, c’est cela qui précède (cette remise en cause de la théorie ancienne) que Kant veut dire quand il commence son œuvre par cette question : « comment les jugements synthétiques a priori sont-ils possibles ? » = la question de savoir comment on élabore des lois qui établissent des associations, des liaisons cohérentes et éclairantes entre des phénomènes dont l’ordonnancement n’est plus donné mais doit être introduit par nous de l’extérieur. II. Une révolution éthique, parallèle à celle de la théorie : si le modèle à imiter n’est plus donné, comme l’était la nature des Anciens, il faut désormais l’inventer. L’homme est désormais au centre de la réflexion comme acteur, chercheur de sens et de cohérence dans un monde à construire, un monde chaotique, infini …. et non plus le cosmos et la divinité (remis en cause comme dit plus haut). La déclaration des droits de l’Homme en 1789 en est le symbole : L’Homme est le seul être sur cette Terre qui soit vraiment digne de respect, mais elle pose l’égalité de tous les êtres humains = humanisme philosophique. C’est pourquoi la première question qui a préoccupé les philosophes du 17 et 18e sc : quel est le propre de l’Homme par rapport à l’animal => La différence entre animalité et humanité selon Rousseau (18e) : la naissance de l’éthique humaniste A l’époque de Rousseau : distinction entre animal et Homme sur deux critères : intelligence et sensibilité/affectivité/sociabilité (langage) ; Pour Descartes : l’animal n’a pas de sentiments, c’est pourquoi il ne s’exprime pas combien même il en a les organes qui lui permettraient de le faire. Alors que chez Aristote : l’homme est un animal rationnel (en plus capacité de raisonner) Rousseau : le critère de différenciation est la capacité de LIBERTE ou la PERFECTIBILITE, l’animal est guidé par l’instinct, sorte de programme par la nature donné à la naissance, tandis que l’homme peut inventer son histoire dont l’évolution est a priori indéfinie. Une des preuves est la capacité de l’homme non pas tant de faire le mal, mais de prendre le mal en tant que tel comme projet (torture gratuite). Trois conséquences majeures de la nouvelle définition des différences entre animalité et humanité : les hommes seuls êtres porteurs d’histoire ( éducation = hist. de l’individu ; culture et politique = histoire des sociétés humaines), d’égale dignité et d’inquiétude morale. C’est parce qu’il est libre de tout code naturel, qu’il peut s’écarter du réel, qu’il peut alors juger ce réel bon ou mauvais. Sartre reprendra cette idée en disant que l’existence précède l’essence ; l’existentialisme est un humanisme ; aucune essence ne prédétermine l’Homme. - 11 - L’héritage de Rousseau : une définition de l’homme comme « animal dé-naturé » : Si l’animal fait un avec la nature, l’Homme fait deux, il est en excès, l’être antinature. Ce qui permet de juger du bien et du mal. La morale kantienne et les fondements de l’idée républicaine : la « bonne volonté », l’action désintéressée et l’universalité des valeurs : l’action vraiment morale/vraiment humaine/la vertu éthique réside dans l’action tout à la fois désintéressée et orientée (liberté de s’affranchir des penchants naturels = bonne volonté), non vers l’intérêt particulier et égoïste, mais vers le bien commun et l’ « universel ». Cela va être reçu à travers l’idéologie des droits de l’Homme. Du point de vue de l’humanisme naissant, vertu et action désintéressée sont inséparables. Liberté, action désintéressée, intérêt général, trois mots cléfs qui définissent le « devoir »/ « les impératifs catégoriques », car ils supposent une résistance, un combat contre la naturalité/l’animalité en nous. Cette éthique repose tout entière sur l’idée du mérite, car il y a du mérite à bien agir, à préférer l’intérêt général à l’intérêt particulier, le bien commun à l’égoïsme. Morale aristocratique et morale méritocratique : les deux définitions de la vertu et la valorisation moderne du travail. Cette seconde nature, cette cohérence inventée et produite par la volonté libre des êtres humains au nom des valeurs communes, Kant la désignera sous l’expression de « règne des fins », car les humains sont traités comme des fins et non plus des moyens. L’Homme est le centre de l’Univers, l’être par excellence digne d’un absolu respect. La vertu ou l’excellence se réalise à la perfection dans un juste milieu. Chez les anciens, la vertu n’est pas l’opposé de la nature, mais tout au contraire une actualisation réussie des dispositions naturelles d’un être, un passage, de la puissance à l’acte. Pour les philosophes de la liberté au contraire, la vertu apparaît à l’exact inverse comme une lutte de la liberté contre la naturalité en nous. Sur le plan politique cela va donner trois caractéristiques : l’égalité basée sur l’égale liberté de tous les êtres - la démocratie s’impose ; l’individualisme au sens positif : le tout n’a plus rien de sacré puisqu’il n’y a plus à leurs yeux de cosmos divin et harmonieux au sein duquel il faudrait à tout prix trouver sa place et s’insérer ; on n’a plus le droit de sacrifier les individus pour protéger le Tout car le Tout n’est plus rien d’autre que la somme des individus, une construction idéale dans laquelle chaque être humain étant une « fin en soi », il est désormais interdit de le traiter comme un simple moyen. Naissance d’un monde moral au sein duquel les individus, les personnes sont valorisés à mesure de leurs capacités à s’arracher à la logique de l’égoïsme naturel pour construire un univers éthique artificiel. Le travail devient le propre de l’Homme, se construire en construisant le monde, en le transformant pour le rendre meilleur par la seule force de sa bonne volonté. Le « cogito » de Descartes ou la première origine de la philosophie moderne. « Je pense donc je suis » ouvre une nouvelle époque, celle de l’humanisme moderne au sein duquel ce qu’on va appeler la « subjectivité » va devenir reine. Le sujet est l’Homme. Il introduit le doute méthodique comme une force face à la disparition des mondes anciens. Il remet tout en doute, et la première certitude qui s’impose c’est que si je pense, même si je doute, je suis quelque chose qui existe. D’où 3 idées fondamentales : - La vérité comme ce qui résiste au doute, le sujet est au centre, c’est ce dont le sujet est absolument certain, la conscience de soi est au centre. - Rejet absolu de tous préjugés et toutes les croyances hérités des traditions et du passé. Descartes invente la notion moderne de révolution (au niveau politique et historique = rejet de l’héritage de l’Ancien Régime ; déclaration des droits de l’Homme). - Rejet de tous les arguments d’autorité, Descartes invente l’esprit critique, la liberté de pensée. Si je suis le jugement d’autrui c’est parce que je me suis forgé de bonnes raisons de le faire. III. De l’interrogation morale à la question du salut : en quoi ces deux sphères ne sauraient jamais se confondre L’émergence d’une spiritualité moderne : comment penser le salut si le monde n’est plus un ordre harmonieux et si Dieu est mort ? - 12 - Les morales laïques comme un ensemble de valeurs, exprimées par des devoirs ou des impératifs qui nous invitent à ce minimum de respect d’autrui sans lequel une vie commune pacifiée est impossible. Nos sociétés qui font des droits de l’Homme un idéal, nous demandent de respecter chez les autres leur égale dignité, leur droit à la liberté, notamment d’opinion et au bien-être. Tout cela est une condition nécessaire à une vie commune pacifiée, mais ce n’est pas une condition suffisante pour régler les questions du salut. Manque le sens, la finalité, la direction de l’existence humaine. Réponse en deux directions : - Les religions du salut terrestre : le scientisme (Jules Verne), le patriotisme/le nationalisme, le communisme (Lénine/Staline) (Nietzsche parlera des trois idoles) : spiritualités sans Dieu, idéologies d’athéisme radical (sans idéal extérieur à l’humanité) qui se sont accrochés à des idéaux susceptibles de donner un sens à l’existence humaine, voire de justifier que l’on meurt pour eux, trois façons de sauver sa vie ou de justifier sa mort pour une cause supérieure, ce qui revient au même. Critique de Ferry : Nbre. de morts que cela a engendré ! + naïveté car le salut de l’individu ne serait se confondre avec celui de l’humanité ; au final c’est tjrs. l’individu qui souffre et qui meurt ! Nietzsche dira que cette passion pour les grands desseins soi-disants supérieurs à l’individu, voire à la vie même, ne sont qu’une ruse ultime des religions qu’on avait voulu dépasser. Sécularisation du monde, humanisation du monde qui commence à être sacralisée au point d’accèder à son tour au statut de principe transcendant : l’humanité dans sa globalité, l’intérêt général prévaut sur l’intérêt particulier. - Kant dans le sillage de Rousseau lance l’idée de « pensée élargie » comme sens de la vie humaine = pensée qui parvient à s’arracher à sa situation particulière d’origine pour s’élever jusqu’à la compréhension d’autrui, pour