Histoire fiches Meryl

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Questiond'Orient, question d'Occident
COURS D'INTRODUCTION GENERALE
I- QUESTION D'ORIENT ET MOYEN-ORIENT
A- Du titre du cours: «question d'orient»
Expression de TOYNBEE dans les an20: «La question d'orient n'est qu'une question
d'occident». 3 explications:
– XIXe sc occidental dominé par la question d'orient cad par la question de la place de l'empire
ottoman en Europe. Le problème est résolu quand en 1914 l'empire ottoman perd les Balkans.
– L'empire ottoman a tjs été considéré co faisant partie du «concert européen».
– Question des rapports islam / occident chrétien qui remonte aux Croisades
B- De quel Orient s'agit-il? Proche-Orient et Moyen-Orient
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5 termes utilisés pour désigner cette zone géographique:
l'Orient
le Levant: vieux terme très utilisé à l'époque moderne
le Proche-Orient: terme abandonné par l'ONU en 1948
le Machrek: terme utilisé par les spécialistes
le Moyen-Orient: inventé par Mahan. Définition s'élargit ac les 2 GM en décalant la zone jusque
vers l'Égypte.
→ MO est une notion à géographie variable.
C- De la modernité: un concept discuté
Hypothèse de la modernité universelle a pour base la modernité occidentale. Attention aux
comparaisons simplistes. Mieux vaut rentrer dans l'analyse, mettre en valeur les progressions et
régressions, analyser le processus historique et montrer la complexité du réel.
II- L'ISLAM: ÉLÉMENTS D'HISTOIRE ET DE DÉFINITION
A- Les grandes étapes de l'histoire de l'islam
a. les origines de l'islam:
5 piliers de la foi:
– la prière
– la profession de foi
– l'aumône légale
– le pèlerinage à La Mecque
– le ramadan
Quelques principes:
– la djihad: combat int du croyant pour respecter les ppe de la foi
– l'Umma: la communauté des croyants
– le Dar ul-islam: territoire où l'islam est majoritaire mais pas hégémonique
Le pb de la succession du prophète → schisme au VIIe sc entre sunnisme et chiisme (qui
refuse l'autorité des successeurs.
b. l'empire arabo-musulman, de l'expansion aux divisions (VII-XIIe sc):
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–
–
Empire polycentrique:
Arabie: La Mecque et Médine
Damas: le califat des Ommeyades
Bagdad: le califat des Abassydes
1258:
age d'or du monde arabo-musulman qui joue le rôle de médiateur entre l'antiquité et le monde
médiéval
arrivée des Mongols (XIIIe-XXe sc): califat transporté à Constantinople; le sultan devient
sultan-calife. Mais abolition du califat par Mustafa Kemal en 1924 → nouvelle concurrence
entre Le Caire, Damas, Bagdad, La Mecque et Médine.
B- Éléments de diversité géographique et religieuse
a. l'islam contemporain est majoritairement asiatique:
1200 millions de musulmans dans le monde. Les principaux pays sont: l'Indonésie, le
Pakistan, le Bangladesh, l'Inde et la Chine. L'Iran, la Turquie et l'Égypte en regroupe 210 millions.
Bcp de minorités musulmanes en dehors de la Dar ul-islam: dans les Balkans, partout en
Europe par les différentes vagues d'immigration et en Amérique centrale et du sud.
Il existent aussi des minorités non-musulmanes en terre d'islam: ex du Liban notamment.
b. une majorité sunnite, une minorité chiite importante:
La Sunna = le coran, la Charia et Hadith. 4 oulémas en ont donné des interprétations:
malékite, hannefite, chaffiste, hanbalite. Ainsi, le fonctionnement de l'islam d'un pays à l'autre peut
être très différent.
Opposition radicale sunnisme / chiisme:
– sur l'oganisation du pouvoir
– sur une dimmension d'eschatologie: bcp de chiites attendent la venue de l'imam caché
– sur le culte du martyr: chiisme est un monde de deuil car naît de la mort de Ali
Exemple du chiisme iranien: religion officielle depuis le 17e sc. Clergé hiérarchisé:
les grands ayatollahs, les ayatollahs, les mollahs et les sayyeds.
C- L'islamisme, une idéologie et des pratiques politiques instrumentalisant l'islam
a. Définitions:
– intégrisme: XIXe
– fondamentalisme
– fanatisme
– islamisme
b. rappels chronologiques: des Frères musulmans égyptiens aux Talibans et à Al Quaeda:
– Frères musulmans égyptiens actifs de 1928 à 1962
– révolution islamique en Iran en1979
– occupation de la mosquée de La Mecque par une tribu islamiste saoudienne en 1979
– assassinat de Sadate en 1981
– organisation contre l'invasion de l'Afghanistan par l'URSS en déc 1979
dvpt du terrorisme international se réclamant de l'islamQuestion d'Orient, question d'Occident
Chapitre 1:
LES TRUCS, DES HORDES MONGOLES A SOLIMAN LE MAGNIFIQUE,
DES TATARS DE KAZAN AUX TANZIMAT
I- DE LA «HORDE D'OR» AUX TURCS OTTOMANS: LES GRANDES MIGRATIONS
TURCO-MONGOLES
A- Le Grand Khan des «Hordes mongoles», «Maître des steppes»
3 grands groupes qui traversent toute l'Asie: les Mongols, les Turcs et les Ouïgours.
Création de l'empire des steppes par Gengis Khan qui le dirige: occupation de la Russie
pendant 6 sc, de la Crimée pendant 10 (les Gagaouzes en sont un résidu par exemple)
2 mères-patries pour les turcs: Ana vatan (= Turquie) et la Mongolie.
B- La migration des Turcs seldjoukides, puis des Turcs ottomans
XIe-XIIe sc: Seldjoukides en Anatolie
XIIe-XIIIe sc: arrivée des Ottomans
29 mai 1453: prise de Constantinople (= fin de l'empire grec d'orient).
XVIe sc: apogée de l'empire ottoman avec SOLIMAN LE MAGNIFIQUE qui structure
l'empire et développe des lois laïques. Constantinople devient Istanbul. 3 caractéristiques de
l'empire à son apogée:
– implantation de l'islam en Europe (Balkans en Europe)
– empire multinational, multilinguistique et multireligieux
– violence politique pour manifester sa force
II- REFORMISMES MUSULMANS AU XIXe SIECLE: TANZIMAT OTTOMANS,
DJADIDISME TATAR, NAHDA ARABE
A- Aux origines des Tanzimat: les réformes ottomanes (XIXe)
dès XVIe sc, grignotage de l'empire par les voisins russes et européens.
L'empire ottoman a essayé de contrer son déclin. Dès XVIIIe sc, les sultans tentent de
réformer pour résister. Modernisation d'abord technique. (Grande influence de Bonaparte qui a
tenté de moderniser l'Égypte).
3 novembre 1839: Edit de GÜLHANE ouvre l'ère des Tanzimat
B- Les principales réformes des Tanzimat
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avoir une armée moderne: endoctrinement des régiments, org° académique... pls tentatives de
coup d'Etat.
réorganisation administrative avec un découpage géographique
modernisation et unification du droit: 3 droits se distingue: le droit coranique, le droit impérial
et les droits coutumiers
modernisation du système scolaire: ouverture d'école non-coranique et d'écoles pour les filles
modernisation du système fiscal
C- Le mouvement constitutionnaliste jeune-ottoman (1876)
Un groupe semi-clandestin fait pression sur Abdul Hamid II pour qu'il promulgue une
constitution. Volonté d'une monarchie constitutionnelle et parlementaire.
Mise en place de la constitution pendant une très courte durée car agressions extérieure.
Application effective sous les Jeunes Turcs en 1909.
D- Le djadidisme, réformisme tatar en Russie
Les Tatars sont des descendants turco-mongol en Russie. Grands commerçants ce qui leur
vaut le titre de «kulturträger». Beaucoup d'intellectuels tatars de Crimée ou de Kazan:
– Ismaïl Gasprinski:réforme linguistique et de l'éducation; volonté de se rapprocher des autres
Turcs
– Sadri Maksudi:étudie en France puis dirige le mouvement national libéral des Turcs de Russie
E- La Nahda et les réformistes arabo-musulmans
Nahda = renaissance
Bourgeoisie arabe se questionne sur la justification de la domination ottomane car pas
d'infériorité des arabes et difficultés d'émancipation du pouvoir religieux mais pb au niveau
linguistique et de la modernisation de l'Islam.
Question de l'adaptation d'un vieil empire à la modernité.
III- MINORITES ET EMERGENCE DES NATIONALISMES DANS L'EMPIRE
OTTOMAN
A- Le statut des minorités: dhimmitude arabe, millet turc
Dans l'empire ottoman, les minorités ont un droit total d'existence. Système de 4 millets:
les Arméniens
– les Chrétiens orthodoxes
– les Chrétiens latins
– les Juifs: les Séfarades notamment depuis 1492; bonne cohabitation jusqu'en 1920; les Turcs un
élément de propagande et de politique extérieure
Au XIXe siècle, instrumentalisation des minorités pour affaiblir l'empire ottoman.
Désormais, distinction entre musulmans et non-musulmans.
–
B- En Egypte, la résistance précoce à la double tutelle ottomane et européenne
a. Modernisation de l'Égypte par Mohammed Ali:
Il installe une dynastie en 1805. S'autonomise par rapport à l'empire ottoman grâce au
développement du coton et du canal de Suez.
