LE TRAITEMENT CHIRURGICAL DE L’OBESITE MORBIDE PAR LA POSE D’UN ANNEAU GASTRIQUE 1. Quelle est la technique opératoire ? I. La technique " moderne " par anneau modulable repose sur un principe simple Elle crée dans la portion supérieure de l’estomac une petite poche dans laquelle les aliments vont obligatoirement passer, en quantité beaucoup plus restreinte, mais néanmoins suffisante pour assurer les besoins de l’organisme. L’absorption de nourriture en quantité excédent la taille de la poche, ou en qualité excédent la taille de l’anneau (morceaux non mastiqués), n’est pas possible. L’anneau est positionné 2 cm sous l’œsophage. Il comporte deux parties : une enveloppe externe en silicone, et une enveloppe interne qui est gonflable. Cette dernière est reliée, par un cathéter, à un petit boîtier sous cutané profond (2cm de diamètre), par lequel il est ensuite facile de réinjecter (ou d’enlever) du liquide, faisant ainsi varier le diamètre interne de l’anneau, en fonctions des besoins (par exemple des vomissements trop fréquents, ou au contraire une alimentation qui reste trop importante quantitativement). Pendant l’intervention, il ne sera pas gonflé. Un mois après, si la tolérance est bonne, on peut injecter 2 ml . Le boîtier est installé à gauche de l’ombilic, contre le plan musculaire. Il peut entraîner une gêne de quelques semaines. Outre cet avantage, qui est de loin le principal, il peut être posé sous coelioscopie, dont les suites opératoires sont plus légères (moins de douleurs, récupération physique plus rapide) . La coelioscopie est une voie d’abord chirurgicale qui est devenue une référence dans de nombreuses interventions (ablation de la vésicule, de l’appendice…) . Elle consiste pour le chirurgien à opérer sous contrôle d’un écran vidéo, aux moyen d’instruments longs et fins introduits par des trocards, dans la cavité abdominale distendue par un gaz. Parfois la coelioscopie n’est pas possible car il existe des difficultés techniques particulières liées à l’anatomie du patient (adhérences, gêne liée au foie…) . Dans ce cas l’intervention sera pratiquée par une courte laparotomie, c’est-à-dire une cicatrice d’environ 10 cm au dessus de l’ombilic. Les suites opératoires sont quasiment identiques. La tolérance alimentaire est variable d’un individu à un autre, mais l’anneau modulable permet en général une alimentation satisfaisante, variée, avec un peu de vomissement. Un suivi diététique est cependant souhaitable. Vous trouverez en annexe un exemple de régime post-opératoire pour les premiers mois. La probabilité d’une réintervention pour problème technique est faible (moins de 3 % dans les premières années). Vous devez néanmoins être averti de cette possibilité. II. L’opération ancienne, la gastroplastie verticale calibrée ne peut se pratiquer que par laparotomie. On utilise pour créer la poche des agrafes et un petit anneau en plastique (shéma n°2). Cette intervention est devenue routinière, mais avec le recul elle n’échappe pas à un certain nombre d’inconvénients : persistance d’un inconfort alimentaire, " débricolage " des agrafes en particulier, entraînant une reprise du poids… Au total, si on ajoute le risque très fréquent d’éventration de la cicatrice, il y a une probabilité de réintervention de l’ordre de 25 % à 50 %. III. Il existe d’autres modalités chirurgicales. Elles sont en général beaucoup plus complexes, et font intervenir une anastomose (suture) entre l’estomac et l’intestin grêle : ce sont les opérations dites de bypass. Très pratiquées aux Etats-Unis car donnant de meilleurs résultats à long terme sur la perte de poids, elles sont encore jugées agressives en Europe, car elles peuvent entraîner des carences et n’offrent pas de reversibilité. De plus les risques opératoires sont nettements supérieurs (5 à 7% de fuite des sutures, 3à 4% de décès dans les suites de l’intervention). Elles seront réservées aux grandes obésités et chez les patients diabétiques. 