Module1-Religion_et_Traditions

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Histoire juive européenne
Module 1 : Religion et Traditions
Note :
Ce document fourni une introduction des quelques unes des plus importantes traditions juives
et rites religieux. Son but n’est pas d’être exhaustif. Dans le judaïsme, et en particulier dans
diverses traditions juives, il y a un grand nombre d’autres fêtes et rites qui ne sont pas
évoqués ici. Vous trouverez des conseils de lectures et de recherches internet à la fin de ce
texte.
A propos de la prononciation des termes hébreux : en général elle suit la prononciation de
l’anglais, à l’exception du « ch » qui est prononcé (χ).
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Etapes de la vie
1. Naissance et circoncision
Les garçons juifs sont circoncis huit jours après leur naissance. L’acte de circoncision (en
Hébreux Brit Mila) symbolise l’union avec Dieu et est basée sur le passage de la Bible traitant
de la Génèse 17:10-13.
Lisez ce passage de la Bible
La cérémonie de circoncision est habituellement accompagnée par une grande fête avec la
famille et les amis.
Dans la tradition juive, il n’y a pas de rituel pour célébrer la naissance d’une fille.
2. Bar/Bat Mitzvah
A l’age de 13 ans, les garçons deviennent des « Bar Mitzva » (littéralement : « fils du
commandement », où « commandement » se réfere aux commandements religieux) et doivent
apprendre et pratiquer les lois religieuses et les devoirs, comme les adultes. Dans de
nombreuses congrégations, il est devenu courant de combiner cette transition à l’âge adulte
avec une première lecture de la Torah dans la synagogue au moment du sabbat. Les garçons
se préparent pour cette lecture, qui est souvent suivie d’une célébration.
Lorsqu’elles ont 12 ans, les filles arrivent à l’âge de la Bat Mitzvah (« fille du
commandement »). Pour elles aussi, cela signifie qu’elles doivent apprendre les
commandements dévolus aux femmes. Cependant, étant donné que les femmes ne jouent pas
un rôle actif dans les services religieux traditionnels, dans les communautés orthodoxes il n’y
a pas de célébration particulière pour les filles.
A l’opposé, dans les congrégations plus modernes, la célébration de la Bat Mitzvah est
devenue courante depuis le XIXe siècle. Dans le judaïsme libéral, où les femmes et les
hommes ont les mêmes droits et devoirs, Bar et Bat Mitzvah sont célébrées à l’âge de 13 ans
avec une lecture de la Torah.
Le film « Au nom d’Anna » (Keeping the Faith, 2000) traite d’une Bar Mitzvah
et tous les problèmes qui y sont liés, en particulier pour un garçon en période de
puberté. Regardez l’extrait du film concernant cette scène :
http://www.youtube.com/watch?v=Dg-nDLRSbmk
3. Mariage
Comme dans toutes les cultures et religions, dans le judaïsme le mariage est un événement
très particulier. La plus célèbre des coutumes du mariage juif sont le baldaquin ou la houppa,
et le fait de casser un verre pour sceller le lien du mariage.
Mais décrivons d’abord les étapes qui mènent à la cérémonie du mariage. Bien sûr, avant que
tout mariage puisse advenir, il faut trouver un partenaire adéquat. Dans les communautés
juives orthodoxes, le shiddoukh, un mariage arrangé avec l’aide d’un entremetteur, est
toujours couramment répandu de nos jours. L’une des raisons est que le mondes des hommes
et femmes juifs orthodoxes sont si séparés qu’ils ont peu l’occasion de se rencontrer. Dans des
familles et communautés moins religieuses en Israël, il y a d’inombrables possibilités de
2
trouver un partenaire juif adéquat. Cependant, en dehors d’Israël, les membres de la diaspora
juive ont plus de difficultés à trouver un partenaire partageant la même confession.
Pour cette raison, les rencontres par internet sont aussi très populaires parmi cette
communauté.
Vérifiez s’il y a des sites de rencontre pour la communauté juive de votre pays et
notez quels sont les critères de sélection les plus courants pour trouver un
partenaire sur ce genre de site.