Mais accumulation de dettes. Pour les rembourser, vente d'action en secret à GB qui
devient propriétaire et s'installe militairement.
b. La résistance à la pénétration européenne à la fin du XIXe:
Développement d'un nationalisme dans les an80 avec le colonel Ahmed Urabi, écrasé par
GB.
1907: apparition de 2 partis nationalistes:
– Watan avec Mustafa Kamel
– Umma avec Saad Zaghloul
III- LES RIVALITES DES PUISSANCES POUR «LE PARTAGE DU GATEAU
OTTOMAN»
A- Une économie dominée par la France, la GB et l'Allemagne
Pour se moderniser, nécessité de s'endetter. Création pour l'occasion d'une banque de «la
dette ottomane».
En plus, les puissances occidentales investissent beaucoup dans cette région.
B- La Russie, menace principale?
Pression constante sur 5 espaces:
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–
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les Balkans
la mer Noire
les détroits du Bosphore et des Dardanelles
le Caucase
le Turkestan
Provoque une multitude de guerres russo-turque.
C- Le double objectif de la GB
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empêcher les russes de descendre vers le sud
le canal de Suez
D- Une importante présence française
1530: signature des Capitulations entre François I et le sultan pour la protection des
commerçants français au sein de l'empire.
En plus, grande influence intellectuelle, culturelle et juridique.
E- Une Allemagne tard venue mais ambitieuse
an1890, Guillaume II lance une politique coloniale. Il s'y fait le protecteur des musulmans et
tente d'obtenir les marchés du chemin de fer et de l'armement.Question d'Orient, question
d'Occident
Chapitre 2:
REVOLUTIONS CONSTITUTIONNALISTES (PERSE-TURQUIE)
ET PREMIERE GUERRE:
LA MORT DES EMPIRES ET L'EMERGENCE DES ETATS-NATIONS (1905-1923)
Constitutionalisme est un mouvement d'époque; toujours le même modèle de référence: la
monarchie anglaise, la révolution française et Napoléon et l'autoritarisme prussien.
3 empires font une tentative de révolution: 1905 en Russie, 1906 en Perse, 1908 dans
l'empire ottoman.
I- DEUX REVOLUTIONS CONSTITUTIONNALISTES: RUSSIE (1905) ET PERSE (1906)
A- 1905: la révolution étouffée dans la Russie de Nicolas II
Nicolas II succède à Alexandre III.
Développement d'un mouvement ouvrier immédiatement réprimé (pogroms).
1905: guerre russo-japonaise pour la Mandchourie: victoire surprise du Japon.
Mécontentement de la population provoque des mutineries et grève générale puis passage à la
Révolution. Création de la Douma qui rapidement échoue.
Bakou est l'une des capitales du pétrole. Toutes sortes de classes sociales s'y concentrent ce
qui provoque un clash. Quelques agitateurs (dont Staline) lance une grève. Répression du pouvoir:
beaucoup de travailleurs iraniens perdent leur emploi. Mais cet épisode contribue à la diffusion
d'idées révolutionnaires.
B- La longue histoire d'un peuple multi-ethnique
Environ 70 millions d'habitants. Très grande diversité ethnique:
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Azéris turcophone au nord-ouest
Kurdes à l'ouest
Arabiestan au sud-ouest
Balouch
Patchoune
Kurdes déportés au nord est
Doublée d'une diversité religieuse:
chiisme majoritaire:religion d'Etat depuis le XVIe siècle
sunnisme
minorités chrétiennes: les Arméniens
minorités juives
Langue perse est très importante d'un point de vue culturel: bcp de litérrature.
C- Le constitutionnalisme anti-impérialiste en Perse fin XIXe
Contexte du «great game»: double pression sur la Perse: au nord, les russes et au sud, les
Anglais. Concurrence pour la maîtrise de la modernisation de la Perse qui a encore une économie
archaïque.
Dynastie des Qadjar: Mozaffareddin Shah coûte très cher en cure thermale. Nécessité de
faire des emprunts:
– 1896: les Anglais ont le monopole des tabacs en échange d'un emprunt; le clergé chiite est
mécontent et profite de sa réelle autorité sur les populations pour interdire de fumer
– 1900: les Russes obtienent la gestion des douanes ce qui leur permet d'avoir une main mise sur
tout le commerce extérieur en échange d'un emprunt. Ils s'occupent également de la
modernisation de l'armée grâce à l'infiltration de régiments kozacs.
– En réaction, les Anglais réclament la gestion des ressources minières et forestières: ils ont ainsi
le monopole sur l'exploitation pétrolière.
D- 1906: la révolution dans la Perse des Qadjars
Explosion des prix du sucre provoque le mécontentement général et un mouvement
révolutionnaire: les intellectuels, le prolétariat du pétrole et le clergé chiite réclame une constitution.
Le shah est obligé d'accepter: création d'une assemblée (majlis) et d'une constitution (30
décembre 1906). Représentation nationale, liberté d'opinion et justice sociale sont les mots d'ordre.
La suprématie de l'islam chiite est annoncé dès l'article 1 de la constitution: 5 dignitaires
religieux ont un droit de veto sur les débats parlementaires. Ceci est révélateur de la volonté de
contrebalancer les influences impérialistes des Anglais et Russes.
Cet épisode dure peu de temps: il est suspendu en 1909.
En 1908, on découvre du pétrole à la frontière irano-irakienne. Dès 1909 est fondée la
Anglo-Persian Oil Co. La 1e grande raffinerie se trouve à Abadan.
II- LA REVOLUTION JEUNE-TURQUE DANS L'EMPIRE OTTOMAN D'ABDÜLHAMID II (1908)
A- Le nationalisme turc, des «Nouveaux Ottomans» (1876) aux «Jeunes Turcs» (1894-1895)
Les «Nouveaux Ottomans» représente le 1e génération constitutionnaliste en 1876.
Les Jeunes Turcs s'élèvent contre l'absolutisme du sultan. Ils sont essentiellement des
journalistes, des jeunes officiers, des intellectuels... leur mouvement s'inscrit dans un mouvement
plus large de demande de modernisation. Beaucoup de mouvements clandestins, notamment le
parti «Union et Progrès».
Alternative idéologique entre pantouranisme (pour un empire qui regroupe toutes les
populations turques de la Chine aux Balkans) ou ottomanisme (pour solidifier l'empire ottoman
grace à l'islam). Certains, comme Mustafa Kemal sont partisants de la «Petite Turquie».
B- La Révolution jeune-turque de juillet 1908 et sa radicalisation idéologique
pantouranienne (1911-1914)
Ils s'emparent du pouvoir en 1908 mais laisse le sultan sur le trône pendant encore un an.
rétablissement de la constitution de 1876
– établissement des libertés fondamentales
– négociation pour la cohabitation de tous les nationalismes
Diriger par 3 hommes: Emver Pacha, Talaat Pacha, Djemal Pacha. On parle de
«Triumvirat».
Mais rapidement fleurissent de nombreux mouvements nationalistes ce qui provoque un
durcissement du régime.
Cependant, cela n'a pas empêché une modernisation par le haut sur quelques points:
– sécularisation de la justice
– plus grande liberté dans le vêtements notamment pour le port du voile qui n'est plus obligatoire.
–
III- LA GUERRE MONDIALE AU MOYEN-ORIENT
BOLCHEVIQUE DANS LE CAUCASE ( 1914-1920)
ET
LA
REVOLUTION
A- La guerre au Moyen-Orient
Le Moyen-Orient est un théâtre d'opération important:
les détroits des Dardanelles (où Mustafa Kemal remporte une victoire) et du Bosphore
– le Caucase avec la déportation des Arméniens vers la Syrie puis leur génocide en 1915-16
– en Egypte et dans le golf arabique où les Anglais, grâce à Lawrence d'Arabie provoque des
révoltes arabes
Beaucoup de défaites qui aboutissent finalement à l'armistice de Moudros le 30 octobre
1918.
–
B- Des accords de Sykes-Picot (1916-17) au traité de San Remo (1920): l'impossible
royaume arabe
Totale contradiction de la préparation de l'après-guerre par les Anglais:
promesse d'un grand royaume arabe dirigé par le chérif Hussein à La Mecque (dès 1916)
– déclaration Balfour le 2 novembre 1917
– accords secrets anglo-français Sykes-Picot qui négocient le partage des régions arabes
En plus, il y a de nouveaux acteurs à prendre en compte: les Italiens, les Grecs... mais pas les
Russes à cause de la révolution de 1917.
On aboutit finalement au traité de San Remo qui est pour les arabes le symbole de la
trahison. La France se retrouve au Liban et en Syrie; la GB en Jordanie et en Irak.
–
C- La révolution bolchevique dans le Caucase: d'éphémères indépendances (1918-1920)
1918: indépendance de la Transcaucasie et du Turkestan jusqu'en 1920, date à laquelle
les bolcheviques tentent de reprendre le pouvoir.
Août 1920: organisation du Congrès des Peuples d'Orient à Bakou par la IIIe
Internationale. Volonté de Lénine de soulever les peuples contre les Anglais et les Français. Le
Congrès a peu de succès mais provoque malgré tout un double impact:
– l'URSS jouit d'une image positive de libérateur des peuples
– les Occidentaux s'inquiètent de l'expansion du bolchevisme en Orient
IV- DEMEMBREMENT ET RESURGENCE DE LA TURQUIE (1918-1923)
A- Des accords Sykes-Picot (1916- 1917) au Traité de Sèvres (10 aout 1920): la Turquie
démantelée
Grecs, Français et Italiens se partagent la Turquie.
