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Chapitre 2 : Le chômage
Introduction
Quelques chiffres:
Existence du chômage dans la plupart des économies développées.
Le niveau de chômage varie entre les différents pays.
Pourquoi étudier le chômage?
non utilisation des ressources productives: il conduit à une production (et un revenu)
macroéconomique faible.
Coût du chômage:
- Il est en grande partie supporté par les chômeurs eux-mêmes.
- Pas totalement : indemnisation du chômage, impôts sur le revenu moindre.
Conséquences néfastes pour les individus:
- perte de confiance dans les relations d'emploi ce qui entraîne une
démoralisation.
- Baisse de la production individuelle
- Coût psychologique : désarroi moral….
Externalités liées au chômage.
Court terme vs Long terme:
On a vu dans l'introduction que le niveau du taux de chômage variait au cours du temps.
On va chercher ici à comprendre le niveau moyen du chômage
On ne va pas étudier les raisons des fluctuations du taux de chômage
Le niveau moyen du taux de chômage est souvent appelé : taux de chômage de LT ou
taux de chômage "naturel"
On verra que ce taux de chômage naturel est loin de correspondre à une durée de la
"nature"
Il dépend du fonctionnement de l'économie, des institutions du marché du travail et de
la croissance économique.
I- Perte d'emploi, acquisition d'emploi et taux de chômage naturel.
Qu'est ce qui détermine le taux de chômage naturel ?
approche descriptive du fonctionnement du marché du travail.
On peut d'abord analyser la situation des individus de l'économie au regard du marché
du travail à un moment donné du temps.
Au niveau individuel, il y a trois états possibles au regard du marché du travail:
- Avoir un emploi
- Etre au chômage : ne pas avoir d'emploi et en chercher un
- Etre inactif : ne pas avoir d'emploi et ne pas en chercher
niveau macroéconomique : on observe des stocks:
E
Stock de personnes ayant un emploi
U
Stock de personnes étant au chômage
I
Stock de personnes inactives
L E U
population active
2
Le stock de chômage est assez stable au court du temps.
Doit-on déduire que l'Etat des individus sur le marché du travail ne se modifie pas au
cours du temps?
- NON. On observe d'importants flux d'individus entre les différents états:
L’importance des flux sur le marché du travail
Les flux d’entrée au chômage ont des origines diverses.
Exemple : En France pour le mois d’octobre 2004 nous disposons des informations suivantes :
Licenciement économique
3,88%
Autre licenciement
13,13%
Fin de CDD
27,39%
1ère entrée
7,84%
Fin de mission d’Interim
8,74%
Cahuc et Kramarz (2005)
Blanchard et Tirole (2003)
Les fins de contrats temporaires représentent une part importante des entrées au
chômage.
De même, les flux de sortie au chômage ont des origines diverses.
Exemple : Le reprise d’emploi déclaré, l’entrée en stage, l’arrêt de la recherce…
L'ensemble des flux sur le marché du travail peut être résumé sur un graphique:
Dans la suite, on ne va pas tenir compte des flux entre l'inactivité et les états de
chômage et emploi.
Il n’existe donc plus que 2 états sur le marché du travail (employé ou chômeur)
Les flux entre emploi et chômage sont les suivantes:
- Les séparations
S
:
Il s’agit du flux de l'emploi vers le chômage
Définition : Le flux de séparation est le nombre de personnes transitant
vers le chômage pendant une période de temps donné.
Personne licenciées plus départ volontaire vers le chômage (démissions)
- Les acquisitions d'emplois
:
flux du chômage vers l'emploi
Définition : Les flux d'acquisition d'emploi est le nombre de personnes
transitant du chômage vers l'emploi pendant une période de temps
donnée.
Embauches des chômeurs
EMPLOI
CHOMAGE
INACTIVITE
3
Remarque: - Les personnes qui changent d'emploi directement sans passer par le chômage
ne font pas partie des flux d'acquisition ou de perte d'emploi (ce flux se fait au sein de l'Etat
"Emploi"). - Il existe des flux d’emplois à emplois et une activité de recherche dite "sur le
tas" (on-the-job-search).
- Par suite, les embauches de chômeurs ne représentent donc qu'une fraction de
l'ensemble des embauches, c'est-à-dire les firmes peuvent embaucher (ou débaucher) des
personnes ayant déjà un emploi dans une autre firme.
Tableau : Flux d'entrée et de sortie du chômage en 1987 (en million)
Flux annuel de chômeurs en 1987 (en Millions)
ENTREE
SORTIE
STOCKS
France
4.12
4.13
2.73
ALLEMAGNE
3.73
3.64
2.5
ROYAUME UNI
3.03
3.48
2.70
Le volume de chaque flux dépasse le volume du stock
- Transitions multiples ?
- Fort renouvellement du stock de chômeurs ?
les flux d'entrée et de sortie du chômage vont conduire à modifier la valeur du stock.
Le stock de chômeurs à une date donnée
t
dépend de trois facteurs:
- Le stock de chômeurs à la date précédente U(t-1) Le stock de chômeur à la date
t :
t
U
- Le volume du flux d'entrée au chômage
- Le volume du flux de sortie au chômage
- On a alors :Ut = U(t-1) + St - Ft , ce qui équivaut à : ∆Ut = St – Ft où St - Ft
représente le solde net d'entrées au chômage.
Pour comprendre comment le niveau du chômage est déterminé, il faut analyser les flux
d'entrée et de sortie du chômage.
Hypothèses:
1. Le flux d'entrée au chômage est proportionnel au nombre de personnes ayant
un emploi :
tt
S s E
, où
s
représente le taux de séparation(ou taux de
destruction des emplois)
01s
, et où Et représente le stock de personne
ayant un emploi à la date t.
2. Le flux de sortie du chômage est proportionnel au nombre de personnes au
chômage :
tt
F f U
, où
f
représente le taux d'acquisition d'emploi (ou le
taux d'embauche, ou le taux de sortie du chômage)
01f
et où Ut
représente le stock de chômeur à la date t.
Taux de transition et durée de séjour dans un état
Définition : - On appelle état la situation d'un individu sur le marché du travail.
- On appelle durée de séjour le temps qu'un individu reste dans un état
donné.
Plus le taux d'acquisition (ou taux d'embauche)
f
sera élevé, plus la durée moyenne de
chômage sera faible.
Plus le taux de séparation ( ou taux de destruction) s sera élevé plus la durée moyenne
de l'emploi sera faible.
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On peut montrer que la durée moyenne du chômage pour un individu est égal à 1/f.
Exemple : Si le taux d'embauche est de 20% par mois
 