Avant le mariage, les femmes doivent aller au rituel du bain, le mikveh. Le mikveh est
construit de manière à ce que l’eau aille et vienne constamment depuis une source naturelle –
l’eau ne doit pas stagner. Pour cette raison, les mikwaot sont souvent construits en sous-sol
pour permettre au flot naturel d’aller et venir dans le bain. Les femmes très religieuses vont au
mikveh au moins une fois par mois, sept jours après les menstruations, et les rapports sexuels
sont permis seulement après ce bain.
Après le bain dans la mikveh, il n’y a plus d’obstacle au mariage. La cérémonie du mariage
peut être faite à la synagogue ou ailleurs. En Israël, de grandes célébrations sont très courantes
et la cérémonie du mariage en fait souvent partie. Aux Etats-Unis, la houppa est souvent érigé
en extérieur, par exemple dans un décor romantique.
Tel qu’il est célébré aujourd’hui, la cérémonie du mariage combine deux cérémonies qui
étaient initialement séparées d’une année complète. Le couple à marier va sous une houppa et,
selon la tradition, la future mariée est menée par sa mère ou une autre femme proche ou amie.
Le rabbin béni alors le vin et présente le futur époux avec un verre à partir duquel il faut
boire. Le même verre est ensuite passé à la mère de la future mariée, et après avoir bu, elle le
passe à sa fille.
Le futur époux passe alors une bague à l’index droit de la future mariée, en récitant les paroles
suivantes : « Voici, tu m’es consacrée par cette bague, selon la loi de Moïse et d’Israël. » Les
deux témoins doivent le voir passer la bague, autrement le mariage n’est pas valide. Cela
complète la première des deux cérémonies, appelée erusin – fiançailles en Hébreux. Le couple
est maintenant officiellement promis l’un à l’autre. Aujourd’hui, il est aussi commun que le
futur époux reçoive une bague de sa promise, bien que ça ne fasse pas originellement partie de
la cérémonie. La ketubah, contrat de mariage, est lu à haute voix entre les deux cérémonies.
C’est un contrat standard écrit en Araméen (fréquemment traduit de nos jours) où seuls les
noms et dates sont changés. Dans ce contrat, le futur époux s’engage à honorer sa femme et
subvenir à ses besoin, et lui promet une certaine somme d’argent. De nos jours, cette somme
est symbolique. Le futur marié présente alors la ketuba à sa promise. Ensuite, la vraie
cérémonie de mariage commence. Sept bénédictions sont récitées pour bénir le vin, le futur
époux boit une nouvelle fois et passe ensuite lui-même le verre à sa promise. Puis le futur
marié écrase le verre sur le sol avec son pied droit et les invités crient « Mazal tov », ou
« Mazel tov » en Yiddish. Dans certaines communautés, il est de tradition que le futur époux
récite les verres suivant après ce moment :
« Si je t'oublie jamais, Jérusalem, que ma droite m'oublie ! Que ma langue s'attache à
mon palais, si je ne me souviens de toi, si je ne place Jérusalem au sommet de toutes
mes joies. » (Psaume 137, 5-7).
3
Dans les communautés ashkénazes et yéménites, le couple se retire alors pour un certain
temps, avant la célébration, ou fête du mariage avec musique et danses. Ceci n’est pas
commun dans la tradition des Sépharades, où le premier moment seul du couple est pendant la
nuit de noces.
Regardez comment se passe un mariage sépharade typique en Israël :
http://www.youtube.com/watch?v=v451BqxsaDw&feature=related
4. La vie des mariés – le foyer juif
La religion ne se restreint pas aux services religieux, mais aussi et surtout dans les habitudes
et traditions à la maison. C’est particulièrement vrai pour le Judaïsme, qui a souvent été à
travers l’Histoire une religion minoritaire dans les sociétés où il existait. Mais qu’est-ce qui
est typique d’un foyer juif ?