Création d'Etats pour les Arméniens, les Kurdes et les Assyro-caldéens. Mais cela pose
rapidement problème car les peuples se chevauchent géographiquement. Preuve que ce traité est un
monument de diplomatie inapplicable.
B- Le sursaut national autour de Mustafa Kemal (1918- 1922)
Les 3 pacha se sont réfugiés en Allemagne; De son coté, Mustafa Kemal fédère les
résistants turcs et musulmans (il rassemble les opposants aux traité de Sèvres). Il instrumentalise
la révolution bolchevique (il conclue des accords avec les bolcheviques et crée un faux parti
communiste turc pour effrayer les Anglais et les Français).
Les Français se retirent de Cicilie: «Plutôt M K que le bolchevisme». Il s'en suit le retrait
des Anglais qui soutenaient les Grecs: début de combats sanglants.
C- Le traité de Lausanne ( 24 juillet 1923): la Turquie, premier Etat-nation d'après-guerre
Nouveau traité qui annule le traité de Sèvres. C'est un traité d'homogénéisation ethnique si
bien que des populations grecques comme turques vont être déplacées.
1 novembre 1922: abolition du sultanat
29 octobre 1923: proclamation de la République de Turquie: MK est le président.
Question d'Orient, question d'Occident
Chapitre 3:
L'ENTRE-DEUX-GUERRES EN EGYPTE ET AU MACHREK ARABE:
MANDATS, ETATS ET NOUVELLES FORCES POLITIQUES, PETROLE
I- LA FAUSSE INDEPENDANCE DE L' EGYPTE, ENTRE NATIONALISME DU WAFD
ET ISLAMISME DES FRERES MUSULMANS (1918-1939)
A- Le Wafd, parti nationaliste dirigé par Saad Zaghloul
L' Égypte est sous le contrôle des Anglais depuis les années 1880. En 1914, elle devient
protectorat britannique ce qui provoque la rupture des liens avec l'empire ottoman.
Le nationalisme égyptien est né dans les années 1880 et se renforce en 1918, lorsque Saad
Zaghloul relance son parti Umma et part à Londres avec une délégation (Wafd) pour négocier le
départ des Anglais. Il est arrêté ce qui provoque la révolution de 1919 sous forme d'une grève
générale. Il est finalement libéré et rebaptise son parti Wafd.
Passage à une monarchie parlementaire en 1922; le Wafd domine à l'Assemblée. Volonté
de modernisation du pays.
B- La fausse indépendance: le traité d'août 1936
Au roi Fouad succède le roi Farouk qui est très populaire: il veut obtenir le départ des
Anglais. A l'époque, la GB veut éviter les conflits...
... ce qui débouche en 1936 sur la signature d'un traité anglo-égyptien qui prévoit:
– l'indépendance de l'Égypte
– le regroupement des troupes anglaises vers le canal de Suez
– la possibilité d'utilisation de l'espace aérien par les Anglais
– la possibilité de réoccuper l'ensemble du territoire en cas de guerre
Les partis nationalistes ont considéré cela comme une fausse indépendance et le Wafd s'en
est vu discrédité.
C- Les Frères Musulmans, premier mouvement islamiste contemporain
Mouvement dirigé par Hassan al-Banna dès 1928 qui milite pour un Etat islamiste.
Il souligne la différence entre les Égyptiens et les Anglais: sa doctrine est anti-impérialiste
et veut rétablir la justice sociale. Volonté de réformer l'islam pour s'adapter au monde moderne:
l'objectif est de créer une contre-société musulmane.
Son ascension est parallèle au déclin du Wafd. Le mouvement s'appuie sur une base sociale
très large. Il a un mode de fonctionnement très moderne et utilise la propagande. Leur action
caritative est très importante ce qui participe beaucoup à leur popularité (écoles, centres de santé,
formations professionnelles...).
II- LES ETATS DU MACHREK SOUS MANDAT OU TUTELLE, SAUF LA PENINSULE
Mandats: les puissances mandataires sont chargées de préparer l'accession à l'indépendance
des zones sous mandat. En fait, il s'agit d'une forme de néo-colonialisme.
A- Dans la Palestine mandataire: le Yishouv sioniste se heurte à un nationalisme palestinien
émergent
a. les origines du sionisme fin XIXe:
Il y a en Russie une tradition antisémite (nombreux pogroms). A l'inverse, le modèle
français est assimilationniste et constitue ainsi un modèle de référence.
Puis, survient l'épisode de l'affaire Dreyfus qui prouve que le problème n'est pas résolu.
C'est alors que Theodore Herzl développe la thèse sioniste dans L'Etat des Juifs, essai de
solution moderne de la question juive en 1896. L'année suivante est organisé un congrès à Balle.
b. le sionisme, idéologie nationaliste, laïque et messianique:
Le peuple juif est une nation qui n'a pas de territoire. On choisit finalement la Palestine
en la considérant comme une terre vide: le projet s'inscrit dans une idéologie colonialiste.
Le projet est laïque parce qu'il est nationaliste et socialiste, mais il est également
messianique (retour à la terre d'Israël).
c. le sionisme, une idéologie longtemps minoritaire:
Beaucoup de Juifs se sentent bien dans les pays qu'ils habitent et ne veulent pas en partir.
D'autre part, les communistes pensent que la révolution socialiste réglera le problème des Juifs.
Enfin, il y a une opposition des Juifs religieux qui considèrent que seul le messie a le droit
d'organiser le retour en Israël.
d. la déclaration Balfour de novembre 1917 ouvre la perspective d'un «foyer national juif en
Palestine:
Développement d'une colonie juive après la première guerre. Passage progressif à un Etat
par la multiplication des attributs d'un État sous le mandat britannique.
e. une résistance palestinienne qui culmine en 1936:
Les juifs achètent des terres aux Arabes qui se retrouvent souvent au chômage. De là naît
un mouvement de protestation qui s'amplifie après la première guerre mais fait plusieurs erreurs
stratégiques.
L'évolution du nationalisme suit l'évolution de la croissance de la population juive et
culmine en 1936 avec une grève générale qui dure plusieurs mois.
B- Les deux royaumes hachémites sous mandat britannique
Le chérif Hussein a eu 2 fils: Faycal et Abdallah. Le premier est sur le trône de Syrie jusqu'à
ce que les Français l'en chasse. Il va alors à Bagdad et prend la place de son frère. On crée alors un
petit émirat de Transjordanie à Abdallah.
a. l'Irak hachémite: «Etat arabe local sous mandat britannique:
L'Irak est divisé en 3 régions qui posent problème:
– au sud, la région de Bassorah: insurrection générale de la majorité chiite en 1817-19
– au centre, la région de Bagdad: majorité de sunnites
– au nord, la région de Mossoul que les Anglais ont eu le plus grand mal à conserver à cause du
pétrole.
Le régime est une monarchie sous tutelle. Le roi Nouri Said est très impopulaire. Signature
d'un traité anglo-irakien qui est une fausse indépendance en 1930 car les Anglais garde le
contrôle de l'armée et du pétrole.
b. l'émirat hachémite de Transjordanie: une marche anglaise:
C'est une zone tampon entre deux territoire. Sa création est totalement artificielle; il est
donc difficile d'y trouver une identité.
C- Les deux républiques sous mandat français
a. la tutelle conflictuelle de la France sur la Syrie:
La Syrie proclame son indépendance et installe Faycal sur le trône. Suite à ça arrivent les
Français qui expulse Faycal car ils considèrent qu'il incarne une double menace: le nationalisme
syrien et l'homme des britanniques.
Les Français ont malgré cela beaucoup de mal à s'imposer. Ils décident alors de diviser la
Syrie en 6 sur des bases ethniques afin d'affaiblir le nationalisme. Ces divisions ne sont pas sans
contestation comme le démontre l'épisode de la révolte de Djebl Druze. Apparaissent également
des partis syrien: le paysage politique du pays se modernise.
b. La République du Grand Liban, invention du mandat français:
Les Français se considèrent comme les protecteurs des chrétiens du Levant. C'est pourquoi,
le 1 septembre 1920, ils proclame la République du Grand Liban. On parle de «Grand Liban»
parce qu'il regroupe plusieurs religions.
Le partage du pouvoir se fait selon les différentes confessions ce qui pose parfois des
difficultés parce qu'il y a 18 confessions sans compter celles qui ne sont pas reconnues. La part
belle est faite aux Chrétiens.
Depuis 1976, la Syrie occupe le Liban; elle n'a jamais admis la séparation de 1920.
D- La Péninsule: une périphérie contrôlée, une centre indépendant
Le Golfe est, depuis le XIXe siècle une mare britanica: installation de forts militaires pour
transformer la «cote des pirates» en «cote de la trève». En 1938, on découvre du pétrole dans le
Golfe pour le première fois.
Le centre désertique ne fait l'intérêt de personne. Cependant, les Saoud s'allient aux
Wahhabite et forment trois Etats qui deviennent l'Arabie Saoudite entre 1902 et 1932 grâce à Ibn
Saoud.