2. Comment se déroule l’opération ? Elle dure moins d’une heure. Elle est toujours pratiquée sous anesthésie générale. Les douleurs post-opératoires sont soulagées par des calmants .. L’alimentation, liquide et progressive, est débutée dès la reprise du transit, de même que le lever. L’hospitalisation est de 3 jours en moyenne. La convalescence est de 10 jours. Les efforts importants sont déconseillés pendant 1 mois. Ces délais sont diminués avec la coelioscopie. Mises à part les contraintes alimentaires évoquées plus haut, qui peuvent gêner au début les activités familiales et professionnelles, l’opéré doit mener une vie strictement normale. 3. Pourquoi traiter l’obésité ? On sait que l’espérance de vie d’un sujet obèse est inférieure à celle d’un sujet de poids normal. En effet de nombreuses maladies voient leur fréquence augmenter chez les obèses. Parmi les plus connues, citons les maladies cardiaques et vasculaires, le diabète, certains types de cancers. En outre le confort de la vie quotidienne et de la vie sociale est très diminué chez le grand obèse. La chirurgie n’a donc pas une vocation principalement esthétique. C’est une solution radicale qui ne s’adresse qu’à une population limitée d’obèses sévères. 4. A qui s’adresse la chirurgie ? Du fait des ses multiples contraintes, elle doit être réservée à des patients très sélectionnés. Vouloir la pratiquer chez quelqu’un qui n’aurait que 20 kg à perdre serait une erreur grave. L’opéré doit : - Etre d’un âge raisonnable (20 ans et 60ans sont des bornes admises). - Avoir tenté sérieusement pendant au 1ans un régime diététique bien conduit. - Présenter un surpoids de 45 kg au moins, ou bien du double de son poids idéal, tel que l’on peut l’établir en fonction de sa taille (au moyen d’un calcul de " l’index de masse corporel ". Ce critère strict définit l’obésité.; le surpoids doit être donné par l’IMC (indice de masse corporel calculé par le poids divisé par la taille au carré).Un IMC supérieur à 40kgs/m2 définit l’obésité morbide. A partir de 35kgs/m2 avec un facteur de risques médical (hypertesion, diabète, hypercholestérolémie, pathologie articulaire sévère), on considère que les conséquences de l’obésité sont sévères pour la santé et les patients peuvent alors bénéficier de la pose d’un anneau gastrique. - Avoir l’avis préalable d’un médecin endocrinologue ou nutritionniste et d’un psychiatre, qui évaluent les solutions alternatives et la " maturité " vis-à-vis de la chirurgie. 5. Quels sont les risques opératoires ? Les risques de cette opération sont ceux de toute chirurgie de l’abdomen avec anesthésie générale : complications d’ordre général (exemple : la phlébite, l’embolie pulmonaire), ou locale (exemples : hématome, abcès). Il faut y ajouter les risques liés à la manipulation de l’estomac. En tout état de cause, ces risques sont faibles, inférieurs à 5 %. Le risque de décès est de l’ordre de 1 à 3 pour mille. A plus long terme, il faut savoir que l’amaigrissement n’est pas homogène. Il existe donc une probabilité de disgrâce esthétique, au niveau des plis (abdomen surtout, mais aussi cuisses bras…). Ces inconvénients peuvent faire l’objet d’une chirurgie esthétique complémentaire, un à deux ans après la gastroplastie. 6. Quels sont les examens pré-opératoires ? Ces examens sont nécessaires, et peuvent être regroupés la veille : -un examen de la fonction cardiaque et de la fonction respiratoire, ainsi que des veines des membres inférieurs. - une prise de sang pour examens biologiques usuels. - une échographie de l’abdomen, pour vérifier en particulier en particulier l’état de la vésicule biliaire (si celle-ci contient des calculs, la vésicule sera enlevée pendant l’opération). - un examen par l’anesthésiste qui vous endormira (prévoir un rendez-vous au moins dix jours avant l’opération). -une fibroscopie pour vérifier l’état de l’estomac - un entretien avec un médecin nutritionisteou le diététicien qui étudiera avec vous l’alimentation au jour le jour. 7. Quels sont les résultats ? Les résultats sur la perte de poids sont