s’élever à un plus d’humanisme. (Contraire de l’esprit borné, rivé à sa communauté). Si connaître et aimer ne font qu’un, tu entres en élargissant l’horizon, en te cultivant, dans une dimension de l’existence humaine qui la « justifie » et lui donne un sens –tout à la fois signification et une direction. Même si cette idée ne nous sauve plus de la mort – mais quelle idée le pourrait – elle donne au moins du sens au fait de l’affronter. DISCOURS ENFIN DESILLUSIONNE. Nietzsche a permis cette voie en passant par une étape : la « déconstruction » de la critique des illusions et des naïvetés des anciennes visions du monde. - 13 - Chapitre V : La postmodernité. Le cas Nietzsche p169-227 Les postmodernes (à partir 19e ) vont s’en prendre à l’humanisme moderne (philosophie des Lumières) sur deux plans : l’être humain centre du monde, centre de toutes les valeurs morales et politiques, la raison comme formidable puissance émancipatrice. L’esprit critique une fois mis en marche ne peut plus être stoppé par rien. Les modernes ont inventé l’esprit critique, le doute et la raison lucide .. et tous ces ingrédients essentiels à leur philosophie se retournent maintenant contre eux = les maîtres du soupçon : déconstruire les illusions dont s’est bercé l’humanisme. Pour eux il y a toujours derrière les « bonnes vieilles valeurs nobles, pures, transcendantes » des intérêts cachés, des choix inconscients, des vérités plus profondes et souvent inavouables. Aux yeux de Nietzsche, lors même que nos républicains héritiers des Lumières se disent athées, voire matérialistes, ils continueent en vérité d’être croyants, car l’humanisme n’a pas tout à fait détruit une structure religieuse fondamentale : chez eux l’idéal, les idéaux supérieurs, les valeurs transcendantes (droits de l’homme, science, raison, démocratie, socialisme, égalité des chances) sont opposés au réel, comme dans la religion catho, le paradis est opposé à la réalité terrestre (plus maintenant !). = Les idoles que N. propose de déconstruire en « philosophant avec un marteau », car elles sont des négations de la vie = nihilisme (déconstruction des utopies morales, politiques modernes). Ces idoles nient le vrai réel, sont des fuites du réel, au lieu de l’assumer et de l’accepter tel qu’il est. Dans ce sens il se dit généalogiste, déconstructeur Aux yeux de N., l’humanisme des Lumières demeure encore prisonnier des structures essentielles de la religion qu’il reconduit, sans s’en rendre compte, au moment même où il prétend les avoir dépassées. Certains, au contraire de Lc. Ferry, disent qu’on ne peut trouver chez Nietzsche, une théoria, lui qui n’a cessé de se moquer de l’homme théorique animé par la passion de la connaissance, ni une éthique, puisqu’il n’a cessé de se désigner comme l’immoralité même, ni une sagesse, lui qui a fini fou, qui s’est comparé à l’antichrist, qui pensé la mort de Dieu, tournant en dérision tout espèce de spiritualité. Pour Lc. Ferry, en faisant table rase des idées modernes, il fait place nette pour une théorie, une praxis, une sotériologie d’un nouveau genre. I. Par-delà la théoria : un « gai savoir » débarrassé du cosmos, de Dieu et des « idoles » de la raison. A. Théorie de la connaissance : comment la « généalogie » prend la place de la théoria. Rejet de tous les idéaux (cfr plus haut), déconstruction ou généalogie : mettre à jour l’orgine cachée des valeurs ou idées qui se veulent intouchables, sacrées, dévoiler leur origine très terrestre. Donc aucun jugement sur l’existence en général n’a le moindre sens, sinon à titre d’illusion, de pur symptôme n’exprimant lui-même qu’un certain état des forces vitales de celui qui le porte. Il n’y a pas de jugement de valeur, indépendant des intérêts vitaux de celui qui le porte. Il n’y a donc pas y avoir de droit, de morale, de sujet en soi, de faits en soi, mais seulement des interprétations. L’activité de déconstruction qui anime le généalogiste finit par se rendre compte que derrière les évaluations il n’y a pas de fond mais un abîme, derrière les arrières-mondes eux-mêmes, d’autres arrières-mondes, à jamais insaisissables. => le réel est un chaos insaisissable. B. Ontologie : une définition du monde comme un chaos qui n’a rien de cosmique ni de divin. Le réel est un chaos : un vaste champ d’énergie, comme un tissu de forces = « la vie » ou de pulsions dont la multiplicité infinie et chaotique est irréductible à l’unité, contrairement aux modernes qui cherchent encore à trouver une unité, une cohérence, de l’ordre, de la rationalité, de la logique. Pour Nietzsche, les modernes prennent encore leur désir pour la réalité : avoir un semblant de pouvoir sur une matière insensée, multiforme et chaotique qui nous échappe en réalité de toute part. (Picasso et Schönberg, pères fondateurs de l’art contemporain, sont les héritiers de Nietzsche dans l’expression d’un monde déstructuré, chaotique, brisé, illogique). - 14 - Le monde est un chaos, une pluralité irréductible de forces, d’instincts, de pulsions qui ne cessent de s’affronter : or le problème, c’est qu’en s’entrechoquant, ces forces menacent sans cesse, en nous comme hors de nous, de se contrecarrer, et par là même de se bloquer, donc de se diminuer et de s’affaiblir. C’est ainsi, dans le conflit, la vie qui s’étiole, qui devient moins vivante, moins libre, moins gaie, bref moins puissante. (N. annonce la psychanalyse de Freud : libérer les conflits inconscients pour jouir et agir). Mais Lc Ferry insiste que N. ne rejette pas les forces réactives, ce qui serait une « bêtise », car ce serait sombrer à son tour dans une autre figure de la réaction : on s’opposerait à une partie du réel. Donc le « grand style » c’est le fait qu’il nous invite non à une libération, une émancipation du corps, de la sensibilité, mais à une intensification et une hiérarchisation aussi maîtrisées que possible des multiples forces qui constituent la vie. Nietzche distingue dans ce tissu de forces, dans « la vie » : - Les forces « réactives » ou la négation du monde sensible : elles s’expriment dans la « volonté de vérité » chère au rationalisme moderne et culminent dans l’idéal démocratique (au sens où les affirmations défendues valent pour tout le monde, sont universelles, dans ce sens roturières, plébeiennes, antiaristocratiques, contraire à la distinction et l’autorité aristocratique en quoi il fait le lit du fascisme, du nazisme en prônant l’idéal de la beauté, de l’autorité, le classement des individus selon origine, et orig. Sociale, etc.). Elles ne peuvent se déployer dans le monde et y produire leurs effets qu’en réprimant, en annihilant ou en mutilant d’autres forces, en réfutant des erreurs, des illusions, des opinions fausses. (Nietzsche a en tête les dialogues de Platon, dans lesquelles Socrate, selon lui, n’est pas dans un rapport d’égalité avec son interlocuteur. La vérité qu’il recherche ne parvient pas à s’imposer qu’à travers la réfutation d’autres opinions, mais en plus il n’affirme lui-même jamais rien de risqué, il ne s’expose pas, ne propose jamais rien de positif. Il se contente seulement en suivant la fameuse méthode de la maïeutique – l’art de l’accouchement- de mettre son interlocuteur en difficulté, de le placer en contradiction avec luimême, afin de le faire accoucher, justement, de la vérité. De plus Socrate est d’origine populaire, démocratique, non-aristocrate. Il fait aussi le lien entre refus de l’art et monde démocratique). La recherche de Vérité s’avère même doublement réactive : car la connaissance vraie ne se construit pas seulement dans un combat contre l’erreur, la mauvaise foi et le mensonge, mais plus généralement, dans une lutte contre les illusions inhérentes au monde sensible en tant que tel, en opposant le « monde intelligible » au « monde sensible », de telle sorte que le second est inévitablement dévalorisé par le premier. Les grandes traditions scientifiques, métaphysiques et religieuses ont méprisé le corps, la sensibilité au profit de la raison (exemple de l’idée de l’eau en qui doit se penser au dessus-contre les différentes formes possibles que prend l’eau (glace-vapeur-liquide froid, chaud). Bref il faut se méfier de tout ce qui est essentiel à l’art. Il y a dans ces approches un parti pris caché en faveur de l’au-delà contre l’ici-bas. Bref : forces réactives/réaction/recherche de la vérité/démocratie/rejet du monde sensible au profit du monde intelligible sont liés - Les forces « actives » ou l’affirmation du corps : elles s’expriment dans l’art –non dans la science – et culminent dans une vision « aristocratique » du monde. Le génie commande sans argumenter contre qui ou quoi que ce soit. Les conflits esthétiques bien que parfois violents, ne sont jamais tranchés en termes d’avoir tort ou raison. Nietzsche critiquera la maieutique de Socrate, pour préférer le sophisme = l’art de séduire, de persuader par la seule puissance des mots, peu importe le contenu !. Bref : art/aristocratie/culte du monde sensible ou corporel/forces actives sont liés