L’émergence de la Chine dans le secteur économique au niveau mondial résulte de son histoire propre et particulière. En effet, on ne peut évoquer la situation chinoise sans avoir préalablement présenter son histoire : l’histoire d’un pays ayant vécu un certain nombre de politiques internes et d’ouvertures sur l’Asie et le Monde plus largement. On imagine la Chine comme un « grand bloc économique » homogène alors qu’il en est tout autre. Voici le plan qui sera développer pour cette partie : nous évoquerons tout d’abord la diversité chinoise sous différents angles (géographique, démographique, historique…) pour dans une seconde partie nous questionner sur la situation actuelle d’économie de marché globalisée. 1. La diversité Chinoise : un atout mercantile - Une situation géographique particulière La Chine est un très vaste pays que l’on pourrait diviser en deux parties : d’une part l’est et le sud, d’autre part le nord et l’ouest. Le relief est en effet différent dans les deux régions avec dans la partie est /sud, des collines, des plateaux, des plaines et un climat globalement humide, plus ou moins chaud où vivent 85% des Chinois. Dans la région nord/ouest se trouve plutôt de hautes terres froides, arides parfois où seulement 60% de la population habite. La répartition de la population dans le pays n’est donc pas la même selon le climat (les populations préférant les régions plus fertiles pour l’agriculture et plus supportables pour l’homme). Dés l’Antiquité, les montagnes sont très peu attractives et ont mauvaise renommées (on les dit dangereuses).Les populations se regroupent surtout autour des grands fleuves qui deviennent, on le comprend, des axes économiques et de communication très important. - Histoire de la Chine : de l’unité à l’éclatement En 1949, la « République populaire de Chine » applique des politiques strictes et doit vivre de l’autosuffisance. Jusqu’en 1952, la « nouvelle démocratie » subie de nombreuses réformes agraires, un interventionnisme Etatique dans le secondaire et le tertiaire: de nombreuses propriétés sont partagées entre les petits paysans. Vient ensuite le « premier plan quinquennal » de 1953 à 1957 où la Corée est tenu comme responsable du dérèglement économique. L’URSS de l’époque aide la Chine à se développer dans le secteur industriel. Par la suite et jusqu’en 1961 a lieu une crise agraire avec de nombreux cataclysmes où prés de 50% des zones agraires sont inondées, ce qui entraîne une famine et un taux de mortalité très élevé. Pour évoquer la situation actuelle, il faut tout d’abord se tourner vers les politiques chinoises depuis les années 80. En effet à cette époque, on préfère développer les entités locales et régionales. Ces régions sont attachées à une langue, à une culture propre, un lignage etc. La diversité est interne. L’idée est de renforcer l’activité locale contre un jacobinisme trop pesant du centre Pékinois. Pour l’Etat, l’unité du peuple est la priorité : les Chinois doivent être unis comme un bloc homogène. La culture chinoise et ses diverses entités provinciales sont mises en avant et prioritaires. En 1997, beaucoup de ces provinces commercent et l’activité économique se développe un peu partout dans le pays et dans toutes les régions. En 1993, le désenclavage des frontières entre provinces a très certainement favorisé cela et permet à la Chine de l’époque d’en profiter et de donner au pays une tout autre orientation. La Chine qui se voulait être un bloc unitaire éclate au profit des diversités locales et rompt ainsi avec l’histoire de ce pays. Les politiques régionales se développent avec une plus grande autonomie. Si l’on compare cela avec les politiques Maoïstes, on s’aperçoit que la Chine passe d’un régime où l’autosuffisance et l’unité du pays sont la priorité à un éclatement des régions et de leur diversité où chacun commerce à sa guise. La Chine veut dorénavant changer de cap et ses priorités sont les suivantes : le pays veut être ouvert sur les marchés mondiaux avec des investissements étrangers dans tous les secteurs, une classification des régions ainsi que des unités administratives pour gérer au