constants, sauf défaut technique. Si vous considérez le poids que vous avez " en trop " (excès de poids), l’opération doit en faire perdre 70 % en 12 à 18 mois. Exemple : une patiente mesure 1m60 et pèse 110 kg. Son excès de poids théorique est de 55 kg. Elle peut espérer avoir perdu 36 kg au bout d’un an. Attention ! Ces résultats ne sont qu’une moyenne, des variations sont possibles. Le retour à un poids " idéal " est rarement strictement obtenu, et il n’est de toute façon pas souhaitable. Rarement l’amaigrissement est trop faible ou au contraire trop important, ceci pouvant résulter d’un défaut technique éventuellement à corriger. Le tableau annexé vous montre, à partir d’un résumé d’études statistiques, les résultats sur l’amaigrissement, représentant le pourcentage d’excès de poids restant en fonction du temps écoulé depuis l’opération. 8. Peut-on revenir en arrière ? L’opération de gastroplastie est conçue pour être réversible. C’està-dire que par une réintervention utilisant la même cicatrice, on peut enlever l’anneau, ce qui suffit à annuler les effets de la gastroplastie. Bien entendu, il n’est pas souhaitable d’en venir là, et la quasi-totalité des opérés (98 %)conservent l’anneau leur vie durant. Cette possibilité existe néanmoins, et on ne peut pas exclure à long terme une insatisfaction, liée à l’absence de repas " classique ". De ce point de vue, l’anneau modulable est un grand progrès, car il peut être totalement dégonflé plutôt qu’enlevé. Une reprise partielle de poids est également possible en cas de prise fréquente de boissons ou de crèmes sucrées. La tendance au grignotage nous incite d’ailleurs à ne pas précipiter une intervention qui risquerait d’être un demi-échec, si le patient ne s’est pas au préalable " désintoxiqué " du sucre. 9. Comment vivre après la phase thérapeutique ? Il ne doit pas y avoir de limitation dans les activités quotidiennes, sportives etc… Il existe des associations de bénévoles qui aident les patients, avant et après leur opération, et qui sont des lieux de rencontre : * MAIGRIR 3, rue des petites Collonges Saint Genis –Laval 69230 * L’association des gastroplastisés d’Annecy Tel : 04 50 67 64 64 ou 04 50 09 47 39 10. Quelles sont les perspectives d’avenir ? La chirurgie, qui a elle-même évolué et évoluera encore, n’est probablement qu’une étape dans la prise en charge thérapeutique des obésités graves. Elle n’en est d’ailleurs qu’un aspect, que l’on peut raisonnablement interpréter comme une aide puissante, mais pas la " solution miracle ". Viendront, dans un avenir difficile à prévoir, des médicaments plus efficaces sur le contrôle de la prise alimentaire. Dans cette optique, l’anneau modulable est certainement l’intervention qui ménage le mieux l’avenir du fait de sa parfaite réversibilité. 11. Devoirs de l’opéré Ce mot peut faire sourire. Vous devez en fait prendre conscience que, sans être sous surveillance constante, il y a de votre part une obligation minimale de suivi. Le médecin traitant joue un rôle important, et l’équipe qui vous a pris en charge (chirurgien, endocrinologue, psychiatre) souhaite être informée de votre état de santé et de votre poids au moins annuellement, idéalement par une visite, sinon par courrier ou un appel téléphonique. D’autre part, les résultats que nous obtenons doivent être analysés rigoureusement, pour présenter des données objectives avec le minimum d’opérés " perdus de vue ". C’est un impératif vis à vis de la communauté médicale et des patients. Nous gardons donc vos coordonnées pour vous écrire ou vous téléphoner si nous n’avons pas de vos nouvelles. Bien entendu, ces coordonnées ne sont transmises à personne. ALIMENTATION APRES GASTROPLASTIE Æ Fractionner les prises alimentaires (5 petits repas) Æ Ne jamais boire d’eau pendant les repas Æ Mixer ou mouliner le jambon, la viande ou le poisson de façon à avoir une consistance semi-liquide ou " tendre ". Matin - café, thé, ou tisane, lait _ écrémé, sucre (1 morceau au maximum) - un laitage (yaourt