La mezouzah
Une mezouzah est un écrin long et étroit qui est fixé au linteau de chaque chambre et à la
porte extérieure. Elle contient un morceau de parchemin avec les versets du Deutéronome 6,49 et 11,13-21.
Lisez ces versets de la Bible et trouvez pourquoi les mezouzahs sont accrochés
au linteau des portes.
Nourriture et plats
Dans les foyers juifs pieux, il y a deux exemplaires de nombreux ustensiles : en particulier de
cuisine et les plats, en raison du régime alimentaire juif, le cacherout. Pour manger et vivre
casher, il faut suivre ces lois.
Les éléments les plus importants du cacherout sont l’interdiction de manger de la viande et
des produits laitiers ensemble, l’interdiction de consommer certaines espèces d’animaux, et la
sheshita comme unique méthode d’abattage.
Les animaux avec des sabots fendus qui ruminent de l’herbe sont autorisés. Cela règle la
consommation par exemple de porcs (les porcs ont des sabots fendus mais ne se nourrissent
pas d’herbe). Cependant, la viande de lièvre et cheval est aussi interdite. Il y a d’autres
restrictions à la consommation de fruits de mer : seuls les poissons avec nageoires et arrêtes
sont autorisés, ce qui exclu tous les coquillages, les crevettes… La séparation du lait et de la
viande est basée sur une phrase qui apparaît trois fois dans la Torah : dans l’Exode 23,19,
34,26 et le Deutéronome 14,21.
Lisez ces passages de la Bible et essayez de trouver les raisons de la séparation
du lait et de la viande.
Par la suite, des règles plus complexes furent établies afin de réguler les séquences et intervals
entre les repas avec viande et laitages. Ce point diffère dans les différentes branches du
Judaïsme. Toutefois, en général les petit-déjeuners et dîners sont à base de laitage et le
déjeuner à base de viande. Le Sabbat et les jours de fête font exception à cette règle. Le repas
solennel du vendredi soir est habituellement à base de viande, tandis que le déjeuner est à base
de laitage. Pour éviter tout contact entre le lait et la viande, les foyers pieux utilisent
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généralement deux lots d’accessoires de cuisines et plats, qui sont aussi lavés dans des éviers
séparés.
Il y a une troisième catégorie de nourriture, qui n’est ni laitage ni viande, et qui peut donc être
mangé dans les deux types de repas. Il s’agit de parve.
L’industrie agroalimentaire a développé toute une série de produits de substituts aux laitages
en particulier. Par exemple, en Israël, les glaces sont généralement parve, c’est-à-dire faites
sans crème, et elles peuvent donc être mangées en dessert ou pendant la journée sans déroger
aux règles du cacherout.
Les règles casher strictes s’appliquent à Pessa’h (Pâques) – voir ci-dessous.
Sabbat
Le Sabbat est le dernier jour de la semaine et marque son point culminant en tant que jour de
repos. Les sept jours de la semaine représentent les sept jours pendant lesquels Dieu a créé le
monde, et les gens sont supposés se reposer au septième jour tout comme Dieu le fit. La
sanctification du Sabbat est l’un des Dix Commandements et doit être scrupuleusement
respecté.
Aller à la synagogne est obligatoire la veille du Sabbat (vendredi soir) et le matin qui suit.
Tout travail, y compris les travaux ménagers, sont interdits le jour du repos. Les repas chauds
du Sabbat sont préparés en avance pendant la journée du vendredi, et maintenus au chaud
jusqu’à ce qu’ils soient servis. Le dîner commence avec l’allumage de deux bougies et une
bénédiction récitée pour bénir le vin. Le jour du Sabbat, les Juifs pieux vont à nouveau à la
synagogue le matin. Le reste de la journée doit être passé à lire les Saintes Ecritures et à se
reposer dans une atmosphère solennelle.
5. Divorce
Tous les mariages ne durent pas jusqu’à la mort, et le divorce est possible dans le Judaïsme.