mieux les régions, une décentralisation des activités économiques et un désengagement de l’Etat ainsi que les mutations des entreprises. Suite à ces volontés, de nombreux conflits auront lieu entre partisans d’une Chine ouverte et protectionnistes. Les solidarités entre régions existants peu, les politiques ayant été mises en place sont restées très diverses d’une région à l’autre (certaines ont toujours une économie d’autosuffisance). - Les cultures chinoises La diversité culturelle est un facteur important dans l’émergence de la Chine et l’ouverture de ses marchés vers l’extérieur. En effet, sous les différentes dynasties 1, la Chine devait être perçue comme un tout homogène ou les « autres » étaient considérés comme des barbares. Cinq grandes nations existent à cette époque soit les « Han », les « Mongols », les « Tibétains », les « Guigours » et les « Hui ». Les cultures sont encore plus complexes si l’on s’intéresse aux nations peu nombreuses (on en répertorie environ 55 supplémentaires). Les cultures diverses posaient à l’époque une question importante : Comment réunir et unir des peuples ayant des cultures divergentes ? On trouve des éléments de réponse dans la graphie chinoise qui, bien plus qu’ayant le rôle d’écrire des pensées, était considérée comme porteuse d’un sens et devant être lue comme une langue. Ainsi, l’Etat possédait une « langue graphique » pouvant être comprise de tous et développer son idéologie d’union. Petit à petit, les administrations locales ont repris ce principe au niveau régionale afin de développer des « clefs » et « radicaux », soit des graphies communes, afin d’unifier la langue. Pour en connaître plus sur l’histoire des dynasties, nous vous recommandons le site suivant : www.toutelachine.com (rubrique histoire) 1 A travers la graphie, l’Etat chinois parvint à unifier des cultures différentes et trouver un terrain d’entente : la Chine aussi diverse soit elle a pu ainsi développer son commerce interne et les relations inter région en reprenant ce principe. - La question démographique La démographie est très souvent évoquée lorsque l’on parle de la Chine. Pays extrêmement peuplé, l’Etat chinois a du faire face à cela et prendre des mesures. Nous parlerons de ce point parce qu’il influe sur l’ouverture des marchés. Dans les années 50 et 60, la croissance fulgurante de la population inquiète l’Etat Chinois qui se pose des questions à ce niveau. De plus, la crise agraire des années 60 est suivi de 3 campagnes de limitation des naissances : de 1978 à 1980, 60 millions de femmes peuvent procréer un seul enfant (celui-ci bénéficiant d’un certains nombre d’opportunité comme l’accès à la crèche, la scolarisation, les soins etc.…) Dans les années 80, l’Etat décide alors de contrôler les flux démographiques afin de réaffirmer sa puissance : les politiques en vigueur sont autoritaires. L’état des lieux en 1999 est de 10,1 millions de chinois en plus par an pour une population avoisinant déjà, à l’époque, les 1 milliards 259 millions de chinois sur le territoire. Cette croissance n’est pas sans conséquence et demande une adaptation afin que cette population jouisse d’une qualité de vie minimale en terme d’hygiène, d’éducation ou encore d’espérance de vie mais aussi de besoin alimentaire et de production. Il faut produire pour soi ? Comment produire pour vendre à l’extérieur ? C’est encore une fois le développement locale qui l’emporte où chaque région s’adapte selon ses ressources et développe ainsi une économie particulière avec des techniques, une production différente etc.. Une autre conséquence à cela est l’urbanisation : en effet, on recherche des ressources autres part et de nombreuses migrations ont ainsi lieu (ce phénomène se date des années 50 aux années 80) : dans les années 80, on enregistre une baisse de 40 % d’actifs dans le milieu agricole. 