III- L'OR NOIR, ENJEU STRATEGIQUE CROISSANT DU MOYEN-ORIENT
A- De Bakou (Azerbaïdjan,1870) à Abadan (Perse, 1912)
a. Bakou, métropole pétrolière sur la Caspienne russe (1870-1914):
1863: création par les Nobel de la raffinerie de Bakou. Des grandes grèves s'y organisent en
1904-05 (avec Staline notamment).
b. le pétrole jaillit en Perse (1908):
En 1901 commence la recherche de pétrole en Perse; en 1908, on en trouve au sud-ouest du
pays. En 1909 est créée l'Ango-Persian Oil Co. En 1912, on construit à Abadan la plus grande
raffinerie du monde.
B- Le jeu des Puissances dans l'Empire Ottoman, puis en Irak
a. La Turkish Petroleum et les pétroles de Mossoul (1911-1925):
1912: création de la TPC (GB et All). Se succèdent les Accords de Sykes-Picot et de San
Remo qui font valser Mossoul tantôt sous mandat français tantôt sous mandat britannique. En 1922,
les Etats-Unis réclament une politique de la porte ouverte et une part dans la TPC. Puis en 1924,
les Français créent la Compagnie Française des Pétroles et obtiennent un quart des actions de la
TPC.
b. les Accords de la Ligne Rouge, 1928:
1928: la TPC devient l'Irak Petroleum Co. La même année des entreprises américaines
entrent dans le capital de l'IPC et s'engagent à ne pas explorer seul l'empire ottoman.
C- La découverte du pétrole dans le Golfe (fin des années 1930)
a. la découverte du pétrole à Barhein en 1932:
Découverte par Holmes alors qu'il cherchait de l'eau potable.
b. La découverte du pétrole en Arabie Saoudite en 1938:
Il s'en suit la création de l'Arabian-American Co, puis, en 1945 l'entente pétrostratégique
entre les deux pays.
On est passé progressivement d'une domination britannique à une domination
américaine.Question d'Orient, question d'Occident
Chapitre 4:
LA REVOLUTION KEMALISTE EN TURQUIE:
UNE OCCIDENTALISATION CONTRAINTE (1923-1938)
I- LE «DESPOTISME ECLAIRE» DE MUSTAFA KEMAL
A- Mustafa Kemal, Ghazi, Atatürk, dit Boz Kurt (1881-1938)
a. Mustafa Kemal, vainqueur des Dardanelles et des Grecs, sauve la Turquie:
Il naît en 1881 à Salonique. Il entre dans l'armée et remporte la bataille des Dardanelles en
1915-16.
On le surnomme Ghazi ce qui signifie «vainqueur des infidèles». Puis, lorsque la loi sur les
patronymes est votée, l'Assemblée lui attribue le nom d'Atatürk, «père des Turcs». Plus tard, on lui
attribue le nom de Boz Kurt qui signifie «loup gris» (en référence à une légende sur l'origine du
peuple mongol similaire à l'histoire de Romulus et Remus).
Le 29 octobre 1923 il est élu président; il gouverne jusqu'à sa mort le 10 novembre 1938.
b. modèles et références: l'Europe occidentale des Lumières, la France:
Forte influence des Lumières, de la Révolution française et de Bonaparte.
La Turquie est un Etat fort dans un contexte de totalitarisme. Mais il y a quelques
différences:
– il n'y a pas d'idéologie structurée: le kemalisme se construit au fur et à mesure
– pas de politique expansionniste
– volonté de créer une «civilisation turque moderne»
c. les méthodes: volontarisme et populisme (malgré le peuple, pour le peuple:
Il développe le nationalisme pour combler un besoin d'identité. Ce nationalisme est
essentiellement défensif (cf. syndrome de Sèvres).
D'autre part, il développe l'idée que la lutte des classes ne peut avoir lieu car la Turquie est
un pays trop jeune et donc trop fragile. Il utilise également l'argument des origines turco-mongoles
pour justifier l'interdiction du PC et des syndicats.
B- Une république autoritaire, sinon dictatoriale
a. les institutions kemalistes: un exécutif présidentiel fort:
La constitution est votée en 1924. Elle repose sur la souveraineté populaire, la GANT est
élue au suffrage universel masculin, le président est élu par l'Assemblée et le gouvernement
responsable devant celle-ci.
En réalité, il y a une très forte concentration du pouvoir. On parle de «régime des pachas
en civil». Par ailleurs, une grande importance est donnée au système scolaire car c'est un appareil
idéologique d'Etat (MK s'investit personnellement en jouant au super instituteur.
b. la dictature des années 30: le Parti républicain du peuple (CHP), parti unique:
Les années 20 sont synonymes de diversité politique mais petit à petit, le régime se durcit.
En 1925, le parti de MK devient le parti unique ce qui n'empêche pas qu'il y ait différents
courants internes à ce même parti. Cette évolution est à mettre en parallèle avec l'évolution des
partis politiques européens dans les années 30.
c. transformations sociales et nouvelle classe politique:
Suite à la première guerre mondiale, la famille impériale disparaît du paysage politique. Il en
est de même pour certains qui se sont faits éliminer pendant la guerre comme les Arméniens. En
somme, la Turquie se retrouve plus turque qu'elle ne l'a jamais été. Ce sont les héritiers des
Jeunes Turcs et la petite bourgeoisie qui se retrouve aux commandes.
Au niveau socio-économique, la guerre provoque de nombreuses migrations. Par exemple,
les Grecs quittent des terres riches à l'ouest qui sont rapidement réinvesties par des Turcs.
II- LA CONSTRUCTION D'UNE IDENTITE NATIONALE
A- Une «révolution culturelle»?
a. le choix symbolique d'une nouvelle capitale: Ankara contre Istanbul
MK décide de transférer la capitale à Ankara. Cette démarche révèle la volonté de rompre
avec le passé ottoman. Ankara a l'architecture d'une ville moderne des années 30. En fait, dès 1923,
la Turquie se retrouve avec deux capitales.
b. la «nov langue»: épuration et turquisation de la langue osmanli à partir de 1928:
En 1928, une loi impose le passage de l'alphabet arabe à l'alphabet latin. On crée à
l'occasion un vocabulaire turc. C'est une autre façon de rompre:
– avec le passé
– avec la religion
– avec les dimensions arabes et persanes de la langue ottomane
Dans la même logique est votée la loi sur les patronymes la même année.
c. la réécriture de l'histoire turque: le grand discours d'octobre 1927:
L'histoire turque est intimement liée à l'histoire ottomane. D'ailleurs, la Turquie a deux
mères patries. En 1934, MK fait un discours de 36 heures à la tribune. Il rejette l'empire ottoman
et exalte les Turcs. Cette histoire est diffusée grâce à des écoles normales, des universités...
Il développe ainsi une négation des minorités. La république qu'il installe est jacobine. De
cette époque date les problèmes avec les minorités notamment les kurdes.
B- Indépendance, neutralité et prosélytisme
a. règlement difficile des contentieux (Sandjak, Mossoul) et neutralité:
La Turquie est restée neutre pendant le deuxième guerre et MK a su déminer tous les
conflits régionaux. Il a signé de nombreux traités d'amitié.
b. le prosélytisme: l'impact régional du «modèle kémaliste»:
MK invite le chef d'Iran et fait un voyage officiel en Afghanistan mais les deux démarches
sont un échec. En revanche, MK a eu une influence à plus long terme sur la Tunisie et l'Égypte par
exemple.
c. Turcité contre panturquissme et kurdisme:
Le projet kemaliste est un projet petit turque; c'est pourquoi il interdit les partis d'extrème
droite qui sont panturquistes.
III- LES FEMMES DANS LA TURQUIE NOUVELLE, OU LES LIMITES D4UNE
EMANCIPATION AUTORITAIRE
A- Les évolutions volontaristes du statut des femmes
–
–
–
–
Héritages:
revendications féminine au Xve siècle à propos du foulard
revendications féminines et féministes pendant la révolution de 1908
mouvement suffragiste après la guerre; manifestation de femmes pour faire partir l'occupantt.
Lois:
égalité en matière de divorce, d'héritages et de gardes des enfants
–
mariage civil obligatoire, répudiation et polygamie interdites
– port du voile interdit, scolarisation obligatoire des filles
1932: première élection de Miss Turquie (qui deviendra Miss Monde). Cela fait un
scandale dans le monde musulman.
B- La question des droits politiques
En 1930, MK fait un discours qui va à l'encontre de tous les arguments contre cette vieille
revendication. En 1934, le droit de vote aux femmes est acquis.
C- Les paradoxes du Congrès suffragistes international de 1935
En avril 1935, l'Association Internationale pour le Suffrage des Femmes organise un
congrès pour féliciter la Turquie de la nouvelle réforme. On s'aperçoit que la réforme est
autoritaire et que son application par les populations pose problème.
IV- «LAIKLIK»: LAICISME ET LAICITE KEMALISTES
A- Les mesures de laïcisation
a. l'abolition du califat le 3 mars 1924:
L'opération est brutale et laisse un vide. Depuis, régulièrement, certains musulmans font
ressurgir l'idée de le recréation du califat.
b. la laïcité dans les textes constitutionnels:
A l'article 2 de la constitution de 1924, il est écrit que la religion de l'Etat turc est l'Islam. En
1928, cet article est supprimé. En 1937, la laïcité est inscrite dans les principes fondamentaux de la
république turque.
A la différence de la France, la laïcité n'est pas une laïcité de séparation mais de contrôle.