La ketuba statue que dans le cas d’un divorce, la femme reste propriétaire de la somme qui lui
a été promise. Si la fin du mariage est de sa faute, elle a quand même droit à la dot. Pour
l’antiquité, à l’époque où le texte de la ketuba a été rédigé, cette clause de sauvegarde du bien
être de la femme est très progressiste. De nos jours, les deux partenaires doivent généralement
se mettre d’accord pour émettre le document de divorce, ou get. Cela signifie que les deux
partenaires peuvent empêcher l’autre de se remarier en refusant l’émission du get.
L’absence d’enfants est la raison la plus courante de divorce dans les communautés
orthodoxes, étant donné que l’instruction « sois fécond, et multiplie » Génèse 1,28 est pris
pour un impératif.
Le film Kadosh (1999) du réalisateur israélien Amos Gitai illustre cette particularité.
6. La mort
Après la mort, le corps est lavé et habillé alors que des prières sont récitées à son intention.
Etant donné la croyance du Judaïsme en la résurection intégrale du corps, il est très important
d’enterrer le corps avec tous ses membres. En Israël, il existe une organisation humanitaire
bénévole, ZAKA, dont l’objectif est de collecter et identifier tous les membres de corps
retrouvés sur des lieux d’accidents ou d’attaques, afin qu’ils aient un enterrement juif.
En accord avec le Halacha, la loi basée sur la Bible et la littérature rabbinique, l’enterrement
doit avoir lieu le plus tôt possible après le décès, idéalement dans les deux jours.
En signe de deuil, les personnes en deuil effectuent une déchirure sur leur vêtement de dessus.
Les juifs sont enterrés dans un vêtement en lin tout simple, sans cercueil. Les personnes en
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deuil récitent le Kaddish, l’une des prières les plus importantes du Judaïsme. L’homme le plus
proche du/de la défunt/e doit aussi réciter le Kaddish, tous les jours pendant les onze mois qui
suivent, en sa mémoire.
La famille du/de la défunt/e se conforme au Shiva (sept en Hébreux) pour les sept jours qui
suivent le décès. Pendant ce temps, la maison de la famille est ouverte aux visites des amis et
des proches du/de la défunt/e qui viennent présenter leurs condoléances à la famille
endeuillée. Les miroirs sont recouverts, et en signe de deuil la famille s’assied habituellement
sur des tabourets bas ou par terre.
Pour un exemple de période de Shiva dans une famille juive non pratiquante
d’Israël, voyez le court métrage suivant (les trois premières minutes sont
suffisantes) : http://www.youtube.com/watch?v=NqZ8qClcb_g&feature=related
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Fêtes dans le calendrier juif
Le calendrier juif suit l’année lunaire, ainsi chaque mois suit le cycle lunaire. Cependant, les
mois ne se décalent pas au cours des saisons comme dans l’Islam. L’ajout d’un mois selon les
années permet aux mois, et donc aux fêtes, d’être toujours dans la même saison. Le calendrier
juif débute avec la Création. Nous sommes actuellement (2010-2011) en 5771 du calendrier
juif. Le nouvel an juif tombe à l’automne.
1. Roch Hachana (« Commencement de l’année »)
La fête du nouvel an (le 29 septembre en 2011) Roch Hachana est un jour de fête religieuse
célébré par les familles juives. L’origine vient de la Torah, et précisément les passages
suivants de la Bible : Lévitique 23,24-25 et 29,1-6.
Roch Hachana est le premier des dix jours de pénitence (ha-yamim ha-nora’im, les jours
terribles). En ce jour particulier, les actions de l’année écoulée sont enregistrés. Le jugement
passe seulement à Yom Kippour. Roch Hachana est une fête joyeuse pendant laquelle les gens
vont à la synagogue pour prier et écouter la musique de la shofar, une sorte de trompette faite
d’une corne de bélier.
Traditionnellement à Roch Hachana les Juifs mangent du hallah, pain traditionnel juif, proche
de la brioche mais sans beurre, souvent en forme de tresses, avec des pommes et du miel, des
têtes de poisson et des graines de grenades. Les gens se souhaitent « Shana tova
umektukah ! », « une bonne et douce année », ou « le shana tova tikatvu ! », « puissiez-vous
être inscrit et enregistré dans le livre de la vie » (par référence au fait qu’à Roch Hachana
l’heure est à la mise de côté des actions de l’année passée pour déterminer la nouvelle)
Regardez la carte postale. Quels éléments particuliers de Roch Hachana
illustre-t-elle ?