2. Vers la modernité : la Chine « atelier » du monde - Les phases préalables à l’ouverture des marchés ou le temps des réflexions Alors que de nombreux pays occidents ou non entrent dans l’économie globalisée, la Chine se questionne encore sur les moyens de rendre le pays plus moderne. A la mort de Mao Zedong en 1976, Deng Xiaoping applique des politiques économiques socialistes de marché avec comme mot d’ordre l’ouverture des marchés : des usines de textiles et d’objets manufacturés de basse qualité s’ouvrent alors. De nombreux débats internes ont lieu dans les années 90 afin de préparer l’avenir dans une optique de développement. Néanmoins, un certain nombre de problèmes sont soulevés quant à l’ouverture du pays vers des marchés externes : en effet, ouvrir son marché, c’est faire des concessions et par conséquent modifier la situation actuelle du pays, les valeurs enracinées dans l’histoire particulière de la Chine. Le pays doit donc remettre en question des idéaux qu’elles appliquent dans ses marchés internes afin d’optimiser le tout avec les lois du marché mondial. La Chine doit se réadapter rapidement afin de jouir de l’économie globalisée. Or, cela parait être paradoxal alors que l’on sait que la Chine rencontre beaucoup de difficultés à l’intérieur même du pays où subsiste beaucoup d’inégalités. Un second paradoxe est à relever : en effet, l’Etat, son rôle et ses politiques d’antan doivent être remises en question (l’histoire de la Chine évoqué plus haut nous montre bien que la stratégie de l’Etat était plutôt autoritaire, interne et uni). - La situation a posteriori : l’ère du changement De nouveaux types d’organisation se sont mis en place afin de répondre aux exigences de l’ouverture des marchés : rapidement, la Chine s’adapte afin de profiter des opportunités de l’économie mondiale. Il faut tout de même relativiser cela car l’Etat a encore main mise sur les différents types d’organisation qui se développent. En effet, la production des régions est encadrée sous forme de contrat par l’Etat. Dans le domaine de l’agriculture, tout est uniformisé afin de représenter un tout commun. Le domaine industriel est, quant à lui, géré par les provinces et municipalités. Bon nombre d’entreprise sont aussi nationalisées afin de répondre prioritairement aux besoins d’un vaste pays qu’est la Chine. On préfère les investissements de capitaux étrangers, l’exportation dans les « zones économiques et zones économiques spéciales » d’entreprises rentables etc.… Dés les années 80, l’urbanisation accélérée a permis une hausse du nombre des villes et la densification de population , insistant alors sur de nouveaux besoins a prendre en compte comme la rénovation des habitats, des constructions, le développement des moyens de communication, des industries et des périphéries. On comprend alors le besoin d’implanter de nouvelles entreprises. L’héritage de l’Etat autoritaire n’a pas disparu car de nombreuses politiques sont toujours aussi contraignantes et le contrôle omniprésent. Des conciliations ont été faites mais les disparités entre régions subsistent. Le développement des entreprises et la croissance de la Chine font aussi prendre conscience des dangers de la pollution et de la protection de l’environnement depuis quelques temps, preuve que tout est loin d’être encore négocié quant aux conditions de ce modernisme rapide. - Vers une mutation des industries chinoises Les industries chinoises ont joués un rôle très important dans le processus de modernisation de la Chine. En 1990, le secteur industriel est au huitième rang mondial et représente les 4/5 des exportations depuis 1949. A cette époque, l’industrie fonctionne sur le modèle soviétique avec une main d’œuvre abondante, de gros investissements et la priorité aux industries lourdes. Le mot d’ordre est l’égalitarisme des industries. A partir des années 1984, l’économie oscille entre croissances et ralentissements, ce qui pousse au changement dans de nombreuses entreprises. Les années 80 voient émerger également les entreprises de travaux publics et les industries de ciment. Néanmoins, ce sont les entreprises de textile qui monopolisent le marché, se plaçant au premier rang mondial. Différents types d’industries existent mais n’évoluent pas de la même façon : les entreprises qui fabriquent des machines, du matériel de transport, des produits métalliques, des instruments de construction se développent de