0.2f
, alors la durée moyenne dans
l'état "chômage" sera égal à
15 mois
0.2
.
De même, la durée moyenne d'emploi sera égale à 1/s
Exemple : Si le taux de séparation est de 1% par mois (s = 0,01), alors la durée moyenne de
l'état "emploi" sera égale à
1100 mois
0.01
.
Dans quel cas le stock de chômage est il constant dans le temps ?
On va supposer que la population active est constante et vaut L.
A toute date, on aura : Et + Ut = L
On a montrer que : ∆Ut = St - Ft
Le stock de chômeurs sera constant dans le temps si
tt
SF
, c'est-à-dire la constance du
nombre de chômeurs ce qui implique donc ∆Ut = 0.
Il faut : f×Ut = s×Et
f×Ut = s× (L Ut)
Ut× (s + f) = s×L
Ut =
s
fs
Or on sait que
01
s
fs

.
Si une fraction
s
fs
de la population active est au chômage, le stock de chômeurs
dans l'économie reste constant.
En divisant
t
U
par L, on peut calculer le taux de chômage stationnaire de l'économie.
On a : u = Ut / L =
1
1
t
Us
uf
E s f s
 
. u est le taux de chômage stationnaire de l'économie.
Ce tau x de chômage est le taux de chômage naturel de l'économie.
Politique économique? Lorsque la variation de s est négative c'est dû au coût de
licenciement, et lorsque la variation de f est positive, c'est dû à la subvention à
l'embauche.
Le taux de chômage naturel résulte de la dynamique des flux sur le marché du travail :
- Plus le taux de séparation ( par exemple, le taux de licenciement est élevé) est
élevé, plus le taux de chômage naturel est élevé.
u/∂s>0 avec f constant
- Plus le taux d'embauche est élevé, plus le taux de chômage naturel est faible.
u/f<0 avec s constant
Que se passe-t-il si le taux de chômage Ut n'est pas égal au taux de chômage naturel
u
?
- Si, ut > u alors le flux de sortie du chômage sera plus élevé que le flux d'entrée
au chômage, donc ut va baisser pour atteindre la valeur
u
.
- Si ut < u, alors le flux de sortie du chômage sera plus faible que le flux d'entrée
au chômage et ut va augmenter, pour atteindre la valeur u.
-
u
représente donc bien le taux de chômage qui devrait prévaloir à long terme.
A ce stade, notre explication du chômage d'équilibre reste partielle et descriptive. Il
nous reste encore à comprendre
s
et
f
.
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II- Recherche d'emplois et chômage frictionnel.
La recherche d'emploi
Le taux de chômage dépend négativement de
f
.
Si le taux d'embauche était très élevé, le chômage serait très faible.
Question : Pourquoi faut il attendre pour sortir du chômage ?
Il existe différentes explications :
- Explication n°1 : Il n'y a pas assez d'offre d'emploi:
Il faut attendre qu'un emploi se libère, c'est le cas du chômage
d'attente.
Nous étudierons les déterminants du chômage d'attente dans la
section suivant.
Dans la réalité, il y a simultanément des gens à la recherche d'emploi
et des firmes qui recherchent des travailleurs. (emplois vacants) Le
chômage ne provient pas seulement d'un nombre d'emploi insuffisant.
- Explication n°2 : Les différentes particularités du fonctionnement du marché
du travail implique qu'il faut du temps pour que les chômeurs trouvent un
emploi correspondant à ce qu'ils recherchent ( et que les firmes trouvent un
travailleur adéquat)
Hétérogénéité des travails et des emplois.
Imperfection de l'information sur le marché du travail.
Coût de recherche d'un emploi.
En bref, le processus d'appariement entre les travailleurs et les entreprises est un
processus long et coûteux.
Dans la présente section, nous allons étudier que le second type de facteur, c'est-à-dire
le chômage frictionnel parfois qualifié de chômage de réallocation.
Il convient de s'interroger sur la façon dont fonctionne le marché du travail.
Problème d'information et coûts de mobilité sur le marché du travail
Dans le modèle de concurrence parfaite ou modèle Walrasien (cf chap3 du livre), il est
fait l'hypothèse que le marché du travail fonctionne comme un marché parfait :
- Le bien échangé est homogène
- L'information est parfaite et sans coût
- Les coûts d'information sont nuls
- Les coûts de transactions sont nuls
Ces hypothèses sont elles vérifiées sur le marché du travail ?
A l'évidence, NON
Le bien échangé n'est pas homogène :
- Les travailleurs n'ont pas tous les mêmes compétences.
- Les firmes offrent des emplois qui ne demandent pas les mêmes aptitudes.
(verticales et horizontales)
- Non seulement certains individus sont plus qualifiés que d'autres mais aussi à
niveau de qualification donné, les individus n'ont pas tous la même spécialité.
Exemple : Une part des spécialités des individus dépend des emplois qu'ils ont exercé par le
passé.
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