L'Etat contrôle la religion par deux institutions:
– la direction des affaires religieuses qui gère le clergé musulman comme des fonctionnaires
– la direction des fondations pieuses qui gère tous les biens religieux
c. la laïcisation sociale et des moeurs:
Un ensemble de petites réformes dérisoires permettent de changer les comportements:
– réforme de l'alphabet: les prêches sont désormais prononcées en turque
– adoption du calendrier et de la semaine chrétiens: les fonctionnaires ne peuvent plus aller à la
prière le vendredi
– interdiction du port du fez qui est remplacé par la casquette: on ne peut toucher le sol avec le
front
– réglementation de la barbe et de la moustache
B- Éléments d'analyse du laïcisme kemaliste
MK instrumentalise la religion pour faire passer les lois républicaines. La forte minorité
chiite est laissée de coté: elle n'a aucune place dans la fonction publique
Le problème majeur est celui de l'application des lois; la population a eu du mal à
admettre la laïcisation. Sous le totalitarisme de Kemal, les lois étaient appliquées mais suite à sa
mort, il y a un renouveau du fondamentalisme.
C- L'impact régional et international de la nouvelle laïcité
L'ensemble du monde musulman est horrifié par ses réformes.
Au contraire, la France en est très satisfaite: l'ensemble du personnel politique de la IIIe
république va défiler en Turquie. On parle de MK en termes de «petit père Combes de
l'Islam».Question d'Orient, question d'Occident
Chapitre 5:
LA GUERRE FROIDE EN ORIENT:
LE «GRAND JEU» SOVIETO-AMERICAIN EN TURQUIE ET EN IRAN (1945-1953)
I- LA TURQUIE, DES VISEES SOVIETIQUES A L'ADHESION A L'OTAN (1941-1952)
A- Le choix de la neutralité pendant la deuxième guerre
La Turquie maintient sa neutralité pendant la deuxième guerre pour deux raisons:
– échec de l'intervention lors de la première guerre
– c'est un principe kémaliste
Cependant, elle entre en guerre en février 1945 afin de pouvoir participer à la conférence
de San Francisco.
B- Les visées soviétiques sur les détroits turcs
Staline a des vues sur les Détroits des Dardanelles et du Bosphore et entend installer une
base militaire proche d'Istanbul. Les Turcs négocient jusqu'à ce que Staline déclare qu'il entend
établir des «relations aussi bonnes qu'entre URSS et Pologne».
Parallèlement, il y a une guerre civile en Grèce et l'un des camps est soutenu par l'URSS.
En réponse, doctrine Truman en 1947 pour venir en aide des pays aggréssés ou sur
lesquels ont fait pression. De ce fait, la Turquie et la Grèce basculent dans le camp occidental.
C- La Turquie, bastion occidental sur le flanc sud de l'URSS depuis 1947
Double échec de Staline qui n'a ni rallié la Turquie ni conservé sa neutralité.
Adhésion à l'OECE; Plan Marshall en 1948; Conseil de l'Europe en 1949...
II- L'IRAN DE REZA SHAH, DE LA MODERNISATION AUTORITAIRE AUX
TENSIONS DE LA DEUXI7ME GUERRE ( ANNEES 1930-1947)
A- La modernisation inachevée de Reza Shah Pahveli (1925-1941)
a. des Qadjar aux Pahlevi (1921-1925): la prise du pouvoir par Reza:
Reza est un ancien officier qui s'est hissé jusqu'au poste de premier ministre. Il organise un
coup d'Etat et s'installe sur le trône en 1925. C'est le début d'une dynastie qui va durer pendant 2
shah (lui et son fils).
b. une tentative de modernisation autoritaire à partir de 1934:
Reza Shah essaye de faire valoir l'influence de Mustafa Kemal dans son pays.
Il met en place toute une série de réformes: changement du fez par le képi iranien,
changement du nom du pays qui devient Iran, construction d'une histoire du pays, tentative de
modification du code civil...
Mais il se heurte à une très forte résistance de la part du clergé chiite.
c. les limites évidentes de la modernisation:
Le statut des femmes et le concept de laïcité n'ont pas évolué; le pétrole reste contrôlé par
les Britanniques.
B- Le choix allemand de Reza Shah et l'occupation de l'Iran (Aout 1941)
L'Iran a un gros intérêt stratégique pour les Alliés: il est une voie plus pratique que les
mers du nord pour le ravitaillement de l'URSS par les États-Unis en armement.
Reza fait le choix de l'alliance avec Hitler pour deux raisons:
– les Aryens
– la modernisation de l'économie iranienne.
Le lendemain de cette alliance, le 25 août 1941, les Alliés interviennent, éjectent le Shah, et
mettent Mohammed Reza à sa place. Le pays est divisé en trois zones d'occupation: au nord,
l'URSS, au sud les Anglais et les Américains dans la capitale.
C- Les visées de Staline sur le nord de l'Iran (1945-46)
Des mouvements nationalistes apparaissent en Azerbaïdjan et dans des régions kurdes.
Staline essaye de créer des États indépendants dans les deux cas pour qu'il se rallie ensuite à des
fédérations soviétiques préexistantes. La prise de pouvoir se déroule de la même façon que dans les
démocraties populaires.
D- L'échec des visées de Staline sur le pétrole iranien (1947)
Staline a aussi des visées sur le pétrole; il réclame des parts de marché mais se les voit
refuser par les Anglais.
En octobre 1946, l'armée iranienne avec le soutien des Britanniques et des Américains
entre dans la zone soviétique et se réinstalle dans les casernes du nord. Cet épisode sonne la fin
des républiques indépendantes.
III- L'AFFAIRE MOSSADEGH, PREMIER «COUP TORDU» DE LA CIA (1950-1953)
A- La nationalisation de l'Anglo-Iranian par le Dr Mossadegh (1950-1951)
Le pétrole est la seule ressource financière de l'Iran. Il est sous la main des Britanniques qui
applique le système des Royalties.
Le 1er mai 1951, le premier ministre Mossadegh nationalise L'Anglo-Iranian qui
devient la National Iranian Oil Company.
En riposte, les Britanniques organisent un boycott (tous les ingénieurs quittent le pays) et un
embargo. Les Américains tentent de tempérer afin que le pays ne bascule pas dans le camp
soviétique.
B- Le complot du Shah et les «Dirty Tricks» de la CIA contre Mossadegh (1952-1953)
Un premier coup d'Etat a été organisé par le Shah contre Mossadegh mais c'est un échec.
Le 19 août, la CIA organise l'opération Ajax: une fausse manifestation communiste a
lieu dans les rues de Téhéran. Elle prend de l'ampleur et devient antimonarchique. On arrête
finalement Mossadegh et on réinstalle le Shah sur le trône.
La nationalisation du pétrole n'est cependant pas remise en cause: les Britanniques sont
les grands perdants.
C- Les États-Unis, nouvelle puissance impériale au Moyen-Orient
Cette affaire est restée le symbole du nouvel interventionnisme de la CIA. Elle marque le
début d'une époque qui culmine peut-être avec le 11 septembre 1973 au Chili.
Les États-Unis s'installent solidement parallèlement au déclin de l'influence
britannique.Question d'Orient, question d'Occident
Chapitre 6:
L'EGYPTE DE 1948 A 2002: DU PHARE DE LA NATION ARABE SOUS NASSER
AUX BLOCAGES POLITIQUES ET SOCIAUX SOUS MOUBARAK
Introduction:14 mai 1948, création de l'Etat d'Israël.
Avant la 2e GM, il ne manque plus que la reconnaissance officielle de cet Etat. Après cette
GM, sa création apparaît comme une compensation du génocide. Soutien de Truman à l'ONU.
Création d'une commission (UNSCOD) qui décide d'un partage de la Palestine mandataire
en 2 Etats (1 juifs, 1 arabe) et un statut international pour Jérusalem. Résultat concret: proclamation
de l'Etat d'Israël par Ben Gourion mais de proclamation d'Etat arabe car refus du partage.
Première guerre dite d'indépendance ou de libération de la Palestine du 15 mai 1948 à
janvier 1949. Défaite des Etats arabes. Les premières victimes sont les Palestiniens qui subissent la
main mise des autres Etats arabes.
En somme, la création d'Israël a eu l'effet d'un vrai tremblement de terre.
I- L'EGYPTE DE 1948 A 1981: UN CADRAGE CHRONOLOGIQUE
A- L'Egypte de Nasser, ou les désillusions de la Nation arabe
a. les années 50: Suez et l'illusion lyrique de la nation arabe:
La révolution des « Officiers libres » (23 juillet 1952):
La monarchie est corrompue et toute puissante sur le Parlement. La défaite contre Israël
provoque des tensions entre les Frères Musulmans et l'armée de la monarchie ce qui aboutit à un
début de révolte avec le grand incendie du Caire le 26 janvier 1952. La révolte est dirigée contre
les Anglais qui soutiennent la monarchie et Israël.
23 juillet 1952: crise révolutionnaire. Les Officiers Libres (Neguib, Nasser et Sadate)
proclament la République le 18 juin 1953. Leur programme: indépendance nationale et lutte
contre la corruption. Leur référence: Bonaparte, Jeunes Turcs, M. Kemal...
Les tensions montent au sein du groupe, Neguib est écarté et, dès octobre 54, Nasser détient
la réalité du pouvoir. Nouvelle constitution. Il devient président en juin 1956.
Ce coup militaire est important car Nasser est écrasant et qu'il nationalise la canal de Suez.