plus en plus : par exemple, les entreprises d’automobiles ont dépassées le million de produits fabriqués en une année. Mais cela pose le problème de la consommation qui n’est pas très forte dans ce pays et se dirige plutôt vers des produits simples (mais l’électroménager commence à émerger ainsi que les productions d’électronique multipliée par 12 depuis 1978, la métallurgie de transformation et la sidérurgie). Les entreprises chimiques se développent également depuis les années 1970 notamment dans le milieu agricole avec les engrais (d’ailleurs la Chine est aujourd’hui second producteur d’engrais chimique au monde). Enfin, les entreprises productrices d’énergies sont devenues les priorités où l’investissement doit être conséquent afin d’éviter une pénurie d’énergie dans le pays. Les entreprises se sont transformées durant la période 1949-1980 donnant naissance à de nouveaux types d’organisations et de gestion et des politiques orientées différemment. En effet, l’industrie lourde est la priorité absolue dans les années 50 : petit à petit, le rééquilibrage se fait. Les grandes industries emploient beaucoup de monde et se situent principalement dans le Nord du pays alors que les plus petites usines se trouvent dans de petits cantons et villages et sont gérés par une multitude de personnes différentes. Les entreprises d’Etat très rigides sont alors tenues comme responsables des dysfonctionnements et l’on préfère de nos temps le pluralisme avec de nouvelles mesures. De nos jours, on trouve en Chine des entreprises collectives, propriété des travailleurs eux même, des entreprises très rurales que l’on nomme privées ou individuelles, gérées par des familles ou associations de famille et enfin les entreprises à capitaux étrangers avec de grandes productions et de bons salaires. - La Chine et l’économie capitaliste Bon nombre de chercheurs se posent la question suivante : pourquoi, alors que la Chine était en avance du point de vue technologique, ce pays ne s’est pas impliqué dans une économie mondiale plus tôt ? L’entrée de la Chine dans l’économie capitaliste n’est pas sans paradoxe comme nous avons pu le montrer plus haut. Elle implique un certain nombre de contraintes vis-à-vis de la situation préalable de la Chine plutôt conservatrice. Selon A.Smith2, entrer dans l’économie capitaliste, c’est d’abord faire des concessions par la politique : or cela parait difficile pour la Chine qui clame les opportunités sociales et économiques en premier lieu et applique une politique autoritaire. 2 A .Smith est un économiste britannique né en 1723 et mort en 1790 auteur des « recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations » (1776), il pense que la recherche par les hommes de leur intérêt personnel mène à la réalisation de l’intérêt général : il prône donc la liberté. En Chine, l’idée de concurrence existait déjà avec les disparités internes entre régions qui entraînaient des conflits d’organisation. La Chine demande depuis peu l’entrée dans l’économie mondiale avec comme priorité de ralentir les migrations, d’exporter le plus de biens possibles, de multiplier les investissements étrangers, et d’importer les capitaux. Le but à long terme est une situation de croissance et d’abondance. Du point de vue de la population chinoise, on pousse celle-ci à épargner en lui donnant un pouvoir d’achat, en la poussant à consommer, en développant les protections sociales etc.… Nous l’avons vu, c’est en 1976 qu’ouvrent les premières manufactures que l’on connaît bien aujourd’hui à bas coût. Néanmoins depuis quelques temps se développe le marché de pointe ainsi que le rachat d’entreprises étrangères. Après avoir adhéré à l’OMC (organisation mondiale du commerce), la Chine devient un nouveau centre économique avec des exportations très nombreuses en occident. Aujourd’hui, en 2005, le PNB soit le produit national brut évalué par le BSN (Banque nationale des statistiques) est estimé a prés de 1600 milliards de dollars. La Chine est au 7eme rang mondial quant à la croissance du PIB (produit intérieur brut) et dépasserait dans 2 ou 3 années, celui de la France ou encore de l’Italie.