II. Par-delà le bien et le mal : la morale de l’immoraliste ou le culte du « grand style » Nietzsche rejette avec violence tout projet d’amélioration du monde. Il s’est défini comme « l’immoraliste » par excellence. C’est cette conciliation entre force réactive et force active qui est, aux yeux de Nietzsche, le nouvel idéal, l’idéal enfin acceptable. « La grandeur », c’est quand les forces vitales sont enfin harmonisées et - 15 - hiérarchisées, et par là atteignent d’un même élan, la plus grande intensité en même temps que la plus parfaite élégance. Concilier raison et passion, « spiritualiser », c’est-à-dire domestiquer les forces réactives au lieu de les rejeter bêtement. (notamment en conservant le christianisme lui qui se considère pourtant comme l’antichrist.) Ainsi la vie sera intense, riche de diversité, intégrative des confiits, puissante, d’où ce qu’il nomme la volonté de puissance. La volonté de puissance comme « essence la plus intime de l’être ». Vraie et fausse signification du concept de « volonté de puissance ». Rien à voir avec la volonté de conquérir, d’avoir de l’argent et du pouvoir, mais le désir profond d’une intensité maximum de vie, d’une vie qui ne soit plus appauvrie, affaiblie parce que déchirée par les déchirements internes (peurs, remords, regrets, culpabilité, etc), mais qui soit au contraire la plus intense et la plus vivante possible. Un exemple concret de « grand style » : le geste libre et le geste « coincé » (par exemple dans le sport : lâcher ses coups). Classicisme (art grec et art français du 17e, art qui accorde une place primordiale à l’harmonie et à la raison, se méfiant des sentiments) et romantisme (place aux sentiments). N. valorise le classicisme comme réalisation du « grand style ». Le triomphe des classiques grecs et français consiste à combattre victorieusement ce que N. nomme encore de façon significative « cette plèbe sensuelle » dont les peintres et les musiciens « modernes », c’est-à-dire les romantiques, font si volontiers les personnages de leurs œuvres. Le héros romantique est un être déchiré par conséquent affaibli par ses passions intérieures. III. Une pensée inédite du salut : la doctrine de l’amor fati (l’amour de l’instant présent, du « destin »), l’ « innocence du devenir » et l’éternel retour. Les doctrines du salut sont à ses yeux une expression achevée du nihilisme, c’est-à-dire, de la négation de « l’ici-bas bien vivant » au nom d’un prétendu « au-delà idéel » qui lui serait supérieur ; une inimitié à l’égard de la vie. Le sens de l’éternel retour : une doctrine du salut enfin totalement terrestre, sans idoles, sans idéal transcendant (humanité, révolution, idéologies collectives au nom desquelles il faut transformer le monde, etc) et sans Dieu. Cela donne un critère enfin terrestre de sélection de ce qui mérite d’être vécu et de ce qui ne le mérite pas. « Vis comme si tu devais souhaiter revivre, car tu revivras, mais sache bien où est ta préférence et ne recule devant aucun moyen, il y va de l’éternité ». Vivre de telle façon que les regrets et les remords n’aient plus aucune place. La doctrine de l’amor fati (amour de ce qui est au présent) : fuir le poids du passé comme les promesses de l’avenir, dans le sentiment accompli qu’il n’y a plus de différence entre le présent et l’éternité. L’innoncence du devenir ou la victoire sur la peur de la mort. Ne rien vouloir d’autre que ce qui est. (la formule pourrait être signée par Epictète ou Marc Aurèle, mais contrairement à eux le monde n’est pas harmonieux et rationnel). Cet amour du destin ne vaut qu’après application des exigences très sélectives de l’éternel retour. Dans le grand style, dans l’intensité la plus haute, tout nous serait bon. L’innocence du devenir ou la victoire sur la peur de la mort La doctrine de l’amor fati culmine dans l’idéal d’une déculpabilisation totale, qui ouvre à une totale sérénité. Il n’y a ni fin, ni lieu, ni sens, ni être, à qui ou à quoi nous pourrions imputer notre être et notre manière d’être, en cela consiste l’innocence de tout ce qui est. Critiques et interprétations de Nietzsche 1. Pour L. Ferry, s’il faut dire oui à tout, aimer le monde tel qu’il est, il est des choses qui sont impossibles à aimer : le monde a parfois des horreurs, et les tortionnaires ne peuvent être aimés ?! Ce serait être complice du mal, collaborer au mal. Ce n’est pas praticable. - 16 - Ma réponse : Aimer n’est pas dire oui à tout ! Aimer le monde avec ses horreurs n’est pas démissionner, n’est pas cautionner ces horreurs ! 2. Alors que N. dénonce les idoles, les idéaux, il en reconstitue un dans sa doctrine de l’amor fati. En conclusion sur Nietzsche : La généalogie comme nouvelle théorie, le grand style comme morale encore inédite et l’innocence du devenir comme doctrine du salut sans Dieu ni idéal forment un tout cohérent. En prétendant déconstruire la notion même d’idéal, la pensée de N. ouvrre la voie aux grands matérialismes du 20e siècle, à ces pensées de l’immanence radicale de l’être au monde qui, pour présenter les mêmes défauts que leur modèle d’origine, n’en constitueront pas moins une longue et féconde postérité. Trois interprétations sérieuses possibles de la pensée de Nietzsche : 1. Y voir une forme radicale d’anti-humanisme, une déconstruction sans précédent des idéaux qui furent ceux de la philosophie des Lumières. Pas un hasard qu’il ait servi d’inspiration à Hitler, ou au gauchisme culturel des années soixante dans la haine de la démocratie et de l’humanisme. 2. Y voir tout à l’inverse, le prolongateur de la philosophie des Lumières, un héritier de Voltaire et des moralistes français du 18e, car il les prolonge en critiquant religion, tradition, Ancien Régime, en mettant en évidence les intérêts inavouables et les hypocrisies cachées. 3. Y voir celui qui accompagne la naissance d’un nouveau monde dans lequel les notions de sens et d’idéal vont disparaître au profit de la seule logique de la volonté de puissance. (Heidegger) Si dans le grand style, le seul critère qui subsiste encore pour définir la vie bonne est la « volonté de puissance », le critère de l’intensité, de la force pour la force, au détriment de tous les idéaux supérieurs, une fois passé le bonheur de déconstruire, n’est-ce pas vouer le monde contemporain au pur cynisme, aux lois aveugles du marché et de la compétition mondialisée ?! - 17 - Chapitre VI : Après la déconstruction. La philosophie contemporaine P.228-292 Lc F. commence par dire pourquoi on ne peut revenir en arrière : La déconstruction des idoles de la métaphysique a dévoilé trop de choses pour que nous n’en tenions pas compte Un certain désenchantement du monde a eu lieu, mais de nouvelles formes de lucidité, de liberté aussi l’ont accompagné. Une première possibilité pour la philosophie contemporaine : poursuivre dans la voie de la déconstruction ouverte par Nietzsche, Marx et Freud ; déconstruction à laquelle les sciences ont participé. Même si la philosophie ne saurait se réduire à ce mouvement, ainsi : La philosophie analytique qui s’intéresse au fonctionnement des sciences s’inscrit dans ce mouvement Des philosophes comme Jürgen Habermas, Karl Otto Appel, Karl Popper (p. 231) Mais quand même Althusser, Lacan, Foucault, Deleuze, Derrida ont poursuivi la philosophie déconstructiviste. Si la déconstruction se renverse en cynisme, si la critique des idoles sacralise le monde tel qu’il est (amor fati de Nietzsche qui se prosterne devant le réel comme il va : mort de tous les idéaux supérieurs => disparition des utopies et nouvel asservissement à la dure réalité de la mondialisation), comment la dépasser à son tour ? p.234-235 : L’avènement du « monde de la technique » selon Heidegger (pourtant un des pères fondateurs de la déconstruction, mais sa pensée n’est pas une philosophie hostile à l’idée même de transcendance, une « généalogie » soucieuse de prouver que les idées sont toutes et sans reste produites par des intérêts inavoués et inavouables) : le retrait de la question du sens (un monde privé de signification et de direction, l’histoire se meut hors de la volonté des hommes, par la contrainte du capitalisme mondialisé, mort des idoles, mouvement pour le mouvement sans sens, dépossession sur l’histoire, absence de finalité : non-sens). Heidegger explique qu’il est impossible d’en rester à l’attitude Nietzschéenne si l’on ne veut pas se rendre purement et simplement complice de la mondialisation capitaliste. p. 237 : Selon Heidegger « l’univers contemporain est le résultat d’un processus qui prend son essor dans la science du XVIIe sc. pour s’étendre peu à peu à tous les domaines de la vie démocratique ». Le projet de maîtrise de la nature et de l’histoire qui accompagne la naissance du monde moderne et donne tout son sens à l’idée démocratique, va finalement se renverser en son exact contraire. La démocratie nous promettait la possibilité de prendre enfin part à la construction collective d’un univers plus juste et plus libre, or nous perdons aujourd’hui presque tout contrôle sur le cours du monde. 