2. Yom Kippur (8 Octobre 2011)
Yom Kippour, jour de la rédemption, est la plus importante célébration juive. Les juifs
pratiquants le passe à la synagogue, dès le début du coucher du soleil. Le service du soir
débute par la prière Kol Nidre (« Tous les vœux »). Yom Kippour se centre sur la repentance
et la rédemption. C’est le jour de jeûne le plus important du calendrier juif – d’un coucher de
soleil au suivant, les gens ne sont supposé ni boire ni manger. Les Juifs pratiquants s’habillent
aussi de blanc, s’abstiennent de porter des chaussures en cuir et de rapports sexuels.
De nombreux Juifs non pratiquant jeûnent aussi, et ne travaillent pas. En Israël, il y a un
accord tacite particulier à ce jour : les voitures ne circulent pas. Pour cette raison, de
nombreuses familles non pratiquantes vont faire des promenades en vélo, puisque même les
rues habituellement bloquées par les bouchons sont vides. Avant Yom Kippour, les gens se
souhaitent « Gmar Chatina tova ! », ce qui exprime l’espoir que l’inscription dans le livre de
la vie, qui débute à Roch Hachana, aura un résultat positif.Une autre salutation typique est
« Tzom kal », qui signifie « bon jeûne ».
3. Souccot – la Fête des Huttes/Cabanes/Tentes (13-19 Octobre en 2011)
Souccot, la fête des Huttes/Cabanes/Tentes durent une semaine et commence juste cinq jours
après Yom Kippour. C’est un rappel de la période d’errance dans le désert, après l’exode
d’Egypte, lorsque les Juifs ont du provisoirement habiter dans des abris, qui furent des huttes
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ou des cabanes. Pendant ces jours de fête, les Juifs sont supposés passer le plus de temps
possible dans les soukkas, et utiliser ce temps pour étudier la Torah. Les Juifs pratiquants
considèrent de leur devoir de dormir dans la soukka pour toute la semaine, pendant que les
familles non pratiquantes l’utilisent le plus souvent pour manger et recevoir les invités. En
chemin pour la synagogue, et lorsque c’est possible dans leurs autres déplacements à pieds,
les Juifs pratiquants portent une branche de palmier dans une main et un citron dans l’autre.
Pour en voir davantage sur le Souccot dans une banlieue pratiquante d’Israël,
voyez cet extrait : http://www.youtube.com/watch?v=4nbC9D3yrBY&feature=related
4. Hanoucca – Fête des Lumières
Hanoucca est une fête relativement récente. La Bible n’y fait pas référence, et cette fête n’est
basée sur aucun passage de la Bible. Elle commémore la reconsécration du Temple (le mot
« Hanoucca » signifie « consécration »), la révolte des Maccabées, et le miracle de la fiole
d’huile en 164 avant JC. En conquérant Jérusalem, les Maccabées voulait reconsacrer le
Temple en allumant la ménorah, une lampe traditionnelle. Cependant, il n’y avait d’huile que
pour un jour, et par miracle, l’huile a duré huit jours entiers, jusqu’à l’arrivée du
ravitaillement. Le rituel central de l’Hanoucca est l’allumage d’un candélabre à neuf
branches, l’hanoukkia. Ses huit bougies symbolisent les huit jours durant lesquels l’huile dura
(la neuvième bougie érigée est utilisée seulement pour allumer les huit autres). Pendant
l’Hanoucca, tous les soirs une bougie supplémentaire est allumée, jusqu’à ce que les neufs
brûlent le dernier jour.