On a d'abord cru que c'était les Frères Musulmans qui étaient derrière tout ça mais en vérité, ils
furent sujets à une répression féroce.
La nationalisation du canal, et la crise de Suez:
Dans le contexte de la GF, Staline essaye se rapprocher des nationalismes arabes mais c'est
sans grand succès car l'Égypte préfère le non-alignement. Dans le cadre du conflit israëlo-arabe, il y
a un problème de frontières entre Israël et Égypte et entre Syrie et Liban.
Nasser relance le vieux projet d'un barrage sur le Nil. Il fait un appel d'offre au niveau
international. Les USA sont prêts à investir si l'Égypte veut bien signer un traité antisovietique. En
riposte, l'URSS propose un prêt à son tour... Agacé, Nasser déclare au milieu d'un discours
fleuve le 26 juillet 56 que le canal est nationalisé.
Retentissement international. La France et GB ne sont pas content et monte une expédition
avec Israël qui envahissent le désert du Sinaï et France et GB interviennent pour la démilitarisation
du canal. Mais c'est un échec car les USA font pression sur la France et GB pour qu'ils s'en aillent
car ils craignent que l'Égypte se tourne vers le soviétisme. Cette crise de Suez est le chant du cygne
des impérialismes français et britannique.
Le nassérisme: un discours du nationalisme arabe:
La nation arabe existe et il faut réaliser l'unité de cette nation; anti-impérialisme et
socialisme. La réalisation de cette unité ne peut se faire qu'Égypte en tête. Expression d'un
certains mépris des Égyptiens pour les autres arabes.
b. les années 60: les échecs de la « nation arabe » et du « socialisme arabe »:
L'échec de la République Arabe Unie avec la Syrie (1958-1961)
En 1955, la camp occidental propose le pacte de Bagdad (qui inclus déjà Turquie,
Pakistan...). La proposition est faite à la Syrie. Celle-ci refuse et propose à son tour une fusion avec
Nasser. Le 1er février 1958 est crée la R.A.U. Qui contient 2 provinces et une nationalité arabe.
En fait, cette fusion traduit une véritable main mise égyptienne sur l'administration, la
politique et l'économie syrienne. On tend ensuite la main à l'Irak qui refuse. Progressivement, les
Syriens n'en peuvent plus (d'autant qu'une rumeur circule disant que l'Egypte à l'intention d'envoyer
des paysans sans terre en Syrie). Le 28 septembre 1961, la RAU prend fin et signe un échec
cuisant de Nasser car c'est un échec de la nation arabe.
Deux crises s'ajoutent à l'échec de la RAU: Koweit (1961) et Yemen (1962):
Koweit: la GB s'en retire en juin 61; le général Kassem prend le pouvoir en Irak et veut
annexer le Koweit. De ce fait, les Anglais reviennent précipitamment avec à leurs cotés des troupes
égyptiennes et jordaniennes. Egypte et Irak se retrouvent donc face à face: échec de la notion de
nation arabe.
Yémen en 1962: guerre civile de succession qui oppose monarchistes et républicains. Cette
guerre se transforme en conflit inter-arabe; l'Egypte, en faveur de la République s'enlise. Deuxième
échec de la nation arabe.
Le désastre de la Guerre de Six Jours (juin 1967):
Il s'agit d'une guerre éclair à l'initiative des israéliens. Échec des Palestiniens et occupation
de la Bande de Gaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem Est. Défaite du nationnalisme arabe qui
est incapable d'avoir une action politique et militaire coordonnée.
C'est de cette époque que date l'autonomisation des Palestiniens par rapport aux Etats
Arabes notamment avec la création par Yasser Arafat du Fatah qui est une section de l'OLP qui va
permettre l'autonomisation de l'OLP dans son ensemble.
Nasser meurt le 29 septembre 1970. C'est la fin d'une époque. Nombreuses manifestations
dans tout le monde arabe.
B- L'Égypte de Sadate (1970-81): tournant stratégique, ouverture économique et retour des
islamistes.
a. un tournant stratégique: la paix avec Israël et le choix américain:
Guerre du Kipour / du Ramadan en octobre 1973 est déclenchée par les Etats arabes qui
sont défaits une nouvelle fois.
L'Égypte change alors de camp: Sadate renonce à l'alliance avec l'URSS et se tourne vers
les USA (changement motivé par une menace interne de la gauche). Il signe un traité d'alliance
politique et militaire avec les USA. Un lien étroit persiste encore aujourd'hui: L'Égypte est le
deuxième pays le plus financé par les USA après Israël.
L'Égypte signe les Accords de Camp David en 1978.
b. une nouvelle politique économique: l'infitah (= l'ouverture):
Les résultats de l'économie étatique de Nasser sont catastrophiques. Sous Sadate, L'Égypte
s'ouvre au libéralisme. Les résultats économiques restent très contrastés: un groupe de privilégiés
s'est enrichi de manière colossale (exemple du frère de Sadate). A cette époque, les passeports
égyptiens sont plus facile à obtenir; du coup, nombreux sont ceux qui vont travailler à l'extérieur du
pays et envoient de l'argent à la famille restée au pays.
c. le retour encouragé des islamistes dans le champ politique et social:
Tous ces retournements politiques provoque un problème d'appui politique de la population.
De ce fait, Sadate essaye de jouer la carte de l'islam. Il ouvre l'espace politique à ces anciens amis:
les Frères Musulmans. Changements flagrants notamment dans les universités: indices
vestimentaires. Leur action est d'abord d'ordre social auprès des étudiants puis vient la
propagande islamiste.
Conclusion: l'assassinat de Sadate le 6 octobre 1981:
Beaucoup de ses actes n'ont pas été accepté. Il finit par accueillir le Shah d'Iran. Phase de
durcissement politique.
Le 6 octobre 81, on fête l'anniversaire de la victoire de 73. La tribune officielle est
mitraillée par un groupe islamiste. Sadate meurt et est enterré dans l'indifférence.
II- L'ÉGYPTE DE MOUBARAK (1970-2002): UN SYSTEME POLITIQUE ET UNE
SOCIETE EN CRISE
A- Un système politique largement bloqué: la démocratisation est-elle impossible?
Le pluripartisme est bloqué: le Parti National Démocrate, parti du président, est au pouvoir
depuis 1962 sans alternance politique. D'autres partis sont autorisés: Wafd, Frères Musulmans,PC
égyptien... Mais les registres électoraux sont du ressort de la police. Il existe un système de
quotas, quelques sièges du parlement sont réservés aux minorités (comme les coptes).
Perpétuelle oscillation entre dictature, immobilisme et monarchie dynastique.
B- Dans le conflit israélo-palestinien: diplomatie dépendante, soutien verbal officiel aux
Palestiniens et exaspération populaire antiaméricaine
L'Égypte ne peut rien dire car elle est très dépendante des financements américains.
Ainsi, elle soutien verbalement les Palestiniens mais ne fait rien de concret. Ce sujet est le seul
moyen de surfer sur l'opinion publique.
Sentiment ambivalent vis à vis de USA: fascination et hostilité.
C- Répression et concessions: une pression islamiste constante et difficilement contenue
La pression islamiste est double: islamisme terroriste mais aussi pression au quotidien
(par exemple en matière de tenues vestimentaires).
Le régime n'a jamais su choisir de réponse claire si bien qu'il oscille entre répression et
concessions.
Il est de plus en plus difficile d'être un intellectuel en Égypte. Ces vingts dernières années,
la situation s'est dégradée: menace de mort, censure...
Les coptes sont dans une situation très inconfortable. Ils sont environ 10 millions mais
subissent quotidiennement des pressions islamistes qui leur rend la vie impossible. Forte émigration
aux USA.Question d'Orient, question d'Occident
Chapitre 7:
LA TURQUIE POST-KEMALISTE ENTRE LA DEMOCRATIE ET L'ARMEE,
L'ISLAM ET LES MINORITES (ANNEES 40-2000)
I- PLURIPARTISME ET INTERVENTIONS DE L'ARMEE: LA LANCINANTE
QUESTION DE LA LAICITE (1945-ANNEES 90)
A- L'apparition d'une opposition légale (1945-1946)
Création du parti démocrate dirigé par Menderes.
B- Le Parti Démocrate au pouvoir (1950- 1960)
Mai 1950: premières élections libres: PD obtient 53% et PRP obtient 29%. Bayar devient
président et Menderes premier ministre.
Remise en cause du laïcisme et de la laïcité: autorisation d'appeler à la prière en arabe,
écoles coraniques restaurées, foulard à l'école autorisés, confréries religieuses autorisées, tribunaux
indulgents avec polygamie t tenues vestimentaires...
C- Les interventions répétées de l'armée: 1960, 1971, 1980
a. le coup militaire du 27 mai 1960 et la démocratisation:
Suite à un accident d'avion dont il réchappe, Menderes organise une cérémonie pendant
laquelle sont sacrifiés chameaux et moutons. Les militaires n'apprécient pas le caractère
chamanique et organisent un coup d'Etat. Ils s'installent au pouvoir pendant quelques mois. Le
coup est qualifié de progressiste: il donne lieu à la rédaction d'une nouvelle constitution et ouvre
les années 60 qui constitue la période la plus libérale de l'histoire de Turquie. Mais l'instabilité
ministérielle est très importante.
b. le coup militaire du 12 septembre 1980 et la répression:
Deux raisons principales à ce coup d'Etat:
– le pays s'enfonçait dans une sorte de guerre civile: extrême gauche et extrême droite se
constituent des fiefs dans les quartiers; la situation est assez dramatique.