1. apparition de la science moderne => l’homme « comme » maître et possesseur de la nature sur le plan intellectuel, théorique (connaissance du monde), mais aussi sur le plan pratique : la désacralisation de la nature fait que rien ne nous interdit plus de l’utiliser comme bon nous semble pour réaliser les fins qui sont les nôtres. Mais malgré tout au 17e et 18e sc, le projet de maîtrise scientifique reste soumis à la réalisation de certaines finalités, de certains objectifs considérés comme profitables pour l’humanité : la liberté et le bonheur. De la différence entre la science moderne et la technique contemporaine (p.240) : conviction que la science va émanciper l’humanité de la superstition et de l’obscurantisme moyenâgeux. Victoire de la raison contre la religion et toute forme d’autorité. Mais aussi libération des servitudes naturelles et utilisation de la nature à notre profit. D’où l’idée d’un bonheur conquis par la science. Donc la science permet la liberté, le bonheur, donc le progrès de la civilisation. 2. La technique contemporaine : la raison se réduit à une pure raison instrumentale ou technique ne prenant en considération que les moyens (instrument) au détriment des fins. (le développement de la technologie du téléphone portable seul et unique résultat de la compétition elle-même = mondialisation=le mvt. des sociétés se réduit au seul résultat mécanique de la libre concurrence « benchmarking »). - 18 - Le passage de la science à la technique : la mort des grands idéaux ou la disparition des fins au profit des moyens. La puissance des hommes sur le monde est devenue un processus totalement automatique, incontrôlable et même aveugle puisqu’il dépasse de toute part les volontés individuelles conscientes. La technique se réduit à un processus définalisé, dépourvu de tout espèce d’objectif défini : à la limite, plus personne ne sait où nous mène le cours du monde car il est mécaniquement produit par la compétition et nullement dirigé par la volonté consciente des hommes regroupés collectivement autour d’un projet, au sein d’une société qui , au siècle dernier encore, pouvait s’appeler res publica, république : étymologiquement, « affaire » ou « cause commune ». Il ne s’agit plus de dominer la nature ou la société pour être plus libre et plus heureux, mais de maîtriser pour maîtriser, de dominer pour dominer. Pour rien ou plutôt parce qu’il est tout simplement impossible de faire autrement étant donné la nature de sociétés de part en part animées par la compétition, par l’obligation absolue de « progresser ou de périr ». Pour la première fois dans l’histoire de la vie, une espèce vivante détient les moyens de détruire la planète tout entière et cette espèce ne sait pas où elle va ! Ses pouvoirs de transformation et, le cas échéant, de destruction du monde sont désormais gigantesques, mais comme un géant qui aurait le cerveau d’un nourrisson, ils sont totalement dissociés d’une réflexion sur la sagesse –tandis que la philosophie ellemême s’en éloigne à grands pas, saisie qu’elle est, elle aussi, par la passion technicienne. P.246 : Heidegger a raison, Nietzche est bien, par excellence, le « penseur de la technique », celui qui, comme nul autre, accompagne le désenchantement du monde, l’éclipse du sens, la disparition des idéaux supérieurs au profit de la seule et unique logique de la volonté de puissance. 3. L’urgence n’est certes plus de s’en prendre à des « pouvoirs » désormais introuvables tant le cours de l’histoire est devenu mécanique et anonyme, mais au contraire, de faire surgir de nouvelles idées, voire de nouveaux idéaux, afin de retrouver un minimum de pouvoir sur le cours du monde. Vouloir déconstruire encore et toujours les idoles, chercher pour la énième fois à renverser le « Pouvoir » avec un grand P, ce n’et plus tant œuvrer à l’émancipation des hommes que se rendre involontairement complice d’une mondialisation aveugle et insensée. Il s’agit de reprende la main, maîtriser la maitrise. (Heidegger doutait que la démocratie était à la hauteur d’un tel défi, c’est pourquoi il est tombé dans le nazisme, régime autoritaire. Puis à la fin de sa vie, il s’est détaché de tout volontarisme pour une attitude tout aussi impardonnable de « retrait ».). p. 248 : Deux voies possibles pour la philosophie contemporaine : devenir une « discipline technique » à l’université ou s’engager enfin à penser l’humanisme après la déconstruction. Discipline technique : spécialisation en secteurs particuliers : philosophie des sciences, de la logique, du droit, de la morale, de la religion, etc. mimant à tout prix le modèle des sciences dures qui elles-mêmes sont devenues des techno-sciences plus soucieuses de leurs retombées concrètes, économiques et commerciales que de questions fondamentales. La finalité la plus haute de la philosophie universitaire serait une finalité morale : éclairer la discussion publique, favoriser les argumentations rationnelles dans le but de faire en sorte que l’on aille dans le bon sens. Et pour bien y parvenir, elle pense, par probité intellectuelle, qu’il lui faut se spécialiser sur des sujets bien précis, des sujets sur lesquels le philosophe, devenu en vérité professeur de philosophie, finit par acquérir une compétence particulière. C’EST REDUCTEUR PAR RAPPPORT A L’IDEAL QUI FUT CELUI DE TOUS LES GRANDS PHILOSOPHES DEPUIS PLATON JUSQU'A NIETZSCHE COMME SI LA REFLEXION CRITIQUE ET LA MORALE, L’ERUDITION ETAIENT LES HORIZONS ULTIMES DE LA PENSEE PHILOSOPHIQUE. PLUS QUESTION DE PARLER DE SENS, DE VIE BONNE, D’AMOUR DE LA SAGESSE, ENCORE MOINS DE SALUT ! P. 252 : Pourquoi chercher à penser, après la déconstruction, les bases d’un humanisme débarrassé des « idoles » de la métaphysique moderne ? L’échec du matérialisme André Comte Sponville repense un nouvel humanisme mais sur la base d’une déconstruction radicale des prétentions de l’humanisme à la transcendance des idéaux. Comme Nietzsche, il prône que les « idoles » sont - 19 - illusoires, que seule une sagesse de l’immanence radicale est possible. Il s’inscrit bien dans l’amor fati (se réconcilier avec le monde tel qu’il est). Il critique radicalement l’espérance : « espérer un peu moins, pour aimer un peu plus ». Tel est la clef du salut. Espérer c’est désirer sans jouir (nous ne possédons pas les objets de nos espérances), sans savoir (si nous savions quand et comment les objets de nos espoirs allaient nous advenir, nous nous contenterions sans noul doute de les attendre), sans pouvoir (frustration, ignorance, impuissance sont les caractéristiques majeures de l’espérance). Le matérialisme reprend des sagesses grecques, l’idée du carpe diem, qu’on retrouve aussi dans le bouddhisme. Seul la vie ici et maintenant vaut la peine d’être vécue. Pas de nostalgie du passé, ni d’espérance d’un futur. Dans l’amor fati on peut parler de spiritualité matérialiste. CE EN QUOI LC FERRY NE PEUT ADHERER : « QU’IL FAILLE AIMER EN TOUTE CIRCONSTANCE LE REEL ME PARAIT TOUT SIMPLEMENT IMPOSSIBLE, ABSURDE, OBSCENE (COMMENT AIMER LES CAMPS DE CONCENTRATION ET NE PAS AGIR EN FAISANT JOUER MON LIBRE ARBITRE). COMME L’HUMANISME, IL VEUT ASSUMER PLEINEMENT LE PROBLEME DE LA TRANSCENDANCE : IL EN NOUS QUELQUE CHOSE QUI EST COMME EN EXCES PAR RAPPORT A LA NATURE ET A L’HISTOIRE. (P.256-257) Juger implique que tu te penses libre. Marx ou Nietzsche n’arrêtent pas de juger, condamner ; donc ils se contredisent. P260 : critique que fait Ferry du matérialisme : le matérialisme ne parvient pas à penser sa propre pensée = il ne peut pas se croire libre et requis par des valeurs supérieures à la nature et à l’histoire.. 1. le matérialisme affirme que nous ne sommes pas libres (généalogie qui nous guide), et en même temps il ne cesse de nous inviter à faire la révolution, à changer 2. Le matérialisme affirme l’amor fati (l’amour du monde tel qu’il est) et en même temps, il ne cesse de nous inviter à le changer dans l’espérance d’un monde meilleur. 