nature ou fromage blanc 20 % ou petit-suisse allégé) - une biscotte ou une tranche de pain (20g) 10 h à 11 h - un petit verre de jus de fruit frais (ou jus 100 % pur fruit sans sucre ajoutée) ou une demi-compote ou 60 g de fruit frais écrasés ou une petite pomme cuite. Midi - 40 g de jambon ou de viande mixés ou un œuf écrasé ou 80 g de poisson émietté - 2 à 3 cuillères à soupe de légumes verts mixés - une demi-compote ou _ verre de jus de fruit (40 cc) 16 h à 17 h - un yaourt nature ou un verre de yaourt " à boire " ou un fromage blanc 20 % - une tranche de pain (20 g) ou une biscotte Soir - potage de légumes ou purée de pommes de terre ou un autre féculent bien cuit (semoule, riz, - pâtes ou soupe de pâtes, purée de pois cassés…) - 20 g de fromage (éventuellement râpé) - une demi compote ou 60 g de fruit frais écrasés ou une petite pomme cuite. Conseils alimentaires après une gastroplastie Prenez le temps de manger Manger calmement et machez bien Faites des petites bouchées et profitez de votre repas Arrêtez de manger dès que vous ressentez une impression d'estomac plein. Faites 5 repas fractionnés légers Trois repas par jour, avec des aliments solides La quantité des aliments que vous pourrez absorber sera limitée , il est donc important de manger de manière équilibrée en évitant les aliments gras et sucrés. (pas de bonbons, de chips, de charcuterie, de biscuits et surtout pas de grignotage !) Les premiers mois qui suivent l'intervention, il faut éviter tous les aliments difficiles à mastiquer, les aliments filandreux et si les aliments doivent être coupés, il faut qu'ils le soient en tous petits morceaux et ils doivent être mastiqués. Les aliments peuvent bloquer l'orifice gastrique au niveau de l'anneau. Deuxièmement buvez ! Buvez en dehors de repas (une demi-heure avant ou après) Éviter les boissons caloriques et gazeuses. Consommez chaque jour : un demi-litre de produits laitiers 1 litre-et-demi de liquides (bouillon, eau de source, thé ou café sans sucre...) Ces quelques conseils sont faciles à observer. Ils garantiront votre confort et votre amaigrissement. Exemple de repas Petit déjeuner Une demi-tasse de compotes non sucrée Une tranche de pain blanc Une demi-cuillère de margarine un oeuf 110g de lait écrémé Café sans sucre Déjeuner 55 g de fromage blanc Une demi-tasse de nouilles une démi-tasse de purée de légumes (haricots verts, carotte, épinard) Une demi-tasse de purée de poires Une cuiller à soupe de crème fraîche 110 g de lait écrémé thé au citron Dîner 55 g de poulet haché 1 demi-tasse de purée de pommes de terre Cuillère à café de margarine Une demi tasse de purée de carotte une demi-tasse de compote de fruits 110 g de lait écrémé Thé au citron Les différents groupes d'aliments et des calories associées Le groupe de viande : environ 73 calories un oeuf Une tranche de fromage Une demi-tasse de fromage blanc 55 g de viande ou volaille hachée Groupe des graisses environ 45 calories Une cuillère de beurre ou margarine Une cuillère à soupe de crème deux cuillères à soupe de crème allégée Une cuillère à soupe de crème liquide Aliments libres (autant que vous voulez) Café thé boissons non alcoolisées sans sucre bouillons citron gelée sans sucre Groupe des laitages environ 80 calories Une tasse de lait écrémé 1/4 de tasse de lait écrémé en poudre 2/3 de tasse de yaourt écrémé nature. Groupe de légumes environ 25 calories 1/2 tasse de purée de légumes Groupe des fruits environ 40 calories Une demi-tasse de purée de fruits 120 g de compotes de fruits pour bébés (sans sucre ajouté) Groupe des pains environ 68 calories Une tranche de pain blanc 1 demi-tasse de céréales cuites 1 demi-tasse de riz Une demi-tasse de pâtes Cinq Crackers 1/4 de tasse de purée de pomme de terre Nourriture autorisée par jour 1 à 1,5 portions groupe des laitages écrémés 1 à 2 portions du groupe légumes 2 à 3 portion du groupe fruits 3 à 5 portions du groupe pains. 4 portions du groupe viandes Trois portions du groupe graisses 3 cuillères à café de sucre