– la défense de la laïcité: le lieu du débat est l'université concernant le port du foulard.
Le coup provoque une répression sévère. Les militaires restent au pouvoir pendant 3 ans:
dissolution des partis, éradication du personnel politique, création de nouveaux partis en 1983-86.
Rédaction de la constitution de 1982 qui affirme que le nationalisme turc est supérieur y compris
aux droits de l'homme.
c. les étapes du retour des civils au pouvoir (1983-89):
Turgut Ozal est 1er ministre (86-89) puis président de la République (83-96). Il va mener la
transition démocratique en faisant une synthèse turco-islamique. C'est aussi lui qui marque un
virage prononcé en direction de l'UE.
D- L'impossible démocratisation? Les années 1980-début des années 1990
Dans les textes, la Turquie est une démocratie. Mais dans les faits il reste de nombreux
obstacles pour la candidature à l'UE:
– la question de la place de l'armée et du conseil national de sécurité: la place de l'armée est
institutionnalisée grâce au MGK. Réunion une fois par mois des Etats majors où les militaires
sont dominants face aux ministres moins nombreux.
– La question des violations des droits de l'homme et de la torture: par exemple peine
exorbitantes pour les personnes qui remettent en question la République.
– La question kurde, politique et culturelle: les kurdes ne sont pas reconnus en tant que groupe ce
qui pose la question du droit des minorités.
– La question chypriote, et la partition de l'île depuis 1974: coup d'Etat d'extrême droite pour le
rattachement à la Grèce; l'armée turque intervient pour la protection de la population turque. Elle
aurait du se retirer ensuite mais y est toujours présente.
– La reconnaissance du génocide arménien
En contre partie de ce sombre tableau, la Turquie a vu se développer ces dernières années un
mouvement de société civile pour la promotion de question des droits de l'homme.
II- LAICITE ET RETOUR A L'ISLAM A LA FIN DU SIECLE
A- L'islamisme politique: réislamisation par le haut
Le Parti de l'Ordre National change régulièrement de nom car il est dissout tous les deux
trois ans. L'objectif de ce pays est d'atténuer la laïcité. En 1994, le parti de la prospérité remporte
de nombreuses municipalités dont Istanbul et Ankara. Ils ont contribué à améliorer la gestion de la
municipalité. Ils déclarent que l'avenir de la Turquie est vers l'UE.
B- La réislamisation fondamentaliste par le bas: mouvements religieux et confréries
Ils jouent un double rôle: religieux et spirituel d'une part et d'assistance sociale d'autre part.
Quelques groupes terroristes comme le Hezbollah.
C- Les confréries alévites: des chiites globalement laïques et de gauche
Le chiisme alévites est très original: c'est un mélange de chamanisme, de références
chrétiennes et chiites. Ils sont 10 à 15 millions en Turquie et ne font pas de prosélytisme. Ils ont des
problèmes relationnels avec les autres religions.
Ils sont majoritairement de gauche voire d'extrême gauche et sont kémalistes.
III- LA TURQUIE ET LA MEMOIRE ARMENIENNE DU GENOCIDE DE 1915-16
A- La définition juridique internationale du génocide par l'ONU (décembre 1958)
–
–
–
Définition dans une déclaration à l'initiative de Lemkin:
anéantissement d'un groupe national, ethnique, racial ou religieux
crime collectif
l'incitation, la tentative de mise en oeuvre et la complicité sont criminels
Les Etats successeurs doivent trouver les responsables et les juger.
B- Massacre ou génocide des Arméniens en 1915-16
a. Une décision de déportation par le triumvirat Jeune-turc:
Les troupes russes sont bien accueillies. Pour laisser la place à l'armée ottomane, le
triumvirat décide de la déportation. Le 25 avril 1915 arrestations de 2500-3000 notables et
déportation de l'ensemble de la population.
b. une déportation aboutissant à un génocide:
Massacres sur place des hommes valides, déplacement des vieux femmes et enfants qui
meurent pendant le voyage, dans les régions kurdes ou sont battus par la police...
Le génocide est rapidement reconnu... Les premiers à en parler sont les Allemands.
c. une amorce de reconnaissance du génocide:
Le triumvirat fuit à Berlin. Les journaux publient des documents pour attester du crime, on
tient quelques procès. Mais arrive la guerre de libération nationale qui fait qu'on oublie le
massacre. Les Arméniens émigrent et tachent d'entretenir le souvenir.
C- Histoire et mémoire du génocide (1975-2001)
En 1965, on commence à fêter l'anniversaire du 25 avril. En 1975, la manifestation se fait
bien moins discrète.
La reconnaissance internationale se fait petit à petit: le Congrès américain décide d'un
jour de commémoration en 1987, décision du Parlement Européen (on y invite la Turquie à
reconnaître le génocide).
D- Des positions turques constantes
Les turcs avancent 4 arguments pour justifier leur position:
–
la tradition d'accueil des minorités menacées
– la trahison des arméniens qui se sont tournés vers le tsar
– la forte mortalité est due aux conditions du déplacement
– le syndrome du traité de Sevres
Israël soutient cette position car il n'y a qu'un génocide c'est le génocide juif; Par rapport à
l'entrée en UE, la reconnaissance ne peut constituer une condition sine qua non mais il faut créer le
débat en Turquie.
IV- LA TURQUIE ET LE QUESTION KURDE
Les Kurdes sont divisés et sans Etat: 2 ou3 langues, différences religieuses, organisation en
tribu... En plus, tendance à l'émigration.
A- Les Kurdes, « Turcs des montagnes » de l'Etat kémaliste
Dès 1923, MK décide de l'installation d'une république jacobine. Dans le discours de 36
heures, il parle des Kurdes en termes de turcs des montagnes ce qui révèle sa politique de
turcification.
Toutes les manifestations du kurdisme sont réprimées; ils ont tous les droits politiques mais
n'ont pas droit à des revendications culturelles.
B- Un conflit régional: les impasses du séparatisme sanglant du PKK (1984-99)
Abdullah Ocalan fonde le PKK: Parti des travailleurs kurdes, marxiste léniniste et à
dimension islamique. Provoque une guerrilla qui dure pendant 15 ans et fait 30 à 35000 morts.
Cela a provoqué une paupérisation de la région et une émigration massive vers l'Ouest. Le conflit
s'est interrompu par hasard'Ocalan n'a trouvé personne pour lui accorder l'asile.
Aujourd'hui, permanence d'une question kurde national et régionale: l'évolution dépend de
trois dynamiques:
– les divisions internes du mouvement national kurde
– la politique des trois Etats
– la politique de la communauté internationale
En ce qui concerne la Turquie, il y a de nettes avancées législatives depuis 2002. Il ne reste
plus qu'à les mettre véritablement en oeuvre.Question d'Orient, question d'Occident
Chapitre 8:
L’IRAN DE LA « REVOLUTION BLANCHE » DE MOHAMMED-REZA
A LA REPUBLIQUE ISLAMIQUE (1953-1981)
I- LA MONARCHIE ABSOLUE EN IRAN (1953-1979)
A- Le rétablissement de la monarchie absolue en Iran (1953- 1961)
Suite au coup d’Etat contre Mossadegh, Mohammed-Reza reprend sa place sur le trône.
Le paysage politique se limite au parti officiel nationaliste et un parti d’opposition créé de toutes
pièces. Cet état d’urgence dure pendant une dizaine d’année pendant lesquelles l’armée et la police
politique son omniprésentes.
La monarchie dictatoriale a du mal à trouver sa légitimité ; c’est pourquoi Mohammed
Reza se tourne vers l’Islam dès les années 50.
B- « Ni noire, ni rouge », la « Révolution blanche » à partir de 1962
a. les objectifs de la révolution blanche :
C’est un programme qui vise à moderniser par le haut en s’appuyant sur les revenus en
hausse du pétrole. Les principes sont :
- la réforme agraire : transformer les grands domaines en petites parcelles
- la participation des salariés à l’investissement et aux bénéfices des entreprises
- le vote des femmes
- l’alphabétisation et la santé en milieu rural…
b. la déstructuration sociale, conséquence de la révolution blanche :
La révolution est sabotée par les grands propriétaires et le clergé chiite qui accuse le
pouvoir de confondre les revenus du pétrole et sa fortune personnelle.
Beaucoup d’ouvrier se retrouvent au chômage ce qui provoque la paupérisation et l’exode
rural. Toutes les classes sociales sortent frustrées de cette occidentalisation forcée.
C- L’Iran, « puissance mondiale » et « gendarme du Golfe »
L’Iran est aligné sur la politique américaine et adhère à tous les traités du camp
occidental. En revanche, il entretient des relations difficiles avec les pays arabes voisins.
L’Iran entend devenir la 5e armée mondiale : il signe plusieurs contrats militaires, des
conseillers militaires américains sont mis à contribution. Il revendique le rôle de gendarme du
Golfe ; avec l’aide des Américains, il développe la marine et s’empare du Détroit d’Armuz qui
est le point de contrôle du golfe et du pétrole.
En 1971, on fête le 2500e anniversaire de l’empire de Darius. Tous les officiels sont invités,
grandes cérémonies qui visent à affirmer l’Iran comme puissance mondiale.
II- DES OPPOSITIONS A LA REVOLUTION (1970-1979)
A- Dans les années 1970, trois oppositions laïques
Le Front National composé de notables mossadeghistes et d’intellectuels libéraux urbains.