1. P. 261 Théoria : vers une pensée inédite de la transcendance : transcendance dans l’immanence . De la théoria comme « autoréflexion » L’humanisme plonge ses racines dans la pensée de Kant et s’épanouit avec Husserl (pas d’omniscience car tout visible se donne toujours sur fond d’invisible (cube à 6 faces dont nous ne pouvons voir que 3 faces à la fois ou horizon qui se déplace sans fin quand j’avance). Pour rappel on a vu la transcendance du cosmos grec, puis la transcendance des grands monothéismes Dans l’humanisme contemporain il y a place pour une transcendance non de besoin, mais nous ne pouvons en faire l’économie : transcendance dans l’immanence - transcendance en nous de liberté par rapport aux codes de la nature - transcendance hors de nous : valeurs qui nous guident et nous animent que nous n’inventons pas (l’amour, la beauté de la nature, la vérité, la justice). C’est un constat, une dimension incontestable de l’existence humaine inscrite au cœur même du réel. En ce sens, elle est non métaphysique, postnietzschéenne. Vers une pensée inédite de la Transcendance : transcendance dans l’immanence : il y a quelque chose qui nous échappe toujours au sein même de ce qui nous est donné, que nous voyons et touchons, donc, au cœur même de l’immanence. C’est bien en moi, dans ma pensée ou dans ma sensibilité, que la transcendance des valeurs se manifeste. Quoique situées en moi (immanence), tout se passe comme si elles s’imposaient (transcendance) malgré tout à ma subjectivité, comme si elles venaient d’ailleurs. Mais ces valeurs ne sont plus imposées à nous au nom des arguments d’autorité ni déduites de quelque fiction métaphysique ou théologique. C’est la phénoménologie de Husserl : description brute de la transcendance telle qu’elle s’est en quelque sorte installée au cœur de ma subjectivité. Donc, il s’agit d’une connaissance centrée sur la conscience de soi, c’est pourquoi on parle d’autoréflexion. L’humanisme contemporain va tout faire pour tâcher de réfléchir à la signification de ses propres affirmations, pour en prendre conscience, les critiquer, les évaluer. L’esprit critique qui caractérisait déjà la philosophie moderne à partir de Descartes va franchir encore un pas supplémentaire : au lieu de s’appliquer seulement aux autres, il va enfin systématiquement s’appliquer à lui- - 20 - même. D’où l’essor des sciences historiques : en s’inspirant de la psychanalyse, en pratiquant l’autoréflexion, nous allons mieux comprendre notre présent et mieux orienter notre avenir. 2. P. 271 Une morale fondée sur la sacralisation d’autrui : la divinisation de l’humain La problématique morale fait son apparition dès l’instant où un être humain pose des valeurs supérieures à la vie, des valeurs sacrificielles (pour laquelle ça vaut la peine de se sacrifier). Mais les motifs traditionnels du sacrifice ont fait long feu (Dieu, Patrie, révolution prolétarienne), pour être remplacés par des transcendances enracinées dans l’humain (défendre la liberté de ceux que nous aimons pourrait encore valoir de se sacrifier). D’une part on assiste à l’humanisation du divin (la déclaration des droits de l’homme, c’est du christianisme sécularisé = reprise du contenu de la religion chrétienne sans que la croyance en Dieu soit une obligation) et d’autre part à la divinisation ou sacralisation de l’humain (cfr ci-dessus : défendre la liberté de ceux que nous aimons pourrait encore valoir de se sacrifier ou l’exemple d’Henri Dunant, fondateur de la croix rouge : traiter notre propre ennenmi, une fois réduit à l’état d’être humain inoffensif comme blessé sur le champ de bataille, de la même manière que s’il était notre ami : héritage du christianisme sans croyance en Dieu). Bref reconnaître dans son expérience intime l’existence de valeurs qui engagent absolument tout en s’attachant sur le plan théorique à défendre une morale relativiste, rabaissant cet absolu au statut d’une simple illusion à surmonter. 3. P. 276 Repenser la question du salut : à quoi sert de grandir ? Repenser la problématique de la sagesse en 3 points : L’exigence de la pensée élargie Elle ne désigne plus simplement comme chez Kant, une exigence de l’esprit critique : se mettre à la place des autres pour mieux comprendre leur point de vue, mais en plus tenter en un mouvement de retour à soi, de regarder ses propres jugements du point de vue qui pourrait être celui des autres. L’esprit élargi parvient, en se plaçant autant qu’il est possible du point de vue d’autrui, à contempler le monde en spectateur intéressé et bienveillant et pour prendre conscience de soi et enrichir ses propres vues. Cette notion de pensée élargie prolonge celle de perfectibilité de Rousseau. Toutes deux supposent l’idée de liberté entendue comme la faculté de s’arracher à sa condition particulière pour accéder à plus d’universalité, pour entrer dans une histoire individuelle ou collective, ce qui conduit à l’humanisation de l’humain, véritable sens de la vie. (exemple des textes de Naipaul p. 278-279 : s’arracher à l’égocentrisme, nous avons des besoins des autres pour nous comprendre nous-mêmes, besoins de leur liberté, de leur bonheur pour accomplir notre propre vie). A quoi sert de vieillir ? A élargir la vue, apprendre à aimer la singularité des êtres comme celle des œuvres (car connaître c’est aimer), et vivre parfois, lorsque cet amour est intense, l’abolissement du temps que nous donne sa présence. En quoi nous parvenons, mais seulement par moments, comme nous y invitiaient les Grecs, à nous affranchir de la tyrannie du passé et de l’avenir pour habiter ce présent enfin déculpabilisé et serein dont tu as maintenant compris qu’il était alors un moment d’éternité, comme un instant où la crainte de la mort n’est enfin plus rien pour nous. C’est en ce point que la question du sens et du salut se rejoignent. La sagesse de l’amour L’amour donne du sens car entre ces deux réalités, le particulier (le point de départ, l’origine), et l’universel qui se confond à la limite avec l’humanité elle-même (abstrait, désincarné), il existe une place pour le singulier ou l’individuel (peut se rattacher directement à l’idéal de la pensée élargie). Or c’est ce dernier et lui seul qui est, tout à la fois, l’objet de nos amours et le porteur de sens . Nous n’aimons jamais le particulier en tant que tel, jamais non plus l’universel abstrait et vide. Ce que l’on aime en l’autre et que nous devons développer pour autrui comme en soi, ce n’est ni la particularité pure, ni les qualités abstraites, mais la singularité qui le distingue et le rend à nul autre pareil. Cette singularité n’est pas donnée à la naissance, elle se fabrique. La notion de singularité peut être rattachée directement à l’idéal de la pensée élargie : en m’arrachant à moi-même pour comprendre autrui, en élargissant le champ de mes expériences, je me singularise puisque je dépasse tout à la fois le particulier de ma condition d’origine pour accéder, sinon à l’universalité, du moins à une prise en compte chaque fois plus large et plus riche des possibilités qui sont celles de l’humanité tout entière. - 21 - Seul l’amour donne sa valeur et son sens ultimes à tout ce processus d’élargissement qui peut et doit guider l’expérience humaine, en quoi l’humanisme non métaphysique peut bien apparaître comme une sécularisation du christianisme. P288. C’est en ce point, à nouveau, que la question du sens rejoint celle du salut. Si l’arrachement au particulier et l’ouverture à l’universel forment une expérience singulière, si ce double processus tout à la fois singularise nos propres vies et nous donne accès à la singularité des autres, il nous offre en même temps que le moyen d’élargir la pensée celui de la mettre en contact avec des moments uniques, des moments de grâce d’où la crainte de la mort, toujours liée aux dimensions du temps extérieures au présent, est absente. Le deuil d’un être aimé Si l’on n’est pas croyant et que donc l’on ne croit pas aux retrouvailles des êtres aimés après la mort, alors il faut considérer autrement le deuil d’un être aimé. Bouddhisme et stoïcisme : ne pas s’attacher en fonction du non-attachement car imparmence des choses, du monde pour préserver la liberté. Vivre seul pour être libre. Christianisme : résurrection des corps, retrouvailles des êtres aimés après la mort Humanisme contemporain : développer sans illusion, en silence, juste pour soi une sagesse de l’amour. (Si l’on pense que le dialogue avec les êtres chers n’est pas infini, il faut en tirer les conséquences par exemple dans le rapport enfants-parents). Apprendre à vivre et à aimer en adultes, en pensant, s’il le faut, chaque jour à la mort, pour chercher ce qu’il convient de faire ici et maintenant, dans la joie, avec ceux que nous aimons et nous allons perdre à moins qu’ils ne nous perdent avant. En guise de conclusion Cette humanisme contemporain en ces 3 axes permet aussi la pluralité des philosophies ( par la pensée élargie qui intègreà mon compte la part de juste, de bon, de vrai ; le respect d’autrui n’exclut pas le choix personnel) et donc de dépasser le scepticisme (pluralité qui montre qu’il n’y a pas de vrai réponse aux questions philosophiques et dès lors philosopher est vain) ou le dogmatisme (ma vision est la meilleure) en philosophie. ------------------------------------------------------------------------ - 22 - Résumé général L. FERRY, « Apprendre à vivre, Traité de philosophie à l’usage des jeunes générations », édit. Plon, Paris, 2006 Théoria (teion – orao, voir le divin = nature de l’être ; + moyens, outils de connaissance, étude des processus de connaissance = épistémologie) Praxis/Pratique/ sphère éthique (rapport aux autres humains, comment nous comporter de manière vivable, utiles, digne, juste …) Sagesse/Salut/Sotériologie : finalité de notre vie, sens de notre vie, réponse par rapport à la finitude, au temps qui passe Stoic. L’essence la plus intime de l’être est divin, est le Cosmos, l’harmonie divine, le logos = un ordre harmonieux, divin, logique, au cœur de l’univers éternel. Moyen : l’intellect, la raison. Une justice qui prend l’ordre cosmique pour modèle. La nature est harmonieuse. Il faut l’imiter sur tous les plans esthétique, art, morale, politique. D’où les écoles philosophiques de l’époque insistent moins sur les paroles que sur les actes, moins sur les concepts que sur les excercices de sagesse. Chrét. Le divin cesse de s’identifier à l’ordre cosmique pour s’incarner dans une personne – Le Christ ; la religion nous invite à limiter l’usage de la raison pour faire place à la foi. L’être suprême est un Dieu personnel et transcendant. Moyen de le rejoindre : la foi Liberté, égalité, fraternité, la naissance de l’idée moderne d’humanité 1. La liberté de choix, le « libre arbitre » devient fondement de la morale et la notion d’égale dignité de tous les êtres humains, fait sa première apparition. Le monde grec était fondamentalement un monde aristocratique, un univers hiérarchisé dans lequel les meilleurs par nature devaient en principe être « en haut », tandis que les moins bons se voyaient réserver les rangs inférieurs (esclavage). Avec le christianisme, nous sortons de l’univers aristocratique pour entrer dans celui de la « méritocratie », on valorise le mérite que chacun déploie dans l’usage des qualités naturelles qui c’est vrai sont inégalement données. 