Hanoucca est l’une des nombreuses fêtes religieuses (qui incluent des jours de fête chrétiens)
qui célèbre la lumière au moment le plus sombre de l’année. Pendant longtemps, ce n’était pas
une fête importante, et ce n’est toujours pas perçu comme primordial d’un point de vue
religieux. Toutefois, les Sionistes ont rapidement perçu le symbole assuré de la
commémoration de l’Hanoucca qui correspondait à l’identité juive sioniste. Pour cette raison,
Hanoucca a été érigée comme une période de fête majeure par le mouvement sioniste. A la
même période, la fête bourgeoise de noël a gagné en importance en Europe centrale (et en
particulier en Allemagne). Hanoucca, qui coïncide souvent, ou tombe juste avant noël, permet
aux Juifs d’avoir une fête alternative où les membres de la famille s’échangent des cadeaux.
Il est de tradition de manger des Soufganiya pendant Hanoucca, genre de pâtisserie cuite dans
de l’huile et qui ressemble d’aspect et de goût à un beignet.
5. Pourim (7-8 Mars 2012)
Pourim n’est initialement pas une fête des plus importantes, mais deux jours de
commémoration de la délivrance des Juifs des lois perses, comme décrites dans le Livre
d’Esther. On y attache moins d’importance car elle ne vient pas de la Torah (les Cinq
Livres de Moïse), mais seulement d’une des fameuses « écritures ». A Pourim, le Livre
d’Esther est lu à la synagogue. Traditionnellement on s’habille de manière chic, ce qui en
fait une fête populaire des enfants. D’autres éléments de la fête de Pourim incluent de
boire du vin (dans certaines communautés religieuses, il faut boire à outrance une fois
l’an, à Pourim), manger des oreilles d’Aman, et faire du bruit avec des crécelles de
Pourim.
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Lisez le Livre d’Esther et essayez de comprendre les raisons des différentes
traditions du Pourim
6. Pessa’h/Pâques (6-14 April 2012)
Après Yom Kippour, Pessa’h est la deuxième fête la plus importante du calendrier juif. C’est
la commémoration de l’exode des Juifs depuis l’Egypte. La semaine de célébrations
commence par un dîner festif à Leyl ha-Seder, connu comme séder. Pendant le repas, la
Haggada de Pessa’h est lue. Même les Juifs non-pratiquants à travers le monde considèrent
séder comme la plus importante fête en famille.
Pour avoir un aperçu de la célébration typique de séder dans une famille non
pratiquante, regardez cet extrait : http://www.youtube.com/watch?v=mlPMsG2DTY
La lecture de la Haggada dure plusieurs heures, avec un accompagnement de nourriture
particulière selon des passages précis, pour symboliser l’errance des Juifs pendant leurs
années d’exode. Le texte est souvent écrit sous forme de questions-réponses. A la fin du
séder, les gens se souhaitent « Ba-shana ha-baa bi-yirushalaim », l’année prochaine à
Jérusalem.
La veille au soir, pendant le premier séder, les Juifs jettent toute nourriture contenant du
hametz (de la levure), et en particulier le pain. Durant les sept jours suivants, les Juifs ne sont
pas autorisés à manger du pain levé, ou en avoir chez eux. En substitut, ils consomment de la
matza, une sorte de pain plat non levé. De plus, durant la Pessa’h, seuls les alimentaires
certifiés « kasher pour Pessa’h » peuvent être consommés.
En Israël, même les hamburgers et sandwichs sont fait en utilisant de la matza au lieu de pain
pendant la Pessa’h. La matza est habituellement mise dans l’eau, ou frite avant utilisation, ce
qui lui permet d’être roulée et pliée.
Les règles à respecter à Pessa’h sont dans le Livre de l’Exode 12,1-20. Le premier et le
dernier jours de Pessa’h sont des jours de fête, tandis que pendant les cinq jours restants, la
consommation de pain levé est interdite et le travail est restreint (par exemple en Israël, les
gens ne travaillent souvent que la moitié du jour pendant cette période).
