Le point sur le stress oxydatif et les maladies neuromusculaires Qu’est ce que le stress oxydatif ? En condition physiologique normale, les mitochondries1 de nos cellules sont capables de transformer une molécule d’oxygène en deux molécules d’eau. Ce phénomène, appelé réduction de l’oxygène, est indispensable à la vie de la cellule puisqu’il fournit l’énergie nécessaire à son fonctionnement. Cependant, un petit pourcentage de l’oxygène ne sera pas correctement converti en eau et donnera naissance à des espèces oxygénées activées (EOA) auxquelles appartiennent les radicaux libres2. Ces EOA sont particulièrement toxiques pour nos cellules et peuvent entraîner le cas échéant : mutation de l’ADN, destruction des protéines ou oxydation des lipides et du glucose. Pour s’en protéger, l’organisme a développé des systèmes de défense qui permettent de réguler la production des EOA : les antioxydants. Le stress oxydatif est le résultat d’un déséquilibre entre les antioxydants et les espèces oxydantes activées (EOA), en faveur de ces dernières. Le stress oxydatif touche l’ensemble des tissus et des métabolismes. De ce fait, il est impliqué dans de nombreuses pathologies telles que le cancer, l’obésité, le diabète, les maladies cardiovasculaires et inflammatoires… Que sont les défenses anti-oxydantes ? Les défenses antioxydantes, capables de nous protéger contre les effets potentiellement destructeurs des EOA, sont de nature très diverse : enzymes, protéines transporteuses du fer et du cuivre, molécules antioxydantes de petite taille (glutathion, vitamines A, C, E…) et oligo-éléments (cuivre, zinc, sélénium). Notre organisme ne sait pas synthétiser toutes ces substances mais la plupart peuvent être fournies par l’alimentation. Les fruits et légumes en particulier sont une source importante de minéraux comme le magnésium, de vitamines et d’oligoéléments (présents en plus faible quantité). La vitamine E, elle, est présente principalement dans les graines et les huiles végétales. Enfin, on trouve les polyphénols, antioxydants puissants, dans la totalité des produits végétaux et plus particulièrement dans les fruits et les légumes, mais aussi dans des boissons comme le vin ou le thé. Quels sont les facteurs favorisant le stress oxydatif ? Comme énoncé précédemment, les EOA sont naturellement produits par notre organisme. Cependant, de nombreux facteurs environnementaux peuvent influer sur leur © 2005 - AFM – Association Française contre les Myopathies source : www.afm-france.org Auteur : A. Reis (AFM – Myoinfo) 1 Le point sur le stress oxydatif et les maladies neuromusculaires niveau. Nos défenses antioxydantes sont alors débordées, ce qui conduit à un stress oxydatif. Voici quelques exemples de facteurs favorisant le stress oxydatif : - exposition prolongée au soleil exposition aux radiations contacts avec des agents cancérigènes (e.g. amiante) tabagisme (la fumée de cigarette contient 1019 EOA) prise de médicaments, pilule contraceptive vieillissement inflammation chronique mauvaise alimentation (alimentation déséquilibrée pauvre en antioxydants : peu de fruits et légumes, alimentation type fast-food…) pratique trop intense ou mal gérée d’un sport consommation excessive d’alcool stress intellectuel stress thermique ozonothérapie pollution atmosphérique agents infectieux …. Stress oxydatif et maladies neuromusculaires Depuis les années 1980, de nombreuses équipes de recherche ont démontré l’implication du stress oxydatif dans les maladies neuromusculaires, en particulier dans les myopathies mitochondriales et dystrophies musculaires. Pour les myopathies mitochondriales, l’implication de ce facteur paraît logique puisque les réactions d’oxydation se déroulent dans les mitochondries. Un dysfonctionnement de la chaîne respiratoire1 est une des causes principales d’une production excessive d’EOA. Il a été montré par ailleurs que le stress oxydatif pouvait entraîner des modifications de type dystrophique dans le muscle squelettique via l’oxydation des lipides et des protéines contenus dans les membranes3 des cellules musculaires. Des études plus récentes ont confirmé le rôle du stress oxydatif dans la pathogénèse des dystrophies musculaires héréditaires. En effet, des patients atteints de dystrophinopathies (Duchenne et Becker) présentaient les signes d’une augmentation du stress oxydatif. De plus, des traitements antioxydants (comme le monohydrate de créatine) ont pu augmenter la masse musculaire de patients atteints de myopathie de Duchenne, l’effet sur la force restant controversé. Enfin, des travaux de Rando et coll. ont démontré que l’absence de dystrophine était associée à une réduction des défenses antioxydantes. Rando et coll. Oxidative stress and the pathogenesis of muscular Dystrophies. Am. J. Phys. Med. Rehabil. Vol. 81, No.11(Suppl) Rodriguez et coll. Free Radic Biol Med. 2003 May 1;34(9):1217-20. Tarnopolsky et coll. Neurology. 2004 May 25;62(10):1771-7. Quoi de neuf sur le stress oxydatif et les maladies neuromusculaires ? Dystrophie facio-scapulo-humérale (FSH) : Dans une étude publiée en mars 2005, une équipe française de Montpellier a trouvé que de nombreuses protéines impliquées © 2005 - AFM – Association Française contre les Myopathies source : www.afm-france.org Auteur : A. Reis (AFM – Myoinfo) 2 Le point sur le stress oxydatif et les maladies neuromusculaires dans la fonction mitochondriale1 et dans la protection contre le stress oxydatif sont spécifiquement modifiées dans tous les muscles de patients FSH par rapport à des sujets sains. Dystrophie myotonique de Steinert (DM1) : Dans une étude publiée en juillet 2005, une équipe italienne a mis en évidence un niveau élevé de stress oxydatif chez les patients atteints de DM1 (n=36) par rapport au groupe contrôle (n=22), confirmant ainsi le rôle pathogène des radicaux libres dans cette maladie. Dans une étude publiée en septembre 2005, une équipe brésilienne a montré in vitro que la vitamine E empêchait la mort de cellules musculaires squelettiques du poulet en les protégeant du stress oxydatif. Nunes et coll. Comp Biochem Physiol C Toxicol Pharmacol. 2005 Jul;141(3):225-40. Toscano et coll. Free Radic Res. 2005 Jul;39(7):771-6. Laoudj-Chenivesse et coll. J Mol Med. 2005 Mar;83(3):216-24. Epub 2004 Nov 17. GLOSSAIRE 1 : La mitochondrie est la « centrale » énergétique de la cellule. Elle est le siège de la respiration cellulaire. La chaîne respiratoire mitochondriale est une chaîne de réactions chimiques qui produit de l'énergie nécessaire à la cellule. Les protéines qui la constituent sont codées soit par l'ADN mitochondrial, soit par l'ADN du noyau de la cellule (ADN nucléaire). 2 : Un radical libre est un atome ou une molécule possédant un ou plusieurs électrons libres rendant cette espèce chimique beaucoup plus réactive que l'atome ou la molécule dont il (elle) est issu(e). Ces espèces/radicaux s’attaquent aux composés vitaux des cellules. 3 : La membrane plasmique est l’enveloppe qui entoure la cellule. Elle permet la communication entre l’intérieur de la cellule et l'environnement extérieur. La membrane est constituée de deux couches de lipides superposées dans lesquelles sont insérées des protéines. © 2005 - AFM – Association Française contre les Myopathies source : www.afm-france.org Auteur : A. Reis (AFM – Myoinfo) 3