2. Le for intérieur, la conscience, l’esprit, est plus important que l’observance littérale à la loi de la cité qui ne reste qu’une loi extérieure. 3. L’idée moderne d’humanité. Fondée sur l’égale dignité de tous les êtres humains, elle va prendre une connation éthique qu’elle ne possédait pas auparavant. Nous sommes tous frères. L’humanité est une, universaliste. De l’amour de la sagesse à la pratique de la sagesse : la mort n’est pas à craindre, elle n’est qu’un passage car nous sommes un fragment éternel du cosmos. Vivre dans l’instant présent. Espérer un peu moins, aimer un peu plus. Plaidoyer pour le « non-attachement » aux possessions du monde. Quand la catastrophe aura eu lieu, je m’y serai préparé » : une pensée du salut qui doit s’écrire au futur antérieur. Une doctrine du salut par l’amour qui nous promet enfin l’immortalité personnelle. Une immortalité enfin singulière, la résurrection des corps (dans un corps glorieux) comme point culminant de la doctrine chrétienne du salut, qui s’appuie sur la foi en la Résurrection du Christ. Là où pour le sage bouddhiste, l’individu n’est qu’une illusion, un agrégat provisoire voué à la dissolution et à l’impermanence, là où, pour le stoïcien, le moi est voué à se fondre dans la totalité du cosmos, le christianisme promet au contraire l’immortalité de la personne singulière, corps et âme. Et c’est par l’amour (là où pour les autres l’amour faisait problème) en Dieu de soi, des autres, de ses proches que cela passe ! En ce sens même si c’est secondaire, il n’y a pas de dévalorisation du corps dans la doctrine chrétienne. Ainsi donc c’est la mort elle-même, et non seulement les peurs qu’elle suscite en nous qui est vaincue. Mod. Un ordre du monde qui n’est plus donné, mais construit. Newton, Kant : l’univers est un tissu de forces. Moyen de comprendre Si le modèle à imiter n’est plus donné, comme l’était la nature des Anciens, il faut désormais l’inventer. L’homme est désormais au centre de la réflexion comme acteur, chercheur de sens et de cohérence dans un monde à construire, un monde chaotique, infini …. et non plus le cosmos et la divinité (remis en cause comme dit Les 3 parties d/l philos. sel. L. Ferry Les 5 syst. philos. maj. qui se sont succéd ds l’hist. occ. 1 - Les religions du salut terrestre : le scientisme (Jules Verne), le patriotisme/le nationalisme, le communisme (Lénine/Staline) (Nietzsche parlera des trois idoles) : spiritualités sans Dieu, idéologies d’athéisme radical (sans idéal extérieur à l’humanité) qui se sont accrochés à des idéaux susceptibles de l’univers : la raison qui dégage des lois, cherche encore à trouver une unité, une cohérence, de l’ordre, de la rationalité, de la logique. La science comme un travail d’association, de synthèse, relier les causes et les effets. Postmod. Nietzsche : a-théoria : déconstruction ou généalogie = mettre à jour l’origine cachée des valeurs ou idées qui se veulent intouchables, sacrées, dévoiler leur origine très terrestre, mais c’est un abîme sans fond. Le réel est un chaos : un vaste champ d’énergie, comme un tissu de forces ou de pulsions dont la multiplicité infinie et plus haut). La déclaration des droits de l’Homme en 1789 en est le symbole : L’Homme est le seul être sur cette Terre qui soit vraiment digne de respect, mais elle pose l’égalité de tous les êtres humains = humanisme philosophique. C’est pourquoi la première question qui a préoccupé les philosophes du 17 et 18e sc : quel est le propre de l’Homme par rapport à l’animal. Rousseau : le critère de différenciation est la capacité de LIBERTE ou la PERFECTIBILITE. Les hommes seuls êtres porteurs d’histoire, d’égale dignité et d’inquiétude morale. C’est parce qu’il est libre de tout code naturel, qu’il peut s’écarter du réel, qu’il peut alors juger ce réel bon ou mauvais. Sartre reprendra cette idée en disant que l’existence précède l’essence ; l’existentialisme est un humanisme ; aucune essence ne prédétermine l’Homme. -L’héritage de Rousseau : une définition de l’homme comme « animal dé-naturé ». -La morale kantienne et les fondements de l’idée républicaine : Liberté, action désintéressée, intérêt général, trois mots cléfs qui définissent le « devoir »/ « les impératifs catégoriques », car ils supposent une résistance, un combat contre la naturalité/l’animalité en nous. Cette éthique repose tout entière sur l’idée du mérite, car il y a du mérite à bien agir, à préférer l’intérêt général à l’intérêt particulier, le bien commun à l’égoïsme. « règne des fins », car les humains sont traités comme des fins et non plus des moyens. L’Homme est le centre de l’Univers, l’être par excellence digne d’un absolu respect. La vertu ou l’excellence se réalise à la perfection dans un juste milieu. - Le « cogito » de Descartes ou la première origine de la philosophie moderne. « Je pense donc je suis » ouvre une nouvelle époque, celle de l’humanisme moderne au sein duquel ce qu’on va appeler la « subjectivité » va devenir reine. Le sujet est l’Homme. Il introduit le doute méthodique comme une force face à la disparition des mondes anciens. Il remet tout en doute, et la première certitude qui s’impose c’est que si je pense, même si je doute, je suis quelque chose qui existe. Nietzsche rejette avec violence tout projet d’amélioration du monde. Il s’est défini comme « l’immoraliste » par excellence. C’est cette conciliation entre force réactive et force active qui est, aux yeux de Nietzsche, le nouvel idéal, l’idéal enfin acceptable. « La grandeur ». C’est quand les forces vitales sont enfin harmonisées et hiérarchisées, et par là atteignent d’un même élan, la plus grande intensité en même temps que la plus parfaite élégance. Concilier raison et passion, « spiritualiser », c’est-à-dire domestiquer les forces réactives au lieu de les rejeter bêtement. (notamment en conservant le christianisme lui qui se considère pourtant comme l’antichrist. Ainsi la vie sera intense, riche de diversité, -2- donner un sens à l’existence humaine, voire de justifier que l’on meurt pour eux, trois façons de sauver sa vie ou de justifier sa mort pour une cause supérieure, ce qui revient au même. Sécularisation du monde, humanisation du monde qui commence à être sacralisée au point d’accèder à son tour au statut de principe transcendant : l’humanité dans sa globalité, l’intérêt général prévaut sur l’intérêt particulier. -Kant dans le sillage de Rousseau lance l’idée de « pensée élargie » comme sens de la vie humaine = pensée qui parvient à s’arracher à sa situation particulière d’origine pour s’élever jusqu’à la compréhension d’autrui, pour s’élever à un plus d’humanisme. (Contraire de l’esprit borné, rivé à sa communauté). Si connaître et aimer ne font qu’un, tu entres en élargissant l’horizon, en te cultivant, dans une dimension de l’existence humaine qui la « justifie » et lui donne un sens –tout à la fois signification et une direction. Même si cette idée ne nous sauve plus de la mort – mais quelle idée le pourrait – elle donne au moins du sens au fait de l’affronter. DISCOURS ENFIN DESILLUSIONNE. Le sens de l’éternel retour : une doctrine du salut enfin totalement terrestre, sans idoles, sans idéal transcendant (humanité, révolution, idéologies collectives au nom desquelles il faut transformer le monde, etc) et sans Dieu. Cela donne un critère enfin terrestre de sélection de ce qui mérite d’être vécu et de ce qui ne le mérite pas. « Vis comme si tu devais souhaiter revivre, car tu revivras, mais sache bien où est ta préférence et ne recule devant aucun moyen, il y va de l’éternité ». Vivre de telle façon que les regrets et les remords n’aient plus aucune place. La doctrine de l’amor fati (amour de ce chaotique est