L’extrême-gauche urbaine dont les « Moudjahidines du peuple » qui associent le
marxisme léninisme à l’Islam.
Le Parti communiste iranien ou Toudeh qui ressurgit suite à la répression des années 50.
B- Et la « réaction noire », opposition du clergé chiite
C’est la véritable opposition qui a une légitimité très forte et très ancienne. Il avance deux
arguments contre la révolution blanche :
- le Shah n’a aucune légitimité
- il remet en cause l’islam par sa politique de modernisation
Le chiisme est très hétérogène d’un point de vue politique : certains sont apolitiques,
d’autres conservateurs et d’autres progressistes. Une personnalité émerge à ce moment là :
l’ayatollah Khomeyni qui devient grand ayatollahs en 1962, est expulsé par le Shah et endosse le
rôle de martyr.
C- Crise révolutionnaire, chute du Shah, proclamation de la République islamique (janvier
1978-Mars 1979)
Le 7 janvier 1978 est publié un article injurieux contre Khomeyni ce qui déclenche une
vague de manifestations de contestation à Qom. Il s’ensuit une forte répression qui entame un
cycle de 40 jours. Les manifestations ont rapidement un effet boule de neige. Finalement, les
ouvriers du pétrole entrent en grève en septembre 1978 ce qui paralyse toute l’économie du pays.
Parallèlement, Khomeyni qui s’était réfugié en Irak en est expulsé. Il se réfugie en France.
Les manifestations augmentent, jusqu’à ce que le Shah quitte l’Iran le 16 janvier 1979. Le 1er
février, Khomeyni rentre en Iran.
La révolution dure un an ce qui lui permet d’acquérir une large légitimité, la république est
proclamée les 30 et 31 mars 1979 et installe un double gouvernement (un à Téhéran, l’autre à
Qom).
Quelques éléments d’analyse de la Révolution :
C’est un des plus grands mouvements populaires du XXe siècle au MO. C’est une
alliance inédite entre des clercs et des intellectuels.
La révolution n’est pas exclusivement chiite : une partie du clergé n’est pas concernée,
c’est une transformation institutionnelle importante.
Question d'Orient, question d'Occident
Chapitre 9 :
L’IRAN ET LA REPUBLIQUE ISLAMIQUE,
20 ANS APRES LA REVOLUTION (1979-2004)
I- L’ISLAMISATION DE LA REPUBLIQUE KHOMEYNISTE (1979-1989)
A- Les trois guerres de l’Iran révolutionnaire (1979-1988)
a. l’occupation de l’ambassade américaine et les otages (4 novembre 79-20 janvier 78) :
Les étudiants révolutionnaires ont envahi l’ambassade pour obtenir l’extradition du Shah ;
ils détiennent une cinquantaine d’otages et diffusent les archives de la CIA. Il dénonce les USA
comme étant le grand Satan. A l’époque, Carter est à la présidence. En avril 1980, il envoie un
commando pour libérer les otages mais c’est un échec. Radicalisation réciproque. Les otages sont
finalement libérés le jour de l’investiture de Reagan (20 janvier).
b. l’agression irakienne et la réaction patriotique (septembre 1980-1988) :
Saddam Hussein décide d’attaquer l’Iran. L’élan patriotique iranien est impressionnant.
C’est une véritable boucherie (1million de morts) compte tenu de l’inégalité en matière
d’armement et le résultat stratégique est finalement nul.
La communauté internationale a soutenu Saddam Hussein car on craignait une extension
du de la révolution à l’ensemble du MO. Ça a finalement contribué à renforcer le régime.
c. la guerre civile et l’écrasement des oppositions (1981-1983) :
Pendant l’été 1981 s’installe une guerre civile qui oppose les radicaux aux modérés. Les
attentats se multiplient et le conflit tourne à la guérilla urbaine. Ce sont finalement les modérés qui
sont défaits. Ils se réfugient essentiellement en France et en Irak. La branche armée s’est installée
en Irak et se revendique depuis 1983 comme étant la seule opposition démocratique. Ils sont
considérés comme des traîtres en Iran et comme des terroristes au niveau international. La
république sort de cette guerre encore plus radicale.
B- La mollarchie : la première République islamique (1979-1989), et la dictature radicale
a. la première constitution (1979) :
Elle est rédigée par un juriste qui a fait ses études en France. Double légitimité :
démocratique (SU) et religieuse. Et tous les problèmes du régime sont concentrés dans cette
double légitimité : dans un premier temps, elles sont en phase, mais rapidement, elles vont entrer en
concurrence.
b. le pouvoir clérical : théories et pratiques du pouvoir :
La république a également une dimension civile et laïque. Tout le clergé ne soutient pas
Khomeyni. La mort et les martyrs ont une place importante.
Les non chiites n’ont pas accès aux hautes fonctions de l’Etat mais ce n’est pas pour
autant que la république est chiite. Le paysage politique s’appuie sur un système de comités.
C- La politique régionale: l’échec de l’extension de la révolution dans les années 80
On est convaincu que la révolution islamique va s’étendre à l’ensemble du MO. En fait seul
la Syrie et le Liban présentent de véritables risques de contamination.
En Syrie, le régime baasiste fait des traités d’amitié pour d’éviter la contamination.
Au Liban, l’Iran finance des groupes chiites libanais comme le Hezbollah. Ce sont des
actions indirectes contre Israël, la France et les Américains sous forme de terrorisme et
d’enlèvement.
Tout compte fait, l’extension a plus été fantasmée que réelle. L’Iran se retrouve
complètement isolé.
D- Le pouvoir clérical : le tchador, ou le statut des femmes
a. le statut personnel : une évidente régression juridique et sociale :
La révolution a réintroduit des principes de la loi coranique dans la loi civile :
- retour à la polygamie
- abaissement de l’age au mariage
- projet d’interdiction de toute mixité en dehors de l’espace privé
- divorce et garde des enfants à l’avantage du père
- seul le mariage donne certains droits mais le droit de circulation est soumis à la volonté du
mari
- contrôle des naissances
b. un tchador obligatoire, mais polysémique :
D’abord, c’était un signe d’engagement politique en faveur de la révolution. Mais petit à
petit, le port est devenu obligatoire. Il persiste cependant une résistance de fait. Du coté des
hommes, c’est le port de la cravate qui est interdit.
II- LA SECONDE REPUBLIQUE ISLAMIQUE (1989-2004)
A- Les réformes institutionnelles après 1989, ou l’impossible libéralisme
Khomeyni meurt le 4 juin 1989 ; beaucoup de manifestations lors de ses obsèques. Lais
d’un point de vue des hommes au pouvoir, ça ne change pas grand-chose : Khamenei devient guide
de la République et Rasfandjani devient président.
Passage à la deuxième république qui normalise la situation politique : on abandonne la
rhétorique révolutionnaire, on met en œuvre des réformes constitutionnelles qui accentuent le
primat du politique sur le religieux.
L’ouverture reste limitée : les libertés se développent notamment dans les domaines
artistiques mais la censure reste omniprésente. Il y a une guérilla permanente entre un régime
répressif et une société qui essaye d’étendre ses libertés.
B- Politique régionale et isolement international maintenu
1989 : affaire de Salmann Rushdie qui publie les Versets sataniques. Le scandale fait tache
d’huile dans tout le MO jusqu’à ce que Khomeyni diffuse une fatwa qui condamne Rushdie à mort.
Les USA ont voté la loi d’Amato qui interdit les investissements dans le pétrole iranien.
L’Iran reste très isolé politiquement :
- situation de paix froide avec les Emirats arabes et l’Arabie Saoudite
- pas de liens établis avec les Etats d’Asie centrale
- relations historiquement difficiles avec la Turquie
C- L’élection du président réformiste Khatami en 1997, réélu en 2001 : conservatuers contre
réformistes
a. l’élection présidentielle de 1997 : Khatami, un Gorbatchev iranien ?
Il est élu de façon inattendu et massive par les femmes et les jeunes. Il est reconnu pour être
un libéral. Son ambition était de faire de l’Iran un Etat de droit où on respecte les libertés
politiques et sociales.
b. les conservateurs bloquent la démocratisation : la lutte entre deux lignes :
Les conservateurs ont gardé le contrôle de tous les organes de répression : police, justice,
milices… Et au niveau législatif, tout est bloqué par les divers conseils.
c. une population désabusée mais demandeuse d’ouverture et de démocratie :
L’espoir est né en 1997, mais il s’enlise de plus en plus. La population cesse de soutenir
Khatami.
D- 2004 : un retour en force des conservateurs autour du guide Khamenei
Aux dernières élections législatives, le conseil des gardiens de la révolution a invalidé
3300 candidats qui étaient majoritairement des réformistes. Les conservateurs ont de ce fait
remporté les dernières élections.
Il ne reste que la présidence de la République et quelques ministères qui ne soient aux mains
des conservateurs.
Plusieurs conséquences : en politique intérieure, soit évolution à la chinoise, soit division au
sein des conservateurs, soit révolte. En politique extérieure ouverture ou fermeture.
Comment sortir de la révolution ? une difficile transition vers le post-islamisme
La révolution a conforté l’unité nationale. Désormais, on entre dans une phase de
normalisation politique. Paradoxalement, évolution vers la laïcisation politique.
Le clergé reste omniprésent mais se développe une société civile très importante.
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