Lisez les passages du Livre de l’Exode 12,14-16 et essayez de trouver pourquoi
la levure est interdite à Pessa’h
7. Chavouot – la Fête des Semaines (26-28 mai 2012)
La Fête des Semaines célèbre la récolte des premiers fruits. A Chavouot, il est de tradition de
manger surtout des produits laitiers. Le Sionisme en particulier a redécouvert cette fête
comme une célébration cadrant très bien avec les communautés rurales. De nos jours, on
observe encore cette fête dans les kibboutz pour célébrer les récoltes.
9
Judaïsme(s)
« Trois juifs, quatre opinions » - ainsi dit un dicton juif, qui pourrait aussi qualifier de
nombreuses autres religions.
Il y a plus de trois cents ans, les premières questions sur le Judaïsme surgirent, quand les Juifs
habitaient partout dans le monde. Il serait très étrange en effet qu’il n’y ait pas de variation
dans leurs traditions et/ou interprétation de la foi.
Historiquement, une distinction est faite entre deux groupes majeurs du Judaïsme : les Juifs
sépharades et ashkénazes.
« Avec la christianisation de l’Empire romain (au quatrième siècle) et les conquêtes arabes, la
communauté juive est devenue une minorité ethnique dans des Etats sous domination
chrétienne ou islamique. Le résultat est le développement de deux formes principales de la
culture juive : les Sépharades (du mot hébreux pour l’Espagne, Sépharade) et sous l’influence
de l’environnement arabo-islamique d’une part, et les Ashkénazes (du mot hébreux pour
Allemagne, Ashkenas) dans l’Europe chrétienne. En Espagne, Afrique du Nord, et au ProcheOrient, les Juifs sépharades ont créé un mode de vie juif spécifique. Dans l’Europe médiévale,
les centres culturels du Judaïsme se retrouvent au sud de la France, la vallée du Rhin, et
l’Italie du nord, jusqu’à ce que les Juifs ashkénazes soient forcés à trouver refuge en Europe
centrale et orientale, résultat des persécutions qui se développent à partir du XIIe siècle. »1
Cette distinction est à la fois correcte et importante, aujourd’hui même Israël possède un
Grand Rabbin ashkénaze et sépharade. Dans le deuxième module, nous examinerons les deux
groupes plus en détail.
Cependant, dans les traditions religieuses et modes de vie de nos jours, d’autres facteurs
jouent un rôle plus important.
Rosenthal and Homolka2 distinguent couramment trois tendances principales du Judaïsme :
progressiste (divisé en Judaïsme réformateur et conservateur), Orthodoxe et Ultra-orthodoxe.
Ces distinctions sont pertinentes car elles décrivent les différences de style de vie dans les
trois groupes.
De nos jours, les tendances religieuses ne peuvent être résumées en quelques lignes. Nous
présenterons les différences les plus frappantes entre les différentes tendances3 :
Judaïsme progressiste ou réformateur
Dans le Judaïsme réformateur, le Judaïsme est perçu comme une religion en constante
évolution. Les idéaux prophétiques de justice sociale et d’éthique représentent les piliers
fondamentaux du Judaïsme. D’abord, dans le Judaïsme réformateur, la Halacha, la loi basée
sur la littérature rabbinique et la Bible, et les Mitzvas, les commandements religieux, sont
reconnus comme étant créés par les hommes et donc sujets à réinterprétation.
La Bible est considérée comme étant un assemblage de pensées humaines, collectées sur
plusieurs siècles. Elle peut contenir des passages qui semblent inappropriés et même faux
dans le contexte moderne. Les Mitzvas aussi peuvent être sujet à des relectures critiques, et si
nécessaire, abandonnés. C’est arrivé pour de nombreux rituels de nettoyage, les règles
kashrut, et la règle du repos du Sabbat. Les initiateurs du Judaïsme réformateur au XIXe
siècle en Allemagne ont suggéré l’abolition de la circoncision et le décalage du sabbat au
dimanche pour des raisons pratiques. Ces idées sont inconcevables aujourd’hui encore.
1
Galley, Susanne: Das Judentum, Frankfurt/Main, 2006, p. 17.
Rosenthal, Gilbert S. and Homolka, Walter, Das Judentum hat viele Gesichter. Die religiösen
Strömungen der Gegenwart, Munich, 1999.