irréductible à l’unité. Ensemble des forces réactives et actives. intégrative des confiits, puissante, d’où ce qu’il nomme la volonté de puissance. La volonté de puissance comme « essence la plus intime de l’être ». Rien à voir avec la volonté de conquérir, d’avoir de l’argent et du pouvoir, mais le désir profond d’une intensité maximum de vie, d’une vie qui ne soit plus appauvrie, affaiblie parce que déchirée par les déchirements internes (peurs, remords, regrets, culpabilité, etc), mais qui soit au contraire la plus intense et la plus vivante possible. Le « grand style » est le geste libre par opposition au geste « coincé »(ex. sport) qui est au présent) : fuir le poids du passé comme les promesses de l’avenir, dans le sentiment accompli qu’il n’y a plus de différence entre le présent et l’éternité. L’innoncence du devenir ou la victoire sur la peur de la mort. Ne rien vouloir d’autre que ce qui est. (la formule pourrait être signée par Epictète ou Marc Aurèle, mais contrairement à eux le monde n’est pas harmonieux et rationnel). Cet amour du destin ne vaut qu’après application des exigences très sélectives de l’éternel retour. Dans le grand style, dans l’intensité la plus haute, tout nous serait bon. L’innocence du devenir ou la victoire sur la peur de la mort La doctrine de l’amor fati culmine dans l’idéal d’une déculpabilisation totale, qui ouvre à une totale sérénité. Il n’y a ni fin, ni lieu, ni sens, ni être, à qui ou à quoi nous pourrions imputer notre être et notre manière d’être, en cela consiste l’innocence de tout ce qui est. Humanism e contempor ain ou Humanism e nonmétaphysi que ou Humanism e postNietzschée n débarrassé des idoles de la métaphysi que Vers une pensée inédite de la Transcendance : transcendance dans l’immanence : il y a quelque chose qui nous échappe toujours au sein même de ce qui nous est donné, que nous voyons et touchons, donc, au cœur même de l’immanence. C’est bien en moi, dans ma pensée ou dans ma sensibilité, que la transcendance des valeurs se manifeste. Quoique situées en moi (immanence), tout se passe comme si elles s’imposaient (transcendance) malgré tout à ma subjectivité, comme si elles venaient d’ailleurs. Mais ces valeurs ne sont plus imposées à nous au nom des arguments d’autorité ni déduites de quelque fiction métaphysique ou théologique. C’est la La problématique morale fait son apparition dès l’instant où un être humain pose des valeurs supérieures à la vie, des valeurs sacrificielles (pour laquelle ça vaut la peine de se sacrifier). Mais les motifs traditionnels du sacrifice ont fait long feu (Dieu, Patrie, révolution prolétarienne), pour être remplacés par des transcendances enracinées dans l’humain (défendre la liberté de ceux que nous aimons pourrait encore valoir de se sacrifier). D’une part on assiste à l’humanisation du divin (la déclaration des droits de l’homme, c’est du christianisme sécularisé = reprise du contenu de la religion chrétienne sans que la croyance en Dieu soit une obligation) et d’autre part à la divinisation ou sacralisation de l’humain (cfr ci-dessus : défendre la liberté de ceux que nous aimons pourrait encore valoir de se sacrifier ou l’exemple d’Henri Dunant, fondateur de la croix rouge : traiter notre propre ennenmi, une fois réduit à l’état d’être humain inoffensif comme blessé sur le champ de bataille, de la même manière que s’il était notre ami : héritage du christianisme sans croyance en Dieu). Bref reconnaître dans son expérience intime l’existence de valeurs qui engagent absolument tout en s’attachant sur le plan théorique à défendre une morale relativiste, rabaissant cet absolu au statut d’une simple illusion à surmonter. -3- Repenser la problématique de la sagesse en 3 points : L’exigence de la pensée élargie L’esprit élargi parvient, en se plaçant autant qu’il est possible du point de vue d’autrui, à contempler le monde en spectateur intéressé et bienveillant et pour prendre conscience de soi et enrichir ses propres vues. Cette notion suppose l’idée de liberté entendue comme la faculté de s’arracher à sa condition particulière pour accéder à plus d’universalité, pour entrer dans une histoire individuelle ou collective, ce qui conduit à l’humanisation de l’humain, véritable sens de la vie. La sagesse de l’amour L’amour donne du sens car entre ces deux réalités, le particulier (le point de départ, l’origine), et l’universel qui se confond à la limite avec l’humanité elle-même (abstrait, désincarné), il existe une place pour le singulier ou l’individuel (peut se rattacher directement à l’idéal de la pensée élargie). Or c’est ce dernier et lui seul qui est, tout à la fois, l’objet de nos amours et le porteur de sens . Nous n’aimons jamais le particulier en tant que tel, jamais non plus l’universel abstrait et vide. Ce que l’on aime en l’autre et que nous devons développer pour autrui comme en soi, ce n’est ni la particularité pure, ni les qualités abstraites, mais la phénoménologie de Husserl : description brute de la transcendance telle qu’elle s’est en quelque sorte installée au cœur de ma subjectivité. singularité qui le distingue et le rend à nul autre pareil. Cette singularité n’est pas donnée à la naissance, elle se fabrique. La notion de singularité peut être rattachée directement à l’idéal de la pensée élargie : en m’arrachant à moimême pour comprendre autrui, en élargissant le champ de mes expériences, je me singularise puisque je dépasse tout à la fois le particulier de ma condition d’origine pour accéder, sinon à l’universalité, du moins à une prise en compte chaque fois plus large et plus riche des possibilités qui sont celles de l’humanité tout entière. Donc, il s’agit d’une connaissance centrée sur la conscience de soi, c’est pourquoi on parle d’autoréflexion. L’humanisme contemporain va tout faire pour tâcher de réfléchir à la signification de ses propres affirmations, pour en prendre conscience, les critiquer, les évaluer. L’esprit critique qui caractérisait déjà la philosophie moderne à partir de Descartes va franchir encore un pas supplémentaire : au lieu de s’appliquer seulement aux autres, il va enfin systématiquement s’appliquer à luimême. Seul l’amour donne sa valeur et son sens ultimes à tout ce processus d’élargissement qui peut et doit guider l’expérience humaine, en quoi l’humanisme non métaphysique peut bien apparaître comme une sécularisation du christianisme. P288. C’est en ce point, à nouveau, que la question du sens rejoint celle du salut. Si l’arrachement au particulier et l’ouverture à l’universel forment une expérience singulière, si ce double processus tout à la fois singularise nos propres vies et nous donne accès à la singularité des autres, il nous offre en même temps que le moyen d’élargir la pensée celui de la mettre en contact avec des moments uniques, des moments de grâce d’où la crainte de la mort, toujours liée aux dimensions du temps extérieures au présent, est absente. Le deuil d’un être aimé Si l’on n’est pas croyant et que donc l’on ne croit pas aux retrouvailles des êtres aimés après la mort, alors il faut considérer autrement le deuil d’un être aimé : développer sans illusion, en silence, juste pour soi une sagesse de l’amour. Apprendre à vivre et à aimer en adultes, en pensant, s’il le faut, chaque jour à la mort, pour chercher ce qu’il convient de faire ici et maintenant, dans la joie, avec ceux que nous aimons et nous allons perdre à moins qu’ils ne nous perdent avant. -4- QUESTIONS SUR LE LIVRE L. FERRY, « Apprendre à vivre, Traité de philosophie à l’usage des jeunes générations », édit. Plon, Paris,2006 - Qu’avez-vous appris de manière générale à propos de la vie, de la marche et du sens du monde à travers ce livre ? - Quelles conclusions personnelles en tirez-vous aujourd’hui sur le rapport entre philosophie et foi ? - Quelles réflexions personnelles ce livre vous inspire t-il ? QUESTIONS POSSIBLES SUR LE CHAPITRE I : 1.1 Quelle est la définition de la philosphie que présente Luc Ferry dans ce chapitre 1 de son livre « Apprendre à vivre, Traité de philosophie à l’usage des jeunes générations », éd. Plon, 2006, p.15-31 ? Comparez celle-ci avec celle vue au cours ? Qu’en pensez-vous ? 1.2 Comment l’auteur envisage-t’il le rapport de la raison à la foi (ou vice-versa) ? Comparez celle-ci avec la vision qui se dégage des articles 1 à 13 vus au cours. Qu’en pensez-vous ? 1.3 Comment l’auteur envisage-t’il le rapport entre philosophie et religions ? Comparez celle-ci avec la vision qui se dégage des articles 1 à 13 vus au cours. Qu’en pensez-vous ? 1.4 D’après vous la proposition « je doute donc je crois », s’accorde-t’elle avec ce que l’auteur développe dans son chapitre sur la définition de la philosophie ? Pourquoi oui/non ? Qu’en pensez-vous ? 1.5 Pour ceux qui ont vu la pièce de théâtre en vidéo « Le visiteur » d’E.E. SCHMITT, en quoi retrouve-t-on dans l’athéisme de Freud, ce que dit aussi L. Ferry dans son chapitre sur la définition de la philosophie ? 1.6 Quels sont ces grands chapitres de la philosophie tels que nous les avons vus au cours (juste les nommer sans dire ce qu’il y a dedans). En quoi retrouve-t’on tout ou partie de ces chapitres dans la définition que donne Luc Ferry de la philosophie ? 1.7 Nous avons vu au cours « pas de philosophie sans histoire de la philosophie ». L’auteur est-il d’accord avec cette proposition. En quoi oui ou non ? QUESTIONS POSSIBLES SUR LE CHAPITRE II : 2.1 Qu’est-ce que le stoïcisme, situez le dans le temps, dans sa doctrine ? 2.2 Comment les stoïciens voient-ils le monde qui les entoure et qu’en tirent-ils comme conclusion sur le plan pratique et du point de vue de la sagesse ? 2.3 Certains disent que le monde a une âme ? Au fond ils ne font que reprendre une conception philosophique du passé. Laquelle ? Expliquez celle-ci. -1- 2.4 Définissez les mots : logos, hylozoïsme, panthéisme 2.5 « Tout ce qui arrive, arrive justement ; c’est ce que tu découvriras si tu observes les choses avec exactitude… comme si quelqu’un vous attribuait votre part suivant votre dû » Marc Aurèle Expliquez cette citation. Dans quelle conception philosophique se situe-t-elle ? Comment vous situez-vous par rapport à celle-ci ? Quel est le grand principe de tout le droit romain qui en découle ? 2.6 Pour les stoïciens le caractère divin du monde est « transcendance dans l’immanence ». Expliquez ce que cela veut dire ? Quelle différence avec le christianisme qui dit son Dieu transcendant et immanent ? 2.7 Comparez un courant CAD ou écologiste, dans leur doctrine, avec la doctrine des stoiciens ? Etes-vous d’accord avec L. Ferry quand il dit qu’aujourd’hui dans nos démocraties c’est la volonté des hommes, et non l’ordre naturel qui doit l’emporter sur toute autre considération et que nous doutons que la nature soit bonne ; au mieux elle est neutre, un matériau neutre qui n’est ni bon, ni mauvais moralement. P.46-47 2.8 Qu’est-ce que la sotériologie ? 2.9 Epictète : « … alors je ne serai plus ? Tu ne seras pas ce que tu es, mais autre chose dont le monde aura alors besoin. » (Les stoiciens, Paris, Gallimard, la pléiade, p. 1030). Commente cette citation en la resituant dans son courant philosophique et donne ton avis. 2.10 Quelle est la conception du salut et comment l’acquérir selon les stoiciens ? Qu’en penses-tu ? 2.11 Luc Ferry partage-t’il la réponse stoicienne du salut ? Quels sont ces arguments ? 2.12 En quoi le principe de l’impermanence des choses du bouddhisme tibétain rejoint-il le stoicisme ? 2.13 En quoi dans le stoicisme comme dans le bouddhisme, la dimension temporelle de la lutte contre l’angoisse de la mort est bien celle du « futur antérieur » ? (Quand le destin aura frappé, je m’y serai préparé) 2.14 Pourquoi et comment passe-t-on d’une vision du monde à une autre ? Pourquoi y a-t-il plusieurs philosophies qui semblent s’enchaîner les unes aux autres dans une histoire des idées, et non une seule pensée qui suffirait à traverser les âges et combler une fois pour toutes les êtres humains ? Répondez à partir de l’exemple du stoicisme et de la doctrine qui lui a succédé (bas p 67-68) QUESTIONS POSSIBLES SUR LE CHAPITRE III : 3.1 En quoi le christianisme va t-il supplanter le stoicisme sur le plan théorique ? 3.2 En quoi le christianisme va t-il supplanter le stoicisme sur le plan éthique ? 3.3 En quoi le christianisme va t-il supplanter le stoicisme sur le plan de la sagesse ? 3.4 En quoi le christianisme est-il à la source de la démocratie moderne ? 3.5 En quoi la philosophie contemporaine, bien qu’elle ne soit plus chrétienne, assume sans même s’en douter le statut servile et secondaire que lui fit subir la victoire du christianisme sur la pensée grecque ? 3.6 Comment se situe le christianisme vis-à-vis de l’amour-attachement ? Est-ce une conception proche de celle du stoicisme ? Est-ce une conception proche du bouddhisme, pourquoi ? -2- 3.7 En quoi la foi en la résurrection du Christ est-il le pilier de la doctrine chrétiene du salut, qui a permis de supplanter la philosophie de l’antiquité ? QUESTIONS POSSIBLES SUR LE CHAPITRE IV : 4.1 Expliquez en quoi Kant a jouer un rôle décisif dans la philosophie moderne ? 4.2 Expliquez en quoi la pensée de Rousseau propose la vision de l’Homme comme dé-naturé et quelles en sont les conséquences ? 4.3 Pourquoi parle-t-on de révolution éthique parallèle à celle au niveau théorique, à propos de la philosophie moderne ? Quelles en sont les conséquences au plan éthique ? 4.4 En quoi Sartre a-t-il repris l’héritage de la philosophie moderne ? 4.5 Expiquez la morale kantienne et les fondements de l’idée républicaine. En particulier quel est le sens du mot « devoir » et « impératifs catégoriques » ? 4.6 Quelle est la différence entre la morale aristocratique et la morale méritocratique ? Et quelles en sont les conséquences sur le plan politique ? 4.7 En quoi Descartes est-il vraiment celui qui va ouvrir la voie de la philosophie moderne. Quelles sont les idées fondamentales de ce changement de perspective ? 4.8 En quoi la philosophie moderne est une philosophie du « sujet », un humanisme, un anthropocentrisme. Et en quoi il se différencie radicalement de la philosophie grecque. 4.9 Cette philosophie moderne est-elle suffisante quant à la question du salut ? Quelles sont alors les réponses qui vont surgir (deux directions) 4.10 Quelle est la critique de Ferry par rapport à ces religions du salut terrestre ? 4.11 Que veut-on dire quand on parle de « Pensée élargie » comme réponse au sens de la vie, comme réponse à la question du salut ? 4.12 Que veut-on dire par « sécularisation du monde » ? 4.13 Avec Nietzsche on arrive à un « discours enfin désillusionné », que veut-on dire par là ? -3- QUESTIONS POSSIBLES SUR LE CHAPITRE V : 5.1 Qu’est-ce qui distinguent les post-modernes par rapport aux modernes ? 5.2 Résumer la pensée de Nietzsche puis resituer dans sa pensée les termes ou expressions suivantes : « généalogies », « déconstructeur », « philosopher avec un marteau », 5.3 Résumer la pensée de Nietzsche et en particulier resituer dans sa pensée les termes ou expressions suivantes : « les idoles », le « gai savoir », « son matérialisme », 5.4 Résumer la pensée de Nietzsche puis resituer dans sa pensée les termes ou expressions suivantes : « nihilisme », « il n’y a pas de fait, mais seulement des interprétations », « les forces réactives » et « les forces actives », 5.5 Résumer la pensée de Nietzsche puis resituer dans sa pensée les termes ou expressions suivantes : « la vision aristocratique du monde », « le culte du grand style », « la volonté de puissance comme l’essence la plus intime de l’être », 5.6 Résumer la pensée de Nietzsche puis resituer dans sa pensée les termes ou expressions suivantes : « la grandeur », « l’éternel retour », 5.7 Résumer la pensée de Nietzsche puis resituer dans sa pensée les termes ou expressions suivantes : « l’amor fati », « l’innocence du devenir ». 5.8 Faites une réflexion critique et personnelle de la pensée de Nietzsche en vous inspirant de la critique de Ferry. -4- QUESTIONS POSSIBLES SUR LE CHAPITRE VI : 6.1 Explique et développe cette idée que selon Heidegger « l’univers contemporain est le résultat d’un processus qui prend son essor dans la science du XVIIe sc. pour s’étendre peu à peu à tous les domaines de la vie démocratique ». 6.2 Pourquoi Heidegger dit-il que Nietzsche est bien par excellence le penseur de la technique ? 6.3 Commente cette phrase notamment à partir de la différence entre science moderne et technique contemporaine : « Pour la première fois dans l’histoire de la vie, une espèce vivante détient les moyens de détruire la planète tout entière et cette espèce ne sait pas où elle va ! Ses pouvoirs de transformation et, le cas échéant, de destruction du monde sont désormais gigantesques, mais comme un géant qui aurait le cerveau d’un nourrisson, ils sont totalement dissociés d’une réflexion sur la sagesse –tandis que la philosophie elle-même s’en éloigne à grands pas, saisie qu’elle est, elle aussi, par la passion technicienne. » Qu’en penses-tu ? 6.4 Après la déconstruction, quelles sont les possibilités qui s’offrent à la philosophie contemporaine ? 6.5 Dans ce chapitre, Lc Ferry cite en exemple de cette nouvelles philosophie, le philosophe André Comte Sponville. En quoi ce dernier est-il emblématique de ce renouveau du matérialisme ou autrement dit, en quoi ce dernier pense-t’il un nouvel humanisme ? 6.6 Quelles critiques Lc. Ferry fait-il du matérialisme ? 6.7 Quelle est la théoria de cette philosophie contemporaine qu’on pourrait qualifier d’humaniste non métaphysique ? 6.8 Dans cette philosophie contemporaine, quelle nouvelle morale peut découler de cette humanisme non métaphysique ? 6.9 En quoi l’exemple des textes de Naipaul, est-il significatif de cette nouvelle sagesse ? 6.10 Dans cette perspective d’un humanisme non métaphysique de la philosophie contemporaine, comme repensser la question du salut ? 6.11 En quoi cet humanisme contemporain permet-il d’éviter le scepticisme ou le dogmatisme en philosophie ? -5-