3
Based mainly on ibid.
2
10
La croyance que les Juifs peuvent vivre n’importe où dans le monde et ne doivent pas
s’efforcer de « rentrer » en Israël est une autre caractéristique qui distingue le Judaïsme
réformateur du Judaïsme orthodoxe.
L’égalité des sexes est d’une importance capitale dans le Judaïsme réformateur. Les femmes
peuvent être ordonnées rabbin et ont le droit de lire la Torah. Il n’y a pas de mitzva valable
uniquement pour les hommes.
Il y a une blague courante sur le rôle de la femme qui dit :
« Comment savez-vous si vous êtes à un mariage orthodoxe, conservateur ou
réformiste ? Au mariage orthodoxe, la mère de la future mariée est enceinte, à un
mariage conservateur, la future mariée est enceinte et à un mariage réformateur le
rabbin est enceinte. »
La première femme ordonnée rabbin fut Regina Jonas à Berlin en 1935. Le premier rabbin à
être ordonné en Allemagne depuis la fin de la IIe Guerre mondiale fut Alina Treiger en 2010.
La première femme à être ordonnée rabbin en France fut Pauline Bèbe en 1990.
Judaïsme orthodoxe
De toutes les tendances au Judaïsme, le Judaïsme orthodoxe est le moins homogène et le
moins institutionnalisé. Cependant, il y a un nombre de caractéristiques bien répandues :
Par opposition au Judaïsme réformateur, la Torah est considérée comme directement révélée
par Dieu. Donc les mots et commandements de la Torah sont non discutables. C’est le cas des
Cinq Livres de Moïse, les écrits de la Torah, mais aussi la Torah orale, l’interprétation du
texte biblique dans les traditions juives. Les commandements consacrés à la fin ne sont pas
moins importants que ceux des écrits de la Torah. Alors que le Judaïsme réformateur
considère que les lois et commandements viennent d’un contexte particulier, le Judaïsme
orthodoxe on considère que toutes les mitzvots ont une supériorité morale, même si pas
immédiatement apparente. Le fait qu’un croyant ne comprenne pas un commandement n’est
pas une raison pour l’abandonner, au contraire.
Les hommes et les femmes ont des tâches séparées, comme déterminées dans la Torah. Pour
le Judaïsme orthodoxe, il ne peut y avoir de charge religieuse dédiée aux femmes effectuée
par les hommes et vice-versa. Les rabbins orthodoxes ont continuellement défendu que cela
ne constitue pas une discrimination envers les femmes, argumentant qu’elles ont simplement
un rôle différent de celui rempli par les hommes. Cependant, les trois lignes suivantes de la
prière du matin semblent contredire leur point de vue : « Soyez béni Vous qui ne m’avez pas
fait païen ! Soyez béni Vous vous qui ne m’avez pas fait femme ! Soyez béni Vous qui ne
m’avez pas fait rustre ! ».
Pour une meilleure compréhension du Judaïsme progressiste, qui s’est développé avant la IIe
Guerre mondiale en Allemagne et qui est maintenant une importante branche du Judaïsme aux
Etats-Unis, on peut recommander la comédie hollywoodienne « Au nom d’Anna ». Le film
israëlien « Kadosh » cité ci-dessus donne un aperçu de la vie des Juifs ultraorthodoxes
habitant en Israël.
11
Bibliographie
En allemand
- Galley, Susanne: Das Judentum. Frankfurt/Main, 2006
- Gamm, Hans-Jochen: Das Judentum. Eine Einführung. Frankfurt/Main, 1994
- Maier, Johann: Judentum. Studium Religionen. Göttingen, 2007
- Ortag, Peter: Jüdische Kultur und Geschichte. Bonn (Lizenzausgabe für die
Bundeszentrale für politische Bildung), 2007
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Auteur : Barbara Viehmann, M.A.
Traduction vers l’anglais : Dr. Anne Boden
Traduction (de l’anglais) vers le français : Romain Gastaldello
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